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Tranches de vie d'Ariel Melwing

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Jeu 23 Avr 2020 - 10:34
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Ariel Melwing
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Ariel Melwing
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Jeu 23 Avr 2020 - 10:50
Pollen & pomme de pain
État des lieux de la relation avec Amy #1
Maison des Melwing,
Le ** Juillet 1995

— Que penses-tu de devenir Animagus ?, fit un jour Ariel à sa petite sœur.

Celle-ci le regarda, songeuse. Elle avait parfois l'impression que son frère oubliait leur différence d'âge. Il lui posait des questions dont elle ne comprenait même pas la teneur.

— C'est quoi, un Animagus ?, soupira-t-elle finalement en retournant à sa structure de pommes de pain. Maman et papa m'en ont jamais parlé.

— C'est le fait de se transformer en animal à volonté. Tu vois, si t'en as envie, tu pourrais te transformer en cet oiseau, là, sur l'arbre, ou même en ce moucheron qui tourne autour du rosier de maman. Enfin, tu peux pas choisir l'animal, mais tu choisis le moment. Pas comme les loups-garous.

Amy frissonna. Les loups-garous, ça, elle connaissait : selon ses histoires, c'étaient des êtres ignobles qui parcouraient les forêts et mangeaient les petits enfants. Sa mère lui avait dit un jour que tous les loups-garous n'étaient pas méchants, mais elle avait peine à la croire ; d'autant qu'elle avait ajouté, immédiatement après, qu'ils ne faisaient plus la différence entre un ami et un ennemi, une fois transformés. Pour eux, un humain, c'était de la chaire fraîche.

Mais ce qu'Ariel lui proposait semblait bien plus intéressant. Elle se demanda un instant quelle forme prendrait-elle si elle était Animagus. Peut-être un chaton tigré ?

— Tu détestes les animaux, lâcha-t-elle néanmoins pour lui répondre. Pourquoi voudrais-tu en devenir un ?

— Peut-être qu'être un animal est moins pire que d'être un humain qui se tient prêt d'eux, suggéra le plus vieux. Un peu comme les enfants... Les enfants aiment être des enfants, mais certains adultes n'aiment pas qu'ils traînent autour d'eux.

Amy haussa les sourcils, pas convaincue. D'abord, qui n'aimait pas les enfants ? Leur papa et leur maman aimaient les enfants, sinon ils ne l'auraient jamais faite. Ni Ariel. Et puis, tous les amis de leurs parents avaient des enfants. Et tous les gens qu'elle croisait disait toujours qu'elle était mignonne et que c'était la plus adorable des petites filles.

Elle se rengorgea à cette pensée : c'est vrai que par rapport à Cléopâtre, sa camarade de classe, elle était jolie. Elle s'en rendait bien compte.

Mais ne pas aimer les enfants ? Ça lui paraissait impossible.

— Admettons, continua-t-elle quand même – cette histoire de transformation l'intéressait. Pourquoi tu voudrais te transformer en animal ?

— C'est pas vraiment le fait de me transformer en animal, qui est intéressant... Enfin, bien sûr, ce serait super : la liberté, l'anonymat, plus personne ne te parle et tu peux aller où tu veux. Même dans les plus petits recoins ou dans la plus grande des forêts, si t'en as envie ! Mais...

Il réfléchit un peu. Il avait cet air mi-perdu mi-concentré qu'il arborait parfois. Pas celui qu'il empruntait quand il était impossible de lui parler ; dans ce cas, son regard se voilait et son visage se fermait complètement. Là, c'était davantage un mélange d'inspiration jouissive et de regret lointain. Le genre d'état d'esprit qu'on avait quand on pensait à un rêve qu'on jugeait inaccessible. Comme collectionner tous les papillons du monde et apprendre à parler leur langue, par exemple.

Peut-être que son animal totem serait le papillon, si Amy tentait de devenir une Animagus ?

Ariel reprit, la tirant de ses pensées :

— Bien sûr, être Animagus n'aurait rien à voir avec le fait d'être Métamorphomage. Vraiment rien à voir. Être Métamorphomage, ce serait vraiment cool, je pourrais prendre toutes les apparences que je veux, mais je me suis déjà renseigné : impossible de le devenir. On naît comme ça.

Amy ne comprit pas bien le rapport entre les deux. D'ailleurs, elle le lui fit savoir.

— Je ne comprends pas, fit-elle simplement.

— Ce que je veux dire, c'est qu'Animagus, tu peux le devenir. Et même si tu es obligé de te transformer en animal, tu te transformes quand même. Tu quittes littéralement ton enveloppe corporelle. Si elle ne te convient pas, c'est l'idéal. Tu comprends mieux ?

