AccueilRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment : -45%
WHIRLPOOL OWFC3C26X – Lave-vaisselle pose libre ...
Voir le deal
339 €

C'est le Secret du Bonheur ! | Samedi 20 janvier 1996 | Aria Beurk

 :: Poudlard :: Rez-de-Chaussée et Sous-Sols :: Les Cachots Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Sam 28 Mai 2022 - 19:04

Le 20/01/1996

C'est le Secret
du Bonheur !

ft. Aria Beurk

Quand on aime, on ne compte pas.
Quand on aime, on n'abandonne pas.
Quand on aime, on se bat !

Q

uand Eileen avait pénétré dans le Laboratoire de Salazar, elle ne s'était pas attendue au désordre qui l'y attendait. La dernière fois qu'elle s'y était rendue, la pièce avait été dans son état initiale après son réaménagement. La conversation entre la Serpentard et elle, cependant, avait pris un tournant qu'elle n'aurait jusqu'alors pu imaginer possible. Tout comme elle n'avait pas songé une seconde, sur l'instant, qu'Aria allait en souffrir autant, au point de saccager le cocon qu'elle avait construit pour elle.

De nombreuses fioles, brisées, jonchaient le sol en compagnie des ingrédients qu'elle avait entreposés. Ils étaient dès lors inutilisables et bons à jeter. Les étagères étaient aussi au sol, tout comme le chaudron renversé. Le sol était imbibé de diverses substances, de même que les fauteuils, le canapé et les livres abandonnés. C'était un véritable capharnaüm et l'ampleur de la tâche qui l'attendait dès lors lui avait sauté au visage.

Le salon, où elle avait apprécié retrouver son amie, où elle avait espéré retrouver son secret, allait devenir un moyen. Une part d'elle trouvait cruelle de ne le voir qu'ainsi, mais elle préférait mettre de côté les souvenirs qui y étaient rattachés pour se concentrer sur son devoir.

Tout ceci, elle l'avait découvert le soir même de la rentrée, avant la reprise des cours le lendemain. Dès le 6, elle se mit au travail. Elle devait rendre le laboratoire à nouveau utilisable.

Aria n'était pas présente et, la Louisianaise ne se faisant plus d'illusions, elle ne reviendrait pas. L'état de la salle était un message suffisamment clair. En prenant cette donnée en compte, l'endroit était parfait pour son projet : elle avait une mission à accomplir, une recette à exploiter et, ainsi, une potion à réaliser. D'autant qu'elle devait être prête pour le 14 janvier.

C'était en allant récupérer sa réussite qu'elle l'avait vu la veille du dimanche susmentionné. Le parchemin était simple, avec seulement deux petites lignes. L'écriture ne lui laissait aucun doute. Elle l'avait trop lue en plusieurs années, trop décortiquée pour ne pas la reconnaître au premier coup d'œil.

Durant sa lecture de la première phrase, la magicienne avait senti son cœur manquer un battement. C'était idiot. La Sang-Pur avait explicitement fait savoir à l'Américaine qu'elle ne voulait plus rien avoir à faire avec elle. Elle doutait que même la lettre, qu'elle avait glissée dans son présent pour noël, avait réussi à briser sa résolution. Lettre qui, de prime abord, lui échappait en grande partie, la Gryffondor l'ayant écrite dans un état loin d'être saint. Elle en connaissait les grandes lignes, mais était bien incapable de se la réciter.

La seconde phrase, elle, avait été la douche froide. Elle était passée dans le laboratoire le jeudi soir, mais n'y avait rien vu d'inhabituel. Elle était donc certaine que la missive était arrivée entre le vendredi et le jour-même. Un jour où elle venait seulement récupérer son bien, entre le repas du soir et le couvre-feu. L'heure écrite était de ce fait déjà passée.

L'absence de date, cependant, la laissait perplexe, mais elle n'avait pas le temps de se concentrer dessus. Tout en gardant le parchemin précieusement, comme s'il s'agissait d'une relique du passé dont la valeur était inestimable, l'illusionniste était repartie pour se coucher. Elle se devait d'être en forme pour le lendemain.

Un lendemain qui, avec un peu de recul, la laissait dans un état entre l'euphorie et l'incompréhension. Son sentiment était resté le même une grande partie du lundi, incapable de se l'expliquer concrètement. Les mots de Victorio résonnait encore dans sa boite crânienne, s'étant suffisamment rapproché du cortège pour être entendu en pointant du doigt l'Œil doré qu'elle avait elle-même placé dans le ciel avec autant de conviction.

Le mardi avait été plus reposant et la lettre qu'elle avait envoyée à Lévine n'y était pas étrangère. Si elle désirait des réponses, elle ne doutait pas que se tourner vers son mentor était la meilleure solution. Le reste de la semaine, cependant, ne lui avait pas permis de souffler. Entre les répétitions de Salazar dans la salle de musique pour composer leur nouveau répertoire musical, sa nouvelle routine pour combattre ses insomnies chroniques, les devoirs supplémentaires que lui donnait les professeurs à sa demande pour la forcer à rattraper son retard en théorie et les cours, l'adolescente n'avait plus une minute à elle.

Si elle avait espéré trouver du temps pour retrouver le laboratoire, c'était peine perdue. Elle était donc restée avec ses doutes, se demandant si elle n'avait pas, par mégarde, fait louper le magicobus* à sa camarade.

Une angoisse qui, le samedi étant enfin arrivé, allait pouvoir se dissiper. La née-moldue n'avait pas spécialement prévu de se rendre dans les cachots ce jour-ci, mais le destin en avait, lui, décidé autrement.

Elle avait encore beaucoup à faire, entre certains devoirs qu'elle n'arrivait pas à terminer, sa participation active aux différents clubs dans lesquelles elle était inscrite, ainsi que ses quelques conversations privées avec Granger concernant l'Armée de Dumbledore. Elle avait passé plus d'une demi-heure à se questionner sur l'avenir du groupe après le cours d'Ombrage, puis avait participé une bonne heure à des duels improvisés avec d'autres membres - sans vraiment se formaliser de l'absence de Shafiq, dont elle n'était pas proche -, avant d'imposer sa présence et sa voix, suite au repas du midi, dans la salle de musique.

Quand elle l'avait quittée, les membres n'en pouvant plus, elle-même avec une voix presque cassée, ils avaient tous décidé d'un commun accord de se séparer. Ils avaient pour projet de se retrouver dans la soirée pour s'organiser un pique-nique dans une salle abandonnée, le temps à l'extérieur du château n'étant pas propice à ce genre de caprices. La vipère refoulée avait décrété qu'une promenade dans les corridors ne risquaient pas de lui faire du mal.

Marcher l'aidait à réfléchir et à mettre ses idées en ordre. Le sport en général avait toujours eu cette pratique, mais la jeune femme ne pouvant plus s'adonner aux courses dangereuses sur les toits du monde moldu, elle se contentait de vagabonder sans but précis.

Ses pas la guidèrent d'eux-mêmes, sans qu'elle le prémédite. Elle ne remarqua sa destination finale qu'en parvenant devant la porte close, identique à celle des placards à balais du reste du château. Elle savait parfaitement que ce qui se cachait derrière n'était pas un débarras.

