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[24/01/1996] Couleurs arc-en-ciel | ft. Maylone Allister

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Ven 13 Mai 2022 - 23:27
Ariel x Maylone
mercredi 24/01/1996
Couleurs
arc-en-ciel
Don du sang et homosexualité : une incompatibilité dangereuse

Le journal moldu gisait devant lui. La page 34 était mise en évidence – c’était celle que le jeune homme était en train de lire -, mais les autres dépassaient dans tous les sens, à demi-froissée et presque oubliées. Ariel ignorait entre combien de main le canard était passé, mais ce désordre le mettait mal-à-l’aise. Il aimait quand les coins des feuilles s’ajustaient parfaitement les uns aux autres, et quand les plis étaient bien faits, nets et droits.

Pas sur le point de céder, comme dans le cas présent.

Peut-être Jules l’avait-elle emprunté à l’un de ses camarades moldus, ou peut-être l’avait-elle prêté à quelqu’un d’autre avant lui. Ou peut-être l’avait-elle elle-même négligé ainsi, peu soucieuse de conserver un journal qui finirait de toute façon, probablement, à la corbeille.

Nerveux, le jeune homme tenta de réajuster les bords des pages entre eux et de lisser le papier fin – trop fin. Peine perdue. Elles semblaient animées d’une vie propre, incapable d’obéir aux ordres implicites du Serdaigle.

Une fois fait, il tenta de se reconcentrer. Puis il soupira, incapable de détacher son regard de l'encadré. Don du sang et homosexualité ; ces quelques mots semblaient le narguer. Pour une raison qu’il ignorait, ils étaient là et ses yeux refusaient de passer à la suite.

Au début de l’année, Ariel avait pris l’option Étude des Moldus. Il ne connaissait presque rien des Moldus, si ce n’est ce qu’il avait lui-même lu et étudié. Sans être Sangs-Purs, ses parents avaient tendance à éviter d’en parler. La raison restait mystérieuse, même s’il n’avait jamais osé le leur demander. S’il pouvait éviter de se disputer avec sa mère, il le faisait.

Au fil des mois, il s’était vite rendu compte qu’il n’y connaissait rien. Il avait le niveau exigé par le cours – les concepts qu’ils apprenaient étaient finalement assez simples, en tout cas en Troisième Année -, mais ce n’était pas assez. Ariel voulait aller plus loin, moins en superficie. L’électricité était certes très importante pour les Moldus – il n’en doutait pas un seul instant -, mais il voulait comprendre comment fonctionnait leur société, quelle était leur mentalité, à quoi ressemblait leur quotidien.

Il voulait s’immerger chez eux. Et quoi de mieux que de lire leur actualité pour cela ?

C’est la raison pour laquelle il avait fini par demander à Jules de lui prêter un numéro de l’un des journaux moldus irlandais auxquels elle était abonnée. Il avait lu certains articles avec attention. Ceux qui portaient sur la politique, notamment, car son fonctionnement le fascinait. Une reine et des ministres, n’était-ce pas intéressant au plus au point ?

Il s’était aussi abreuvé de certains faits-divers, et puis des papiers plus sociétaux. Dans l’un d’entre eux, l’un de ses préférés pour le moment, une description paysage de l’éducation des jeunes dans le pays avait été faite sous couvert d’une réforme des programmes scolaires.

D’autres avaient été lus plus rapidement, moins dans le détail, parce qu’ils étaient trop techniques pour lui ou parce qu’ils ne résonnaient pas avec sa sensibilité, tout simplement.

Il pouvait d’ores et déjà constater que, journaux moldus ou journaux sorciers, les tournures de phrases restaient alambiquées. Et qu’il était en désaccord avec un paquet de ce que la rédaction défendait.

Le jeune homme reporta son attention sur l’article. Il aurait juré qu'il clignotait en haut de la page, ou qu'il était écrit en caractères plus épais que les autres, ou même qu'il était surligné de fluo - rien de tout cela n'était vrai, bien sûr. Son doigt passa pensivement sur l’encre du tout petit titre. L’encadré ne prenait qu’une infime partie de la page, mais suffisamment pour que son regard s’y arrête. Perdu au milieu d’un dossier entier sur la nouvelle campagne de don du sang que les organismes de santé venaient de lancer en Irlande, c’était pourtant le seul qui avait attiré son attention.

