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In Vino Veritas | Lévine & Zoey

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Lun 8 Juin 2020 - 11:16
Ceci est un rp débuté entre Lev et Aria sur un autre forum avec d'autres personnages (et non, ce Lévine Serger n'est pas tout à fait le même que le Lev qu'on connait ici !). Ne pouvant pas le laisser à l'abandonner maintenant qu'on se décide enfin à quitter ce forum, on a donc décidé de le migrer ici dans l'intention de le continuer.
Parce que c'est The Eternal One. Tout simplement.



In Vino Veritas.



26 Août 1997,

L'air écossait ne lui avait pas manqué. Bien au contraire. Lévine avait toujours préféré le climat plus humide de l'Irlande, ou bien la senteur marine de la côte. Ce n'était pas pour rien qu'il avait choisi son exil dans une contrée verdoyante, à quelques kilomètres des falaises donnant sur l'océan. Il n'y avait définitivement pas mieux comme réveil que le bruit incessant du vent contre sa fenêtre, ou des gouttes de pluie l'accompagnant dans une valse apaisante. Il faisait partit de ces gens qui craignaient plus l'agression des rayons solaires, que la sensation d'être gelé jusqu'à l'os après une averse. Quand bien même, il ait en réalité une sainte horreur des températures trop extrêmes. Ainsi, un séjour au Groenland ou en Islande, lui semblait impossible et insurmontable, tout comme le fait d'aller se dorer la pilule sur une plage aride. Si tant est qu'il soit capable de ne pas devenir aussi rouge qu'un homard plongé dans l'eau bouillante. Ses origines russes, par son père et sa grand-mère lui revenaient alors au visage, ne lui accordant aucune teinte brune ou dorée. Il était bien connu qu'en Asie le culte de la peau pâle était toujours en vigueur, et bien à dire vrai, rien que pour ça il avait hésité à déménagé dans un coin reculé du Japon, terres certainement plus propices à ce qu'il recherchait.

C'est d'un pas traînant, mais paradoxalement assuré qu'il remontait l'allée menant au village de Pré-au-Lard. De ses virées adolescentes dans l'avenue commerçante, il ne gardait que très peu de souvenirs. Peut-être avait-il choisi de les occulter pour ne pas en souffrir d'avantage, mais il y en avait quelques-uns qui venaient parfois l'importuner. Les Trois Balais, taverne prisée des étudiants avait été l'un des lieux qu'il avait le plus fréquenté, en dehors de la librairie où il avait réussi à passer une grande partie des heures qui leur était allouées le samedi. L'odeur sucrée et écœurante d'une bièreaubeurre lui revient en mémoire, et il ne chercha pas à retenir une grimace qu'il camoufla légèrement en tournant son visage vers la première habitation devant laquelle il passa. Le style n'avait décidément pas changé. Ce qui était à la fois rassurant et désespérant. Les choses n'évoluaient pas ou peu dans leur monde. S'en était affligeant. Serger releva le nez, finissant d'enfoncer ses mains dans les poches de son trois quart gris foncé, malgré la chaleur estivale qui tentait de disparaître lentement au profit d'un vent frais, presque cinglant. Septembre approchait, et avec lui de nombreux ennuis dont il ne mesurait pas encore l'impact.

Ce qui le frappa en arrivant enfin dans l'artère principale, ce fut l'absence de foule. Il fut un temps où les passants ne pouvaient plus parvenir à avancer sans se marcher dessus. Les uns couraient dans un magasin, les autres cherchaient à en s'en extirper. Le régime parvenait même à faire baisser l'influence d'un endroit aussi prisé ? Ce n'était pas si étonnant, mais inconsciemment, Lévine s'en sentit soulagé. N'étant pas à proprement parlé agoraphobe, on ne pouvait pas dire qu'il venait à en raffoler. Moins on le collait avec des mièvreries dégoûtantes, et mieux il se portait. Peut-être que pour ce simple fait, il pourrait réfléchir à son allégeance, si c'était la promesse d'une tranquillité agréable, alors, il pourrait songer à rejoindre les rangs des sbires encapuchonnés. Mais avant tout, il devait reprendre possession des lieux, des marques familières. C'est pourquoi, il ne s'arrêta pas dans la première échoppe venue. Les friandises.. il n'avait jamais apprécié ça à sa juste valeur. Au lieu de se stopper à la taverne de Rosemerta, il tourna à la première intersection pour s'éloigner un peu et jeter un œil torve sur l'enseigne grisante de la Tête de Sanglier.

Mh.. pourquoi pas après tout, souffla-t-il après quelques secondes d'hésitation.

De l'épaule, il poussa la lourde porte d'entrée, qui ne manqua pas d’émettre une violente protestation lorsqu'il la fit coulisser sur ses gonds. Vacarme qui fit se retourner le peu de clientèle que possédait l'établissement. Droit comme I, le nez relevé dans une attitude fière et glaciale. Il les défiait de dire quoi que ce soit visiblement. Satisfait de ne recevoir aucune remarque, il mit un coup de talon dans l'entrée, la claquant un peu sèchement. Voyant la populace retournait à ses occupations, il s'avança vers le bar, où il prit place, les coudes sur le comptoir, les doigts de sa main droite pianotant à un rythme régulier.

Une vodka, demanda-t-il à la serveuse d'un ton atrocement neutre, une jolie rouquine par ailleurs, de laquelle il se désintéressa rapidement pour reporter son attention sur les bouteilles exhibées sur les étagères. Mais qui pouvait bien avoir une collection pareille ? Avec la poussière qui allait avec de surcroît ?

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Lun 8 Juin 2020 - 11:16

In Vino Veritas | 26 Août 1997
Levine & Zoey
Le 1er du mois, Rufus Scrimgeour avait été assassiné et le Seigneur des Ténèbres avait pris possession du Ministère de la Magie. Il avait suffi d'une journée pour faire radicalement basculer le monde de la magie. Un climat de méfiance s'était emparée des rues, comme à Pré-Au-Lard qui souffrait d'une désertification que ce village n'avait encore jamais connue. Les sorciers à l'avant bras tatoué ne se cachaient plus et étaient maintenant omniprésents, à l'opposé des nés-Moldus qui semblaient tous s'être volatilisés de la surface de Terre en un claquement de doigt. Fuite, torture ou meurtre ? Difficile à déterminer qui entrait dans quelle catégorie quand on observait le chaos ambiant d'un oeil extérieur comme le faisait la jeune Knightley. Elle n'aimait pas ce nouveau règne de terreur. Mais elle ne voulait pas s'en mêler. Rester neutre, se faire discrète, ne pas faire de vagues. Se fondre dans la masse et attendre. Attendre quoi au juste ? Elle-même ne savait pas et ne voulait pas savoir. Eviter d'y penser. Se focaliser sur sa petite vie à elle, sur sa quête personnelle. M. Dwight - si elle avait eu la folie de reprendre des séances avec lui - aurait sans aucun doute ressortit sa bannière fétiche, la dressant avec fierté au-dessus de sa tête, pour déterrer dans le cerveau de Zoey un mot qu'elle avait depuis longtemps banni : DÉNI.