La fillette secoua la tête. Non, elle ne saisissait toujours pas. Mais elle commençait à avoir l'habitude : Ariel avait treize ans et il disait des choses bizarres de plus en plus souvent. Il évoquait souvent le fait de changer d'apparence, par un biais ou par un autre. Il ne s'expliquait jamais vraiment, si ce n'est cette rengaine : « Si quelque chose ne te convient pas ».

Pourquoi quelque chose ne lui conviendrait-il pas ? Enfin, il fallait la comprendre, Amy : elle avait des bras, des jambes, un visage et des yeux fonctionnels, elle pouvait parler, respirer, courir, elle pouvait pleurer et rire, elle avait du mal à imaginer que vouloir de plus. La beauté, éventuellement, ce truc qu'elle possédait a priori, qu'elle était contente de posséder d'ailleurs, mais dont elle ne saisissait pas l'utilité.

Ariel possédait la même chose, ne portait pas de lunettes, et son dentiste n'avait même pas évoqué la possibilité d'un appareil dentaire.

— Pourquoi tu veux te changer ?

— Je ne sais pas, répondit le garçon au bout de quelques secondes. Je ne sais vraiment pas. Je sais juste que quelque chose ne va pas, là-haut, quelque chose que je ne comprends pas, et j'essaie que ça va mieux. Je me dis que le changement, c'est peut-être un point de départ.

Il baissa les yeux. Un brin d'herbe se faisait massacrer par ses doigts, mais Amy gardait le regard fixé sur ses yeux dissimulés. Impossible de deviner par quelles émotions il passait exactement.

Amy avait toujours été très protectrice envers son frère, quand elle détectait qu'il n'allait pas bien. À son niveau. Et là, elle savait qu'il n'était pas au meilleur de sa forme.

— Maman a encore crié, tout à l'heure, confia-t-il en murmurant. Je voulais me teindre les cheveux en violet et... C'est pas important, mais pourquoi ils n'essaient pas de comprendre ?

— Si tu leur expliquais...

— J'ai déjà essayé, coupa-t-il sèchement. Papa se défile en disant qu'il a des trucs à faire et maman se met à crier dès que je parle de quelque chose qui ne va pas.

La petite fille se mordit les lèvres. Les observations que son grand frère mettait en évidence, elle ne les partageait pas. Leurs parents étaient bons envers eux-deux ; peut-être que papa était un peu trop absent et refusait un peu trop de jouer avec elle, peut-être que maman était exigeante pour certaines choses – elle n'avait toujours pas digéré le coup du chignon bien trop serré -, mais ils s'occupaient d'eux dans le plus grand des respect et les enfants n'avaient jamais eu à subir de violence.

Ce comportement qu'Ariel lui décrivait était inconnu. Il ne leur ressemblait pas.

— Ma copine m'a dit un jour qu'avant, ses parents étaient insupportables. Ils criaient tout le temps et elle, elle avait le droit de rien faire. Mais elle m'a dit aussi qu'après le dit-vôrce, les choses se sont beaucoup améliorée. Peut-être que papa et maman ont des problèmes à régler et que ça ira beaucoup mieux après ?

Ariel sourit tristement. À l'évidence, sa sœur ignorait le sens du mot divorce.

— Je ne pense pas que ce soit ça, Mimi, souffla-t-il. C'est autre chose. C'est lié à... à moi.

Le pollen tournoyait autour de lui et lui donnait l'image d'une figure de tragédie. Comme dans ces films qui passaient à la télé où les héros étaient soudain enveloppés de lumière tandis que l'aboutissement du film tout entier résidait dans cette seule scène. Amy pencha la tête avec curiosité. Elle ressentait la tristesse de son frère dans l'ensemble de son corps mais comme souvent, elle ne la comprenait pas.

— J'ai l'impression que maman a peur de moi, dit-il encore, brisé. Quand je lui ai demandé pour mes cheveux violet, elle a crié, mais j'ai senti son regard sur moi en quittant la pièce. Et...

Sa sœur le prit dans ses bras, fort, très fort, en essayant d'absorber les larmes qui menaçaient de couler.

— Maintenant elle m'évite un peu.

— C'est sûrement dans ta tête, tout ça, murmura Amy avec force. Moi, quand j'ai peur, j'ai l'impression que tout est effrayant autour de moi, alors que c'est juste le noir qui déforme les objets. Toi c'est pareil : c'est le noir dans ton esprit qui déforme la réaction de maman.

— Tu crois ?

— J'en suis sûre et certaine. Et puis tu sais...

Elle sortit une lettre de la poche de sa veste. Ariel sourit : il la connaissait bien. Au même âge, il avait gardé le même genre de parchemin sur lui. Dans l'expectative de ce fameux jour, ses rêves occupant tout l'espace pendant la nuit, ses doutes momentanément oubliés. Une petite enveloppe vieillie aux recoins déjà cornée, et une écriture verte sur son dos :


Miss Amy Melwing
Dans la chambre du premier étage
34 Blenheim Street
Liverpool


Celle d'Ariel était encore soigneusement rangée dans l'un des tiroirs de son bureau.