Les homosexuels… VIH, ou autrement nommé le Sida… Danger mortel… Rapports intimes…

Et, dessous, une courte interview d’un médecin-chercheur - un mix entre maître potionniste et médicomage, s'il avait bien compris -, expert du sujet, qui expliquait à quel point les rapports entre deux hommes étaient dangereux. Aucune mention n’était faite de rapports entre deux femmes, mais on supposait qu’elles étaient également concernées, tenant compte de la structure de l’argumentaire. L’abstinence sexuelle, qu’il disait. Les notions n’étaient pas étrangères à Ariel, bien sûr – à treize ans, il n’était plus innocent à ce point. On parlait vraiment peu du VIH dans le monde magique, mais il avait lu certaines brochures sur le sujet lors d’une visite à l'infirmerie. Sans être explicites, elles s’étaient révélées plutôt instructives.

Ariel sourit en imaginant Pomfresh faire de la prévention au sujet des relations homosexuelles.

Ce qui n'aurait pas été du luxe, selon lui. Preuve en était-il, malgré sa curiosité et une réelle volonté de se renseigner, il n'y connaissait strictement rien. Pour lui, l'homosexualité était un monde étrange, séparé du sien par une barrière d'un brouillard quasi-opaque.

Pour autant, il avait du mal à comprendre le point.

Peut-être bien qu’il y avait un risque de transmission du Sida plus élevé chez les gays, mais… Le vocabulaire utilisé lui semblait légèrement agressif. Et excessif. S’il en croyait leurs mots, le risque de Sida chez les non-hétérosexuels était tellement incroyablement élevé qu'il était envisageable qu'un citoyen "normal" attrapât le virus à cause de l'homosexualité. En les croisant dans la rue, par exemple.

Le garçon fronça les sourcils, perdu.

Certes, si le sang était en effet un vecteur, la décision d’écarter les personnes homosexuelles du don du sang semblait raisonnable. Et pourtant, la démarche était aux antipodes de l'inclusion rêvée dont les médias parlaient de plus en plus. N’existait-il pas de tests afin de le repérer au préalable ?

Une drôle de boule se forma au creux du ventre du Serdaigle, et il se trémoussa sur son banc. Il ne chercha pas à analyser son malaise croissant, même s’il faudrait assurément qu’il s’y penche plus tard. Pour l’instant, c’était davantage la consternation qui primait : de constater que les Moldus n’étaient peut-être pas aussi ouverts d’esprit qu’il le pensait - quelle désillusion ! -, de se rendre compte que les barrières qu’il connaissait ici étaient les mêmes chez eux, et qu’elles étaient opaques et épaisses et que les démolir semblait relever de l’impossible…

Encore une fois, ses pensées s’emballaient. Sa tête s’embrouissaillait, ses idées se noyaient et se perdaient - encore plus que d’habitude, s’entendait.

Ariel ferma les yeux, inspira, expira et compta jusqu’à trois. Il recommença l'opération cinq fois.

C’était une technique qu’il expérimentait depuis peu de temps, depuis la mi-janvier environ. Il lisait alors un roman dont les personnages souffraient d’un choc post-traumatique - il avait fermé les yeux sur les ressemblances troublantes de leurs symptômes à eux et des siens. Aline et Nicolas, les deux héros de l’histoire, avaient commencé à l'appliquer, d’abord péniblement puis avec de plus en plus de succès. Les résultats avaient été décrits comme miraculeux par l’auteur.

Alors certes, Ariel n’était pas assez naïf pour penser qu'un simple exercice de respiration apporterait une solution à tous ses problèmes. Cela relevait trop du surnaturel pour que ses espoirs fussent réels. Pour autant, après une énième rechute et une plongée dans un lac à trois degrés tout au plus, il avait décidé d’essayer. En désespoir de cause, peut-être. Mais il n'y perdait rien.

Et il devait admettre que, même si les effets n’étaient pas aussi spectaculaires que sur Aline et Nicolas, cela avait au moins le mérite de faire redescendre son rythme cardiaque. Et de réduire un peu le volume du brouhaha dans sa tête, à défaut de l’exterminer.

Il demeura ainsi jusqu’à ce qu’un semblant de calme revienne et rouvrit les yeux.

À côté de lui, un groupe de trois étudiants beaucoup plus âgés que lui lisait son journal avec attention. Deux d’entre eux étaient à Poufsouffle, le troisième venait de Gryffondor. Leurs barbes naissantes indiquaient qu’ils avaient probablement plus de quinze ans. Peut-être même plus de seize.

Leurs rictus narquois le mirent immédiatement sur ses gardes. Peut-être étaient-ils anti-Moldus ?

— Ils sont pitoyables, n’est-ce pas ? lâcha l’un d’une voix traînante - le blond, l’un de ceux qui venaient de Poufsouffle.