Malgré ce mécanisme d'autoprotection emprunté inconsciemment par les rouages de son cerveau pour éviter toute prise de partie dans cette guerre, la sorcière ne pouvait revendiquer être parfaitement innocente et complètement passive. Ne se souciant pas de la pureté du sang de ses fréquentations, elle avait irréfutablement créé des liens avec des nés-Moldus avant qu'ils ne soient traqués et, loin d'être insensible, elle se souciait de leur sort. Et tout particulièrement de celui de Newt, l'un de ses meilleurs amis depuis Poudlard. Alors, l'inaction face à sa situation ne lui avait pas semblé être une option. Avant qu'il prenne la fuite, elle lui avait confié une montre ensorcelée, relié à sa propre montre qui pendait au bout d'une chaînette en or dissimulée sous son haut, qui leur permettrait de communiquer brièvement en cas de nécessité. Lui, elle ne le laisserait pas tomber. Mais il serait son seul secret, sa seule prise de risque durant cette guerre. Du moins, c'est ce qu'elle s'était dit au début de ce mois alors que le monde des sorciers n'était qu'à la préface de toutes les atrocités qui allaient suivre. Comment, alors, pouvait-elle savoir le chemin qu'elle allait suivre au fil des pages qui se tourneraient bien plus vite qu'elle ne le pensait ? Elle ne pouvait pas le savoir. Personne ne le pouvait.

Accoudée au bar, son menton reposant lourdement au creux de sa main gauche, le regard soucieux de la barmaid fixait le tabouret vide face à elle. Josh Gillen avait été l'un de ses clients les plus réguliers depuis avril et leurs discussions avaient bien souvent permis à Zoey de tromper l'ennui, jusqu'à ce que ce frustrant sentiment de vide revienne en force au moment où la chasse aux nés-Moldus avait été lancée et que le tabouret avait aussitôt été déserté. Puis, elle avait fini par s'attacher à ce sorcier tout de même. Avait-il réussi à prendre la fuite ou bien avait-il eu le malheur de devenir la poupée de chiffon sur laquelle les Mangemorts s'exerçait au Doloris ? Était-il seulement encore en vie ?

La place vide devant le regard pensif de la jeune femme accueilli tout à coup une nouvelle présence, ce qui la fit se redresser dans un sursaut. Elle réalisa alors qu'elle avait laissé entrer dans son esprit un flot d'inquiétudes parsemé de questions sans réponses pendant plusieurs minutes et décida de chasser ces pensées avant qu'elles ne viennent ternir son enthousiasme naturel. Non, elle ne devait pas penser à tout ça, c'était se torturer le crâne inutilement. La vie lui envoyait même un nouveau client pour lui changer les idées, si c'était pas un précieux coup de main ça ?

- Une Vodka.

La voix du nouvel arrivant acheva d'encrer Zoey dans l'instant présent.

- Ça marche ! répondit Zoey dont le visage se ranima avec un sourire franc.

Dans un mouvement dynamique et contrôlé, elle se saisit de la bouteille de Vodka - qui avait bien pris la poussière d'ailleurs, les gens du coin étaient plus du type Bièraubeurre ou Whisky - et dosa la boisson dans un verre adapté. Cela faisait bientôt un an qu'elle travaillait derrière ce bar et il fallait dire qu'elle avait pris le coup de main. Elle fit glisser le verre vers l'inconnu puis s'accouda sur le bar, plongeant sans pudeur son regard dans le sien, si sombre, si insondable. Il faisait partie de ces personnes qui dégageaient une aura de mystère et Zoey n'aurait pu dire si cela venait du contraste entre ses cheveux sombres et sa peau claire, de sa posture nonchalante ou de l'intonation terne de sa voix. Quoiqu'il en fût, il l'intriguait.

- Toi, t'as l'air d'être nouveau dans le coin. Dis-moi, qu'est-ce qui t'amène ici ?

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Le Polynectar
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Lun 8 Juin 2020 - 11:16


In Vino Veritas.



26 Août 1997,

1. Pourquoi les gens s'acharnaient-ils a fréquenter les bars, les pubs, ou quelques lieux où une communauté d'abrutis pouvaient venir se saouler à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit ? Voilà une question que Lévine n'aurait jamais voulu se poser, ni trouver de réponse particulière. Pourtant, perdu dans sa contemplation des nombreuses bouteilles ornant la devanture de ce taudis, puis, des étagères poussiéreuses derrière le comptoir, il fut bien forcé de philosopher sur ce qu'il haïssait pourtant le plus : L'Humain, au sens large du terme. Un adage moldu nous informe que tous les chemins mènent à Rome, et l'on peut effectivement constater qu'il n'est pas tout à fait faux. L'on cherche tous à fuir quelque chose. Une pensée. Un lieu. Un groupe. Un souvenir. Et pourtant, comme une ombre serpentant entre les barreaux de notre conscience, ils s'amusent toujours à venir nous frôler du bout de leurs nez, nous titillant la cheville d'une langue sinueuse et glacée, nous enfermant alors dans un cocon abyssal, nous laissant grelottant et vulnérable. Les chemins représenteraient alors notre fuite, et Rome, la source perpétuelle de nos tourments les plus secrets. Là-bas, pas de grand conseil débattant sur notre sentence, mais un unique bourreau, tyran parmi les hommes, jambes croisées sur une trône aux piques acérés. Nous avons donc beau prendre une intersection différente, un embranchement inexploré, nous nous retrouvions toujours devant des portes ouvertes sur les affres de notre douleur lancinante, laissée à vif, à nue devant nos yeux impuissants. Il souriait alors, dévoilant des dents jaunies, aussi longues que des dagues affûtées, déjà luisantes d'un liquide poisseux et écarlate.