— Tu sais, reprit-elle, on sera ensemble à Poudlard, cette année. On pourra jouer, et parler, et tu viendras me voir quand tu seras triste.

Le jeune garçon, presque adolescent, sourit tendrement. Il n'irait pas voir sa sœur quand il irait mal, non. Pour ça, il y avait Jules. Et puis ce n'était pas le rôle d'une petite sœur de supporter toute la tristesse de son aîné. Il irait la voir pour l'aider, rire, lui faire découvrir le château. Pour l'entourer d'ondes positives et pour s'assurer qu'elle n'oublie jamais sa scolarité.

Pour qu'elle brille de tout son éclat, de tous ses feux, et que son sourire éclaire les coins les plus sombre de Poudlard.

Comme un soleil radieux.
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Jeu 21 Mai 2020 - 22:39
Journal intime d’Ariel Melwing
Page **
Le ** décembre ****

J’ai encore eu un O en Métamorphose.

Depuis très jeune, je vois mon corps comme l’enveloppe de mon âme, de mon esprit et de mon cerveau. Un coffre qui contient mes émotions, mes douleurs et mes réflexions. Immuable dans le temps. Invincible aux maladies. Un objet utile – sans plus.

D’aucuns diraient que je suis jeune. Cette perception est erronée. Infantile. Ce sont eux, qui sont infantilisants. Mes membres, mon tronc, mon torse, rien n’est figé dans le temps. Je le sais bien. Et je sais que ça contredit les mots que je viens de coucher. Mais ces gens-là, ceux qui soulignent l’imperfection de ma réflexion, ceux qui appuient sur l’équilibre précaire de mes assertions, n’ont rien compris.

Moi, je parle de ressenti. Pas de réalité – même si les deux peuvent s’entremêler parfois.

Je ne réponds jamais à ces remarques. La colère monte mais je la canalise.

Prenez un personnage. Construisez-le dans votre tête : la couleur de ses cheveux, la forme de ses mains, la capacité de son cœur à battre vite puis à ralentir. De ses épaules pointent deux clavicules saillantes. Sur ses jambes courent des veines bleues, violettes et même rosées. Ensuite vous imaginez ses passions. L’écriture peut-être, ou la danse, ou même la cueillette de champignons en forêt. Elle cultive surtout l’art de se taire. Et puis sa sensibilité : sans doute facile à déstabiliser et dont l’accablement perce les yeux les plus opaques.

C’est ce genre de personnage que je crée dans ma tête quand ils critiquent. Ils font mine de comprendre mais ne comprennent rien.

Moi aussi j’ai appris à cultiver le silence.

Cette personne fictive, c’est un peu mon reflet. Cette personne fictive est anorexique. Si elle était réelle, la blâmerait-on sur sa manière de traiter sa chair ?

Pourquoi les gens se permettent-ils ce qu’ils n’accepteraient pas pour eux-mêmes ?

Parfois ils évoluent autour de moi mais je ne reconnais personne. Les visages restent flous. Eclairés d’une lumière trop vive et pourtant plongés dans l’ombre. Même les traits de Jules prennent ces nuances mouvantes. Pas toujours, mais ça arrive. C’est angoissant.

Aujourd’hui est un aujourd’hui sans. Sans motivation, sans goût pour le quotidien, sans réflexion apaisante. Les minutes se sont succédé mais l’aiguille de l’horloge n'avançait pas. Oscar a tenté de m’arracher à cette « passivité déprimante ». Ce sont ses mots. Et comme toujours je me suis contenté de tourner les talons sans trop savoir quoi faire de mes bras, de mes jambes, de mon corps tout entier. Le plus triste c’est que l’incompréhension ne vient même plus se nicher dans ses yeux : il a l’habitude.

Moi aussi, je commence à avoir l’habitude.
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Mar 16 Mar 2021 - 11:18
Texte écrit dans le cadre du Concours des Désirs par Ashla.

Le miroir du Risèd.
Poudlard, non loin de la Bibliothèque,
Entre septembre 1992 et juin 1996

Le grand miroir se dresse devant moi, majestueux. Sur son cadre doré des inscriptions dansent, mystérieuses. Je n'ai jamais vu un tel objet auparavant. Même à Poudlard, rares sont les artefacts aussi anciens, aussi secrets. L'aura magique de celui-ci me prend aux tripes. Me fait tanguer.

Je ne sais pas comment je suis parvenu ici. Mes pas m'y ont emmené, tout simplement. Sans que je ne puisse les contrôler. Sans que je ne le veuille, d'ailleurs. C'est ce genre d'excursion où rien ne compte sauf le chemin que prennent nos pensées. Dans la réalité bassement matérielle, quelque chose d'aussi rationnel qu'un itinéraire est négligeable. On avance et c'est tout. On subit le temps et ses caprices, on subit les divagations et les rêves qui vont avec, on subit les méandres du monde intérieur qui projette ses ombres sur le monde extérieur.