« Retrouve-moi à 18h30.
Je t'attendrais ici. »


Les mots inscrits sur le parchemin qu'elle gardait toujours sur elle lui revinrent en mémoire. D'une formule, après avoir laissé sa baguette glisser de sa manche jusqu'à sa poigne, elle sut qu'il n'était pas encore 18 heures. Pouvait-elle s'autoriser à espérer, concernant la Beurk ? Les dernières fois, elle avait eu mal.

Elle avait toujours mal, en vérité, même si elle refusait de se laisser abattre.

Elle s'était jurée de ne plus s'attacher et cette promesse avait volé en éclat dès sa rencontre avec la bibliothécaire et l'Auror Serger. Cela avait été comme des coups de foudre amicaux, comme des évidences. Ils étaient ses mentors, les parents qui lui manquaient et s'ils ne pouvaient remplacer sa mère et son père, elle les voyait comme des frères et sœurs. Ils se faisaient protecteurs, camarades de jeu, guides, présences reposantes et essentielles.

En pénétrant dans le laboratoire remis à neuf, elle décréta que l'espoir était essentiel. Sans espoir, il n'y avait pas de lutte. Sans lutte, il n'y avait pas de changements. Sans changement, la concernant, elle ne pourrait jamais la retrouver. Elle décréta à cet instant précis qu'elle refusait d'abandonner.

Pour patienter, elle s'installa sur un fauteuil et prit le dernier tome de Mages et Majestés. C'était pour faire passer le temps et se détendre sans penser à rien qu'elle décida de se mêler aux intrigues politiques moyenâgeuses qui étaient romancées dans le grimoire.

Le temps fila pourtant doucement, la jeune femme n'arrêtant pas de faire apparaître l'heure devant elle. Son impatience grandissait en même temps que les secondes défilaient trop lentement à son goût, si bien qu'elle finit par abandonner sa lecture. Elle essaya de prendre un manuel de potion, mais le résultat fut identique.

Quand l'heure fatidique approcha, la sorcière tournait en rond, laissant sa voix porter a cappella. S'occuper l'esprit devenait de plus en plus complexe, mais jouer de ses cordes vocales fonctionnait mieux que le reste. Elle s'arrêta net, cependant, lorsqu'elle entendit le battant être poussé. Immédiatement, l'orpheline se retourna vers la nouvelle entrante.

Elle se figea sur place. La voir si proche d'elle, dans l'intimité de leur cachette commune, lui donna une sensation étrange entre l'inconfort et la joie. Elle ne put s'empêcher de la détailler de la tête aux pieds, remarquant son air fatigué et la souffrance tapis dans le fond de ses iris. Elle la trouva belle, magnifique dans sa douleur, sublime par sa présence.

Pouvoir l'observer de loin, lui lancer des regards en coin durant les cours ou dans les couloirs étaient déjà plus qu'elle n'en demandait à présent. La voir, à moins de trois mètres d'elle, sans personne pour les surprendre, avait une saveur exquise.

Eileen s'était attendue à être en colère, à être triste, à être désabusée, à la repousser par réflexe. Elle avait la vengeance froide, pouvait se faire mauvaise, mais Aria avait déjà dû attendre jusqu'à maintenant pour la revoir seule à seule.

Elle ne méritait pas ses remontrances. Les évènements avaient poussé les décisions. Les décisions s'étaient fait précipiter, dans l'incompréhension. Et cette incompréhension avait créé un fossé entre les deux femmes que la décolorée pouvait encore apercevoir dans leurs maintiens.

Elle décida de l'ignorer. Elle souhaitait le chasser et anéantir les ombres qui dansaient autour de la Sang-Pur. Elle ne voulait plus y penser et rêver à des lendemains à deux.

Si elle avait été entourée, et elle remerciait encore Merlin d'avoir des amis aussi fidèles, Aria avait une importance qu'elle ne parvenait pas à quantifier. Les battements archaïques de son cœur en était une preuve évidente. Elle était sa vipère, sa créature des profondeurs, sa sang-pure et contre vents et marais, prête à se faire chevalier servant s'il le fallait, elle refusait de la voir s'éloigner. C'était peut-être égoïste, mais la King pouvait s'y complaire. Comme elle souhaitait le bonheur des uns puis des autres, elle avait le droit au sien.

Au diable les convenances., se dit-elle.

En deux enjambées, elle franchit les mètres qui la séparaient de son secret. Ses bras s'enroulèrent autour de son cou, puis son visage s'y réfugia. Elle huma son parfum. Elle serra son corps contre le sien. Elle ne voulait plus la lâcher. Elle se sentait bien. Elle se sentait euphorique. Elle se sentait comme une artiste en compagnie de sa muse. Elle se sentait en phase avec le monde. Elle se sentait vivante.

« Tu m'as manqué, s'entendit-elle murmurer contre la carotide de sa camarade. Je t'interdis de recommencer. Tu pars plus. »

C'était un ordre autant qu'une supplique. Elle désirait ne plus jamais avoir à revivre la souffrance de sa perte. Elle désirait ne plus jamais avoir à ressentir le gouffre de la solitude.

Elle avait pensé pouvoir accepter son départ, mais elle s'était fourvoyée. Elle en prenait enfin la pleine mesure.

Elle était son essentielle. Elle était son oxygène.





HRP :
Eileen M. King
Admin enragé
Eileen M. King

_________________
Rêve ta vie en

COULEUR
• lilie
Revenir en haut Aller en bas
Mer 3 Aoû 2022 - 18:13
c'est le secret du bonheur
Il suffit parfois d'un lettre,
ou d'une etreinte,
et le bonheur assoupi
ne semble alors plus proscrit.

Samedi 20 Janvier 1996

La Grande Salle avait rarement été aussi bruyante qu'au soir du quatorze janvier. Ce dimanche-là, la rumeur ambiante surpassait de loin le tintement des couverts, si bien qu'Aria faillit sauter le dîner pour s'épargner une migraine. Seulement, à l'exception des soirs faisant suite à un match de Quidditch intermaison, ça n'était jamais anodin qu'un tel tumulte règne dans la Grande Salle et la Sang-Pur avait à peine eut le temps de rejoindre la table des Serpentard que ses colocataires de chambre lui étaient tombées dessus pour lui raconter l'événement marquant de la journée sur un ton à la fois excité et scandalisé.

Ce fut ainsi qu'elle apprit qu'elle avait loupé une manifestation d'un soi-disant groupe prénommé L'Œil en refusant d'aller faire les boutiques avec Pansy et compagnie. Elle n'en eut aucun regret, au contraire. En grande partie parce que le concept de « faire les boutiques » lui était étranger ; lorsqu'elle prévoyait des sorties à Pré-au-Lard elle s'y rendait toujours seule pour s'isoler près de la cabane interdite. Or, il était désormais interdit de se rendre à Pré-au-Lard seule, il fallait y aller par groupe de deux, ni plus ni moins, suite aux nouvelles mesures de sécurité draconiennes d'Ombrage. C'était d'ailleurs pour cette raison que Pansy s'était donné la peine de lui proposer de venir avec elles : leur groupe était impair, Aria aurait été d'une utilité parfaite pour combler le binôme manquant. Ce seul fait avait fait redoubler son envie de refuser. Elle ne les avait donc pas accompagnées et n’avait pas assisté à la manifestation.