Et c'est ce qui lui était arrivé, à lui, misanthrope se complaisant dans un bain de rancune et d'amertume pour une espèce dont il faisait indéniablement partie. C'est comme l'un de ces mortels qu'il aimait tant dénigrer, qu'il dût à son tour affronter le blanc de l’œil vitreux de son diable intérieur. Comment réagissait-on dans ce genre d'instant, où le temps lui-même semble s'arrêter, se suspendre dans les airs pour nous laisser en pâture à un monstre toujours affamé, jamais rassasié même après des heures de banquets gourmands ? Les plus sensibles et moins habitués, pleureront, imploreront une miséricorde imaginaire. Les repas quotidiens, brebis déjà écorchées et dépecées, quant à elles, prendront place à la grande table, ni dans l'attente ou l'angoisse, se drapant seulement dans un halo de résignation. À ses festivités, pas de musiques joviales, pas de clavecins ou de piano entonnant un air entraînant, incitant à la célébration de la vie, de la joie. Pas de gigues dansaient jusqu'à pas d'heure, de cavalières se lamentant de ne pas trouver de bras adapté, de damoiseaux se pavanant tel des paons, queux relevées et cordes vocales déployées. Seulement une odeur âpre de pourriture, des hauts le cœur sur un fond de chant de mouches, de vocalises de charognards qui s'inviteraient pour le bouquet final. Bêtes surplombant la scène, admirant cette funeste représentation d'un œil tenté, salivant déjà sur les os alléchant qu'ils pourraient bientôt gratter pour ôter les derniers morceaux d'espoirs restant sur sa carcasse décharnée. Pas d’enterrement, donc le requiem ne serait pas admis pour accompagner la vidange de pensées fleuries, seulement un silence happant jusqu'à la moindre moelle d'optimisme. Croa, qu'ils faisaient, tu seras tendre, qu'ils ajoutaient. Taisez-vous, qu'il aurait voulu répondre. Mais à la place, seul un soupir avait accompagné les rideaux se refermant sur ce nouvel acte.  

2. Pourquoi les autres, ceux qu'ils ne comprenaient définitivement pas, venaient à s'enterrer dans quelques fonds de verres sirupeux, accoudaient à un bar entaché de beuveries, où quelques ronds de verres dégoulinants se mêlaient à la poussière ? Par habitude, pour certains. Trop familier du rhum roulant sous la langue, de l'ivresse montant à la tête, nous faisant faire des folies, nous dégageant des bras de la torpeur. Était-ce cette extase d'être un autre, qui les faisait toujours plonger tête la première dans le fond d'une bouteille de whisky, ou un tout autre liquide chargé d’éthanol. Un autre chemin, ou plutôt, un obstacle mit sur la route de l'inévitable ? Une fuite organisée, un piège à loup dans l'engrenage infernal d'une course-poursuite haletante ? Comme un pied de nez à la silhouette monstrueuse voulant se faufiler entre les barbelés plaçaient entre notre esprit et ses griffes arquées.

Son ongle arracha un morceau de verni éclaté à la surface du bar. Éclat fané qui vient se perdre sur un parquet usé jusqu'à la corde, près du tabouret sur lequel il avait jeté son dévolu en entrant. Bras croisés, il acheva son immuable observation des nombreux contenants, tant pour faire son choix, que pour y voir un certain mysticisme. Coup de pieds du destin de le faire choisir la première étiquette quasi-illisible. Vague transparente se muant contre une paroi rayée, ne servant visiblement jamais, ou trop peu. Breuvage d'un autre continent, d'une culture franche, mettant la force sur un piédestal. Pour affronter la neige, lui répétait souvent son père, il faut de la force. Mais avec les années, mettant une distance avec son regard d'enfant, il y avait vu une excuse pour se noyer dans ses vices sans éprouver la moindre culpabilité. Heureux sont les simples d'esprit, disait la parabole, car le royaume des cieux leur est ouvert.

Une vodka, qu'il commanda donc dans une intonation neutre, dénuée de la moindre envie, son souffle soulevant un nuage vaporeux, mélange de poussières et d'air frais. Dans un mouvement las, d'une nonchalance qui lui colle à la peau, comme la sueur glacée qui descend le long de sa colonne vertébrale, il se saisit de son paquet de cigarillos pour le poser à ses côtés. D'une pichenette de son index dominant, il ouvrit son sésame, ticket gagnant lui offrant un allé vers un havre de paix épisodique et éphémère. Il s'empara de l'un des tubes roulés d'une fine feuille mordorée, entrelaçant des brins ressemblant à du café. Son passe-passe rejoignit sa bouche, se coinçant entre les deux plis charnus et gercées par l'Écosse manquant d'humidité. D'un claquement de doigts, il en alluma la flamme, répandant autour de son faciès trop cireux une délicieuse odeur vanillée. Ce n'est qu'après un reniflement légèrement dédaigneux pour le reste de la clientèle, qu'il reporta ses iris sur la jeune femme, plus jeune que lui sans aucun doute, dégageant une aura lunaire, lui offrant l'allure d'une Bohémienne, femme sans âge tirant les cartes et devinant les sombres recoins d'un avenir indécis. Comme un fantôme, elle semblait hanter ce lieu d'une présence non dans un florilège de manifestations de mécontentement pour faire fuir les curieux, mais bien dans un écrin de bonté sincère. Un esprit protecteur, un mirage venu d'esprits malades.

Toi, t'as l'air d'être nouveau dans le coin. Dis-moi, qu'est-ce qui t'amène ici ?, lui demanda-t-elle après lui avoir servie sa commande. Lévine arqua un sourcil en réponse, se camouflant derrière ses piquants, les épaules crispées, le dos droit, comme s'il cherchait à toiser son interlocutrice, malgré le fait que debout derrière l'unique rempart les séparant, elle demeurait plus grande que lui. Il n'avait jamais apprécié la curiosité dont certains faisaient preuve, se pensant tout permit de part une profession leur apportant une multitude de ragots ou de bonnes histoires à raconter à qui voudrait bien les écouter. C'était peut-être pour ça qu'il n'avait jamais cherché à s'épancher dans un lieu comme celui-ci, craignant une mise à nue de ses secrets enfouis. Le spectre troqua sa cape d'illusionniste, pour ne laisser voir qu'une silhouette en tout point humaine, rendue quelconque dans une foule d'imbéciles.

Comme tout le monde. Qu'est-ce-que je viendrai faire dans un bar, hum ?, répondit-il sur le même ton que précédemment, croisant les jambes pour s’offrir une contenance impérieuse.
Je cherche de la tranquillité et un verre. Au moins, j'en ai un sur deux, reprit-il en trempant sa lèvre supérieure dans son verre pour en siroter une gorgée brûlante, qui réchauffa jusqu'à ses muscles engourdis. Puis, en alternance, il fit de même avec la dépendance entre son index et son majeur, crachant un filin parfumé entre ses dents.