Et quand je suis arrivé devant la porte de la pièce, une force m'a attiré. Je suis d'un tempérament plutôt curieux, mais cette magie qui m'appelait là était d'une nature différente. Presque mystique. Je ne crois pas avoir déjà vécu cela auparavant.

Je suis entré.

Et désormais le miroir m'appelle dans ses bras glacés.

Je me tiens suffisamment loin de l'objet enchanté pour ne pas m'y voir dedans. Une crainte ancestrale m'a assailli. Que m'arrivera-t-il, si je m'approche un peu trop ? Ce miroir est-il dangereux ? Se fait-il le rôle d'un portail inconnu entre Poudlard et des limbes menaçants ? Je tente de jauger le péril qu'il représente. Mes yeux ne le lâchent pas. Ils ne cillent pas. L'attraction est si forte, si pure, qu'il serait facile de cesser de résister et de s'y abandonner complètement.

Je fais un pas. L'onde magnétique est plus puissante encore. Un peu plus et je suis prêt à me damner sans conditions pour céder à la tentation. Peut-être serait-ce d'une exquise libération, ou peut-être pas.

Je crois que je suis prêt à essayer. Mon corps se tend. Il penche inconsciemment vers l'objet de son désir, mon esprit tout entier concentré sur la glace qui brille dans l'obscurité. Je ne m'y vois pas encore et pourtant je sais que ce qu'elle représente est l'image la plus précise qui soit. Une image composée des mille facettes de l'histoire de ce miroir, une image pleine de sens et pleine de magie, une image parfaite.

J'avance encore. Mes pas sont presque automatiques. Je perds le contrôle sur ma volonté mais cela ne me fait pas peur. Quoiqu'il se passe, je suis intimement convaincu que ce sera pour le mieux.

À présent, je me tiens debout devant le miroir. Les inscriptions sont plus visibles désormais, mais pas plus compréhensibles. Je détaille les moulures, les dorures, les fêlures de cet objet sans âge. Je m'attarde sur chaque perfection et chaque imperfection en prenant garde à ne pas y regarder le reflet. Consciencieusement, je me réserve le plus gros pour la fin. Je ne veux pas quitter cette atmosphère légère, pas déjà. Je veux faire durer ce moment sans temps pour l'éternité.

Mais mon regard accroche celui de la personne qui se tient en face de moi.

Il s'agit de moi, je le sais. Je me tiens droit, fier et assumé. Mes cheveux ne sont ni violets, ni noirs. Mes yeux n'ont pas de couleur non plus. À vrai dire, je suis incapable de discerner vraiment les formes de mon visage, de mes membres, de ma silhouette. Je sais que c'est moi mais je ne me reconnais pas. C'est comme si je sortais d'un brouillard et que je percevais pour la toute première fois la forme de mon corps. Il forme des vaguelettes, comme s'il ondulait sous la chaleur, mais il ne m'a jamais paru aussi net.

Je m'approche encore un peu. Passe les doigts sur ce visage, si familier et pourtant totalement nouveau. J'ai du mal à mettre des mots sur l'impression qu'il me donne.

Cette version d'Ariel est placide, sûre d'elle. Sans démon. Elle ne fait rien et pourtant elle a un charisme qui m'est inconnu. J'ai la sensation, en fixant cette personne neuve, que sa personnalité a pris le pas sur son apparence physique.

Soudain, je sais : c'est exactement ça.

Cet Ariel a su s'affranchir de ses entraves organiques pour s'épanouir dans un monde qu'il a dompté à son image. Dans une société qu'il a adaptée à ses besoins – et non à laquelle il s'est adapté -, il est à présent le maître. Son enveloppe charnelle me semble parfaite parce qu'il n'en a plus besoin ; son moi intérieur se suffit à lui-même.

Si je me concentre, je peux discerner les remous de ses idées qui s'agitent sous ses cheveux. Des vents multicolores et opaques, mouvants et consistants.

Une fois que j'ai pris conscience de cela – une fois que je comprends pourquoi cet Ariel m'est si idéal -, une foule fait peu à peu son apparition. Des ombres aux visages dissimulés surgissent de nulle part tandis que le reste du décor disparaît progressivement. Bientôt, l'espace délimité par le miroir ne reflète plus le débarras dans lequel je suis arrivé. Le sol est blanc, le ciel est blanc, l'horizon aussi. Un décor pur, immaculé, prêt à accueillir ce que l'Ariel du reflet décidera de créer. Une drôle de sensation me tord le ventre quand je me rends compte que tout le monde regarde l'autre moi. L'attention collective, unanime, écrase l'autre Ariel de tout son poids.

Et l'autre Ariel ne flanche pas. L'autre Ariel persiste campé sur ses deux pieds. Il ne courbe pas l'échine et ses pensées matérialisées ne font pas demi-tour.