Quel dommage, rater un appel à la révolution ? Elle s'en était vu ravie.

Qui donc peut bien apprécier d'être entassé dans une foule d'idiots écoutant naïvement des gens dont la seule habileté était celle de savoir brailler plus fort que les autres ? Pathétique. S'il y avait bien une chose que l'on ne pouvait pas enlever aux Mangemorts, c'était qu'il n'avaient pas besoin de mettre à mal cordes vocales et tympans pour transmettre leurs idéaux... Même si la douleur se manifestait bien souvent autre part.

Aria ne savait pas non plus quoi penser des Mangemorts et de leur évasion. La conviction intime que ses parents, ou a minima son père, avaient rejoint leurs rangs l'empêchait de se prononcer sur la question et elle évitait d'ailleurs soigneusement toute conversation et messes basses sur ce sujet. Sans parler de sa confrontation d'octobre avec celle dont elle détenait toujours la baguette qui la faisait frissonner à chaque fois qu'elle y repensait. En définitive, Aria ne souhaitait aucunement s'impliquer dans ce chaos d'opinions, préférant rester confortablement dans sa bulle passive et apathique en attendant que l'on choisisse pour elle dans quel camp se positionner, si la situation venait à arriver. Mais, peut-être parce qu'elle savait pertinemment que la situation se présenterait tôt ou tard, les idéaux du Seigneur des ténèbres avaient déjà commencé à se faire un chemin dans son inconscient, renforçant ses préjugés sur la pureté du sang.  

Et c'était là que brillait le plus farouche des paradoxes, étant donné qu'elle s'était mis en tête de renouer avec Eileen dont elle s'était justement éloignée pour son statut de Née-Moldue. Ou du moins, pour cette raison en grande partie. Eileen était pour elle un danger. Était-ce alors la plus idiote des lubies que de vouloir à nouveau jouer avec le feu ? Sûrement, mais il semblait à Aria qu'elle n'avait à présent plus rien à perdre.

Elle avait oublié ce qu'était le bonheur, ne sachant pas tout à fait si elle l'avait déjà vécu un jour. Eileen avait-elle été une bulle de bonheur ? Le redeviendrait-elle suite à leurs retrouvailles ? Ou la dépression avait-elle déjà infiltré tous les pores de la Sang-Pur pour qu'elle pût encore espérer être sauvée ?

L'espoir. Ça aussi, elle avait oublié à quoi ça ressemblait. En elle ne régnait qu'un vide béant qui semblait reléguer toutes ses décisions au hasard. Pourtant, ce n'était pas un simple pari hasardeux et sans enjeux qui l'avaient poussé à reprendre contact avec son Secret, alors peut-être que quelque part en elle persistait encore un espoir endormi. Peut-être.

« Peut-être » , c'était le mot qui avait rythmé chaque fin de ses journée de la longue semaine qui venait de s'écouler.

Peut-être que ce soir elle viendra.

Peut-être qu'elle sera là aujourd'hui, même si elle n'est pas venue hier.

Peut-être qu'elle n'a pas le temps, qu'elle est débordée par les devoirs à rendre et ses mille projets.

Peut-être qu'elle a encore été collée et qu'elle doit se rendre en retenue tous les soirs de cette semaine.

Peut-être que finalement elle ne souhaite plus me voir.

Peut-être qu'elle a écrit cette lettre sur un coup de tête et qu'elle le regrette à présent.

Peut-être qu'elle voulait juste me donner de faux espoirs pour me rendre le mal que je lui ai fait.

Samedi, dimanche, lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi. Et à nouveau samedi. L'espoir s'était tari sur des « peut-être » bien moins optimistes que les premiers. Tous les soirs de la semaine, elle s'était empressée de se rendre au Laboratoire de Salazar à la suite de son dernier cours, sans aucun détour, pour s'assurer d'y être avant celle qu'elle attendait. Elle voulait garder la situation sous contrôle, entendre son arrivée pour ne pas se faire surprendre et ainsi, elle restait de pied ferme dans leur ancienne cachette jusqu'à l'heure du dîner, s'affairant à ses devoirs pour combler l'attente. Parfois, elle y retournait même après manger lorsque son insigne de la Brigade ne la contraignait à aucune ronde nocturne, et elle s'y endormait alors lorsque minuit se retrouvait largement dépassé et que sa fatigue prenait le pas sur les grelottements de son corps recroquevillé sur le canapé.

Le jour où elle avait remit pour la première les pieds dans cette pièce souterraine, un soulagement s'était emparé d'elle simultanément à un sentiment de honte. La salle qu'elle avait laissé ravagé par son désespoir avait été nettoyé et remise sur pied, bien que la décoration ne fut pas entièrement restaurée. Ainsi, l'endroit paraissait plus froid, moins vivant, mais il était en état avec le chaudron d'Eileen toujours en place. Le soulagement se trouva dans l'idée que l’apprentie potioniste passait encore par là et Aria en eu la confirmation le dimanche soir par la disparition du mot qu'elle avait laissé. La honte, elle, se trouva dans le fait qu'Eileen avait finalement été témoin des émotions fortes qui avaient animées la blonde platine en découvrant le Laboratoire dévasté.

Peut-être, d'ailleurs, que sa colère envers Aria avait été ravivée à la vue de tous ses bocaux cassés ?

Un nouveau « peut-être » qui vint hanter le samedi d'Aria et la convainquit qu'il ne servait finalement à rien de se presser pour rejoindre leur lieu de rendez-vous : Eileen n'y serait pas. Ainsi, après avoir achevé une partie de ses devoirs, Aria décida de profiter des derniers rayons du soleil déclinant pour se promener dans le parc et laisser Heinrich gambader dans les bords marécageux du lac.

Se trouvant dans une zone très peu fréquentée de l'extérieur du château au vu du terrain boueux, la Beurk s'osa à sortir le grimoire de magie noire qu'elle avait dérobé à la bibliothèque familiale. Retrouvant l'état hypnotique dans lequel elle avait passé ses vacances de Noël en parcourant les pages de ce bouquin, elle perdit toute notion de temps et d'espace. Si bien qu'elle fût tentée d'expérimenter un nouveau sort sur elle mais la culpabilité la rattrapa au moment où elle allait prononcer la formule, se manifestant au travers d'un coassement. Les yeux globuleux d'Heinrich qui semblaient la fixer la mirent mal à l'aise et elle referma aussitôt le grimoire. Réalisant alors qu'il était dix-huit heures passées, elle bondit sur ses pieds pour rentrer au château. Mais l'empressement se dissipait de ses pas à mesure qu'elle approchait des sous-sols, convaincue qu'il n'y avait plus d'espoir à nourrir.