Codage par Laxy Dunbar
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Lun 8 Juin 2020 - 11:17

In Vino Veritas | 26 Août 1997
Levine & Zoey
L'ennui. Probablement la pire hantise de la Knightley. Comme un gouffre qui aspire impitoyablement chaque parcelle de notre esprit pour ne laisser qu'un champ infertile et désert à perte de vue. L'ennui, ce venin sinueux qui paralyse les pensées, inhibe l'inspiration, et synthétise une impasse insurmontable entre l'être et sa quête de divertissement. Le temps s'essouffle et ralentit devant son spectateur qui s'agite et tourne en rond en tapant du pied, pourtant incapable de détourner son regard de cette course interminable, à l’affût du moindre changement dans le décor morne. Rien qu'un détail, quelque chose qui capte le regard et réveille l'esprit pour extraire l'être de sa torpeur.

Il se fit attendre, ce soir-là, le détail qui ranima le décor de la Knightley. Un détail qui n'avait pas encore de nom mais qui aurait pu être la définition même de la nonchalance. Un détail qui se cachait derrière des mèches sombres, recouvrant comme un rideau de pluie nocturne une peau d'une pâleur infinie. Un détail si singulier que la curiosité de la Knightley n'en fut que davantage mise à vif. Toutefois, son surplus d'enthousiasme se heurta à un mur presque aussi rigide et froid que celui bâtit, plus tôt, par l'ennui.

- Comme tout le monde, répondit le premier client de la soirée à s'installer sur un tabouret du bar. Qu'est-ce-que je viendrai faire dans un bar, hum ? Je cherche de la tranquillité et un verre. Au moins, j'en ai un sur deux.

Cette réplique acerbe ne parvint pas à décrocher le sourire du visage de la barmaid, par contre, il déforma l'un de ses coins dans un écho de sarcasme.

- De la tranquillité ? Répéta-t-elle d'un air songeur, plus qu'offusqué. Hum, désolé, on ne vend pas de ça ici.

Pas ce soir en tout cas. Des clients austères, elle en avait vu passer et elle savait qu'avec les effluves d'alcool circulant dans ce lieu, il n'était pas souvent bon d'insister. Mais, ce soir-là, elle n'avait pas envie de lâcher l'affaire. Oh que non, pas maintenant que son ennui commençait à se diriger vers la porte de sortie. Les heures à travailler étaient longues ces derniers temps, trop peu de clients, encore moins des bavards, tous méfiants, apeurés. L'ambiance n'était plus la même et Zoey se lassait de vivre en décalage constant avec l'atmosphère des lieux et la froideur de la clientèle. Ce soir-là, quitte à faire fuir un client ou à réveiller une impulsion de violence, elle se laisserait glisser sur la pente de la provocation, ne serait-ce que pour éveiller une réaction divertissante, aussi éphémère soit-elle.

- À la place, reprit-elle, je peux te proposer une conversation ou un simple monologue. Je te recommande la première option, moins amère, plus goûteuse et ça se marie bien avec la vodka.

Comme pour appuyer ses propos, elle se redressa, reprit la bouteille d'alcool en main et remit une dose dans le verre de celui qu'elle avait élu interlocuteur de la soirée – si, toutefois, il ne fuyait pas dans les minutes qui allaient suivre. Son verre était loin d'être vide, il avait dû boire deux ou trois gorgées tout au plus, mais augmenter la dose de carburant ne pouvait qu'aider au démarrage de la conversation, tout en étirant le temps de consommation, et par répercussion, la durée de leur échange.

La rousse reprit appui sur le bar et plissa les yeux devant le cigarillo que l'homme venait de porter à ses lèvres. Enfin, ce fut plutôt devant la fumée qui flotta entre eux qu'elle plissa les yeux. L'on aurait pu définir son regard comme sceptique, comme annonciateur d'une remarque moralisatrice. Il n'en fut rien. Et ses prunelles s'éternisèrent un peu plus sur ces volutes de fumée dans une mélodie silencieuse, contredisant presque ses dernières paroles. C'était comme si les ondulations de cette danse volatile hypnotisaient son esprit, celui-ci s'égarant déjà dans le dédale récurrent de ses interprétations insensées.

- Tu ne m'as pas dit ton nom, constata-t-elle finalement d'un air absent. Ne commençerait-il pas par un « R » ? À moins qu'il s'agisse d'un « G »...

Elle continuait d'analyser les contours dessinés par la fumée dansante qui s'affaiblissait de plus en plus, s'effaçant bientôt dans l'air ambiant et dont la seule trace restante était son odeur vanillée.

- Je crois que c'était plutôt un « B », en fait. Bruno ? Oui, c'est sûrement ça. Tu t'appelles Bruno, right ?

Et elle y croyait presque, à sa pseudo-voyance improvisée dans la fumée de cigarillo.

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Lun 8 Juin 2020 - 11:17


In Vino Veritas.



26 Août 1997,

Pourquoi était-il venu ? Pas seulement dans ce pub sentant atrocement la vinasse et la saleté. Mais surtout, dans cette partie du pays qu'il n'arrivait qu'à associer qu'à des souvenirs tortueux et néfastes pour son intégrité mentale ? L'air trop sec qui avait bien failli lui coûter ses muqueuses pulmonaires aurait pourtant dû le mettre en garde. Tout ici, était un danger potentiel. Une idiote à fuir par tous les moyens nécessaires. Et dès son arrivée, il en avait eu la confirmation. Il n'était plus en Irlande, perdu dans les vastes plaines verdoyantes lui promettant des heures de tranquillité, ou encore, accroupit dans une serre parfaitement humidifiée, qui non seulement, lui collait les vêtements à la peau, en une pellicule de coton informe et désagréable, mais malgré tout, parvenait à lui tenir suffisamment chaud, pour qu'il n'ait pas l'envie de se perdre dans une myriade de couvertures de laine. L'Angleterre était froide, à contrario de sa région voisine. Une vision biaisée, s'il en était, qui ne pouvait lui faire avoir qu'un avis tranché sur l'endroit où il s'était retranché en désespoir de cause.

Peut-être que s'il eut été placé ailleurs, il aurait trouvé grâce aux yeux de Lévine. Mais ne pouvait être certains le concernant. La proximité de Poudlard, lieu longtemps honni dans son esprit d'adolescent torturé, qui en grandissant, n'avait sut se débarrasser de ses travers emplis de cynisme à peine voilé, ne pouvait que lui apporter une indigestion d'émotions non désirées : La honte, la peur, le dégoût. Et si l'un de ces ressentis ne lui était pas si indésirable, s'alliant à merveille avec le sarcasme dégoulinant de ses lèvres, les deux autres se devaient de disparaître, sous peine de le rendre encore plus irritable. Si tant est que ce fut possible. Pourquoi, par Merlin, éprouvait-il de la honte ? C'était irrationnel, et hautement imprévu. Parce que tu as longtemps fui, lui murmura sa conscience. Et c'est en avalant une gorgée de sa boisson alcoolisée qu'il chercha à la noyer. Depuis des années, une dizaine probablement, elle n'avait plus essayé de l'assommer de pensées mielleuses, saupoudrées d'une once de sympathie. En ce monde, surtout à cette période, il n'était plus temps de s'y pencher. Elle ne l'attirerait que dans des ennuis plus grand, dans un abîme probablement plus profond, duquel, cette fois-ci, il ne serait pas certains de vouloir s'extirper.