Je jette un œil derrière moi. La vision est si prenante qu'elle me paraît réelle. Pourtant, la salle est toujours là, ses piles de carton aussi, sa porte que j'ai laissée entrouverte également. Mais quand je reporte mon attention sur le miroir, rien n'a changé.

Un physique qui n'importe plus. Une présence spirituelle plus forte que tout, plus imposante que n'importe quoi d'autre.

Un mental inébranlable qui compte plus que le reste.

Des idéaux, des valeurs.

J'ai l'impression de voir mon monde parfait. Ce miroir me montre ce que j'ai toujours voulu voir. Il a mis le doigt sur ce que moi-même je n'ai jamais réussi à voir et me propose une solution toute faite – un univers dans lequel je pourrais vivre sereinement. Un monde dans lequel rien d'autre ne compte que notre nature profonde, dans lequel le corps est dissout, dans lequel les barrières matérielles qui nous tiennent au sol ont disparu.

Je ne sais pas combien de temps je reste là, à observer cet Ariel inaccessible. Il ne fait rien de particulier mais l'aura qu'il dégage m'empêche de détourner les yeux. Je me suis assis, à un moment, pour mieux profiter de ce que je vois. La douleur de mes jambes cède au froid du dallage, mais je n'y fais pas attention.

Rien d'autre ne compte que ce reflet si flou et si net tout à la fois. Rien d'autre n'a autant d'importance. Je ne me souviens pas d'avoir un jour été aussi en paix avec moi-même.

Je mets un moment à me rendre compte que l'atmosphère dans la pièce a changé. Un petit quelque chose dans l'air, ou peut-être dans le silence. Peut-être n'est-il plus aussi total que lorsque je suis arrivé. Par l'unique fenêtre de cette salle, je vois poindre à l'aube du jour les premiers rayons du soleil. C'est l'unique indicateur du temps qui a passé.

Je suis là depuis presque sept heures.

Je détache mon regard du miroir à regret. Derrière moi, le professeur Dumbledore m'observe. Je ne suis pas vraiment surpris ; le directeur de Poudlard est si mystérieux que ses actions, même si elles se révèlent parfois étonnantes, semblent très naturelles. Ses yeux survolent les lunettes en demi-lune et me percent de part en part. Je n'aime pas vraiment me retrouver seul avec lui.

J'essaie de l'ignorer. Après tout, j'ai le droit d'être ici. C'est le matin, et il aurait été possible qu'un devoir en retard me mène à la Bibliothèque très tôt. N'importe qui aurait pu être à ma place. Mais le regard brûlant du professeur me dérange et j'ai l'impression d'avoir fait une bêtise.

Je me lève et me détourne complètement. Mes muscles endoloris protestent, pourtant je les ignore. À présent, c'est le miroir qui me chauffe le dos. Il m'appelle. Je le sens. Mais avant de me retourner, je dois faire partir le professeur Dumbledore.

— Professeur, je fais. Que faites-vous ici ?

— Savez-vous ce que représente ce miroir, Mr Melwing ?

Je ne m'attendais pas à recevoir de réponse de sa part. Mais sa question me prend au dépourvu ; en sept heures, je n'ai pas réfléchi à la nature de cet objet. Peut-être parce qu'elle est évidente – en tout cas, l'une de ses facettes est évidente.

— Il est magique, dis-je. Et... il ne montre pas la réalité.

Dumbledore hoche la tête. Je sens qu'il m'invite à continuer. Je peux trouver seul ; m'en dire plus sans me donner l'occasion d'y réfléchir serait du gâchis.

— Peut-être qu'il montre une réalité alternative, je suggère.

— Quel genre de réalité alternative ?

— Une réalité idéale.

Je me décale un peu. À présent, le miroir et le professeur Dumbledore sont dans mon champ de vision. Je peux continuer à me perdre dans l'un tout en jaugeant l'autre. Dans la glace, l'autre Ariel me regarde – son expression est neutre, indéchiffrable, mais elle m'incite à la contemplation.

Un toussotement détourne mon attention. Dumbledore attend que je continue. Je me souviens de la foule indistincte qui entoure l'autre Ariel.

— Peut-être que ce miroir dévoile un monde idéal. Le monde qui devrait m'entourer, ou le monde qui vit dans ma tête.

— Pourquoi ce monde en particulier devrait-il vous entourer ? Pourquoi pas un autre ?

— Parce que c'est celui dans lequel je me sentirais le mieux. C'est celui dans lequel ma place serait gravée dans le marbre mais qui pourrait changer au fur et à mesure que je change, dans lequel je pourrais évoluer avec sérénité, celui qui me correspondrait tout à fait. C'est le monde que je me construirais si je pouvais le faire.