Elle découvrit son erreur de jugement lorsqu'elle ouvrit la porte du Laboratoire et y découvrit la silhouette de celle qu'elle attendait depuis sept jours. Un frisson lui parcourut l'échine et une chaleur lui emplit le ventre, la surprise, la joie et l'appréhension se bataillaient pour prendre le contrôle de son corps. La Serpentard resta figée, paralysée, tout comme celle qui lui faisait face, les yeux écarquillés devant cette situation qui ne s'était jusqu'ici matérialisée qu'en ses rêves. Elles deux, à nouveau réunies dans cette salle. Et maintenant ?

Le corps raidi, Aria ne trouva aucun geste à faire ni aucun mot à dire avant qu'Eileen n'effaçât la distance qui les séparait pour enrouler ses bras autour de son cou. La chaleur de son corps contre le sien sembla se diffuser jusqu'aux viscères de la blonde en légers frétillements. Était-ce ce genre de sensation qui se rapprochait de ce que l'on appelait bonheur ? Le sentiment fut décuplé lorsque, près de son oreille, la Louisianaise chuchota :

- Tu m'as manqué. Je t'interdis de recommencer. Tu pars plus.

Aria resserra aussitôt son étreinte et une larme solitaire coula sur sa joue.

- Je suis désolée, parvint-elle à prononcer d'une voix fragile.  

L'odeur de son Secret était d'un réconfort inestimé. Le temps s'arrêta et ses pensées aussi, mais lorsqu'elles se détachèrent enfin l'une de l'autre, le malaise que ressentit Aria fut proportionnel au temps qu'avait duré leur étreinte. Le rose raviva son teint terne et pâle et, cherchant quoi faire de ses mains en quelques gestes parasites, elle décida finalement de se diriger vers le canapé pour s'y installer. Assise, elle resta raide et ses doigts se mirent à tirer sur les fils de laine suspendus au bout de son écharpe.

- Cette nouvelle couleur te va bien, dit-elle finalement, autant pour combler le vide que par sincérité.

Mais la vérité, c'était qu'Eileen aurait probablement pu se faire n'importe quelle coupe de cheveux qu'Aria l'aurait trouvé jolie. Le brun lui allait bien avant, et ce nouveau blond aussi, tout comme le violet indécent du gosse chez les Serdaigle lui serait bien allé.

Mais il y avait des choses plus importantes à dire, plus pressantes. Seulement, l'Empathe se sentait plus déstabilisée et désorientée qu'elle ne l'avait jamais été. Après un moment à fixer en silence ses doigts jouant avec le tissu, elle se vit contrainte d'avouer :

- J'ai dû rejouer cette scène une centaine de fois dans mon esprit en me répétant les mots à te dire. Et maintenant qu'on y est...

Elle soupira de dépit.

- Je ne trouve ne plus rien à prononcer. Peut-être que j'aurais moi aussi dû te rédiger une lettre.

Un léger sourire rehaussa son visage, empli à la fois de gêne et de ravissement. Certaines phrases gravées sur ce parchemin lui revenaient à l'esprit : si la lettre n'avait pas été si longue, elle aurait sûrement pu la réciter par cœur. Alliant le geste à la parole, elle sortit cette dernière d'une poche intérieure de sa cape de sorcière pour la déposer sur ses genoux. Ses doigts se mirent à caresser le dos rugueux du parchemin soigneusement plié.

- Elle m'a... profondément touché. Merci. Pour ça et... pour ça, dit-elle en relevant la tête et en tirant sur sa chaîne en argent d'où pendant un nouveau pendentif, aussi noir que l'ancienne chevelure de son Secret.

code by black arrow
Aria Beurk
Admin empathique
Aria Beurk

_________________




Ecoute cette médolie troublante.
C'est l'eau qui chante.
Revenir en haut Aller en bas
Dim 26 Mar 2023 - 17:40

Le 20/01/1996

C'est le Secret
du Bonheur !

ft. Aria Beurk

Quand on aime, on ne compte pas.
Quand on aime, on n'abandonne pas.
Quand on aime, on se bat !

Q

u'il était agréable de se laisser porter par l'euphorie. Quand les bras de la Gryffondor s'enroulèrent autour du cou de son secret, le sentiment qu'elle ressentit lui parut explosif. C'était un plongeon direct, sans détours, vers une sensation qu'elle connaissait bien maintenant, qu'elle ressentait depuis quelques années déjà, quand des contacts, rares, mais précieux, s'initiaient entre les deux jeunes femmes. Une sensation qu'elle était incapable de décrire, mais qui forçait son cœur à battre plus vite, qui amenait ses pupilles à s'élargir, qui laissait des frissons envahir son corps.

C'était un voyage vers des souvenirs par dizaines et l'oubli, le temps durant de l'étreinte, des dernières semaines de souffrance loin de sa présence. C'étaient les larmes cachées, mais l'émerveillement et les rires. C'étaient les piques acerbes mais des mots doux, loin des oreilles indiscrètes. C'était une pièce de théâtre géante où berner la populace devenait une nécessité autant qu'un jeu.

C'était un secret essentiel. C'était une parenthèse, un moment où elle avait le droit de ne plus s'inquiéter, de ne plus penser, d'oublier ses origines, d'oublier le monde, d'oublier ses rêves et ses aspirations. C'était un moment privilégié où elle n'avait aucun besoin de forcer pour sourire. C'était une bulle de bonheur qui n'appartenait qu'à elles.

Oui, Aria était capitale pour la jeune femme. Sa présence était indispensable, quelle que fut la pensée de la lionne à cet égard. Elle était son essentielle.

« Tu m'as manqué, s'entendit-elle murmurer, mots qu'elle n'avait pas contrôlés. Je t'interdis de recommencer. Tu pars plus. »

Elle sentit l'étreinte se resserrer autour d'elle. Un léger mais sincère sourire un peu triste fleurit sur ses lèvres. Elle ferma les yeux.

La King n'était pas idiote. Leur retrouvaille ne signait pas une absence absolue de problème du jour au lendemain. Cependant, elle pouvait espérer un endroit où se reposer. Elle pouvait espérer retrouver son vrai nord personnel, autant qu'elle souhaitait être à nouveau le rayon lumineux perçant les brumes opaques qui obscurcissaient la vie et l'esprit de son amie.

« Je suis désolée. », souffla cette dernière d'une voix tremblante.

Eileen ne fit aucun geste et ne répliqua pas. Elle ne voulait pas briser ce moment. Non, son souhait à l'instant était d'imprimer dans sa mémoire chaque détail de la scène. Pour pouvoir la rejouer en fermant les yeux à n'importe quel moment. Pour pouvoir se le rappeler dès qu'elle en sentirait la nécessité. Pour pouvoir s'en servir quand ses émotions partiraient dans tous les sens, comme cela arrivait bien trop souvent à ses yeux.

L'explosion de joie qui tourbillonnait en elle, mais qui paradoxalement lui permettait de goûter à un calme et une sérénité retrouvée, surnaturelle, en étaient les raisons. Aria avait un pouvoir sur elle qu'aucune autre personne ne possédait. Même si l'Américaine n'en comprenait pas entièrement la raison - bien qu'elle eût quelques doutes sur le pourquoi -, elle l'acceptait sans broncher et devait s'accorder de l'utiliser.