Les lèvres crispées sur le filtre du tube mordoré, il tâcha d'étendre ses doigts sur la surface réchauffée de son verre, caressant les courbes en relief de son ongle taillé. Il inspira une longue lampée, emplissant ses poumons d'une fumée lourde, qui lui pesa un instant sur la cage thoracique. Si bien, qu'il s'empressa de l'expulser, pour se défaire de cette sensation d'étouffement lui comprimant à la fois les poumons et l'estomac. Un filet brumeux flotta entre les deux adultes, barrière invisible séparant leurs deux esprits sensiblement opposés. Était-ce l'atmosphère quasi-irréelle qui avait rendu la présence de la barmaid plus supportable ? Il n'aurait su le dire. En revanche, il fut une fois de plus forcé de s'en détacher, lorsqu'elle ressentit le besoin d'ouvrir la bouche, pour, à la manière de son indésirable conscience, l'emballer dans un papier d'absurdités convenues. Et l'idée fugace de lui faire subir le même sort que le criquet rendant l'âme dans les tréfonds de son subconscient, sous les assauts répétés d'éthanol, de tabac et de fiel distillé avec une certaine délectation. Mais était-ce bien raisonnable ? Moral ? Oh, au diable la moralité, pour ce qu'elle parvenait à apporter de bien.

C'était donc d'un ton aussi aimable qu'un détraqueur sous antidépresseurs qu'il lui avait répondu, tâchant de lui envoyer au visage tout le mépris que son espèce pouvait bien lui apporter. Et la sienne, également, par la même occasion. Et s'il était habitué aux cris que cela pouvait provoquer, ou aux éventuels pleurs, ce fut partagé entre la surprise, la satisfaction et un indéniable agacement, qu'il l'écouta répliquer.

De la tranquillité ? Hum, désolé, on ne vend pas de ça ici, formula-t-elle avec une once de rêverie, nullement intimidée par l'antipathie qu'il s'obstinait à dégager de sa personne. Voilà qui était à la fois étonnant et incroyablement frustrant. Lévine plissa les yeux devant la provocation ouverte qui lui était lancée. Qu'essayait-elle de faire cette idiote ? Le pousser dans ses retranchements pour qu'il lui puisse la réduire à l'état de fillette pleurnicheuse à la fin de leur échange ? Et bien trop sûr des préjugés coulant dans ses souvenirs endommagés, il émit l'hypothèse qu'elle avait dû appartenir à l'une des maisons les plus étranges de l'école de sorcellerie. Serdaigle. Une tour exiguë où venaient s'entasser joyeusement des intellos pédants, ou des marginaux écervelés, croyants encore aux miracles. Et il n'eut pas besoin de finir son cheminement mental, que la réponse lui fut servie sur un plateau d'argent.

À la place, je peux te proposer une conversation ou un simple monologue. Je te recommande la première option, moins amère, plus goûteuse et ça se marie bien avec la vodka, reprit la rouquine devant son absence de réaction notable. Donc, les idiots philosophant sur les applications d'une prédiction foireuse. Avait-il commis un acte si grave, pour que le destin souhaite s'acharner sur lui depuis quelques jours ? Dans une autre vie, s'il croyait en la réincarnation, il avait dû se comporter comme un être aussi peu scrupuleux que Lord Voldemort en personne. C'était bien sa veine. Avec lenteur, le botaniste détacha sa main de son verre, pour la laisser le resservir, sans se formaliser outre mesure de l'inutilité de son geste. Après tout, il n'avait dû que deux gorgées, tout au plus, pas de quoi siphonner sa commande. L'alcool se savourait. C'est ce que son père lui répétait toujours. C'était peut-être pour ça, finalement, que le goût avait l'air de lui plaire autant ? Avec nonchalance, il profita d'une rasade bienvenue, remplissant ses joues du liquide piquant, le laissant lui cisailler le palais quelques secondes. Puis, il le laissa couler le long de son œsophage en une rivière tranquille. C'est sans faire le moindre bruit qu'il le reposa sur le comptoir, tapotant le rebord de son majeur droit, manquant d'y déverser quelques cendres encore rougeoyantes.  

Pourquoi m'échiner à te faire la conversation, hum ? Tu sembles très bien gaspiller ta salive sans avoir besoin de mon aide, lui répondit-il après quelques secondes supplémentaires, avec un rictus qui aurait pu faire penser à une esquisse amusée, si sa voix n'avait pas été teintée de son habituel cynisme. Comme pour l'effacer, il coinça le cigarillo à la commissure de ses lèvres, dissolvant les derniers résidus brûlants par une vague vanillée et légèrement amère, finissant de les envelopper dans une bulle volatile, une fois qu'il l'eut recraché devant le visage de poupée de son interlocutrice. Bien, maintenant, il allait peut-être pouvoir finir son verre et déguerpir de cet endroit. C'est presque satisfait, qu'il décala son regard sur les autres clients. Des habitués sans doute. Qui, le nez vissé sur leurs consommations n'avaient daigné tourner le regard vers eux. Fort bien.

Tu ne m'as pas dit ton nom. Ne commencerait-il pas par un « R » ? À moins qu'il s'agisse d'un « G »... , recommença la barmaid, pensive. Roulant des yeux, toujours de profil, il daigna retourner sa plus totale attention dans sa direction. Après la politesse affligeante, la répartie cinglante, le voilà qui allait devoir composer avec un numéro de voyance ? Sérieusement ? Et avant qu'il n'eut le temps d'ouvrir la bouche, pour lui dire explicitement, sans fioritures cette fois-ci, de la fermer, elle enchaîna. « Je crois que c'était plutôt un «B », en fait. Bruno ? Oui, c'est sûrement ça. Tu t'appelles Bruno, right ? »

Devant sa déduction foireuse, Lévine arqua un sourcil circonspect et en tout point agacé. Il n'allait pas devoir supporter les devinettes de Madame Irma toute la soirée, si ? Pour canaliser ses nerfs, et s'occuper les mains, il s'empara de son verre qu'il vida d'une traite, basculant légèrement la nuque vers l'arrière pour facilité son shot. Et c'est cette fois-ci, sans délicatesse qu'il le claqua devant lui, un nouveau rictus déformant les coins de sa bouche.

