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[15/09/95] Pour un calme retrouvé | Ariel & Joris

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Ven 3 Avr 2020 - 23:34
Pour un calme retrouvéAriel & Joris
Il avait fait fort. Très fort. Se retrouver deux fois à l'infirmerie en moins d'une semaine à cause de ses crises d'angoisse, il l'avait encore jamais fait. Autant le dire, il venait clairement de battre un nouveau record personnel. Pas que cela était pour l'enchanter, bien évidemment. Lui aussi aurait largement préféré réussir à la faire passer de lui-même sans intervention d'une infirmière. Mais force avait été de constater que, même s'il avait maintenant l'habitude de ce genre de crise, la maîtrise qu'il en avait restait encore plus ou moins aléatoire. Tant pis.

Il était en train d'étudier à la bibliothèque quand c'était arrivé. Il avait profité d'un moment de libre pour s'y rendre dans le but de faire des recherches sur un devoir qu'ils avaient à rendre. Puis les premiers symptômes étaient venus, comme ça, sans prévenir, sans même qu'il ne puisse se l'expliquer sur le moment. Est ce qu'il avait inconsciemment paniqué du fait de ne rien trouver pour le sujet qu'il avait ? Ça l’étonnait parce qu'il savait pouvoir demander à la bibliothécaire en cas de difficultés, mais c'était une piste qu'il ne pouvait pas écarter. Y avait – il trop de monde dans la pièce au point qu'il se sente oppressé ? Y avait – il simplement une raison à cette crise ? Lui – même ne le savait pas. Parfois ça arrivait, une panique qui venait de nulle part pour le déranger alors que tout allait bien la seconde d'avant. Reconnaissant les symptômes par la force de l'habitude, il s'était dépêché de ranger ses affaires dans son sac avant de sortir rapidement de l'endroit, histoire d'aller rejoindre le calme du couloir où il pourrait faire passer sa crise sans gêner personne. Sauf qu'il n'avait pas prévu qu'il y aurait autant de passage à ce moment précis, ce qui avait accentué encore plus le problème. Une chance pour lui que Klaus, son frère, passait par là justement pour se rendre à la bibliothèque lui aussi. Forcement, voyant l'état du jeune homme, son jumeau avait tout de suite compris et avait tenter de l'aider à se calmer du mieux qu'il pouvait. Mais il avait bien remarqué que, cette fois-ci, cela semblait complètement inefficace, son double ne l'écoutait pas vraiment. Klaus avait pourtant l'habitude de voir Joris dans cet état (même si ça ne lui plaisait jamais parce qu'il n'aimait pas quand son frère allait mal), et il savait donc comment réagir face à la situation. Mais, malgré cela, ça ne fonctionnait pas toujours. Il n'avait donc pas eu d'autre choix que de l'emmener à l'infirmerie, lieu maintenant bien connu. 

Joris avait été pris en charge, l'adolescent avait pu retrouver son calme sous le regard bienveillant de l'infirmière et sous celui protecteur de son frère. Klaus était resté avec lui tout du long, afin que Joris puisse avoir une figure de référence. Il se disait probablement que ça ne pouvait pas lui faire de mal d'avoir un visage connu près de lui, histoire d'être plus rassuré une fois la crise passé. Même si, depuis le temps qu'il venait parfois à cause de ses crises, certaines des infirmières s'occupant de le calmer devaient être des figures référentes, Klaus tenait à rester auprès de son double jusqu'à ce que la crise passe, pour lui montrer qu'il ne l’abandonnait pas. Ce qui était déjà hors de question en règle générale d'ailleurs. Mais là n'était pas la question. Maintenant son jumeau calmé, Klaus était resté quelques instants avec lui avant de retourner à ses occupations, également pour laisser Joris se reposer un peu et se remettre de toutes ces vilaines émotions.

C'est à ce moment qu'était arrivé un nouveau patient, sur le lit juste à côté de celui du brun. Apparemment, il était en proie au même style de crise que lui à peine quelques minutes avant. Joris avait observé un peu la scène, et sa supposition avait trouvé une réponse en remarquant que la personne qui s'occupait de son voisin de lit utilisait à peu près le même procédé qui avait été utilisé sur lui pour le calmer. L'autre jeune homme faisait également une crise d'angoisse. Le plus intriguant dans tout ça, c'est que son apparence n'était pas inconnu au poufsouffle. Il était sûr de l'avoir vu quelque part avant aujourd'hui. Mais où et quand, c'était un peu flou, de plus qu'il ne voyait que partiellement son visage comme il était à moitié caché derrière la personne qui s'occupait de lui. Finalement, une fois la crise de l'autre calmé, l'infirmière s'était décalée, et le visage du Serdaigle était complètement apparu. Décidément, oui, il lui était familier. Le sixième année en venait même à se demander si ce n'était pas à l'infirmerie qu'il l'avait aperçu une première fois, ce même lieu où ils se croisaient de nouveau. À bien y regarder, il en était même quasiment certain.

Voyant que son cadet semblait aller mieux à son tour, Joris en avait profité pour ouvrir la conversation. En espérant que cela ne dérange pas trop le plus jeune.

« Salut. Tu te sens mieux ? »

Les crises d'angoisse n'étaient jamais agréables à vivre, il le savait. Ça épuisait, autant moralement que physiquement. Alors oui, il prenait des nouvelles de ce garçon qui avait subit la même chose que lui. Parce qu'il comprenait, et que se soucier du bien-être des autres faisait partit de lui. Sûrement son côté protecteur qui jouait.

« Tu vas peut – être me prendre pour un fou, mais j'ai l'impression qu'on s'est déjà croisée. Au fait, je m'appelle Joris, et toi ? »
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Joris de Beauvoir
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Joris de Beauvoir
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Lun 6 Avr 2020 - 12:13
Pour un calme retrouvé

ft. Joris de Beauvoir

Habituellement, lorsqu'Ariel était aux prises avec ses crises d'angoisse, il parvenait à les gérer plutôt facilement. Ou en tout cas, très discrètement. La méthode était la suivante : d'abord, reconnaître les signes précurseurs. Ils étaient assez variés, mais les mêmes revenaient immanquablement. Boule qui lui obstruait la gorge, sensation de compression dans ses poumons, envie de pleurer de manière démesurée... Une panique innommable prenait possession de son corps entier sans qu'il n'ait réellement d'emprise dessus.

Parfois s'ajoutait d'autres émotions parasites, comme la colère ou la tristesse. Cela dit, les crises ne laissaient pas vraiment la place aux émotions. Elles anéantissaient tout jusqu'à laisser un blanc teinté d'obscurité dans son esprit. Impossible de réfléchir, de rationaliser. Au début, impossible de réagir, non plus – même s'il avait appris comment faire au fil du temps.

Alors quand ça arrivait, il courait dans un endroit rassurant. Son dortoir, une salle de classe vide, un recoin de la bibliothèque inoccupé – il évitait ce dernier lieu parce que n'importe qui pouvait faire irruption, naturellement.

Parfois, Jules ou Oscar s'en mêlait et trouvaient les mots ou les gestes pour le calmer, mais il parvenait à s'apaiser lui-même, la plupart du temps. Pas en réfléchissant aux causes – oh grand jamais – mais en imaginant les paysages de son enfance. Le jardin de la maison, les ruelles du village, la cours de récréation de l'école maternelle dont il gardait un souvenir étrangement vivace... N'importe quoi tant que ça lui remettait les pensées en place.

Sauf que cette fois-là, impossible d'appliquer ses fabuleuses méthodes.

Déjà parce qu'il ne parvenait pas à occire la cause de sa crise : l'ambiance trop étouffante de la salle de potions mélangée au brouhaha surexcité des étudiants enthousiastes à l'idée d'étudier la nouvelle potion ; le professeur Rogue qui susurrait ses menaces de colles et de punitions pour retrouver la calme dans la petite salle ; la potion en question, une potion calmante que ses parents utilisaient parfois sur lui quand il était incontrôlable. Ce dernier fait, en soit, n'était pas problématiques puisqu'elles lui avaient toujours fait du bien. Mais elle avait activé tout un cheminement de pensées – potion, parents, disputes, mal-être, isolement – qui avait déclenché la crise. Accentuée par l'atmosphère, le monde, enfin, vous avez compris la chanson.

Et puisque les causes de la crise évoluaient autour de lui, il n'avait pas su s'y soustraire. Et puisque Rogue ne permettait jamais que ses élèves sortent de la classe, même temporairement, il n'avait pas osé le demander.

Et il se retrouvait à l'infirmerie après s'être mis à respirer incroyablement fort, les yeux humide, figé à son pupitre. Oscar s'en était inquiété et évidemment, il avait tout fait pour éviter de mettre Rogue au courant – sauf que comment sortir de l'antre sans l'avertir ?

Enfin, c'était fait. Le professeur l'avait envoyé à l'infirmerie en pressant Oscar de revenir aussitôt, et l'infirmière lui avait fait boire un puissant calmant – celui-là même qu'ils étaient censés préparer.

Quelle ironie.

À présent, Ariel se réveillait de son profond coma. Enfin, coma, c'était vite dit – il avait dû rester inconscient cinq ou dix minutes à peine. Le temps de battre une ou deux fois des cils, en fait. Le jeune homme soupira. Il allait devoir rester cloué au lit pour une bonne partie de l'après-midi alors que tout ce qu'il souhaitait, c'était retrouver son dortoir. Ou ses amis, le cas échéant, lorsqu'il aurait recouvré un peu ses forces. Lorsqu'il aurait fait abstraction du sentiment dérangeant qui persistait, également – c'était comme si la chaleur étouffante de la salle de potions collait encore à sa peau.

Lorsque l'infirmière quitta tout à fait son chevet en lui recommandant beaucoup de repos, un mouvement sur le lit de droite attira son attention. Un étudiant y était assis. Il était recouvert de tatouage et ne semblait pas en bien meilleure forme que lui. Poufsouffle, lui indiqua son uniforme plié sur la chaise d'à-côté. Il était plus âgé que lui, de trois ou quatre ans, peut-être. Il devait entamer ses dernières années à Poudlard.

L'attention que l'adolescent lui portait dérangea un peu Ariel. Dans ces moments-là, il souhaitait juste s'enfermer dans sa bulle et tourner en rond dans l'extravagance de ses réflexions.

— Salut, dit l'inconnu. Tu te sens mieux ?

Le jeune Serdaigle le jaugea de la tête aux pieds. En faisant abstraction des multiples dessins qui recouvraient ses bras – on lui avait enlevé son pull d'école -, il avait l'air plutôt lambda. Mis-à-part ses yeux très bleus, sans doute pas très naturels. Sans savoir trop pourquoi, Ariel en fut un peu jaloux.

— Sans doute mieux que tout à l'heure. J'imagine que toi aussi, si tu me parles, répondit-il d'une voix lasse.

Ariel s'apprêtait à se rallonger, encore épuisé, mais il ne put pas ignorer le regard insistant que l'autre posait sur lui.

— Quoi ?

— Tu vas peut-être me prendre pour un fou, mais j'ai l'impression qu'on s'est déjà croisé.

Ariel haussa les sourcils bien haut, circonspect. À part ses yeux, qui en effet lui étaient vaguement familiers, il n'avait aucun souvenir de ce garçon. Les tatouages ne lui disaient rien, même s'ils étaient sans doute cachés par son uniforme la plupart du temps. À part ces détails, il avait l'air d'un étudiant de Poufsouffle comme un autre.

— Au fait, je m'appelle Joris, et toi ?

— Ariel, dit-il sans s'étendre, toujours en train de réfléchir à sa possible rencontre passée avec ce type. Tu viens souvent à l'infirmerie ?

Après tout, peut-être qu'ils s'étaient rencontrés là, même si lui-même n'y venait pas vraiment souvent. Il avait atterrit dans l'un de ses lits une ou deux fois à cause de ses crises d'angoisse. Le reste du temps, il s'y rendait le plus rarement possible, en cas de grippe ou de grosse angine. Il prenait le parti de se soigner autrement.

Il n'aimait pas particulièrement l'omniprésence du blanc dans ce genre de lieux.

— Je suis désolé, je ne me souviens pas vraiment de toi. Enfin, sauf tes yeux, à la limite, dit-il, pas vraiment sûr que ce soit socialement accepté d'affirmer ce genre de chose. Tu penses m'avoir vu où ?

Autant commencer par poser les bonnes questions, songea-t-il. Tourner autour du pot, ça n'avait jamais fait de bien à personne.
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Mer 15 Avr 2020 - 21:09
Pour un calme retrouvéAriel & Joris
Le brun n'avait pas vraiment fait attention à sa tenue dans un premier temps. Calmer la crise avait été le plus important. Puis il avait fini par voir sa robe de maison, son pull de cours et sa cravate posé sur la chaise d'à côté, supposant qu'on les lui avait probablement retirés pour qu'il se sente moins oppressé. En soit ce n'était pas plus mal, il était maintenant plus à l'aise pour se reposer un peu.

Le jeune homme à ses côtés avait fini par se réveiller. Évidemment, Joris avait attendu que l'infirmière finisse de s'occuper de lui avant d'entamer la conversation. Puis ce n'était pas vraiment son style de sauté sur les gens comme ça à peine réveillé. Déjà qu'il savait qu'une crise d'angoisse était éprouvante, ce n'était pas la peine de lui en refaire vivre une autre ou de lui créer une crise cardiaque à peine après avoir retrouvé ses esprits. Naturellement, il lui avait demandé comment il allait. Tout le monde ne réagissait pas de la même façon après ce genre de situation.

« Sans doute mieux que tout à l'heure. J'imagine que toi aussi, si tu me parles. »

Joris avait eu un petit sourire bienveillant. C'était déjà rassurant, même s'il comprenait, au son de la voix du Serdaigle, qu'il était encore fatigué de cette expérience. Pourtant, même s'il n'avait rien ajouté à ses paroles, le Poufsouffle n'avait pas réussi à se retirer de la tête l'idée qu'il avait déjà croisé le plus jeune auparavant. Lorsque ce dernier lui avait posé sa question, il s'était rendu compte qu'il l'avait observé avec peut-être plus d'insistance qu'il ne l'aurait voulu. Il s'était contenté de lui répondre simplement la vérité. Peut-être que c'était juste un délire de son esprit suite à la crise, mais il en doutait fort. Alors il s'était présenté, et avait demandé son prénom à l'autre jeune homme, se disant que ça aiderais probablement quelques souvenirs à revenir. Savait – on jamais, des fois que son visage associé à un prénom pouvait aider à faire un rapprochement.