Dumbledore hoche la tête. Un silence s'étire, lourd et tendu. Peut-être attend-il que je poursuive sur ma lancée – mais je n'ai plus d'idée. Je suis arrivé au bout de ma réflexion. Maintenant, je veux que le professeur parte. Je veux me replonger dans cet abîme délicieux, sans plus de considération pour l'échange que je viens d'avoir avec le directeur.

Mais il n'est pas de cet avis. Il est encore là, me fixe de ses yeux sans fond et me juge de son air sévère. Il attend que je recentre mon attention sur lui pour continuer :

— Ce miroir, Mr Melwing, le miroir du Risèd, montre à son observateur ce qu'il désire le plus au monde. Dans votre cas, c'est un univers conçu sur mesure pour que vous vous y sentiez bien. Pour d'autres personnes, ça peut être le succès, la gloire, l'argent, l'amour. Ce qu'on y voit dépend de la personnalité profonde de chacun.

Je hoche la tête. Compte tenu de l'image que j'y vois, son explication me semble cohérente.

— Vous devez savoir que cette vision n'est pas la réalité. Elle est merveilleuse, je sais, mais elle n'est qu'un mirage au milieu du monde réel. Elle est dangereuse. Elle vous détourne de votre vie et de ce qui compte pour vous.

— Mais professeur, je tente, surtout parce que je souhaite pouvoir continuer ma passive expérience introspective, comment un simple reflet pourrait-il être dangereux ?

— Combien de temps êtes-vous resté en face du miroir du Risèd ?

Sept heures. Je l'ai déjà compté. Mais je préfère le taire car cette information donnerait raison au professeur Dumbledore. Il est plus confortable de l'ignorer.

— De tout temps, des sorciers extrêmement puissants se sont perdus dans la sinuosité des visions du miroir. Des sorciers intelligents, sensés et parfois même avertis des dangers de cet objet. Ils sont devenus fous à force de voir des choses qu'ils n'auront peut-être jamais.

Je baisse la tête. Ses arguments sont difficilement révocables. Imparables. Je me mets face au professeur, déterminé à ne plus avoir le miroir dans mon champ de vision. Dans mes rétines sont encore imprimées les images de ce rêve éveillé.

— Vous avez la chance de voir quelque chose que vous pourriez mettre en place, reprend le directeur. Cet univers idéal, il ne tient qu'à vous de le créer. De le façonner à votre image. Grâce aux amis que vous vous choisissez, aux combats que vous vous trouvez, aux priorités que vous vous mettez.

Dumbledore se tait, mais je sais ce qu'il aurait pu ajouter : « Des centaines de sorciers verraient quelque chose d'irréalisable ; vous, cette vision, vous l'avez à portée de main. Travaillez-y et devenez heureux. Soyez la meilleure version de vous-même et vous aurez la meilleure version de votre univers. Meilleure encore, peut-être, que ce que vous fait miroiter ce reflet. »

Son silence est évocateur.

Je souris. Pour la première fois depuis qu'il a interrompu ma solitaire observation, je suis heureux qu'il l'ait fait. Même si c'est dur à admettre, je sais que si je n'y prends pas garde, je pourrais faire partie de ces sorciers égarés dans cette vision de la perfection.

— Le miroir du Risèd va être mis en sûreté, annonce Dumbledore. Afin que ni vous ni d'autres élèves ne puissiez le retrouver et vous y noyer à nouveau. Maintenant, je vous suggère de retourner à votre dortoir et de profiter des quelques minutes de sommeil qu'il vous reste avant d'entamer votre journée de cours.

Ses yeux pétillent de malice. Je ne sais pas si je dois m'étonner ou pas de l'absence de sanction ; après tout, j'ai passé la nuit en dehors de la Salle Commune des Serdaigle. Mais son sourire barbu me fait comprendre que cela restera un secret entre lui et moi.

Sous son regard inquisiteur, je me lève et frotte ma robe de sorcier. Mes yeux brûlent d'avoir été privés de leur nuit de sommeil. Je tombe de fatigue – je m'en rends compte seulement. En mon for intérieur, je suis convaincu que Dumbledore sait que je vais passer ma journée à m'assoupir sur mes cours.

— Merci, professeur, dis-je en inclinant la tête. Pour vos conseils... et pour le reste.

— Bonne journée, Mr Melwing.

Je cligne les yeux et en une seconde, le professeur a disparu. Quand je tourne les yeux vers le miroir du Riséd, son emplacement est vide. Autour de moi ne demeurent que les objets antiques et les toiles d'araignée.

Dumbledore me l'a dit : il ne s'agit que d'un mirage.
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Mar 13 Juil 2021 - 19:25
TW : La tranche de vie qui suit parle de dépression et d'auto-mutilation (pas de sang mais les descriptions de blessures physiques et psychologiques sont présentes). Il s'agit de mots qui peuvent heurter des sensibilités, que les personnes soient concernées par le sujet ou non. Sentez-vous libre d'ignorer ce texte si le sujet vous semble trop compliqué.