Exactement. Laisse-moi deviner, le tiens ne commencerait pas par un « E » ? Comme « Emmerdeuse » ?, répondit le brun en poussant le récipient vers la demoiselle de son index. Il porta le cigarillo à ses lèvres, envoyant la cendre échouée devant lui plus loin, d'une pichenette du majeur. « Un autre. », asséna-t-il d'une voix sèche, autoritaire, en recroisant les bras dans une attitude hautaine, sûr de lui. « Et sers toi un verre, la voyante. Je te l'offre. »


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Lun 8 Juin 2020 - 11:18

In Vino Veritas | 26 Août 1997
Levine & Zoey
La subtilité du dosage, ça vous parle ? L'art d'ajouter exactement la bonne dose, ni plus ni moins, pour un résultat grandiose. Et en vue de ce résultat, voilà ce que Zoey faisait, elle dosait. Mais la subtilité, elle ne l'avait pas, pas ce soir. La voilà qui remplissait déjà le verre de son client sans même lui laisser le temps de savourer. Car ici et maintenant, le temps n'était pas à la dégustation, non. Zoey voulait voir le temps s'écouler impatiemment en goutte d'ivresse dans l’œsophage du nonchalant, en vue d'un résultat surprenant. Peu importait qu'il soit grandiose ou non, ce résultat, tant qu'il y en avait un. Tant que le liquide fiévreux contribuait à dissoudre le masque froid de cet homme. Mais que révélerait alors cette dissolution ? Une impulsion de colère encore plus glaçante que son apparente indifférence ? Un sursaut de joie qui déformerait de la plus inattendue des manière son sourire quasi-inexistant ? Un flot larmoyant de tristesse trop longtemps refoulée ? Un charisme surgissant de ses entrailles pour délier sa langue ? Ou bien, un sarcasme davantage exacerbé qui se présenterait tel un maître forgeron prêt à aiguiser des mots encore plus tranchants ?

De la subtilité, elle n'avait pas non plus décidé d'en ajouter à son comportement. À  quoi bon jouer à la gentille serveuse prête à se plier devant les caprices d'un client alors qu'il y avait des choses bien plus stimulantes à tirer de cette rencontre si elle décidait de rester elle-même ? Elle, Zoey Knightley, une jeune femme pleine de vie qui s'arrêtait rarement face à un obstacle. Même quand celui-ci était aussi aimable et chaleureux qu'un détraqueur. Le baiser du désespoir ne l'atteindrait pas ce soir.

Pourquoi m'échiner à te faire la conversation, hum ? répondit ledit obstacle, toujours résilient à abaisser ses remparts. Tu sembles très bien gaspiller ta salive sans avoir besoin de mon aide.

- Un monologue donc, soupira Zoey dans une moue semie-déçue, semie-provocatrice. Je t'ai prévenu, ce n'est pas au goût de tout le monde, tu risques de regretter de ne pas avoir suivi mon précieux conseil.

Elle reposa ses coudes sur le bar et cala son menton dans le creux de sa main droite, tout en continuant à scruter son vis-à-vis sans que le moindre nuage de pudeur ne vienne ombrager ce comportement inquisiteur.

- Bon, partons sur des devinettes, alors. Je veux en savoir plus sur toi, Mister Inaccessible.

Et comme une protestation muette à cette proposition, des volutes de fumée créèrent une barrière brumeuse entre les deux adultes. Mais Zoey n'était pas décidée à courber l'échine en bonne victime devant ce cigarillo dégainé et pointé avec menace sur la prochaine tentative d'approche. Alors, elle dégaina à son tour une arme redoutable : l'imagination. Et elle le fit presque inconsciemment, se laissant envoûter par les arabesque volatile qui dansaient devant son regard azur. Elle laissa à son opposant quelques instants de répit, le temps que son esprit s'abreuve de cette inspiration nouvelle. Et bientôt, on la vit bouger ses lèvres pour former le son des lettres qu'elle apercevait dans cette fumée aux courbes élégantes. Ses quelques murmures devinrent des phrases et la seconde d'après, un prénom. Bruno. Et si c'était son prénom, à Mister Inssaisisable ?

Première réponse : un sourcil arqué. Il était décidé à ne pas parler, certes, mais au moins il était communicatif dans son langage corporel. Une première barrière d'indifférence qui s'écroulait, songea Zoey, elle gagnait du terrain sur le territoire ennemi. À ce rythme, peut-être qu'elle parviendrait à y planter un drapeau blanc avant la fin de la soirée.
Deuxième réponse : un shot. Tout, d'une traite. Il termina son verre. Le claquement du verre contre le bois du bar résonna comme la détonation d'un coup de feu au milieu d'un champ de bataille resté trop longtemps silencieux. Il avait rechargé les munitions. Et, sans plus attendre, sa troisième réponse, une vraie, cette fois.

- Exactement. Laisse-moi deviner, le tiens ne commencerait pas par un « E » ? Comme « Emmerdeuse » ?

- « Emmerdeuse » ? répéta Zoey d'un air faussement étonnée. Je ne connaissais pas ce prénom, tiens. Il est de quelle origine ? Russe, peut-être, à l'image de la boisson qui semble t'avoir insufflée cette idée.

Oh, ce qu'elle s'amusait.  Ce qu'elle savourait cette conversation où, à chaque réplique, elle se voyait incarner un nouveau personnage. Et elle jouait celui de l'idiote naïve avec brio. Et dans cette comédie insensée, elle brillait à chacune de ses prestations : à chaque nouveau personnage,  une nouvelle réaction de son unique spectateur. Que demander de plus ?

Mais le spectacle continuait. Aussi bien que cette guerre en quête d'armistice.

- Un autre, quémanda-t-il en faisant glisser son verre vers la barmaid.

Et bien que sa voix se voulut sèche, que son comportement se voulut hautain et que son ordre se voulut autoritaire, Zoey crut apercevoir à travers cette brume l'ébranlement d'une nouvelle barrière, prête à tombée au prochain assaut victorieux. Mister Insaisissable ne battait pas en retraite, non, au contraire, il se redressait, prêt à faire face à de nouveaux challenges. Challenges qui portaient la signature Knightley.

- Et sers toi un verre, la voyante. Je te l'offre.

Les derniers piliers de cette deuxième barrière s'écroulèrent dans un chant de victoire du côté offensif. Le visage de Zoey accueillit un sourire traçant les contours d'une intense satisfaction. Voilà, qu'il se décidait à être sociable, Mister Insaisissable. Et pour une fois, il semblait avoir trouvé les bons mots pour lui clouer le bec. Elle s'exécuta silencieusement avec comme seul écho, celui de son sourire infiniment victorieux. Et elle songea ironiquement que ce n'était pas de la vodka qu'elle devait déverser dans ces deux verres, mais bien du champagne !