« Ariel. »

Le prénom ne lui disait rien, malheureusement. S'ils avaient déjà fini au même moment à l'infirmerie, comme il le supposait, le prénom du plus jeune n'avait pas dû être mentionné. 

« Tu viens souvent à l'infirmerie ? »

S'il savait... Joris avait beau faire en sorte de se calmer seul pour éviter d'y venir, mais ça ne fonctionnait pas toujours. Parfois ça loupait, et il était obligé de venir. Ses allées et venues à l'infirmerie ne représentaient pas forcement la majorité de ses crises, mais c'était suffisant pour bien connaître le lieu depuis le temps. Pour peu, l'infirmerie devenait presque sa seconde salle commune. Fort heureusement, il y venait quand même bien moins souvent, même si le lieu lui était familier depuis le temps.

« On peut dire ça comme ça. C'est assez aléatoire, mais en moyenne, je dirais une à deux fois dans le mois, plus ou moins. Ça dépend de mes crises. »

Ce n'était probablement pas utile de préciser que ça faisait déjà la seconde fois cette semaine, Ariel devait déjà probablement comprendre que ce n'était pas toujours aisé de se calmer tout seul. 

« Je suis désolé, je ne me souviens pas vraiment de toi. Enfin, sauf tes yeux, à la limite. »

Il avait eu un sourire amusé face à la seconde phrase. C'était bien la première fois qu'il entendait cela. Jusqu'à maintenant, il n'avait jamais songé que ses yeux pouvaient être un signe distinctif particulier. Du moins, il aurait plutôt pensé que ses nombreux tatouages auraient ce rôle, bien que son uniforme les cachait la plupart du temps. Il y avait bien ceux au niveau de son cou et de ses mains, mais les gens n'y prêtaient généralement pas la même attention qu'aux autres, parce qu'ils n'étaient probablement pas ceux qu'on remarquait en premier. Mais il ne s'offusquait nullement de cette remarque, au contraire ça l'intriguait.

« Mes yeux ? Tu es sans doute le premier à me le dire. Ils sont si particuliers que ça ? »

Du moins, si quelqu'un lui avait déjà fait la remarque, l'information n'avait pas dû traverser correctement son cerveau. Habitué qu'il pouvait l'être à son propre reflet dans le miroir, il ne s'était jamais vraiment interrogé là-dessus. Dans tous les cas, le bleu et bronze ne semblait pas le reconnaître s'ils s'étaient déjà vu. Joris ne pouvait pas lui en vouloir, lui – même croisait sûrement des gens plusieurs fois sans jamais se rappeler d'eux. De plus, il ne se souvenait pas qu'ils se soient parlé avant aujourd'hui, ce qui justifiait d'autant plus que le Serdaigle ne le remettait pas.

« Tu penses m'avoir vu où ? »

« Ici justement. Je pense qu'on s'est vu de loin ou que ça doit faire un moment, ça doit être pour ça, mais ton visage ne m'est pas totalement inconnu. Je ne saurais pas te dire quand, mais je crois que c'était aussi à cause d'une crise d'angoisse. Tu atterris souvent à l'infirmerie à cause de ça ? »

Peut-être qu'il s'agissait d'un concours de circonstance qui, jusqu'à maintenant, avait fait qu'ils ne s'étaient pas croisé plus que cela dans ce lieu. Et ce n'était peut-être pas une mauvaise chose non plus, car Joris ne souhaitait ça à personne, et certainement qu'il aurait préféré rencontrer son voisin de lit dans d'autres circonstances. Les crises d'angoisse étaient propres à chacun, certains en faisaient moins et/ou les contrôlaient mieux que d'autres. Et certains avaient même la chance de ne jamais connaître ça. Dans le cas d'Ariel, il ne savait pas si ce genre de phénomène était fréquent ou occasionnel, mais il n'allait peut-être pas tarder à le découvrir. À voir s'il allait confirmer ou non ses suppositions.
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Joris de Beauvoir
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Joris de Beauvoir
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Lun 27 Avr 2020 - 9:32
Pour un calme retrouvé

ft. Joris de Beauvoir

— Tu viens souvent à l'infirmerie ?, questionna le plus jeune pour tenter de remettre son visage.

— On peut dire ça comme ça, répondit le dénommé Joris. C'est assez aléatoire mais en moyenne, je dirais une à deux fois dans le mois, plus ou moins. Ça dépend de mes crises.

Ariel haussa les sourcils, étonné. Alors comme ça, lui aussi était victime de crises d'angoisse – enfin, il supposait qu'il s'agissait de crises d'angoisse. Il pouvait tout aussi bien parler de crise d'hypoglycémie, de tachycardie ou d’épilepsie. Certes, les symptômes étaient loin d'être les mêmes, et Ariel ne savait pas à quelle vitesse une victime de ce genre de crise récupérait, mais c'étaient des possibilités.

Mais il voulut croire qu'il parlait de crises d'angoisse parce qu'alors, il ne serait plus seul. Dans son entourage, aucune autre personne n'en subissait. Pas de pleurs intempestifs, pas de trou béant soudain. Et il ne pouvait qu'en être heureux pour ses proches, après tout c'était loin d'être agréable, mais il se sentait souvent seul. Seul, mais surtout incompris.

— Je suis désolé, je ne me souviens pas de toi, finit-il par formuler. Enfin, sauf tes yeux à la limite.

— Mes yeux ? Tu es sans doute le premier à me le dire. Ils sont si particuliers que ça ?

— Sérieusement ? Ce n'est sans doute pas quelque chose qu'on dit facilement à un inconnu, ça doit être pour ça.

Il faudrait qu'il surveille ses paroles, à l'avenir. Mais il avait des yeux si particuliers, si communs tout en même temps qu'il n'avait pas pu s'en empêcher.

Et oui, ses yeux rappelaient en lui un souvenir lointain. Il n'avait aucune idée du pourquoi du comment – après tout, des yeux seuls sans visage ni voix n'appelaient pas à de grandes discussions -, mais il était certains de les avoir déjà vus. Sans doute une autre de ses obsessions superficielles : il avait tendance à se rappeler très distinctement des attributs physiques d'autrui lorsqu'ils lui plaisaient. Et par extension, lorsque Ariel souhaitait se les approprier.

— Je n'ai jamais vu des yeux aussi bleus que les tiens, expliqua-t-il. Et en même temps, ils se fondent étonnamment dans la masse. Je ne sais pas comment expliquer. C'est pas comme des yeux qui, admettons, seraient violets : eux, on s'en souvient le lendemain. Les tiens, on les oublie, mais quand on les voit à nouveau, on est sûr de les avoir déjà vus.

Un peu comme un sortilège, se dit-il. Serait-ce impoli de lui demander s'il s'agissait de lentilles ou d'un quelconque artifice ? Sans aucun doute.

Il préféra se taire.

— Tu penses m'avoir vu où ?, fit-il à la place.

— Ici, justement. Je pense qu'on s'est vus de loin ou que ça doit faire un moment, ça doit être pour ça, mais ton visage ne m'est pas totalement inconnu. Je ne saurais pas te dire quand, mais je crois que c'était aussi à cause d'une crise d'angoisse. Tu atterris souvent à l'infirmerie à cause de ça ?

Ainsi donc, il avait compris de quoi Ariel souffrait. Enfin, il avait l'air de penser que c'était très fréquent, ce qui n'était pas le cas, mais il ne s'était pas trompé de beaucoup. Ça mit le jeune Serdaigle mal-à-l'aise : il n'aimait pas vraiment qu'on entre ainsi dans son intimité.

Même si pour le coup, c'était peut-être un manque de jugement de sa part, mais bon. Il ne pouvait pas toujours tout contrôler, n'est-ce pas ?

— Tu dois avoir une sacrément bonne mémoire, grommela Ariel sans infirmer ni confirmer les dires du Poufsouffle. Tu retiens tous les visages de tous les élèves ou c'est propre à moi ?

Bon, il était un peu mordant dans ses répliques, il l'avouait. D'ailleurs ce n'était pas un comportement qui lui ressemblait. Mais le fait que ce bonhomme sorti d'il ne savait où touchait du doigt l'une de ses faiblesses les plus importantes dès leur première rencontre – enfin, leur deuxième visiblement – le rendait fou. Et il détestait être aussi transparent ; il avait bien trop de secrets, bien trop de tourments personnels à préserver de l'extérieur et il ne souhaitait pas se rendre fragile d'une quelconque manière.

Mais méfiance ne rimait pas avec impolitesse. C'est ce que sa mère lui aurait dit d'un ton de reproche : tu peux paraître froid, distant, mais jamais grossier. Et puisqu'il était inconcevable de décevoir sa mère, même à distance, il reprit :

— Enfin, pour te répondre : non, je ne viens presque jamais ici. En tout cas je finis rarement sur l'un de ces lits.

Des lits qui lui faisaient horreur, en fait. Ce blanc omniprésent avait suffi à le dégoûter dès sa première visite. C'était fade et ça éblouissait. Oscar le lui avait fait savoir également, tout en mesure comme d'habitude, en lui disant qu'il serait sans doute mieux dans son propre lit, bien au chaud dans son dortoir. Et puis, il fallait admettre que le bleu était bien plus réconfortant que le blanc stérile. Même si, il fallait l'admettre, le haut plafond et la pierre qui recouvrait le sol n'était pas si mal, mais à force d'habiter le château, on s'y habituait.

Toujours était-il que très tôt, à chaque fois qu'il venait en ces lieux, il avait appris à convaincre l'infirmière de le laisser partir. Que ce soit pour une crise d'angoisse, pour une blessure au bras ou pour une angine, sa petite bande et lui s'alliaient contre Mrs Pince et finissaient presque toujours par la faire céder, non sans lui promettre avant de venir tous les soirs pour qu'elle vérifie son état.

Ces lieux-là, cabinet médical, hôpitaux, infirmerie, c'était vraiment pas sa tasse de thé.

— En plus, si c'est vraiment ici que tu m'as vu, je n'ai pas dû y rester longtemps. Le temps qu'on me calme, qu'on m'administre les médicaments nécessaire, qu'on me mette une attelle même, mais jamais plus. Je fais toujours en sorte de partir le plus vite possible.

Puis il se souvint que Joris aussi était victime de crise, et qu'il avait l'air bien moins pudique qu'Ariel ne l'était. Peut-être pourrait-il le renseigner, lui donner des astuces, ou même se sentir moins délicat, plus résistant, qu'il ne s'estimait actuellement.

— Tu as dit que tu faisais des crises ? Des crises de quoi, d'angoisse ? D'épilepsie ?, demanda-t-il prudemment.

Après tout, on n'était jamais sûr de la propension de quelqu'un à se confier avant qu'il ne le fasse vraiment. Dans ce genre de situation, Ariel préférait prendre des pincettes, quitte à ne pas recevoir de réponse. L'intimité avant tout.

— Comment tu t'en sors, du coup ? Comment tu les gères ?

Parce que même si Joris atterrissait souvent à l'infirmerie, il devait avoir trouvé des méthodes propres à lui pour repousser les premiers signes lorsqu'une crise lui tombait dessus. Peut-être étaient-elles plus violentes que les siennes, peut-être que les facteurs déclencheurs étaient plus difficiles à éviter pour lui...

En tout cas, Ariel ne rencontrait que rarement de personnes souffrant de la même chose que lui, et il comptait bien en profiter – même s'il préférait se taire pour le moment sur ses propres crises.
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Ariel Melwing
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Ariel Melwing
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Dim 24 Mai 2020 - 21:36
Pour un calme retrouvéAriel & Joris
S'il avait réellement pu choisir, Joris aurait grandement préféré de ne pas avoir de crise d'angoisse du tout. Pour la plupart, il en connaissait les raisons. Mais ce n'était pas toujours le cas. Parfois, il arrivait à se calmer seul, et parfois non. C'était aléatoire, une vraie roulette russe. Ça pouvait venir n'importe quand, parfois pour n'importe quoi. Surtout, c'était épuisant, autant physiquement que moralement. C'était quelque chose qu'il ne souhaitait à personne. Il n'en voulait pas à Ariel d'être un peu sur la défensive ou de ne pas se souvenir de lui. Déjà, parce qu'ils se parlaient pour la première fois, et que tout le monde ne réagissait pas de la même façon lorsqu'un inconnu les abordait. Puis parce qu'il savait que les gens, lui le premier, ne retenaient pas tous les visages des gens qu'ils rencontraient chaque jour, à moins d'avoir une sacrée mémoire. Néanmoins, la remarque que le plus jeune avait faite sur ses yeux, du fait qu'il en avait un potentiel souvenir, l'avait amusé. 

« Sérieusement ? Ce n'est sans doute pas quelque chose qu'on dit facilement à un inconnu, ça doit être pour ça. Je n'ai jamais vu des yeux aussi bleus que les tiens. Et en même temps, ils se fondent étonnamment dans la masse. Je ne sais pas comment expliquer. C'est pas comme des yeux qui, admettons, seraient violets : eux, on s'en souvient le lendemain. Les tiens, on les oublie, mais quand on les voit à nouveau, on est sûr de les avoir déjà vus. »

Il ne savait pas dans quel sens c'était formulé, ni même s'il devait l'interpréter comme ça, mais il avait décidé de le prendre comme un compliment. Ses yeux, il les tenait de sa tendre mère (du moins de ce que beaucoup lui avaient dit), et il en était plutôt heureux. Alors savoir qu'ils ne passaient pas autant inaperçu qu'il aurait pu le penser, il trouvait ça plutôt cool.

« Merci. Il paraît que je les tiens de ma mère. »

Il ne savait pas pourquoi il avait précisé ce genre d'information qui n’intéresserait peut-être pas le plus jeune, mais trop tard, c'était dit. Il ne savait pas pourquoi il avait précisé ce genre d'information qui n’intéresserait peut-être pas le plus jeune, mais trop tard, c'était dit. 

« Tu dois avoir une sacrément bonne mémoire. Tu retiens tous les visages de tous les élèves ou c'est propre à moi ? »

Oups, il avait peut-être été trop indiscret. Foutu curiosité mal placée… Il n'en voulait pas au plus jeune, tout le monde n'était pas à l'aise pour parler de ses problèmes de santé.