L’amertume d’une nuit d’hiver
État des lieux de la relation avec Amy #2
Les berges du Lac, Poudlard,
Hiver 1995

La fillette se tenait devant lui. Les bras étroitement serrés contre sa poitrine, ses émotions bavaient de ses yeux : elle était triste. Une tristesse qu’elle ne parvenait plus à contenir et dont elle devait se débarrasser.

— On avait dit qu’on se soutiendrait, soutenait-elle. On avait dit qu’on en parlerait si quelque chose n’allait pas.

Elle fit les cent pas. Autour d’eux, l’herbe humide ployait sous l’effet du vent. Il faisait froid, il pleuvait, sans doute qu’il neigerait un peu le lendemain ; aucun des deux n’y prenait garde. Amy car elle était si contrariée qu’elle ne voyait plus que cette frustration envahissante. Ariel car il ne savait que dire.

Mi-coupable mi-révolté, il avait perdu l’usage de ses mots au moment où sa sœur l’avait attaqué.

Au début de leur scolarité, il s’était promis de protéger sa sœur. Il avait refusé de prendre par à certaines révolutions menées par Jules : trop risquée. Il n’avait pas voulu s’intéresser à ces cours clandestins dont on citait parfois le nom dans les couloirs : et s’il se faisait prendre et que la sanction éclaboussait le bien-être d’Amy ? Il l’avait observée, parfois un peu trop – il ne s’agirait pas qu’elle souffrît.

Un jour, la fillette s’en était rendue compte. D’un tempérament bien plus volcanique que le sien, elle avait très mal pris la surprotection dont il l’assiégeait. « Je ne suis plus une gamine ! », avait-elle tempêté du haut de son mètre quarante. Ariel n’avait pu qu’acquiescer, penaud.

À présent, les mains enfoncées dans les poches et se balançant maladroitement d’un pied sur l’autre, il se sentait tout aussi mal-à-l’aise devant la colère de sa Poufsouffle de sœur. Sereine, Amy était adorable et même peut-être un peu trop gentille ; en colère, elle se transformait en ouragan dévastateur.

— Il y a des choses dont on ne peut pas toujours parler, dit Ariel.

Piètre défense. Les yeux de la blonde flamboyèrent et elle s’assit brusquement malgré l’eau qui détrempait la terre.

— Il me semble que même lorsque tu étais aphone comme un muet, tes amis savaient au moins de quoi il en retournait. Et s’ils ne connaissaient pas les tenants et les aboutissants, ajouta-t-elle en voyant Ariel ouvrir la bouche, ils savaient à quoi s’en tenir.

Bondissant comme un ressort, elle se rapprocha d’Ariel. Son doigt vint se planter contre son torse, menaçant.

— J’estime qu’en tant que sœur, j’ai le droit d’en savoir autant qu’eux. Tu sais le nombre de lapins que tu m’as posés ? As-tu seulement pris la peine de te demander comment je les vivais, ces rendez-vous manqués ?

La jalousie qui transperçait les mots d’Amy étonna un peu l’adolescent. Leur relation à tous les deux avaient toujours été un peu exclusive ; de sang-mêlé, ils avaient certes côtoyé l’école, mais ils avaient passé beaucoup de temps à la maison.

Une partie de leur éducation avait été assurée par un précepteur. Leurs parents avaient inventé une excuse quelconque – il était incapable de se souvenir laquelle – pour les dispenser de quelques cours, qu’ils consacraient à l’étude du monde magique. Occasionnellement, ils s’étaient même entraînés à jeter quelques sorts avec la baguette de leur professeur particulier. Ariel en conservait peu de souvenir, mais il se souvenait d’un tout jeune homme, sans doute à peine sorti de Poudlard, aux cheveux flamboyants et au sourire dentu.

La possessivité dont faisait preuve Amy n’avait jamais fait partie de leur façon de fonctionner, mais ils n’avaient jamais eu l’occasion de nouer des liens forts en dehors de leur famille. L’amitié puissante qu’il entretenait avec le Club des cinq était inédite pour eux deux. Visiblement, elle ne plaisait pas à la fillette. Il avait déjà eu des indices, mais il en avait la preuve flagrante ce soir-là.

Au lieu de l’ouvrir à la confidence, les accusations d’Amy le braquèrent. Il ne s’attendit pas à la douleur qui naquit dans sa poitrine.

Comme si, au lieu de pouvoir lui faire confiance, son cœur comprenait qu’elle ne valait pas mieux que les autres : elle pensait à elle-même, à ses intérêts propres avant tout, et lui passait bien après. Sauf qu’il avait besoin qu’on le mît en priorité. Juste pour cette fois-là, juste pendant ces quelques mois.

— Le fait que tu sois ma sœur ne veut pas dire que tu as un droit spécial sur moi, prononça-t-il d’une voix atone. Et essayer de m’extorquer ce que je ne peux pas dire ne débloquera pas la situation.