La rouquine tendit l'un des deux verres au sorcier tout en levant le sien.

-  À moi, et à la découverte de mes dons de voyance. À toi, et à la découverte d'une tes facettes qui – ma foi – m'a l'air sociable ! Santé, Bruno ! Clama-t-elle joyeusement en faisant s'entrechoquer leurs verres.

Finalement, son dosage n'avait pas été si mauvais, n'est-ce pas ?

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In Vino Veritas.



26 Août 1997,

De la tranquillité. Il avait enfin sa réponse après plusieurs minutes de tergiversations inutiles. C'était pour la trouver que des âmes en peine venaient s'enfermer dans ce genre d'endroits, pour y supporter des monologues insipides, en compagnie d'une serveuse l'étant tout autant que tout le reste. Leur misérable vie était-elle suffisamment ennuyeuse et dénuée de la moindre passion, pour qu'ils en viennent à s'épancher sur leur quotidien après quelques verres dosés avec les pieds ? Assurément, ce n'était pas pour ça, que lui, Lévine Serger, Botaniste reconnu par ses pairs pour ses quelques découvertes inintéressantes, qui, disons le très franchement, ne l'avaient pas réellement fait se sentir supérieur, ou inférieur à qui que ce soit, ou heureux, par ailleurs ; était donc venu s'enterrer dans un village sorcier comme il en existe des dizaines dans ce pays qu'il ne peut encore s'empêcher de voir que comme un cimetière où de futurs condamnés allaient et venaient aussi gaiement que de misérables agneaux se dirigeant vers l’abattoir.  Non, en aucun cas, il n'était présent derrière ce comptoir, du mauvais côté de la barrière assurément, puisque contrairement à la jolie rousse, aussi intéressante que réellement agaçante depuis quelques minutes, il ne possédait pas l'avantage du terrain. Il n'avait pas l'intention de se livrer à une énième partie d'échec.

Ce n'était pas mué par une envie de se confier, non plus, qu'il avait poussé la porte du premier pub ayant croisé sa route. Pourquoi en aurait-il ressentit l'envie par ailleurs ? Pour perdre le peu de protection que son regard froid ne parvenait pas à lui octroyer devant l'irritable bonne humeur de cette stupide et provocante serveuse ? Elle y était complètement imperméable. Comme si la distance qu'il s'échinait à mettre entre lui et le monde, à travers une amabilité aussi accrocheuse qu'un coup de pieds dans les noix, qui, la plupart du temps, parvenait à faire fuir quiconque se serait attarder trop longtemps, et aurait donc risqué une remontée dans l'estomac aussi peu agréable qu'une torsion de l'intestin qu'il aurait sans doute fait subir à mains nues à un humain un peu trop récalcitrant. Si tant est, bien sûr, qu'il n'était pas aussi inoffensif que son patronus la grande majorité du temps. Un hérisson se tapissant confortablement derrière ses piquants, menaçant de refiler une maladie mortelle à l'imprudent qui oserait le caresser. N'était-ce pas de notoriété commune qu'il était capable de donner la rage ? Et bien, il était bien heureux de la donner.

Alors, oui, s'il s'était posé la question de sa venue dans cet endroit, il l'avait trouvé. Et malheureusement, l'on ne pouvait pas dire que son souhait avait réellement était exaucé. Qui avait-il de pire entre l'ambiance morbide de la nouvelle société sorcière, ou le moment qu'il venait à passer en cet instant ? Sans aucune hésitation, la seconde proposition. Elle était bavarde. Affligeante de bons sentiments, mêlés à une envie de le pousser dans ses retranchements. Ne lui avait-on jamais appris qu'il n'était jamais bon de se mettre à dos une personne ne renvoyant que de la sympathie quasiment assassine ? Visiblement, lorsque sans doute à cours d'actions suicidaires pour sa misérable routine, elle avait jeté son dévolu sur certainement le client le moins affable du coin, il en était venu à douter de la santé mentale de cette affreuse rouquine. De la tranquillité donc. C'était ce qu'il était venu chercher. Un endroit peu fréquenté, pas assez pour qu'il y trouve de nouvelles emmerdes... Enfin, c'était sans compter sur sa « chance », qu'il maudissait les trois-quarts de sa journée. Et là, il venait de tirer le jackpot.

Le premier piquant ne fonctionna pas. Merde. Il faillit le dire à haute voix, mais parvient à ravaler son aigreur avec une rasade de Vodka. Il fallait bien ça pour faire passer l'horrible tiraillement qu'il ressentait dans ses entrailles. Il allait se causer un ulcère à force de côtoyer des individus aussi... Insipides ? Mettre de l'eau dans son vin. Une expression française que sa mère s'était amusée à lui ressortir à toutes les sauces durant son adolescence. Ne pas parler. Ne pas crier. Ne pas s'énerver. Mettre de l'eau dans son vin pour parfaire son image de gentil garçon n'ayant rien à se reprocher. Devant ses amies, il devait être sage. Aimable. Ou alors, savoir se taire, s'il n'était pas capable de faire montre de bienveillance. Se mordre les lèvres pour ne pas laisser sortir le venin lui brûlant la langue, il avait appris à le faire au fil des repas, des dîners, et des salons de thé. Il était presque devenu sourd aux rires de ces bécasses. Il savait à l'époque, qu'il n'était qu'une statue, qu'un bracelet que l'on emmené parader au milieu de faux-semblants, de dorures factices. Pourtant, il ne s'y était jamais habitué. Peut-être que c'était ce qui avait chuté l'Humain dans son estime. Non, il ne s'était jamais habitué à voir son vin se transformer en vinaigre.

Un monologue donc. Je t'ai prévenu, ce n'est pas au goût de tout le monde, tu risques de regretter de ne pas avoir suivi mon précieux conseil, reprit la jeune femme après sa répartie qu'il aurait espéré plus cinglante, plus destructrice. Il aurait voulu la voir se décomposer, presque supplier son pardon. Il aurait adoré voir quelques larmes s'échapper de ses yeux clairs, où il aurait pu lire tout son désespoir, pour finalement ressentir cette remontée de pitié, de regret presque. Il l'aurait savouré, et ensuite, il s'en serait d'autant plus détesté. Peut-être était-ce mieux qu'elle soit imperméable à son aigreur, à ses envolées de cynisme, qui n'avaient pour but que de mettre en garde. Crier, rejeter, il savait faire. Mais pour pointer sa baguette et mettre ses menaces à exécution, il y avait un fossé, qui, jusqu'à maintenant, n'avait jamais eu à être franchi.

Bon, partons sur des devinettes, alors. Je veux en savoir plus sur toi, Mister Inaccessible.