« Enfin, pour te répondre : non, je ne viens presque jamais ici. En tout cas je finis rarement sur l'un de ces lits. En plus, si c'est vraiment ici que tu m'as vu, je n'ai pas dû y rester longtemps. Le temps qu'on me calme, qu'on m'administre les médicaments nécessaire, qu'on me mette une attelle même, mais jamais plus. Je fais toujours en sorte de partir le plus vite possible.  »

Joris souhaitait pour lui que ça continu ainsi. Cela voulait peut-être dire qu'il gérait plutôt bien ses crises en temps normal, ce qui était plutôt une bonne chose du point de vu du sixième année. Dans son cas, il avait fini par s'habituer au lieu à force d'y venir, mais il comprenait parfaitement que ça pouvait donner le bourdon à d'autres. Tout ce blanc à vous en faire tourner la tête, toute cette agitation quand beaucoup de patients se trouvaient dans le lieu... Puis quand on y atterrissait, c'était généralement qu'il y avait un problème, ce qu'on préférait éviter. 

« Tu as dit que tu faisais des crises ? Des crises de quoi, d'angoisse ? D'épilepsie ? »

C'est vrai qu'il n'avait pas précisé le genre de crise qu'il faisait. Cela pouvait peut-être expliquer qu'Ariel soit sur la défensive, il devait probablement se demander comment un inconnu total avait pu identifier aussi vite le type de crise dont il était victime. De base, ça ne le regardait pas vraiment de connaître les soucis de santé des gens, ce que certains lui auraient sans doute fait remarquer de façon beaucoup plus virulente. Il se considérait donc plutôt chanceux que le Serdaigle, même s'il n'avait pas l'air d'avoir apprécié complètement la démarche, ne l'ai pas envoyé bouler alors qu'il aurait totalement pu le faire. À sa place, Joris lui-même se serait posé des questions, même s'il ne pensait pas avoir grand chose à cacher. 

« Angoisse. C'est comme ça que j'ai reconnu pour toi. Il paraît qu'entre personne ayant les mêmes caractéristiques, on se reconnaît. Désolé si ça t'as paru bizarre toutes mes questions, j'ai parfois tendance à être trop curieux. »

Une chose qu'il allait vraiment devoir apprendre à calmer, ou du moins à mieux utiliser. Il avait beau porter un intérêt réel à tout ce qui le faisait s'interroger, un intérêt réel au bien-être des autres et au fait d'apprendre à les connaître, mais il voyait bien que les autres n'étaient pas forcement friands de cela, ou que le moment pouvait paraître mal choisit. C'était plus fort que lui, mais il fallait qu'il apprenne à mieux gérer ce bouillonnement, cette envie de comprendre, de savoir, de connaître. Il se faisait la réflexion parfois, et essayait de s'améliorer, même si ce n'était pas encore parfait. Et sans doute que ça ne le serait jamais, parce qu'il trouvait ça dommage de se mettre des brides. Il verrait, et puis c'est tout.

« Comment tu t'en sors, du coup ? Comment tu les gères ? »

C'était le côté pratique et rassurant de trouver quelqu'un qui avait les mêmes soucis de santé, de pouvoir s'échanger quelques techniques, même si on ne souhaitait à personne d'avoir ce genre de problème. Ça permettait d'en parler, de dédramatiser un peu la chose, de se sentir moins seul face à un problème commun et de partager son expérience face à la situation.

« Généralement, je m'éloigne des gens pour aller dans un endroit tranquille et pour éviter de me sentir oppressé. Puis je fixe un point précis, je me concentre dessus pour éviter de penser à trop de choses en même temps, et je travaille sur ma respiration pour qu'elle redevienne normale. Quand il y a une personne près de moi qui sait comment réagir face à mes crises, je me concentre sur la personne, sur sa voix et sur sa respiration. Parfois ça marche, et parfois moins. Ça dépens des crises. Pour les tiennes, tu arrives à t'en sortir ? »
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Mer 17 Juin 2020 - 23:34
Pour un calme retrouvé

ft. Joris de Beauvoir

— Tu as dit que tu faisais des crises ? Des crises de quoi, d’angoisse ? D’épilepsie ?

En posant sa question un peu indiscrète, il ne s’était pas attendu à obtenir une réponse. Même s’il avait l’air plus ouvert sur le sujet, Joris de Beauvoir n’était en rien tenu de se confier ; ainsi, Ariel satisfaisait davantage sa curiosité personnelle qu’autre chose. Il ne pouvait concevoir en parler librement quand lui-même était d’une pudeur exagérée concernant ce sujet.

Aussi fut-il très surpris quand Joris prit la parole sans hésiter :

— Angoisse. C’est comme ça que j’ai reconnu, pour toi.

Au moins cela ne se voyait-il pas à des kilomètres à la ronde, se rassura Ariel. Peut-être avait-il l’air d’un imbécile, à la place. À toujours craindre ce qui l’entourait sans raison apparente. Il faudrait qu’il demande.

— Il paraît qu’entre personnes ayant les mêmes caractéristiques, on se reconnaît. Désolé si ça t’a paru bizarre toutes mes questions, j’ai parfois tendance à être trop curieux.

Ariel fit un geste de la main pour signifier qu’il s’en fichait. Pas vraiment, en fait, mais Joris n’avait pas à la savoir. Il ne voulait pas lui faire de peine. Pas qu’il avait l’air fragile ou quoique ce fût d’autre, mais le Poufsouffle avait l’air sincèrement gentil et concerné par le sort du jeune Serdaigle. Le petit n’avait pas envie de donner l’impression qu’il s’en fichait ou que l’attention qu’on lui portait ne le touchait pas.

Parce qu’elle s’était avérée envahissante - il était bien obligé de l’avouer - mais elle était agréable, finalement.

Peut-être qu’en tant que vétéran de la crise d’angoisse, Joris pouvait lui être d’une aide précieuse.

— Comment tu t’en sors, du coup ?, demanda Ariel plein d’espoir. Comment tu les gères ?

— Généralement, je m’éloigne des gens pour aller dans un endroit tranquille et pour éviter de me sentir oppressé.

Ariel acquiesça, consciencieux. Il avait exactement la même réaction, la plus immédiate, la plus primaire. Ses instincts étaient amplifiés parce qu’il n’aimait pas la foule et en avait un peu peur, mais il se rendait compte à présent que c’était une réaction normale.

Et puis, qui aimait le regard d’autrui posé sur ses faiblesses mises à nu ?

— Puis je fixe un point précis, continuait Joris, je me concentre dessus pour éviter de penser à trop de choses en même temps, et je travaille sur ma respiration pour qu’elle redevienne normale. Quand il y a une personne près de moi qui sait comment réagir face à mes crises, je me concentre sur la personne, sur sa voix et sur sa respiration.

En bref, il cherchait des points de repère stables dans son entourage, compris Ariel. On lui avait déjà dit que la constance aidait beaucoup les personnes anxieuses. On parlait énormément, en effet, de proches aidants : quelqu’un qui aurait le pouvoir de calmer la personne en crise grâce à une attitude apaisante et à la confiance mutuelle.

Malheureusement, comme Ariel fuyait toute présence dès qu’il sentait la crise monter, peu de gens de son entourage savaient comment réagir. Et celles qui savaient ne savaient pas vraiment. Elles ne connaissaient rien des gestes qui le calmait vraiment, des mots qui l’envoyaient à ses souvenir heureux. Elle ne pouvait pas être au courant que c’étaient les odeurs qui marchaient le mieux avec lui.

Ces personnes-là - Jules, Oscar, Pomfresh peut-être - agissaient à l’instinct et comme elles l’avaient lu dans des livres. Ariel ne pouvait pas leur en vouloir.

— Parfois ça marche, parfois ça marche moins, continuait Joris. Ça dépend des crises. Pour les tiennes, tu arrives à t’en sortir ?

Ariel sourit malgré son malaise. L’aisance avec laquelle son aîné s’exprimait sur ces problèmes lui paraissait toujours inconcevable. Les muscles de son visage, crispés jusqu’au-delà des tempes, l’attestaient : il était mal-à-l’aise.

La différence, c’est que ce poids commençait à l’étouffer. Garder des secrets devenait une habitude trop récurrente. Ariel voulait s’en soustraire.

— Plutôt… bien, j’imagine.

Il passa en revue ses dernières crises. La première de l’année, assez violente, lors du cours de Soins aux Créatures Magiques. À son grand étonnement, le professeur avait été compréhensif ; en tout cas, bien plus qu’il ne le laissait présager. La seconde datait d’il y avait quelques heures et elle avait été suffisamment fulgurante pour qu’il ne parvienne pas à mettre en place ses défenses primaires.

Des bouffées anxiogènes étaient soudain montées certains soirs, évidemment, mais rien qui ne valait qu’il s’y attarde. Quelques larmes avaient peut-être coulé, mais elles avaient demeuré rares et s’étaient toujours manifesté lorsqu’il était seul.

Bilan positif.

Sans la crise du cours de SACM - qui s’avérait parfaitement normale compte-tenu des circonstances -, il s’en tirait bien.

— Disons que j’ai l’impression qu’elles sont moins violentes et surtout moins nombreuses que les tiennes, explicita Ariel. J’ai toujours pensé que plus elles t’attaquaient souvent, plus tes défenses mentales s’affaissaient.

Les mots venaient beaucoup plus facilement lorsqu’il se concentrait sur le positif de la situation. C’était triste à constater, mais remarquer que la situation de Joris était pire que la sienne était un peu rassurant.

— Mes méthodes sont un peu les mêmes que les tiennes, s’enhardit Ariel. Je m’isole, je focalise mes sens sur un point fixe pour qu’il n’y ait plus que lui dans mon entourage. L’idéal, chez moi, c’est qu’il y ait des odeurs qui me rendent heureux : la cannelle, l’herbe mouillée, la mer, la vase… Des choses qui ont trait à mon enfance.

Il réfléchit un instant. D’autres idées lui vinrent, une se démarqua.

— J’essaie surtout de ne pas dramatiser la situation. J’ai appris que même si on a l’impression que la fin du monde est arrivée, c’est loin d’être le cas. Je me rappelle que le monde continue de tourner autour de moi et que si je le voulais, je pourrais marcher avec les autres. Vivre ma journée comme les autres.

Il se frotta les mains, pensif. Cette méthode avait ses failles et ses points forts. La solution ultime ne résidait pas dedans, c’était certain, mais elle l’avait aidé parfois.

— Le seul souci, c’est que ça peut culpabiliser, nuança Ariel.

Parce que la personne était là, prostrée, incapable d’agir et incapable de réagir. Parce qu’elle tremblait de tous ses membres alors qu’il suffisait d’un peu de volonté pour tout arrêter. Parce que les peurs qui l’assaillaient, qui déclenchaient tout, étaient irrationnelles. Parce qu’il souhaitait croire que ces crises n’étaient pas une fatalité alors qu’elles s’en coloraient toujours un peu plus.

Il haussa les épaules. Joris devait savoir tout ça. Inutile de l’entraîner dans ce genre spirale.

Une vague de fatigue le gagna. Ariel ferma les yeux, massa ses tempes, s’adossa mieux sur ses coussins. À cet instant, l’enfant qui dormait en lui se remarquait plus que jamais.

— Il paraît qu’une personne angoissée l’est pour toute sa vie, fit le garçon, mélancolique. Que les traitements sont insuffisants, que les remèdes sont épuisants. Quel est ton avis, là-dessus ?

C’était la première conversation ouverte qu’il avait à ce sujet depuis toujours. La première fois qu’il saisissait l’occasion de s’exprimer, d’apprendre des expériences d’un autre, de s’enrichir de ses propres expériences. La première fois qu’il pouvait livrer ses craintes les plus profondes et les plus enracinées.

En lui sommeillait l’espoir que Joris lui parlerait de potions-miracles qui parviendraient à le sauver de tous ses maux.
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Sam 26 Sep 2020 - 22:39
Pour un calme retrouvéAriel & Joris
Il se posait trop de questions. Et en posait trop aux autres par la même occasion. Ce besoin de savoir était un des éléments qui avaient valu le doute au choixpeau quant à sa répartition. Mais Joris se rendait compte que sa curiosité pouvait autant passer pour un défaut que pour une qualité. Autant ça pouvait le rendre sociable, autant ça pouvait le faire devenir indiscret. C'est pour ça qu'il s'était excusé auprès du jeune Serdaigle, car il s'était rendu compte qu'il ne s'était pas expliqué sur la raison de son intérêt. Et même avec une bonne raison, ça n'enlevait pas vraiment l'aspect quelque peu indiscret dont il avait fait preuve. Le sixième année espérait que le plus jeune ne lui en voudrait pas, comme semblait lui signifier son geste de la main.

Suite à la question du plus jeune, il lui avait expliqué comment il s'y prenait avec ses propres crises d'angoisse. Habituellement, il n'en aurait peut-être pas parlé avec autant d'aisance qu'il le faisait à ce moment, du moins pas avec une personne qu'il venait à peine de rencontrer. Mais les circonstances étaient différentes. Ariel souffrait du même type de crise que lui, et tous n'avaient pas les mêmes façons de les gérer. Pourtant, certaines astuces pouvaient fonctionner sur plusieurs personnes. Alors, si Joris pouvait aider Ariel d'une façon ou d'une autre en lui disant comment il s'en sortait pour ses crises, il le faisait. C'est tout naturellement qu'il lui avait demandé s'il s'en sortait avec ce problème.

« Plutôt… bien, j’imagine. »

Son interlocuteur ne semblait pas à l'aise. Joris comprenait. Lui-même, quelques années plus tôt, n'était pas vraiment des plus à l'aise pour parler de ses angoisses, même avec des personnes de confiance. C'était venu avec le temps, à mesure qu'il identifiait ce qui pouvait provoquer ses crises, et qu'il essayait de dédramatiser la situation.

