Mercredi 7 Février 1996

Une nouvelle journée de travail venait de s’écouler. Après avoir salué ses collègues, Delyla avait quitté la boutique de Madame Guipure pour remonter la grande rue. Avec les nouvelles mesures de sécurité mises en place par le gouvernement suite aux évasions d’Azkaban du mois précédent, la trentenaire se serait attendue à ce que l’activité piétonne de Traverse soit impactée. Force fut de constater que, si cela était réellement le cas, elle ne voyait pas de grande différence par rapport à ce qu’elle connaissait habituellement.

Cette concentration de personnes dans l’allée commerçante lui donnait parfois l’impression d’un troupeau qui allait et venait entre les différentes boutiques qui se trouvaient sur le chemin. Un brouhaha incessant qui avait de quoi rendre sourd, mais au sein duquel, quelques fois, elle captait involontairement des bribes de paroles ne lui étant pas destinées. Comme ce couple de personnes âgées qui débattait sur la nouvelle couleur de peinture à appliquer sur leurs volets écaillés. Ou encore cette petite fille faisant un caprice à sa mère devant un magasin de jouets, les yeux remplis de larmes de crocodile. Des scènes qui paraissaient presque trop normales, presque trop banales, au vu du contexte.

Au bout de quelques mètres, elle avait fini par bifurquer dans une autre rue plus tranquille et moins bondée qui menait vers des logements. De temps à autre, elle avait l’habitude d’y apercevoir Mr Harris, un jeune retraité qui, accoudé sur le rebord de sa lucarne, observait les passants qui allaient et venaient sous ses fenêtres. Depuis quelques mois, elle avait pris l’habitude de lui faire la conversation quelques instants avant de rentrer chez elle. Mais elle ne le voyait plus beaucoup ces derniers temps. Aujourd’hui encore, elle traversait la rue sans l’apercevoir. Tant pis.

Quelques minutes plus tard, elle s'était enfin trouvée devant chez elle et n'avait pas perdu un instant pour entrer après avoir déverrouillé sa porte d’entrée. À l’intérieur, elle avait posé son sac à main sur un meuble du vestibule et avait retiré sa veste pour l’accrocher au porte - manteau. Des miaulements à ses pieds lui avaient indiqué qu’au moins un de ses chats, Mina, était venu la voir, et elle n’avait pas manqué de se pencher pour lui donner les quelques caresses que le félin était venu quémander. En se déplaçant vers le salon pour chercher Joyce, le second matou, elle avait fini par la trouver profondément endormie dans son panier. Décidant de ne pas l’embêter, elle s’était occupée de Mina en jouant un peu avec elle.

Lorsque des coups à la porte s’étaient fait entendre, Delyla avait relevé la tête dans cette direction avec un air interrogateur. Elle n’était plus très sûre d’attendre quelqu’un, et s’en voulait déjà si elle avait oublié que c’était le cas.

“J’arrive !” Avait - elle avertie pour la personne derrière la porte, alors qu’elle se dirigeait vers l’entrée. En ouvrant le battant, elle avait découvert Eilea qui se tenait de l’autre côté. “Bonjour Eilea !” S’était - elle exclamée, avant de se décaler sur le côté en ouvrant plus franchement la porte. “Entre, reste pas dehors. Fais comme chez toi.”

Une fois son amie entrée, elle avait refermé la porte derrière elle en lui laissant le temps de se mettre à son aise. Elle l’avait ensuite conviée à s’installer dans le salon, où elle s’aperçut que la demoiselle ne semblait pas au mieux de sa forme.

“Tu as une petite mine … Il s’est passé quelque chose ?”