Après un temps difficile à définir tant la rouge-et-or aurait pu rester dans cette position pendant des heures, elle laissa sa main droite glisser sur l'épaule de la blonde. Le membre glissa sur le bras de l'autre fille, avant d'attraper sa main, qu'elle serra brièvement, avant de la lâcher de la même manière qu'un outil brûlant.

Elle se recula d'un pas, sans parvenir à la regarder directement. Les contacts avec la jeune femme lui avaient manqué et l'envie de la coller était certes puissante, elle ne désirait pas envahir son espace vital trop longtemps sans son autorisation. Cette raison était la principale cause de son recul brusque, d'autant plus qu'elle s'imaginait avoir des gestes pouvant être mal interprètes… Ou trop bien compris.

L'absence de contact visuel l'empêcha de remarquer la gêne de sa camarade, quoi qu'elle pouvait s'en douter, car elle en ressentait une similaire qu'elle ne tentait pas vraiment de camoufler. Elle savait que la Serpentard pouvait lire les cœurs. Dès lors, il était inutile de s'en cacher, même si ses manies de ne pas la regarder directement ou laisser ses mains se triturer l'une et l'autre, gestes inconscients, pouvaient donner l'illusion qu'elle souhaitait dissiper son émotion.

« Cette nouvelle couleur te va bien, commenta Aria.
- Merci, souffla son interlocutrice après un léger sursaut. J'avais... J'avais besoin de changement, je crois. »

Et le silence retomba dans la pièce sans qu'aucune des deux protagonistes ne se risque à le briser pendant de très longues secondes. Eileen en profita pour se perdre dans la contemplation des flammes vertes qui crépitaient devant leur duo, jusqu'à tressaillir par la surprise quand, à nouveau, la Serpentard brisa leur mutisme commun.

« J'ai dû rejouer cette scène une centaine de fois dans mon esprit en me répétant les mots à te dire. Et maintenant qu'on y est... »

Comme pour se convaincre qu'elle ne rêvait pas, Eileen se redressa sur son assise et se tourna vers Beurk, laissant ses yeux voyager sur son visage. Elle la détailla sans pouvoir s'en empêcher, notant jusqu'aux mimiques qu'elle pouvait avoir en soupirant, avant de laisser son regard plongeait vers les mains de son secret. Les mouvements répétés de celles-ci accrochèrent les iris de la Louisianaise et, comme hypnotisée, Eileen se mit à les fixer tout en écoutant leur propriétaire.

« Je ne trouve plus rien à prononcer. Peut-être que j'aurais moi aussi dû te rédiger une lettre. »

Eileen n'avait que trop peu de souvenir de cette fameuse missive pour que le rouge ne lui monte pas aux joues. Elle baissa la tête, laissant le soin à ses cheveux de cacher en partie son visage pour ne pas laisser voir son inconfort. Elle savait qu'Aria allait deviner son état ou le ressentir, mais le geste était une armure pratique pour s'offrir un semblant de contrôle. Elle se refusa à jeter un regard en coin vers le parchemin que la vipère venait de sortir.

« Elle m'a... profondément touché. Merci. Pour ça et... pour ça. »

Aria tira la chaîne argentée où pendait le présent que la née-moldu lui avait fait pour Noël. La jeune femme releva la tête, observant ce dernier et un léger sourire s'invita sur son visage sans que la lionne le contrôle. Elle était touchée de voir qu'il avait pris la place de l'ancien pendentif.

« J'ai..., commença la Gryffondor avant de se racler la gorge. J'ai peu de souvenirs de la lettre. »

Si Eileen n'était pas déjà suffisamment gênée par la situation, sans doute qu'elle aurait rougi d'autant plus devant son aveu, car il était un aveu de faiblesse. Elle s'était laissé enivrer pour oublier et une honnêteté alcoolisée l'avait amenée à écrire des mots qui lui paraissait dès lors très flous.

« Pour ton cadeau, par contre, ça faisait des semaines, pour pas dire des mois, que je travaillais dessus alors... Même si je savais pas si on se reparlerait, je voulais quand même te l'offrir. »

Et je voulais te dire que ta présence m'est indispensable.

Ses pensées s'envolèrent, mais elle pinça les lèvres, refusant que les mots s'échappent de ses lèvres. Elle ne voulait pas paraître dans un besoin urgent de reconnaissance de la part de la blonde.

Et je voulais te dire que tu es belle et précieuse.

Il y avait des phrases qu'elle ne pouvait prononcer, pas encore, pas tout de suite, peut-être plus tard, sans doute jamais. Des phrases qu'elle garderait en maux, en plaies profondes qu'elle transformerait en mélodie sans jamais les affirmer.

Et je voulais te dire que je ne peux pas vivre sans toi.

Pouvait-elle bafouer cette résolution et tout lui dire, tout lui avouer ? Outre la faiblesse visible qui risquait de faire fuir sa muse, alors qu'elle la retrouvait à peine, elle avait surtout peur d'un rejet brutal, mais trop compréhensible et déjà prédit.

Et je voulais te dire que je ne supporte pas d'être loin de toi.

Eileen serra ses deux mains l'une contre l'autre et ferma les yeux une seconde, avant de souffler tout l'air de ses poumons. Elle reprit une grande inspiration et chassa d'un geste imaginé ses pensées parasites. S'il y avait une personne avec qui elle voulait être sincère et ne jamais tromper autrement que par quelques tours sans conséquences, c'était la sang-pure.

« Et je voulais te dire que..., commença-t-elle, mais elle s'arrêta le temps d'une seconde, avant de se forcer à reprendre sans plus y réfléchir. Te dire que je comprends que tu ais voulu t'éloigner. »

Ce fut à son tour de soupirer. Eileen avait toujours été douée pour improviser. C'était comme se jeter dans une rivière au courant doux et se laisser porter par le courant. Elle plongea la tête la première dans l'eau calme de ses élucubrations.

« J'ai beau m'être assurée que mon sang ne soit pas connu de la majorité, tu avais raison... On est pas du même monde et on le sera jamais. »

La Gryffondor leva le regard vers l'unique vitre de la pièce qui donnait directement sur les profondeurs du lac noir. Elle s'y perdit dans une contemplation de quelques secondes. Les traits de son visage se décrispèrent en une expression entre une obstination franche et une audace malicieuse.

« Mais ce jour-là, je t'ai menti, continua-t-elle. Je te retiendrai. Je te retiendrai toujours. »

Elle revint à la salle et son amie, plongeant le bleu de ses yeux dans celui plus clair et froid de sa camarade.

« Je te retiendrai. »

Mue par elle ne savait quelle conviction, elle se releva et vint s'agenouiller devant la Serpentard, toute gêne ayant évacué la moindre parcelle de son corps. Elle attrapa les mains de sa camarade. Elle jetait aux mangemorts ses résolutions de lui laisser son espace sans y pénétrer. Elle jetait à Voldemort sa décision de ne rien lui avouer. Elle avait besoin de ce contact. La vérité, sa vérité, pure et sans détours, devenait tout autant vital.