« Disons que j’ai l’impression qu’elles sont moins violentes et surtout moins nombreuses que les tiennes. J’ai toujours pensé que plus elles t’attaquaient souvent, plus tes défenses mentales s’affaissaient. »

Il avait écouté la théorie du plus jeune avec intérêt. Il pensait comprendre où il voulait en venir. Les crises d'angoisse pouvaient se révéler particulièrement fatigantes, physiquement et mentalement, ce qui avait tendance à rendre vulnérable la personne qui en souffrait. De ce point de vue, il lui donnait raison. Pourtant, Joris ne voyait pas cela totalement de cette façon.

« Je pense que tu as raison, d'une certaine façon. La fatigue que ça provoque peut nous faire sentir vulnérable. Mais je pense aussi que ça nous aide à devenir plus fort, à nous endurcir pour mieux faire face aux crises suivantes, à garder notre calme pour ne pas céder complètement à la panique. Ça dépend de la façon dont tu vois les choses. »

Ce n'était que son avis. Il ne disait pas que ça rendait les crises moins nombreuses ou que c'était efficace à chaque fois. Mais, dans son cas, ça l'aidait à relativiser.

« Mes méthodes sont un peu les mêmes que les tiennes » avait continuer sont interlocuteur. « Je m’isole, je focalise mes sens sur un point fixe pour qu’il n’y ait plus que lui dans mon entourage. L’idéal, chez moi, c’est qu’il y ait des odeurs qui me rendent heureux : la cannelle, l’herbe mouillée, la mer, la vase… Des choses qui ont trait à mon enfance. J’essaie surtout de ne pas dramatiser la situation. J’ai appris que même si on a l’impression que la fin du monde est arrivée, c’est loin d’être le cas. Je me rappelle que le monde continue de tourner autour de moi et que si je le voulais, je pourrais marcher avec les autres. Vivre ma journée comme les autres. Le seul souci, c’est que ça peut culpabiliser. »

L'impuissance était probablement la pire des sensations dans ce genre de moment. Parce qu'on paniquait, parfois sans savoir pourquoi, alors que tout semblait aller parfaitement bien autour. Parce qu'on ne comprenait pas pourquoi ici, pourquoi maintenant. Ça pouvait vite devenir un cercle vicieux. Essayer de calmer la crise, ne pas toujours réussir, et paniquer encore plus à cette idée. C'était frustrant, autant qu'on pouvait s'en vouloir de ne pas réussir à se calmer. Joris connaissait bien oui. Trop bien.

« Je vois ce que tu veux dire. »

Il lui arrivait d'avoir ce genre d'impression aussi. De se sentir égoïste parce qu'il devait se couper de ce qui l'entourait, afin de se concentrer sur une image rassurante qui l'aiderait à aller mieux. Devoir mettre de côté ce qu'il se passait autour pour ne pas céder encore plus à la panique. Une chose qu'il n'appréciait pas de faire, se souciant plus des autres que de lui-même.

« Il paraît qu’une personne angoissée l’est pour toute sa vie. Que les traitements sont insuffisants, que les remèdes sont épuisants. Quel est ton avis, là-dessus ? »

Le regard de Joris s'était perdu dans le vague le temps d'un instant. Bien qu'il avait déjà eu l'occasion de réfléchir sur le sujet et de faire ses petites recherches, personne avant ne lui avait posé la question. Il n'était pas spécialiste sur la question, et ne pouvait pas faire de grandes promesses de guérison à Ariel. Mais il pouvait peut-être lui offrir une piste de réflexion, ou un peu d'espoir.

« C'est une hypothèse parmi tant d'autres d'après moi. La médecine fait des progrès chaque jour, et chaque cas est différent. Je ne sais pas s'il existe une solution miracle à effet immédiat, mais je pense qu'il doit exister des moyens pour, au moins, atténuer les crises. »

Du moins, il voulait y croire. Car, ce genre de crise, ça ne venait pas de nul-part. Il y avait une explication, quelque chose qui justifiait qu'elles se déclenchent. Quant à savoir si c'était un handicap permanent, la question était autre.

« La panique ou l'angoisse est liée à une peur ou quelque chose de stressant. Du moins la plupart du temps pour ce que j'en sais. Je pense qu'à partir du moment où tu mets le doigt sur cette peur, tu peux travailler dessus pour qu'elle devienne moins forte. À partir de là, les crises qui y sont liées devraient s'atténuer, voir possiblement disparaître. Je ne dis pas que ce serait rapide ou facile, mais ce serait une solution. »

Ce serait une formidable solution selon lui. Que les crises soient réduites, voir disparaissent, une perspective qui pouvait changer beaucoup de choses. Il ne savait pas si c'était complètement farfelu, ou s'il était trop optimiste à ce sujet, mais si c'était possible, il n'hésiterait pas une seconde à essayer.

« C'est une théorie, je ne sais pas ce qu'elle vaut, mais j'ai envie de croire que les crises d'angoisse ne sont pas une fatalité. Ou peut-être que c'est moi qui suis trop optimiste. »

Une moue perplexe avait pris place sur son visage face à cette réflexion.

« Si on te présentait cette théorie comme réalisable, tu en penserais quoi ? » Avait-il demandé à son camarade, curieux de connaître son avis sur la question.
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Dim 15 Nov 2020 - 17:57
Pour un calme retrouvé

ft. Joris de Beauvoir

Ariel n’aurait jamais cru que se confier sur ses angoisses et les crises qu’elles déclenchaient pouvait être libérateur, et pourtant c’était le cas. Plus la conversation coulait, plus il devenait évident que Joris n’était pas dans le jugement. Il ne connaissait pas le jugement. En tout cas, pas dans ce contexte-là. La bienveillance qui se cachait dans les paroles et les conseils de l’aîné était rafraîchissante. Une bouffée d’oxygène.

Lorsque son entourage comprenait qu’Ariel était sujet aux angoisses, qu’il se posait beaucoup de questions et qu’il ne parvenait pas toujours à les gérer, il se murait généralement dans le “qu’en dira-t-on”. Ce n’était pas systématique, bien sûr. Mais beaucoup se préoccupaient du regard des passants, des têtes qui se tournaient et des questions qui se posaient. Un enfant en proie aux larmes, à des difficultés respiratoires et à des spasmes attirait l’attention. On se demandait ce qu’il se passait, on en discutait. On avait un avis sur la situation - surtout quand on n’était pas concerné.

Les autres le prenaient en pitié ou ne savaient juste pas comment réagir. Certains semblaient comprendre, mais en surface seulement. Ses amis étaient d’une aide précieuse mais ils ne maîtrisaient jamais complètement la situation.

Alors se confier à Joris, Joris qui vivait la même chose que lui, Joris qui avait traversé ce qu’il traversait, Joris qui s’était posé les questions qu’il se posait, tenait d’une catharsis incroyable. Inespérée.

Le Poufsouffle réagissait aux remarques d’Ariel, apportant des précisions justes, enrichissant ses idées avec d’autres observations. Parler de manière aussi sereine de l’anxiété la démystifiait. Ses allures d’orcus se floutaient et se paraient d’habits bien plus rassurants.

— Il paraît qu’une personne qu’une personne angoissée l’est pour toute sa vie. Que les traitements sont insuffisants, que les remèdes sont épuisants. Quel est ton avis, là-dessus ?

C’était une question qui lui tenait à cœur. Dans sa perception des choses, elle régissait une partie de son avenir. Serait-il sujet aux crises d’angoisse et aux questions existentielles toute sa vie ? S’il supportait plutôt bien sa tendance à tout remettre en question - il y avait des jours plus compliqués que d’autres -, c’était loin d’être le cas pour les tempêtes de larmes et les cyclones d’incertitudes. Lorsque ses éléments internes se déchaînaient, il finissait bien souvent vidé pour plusieurs heures, dans un besoin urgent de se ressourcer loin des aléas de la vie quotidienne.

Besoin qui était généralement impossible à satisfaire.

Joris réfléchit un instant. Son expression prit les couleurs de la mélancolie. Ariel supposa que c’était une question que beaucoup se posaient tant elle posait d’enjeux dans leurs quotidiens.

— C’est une hypothèse parmi tant d’autres d’après moi, répondit finalement Joris. La médecine fait des progrès chaque jour, et chaque cas est différent. Je ne sais pas s’il existe une solution miracle à effet immédiat, mais je pense qu’il doit exister des moyens pour, au moins, atténuer les crises.

— Ce serait tellement bien !, s’exclama malgré lui Ariel, parce qu’il voulait croire à l’enthousiasme de Joris.

Mais il déchanta vite. Sur ce terrain-là, son pessimisme naturel lui empêchait d’y croire.

— La panique et l’angoisse sont liée à une peur ou quelque chose de stressant, s’expliqua Joris. Du moins la plupart du temps pour ce que j’en sais. Je pense qu’à partir du moment où tu mets le doigt sur cette peur, tu peux travailler dessus pour qu’elle devienne moins forte.

Les mots du jeune homme résonnaient bizarrement dans la tête d’Ariel. Il avait la sensation que ses angoisses naissaient de quelque chose de plus diffus qu’une simple peur. Même si les crises se déclenchaient en réaction à une situation précise, comme une ambiance qui l’étouffait ou une remarque qui le violentait, l’origine de tout ça se situait autre part.

Et c’était bien ça le problème : il y réfléchissait, tentait d’identifier la source du problème, mais n’était jamais tout à fait sur le bon chemin. Il pensait en dévoiler la cause mais elle se trouvait toujours un peu plus loin. Et plus il s’enfonçait dans le labyrinthe de ses insécurités, plus il se disait qu’un ensemble de paramètres, une armée d’acteurs, était à l'œuvre dans son inconscient.

— À partir de là, poursuivait Joris, les crises qui y sont liées devrait s’atténuer, voire possiblement disparaître. Je ne dis pas que ce serait rapide ou facile, mais ce serait une solution.

— Je crois que je comprends ce que tu veux dire, dit Ariel après un moment.

— C’est une théorie, je ne sais pas ce qu’elle vaut, mais j’ai envie de croire que les crises d’angoisse ne sont pas une fatalité. Ou peut-être que c’est moi qui suis trop optimiste.

— C’est une belle façon d’envisager les choses, en tout cas.

Il y avait du sourire dans la voix d’Ariel. Même s’il n’était pas convaincu par la vision de l’angoisse de Joris, sa bienveillance et sa ténacité lui faisaient du bien. Et le petit garçon qui dormait au fond de lui, celui qui voyait la vie en violet et qui n’avait pas encore tous ces problèmes existentiels, regardait le Poufsouffle avec des étincelles logées dans les yeux.

Ariel se rassit confortablement. Qui aurait cru que cette visite à l’infirmerie lui permettrait de s’apaiser un peu ?

— Si on te présentait cette théorie comme réalisable, tu en penserais quoi ?

Ariel prit le temps de peser la question. De l’étudier sous tous ses angles et d’envisager les réponses qui se présentaient à lui. Il pressentait que sa vision des choses conditionnait la façon dont il les vivrait dans le futur. Il avait l’impression qu’il avait le pouvoir, à cet instant, de décider ce qu’il en pensait. De décider de l’évolution de ses angoisses.

L’exprimer concrétiserait le processus.

— J’aimerais de tout cœur que ce soit une solution envisageable, dit Ariel.

Elle l’était certainement pour certaines personnes. Pas pour toutes. Pas pour lui.

— Mais je ne pense pas qu’elle fonctionne pour tout le monde. Parfois, vaincre une peur n’est pas suffisant. Mettre le doigt sur cette peur l’est encore moins.

Ses idées dansaient dans son cerveau. Ariel avait du mal à les trier, les hiérarchiser et les exprimer correctement. Il avait vraiment envie que Joris comprenne son problème, à lui. Qu’en tant que personne angoissée également, il s’intéresse à Ariel. Ce besoin d’intention e fit si vif, si démentiellement puissant, qu’il en déstabilisa le jeune garçon.

— Dans mon cas, continua-t-il lentement, formant ses phrases à mesure que les idées affluaient, je ne pense pas qu’on puisse parler de peur unique ou de situation stressante. Du coup c’est difficile pour moi de me retrouver complètement dans ce que tu me dis. Je pense - j’aimerais - que ton hypothèse fonctionne dans la majorité des cas mais j’ai l’impression que… que c’est insuffisant, je crois. Partiel ?

Il s’interrompit une seconde, précisa :

— C’est difficile à expliquer correctement mais même si je n’arrive jamais à saisir la teneur de l’angoisse quand elle me prend, j’ai l’impression que la cause n’est jamais la même. Parfois ça me concerne directement et c’est comme si ça se déchirait à l’intérieur. (Il désigna vaguement l’ensemble de son corps, comme pour illustrer ses propos.) Parfois je sens vaguement que ça a un rapport avec l’extérieur, le monde, les gens. Mes parents, surtout : je sens un malaise quand j’y pense.

Ariel plissa les yeux en direction de Joris. Il avait l’impression d’être très obscur dans ce qu’il disait. Incompréhensible. Ses omoplates se contractèrent imperceptiblement et son souffle se raccourcit. L’imprécision de ses arguments l’angoissait - décidément.

Il saisit un coin du draps immaculé, le fit rouler entre ses doigt. Le bruissement muet du tissu l’apaisa un peu.

— Je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire, acheva-t-il. Je n’en ai jamais parlé avec personne. Je ne sais pas si ça fonctionne comme ça chez tout le monde mais en tout cas, chez moi… enfin, ça s’en rapproche.
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Dim 29 Nov 2020 - 19:14
Pour un calme retrouvéAriel & Joris
Il était optimiste. C'était ce qui faisait une de ses plus grandes forces, d'après sa mère. Cette envie de croire au soleil après la pluie. À des jours meilleurs après une tragédie. Envie de croire qu'on pouvait faire évoluer le monde si on s'en donnait les moyens. De croire que rien n'était encore perdue, tant qu'on ne se battait pas jusqu'à la fin. De croire qu'il y avait encore tant de chemins merveilleux à emprunter. Ou de croire qu'une solution à chaque problème pouvait être apporté. Il se berçait peut-être de douces illusions. Mais il ne se voyait pas vivre dans un monde sans espoir. Il ne se voyait pas vivre dans un monde seulement fait de noir. Il en voyait déjà suffisamment la nuit, dans ses cauchemars aux allures de vieux films sans couleurs. Alors oui, il y croyait avec ferveur. Il voulait croire que les crises n'était pas une fatalité, qu'elles avaient leurs raisons et qu'on pouvait, à défaut de s'en débarrasser, au moins les atténuer. Alors, s'il pouvait transmettre un peu de son optimisme, il le faisait.

