22 janvier 1996
Son exultation sentait le caramel. Laurel avait attendu presque dix jours pour recevoir les colis dont elle avait besoin pour envoyer sa propre parcelle, et elle était ravie d’avoir enfin tout reçu. Ca avait été un jeu d’enfant de berner tout le monde : il était très courant qu’elle reçoive des paquets, et encore plus que ceux-ci contiennent des friandises, qu’elle partageait généreusement avec quiconque avait la chance d’être assis à ses côtés lors de leur réception. Tante Pélagie avait le chic pour toujours envoyer des gourmandises françaises : caramels au beurre salé, calissons et nougats, pralines roses, violettes en sucre qui, dans leur version sorcière, faisaient délicatement danser leurs pétales dans l’espoir de ralentir le moment où elles seraient mangées… Cette fois-ci encore, sa tante n’avait pas démérité et l’avait bien aidée dans sa quête quand Laurel lui avait demandé de l’aide. Il s’agissait de trouver une friandise bien particulière.
Lorsqu'elle avait reçu à Noël un colis surprise contenant l'intégralité des romans de Mages et Majestés, entièrement dédicacé par l'auteur, par quelqu'un qui visiblement avait pu donné des informations personnelles sur elle, sa joie avait été aussi immense que sa surprise. Il lui avait fallu près de trois semaines pour comprendre qui en était son expéditeur, et elle n'en revenait toujours pas. Ca avait été un geste si généreux, et si précis pour lui faire plaisir qu'elle en avait été extrêmement touchée. Et plutôt que de le mettre en mots, quoi de mieux que de rendre la pareille avec un paquet cadeau ? Le défi l'avait beaucoup amusée et elle espérait qu'elle aussi ferait plaisir à son amie.
Elle avait choisi une heure tranquille pour reconditionner ses cadeaux dans la quiétude de son dortoir déserté. La grosse boîte fut enveloppée dans un grand carré de dentelle, maintenue par un ruban de satin vert. Le sachet de friandises et le bocal de verre furent ornés de liens similaires, auquel elle ajouta un sort anti-chocs pour faire bonne mesure. Restait à mettre le tout dans un énorme carton : comment est-ce qu’un seul hibou aurait pu porter ça ? Ils allaient devoir s’y mettre à plusieurs, mais c’était faisable si elle mobilisait les chouettes de l’école qui, après tout, n’auraient pas à livrer le paquet bien loin. Bon, et fallait-il glisser une lettre avant de refermer tout ça ? Elle-même n’en avait pas reçue. Elle hésita. C’était plus drôle avec seulement un indice, mais lequel ? Après un instant de réflexion, à tourner lentement sur elle dans l’espoir qu’un détail du dortoir l’inspire, elle sut. Elle fouilla dans sa table de nuit, et déposa en haut du paquet un bouton de laurier-rose en fleur, avant de refermer le papier craft. Ne restait qu’à calligraphier soigneusement le nom et l’adresse de sa destinataire : « Miss Eileen Murphy King, Table de Gryffondor, Ecole de sorcellerie Poudlard ». Sa nouvelle encre turquoise sentait la menthe et le citron.
- Le paquet:
Le paquet, qui sera livré à Eileen par 4 chouettes de l’école au petit déjeuner du mardi 23 janvier, contient : - Un sachet de pralines de la Nouvelle-Orléans - Un gros pot en verre contenant de la pâte à tartiner aux mêmes pralines, pour égayer les toasts un peu trop anglais - Un tourne-disque à vinyles dans un joli coffret en bois aux angles arrondis, élégant mais sans fioritures. Quand on l'ouvre, le bras avec l’aiguille permettant de lire les vinyles a ici été remplacée par un pélican en métal doré, qui lit les disques avec son bec. Il est enchanté et il peut lui arriver de battre des ailes en rythme ou de coasser s’il trouve la musique qu’on lui demande de lire de mauvais goût - Plusieurs vinyles : un de jazz, le dernier des Bizarr’ Sisters et un de The American Idiot - Un minuscule bouquet, ou plutôt une boutonnière, de laurier-rose en fleur
@Eileen M. King | Laurel Flint Membre | |