— Ils ont raison de nous dire de nous méfier d’eux, renchérit le Gryffondor. Je veux dire, déjà qu’ils peuvent nous faire changer de bord contre notre volonté, et maintenant ils peuvent nous tuer avec leur Sida à la con.

Ariel pinça les lèvres, démuni. Non, ils n’étaient pas anti-Moldus. S’ils l’avaient été, ils lui auraient jeté son journal à la figure en le traitant de traître ou d’il ne savait qu’elle autre horreur. Et le mot Sida ne ferait sûrement pas partie de leur vocabulaire. Sauf s’ils étaient comme Ariel, du genre à lire les brochures de Pomfresh, évidemment.

Ils étaient juste homophobes - un concept qu’il avait appris et déconstruit sans trop savoir comment, étant donné que personne n’en parlait jamais.

Juste homophobes.

— J’essayais d’étudier pour l’Étude des Moldus, soupira Ariel. Vous pourriez… Est-ce que ça vous dérangerait d’aller un peu plus loin ?

— Si tu ne voulais pas qu’on vienne te déranger, il fallait aller à la bibliothèque, dit Poufsouffle-Blond-Arrogant. Ou au moins t’installer à la table de ta Maison.

Le plus jeune balaya la Grande Salle du regard, et en effet, il était installé chez les jaune et noir. Il se maudit intérieurement. Voilà pourquoi cette bande d’idiots était venue l’importuner. Le fait de voir un gamin bleu et bronze installé chez eux les avait à coup sûr intrigués.

Lui, il s’était juste dirigé vers l’endroit le plus calme et le plus désert de leur réfectoire géant.

— Et puis bon, ne me dis pas que t’étais passionné par ce torchon sur les pédés. On te rend service en te donnant une excuse pour t’arrêter là.

Les lèvres d’Ariel n’étaient plus qu’un ligne mince et presque invisible. Une vague de cette colère familière, celle qu’il ne contrôlait pas et qui le faisait parfois sortir de son corps, agitait son estomac. Il n’était pas le genre d’élève qui se défendait, surtout pas face aux plus grands… sauf quand on le poussait à bout.

— Je n’ai peut-être pas envie de m’arrêter là, dit-il, crispé. Peut-être que ce que raconte ce journal n'est pas vrai.

— Ou peut-être que t’en es une, toi aussi, rit le second Poufsouffle, un brun à lunettes. De tapette.

— Ceci expliquerait cela, lâcha le premier en lorgnant la couleur de ses cheveux.

Un bref silence précéda la tempête, puis le visage des trois adolescents se métamorphosa. La situation aurait été comique si Ariel n'en avait pas été la victime.

— Alors c’est ça ? grinça le Gryffondor. T’es une putain de pédale, toi aussi ?

Dans leurs regards, il n’y avait plus aucune chaleur. L’espièglerie avait cédé place à une méchanceté dure, presque cruelle. Au dégoût, aussi. Et même un peu de peur.

Merlin, ils avaient vraiment peur d’être contaminés par un gay. Alors même qu’Ariel ne l’était pas.

Ou probablement pas.

Une migraine pointa, et le Serdaigle se détourna de cette dérangeante question pour se concentrer sur sa colère.

Il allait faire une bêtise. Il le savait. Il allait suivre cette énergie destructrice qui couvait en lui, cette bénédiction, et il allait dire quelque chose qui le dépasserait. Une réplique cinglante, probablement très bien envoyée, certainement piquante et parfaitement ajustée, mais qui allait déclencher la fureur de ces trois attardés.

Parce qu’ils étaient des attardés, à considérer l’homosexualité comme une maladie ignoble, pas vrai ?

Aucun professeur n’était présent, et il savait que les étudiants qui assistaient au spectacle n’interviendraient pas. D’ailleurs, plusieurs d’entre eux avaient déjà les yeux fixés sur leur lutte verbale.

Il était seul.

Poufsouffle-Aux-Binocles lui poussa violemment l’épaule, dans une tentative d’intimidation qui faillit fonctionner. Gryffondor-Trois-Fois-Stupide montra des dents, prêt à lui sortir une ignonimie telle qu’il en avait rarement entendue. Lui carra les épaules, préparant à cracher sa réplique acerbe puis à prendre ses jambes à son cou.

Il leva des yeux qu’il espéra menaçants…

Et rien ne sortit jamais de sa bouche. Il se figea, et les autres suivirent son regard.

Un jeune homme se tenait derrière eux, et il n’avait franchement pas l’air content.