Il ne pouvait pas juger Ariel pour ces crises que lui-même connaissait. Il comprenait, justement parce que lui aussi les vivait. C'était probablement ce qui faisait la différence. Du moins, ça pouvait avoir son importance. Et de manière générale, il n'aimait pas juger les gens sans savoir. Entre l'avis qu'on se faisait d'une personne et la réalité, il pouvait y avoir une grosse marge. Une personne qui ne souffrait pas de crise d'angoisse ne pouvait pas totalement comprendre. À la limite, elle pouvait compatir, essayer de l'aider, de la calmer, de l'écouter, de la rassurer pour faire cesser la crise. Mais sans totalement comprendre. D'ailleurs, certains ne cherchait même pas, ou pensaient qu'ils le faisaient exprès. Mais Joris avait appris à ne plus se soucier de ces derniers.

Il vivait avec ses crises depuis trop longtemps pour continuer à en avoir honte. Il ne voulait pas y rajouter le stress supplémentaire du regard des autres. Alors, il avait tendance à en parler comme si c'était normal. Après tout, elles faisaient un peu partit de lui depuis le temps. Et accepter d'en parler lui permettait de dédramatiser la situation, en attendant de trouver une solution pour les atténuer, voir s'en débarrasser. C'est ce qui justifiait qu'il avait expliqué sa théorie à Ariel. Dans sa volonté de s'affranchir de ce problème, il avait fait quelques recherches dans les rares livres qu'il avait pu trouver sur le sujet. Mais il était conscient que ce n'était clairement pas suffisant pour venir à bout du problème. Il le reconnaissait lui-même, conscient de ne pas être un spécialiste en la matière. Parce que chaque cas était différent, que chaque crise n'avait pas la même explication. Et sans forcement le savoir, Ariel allait lui apporter une piste de réflexion supplémentaire.

« Si on te présentait cette théorie comme réalisable, tu en penserais quoi ? » Lui avait-il demandé.

Il était curieux de savoir ce qu'une autre personne, de plus souffrant des même crises, pouvait penser de sa théorie actuelle. Parce qu'elle n'était pas parfaite, qu'il y manquait sûrement pleins de paramètres, et que si ça pouvait aider à faire avancer les choses en se posant les bonnes questions, c'était toujours un plus pour chacun.

« J’aimerais de tout cœur que ce soit une solution envisageable. » Lui avait d'abord répondu Ariel. « Mais je ne pense pas qu’elle fonctionne pour tout le monde. Parfois, vaincre une peur n’est pas suffisant. Mettre le doigt sur cette peur l’est encore moins. »

De ce point de vue, le plus jeune marquait un point important. Pour vaincre une peur, encore fallait-il l'identifier, ce qui n'était pas d'une grande évidence. Pour le reste, Joris était curieux de comprendre ce que le Serdaigle entendait par le fait que la peur n'était pas le seul paramètre en jeux. Il acceptait d'y croire, de douter de ses propres arguments, mais n'avait pas encore su trouver d'autres explications qui lui semblaient plausibles. Alors, il avait laissé Ariel continuer sur sa lancée, pour comprendre son point de vue.

« Dans mon cas, je ne pense pas qu’on puisse parler de peur unique ou de situation stressante. Du coup c’est difficile pour moi de me retrouver complètement dans ce que tu me dis. Je pense - j’aimerais - que ton hypothèse fonctionne dans la majorité des cas mais j’ai l’impression que… que c’est insuffisant, je crois. Partiel ? »

Bien qu'il ne voyait pas encore totalement où son cadet voulait en venir, le brun commençait à imbriquer la possible idée d'un nouvel élément pouvant être à la fois complémentaire sans l'être. En tout cas, quelque chose d'autres, ce qu'Ariel n'avait pas tardé à préciser.

« C’est difficile à expliquer correctement mais même si je n’arrive jamais à saisir la teneur de l’angoisse quand elle me prend, j’ai l’impression que la cause n’est jamais la même. Parfois ça me concerne directement et c’est comme si ça se déchirait à l’intérieur. Parfois je sens vaguement que ça a un rapport avec l’extérieur, le monde, les gens. Mes parents, surtout : je sens un malaise quand j’y pense. »

Sans un mot encore pour le moment, le tatoué essayait de s'imprégner de l'idée qui se cachait dans le développement de son camarade. Bien que ça pouvait sembler vague, ça ne dérangeait pas vraiment le jaune et noir qui, familié avec la divination, était habitué à ce que tout ne soit pas toujours exprimé clairement par manque de comparaison ou de vocabulaire. Il n'y avait pas de mot ou d'expression pour tout, c'était un fait, et les maux de l'esprit avaient souvent tendance à être confus, ce qui n'était pas d'une grande aide. Néanmoins, le plus âgé avait retenu notamment un mot exprimé par Ariel vers la fin de son explication. Un mot qui, sans résumer l'idée, pouvait apporter une piste de réflexion supplémentaire selon lui.

« Je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire. Je n’en ai jamais parlé avec personne. Je ne sais pas si ça fonctionne comme ça chez tout le monde mais en tout cas, chez moi… enfin, ça s’en rapproche. »

Prenant un moment pour remettre ses idées en place avec les éléments apporté par Ariel, Joris développait mentalement une nouvelle vision du problème pouvant faire surgir les crises. Un quelque chose qui n'avait peut-être pas encore de vocabulaire pour le définir. Du moins, un vocabulaire qui ne leur était peut-être pas encore connu. C'était flou, mais l'idée y était.

« Je pense que je perçois l'idée. Quelque chose de différent de la peur, sans forcement de lien... » Du moins, s'il avait bien compris les paroles du bleu et bronze. « Tu parlais notamment de malaise. Est ce que ce serait quelque chose comme ça, ou encore différent ? »

Le malaise n'était pas vraiment de la peur, mais s'il activait les mêmes mécanismes capable de déclencher une crise, ça pouvait être une piste à exploiter. Les idées les plus difficiles à exprimer étaient également celle pouvant être les plus difficiles à comprendre.

« Je comprends que ce soit difficile d'en parler. Ce n'est pas un sujet évident à évoqué quand toi – même à du mal à comprendre d'où ça viens, ou du mal à poser des mots dessus. Alors l'expliquer aux autres, c'est compliqué. Et le fait qu'ils ne le vivent pas n'aide pas vraiment non plus à la compréhension. »

Et c'était souvent frustrant de se sentir incompris. De savoir que quelque chose n'allait pas, mais qu'on ne pouvait pas l'expliquer. Joris le concevait pleinement, et c'était peut-être aussi en partie pour ça qu'il acceptait d'en parler si facilement. Pour essayer de trouver des mots qui pourraient définir toutes ces choses compliquées à exprimer. Pour poser des termes sur l'inconnu et mieux l’appréhender. Tout ça pour espérer trouver une solution à ce problème.

Une comparaison lui venait en tête. C'était un peu bancal peut-être, mais lui y voyait un lien.

« Je ne sais pas si on peut vraiment faire de comparaison, mais ça me fait penser à la divination. C'est souvent une matière qu'on ne comprend pas, parce qu'il y a des choses qu'on n'arrive pas à définir avec des mots précis, ou qui sont un peu vague à interpréter. Pourtant, je trouve que c'est une matière fascinante, justement parce qu'on ne saisit pas tout et que ça interroge. »

Il allait continuer, mais avait préféré se taire. Il venait de se rendre compte qu'il s'écartait de la discussion initiale, de plus vers un sujet qui n’intéressait probablement que lui. Après un sourire confus, il avait repris la parole.

« Mais c'était pas vraiment le sujet. Désolé de la digression, le moment n'est pas forcement bien choisit pour faire référence aux cours. »  
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Joris de Beauvoir
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Ven 15 Jan 2021 - 14:31
Pour un calme retrouvé

ft. Joris de Beauvoir

À mesure que ses idées se formalisaient, qu'elles s'organisaient et qu'elles passaient le barrage de sa bouche, Ariel prit conscience d'une chose importante : il n'avait jamais poussé la réflexion aussi loin. Il n'avait jamais fait l'effort de s'intéresser autant à son angoisse. Il n'avait jamais pris le temps de se poser, droit, immobile, conscient de tout son être et de l'extérieur qui l'entourait, pour analyser chacune de ses sensations.

C'était un peu désarçonnant que d'entreprendre ce travail en présence d'un tiers, mais pas plus que de lire une dissertation devant sa classe.

Il se mettait à nu, certes, mais devant quelqu'un qui vivait les mêmes troubles que lui. Exactement comme lors d'un travail où ses vis-à-vis avaient dû réfléchir aux mêmes sujets que lui.

Ariel prit conscience qu'il effectuait un travail qu'il aurait dû faire seul, de lui-même : se pencher sur ses sensations profondes, aller au-delà des sentiments de peur et d'angoisse qui le paralysaient. S'intéresser aux causes de leur existence mêmes. Inspecter l'intérieur de son cerveau, de son cœur et en tirer des conclusions qui l'aideraient à mieux appréhender ses problèmes plus tard.

Le jeune garçon observa Joris. C'était nouveau, pour lui. Il avait tellement peur de ses crises d'angoisse qu'il s'en tenait éloigné le plus possible. Et quand elles se manifestaient, monstres implacables dénués de pitié, il s'enfuyait dès qu'il le pouvait, sans regard en arrière, sans tenter de parlementer avant qu'elles ne le terrassent.

Joris avait-il fait ce même travail, plus tôt dans son cheminement ? Tirait-il des conclusions similaires à l'heure actuelle ? Ou était-il parvenu à se comprendre il y a des mois, des années ?

Un vertige emprisonna Ariel ; il se sentit perdu devant l'immensité de la tâche à accomplir. Il avait toujours perçu ses crises comme une fatalité, comme quelque chose avec laquelle il devrait vivre pour le restant de ses jours.

Jamais, ô grand jamais, comme une opportunité de devenir plus fort et de mieux se connaître.

— Je pense que je perçois l'idée, fit Joris en réponse à ses précédentes hypothèses. Quelque chose de différent de la peur, sans forcément de lien... Tu parlais notamment de malaise. Est-ce que ce serait quelque chose comme ça, ou encore différent ?

Le Poufsouffle faisait de son mieux pour le comprendre, pour essayer de saisir les directions confuses que prenaient ses paroles. Ariel aurait voulu lui dire que lui-même n'était pas très sûr de ce qu'il avançait, mais il n'osa pas. À la place, il tenta de répondre, élaborant ses idées au moment où elles prenaient forme dans sa bouche – encore une fois.

— Pas ce genre de malaise, corrigea le garçonnet. Pas ce malaise qu'on ressent quand on est face à quelqu'un à qui on n'a rien à dire, ou qu'on doit réciter une poésie qu'on ne connaît pas devant son professeur. Plutôt... un sentiment global.

Il tordit ses doigts, mordit ses lèvres. Modula chaque mot avant d'oser les prononcer.

— C'est une sensation qui ne me quitte presque jamais, en fait. Un genre de nœud dans l'estomac, de boule au cœur et de bonde dans le cerveau. C'est si présent qu'on ne peut pas qualifier ça de peur : je ne crains rien de particulier. C'est une sensation diffuse que je suis incapable d'expliquer, ni aux autres ni à moi-même. Je ne sais pas d'où ça vient, comment ça vient.

Il se remémora les prémices d'une crise d'angoisse. La sensation prenait peu à peu toute la place dans son corps, figeait le moindre de ses mouvements, déformait la moindre de ses pensées. Un facteur la faisait grossir, comme une entité qui se nourrissait de quelque chose d'immatériel et qui devenait plus forte, plus effrayante, plus dangereuse.

À ce moment-là seulement, la chose se parait des couleurs de l'angoisse ou de la peur. À ce moment-là seulement les symptômes apparaissaient : le souffle court, le besoin d'être seul, la nécessité de crier et de pleurer.

— La peur arrive après, se contenta-t-il d'expliquer. Au moment de la crise. Avant, habituellement, c'est juste une sensation bizarre... D'étouffer, ou au contraire de ne pas trouver ma place dans l'espace trop grand qui m'est donné. Je ne sais pas.

Je suis perdu, pensa-t-il alors – une impression qu'il avait si souvent qu'il s'y était habitué.

Il avait longtemps pensé que ces états d'esprit étaient partagés par tout le monde – adultes, enfants, vieillards -, mais force était de constater que ce n'était pas le cas. La solitude qui l'avait écrasé quand il avait compris cela était intolérable. Plus terrifiante encore que la chose qui sommeillait en lui.

Joris dut percevoir sa réserve à aborder ce sujet là puisqu'il enchaîna :

— Je comprends que ce soit difficile d'en parler. Ce n'est pas un sujet évident à évoquer quand toi-même as du mal à comprendre d'où ça vient, ou du mal à poser des mots dessus. Alors l'expliquer aux autres, c'est compliqué. Et le fait qu'ils ne le vivent pas n'aide pas non plus à la compréhension.

Ariel acquiesça : les mots de l'adolescent collaient parfaitement à la situation. Peur du jugement, peur qu'on ne le comprenne pas. Fatigue de se répéter des dizaines et des dizaines de fois, souvent aux mêmes personnes qui ne parvenaient pas à se figurer la situation – ou qui ne faisait pas l'effort. Lassitude d'essayer, de ne pas réussir, et de se sentir toujours plus isolé. Abattement devant ses démons qui prenaient toujours plus de place, toujours plus d'énergie et qui ne se satisfaisaient plus de son lui intérieur : il leur fallait sa vie, ses nuits et ses journées.

De vraies sangsues.

Sans pitié. Sans traité de paix. Sans possibilité de pactiser.

Il l'aurait fait sans hésitation.

— Je ne sais pas si on peut vraiment faire la comparaison, reprit Joris, mais ça me fait penser à la divination.

Ariel haussa un sourcil, dubitatif. Le changement de sujet le déstabilisa.

— C'est souvent une matière qu'on ne comprend pas, parce qu'il y a des choses qu'on n'arrive pas à définir avec des mots précis, ou qui sont un peu vagues à interpréter. Pourtant, je trouve que c'est une matière fascinante, justement parce qu'on ne saisit pas tout et que ça interroge.

