(F - serveuse) Sasha Soloviev. [Cracmol]

Fille du froid, amoureuse des étendues de neige, d'un blanc virginal qu'elle aurait aimé immortaliser d'un flash lumineux, pour s'ancrer à jamais dans cette bulle hors du temps de son enfance. Couvée, peut-être gâtée, petite brune ne sachant pas tenir en place, se pensait à l'abri de la misère et du chagrin. Princesse des glaces, gouvernant un manoir d'un pleur ou d'un regard larmoyant, elle savait se faire entendre, avoir le dernier mot. Elle voulait la gloire à ses genoux, l'amour fou au creux du cœur, la corde au cou de ses détracteurs, le monde dans une boule de cristal, ou bien les flammes dans le ciel. Rêveuse d'éternité, consumant son existence, ces instants volés au temps, avec l'ivresse d'une camée.

Sasha, c'était la Passion, au masculin comme au féminin. En majuscule, sans espace. C'était un coup de vent ravageur, une tempête tranchante de mille aiguilles, que l'on aurait aimé recevoir. C'était cette vie débordante dans chacun de ses pas, de ses sourires sans artifices. C'était cette complexité cachée par un voile de satin. C'était cette voix claire, s'envolant dans une nuée de parfum acide et fleurit, percutante comme un coup de feu, un coup de foudre. C'était ce tintement de carillon dans les hautes sphères des privilégiés. Ce coup de pieds dans les convenances, entrelacé à l'élégance d'une reine. Sasha, c'était l'allumette, le déclenchement du chaos, le brasier ardent de l'action irréfléchie, de l'instant présent. C'était ce « Pas le temps. » fougueux, chargé d'une désinvolture frôlant l'insolence. C'était l'amour, la haine, le bonheur et la tristesse en un tout, en un mot, en un pincement de lèvres, en un geste franc. C'était cette violence rouge, bleue, d'une multitude de couleurs mélangées, jamais séparées. C'était la dance, le chant durant une seconde, une minute, une heure.

Sasha, c'était la vie. La pomme d'or dans laquelle elle croquait toujours. C'était la corde vibrante des émotions brutes. C'était l'extravagance, le jeu au milieu des fontaines de Moscou, la course folle contre l'ennui sur la place rouge. C'était les essoufflements des rires ou des cris. C'était les larmes sans retenues, la joie au bord des yeux, le charme dans un mascara d'un noir profond, ou à l'esquisse d'un rouge à lèvres carmin. C'était le sang bouillonnant dans les tempes, les chemins inexplorés, les secrets enfouis qui ne demandent qu'à être découverts. C'était l'aventure, les trésors inconnus de ses ancêtres, un héritage a garder, mais à laisser pour exister.

La douceur d'un flocon au milieu d'un Été brûlant, les quelques gouttes de pluie sur les feuilles mates d'une trop courte espérance. Sasha, elle était magique. Elle était une palette colorée aux nuances improbables. L'artiste de sa propre vie. Qui même si elle est différente du champs de fleurs qu'elle souhaite arpenter, se donne les moyens d'inscrire sur la toile des sorciers, une empreinte digne d'elle.