Un nouveau haussement de sourcils, mimique interloquée et agacée. En savoir plus sur lui ? Il n'était pas un animal de foire, par Merlin ! Il n'avait aucune obligation à lui fournir la moindre information sur lui, que ce soit son nom, son âge, son métier, et encore moins ce qui pouvait lui trotter dans la tête. Il avait passé trop d'années, trop d'heures à subir des assauts autrement plus incisifs sur son esprit déjà morcelé, pour se laisser piéger par quelques paroles provocantes. Elle n'était pas aussi redoutable que lui. Ni aussi cassant que Liebert. Elle était loin de les égaler. D'être cette face terrifiante qui lui aurait fait rebrousser chemin. Non, elle pouvait même être intéressante. Si tant est que quelqu'un puisse l'être réellement à ses yeux. Bavarde. Indiscrète. Mais il n'allait pas fuir. Ce serait un aveu d'une répartie qu'il n'aurait pas trouvé, d'un abandon face à une joute verbale qu'il aurait été en peine de maîtriser. La peur de l'échec ? Aucunement. Simplement un ego qui aurait bien trop souffert d'une bataille perdue face à une simple serveuse au sourire encourageant.

Alors, pour rebondir, et continuer de l'emmerder de paroles sans queue ni têtes, elle s'était enfoncée dans les devinettes. Une diseuse de bonne aventure qui, dans cette étrange atmosphère où l'alcool coulait dans ses veines, et au milieu d'une fumée qu'il avait lui-même provoqué, ces mots trouvèrent un sens inattendu. Elle s'était parée dans une cape de prophétesse, de médium dans une roulotte, où l'odeur de cigare venait endormir les sens. Sans s'en rendre compte, il s'était lui-même enfoncé dans un nouveau traquenard. Bruno. Un prénom d'idiot. D'un Gryffondor qu'elle avait dû connaître, sans doute. D'un impulsif. D'une forte tête. C'était exotique. Français. Espagnol. Loin de la grisaille anglaise. Bruno. C'était moche. Plus que son propre prénom. Plus atypique aussi. Non, définitivement, il n'aimait pas. Il rejeta la tête vers l'arrière, non comme un stupide Bruno, mais comme un Russe. La brûlure de l'alcool dans son œsophage l'éloigna enfin de Bruno. Il était à moitié Russe, par Merlin. Et ça, elle ne gêna pas pour le nuancer. Il répliqua aussi férocement qu'il en était capable. Il voulait la voir s'étouffer avec ses prédictions, cette maudite Bohémienne.  

« Emmerdeuse » ? , osa-t-elle répéter avec une candeur d'autant plus agaçante. Je ne connaissais pas ce prénom, tiens. Il est de quelle origine ? Russe, peut-être, à l'image de la boisson qui semble t'avoir insufflée cette idée.

Mais il allait lui faire manger son verre par les narines à cette petite insolente. Il cligna des yeux, à la fois abasourdi par la comédie qu'elle prenait visiblement plaisir à jouer, et d'autant plus énervé de se sentir prit de cours. Il avait envisagé toutes sortes de répliques : de la plus outrée, à la plus amusante, mais pas celle-ci. Elle n'entrait pas vraiment dans son jeu, mais ne rejetait pas l'idée d'en être une protagoniste plutôt qu'une victime. Elle suivait la vague de fiel qu'il tâchait de lui envoyer au visage, pour surfait dessus avec l'élégance d'une beigne en pleins visage. C'était étonnant. Frustrant. Mais aussi paradoxalement.. Divertissant. Par Merlin, voilà qu'il en venait à penser qu'il pouvait passer un moment presque agréable.

Un autre, asséna-t-il donc avec son autorité naturelle, qu'il n'aurait sans doute pas le choix d'arborer durant son séjour à Poudlard cette année, ce qui lui promettait par ailleurs des heures entières d'un emmerdement profond en compagnie de gamins décérébrés.. Et sers toi un verre, la voyante. Je te l'offre.

Promesse de nouveaux échanges, de nouveaux piquants acérés, mais également, d'un moment plus long que celui envisagé. Il avait voulu la faire taire. Juste un instant. Il sentait poindre le mal de tête alors qu'il n'avait sans doute pas encore ingurgité d’éthanol pour y faire face. Et lorsqu'il vit le sourire mangeant le visage de son interlocutrice, il se fit la réflexion, qu'assurément, il aurait besoin de plus de Vodka pour survivre à leur confrontation. Ou tout au moins, pour voir son intégrité mentale encore à peu près debout. Certainement ivre morte, mais au moins, encore en état de fonctionner le lendemain. Enfin, ce qui en resterait devrait assurer. Elle lui tendit son verre rempli à ras bord, et il s'en saisit avec une assurance qu'il n'avait pas encore abandonné sur le comptoir. Coincé entre son pouce et son majeur, frôlant le filtre de son cigarillo déjà bien entamé par son intense frustration, il le leva légèrement en l'air, avec moins de conviction que cette perfide sorcière.

À moi, et à la découverte de mes dons de voyance. À toi, et à la découverte d'une tes facettes qui – ma foi – m'a l'air sociable ! Santé, Bruno !

Leurs verres s'entrechoquèrent, et il se surprit à laisser échapper le souffle d'un rire, sans doute désabusé, devant l’irréalisme de leur situation. Bordel, dans quoi est-ce-qu'il s'était encore fourré en l'encourageant ? T'es vraiment trop con, mon pauvre Lévine, qu'il s'asséna mentalement, en esquissant l'ombre d'un rictus sarcastique.

À la tienne, l'Emmerdeuse, fit-il dans son soupir légèrement amusé, mais ça, il ne l'aurait pas avoué, même sous la torture. Avec la même virtuosité que précédemment, il tira l'alcool de son récipient d'une traite, invitant la barmaid à faire de même d'un sourire en coin. Deux verres et demis. Il n'avait jamais été un grand consommateur, que ce soit de Whisky ou d'autre chose. La tête commençait à lui tourner. Sa langue devenait pâteuse. Et une chaleur remontait le long de son abdomen, l'immunisant à la douleur qu'il aurait dû ressentir dans sa gorge.

Tu m'en remet un et tu suis, je tiens pas à être le seul à finir ivre mort dans ce taudis, l'Emmerdeuse, il repoussa son verre vers elle, écrasant son cigarillo éteint entre ses doigts, pour mieux en allumer un nouveau. Fidèle remplaçant, compagnon dans la galère qui suivrait. Il en aurait besoin, ça, il n'avait aucun doute.

Et toi, qu'est-ce-que t'es venu t'enterrer dans ce trou à rats ?, il porta plus modérément sa commande à sa bouche, n'en sifflant qu'une minuscule gorgée, qu'il ne sentit qu'à peine. Bordel, il allait le regretter.

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