Le Serdaigle dodelina la tête, incertain de la réponse à apporter. Il comprenait le parallèle... plus ou moins. Voulait-il dire par là que l'angoisse était intéressante à observer d'un œil extérieur ? Qu'elle méritait qu'on s'y penche car elle répondait à des mécanismes inconnus, nébuleux et propres à chacun ? Qu'Ariel et lui s'approchaient, finalement, d'un genre de cobaye à étudier ?

Il en doutait. La bienveillance de Joris ne semblait pas déboucher à ces conclusions.

— Je ne suis pas sûr...

— Mais c'était pas vraiment le sujet. Désolé de la digression, le moment n'est pas forcément bien choisi pour faire référence aux cours.

— Je ne...

Mrs Pomfresh le tira de l'embarras en déboulant comme une furie. Son dynamisme jurait avec la langueur de leur conversation, si profonde qu'il était indécent d'aller trop vite.

— Comment vous portez-vous, messieurs ?

— Bien, répondit Ariel par automatisme, même s'il n'était pas sûr que ce soit la bonne réponse.

Le sentiment d'oppression était encore là, niché au fond de son cœur. Il ne savait pas trop si ses investigations mentales le nourrissaient ou le tenaient éloigné.

L'infirmière s'activa du côté de Joris, vérifia que leurs potions revigorantes avaient été bues et déclara :

— Vous restez ici autant de temps que vous l'estimez nécessaire. Vous prendrez votre dîner dans la Grande Salle, par contre : je ne veux pas de vous ici ce soir. Vous avez besoin de retrouver vos camarades. Tous les deux, insista-t-elle alors qu'Ariel ouvrait la bouche.

Il aurait voulu s'isoler pour le restant de ses jours. Son cerveau tournait à plein régime et il n'était pas sûr de pouvoir supporter la présence bruyante de ses compagnons de chambrée.

Le jeune adolescent préféra reprendre la conversation là où ils l'avaient laissée, ignorant les tremblements qui l'avaient repris et la perspective de devoir rapporter à ses amis ce qu'il s'était passé – ils le sauraient, mais Ariel ne désirait pas répondre à leurs questions inquiètes.

Il espéra que Joris ne remarquerait pas l'état dans lequel l'intervention de Pomfresh l'avait mis. Il s'enroula dans sa couverture, les mains dissimulées dans les plis du drap.

— Pour revenir à ton histoire de divination, je ne suis pas sûr de bien comprendre. Tu dis que... Pour toi, l'angoisse et ce qui s'en rapproche seraient quelque chose de fascinant ? Qu'on devrait avoir envie... d'étudier plutôt que craindre ?, demanda-t-il, accentuant son scepticisme sur le mot étudier.

Mais maintenant qu'il en parlait, peut-être qu'Ariel pouvait le comprendre. Que le phénomène soit intéressant à observer, qu'on veuille l'analyser plutôt que de s'y soumettre. Qu'il fasse le parallèle avec quelque chose qui le passionnait – ça rendait sans doute l'affaire moins effrayante, aux yeux du jeune homme.

Joris était sujet aux crises d'angoisse ; le fait qu'il veuille se les approprier, qu'il y réfléchisse autant en tentant d'en identifier les tenants et les aboutissants, forçait l'admiration d'Ariel. C'était exactement le genre de comportement qu'il avait face à la majorité des autres domaines – sauf que là, son affect était trop en jeu et prenait le pas sur sa raison.

Bien sûr, tout cela n'était qu'une interprétation des ce qu'avait dit le Poufsouffle – peut-être faisait-il mauvaise route. Mais c'était une interprétation qui commençait à lui plaire.
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Mer 17 Fév 2021 - 21:53
Joris de Beauvoir a écrit:
Pour un calme retrouvéAriel & Joris
Il n'était pas sûr de se souvenir de la façon dont ça avait commencé, cette réflexion sur lui-même et sur ses crises. Probablement comme pour tout le reste : sa trop grande curiosité naturelle le forçant à s'interroger sur cette chose qu'il ne maîtrisait pas. Il aurait pu simplement l'ignorer, vouloir l'oublier pour ne plus y penser, et enterrer chacune de ses crises comme un mauvais souvenir. C'était ce qu'il avait tenté de faire lorsqu'il était plus jeune. Mais il avait dû se rendre à l'évidence, au bout d'un moment, qu'il ne pourrait pas le faire éternellement. Que ce n'était pas qu'un état passager dont il pouvait se débarrasser aussi aisément qu'il l'aurait voulu. Ça avait dû suffisamment l'intriguer pour vouloir savoir d'où ça venait, pourquoi ça intervenait. Comment ça fonctionnait, tout simplement. Pour trouver un moyen de ne plus le subir. Tout du moins, pour réduire les crises et mieux les gérer. Il l'espérait sincèrement.

Jusqu'à maintenant, il n'avait encore croisé personne ayant aussi ce genre de crises. Du moins, il n'en avait pas souvenir. Il pensait que c'était une bonne chose, car il ne les souhaitait à personne. Néanmoins, discuter avec quelqu'un ayant le même genre de soucis lui apparaissait comme bénéfique, d'une certaine façon. Ça ouvrait la voie à une nouvelle réflexion, une façon de voir les choses sous un angle différent, d'envisager d'autres hypothèses auxquelles il n'aurait probablement pas penser tout seul. Tout un tas d'autres éléments de réflexion, et tout un tas d'autres mystères à élucider.

Soucieux de vouloir comprendre au mieux ce que son camarade lui expliquait avec ses mots, il interrogeait les éléments qui lui était donné, comme diverses pistes de réflexions pouvant expliquer tout et son contraire.

« Tu parlais notamment de malaise. Est-ce que ce serait quelque chose comme ça, ou encore différent ? » Lui avait-il demandé, curieux de comprendre ce que son vis-à-vis cachait derrière ce mot.

« Pas ce genre de malaise, avait précisé Ariel. Pas ce malaise qu'on ressent quand on est face à quelqu'un à qui on n'a rien à dire, ou qu'on doit réciter une poésie qu'on ne connaît pas devant son professeur. Plutôt... un sentiment global. »

L'explication était encore vague. Mais, parallèlement, elle semblait commencer à prendre forme. Du moins, Joris avait l'impression que quelque chose prenait doucement forme, même si ce n'était pas encore parfait. Intrigué, et réellement intéressé, il avait laissé son camarade continuer sur sa lancée, pour être sûr de saisir au mieux toute l'idée.

« C'est une sensation qui ne me quitte presque jamais, en fait. Un genre de nœud dans l'estomac, de boule au cœur et de bonde dans le cerveau. C'est si présent qu'on ne peut pas qualifier ça de peur : je ne crains rien de particulier. C'est une sensation diffuse que je suis incapable d'expliquer, ni aux autres ni à moi-même. Je ne sais pas d'où ça vient, comment ça vient. La peur arrive après. Au moment de la crise. Avant, habituellement, c'est juste une sensation bizarre... D'étouffer, ou au contraire de ne pas trouver ma place dans l'espace trop grand qui m'est donné. Je ne sais pas. »

« Comme si tu étais coincé dans quelque chose d'inconfortable ? Dans quelque chose qui ne te conviens pas, et dont tu n'aurais pas forcement conscience ? » Avait tenté Joris pour se représenter l'idée.

Une gêne inconsciente que le bleu et bronze ne comprenait pas. Joris se disait que ça pouvait expliquer le fait que la peur n'arrive qu'après. Parfois, ne pas comprendre pouvait être frustrant, et quand c'était persistant, Joris voulait bien croire que cela effrayait.

Peut – être qu'il faisait totalement fausse route. C'était un risque. Mais si ça pouvait permettre à Ariel de se poser les bonnes questions, de comprendre certaines choses pouvant expliquer ses crises, si ça pouvait l'aider à mettre des mots sur ce qu'il n'arrivait pas à identifier, ça en valait peut-être la peine. Sans le savoir, ils apprendraient sans doute beaucoup de l'expérience de l'autre.

Puis, sans prévenir, le jaune et noir avait abordé sa comparaison avec la divination, matière plus qu’intéressante de son point de vue. Il était comme ça Joris. Il ne prenait pas toujours la peine de s’embarrasser de transitions parfois inutiles. Pourquoi faire ? Tant que l'idée était là, il l'exprimait, et tant pis pour le reste. Ceux qui ne le connaissaient pas pouvaient en être surpris, voir déroutés. Et ceux qui le connaissaient n'y faisaient généralement pas attention, pour la plupart. Mais, se rendant compte que ça n'avait peut-être pas beaucoup de sens aux yeux de l'Aiglon et que le moment n'était peut-être pas bien choisit pour ce genre de digression, il s'en était excusé.

Son vis-à-vis allait répliquer, quand l'intervention de l'infirmière l'avait coupé dans son élan.

« Comment vous portez-vous, messieurs ? »

« Bien. » Avait simplement répondu le plus jeune.

Joris s'était contenté d'un signe affirmatif de la tête, alors que l'infirmière s'activait de son côté. Elle connaissait sa situation depuis le temps, pas besoin de se répéter. Une présence qui devenait trop habituelle. Et bien que cela fasse partie de son métier d'infirmière de s'occuper de la bonne santé de tous, Joris se disait qu'elle avait peut-être marre de le voir aussi souvent dans les lieux, qu'importait la raison. Il ne le saurait jamais.

« Vous restez ici autant de temps que vous l'estimez nécessaire. Vous prendrez votre dîner dans la Grande Salle, par contre : je ne veux pas de vous ici ce soir. Vous avez besoin de retrouver vos camarades. Tous les deux. »

Il n'avait pas cherché à contredire la dame, se contentant d'approuver d'un signe de tête pour montrer que le message était passé. De toute façon, s'il ne rejoignait pas de lui-même la Grande Salle, il savait qu'un de ses jumeaux (voir les deux) risquait de débarquer pour l'y emmener. Il trouverait le contraire étonnant, les connaissant. Eux ou Mika, voir Élise ou Jessica. Rien ne l'étonnerait.

L'infirmière était ensuite repartie à ses occupations, laissant de nouveaux les adolescents à leur conversation. Loin de vouloir penser à plus tard pour le moment, Joris avait de nouveau porté son attention sur Ariel, alors que celui-ci reprenait la parole. S'il avait remarqué l'état d'Ariel suite à l'intervention de la femme, il n'avait rien dit, le laissant retourner sur le terrain de leur précédente conversation.

« Pour revenir à ton histoire de divination, je ne suis pas sûr de bien comprendre. Tu dis que... Pour toi, l'angoisse et ce qui s'en rapproche seraient quelque chose de fascinant ? Qu'on devrait avoir envie... d'étudier plutôt que craindre ? »

Il réfléchit quelques instants aux questions d'Ariel, pour essayer de répondre au mieux à ses interrogations. Dans l'idée, le plus jeune avait plutôt bien compris le concept, mais les termes n'étaient pas forcement ceux que le plus âgé aurait choisit.

« Je ne l'aurais pas dit de cette façon, mais je pense que tu as l'idée générale. Je pense que ça mérite qu'on s'y intéresse, justement parce que c'est inconnu, que mettre des mots dessus est compliqué, et que c'est peut-être aussi ça qui effraie. »

Parce que c'était inconnu, beaucoup ne voulaient pas s'y aventurer et préféraient rester ancrer dans des concepts déjà connus, plus rassurants. Pourtant, ça ne marchait pas tout le temps, ni pour tout le monde.

« Je me dis que si tu mets des mots sur ce que tu ne connais pas, si tu te l'appropries au lieu de le rejeter, ça paraît moins effrayant. Tu peux le qualifier, et chercher à comprendre pourquoi c'est là. Tu peux plus facilement l'expliquer aux autres, mais surtout à toi-même. Peut - être que je fais fausse route, mais c'est ce que je pense pour le moment. »

Un peu comme un explorateur qui découvre le monde, qui va vers l'inconnu et revient chez lui pour faire l'état de ses découvertes. Joris aimait se dire que tout ce qui faisait les savoirs de leur époque venait de tous ces gens qui, un jour, avaient plongé dans l'inconnu et s'était questionné. Les échelles de découvertes étaient différentes, certes, mais c'était comme ça que le monde avançait et évoluait, selon lui.

« Puis, à défaut de tout résoudre, je me dis que ça peut au moins permettre de mieux se connaître soi-même. En premier lieu de savoir ce qui te fait peur, ce qui te rend heureux, ce que tu aimes ou non, tes capacités et tes limites, ce genre de chose. Et parfois, tu découvres des choses auxquelles tu n'aurais probablement jamais pensé avant, par exemple certains goûts qui ont changé, que ce soit vestimentaire, alimentaire, ou tant d'autre encore. Il y a peut-être des choses où tu vas te demander si c'est normal. »

À cette remarque, il avait haussé les épaules et avait eu un sourire amusé.

« Mais au fond, c'est quoi la normalité ? »
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Joris de Beauvoir
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Joris de Beauvoir
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Lun 22 Mar 2021 - 23:31
Pour un calme retrouvé

ft. Joris de Beauvoir

— Comme si tu étais coincé dans quelque chose d'inconfortable ?, demanda encore Joris. Dans quelque chose qui ne te convient pas, et dont tu n'aurais pas forcément conscience ?

Distraitement, Ariel dodelina de la tête. Oui, c'était exactement ça. Ce Poufsouffle qu'il connaissait à peine venait de mettre des mots sur la sensation qui l'assaillait depuis tout jeune et qu'il n'avait jamais vraiment formalisé. Étonnant, venant de lui – sans doute. Mais pendant toutes ces années, au cours de toutes ces retraites méditatives que personne ne comprenait et toutes ces remises en question qu'il peinait à expliquait, il s'était concentré sur les conséquences et pas sur cette impression étrange.

De l'étouffement, de l'oppression, quelque chose qu'il ne savait pas décrire, qu'il ne cherchait pas à décrire, mais qui régissait sa vie depuis toujours.

— Depuis mes huit ans, par là, précisa l'adolescent.

Il haussa les épaules. Tout ce temps passé dans un flou artistique avait rendu les choses plus normales ; peut-être que s'il n'y réfléchissait pas, c'était parce que c'était son quotidien. Qu'il n'admettait rien d'autre et que le fait que ses congénères vivent autrement lui échappait. Le lien entre ce sentiment et ses crises d'angoisse était finalement si impalpable, si peu concret, qu'Ariel ne s'y était jamais attardé.