« Et même si tu penses que c'est qu'une illusion, lui dit-elle sans quitter son visage du regard, je te ferais goûter à cette liberté que je chéris tant. »

Elle serra ses mains dans les siennes, cherchant à capter son attention comme jamais elle ne l'avait fait avant ce jour.

« Je me fous qu'on soit des pantins ou qu'un fossé sépare nos deux mondes, je couperai nos fils autant de fois qu'il le faudra et je construirai un pont moi-même pour qu'on puisse se retrouver. »

Il y avait, dans ces mots, une promesse voilée. Oui, elles ne pouvaient se montrer au grand jour. Oui, elles allaient devoir se cacher, encore, peut-être à vie, sans jamais pouvoir montrer leurs sentiments aux autres. Mais Eileen l'acceptait à nouveau, au moins pour l'instant.

« Et surtout, surtout, s'il est détruit, je le réparerai. Et je recommencerai. Encore et encore. Autant de fois qu'il le faudra. »

Elle trouverait une solution pour qu'elles puissent arrêter de se cacher un jour, quitte à attendre la fin de leur scolarité pour fuir le pays ou elle ne savait quelle idiotie du genre. Pour l'heure, cependant, elle se plierait au besoin des illusions et des faux-semblants, actrice dans un monde chaotique pour être l'astre de sa camarade.

« Je te laisserais plus partir. Je ne peux pas te laisser partir, Aria. »

Non pas parce qu'Aria avait besoin de cet astre, encore qu'égoïstement, la lionne l'espérait. Plutôt pour que sa camarade soit tout autant son étoile, sa lumière, son soleil.

Les quelques semaines passées loin d'elle avait été suffisantes pour qu'Eileen comprenne l'importance de leur relation ou, tout du moins, la redécouvre. Ses sentiments pour la demoiselle étaient bien trop forts pour qu'elle l'oublie. Ils étaient bien trop forts pour qu'elle accepte de la laisser sombrer sans réagir. Ils étaient bien trop forts pour qu'elle ne veuille pas la rendre heureuse.

Et surtout, ils étaient bien trop forts pour qu'à l'image de n'importe quelle adolescente, proie de cette affection, elle ne désire pas l'autre sorcière et tout lui offrir. De son corps à ses rêves en passant par la lune sur un plateau d'argent, elle aspirait tout lui vouer.

Eileen M. King
Admin enragé
Eileen M. King

_________________
Rêve ta vie en

COULEUR
• lilie
Revenir en haut Aller en bas
Mer 5 Juil 2023 - 18:25
c'est le secret du bonheur
Il suffit parfois d'un lettre,
ou d'une etreinte,
et le bonheur assoupi
ne semble alors plus proscrit.

Samedi 20 Janvier 1996

C'était étrange de se retrouver à nouveau dans cette pièce avec elle. Aria avait tant de fois rejoué la scène dans son imaginaire sans jamais y croire. Elle s'était même interdite s'y songer, souhaitant bannir ces yeux de perles de ses pensées à jamais. Elle avait voulu mettre une telle distance entre elle et ses émotions, entre elle et ses sentiments, qu'elle s'était peut-être au final noyée dedans. Les vacances de Noël avaient été une torture pour son esprit, l'ennui ayant amplement laissé place à la ronde de ses pensées obsédantes.

« Eileen me manque. »

« Je suis mieux seule. Je dois être seule. »

« Eileen est une simple erreur du passé. »

« Eileen a été le plus beau miracle qui m'est arrivé. »

« Il en est fini de ce secret. »

« Seule. Je suis mieux seule. »

« Je ne veux plus voir ce visage. »

« Laisse-moi, par pitié, laisse-moi ! »

« Cette lettre... »

« Seule. »

« Oh Eileen... »


Et la voilà à nouveau assise à quelques centimètres d'elle. L'étreinte qui avait précédé la maintenait encore vertigineuse. Était-ce bien la réalité ?  

- J'ai... commença Eileen en réponse à ses remerciements. J'ai peu de souvenirs de la lettre.

- Oh.

La voilà, la réalité. Eileen avait changé d'avis. Ces mots sur le papier n'existaient déjà plus dans son esprit. Elle s'était simplement trompée. Eileen était impulsive, Aria le savait. Elle aurait dû le deviner. Ça avait été trop beau pour être vrai. Pourquoi Eileen aurait réellement voulu revenir vers elle après le mépris qu'Aria lui avait témoigné ? Et pourtant... Pourtant, il restait encore le violon qu'elle lui avait offert, non ? Ce cadeau-là ne pouvait être le résultat d'un simple coup de tête, si ?

- Pour ton cadeau, par contre, ça faisait des semaines, pour pas dire des mois, que je travaillais dessus alors... Même si je savais pas si on se reparlerait, je voulais quand même te l'offrir.

Elle avait quand même voulu lui offrir parce qu'elle y avait passé du temps avant qu'elles n'arrêtassent de se parler. Pour pas que ce fut du gâchis. Et non pas parce qu'il y restait encore une quelconque symbolique derrière. Aria avait était sotte d'y croire.

La déception qui s'écrasa sur les épaules de cette dernière lui fit la sensation d'un raz-de-marée. Et l'étreinte qu'elles venaient de s'échanger, l'avait-elle imaginé ? Pour Aria, la voilà qui était déjà oublié. D'un seul coup, son pessimisme avait tout balayé, tout effacé.

- Je vois, se força-t-elle à articuler, se sentant ridicule, honteuse et désillusionnée. Eh bien, merci.

Elle se racla la gorge. Ce « merci » là était tout à fait rêche par rapport au précédent. Un « merci » de commodité. Un « merci » qui veut dire : « je m'étais trompée, mais je m'accroche encore au restant de ma fierté ». Un merci pour désamorcer, un merci pour...

- Et je voulais te dire que...

Aria ne releva pas le regard. Sous les projecteurs de son déboire, il n'y avait plus d'espoir.

- Te dire que je comprends que tu ais voulu t'éloigner.

Elle comprenait, oui. Évidemment qu'elle comprenait. C'était Eileen M. King, l'une des seules qui avait jamais comprise Aria Beurk, la solitaire, le recluse, la misanthrope... Mais la comprenait-elle vraiment ? Ou l'acceptait-elle seulement avec tous ses défauts et ses travers ? Car Aria elle-même ne se comprenait plus. Pourquoi, déjà, lui avait-elle donné ce rendez-vous ?

- J'ai beau m'être assurée que mon sang ne soit pas connu de la majorité, tu avais raison... On est pas du même monde et on le sera jamais. 

Aria acquiesça faiblement. Ce fut la seule chose qu'elle eut la force de faire, même son rire sarcastique resta coincé dans sa glotte.

- Mais ce jour-là, je t'ai menti, annonça la Rouge-et-Or. 

La blonde ne réagit pas. Elle ne s'attendait plus à rien, sa désillusion avait éloigné toute expectative. Elle écoutait, passive, frigide et absolument pas préparée à ce qui allait suivre.

- Je te retiendrai, déclara fermement Eileen. Je te retiendrai toujours.