Relecture et corrections à venir très prochainement ! Mes excuses pour les fautes, les tournures de phrases bizarres et autres anomalies.

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Ariel Melwing
Modo aquatique
Ariel Melwing
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Mar 11 Oct 2022 - 10:27
- Ça craint. Vraiment May', ça craint !

Las ! Le ton pitoyable du Poufsouffle ne plaidait pas en sa faveur et n'arrangeait pas leur réputation de petites boules adorablement inoffensives. De vrais chiots patauds, sincèrement, que leurs aboiements rendaient au moins aussi crédibles que Simba.
Jeremy - que j'allais pouvoir bientôt rebaptiser Jérémiades, pignait de concert avec La Stalkeuse qui ne supportait que très mal ses plaintes. C'est qu'elles l'empêchaient de roupiller tranquillement sur mon épaule. En bref, j'avais droit à un concert son et lumière (avais-je oublier de mentionner le pull de mon ami ? Possible. Il se passait de commentaire.)
Je laissai tomber mon menton dans le creux de ma paume, fixant d'un air faussement affable le visage crispé d'inquiétude de Jeremy. « J'en reviens pas d'avoir perdu mes lunettes. » De fait, le Poufsouffle était obligé de coller son pif sur ses devoirs histoire de ne pas rendre à Rogue son travail de métamorphose. Cliché, vous avez dit cliché ? « Vois le bon côté des choses. » Regard furieux de Jeremy. Manifestement, sa forte myopie ne l'empêchait pas de bien viser pour me fusiller du regard. « On ne te prendra plus pour le grand frère caché de Harry. » Avec ses lunettes, sa tignasse noire et ses yeux verts, il pouvait aisément passer pour un chiard Potter oublié sur le bas-côté, le genre grand absent de l'épopée familiale. De quoi alimenter les écrits gorgés de fantasmes des troisièmes années. « Tu sais que t'es con, Maylone ? Genre vraiment ? » Je lui dédiai mon plus beau sourire contrit ; un large rictus du meilleur effet censé m'apporter le pardon. Jeremy m'ignora et se replongea - littéralement - dans son devoir de métamorphose.

- [...] ou au moins t’installer à la table de ta Maison.

- [...] une putain de pédale, toi aussi ?

Je relevai la tête. L'insulte m'était parvenue comme si les lanceurs étaient trop fiers de leur mot - ou trop cons, pour se cacher.
Un gamin aux cheveux violets que j'avais vaguement repéré dans les couloirs via ses goûts capillaires excellents était assis à la table des Poufsouffle. Là où Jeremy était venu squatter le banc rouge et or sans souci particulier, ça posait apparemment problème à trois grands dadais au mieux victimes de la bêtise adolescente, au pire réellement méchants et cruels.

Je me levai.

Ignorant les appels de Jeremy, je me dirigeai vers le jeune Serdaigle. La colère se lisait sur mon visage comme dans un livre ouvert, preuve étant s'il en fallait une que j'étais bien moins doué dans la gestion de mes émotions que Sessho.

- Hey les connards !

Ils se retournèrent. Un Gryffondor et deux Poufsouffle. Vraiment, si le premier faisait honte à nos couleurs (un traître, un collabo, honnêtement qu'on lui retire sa cravate rouge et or avec supplément crachat) les autres faisait voler en éclats ma théorie sur les adorables Poufsouffle. Ils n'avaient rien d'un chiot et leurs aboiements avaient plus l'écho d'un Mufasa.

- A quel moment vous vous êtes dit que c'était courageux d'aller s'en prendre à un môme ? J'sais que ce genre d'idée a dû épuiser votre stock de réflexion pour la journée mais quand même.

- Dégage Allister !
- Ça te regarde pas !
- Tu crois que t'es mieux que lui ? Avec tes cheveux rose pédé ?

Je sortis ma baguette. Ils ricanèrent.

- T'osera jamais.
- Tu te ferais virer.
- Vous voulez parier ?

Je ne savais pas ce que j'aurais fait s'ils avaient insisté. Peut-être bien que j'aurais réellement lancé un sort. Et ils avaient raison. Je me serais fait virer.

Ils hésitèrent.

- Aller, dégagez.

Après un bref instant d'hésitation, ils foudroyèrent le gamin du regard et sortirent de la Grande Salle. « Ça va ? » Je m'étais tourné vers le Serdaigle. « J'ai plus besoin de me présenter je suppose. Mais tu peux m'appeler Maylone. » Un léger sourire revint flotter sur mes lèvres. « Je peux m'asseoir avec toi ? »

HRP:
Maylone Allister
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Maylone Allister
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