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[12/02/96] Listen closely, this is my testimony - Johann & Lévine & Elvý

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Lun 10 Avr 2023 - 12:46

Feat. Johann Kayser & Lévine Serger

Kæra dagbók,
le lundi 12 février 1996,

Listen closely, this is my testimony

C'en est fini de l'amnésie.

Rideaux tirés du matin au soir, l'obscurité était devenue le parquet de tous ses cauchemars. Et ils dansaient. Nuit et jour, lent et lourds, là et autour. Ils dansaient. Noirs troubadours. Ils dansaient. L'encerclaient comme des vautours. Ils piaillaient. Recouvrant le bruit des tambours.

Et elle les écoutait. Jour et nuit, par vents et pluies, elle face à lui. Elle l'écoutait. Son bourreau de minuit. Elle était toute ouïe. L'encéphale en fumée et les tympans recouverts de suie.

C'était un théâtre de cinq mètres carrés, le projecteur lunaire braqué sur la scène matelassée où l'actrice, meurtrie et muette, répétait chaque jour les mêmes gestes.

Le regard vide fixé sur un public absent. Cela pouvait durer des minutes, voire des heures.

Le bras qui finit par se tendre vers la table de chevet. Parfois dans un sursaut, parfois dans un geste lasse, résigné.

Un bout de parchemin déposé sur une cuisse et une plume qui se dresse à sa surface. Le spectacle semblait alors enfin commencer.

Et elle écrit, ou d'autres fois, dessine. C'était l'immersion dans un théâtre de l'absurde.

Les mots se chevauchaient sans logique aucune, égarés au hasard sur le papier, ils ne suivaient aucune ligne et ne répondaient qu'à l'insensé. Les dessins s'enchevêtraient dans un gribouillis sans début ni fin, sans forme et sans couleurs, c'étaient des taches d'ombres qui tourbillonnaient aux quatre coins d'un motif abstrait.

Une fois le parchemin intégralement noirci, l'ennui revenait asseoir son poids dans l'assemblée.

Un mois d'errance dans un appartement que la dimension de ses souvenirs retrouvés avait rendu immense. Elvý aurait voulu cloisonner son esprit dans une boîte pour pouvoir sortir et sentir les flocons du mois de janvier. Mais Elvý n'avait pas su faire autrement que de s'enfermer elle-même à défaut de pouvoir à nouveau emmailloté sa psychée dans le tiroir de l'oubli.

Le mois de février s'était installé. Au fil des jours, elle sortait un peu plus de sa chambre et échangeait un peu plus de mots au dîner avec Johann, qui l'avait à nouveau recueilli chez lui. Tout restait très succinct, mais c'était mieux que rien. Elle avait aussi fini par trouver une échappatoire dans les livres qui ruisselaient de l'immense bibliothèque du Kayser. Ou dans les clopes, qu'elle n'avait pourtant pas l'habitude de fumer quotidiennement avant. À défaut de s'encrasser les bronches, elle prenait au moins le soleil quelques minutes par jour, du moins, quand il ne pleuvait pas. Puis, elle avait également renoué avec sa passion des plantes en apportant ses soins précautionneux et journaliers au vivarium de Ríg.

Le vert lui faisait oublier le noir.

Le blanc aussi, aurait pu l'aider. Mais malgré les vives incitations de Johann, Elvý avait refusé de fouler la neige arpentant les rues de Grande-Bretagne pendant presque un mois entier. Ce ne fut que lorsque les premiers rayons de février apparurent qu'elle se décida à délaisser ses démons intérieurs pour affronter ceux de l'extérieur. À présent, le monde de dehors lui paraissait hostile.

Mais en premier lieu, elle ne quitta le cocon de son aîné que pour en rejoindre un autre : celui de son ancienne voisine, la bonne vieille Mirta. Il avait suffi d'un pas dehors et d'une amie retrouvée pour que les aiguilles du temps se remettent en marche et qu'elle réalise que la Terre ne s'arrêtait pas de tourner lorsqu'elle s'arrêtait de respirer. Un après-midi plus tard, elle s'était retrouvée avec une machine à écrire entre les mains et la pesante responsabilité de répondre à ses courriers longuement ignorés.

Installée au bureau de Mirta, elle avait cherché, les doigts tremblants, les mots à offrir à Darnell pour panser son inquiétude, jusqu'à finalement taper sur les touches de la machine...

 « Cher Lévine »

Deux jours plus tard, elle se retrouvait dans le salon de Johann, assise à côté de ce dernier, à attendre l'auror en question. Sa réponse s'était faite éclair et le rendez-vous avait été immédiatement posé. L'on pouvait admirer là l'efficacité d'un employé du Ministère mais peut-être aussi – Elvý l'espérait – la considération d'un confident nouvellement trouvé.

La Njállsdóttir appréhendait, les mains crispées sur ses cuisses tressautantes. Etait-elle vraiment prête à enfin se confier ? Quel serait donc le son de ses aveux après presque un mois de mutisme ? Ses cordes vocales auraient-elles assez de poigne pour porter son témoignage ?

Elle chercha le contact de son protecteur en glissant sa main gauche dans ses larges paumes et en réfugiant son regard bleu dans le sien encore plus clair.

- Takk, lui souffla-t-elle d'une voix tendue.

Si son dernier échange avec Lévine lui avait inspiré une confiance intime et nouvelle, la présence de Johann lui avait semblé indispensable pour surmonter l'instant qui allait se présenter. Si elle voulait ouvrir le dialogue sur son traumatisme, ce n'était pas tant pour se confier, mais surtout pour témoigner. Pour établir la vérité et rétablir la sécurité. Pour, peut-être, sauver d'autres condamnés. C'était un courage lucide qui l'avait poussé à écrire sa lettre à l'auror. Et c'était à présent avec la terreur au ventre qu'elle l'attendait.

La sonnette retentit. Elle prit une inspiration et alla lui ouvrir. Elle le salua, lui prit sa veste puis l'emmena vers le salon.

- J'espère que ça ne posera pas de problème, mais j'avais besoin qu'un ami soit avec moi.

Elle pénétra dans le salon, l'invité sur ses pas.

- Lévine, je te présente Johann. Johann, voici l'auror Serger.
ᛊᚨᛗᚾᛖYᛏᛁ


Terme islandais:
Elvý Njállsdóttir
Admin amnésique
Elvý Njállsdóttir

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Is the Earth colored red, as I land like a flower on the meadow ? It happened quiet - Aurora

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