Prise d'un frisson, la violoniste redressa son visage vers la voix qui avait le don de bousculer ses émotions en l'espace de quelques mots. Ses pupilles éteintes plongèrent dans les deux halo azur qui la contemplaient avec intensité. Disait-elle la vérité ? Aria pouvait-elle seulement s'autoriser à puiser dans la lumière qui émanait de ce regard ?

- Je te retiendrai, appuya son Secret.

Cette dernière se leva, s'agenouilla devant Aria et prit ses mains dans les siennes, comme si elle avait deviné le conflit intérieur qui se jouait sous sa chevelure platine. Eileen déployait devant elle toutes les armes pour faire gagner l'espoir.

- Et même si tu penses que c'est qu'une illusion, je te ferais goûter à cette liberté que je chéris tant. Je me fous qu'on soit des pantins ou qu'un fossé sépare nos deux mondes, je couperai nos fils autant de fois qu'il le faudra et je construirai un pont moi-même pour qu'on puisse se retrouver. Et surtout, surtout, s'il est détruit, je le réparerai. Et je recommencerai. Encore et encore. Autant de fois qu'il le faudra. 

Aria avait envie d'y croire. Elle avait tellement envie d'y croire. Mais alors, pourquoi cela sonnait-il si faux ? Pourquoi était-ce plus facile de s'accrocher au fatalisme qu'à l'espoir ? Pourtant, ce dernier vivait encore quelque part en elle et s'était niché sur le bord scintillant de ses paupières. Si une larme tombait, cela signifierait sûrement qu'elle y croyait. Alors, elle ne pouvait pas se permettre de pleurer. Pas encore.  

- Je te laisserais plus partir. Je ne peux pas te laisser partir, Aria, répéta une ultime fois celle qu'elle aimait plus qu'elle ne se l'autorisait.

La Sang-Pur avala sa salive. Tout cela lui paraissait insensé. Cela faisait bien longtemps qu'elle ne croyait plus aux contes de fées.

- Pourquoi ? s'enquit-elle avec fébrilité. Pourquoi être prête à tout ça pour moi ?

Leurs regards ne se quittaient plus. Agité, celui d'Aria cherchait désespérément des réponses dans celui décidé d'Eileen. Elle raffermit l'étreinte de leurs mains. La force dans ses doigts s'évanouit la seconde d'après, lorsqu'elle prononça :

- Je ne le mérite pas... Je suis méprisante, égoïste, pessimiste et fade alors que toi...

Elle chercha ses mots en contemplant le visage d'Eileen. Il y en avait tant à prononcer pour décrire ces traits à la fois fins et affirmés, cette peau de velours, ces cheveux fougueux et ces yeux d'une intensité que nulle autre couleur ne pouvait égaler. Elle n'hésita pas longtemps, les mots se pressèrent à l'orée de ses lèvres.

- Toi, tu es si rayonnante, pétillante, épatante... Tu es pleine de vie, pleine de surprises, pleine de couleurs ! Pourquoi vouloir t'accrocher à un fardeau comme moi alors que tu as déjà tout pour toi ? Je n'ai rien de bon à t'apporter, seulement des tourments inutiles et des paroles odieuses, à l'image de notre dernière discussion ici...

Elle n'avait pas voulu remettre ça sur le tapis, elle s'en voulait tellement pour ce qu'elle avait pu dire. Elle aurait préféré effacer cet instant et que tout redevienne comme avant. Voilà pourquoi elle lui avait donné rendez-vous dans leur pièce caché. Mais maintenant qu'elle y était, elle réalisait toute l'illusion que c'était : on n'effaçait pas ainsi les mots que l'on avait dits. Et, si Eileen semblait déjà les avoir oubliés, Aria se souvenait encore trop bien les avoir prononcés. Comment la Née-Moldue pouvait-elle aussi facilement la pardonner ?

- Je ne mérite pas une amie comme toi, conclut une nouvelle fois la Serpentard. Alors explique-moi. Explique-moi quelle est la raison idiote pour laquelle tu tiens tant à me retenir.

Ses yeux brillaient encore, mais aucune larme ne s'était déposée sur ses joues. Elle résistait, tremblant presque, se voulant forte devant sa fragilité et espérant que l'on ne devine pas la supplique dans sa voix.

- Car je ne comprends absolument pas.

code by black arrow
Aria Beurk
Admin empathique
Aria Beurk

_________________




Ecoute cette médolie troublante.
C'est l'eau qui chante.
Revenir en haut Aller en bas
Dim 3 Déc 2023 - 17:06

Le 20/01/1996

C'est le Secret
du Bonheur !

ft. Aria Beurk

Quand on aime, on ne compte pas.
Quand on aime, on n'abandonne pas.
Quand on aime, on se bat !

Q

uel était réellement l'objectif de ses retrouvailles ? Il était difficile de lire dans le cœur d'Aria. Cherchait-elle seulement des réponses ou espérait-elle plus ? Souhaitait-elle des retrouvailles pour oublier leurs déboires ou voulait-elle enfoncer le couteau dans la plaie ? Comptait-elle une nouvelle fois creuser le fossé qui les séparait désormais ou au contraire rapprocher les falaises pour leur permettre de se retrouver ?

Ces questions n'avaient qu'à peine effleurer l'esprit d'Eileen. Ou, si elle se les était posées, elle n'en avait déjà plus le souvenir.

Une beauté fascinante, que la lionne tentait désespérément de percer pour voir au-delà. Agenouillée devant la sang-pure, à essayer de décrypter les émotions qui le traversaient, elle chassait son admiration pour s'encrer dans le présent.

L'agitation dans les yeux de sa camarade, face à sa propre détermination, lui laissait présager l'importance de leur prochain échange.

« Pourquoi ? Pourquoi être prête à tout ça pour moi ? »

La nouvelle force dans l'étreinte de leurs mains laissa croire, une seconde, à l'illusionniste que toute réponse était futile. Elle s'évanouit pourtant l'instant d'après et la vipère reprit sans lui laisser l'opportunité de répliquer.

« Je ne le mérite pas... Je suis méprisante, égoïste, pessimiste et fade alors que toi... »

l'empathe ne termina pas sa tirade. Ses yeux glissaient sur le visage de son interlocutrice, comme si les mots qui lui manquaient y étaient gravés dans une autre langue et qu'elle devait les déchiffrer. Il était néanmoins évident que le serpent en avait la faculté avec une certaine facilité, car il ne lui fallut pas longtemps avant de poursuivre.

La Gryffondor ne chercha pas à répliquer, pas encore, puisqu'elle sentait que la Serpentard avait besoin d'une oreille attentive. Elle ne s'attendait cependant pas à l'avalanche de compliments qui allaient suivre.

« Toi, tu es si rayonnante, pétillante, épatante... Tu es pleine de vie, pleine de surprises, pleine de couleurs ! »

Une chaleur certaine lui monta aux joues... Pour mieux s'évanouir dès les mots suivants. Devant la flagellation mentale que se faisait subir la Beurk, elle pâlit.