En prenant de leurs nouvelles, l'infirmière interrompit leur conversation et remit à plat le fil des pensées d'Ariel. Il sentait qu'il s'embrouillait, qu'il assimilait trop d'informations d'un coup. Ses analyses n'avaient jamais été aussi poussées – pas sous cet angle-là. Il avait auparavant exploré de nombreux possibles, de nombreux questionnements, mais ceux qu'ils touchaient du doigt ce jour-là lui faisaient d'ordinaire trop peur pour qu'il ne s'y risque tout seul. Et qui, dans son entourage, pouvait l'accompagner dans ce cheminement ? Qui était capable de lui montrer la route et de pointer du doigt les panneaux de direction ?

Joris de Beauvoir s'avérait être un mentor idéal.

Le départ de Mrs Pomfresh lui laissa une boule désagréable dans la gorge. À l'infirmerie, confortablement calé dans ce lit isolé du reste de Poudlard, plongé dans une conversation lente et, malgré les sujets abordés, sans trop de risques apparents, Ariel se sentait coupé du monde. Dans un cocon aux contours adaptés à sa personne, aux règles définies pour lui. Il ne voulait pas y retourner, il ne voulait pas se confronter à nouveau à la foule froide et aux mœurs hostiles.

Le choc serait brutal. Sa conscience s'écraserait sur un mur de briques impersonnel et l'anxiété reprendrait, vieille amie coutumière. Elle s'amuserait à le harceler à nouveau, à le suivre où qu'il aille et à le lapider de questions sans réponses.

Il se mordit les lèvres, se força à reprendre conversation où ils l'avaient laissé. Conversation qui agissait comme un baume éphémère – ou peut-être qu'il laisserait quelques traces, finalement.

— Pour toi, l'angoisse et ce qui s'en rapproche seraient quelque chose de fascinant ?, voulut vérifier Ariel – l'idée même lui paraissait saugrenu, mais tout ce qu'ils se racontaient depuis près d'une heure l'était plus ou moins, en tout cas dans ses critères. Qu'on devrait avoir envie... d'étudier plutôt que de craindre ?

Le jeune adolescent observa Joris se concentrer. La sagesse qui s'en dégageait était admirable. Comme un aimant qu'on ne saurait éviter, un aimant bienfaisant quoiqu'un peu perfide car indétectable. Une mouche fascinée par la lumière, songea Ariel en se comparant.

— Je ne l'aurais pas dit de cette façon, admit Joris, mais tu as l'idée générale. Je pense que ça mérite qu'on s'y intéresse, justement parce que c'est inconnu, que mettre des mots dessus est compliqué, et que c'est peut-être aussi ça qui effraie.

— Je vois, murmura le Serdaigle.

Après tout, c'était le principe même de la recherche : s'intéresser à des notions auxquelles personne ne s'était intéressé auparavant et les creuser jusqu'à en extraire quelque chose. En ce qui concernait l'angoisse, Ariel aurait parié que la bibliothèque contenait un ou deux ouvrages sur le sujet, mais il n'avait jamais eu la curiosité, ou jamais assumé d'avoir la curiosité, d'aller les consulter.

Peut-être que cette conversation serait le déclic de quelque chose de plus grand. Peut-être qu'après elle, Ariel aurait enfin le courage d'explorer complètement cette partie de lui-même.

Ou peut-être pas.

La lassitude et la peur faisaient trop partie de son quotidien pour qu'il n'ignore qu'elles seraient des freins à ce projet. D'avance, il pouvait prévoir qu'elles s'imposeraient comme des barrières infranchissables et qu'elles martèleraient à coups de massues immatérielles ses résolutions toutes neuves.

Joris reprit :

— Je me dis que si tu mets des mots sur ce que tu ne connais pas, si tu te l'appropries au lieu de le rejeter, ça paraît moins effrayant. Tu peux le qualifier, et chercher à comprendre pourquoi c'est là. Tu peux plus facilement l'expliquer aux autres, mais surtout à toi-même. Peut-être que tu fais fausse route, mais c'est ce que je pense pour le moment.

— Il doit y avoir une grande part de vrai dans ce que tu dis, réfléchit tout haut le violet. On observe ça dans plein de situations très variées, pas que pour l'angoisse. Regarde : les parents d'un Né-Moldu dont les pouvoirs leur sont expliqués sont forcément rassurés quant aux phénomènes que leur enfant provoque. Bon, bien sûr, il y aura toujours les parents étroits d'esprits, qui rejetteront complètement l'existence d'un monde qu'ils ne comprennent pas, mais la plupart sont sans doute soulagés au possible en comprenant le pourquoi du comment.

Il s'interrompit, ajouta :

— Et puis, ceux qui n'acceptent pas la situation le font souvent car ils ne comprennent pas les enjeux du Monde Magique. Ils ont peur de nos pouvoirs, ils ont peur de ce que nous sommes. De ce que leur enfant est.

Ariel eut un sourire gêné, comme s'il n'assumait pas complètement ses propres mots :

— C'est compréhensible, je trouve. Au final, c'est le fait qu'on ne comprenne pas qui engendre la peur. C'est ça le nœud du problème. L'angoisse et les conséquences en ajoutent une couche, mais si on avait moins peur, si on connaissait mieux tout ça, ça irait mieux. C'est un peu trivial comme comparaison, désolé.

Il haussa les épaules, comme pour signifier que son intervention ne nécessitait pas de réponse. Il avait ressenti le besoin de clarifier par des mots à lui ce qu'il avait compris du discours de Joris ; car s'il se retrouvait dans la plupart des mots que son aîné prononçait, le besoin de l'ancrer dans la réalité restait présent.

Peut-être que c'était ainsi que se manifestait leur différence d'âge. Joris était plus sage, Ariel avait besoin de davantage de repères pour se situer dans leur conversation.

— Puis, continua le jaune et noir, à défaut de tout résoudre, je me dis que ça peut au moins permettre de mieux se connaître soi-même. En premier lieu de savoir ce qui te fait peur, ce qui te rend heureux, ce que tu aimes ou non, tes capacités et tes limites, ce genre de choses. Et parfois, tu découvres des choses auxquelles tu n'aurais probablement jamais pensé avant, par exemple certains goûts qui ont changé, que ce soit vestimentaires, alimentaires, ou tant d'autres encore.

Ariel fit rapidement l'inventaire de ce qui évoluait dans sa vie, dans ses goûts et dans ses comportements. Un élément sautait aux yeux : ses cheveux violets, qu'il convoitait depuis quelques mois sans jamais oser se l'avouer. S'il les assumait, c'était grâce à Jules ; peu de temps auparavant, cette perspective était inenvisageable dans son vocabulaire.

Et toute sa réflexion sur sa propre personne, l'inconfort qui le prenait souvent et qui le quittait rarement, toutes ces fois où il s'était demandé si c'était normal de penser ainsi et de ressentir ainsi...

Comme pour répondre à ses pensées, Joris compléta :

— Il y a peut-être des choses où tu vas te demander si c'est normal.

Il s'interrompit, et sourit tout à coup :

— Mais au fond, c'est quoi la normalité ?

Face à l'incongruité de la question, Ariel éclata de rire. Un rire franc qui s'envola dans la pièce immaculée, détendant l'atmosphère qui s'était alourdie sous le poids de leurs paroles. À mesure que les éclats de joie le secouaient, il se rendit compte qu'il ne riait pas assez et que ça faisait pourtant beaucoup de bien.

— Vous avez quatre heures, pas une minute de plus, répliqua en imitant leur professeur de Métamorphose. Et soignez bien votre conclusion.

Il s'enfonça dans ses coussins en tentant de contrôler la fin de son hilarité.

— Aucune idée de comment répondre à cette question, désolé. Je peux juste te dire que je pense sincèrement que personne n'est vraiment normal. Tout le monde à ce petit quelque chose de bizarre dans sa tête qui fait qu'il est anormal. Donc... la normalité n'existe pas.

Il s'interrompit, gloussa lorsqu'il se rendit compte qu'il partait dans l'élaboration orale d'une dissertation. Au programme : des explications bancales qu'il était sûr de ne pas pouvoir tenir. Son côté Serdaigle n'avait jamais paru si évident.

— Désolé. Pour le reste, je crois que je devrais sérieusement étudier ce que tu m'as dit. Du genre, aller à la bibliothèque et consulter des ouvrages de médicomages sans doute décédés à l'heure qu'il est. (Il prit une voix plus faible, moins assurée :) Peut-être qu'il est temps que j'arrête de laisser ça de côté et que je me décide enfin à m'y intéresser.

Gêné, il haussa les épaules et dévia son regard vers les autres lits de l'infirmerie. En passant sur la fenêtre, il fut surpris de voir que la lumière avait changé. S'était-il tant plongé que cela dans la conversation ?

Ariel se tordit les mains, signe évident de son malaise. Il sentait qu'il devait remercier le plus âgé, qu'il devait lui montrer que leur échange aurait un réel impact sur lui. Que, même s'il ne l'expliquait pas clairement, même si ce n'était que des sous-entendus et des attitudes, la présence de Joris était désormais le signe d'une présence bienveillante et rassurante.

Il n'avait jamais aimé les déclarations d'amour, encore moins quand il ne connaissait le destinataire que depuis quelques heures.

— En tout cas, désolé si ce que je t'ai raconté n'avait pas trop de sens, je ne sais moi-même pas trop ce que je disais la plupart du temps. Comme je te l'ai dit, j'ai pas l'habitude d'en parler...

Le courage retomba comme un soufflé, le manque de confiance en lui explosa. Irruption abrupte et attendue. Il n'avait rien dit – pas des remerciements, en tout cas – et à présent, il savait que rien de cet ordre ne sortirait. Une réserve mal venue, une timidité mal à propos. Une fierté mal placée, sans doute, aussi. Joris était d'une gentillesse confondante, d'une prévenance rare et d'une empathie précieuse, alors pourquoi ses blocages refusaient-ils de céder ?

Parce qu'il était un peu lâche, souffla une voix, et que malgré tout ce qu'il avait confié cet après-midi là, la pudeur et l'angoisse reprenaient naturellement la place qu'elle avait toujours occupée. Comme si elles ne l'avaient jamais quitté.

Ariel espéra très fort que Joris saurait lire entre les lignes.
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Lun 19 Avr 2021 - 18:56
Pour un calme retrouvéAriel & Joris
C'était intriguant de voir à quel point le fait de mettre des mots sur des choses pouvait aider à mieux les comprendre. Car c'était souvent le manque de vocabulaire qui empêchait de parler de certains sujets, alors devenu trop inconnus et trop effrayants pour qu'on veuille s'essayer à les comprendre. Pourtant, il fallait croire que ça ne démotivait pas suffisamment certains curieux de se poser des questions, et de plonger la tête la première dans des mystères encore inexplorés.

Un peu comme ce qu'essayait de faire Joris avec Ariel, dans le but de l'aider à comprendre le mystère des crises d’angoisse qui l'envahissait.

« Comme si tu étais coincé dans quelque chose d'inconfortable ? Dans quelque chose qui ne te conviens pas, et dont tu n'aurais pas forcément conscience ? »

Et, sans le savoir, il semblait s'approcher d'un semblant de réponse, bien qu'encore vague pour le moment, dans lequel le bleu et bronze avait l'air de se reconnaître.

« Depuis mes huit ans, par là. » Avait précisé le plus jeune.

Malgré le flou encore persistant, quelque chose semblait prendre forme. Un progrès qui ne pouvait être nié. En théorie, la démarche d'introspection pouvait sembler d'une simplicité déconcertante. Pourtant, en pratique, elle était moins évidente, et comprendre ce qui en ressortait n'était pas non plus d'une simplicité déconcertante. C'était ce que faisait que chaque petit pas avait son importance.

L'intervention de l'infirmière les avait quelque peu ramenés à la réalité, mettant une courte trêve à la discussion. Bientôt, ils devraient retrouver les autres. Mais pas tout de suite, pas encore. Ils avaient encore le temps. Joris avait pris goût à cette conversation qui lui offrait un point de vue nouveau. Et il espérait que son camarade aussi pourrait en tirer quelque chose de bénéfique.

« Pour toi, l'angoisse et ce qui s'en rapproche seraient quelque chose de fascinant ? Qu'on devrait avoir envie... d'étudier plutôt que de craindre ? »
« Je ne l'aurais pas dit de cette façon, mais tu as l'idée générale. Je pense que ça mérite qu'on s'y intéresse, justement parce que c'est inconnu, que mettre des mots dessus est compliqué, et que c'est peut-être aussi ça qui effraie. »
« Je vois. »

C'était un peu l'idée d'affronter l'inconnu en se jetant directement dedans, pour découvrir ce qui se cachait derrière. Ce qui n'était pas vraiment faux, mais il relativisait en se disant que, dans le contexte de la conversation, la seule chose qu'ils craignaient était de se découvrir eux même, de se connaître un peu plus.

Puis il avait repris, pour compléter ses propos précédents :

« Je me dis que si tu mets des mots sur ce que tu ne connais pas, si tu te l'appropries au lieu de le rejeter, ça paraît moins effrayant. Tu peux le qualifier, et chercher à comprendre pourquoi c'est là. Tu peux plus facilement l'expliquer aux autres, mais surtout à toi-même. Peut-être que je fais fausse route, mais c'est ce que je pense pour le moment. »

Il y avait une expression populaire sur le sujet. Le savoir c'est le pouvoir, parait-il. D'une certaine façon, ça paraissait assez vrai aux yeux de Joris. Connaître quelque chose donnait une certaine emprise dessus, parce qu'on le maîtrisait, qu'on connaissait les tenants des aboutissants. Ça avait quelque chose de rassurant, de savoir où on mettait les pieds.

« Il doit y avoir une grande part de vrai dans ce que tu dis. » Lui avait répondu Ariel, avant d'expliciter son propos. « On observe ça dans plein de situations très variées, pas que pour l'angoisse. Regarde : les parents d'un Né-Moldu dont les pouvoirs leur sont expliqués sont forcément rassurés quant aux phénomènes que leur enfant provoque. Bon, bien sûr, il y aura toujours les parents étroits d'esprits, qui rejetteront complètement l'existence d'un monde qu'ils ne comprennent pas, mais la plupart sont sans doute soulagés au possible en comprenant le pourquoi du comment. »

Alors qu'Ariel s'était interrompu un instant, Joris avait acquiescé de la tête pour approuver l'exemple. Puis son cadet avait enchaîné.