Il planta ses yeux dans ceux d’Amy. Le corps de la fillette était tendu comme un arc, comme si elle se préparait à se battre physiquement, et ses pupilles lançaient des éclairs. Ariel pouvait y lire la confusion et la colère ; son visage entier racontait son désespoir, mais lui ne sentait que la coupure dans son âme de se sentir abandonné.

Abandonné par lui, par ses parents, par sa sœur. Par ses repères.

— Pour ton information, Mimi, la plupart de mes amis n’en savent pas plus que toi. Et vous en savez à peine moins que moi, si tu veux tout savoir. Sauf qu’eux, au lieu d’essayer de me faire dire des choses que je ne suis pas prêt à dire, ils sont là pour me soutenir. Ils me rattrapent quand je tombe sans poser de question et restent à mes côtés même s’ils ne savent pas pourquoi. Ils me laissent le temps de comprendre ce qui ne tourne pas rond dans ma tête.

— Moi aussi je te laisse du temps…

Des larmes perlèrent au coin de ses yeux. Ariel secoua la tête, presque navré. L’envie d’aller plonger dans le Lac se fit sentir, mais il la réprima ; l’impulsion se manifestait de plus en plus souvent, à chaque sensation d’inconfort, à chaque sentiment de vide également. S’il ne voulait pas finir par sombrer, il devait les réprimer.

— Le simple fait que tu sois venue me trouver dans ma Salle Commune pour avoir cette conversation montre que non. Tes mots le prouvent : tu penses à toi, pas à moi.

Impuissant, Ariel assista à l’impact que ses mots eurent sur sa sœur. Elle reçut chacun d’entre eux comme un sort bien ajusté ; il crut même la voir tressaillir.

Elle serra les poings, furieuse.

— Le fait que tu sois en dépression n’excuse pas tout !, hurla-t-elle à la figure d’Ariel. Peut-être que ce que tu vis est compliqué, mais tu ne peux pas oublier les autres ! Et tu ne peux pas jeter des trucs comme ça aux gens sans t’attendre à un retour de baguette !

— Tu penses juste à toi et à ton confort, putain ! Regarde-toi : tu ne fais que me reprocher de ne pas être là pour toi !

La colère montait chez lui aussi. Alors qu’il s’était juré de garder son calme, la chaleur coula dans ses veines, et en même temps le dégoût de lui-même. L’Autre prit le contrôle et le sens de ses mots lui échappa :

— Tu sais ce qui cloche, avec ce qui me reproche ? C’est que je ne suis déjà pas là pour moi-même ! Comment veux-tu que je sois là pour toi alors que ma seule envie c’est de crever dans un coin ?

D’un geste brusque, il retira son gant et s’éclaira la main. Le bout de ses doigts tirait vers le bleu et deux cloques trouaient son index. Il s’agissait des premières conséquences sérieuses que ses baignades occasionnaient ; même s’il avait ralenti le rythme depuis qu’il s’était fait surprendre, même s’il tentait de lutter contre ses instincts depuis qu’il avait fini par avouer à Jules, la compulsion devenait parfois trop violente et il cédait.

Sauf que l’eau était bien plus froide qu’en novembre. Bien plus dévastatrice. Et bien plus meurtrière.

En voyant ses blessures, Amy recula de trois pas.

— Je…

— S’il te plaît, arrête de m’accuser de choses que tu ne comprends pas. Tu n’as aucune idée de ce qui se passe dans ma tête.

Elle se tordit les doigts. Le tic nerveux qui agitait sa bouche trahissait sa gêne. En face d’elle se tenait un garçon dont elle ne connaissait pas la moitié des heurts.

— Je ne savais pas.

— Bien sûr que tu ne savais pas.

Ariel s’accroupit dans l’herbe et s’entoura les genoux avec ses bras. Quelque chose venait de se briser entre sa sœur et lui ; peut-être était-ce réparable, mais pour le moment, il ressentait juste la rupture. Une rupture qu’il percevait anesthésiée, latente, comme si elle couvait depuis plusieurs mois.

C’était sans doute le cas.

Le sang lui battit dans les tempes et il commença à se balancer en rythme. Le tempo régulier aidait son cerveau à ne pas trop prendre le large.

— Tu devrais y aller.

Elle ne répondit pas, mais il l’entendit se lever et sentit plus qu’il ne vit ses pas qui s’éloignaient. Lui continua son mouvement de métronome. À quelques mètres, les berges du lac se dessinaient dans la brume.

Il n’irait pas se baigner, ce soir. La certitude pulsait en lui comme les battements de son cœur ; toutefois, la vision de ces rives noyées de brouillard lui apportaient un certain réconfort. Comme si le fait de savoir que le lac fût présent, lorsqu’il le voulait, lorsqu’il en avait besoin, était suffisant.

Pour le moment.
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