« Pourquoi vouloir t'accrocher à un fardeau comme moi alors que tu as déjà tout pour toi ? Je n'ai rien de bon à t'apporter, seulement des tourments inutiles et des paroles odieuses, à l'image de notre dernière discussion ici... »

À l'image de leur dernière discussion ici, elle n'avait à lui apporter que tourments inutiles et paroles odieuses ? Ce que le serpent venait d'affirmer était faux. Prétendre cependant que leur dernière conversation n'avait pas laissé une cicatrice serait un mensonge. Mais la lionne, qui ne voulait plus se mentir à elle-même comme elle l'avait fait durant des années, l'avait acceptée.

Des cicatrices, elle en avait un certain nombre. Il y avait celles qui étaient physiques, bien sûr. Malgré le sortilège de protection instinctif qu'elle avait réalisé enfant, l'accident avait laissé des traces. Des coupures fines, désormais blanches, qui ne disparaîtraient jamais sur certaines parties de son corps, comme ses bras ou ses jambes. Il y avait aussi les douleurs qu'elle ressentait parfois aux phalanges à force de frapper ce qui l'entourait. Comme il y avait les débris de verres dans sa chambre au Chaudron Baveur. Ils avaient trop souvent coupé la plante de ses pieds, laissant des mares de sang jusqu'à ce qu'elle le remarque, trop ébréchée qu'elle était sur l'instant pour le ressentir.

Des cicatrices, elle en avait un certain nombre. Il y avait celles qui n'étaient pas visibles, mais qui venait de blessures encore plus profondes. Celles qui avaient déchiqueté son esprit à de trop nombreuses reprises. La perte de ses parents. Les coups et les brimades de sa tante. Ses repaires éclatés à la découverte du monde magique. Trop jeune pour être livrée à elle-même et pourtant avec l'obligation de l'accepter. Puis des rencontres, des espérances, avant l'incompréhension due au départ de certaines personnes. La culpabilité d'y avoir joué un rôle. Les mots de l'autre sorcière, enfin, aussi tranchants qu'une lame, prononcés pour lui faire mal et la faire fuir. Les larmes. La drogue. L'oublie.

La solitude. La solitude qui était réapparue comme une vieille compagne. La solitude qu'elle avait ressentie en regardant son reflet, meurtri, qu'elle détestait tant. La solitude qui la bouffait quand, durant de nombreuses séances, elle chantait, ou plutôt hurlait ses émotions dans le micro. La solitude qui grignotait sa patience et ses efforts pour accepter les abandons. La solitude devant la pensée constante qu'elle n'était rien, ou qu'une pièce rapportée dans un monde dans lequel elle n'avait pas sa place. La solitude qui l'avait enveloppée jours après jours, du matin au soir, l'empêchant parfois de manger ou de dormir. La solitude qui lui avait volé son monde et tous ceux qui gravitaient autour.

Cette même solitude qu'elle avait refusé de laisser gagner. Prendre ses blessures et façonner un bouclier. Dévoiler ses cicatrices, désormais bien visibles à ceux qui voulaient les observer, pour s'en servir comme d'une armure. Elle avait compris que plus c'était voyant, moins les autres y prêtaient attention. Prendre les mots et les douleurs mentales dû aux disparus, aux disputes, à son passé et forger des armes pour continuer à avancer sans jamais s'arrêter.

Courir. Se fixer un objectif à atteindre et ne jamais lâcher. Elle ne laisserait plus la peur de l'abandon la happer. Elle préférait hurler pour être vue, qu'importe la pensée d'autrui. S'assurer être dans la lumière des projecteurs et de ne pas pouvoir être oubliée. Dire ce que tout le monde pense tout bas et affirmer les mots de ceux qui n'osent pas les prononcer. Se méfier, mais savoir défier. Affronter les regards de dégoûts et de rejets, mais aussi se concentrer sur ceux pleins de joie, d'amour et d'admiration. Elle allait combattre sans faiblir, même si elle devait se draper dans sa fierté.

Des cicatrices, elle en avait un certain nombre, mais elle ne leur offrait plus de victoire.

« Je ne mérite pas une amie comme toi, reprit la violoniste. Alors explique-moi. Explique-moi quelle est la raison idiote pour laquelle tu tiens tant à me retenir. »

La raison idiote n'était-elle pas aussi évidente la concernant ?

« Car je ne comprends absolument pas.
- Je peux être méprisante, égoïste et pessimiste moi aussi, mais je ne me vois pas fade, comme je sais que tu ne l'es pas plus que moi, mais ça répond pas vraiment à ta question... »

L'Américaine serra les mains dans les siennes, puis brisa le contact visuel pour laisser glisser son regard sur les doigts fins de son interlocutrice. Elle les amena ensuite jusqu'à ses lèvres et y déposa un baiser chaste, puis les relâcha en se redressant.

Toute lenteur dans ses mouvements disparut quand son esprit commença à analyser les pour et les contre de telles ou telles réponses. Elle commença à faire des allers-retours dans la pièce, accompagnés de mouvements amples avec ses bras.

La réponse était pourtant évidente pour la Louisianaise, mais elle ignorait comment la formuler. Pendant un temps qui lui parut terriblement long, elle se joua de nombreuses conversations, s'imaginant les réponses de l'inquisitrice, allant de l'acceptation à son contraire.

C'était avant de se figer dans son élan. Cinq très longues minutes venaient de s'écouler. Une serrure, dans son esprit, venait de se déverrouiller.

Elle se tourna vers sa camarade et posa un regard presque fiévreux sur son visage. Son regard glissa ensuite sur la courbe de ses joues. Il termina sa course sur ses lèvres.

Elle déglutit, ouvrit la bouche, souhaita parler, mais aucun son ne sortit. Ses cordes vocales ne voulaient pas fonctionner. Elle avala une nouvelle fois sa salive.

Son cœur battait trop vite contre sa poitrine.

« Je... »

Les mots suivants s'évanouirent dans les airs.

« Je. »

Elle ne prononça pas la suite de sa phrase. Continuer de parler ? Les mots n'avaient aucune véritable valeur.

Elle s'approcha et s'agenouilla une nouvelle fois devant son amie. C'était sans doute la pire idée de sa vie, mais elle fit taire tout son bon sens. Ses mains se déposèrent sur ses joues.


Elle ne lui laissa pas le temps de comprendre. Elle ne se laissa pas non plus le temps de saisir la portée de son geste. Leurs visages se rapprochèrent, un peu trop vite, avec trop d'empressement.

Sa maladresse était palpable.

Voilà pourquoi.

Ce fut sa dernière pensée. Elle fut soufflée la seconde d'après, comme tout le reste. Une explosion se déchainait maintenant dans son esprit.

Les paupières closes, il n'y avait plus de sol, de murs ou de toit. Dans le noir, il n'y avait que le contact de leurs peaux. Il n'y avait plus qu'elles. Il n'y avait plus qu'elle.

Ses lèvres se déposèrent sur celle de son secret.

Eileen M. King
Admin enragé
Eileen M. King

_________________
Rêve ta vie en

COULEUR
• lilie
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
Revenir en haut Aller en bas
Page 1 sur 1

Sauter vers :
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
 :: Poudlard :: Rez-de-Chaussée et Sous-Sols :: Les Cachots-