« Et puis, ceux qui n'acceptent pas la situation le font souvent car ils ne comprennent pas les enjeux du Monde Magique. Ils ont peur de nos pouvoirs, ils ont peur de ce que nous sommes. De ce que leur enfant est. »

Une vérité dont le brun ne doutait pas de l'existence, bien qu'il trouvait cela dommage. Toutefois, un point de vue qu'il comprenait. Car la magie, quand on n'y était pas familier depuis tout petit, ça pouvait faire un choc. C'était un nouveau monde à découvrir, de nouvelles coutumes, un mode de vie différent. Tant de choses qui bousculaient le quotidien.

« C'est compréhensible, je trouve. Au final, c'est le fait qu'on ne comprenne pas qui engendre la peur. C'est ça le nœud du problème. L'angoisse et les conséquences en ajoutent une couche, mais si on avait moins peur, si on connaissait mieux tout ça, ça irait mieux. C'est un peu trivial comme comparaison, désolé. »

Joris avait secoué la tête avec un léger sourire pour lui signifier qu'il n'avait pas besoin de s'excuser. Au contraire, le fait qu'Ariel reformule l'idée pour se l'approprier était quelque chose que Joris approuvait. C'était souvent plus rassurant d'assimiler une nouvelle logique en utilisant ses propres mots. D'extérieur à soi, on la faisait sienne.

Il avait, alors, simplement repris son propos où il l'avait laissé.

« Puis, à défaut de tout résoudre, je me dis que ça peut au moins permettre de mieux se connaître soi-même. En premier lieu de savoir ce qui te fait peur, ce qui te rend heureux, ce que tu aimes ou non, tes capacités et tes limites, ce genre de choses. Et parfois, tu découvres des choses auxquelles tu n'aurais probablement jamais pensé avant, par exemple certains goûts qui ont changé, que ce soit vestimentaire, alimentaire, ou tant d'autres encore. Il y a peut-être des choses où tu vas te demander si c'est normal. »

Tout ça avant de poser la question qui tue.

« Mais au fond, c'est quoi la normalité ? »

S'il ne s'était attendu à aucune réaction en particulier, le fou rire soudain du bleu et bronze l'avait un peu surpris, avant que son sourire s'agrandisse en semblant comprendre ce que le plus jeune pouvait trouver de drôle.

« Vous avez quatre heures, pas une minute de plus. Et soignez bien votre conclusion. » Avait réagis le plus jeune, revêtant le comportement de la charismatique professeur McGonagall pour une imitation des plus réalistes.

Joris avait ri à son tour suite à cette intervention, ne pouvant s'empêcher d'imaginer la scène qui lui semblait familière. Le parallèle avait, effectivement, de quoi faire rire. Le brun devait reconnaître que l'atmosphère s'était détendue et alléger grâce à cela. Absorbé par la conversation, il n'avait pas pris garde de tout le sérieux qui avait pesé tout du long. Un sérieux qui avait volé en éclats, le temps d'un instant, pour laisser place à un moment de bonheur intense. Une chose dont les deux garçons avaient bien besoin après les tourments de l'angoisse.

Après un retour au calme, Ariel avait repris la parole pour offrir sa réponse à la question qui avait provoqué l'hilarité.

« Aucune idée de comment répondre à cette question, désolé. Je peux juste te dire que je pense sincèrement que personne n'est vraiment normal. Tout le monde à ce petit quelque chose de bizarre dans sa tête qui fait qu'il est anormal. Donc... la normalité n'existe pas. »

Là – dessus, ils ne pouvaient qu'être d'accord.

« Tu sais quoi ? J'aurais pas dit mieux. » Avait ajouté Joris pendant que son cadet s'était interrompu, manifestant qu'il approuvait ce qui venait d'être dit.

Un simple concept inventé pour se rassurer, pour se sentir accepté dans une communauté. Comme si tout le monde était bâti sur le même modèle, alors que chaque être était unique à sa façon. Personne ne se ressemblait exactement. Du moins, c'était la théorie que Joris défendait.

« Désolé. Pour le reste, je crois que je devrais sérieusement étudier ce que tu m'as dit. Du genre, aller à la bibliothèque et consulter des ouvrages de médicomages sans doute décédés à l'heure qu'il est. » Avait déclaré Ariel, avant que sa voix se fasse plus faible. « Peut-être qu'il est temps que j'arrête de laisser ça de côté et que je me décide enfin à m'y intéresser. »

Le plus âgé venait à se dire qu'il devrait en faire de même. Bien qu'il avait déjà entamé le travail, peut – être trouverait-il plus d'informations sur le sujet maintenant que de nouvelles perspectives s'étaient ouvertes.

« En tout cas, désolé si ce que je t'ai raconté n'avait pas trop de sens, je ne sais moi-même pas trop ce que je disais la plupart du temps. Comme je te l'ai dit, j'ai pas l'habitude d'en parler... »

Un merci masqué derrière des excuses. Joris avait adressé un sourire au plus jeune, laissant sous-entendre qu'il avait compris. Si les remerciements ne mettaient pas à l'aise le plus jeune (ce que Joris comprenait parfaitement compte tenu du fait qu'ils ne se connaissaient que depuis le jour même), le jaune et noir n'avait aucun besoin de rendre l’événement oral.

« Ne t'excuses pas, je mentirais si je disais que mes propos avaient été d'une limpidité à toute épreuve. Ou, comme dirait mon père, c'est le chaudron qui dit ''Ta gueule, c'est magique'' à la marmite. »

Une expression qui l'avait amusé la première fois qu'il l'avait entendu, et qu'il partageait aujourd'hui avec Ariel.

« Il y a un début à tout. » Avait-il repris. « Si en parler a pu t'aider d'une façon ou d'une autre, c'est une bonne chose. La conversation aura été utile pour tout le monde. »

Une façon de dire qu'il avait lui aussi appris des choses, qu'il avait vu les choses sous un autre angle. Donc également une façon de remercier Ariel en retour, pour les nouvelles approches qu'il venait de lui offrir. Aussi parce que ça lui avait fait du bien de parler à quelqu'un qui avait le même soucis que lui, et qui pouvait le comprendre.
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Dim 13 Juin 2021 - 21:45
Pour un calme retrouvé

ft. Joris de Beauvoir

Ariel ignorait la raison qui l’empêchait de s’excuser ou de remercier quand la situation l’exigeait – les moments sincères, de partage, où des sentiments entraient dans la danse -, mais c’était ainsi : sa pudeur prenait des disproportions bien trop importantes lorsque son ego et un tiers étaient en jeu. Le jeune homme était pourtant le premier à les demander lorsqu’il les estimait nécessaire, pourtant. Il ne comptait plus le nombre de fois où, planté devant Jules dans un silence boudeur, il s’était muré dans un silence boudeur en attendant le « Scuse » si caractéristique de son amie. Une fois le mot a moitié mangé par la fierté de la rouge et or prononcé, leur amitié pouvait repartir comme avant.

Alors pourquoi était-il incapable d’offrir ce qu’il avait hissé en règle de bienséance dans son entourage ?

Certes, Ariel n’avait pas souvent besoin de s’excuser. Aider ses amis était devenu une seconde nature pour lui, quel que fût le domaine. Devoirs, crise identitaire, amitié, il était la tête pensante du groupe, l’un des plus empathiques également, et on se tournait régulièrement vers lui lorsque les maux finissaient par prendre trop de place. Et les rares fois où il avait, involontairement, nui à autrui, il s’était senti si catastrophé que les excuses étaient sorties toutes seules, sous le coup de l’émotion.

Des excuses et des mercis, donc, les excuses et les mercis sincères dont le poids était souvent très lourd, en tout cas, se faisaient rares dans son vocabulaire.

Ses phrases alambiquées ressemblaient davantage à une issue de secours qu’à un remerciement, aux yeux d’Ariel. Il pinça les lèvres : même s’il pensait Joris suffisamment ouvert pour capter son intention cachée, ce n’était pas suffisant. Une autre de ses nombreuses tares qu’il lui faudrait travailler à l’avenir. Sauf que cette fois, pour une rare fois, on ne parlait plus de son propre bien-être mental, mais de celui des autres.

Il fit la moue encore davantage alors que ses désolés prenaient de l’ampleur. C’était ridicule mais il ne discernait pas d’autre chemin à emprunter.

Joris, lui, ne s’y trompa pas. Encore une fois, sa bienveillance transcendait le reste.

— Ne t’excuse pas, je mentirais si je disais que mes propos avaient été d’une limpidité à toute épreuve. Ou comme dirait mon père, c’est le chaudron qui dit « Ta gueule, c’est magique » à la marmite.

Un rire secoua discrètement les épaules d’Ariel tandis qu’il secouait la tête. Non, ses propos avaient été limpides ; en tout cas, autant que puisse l’être quelques mots choisis à la hâte au cœur d’une conversation si profonde. Une fois de plus, le jeune adolescent, si réservé d’ordinaire, fut étonné de l’aisance avec laquelle il se comportait en présence du Poufsouffle. Ses sourires et ses attitudes rieuses étaient d’ordinaire difficile à lui arracher.

Sûrement une aura spéciale dégagée par les personnes anxieuses. Peut-être qu’en présence de ses pairs, on sentait qu’on ne risquait rien ; qu’on pouvait, l’espace de quelques instants, être un peu plus naturel qu’à l’accoutumée.

— Il y a un début à tout, fit encore Joris. Si en parler a pu t’aider d’une façon ou d’une autre, c’est une bonne chose. La conversation aura été utile à tout le monde.

Ariel stoppa son mouvement alors qu’il acquiesçait en souriant, une façon détournée de faire comprendre à son aîné que oui, la discussion lui avait été utile.

— À tout le monde ?, releva-t-il.

Car malgré toutes les sinuosités qu’avait empruntées leur réflexion, Joris avait toujours eu l’air d’avoir le contrôle sur ce qu’il lui disait. S’il avait cherché ses mots, parfois, il lui semblait que ses idées avaient été conçues depuis longtemps dans son cerveau, attendant l’occasion idéale pour en sortir. Pour naître, tout simplement.

Il attendit la réponse de Joris. Quelque part, si effectivement le jaune et noir avait trouvé son compte dans ce moment de partage, Ariel savait qu’il s’en sentirait soulagé. Peut-être que l’impression d’avoir été un poids à ses yeux, un poids plein d’insécurités et lui confiant les plus profonds de ses problèmes, s’atténuerait un peu.

Du coin de l’œil, il aperçut l’infirmière qui entamait son ultime ronde. Cela ne pouvait signifier qu’une chose : dix-huit heures approchaient, et avec eux, la fermeture des portes de l’infirmerie pour ceux qui n’y passeraient pas la nuit et le début des préparatifs pour le dîner. Bientôt, l’ensemble de Poudlard convergerait vers la Grande Salle.

— Je pense qu’il faudrait qu’on y aille, dit Ariel en désignant Pomfresh du menton. J’aime autant éviter de me faire virer.

Il leva les yeux vers son nouvel ami. Son complexe d’infériorité, toujours présent, battait au même rythme que son cœur : il espéra qu’il n’avait pas été trop enfantin, que l’opinion de son vis-à-vis n’avait pas été trop mauvaise, que Joris garderait un bon souvenir de ce moment. Quelque chose se serra dans sa gorge ; le sentiment d’aise qu’il avait ressenti commençait déjà à refluer.

Pour détourner son attention, peut-être aussi pour dissimuler son visage à Joris, il s’appliqua à enfiler sa cape et ses souliers.

— Je suis content de t’avoir rencontré. Je...

Il s’immobilisa en faisant la boucle de ses lacets. Que convenait-il de dire, dans ces cas-là ? Il opta pour le rire nerveux.

— N’hésite pas si tu veux à nouveau philosopher à propos de l’angoisse, j’ai pas mal d’entraînement.

Aussitôt que ses mots furent sortis, la bouche d’Ariel s’étira en une grimace mécontente, insultant silencieusement le bout de ses chaussures. Décidément, il n’était vraiment pas doué en relations sociales. En amitié, il préférait ne même pas y penser.
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Lun 12 Juil 2021 - 14:35
Pour un calme retrouvéAriel & Joris
Joris aimait aider les gens. C'était comme ça depuis toujours, d'aussi loin qu'il se souvienne, que ce soit avec sa famille, ses amis, ou même des inconnus. Quand il était petit, il avait souvent remarqué que les gens avaient tendance vouloir à récompenser les bonnes actions ou à se sentir redevable de l'aide qu'ils avaient reçu, comme si le fait de ne rien attendre en retour n'était pas normal ou impoli. Cela faisait partie des choses qu'il n'avait jamais réellement comprises. La gentillesse était – elle si peu naturelle et si peu commune qu'on ne pouvait pas imaginer qu'un acte puisse être désintéressé ? Ça l'avait longuement questionné, allant jusqu'à le faire se demander pourquoi il rendait service aux autres. Lui aussi attendait-il inconsciemment quelque chose en retour ? Le faisait-il pour être aimé ? Reconnu ? À cela, il répondait aisément que ce n'était pour aucune des raisons citées. Il aimait simplement aider les gens, se sentir utile. Savoir que son aide avait été bénéfique était déjà suffisant, et il y trouvait également une utilité parfois insoupçonnée.

Le simple fait d'avoir pu aider Ariel à éclaircir, ne serait-ce qu'un peu, un mystère sur ce qu'il ressentait en était une nouvelle preuve.

« À tout le monde ? » Lui avait demandé Ariel lorsqu'il avait affirmé que la conversation avait été utile pour tout le monde.

Par la discussion qu'ils avaient eue au sujet de leurs crises, ils avaient confronté leurs théories sur la question, et Joris en était venu à voir une nouvelle perspective d'approche. Ça pouvait sembler anodin, mais pour le grand curieux qu'il était ça avait son importance.

« Les informations que j'ai trouvées pendant mes recherches m'ont conduit à penser que les crises d'angoisse et la peur avait un lien, comme je te le disais plus tôt. Mais le fait d'avoir discuté avec toi m'a permis de comprendre que ce n'était peut-être pas le seul lien pouvant les expliquer. Ça ouvre un nouveau champ de réflexion auquel je n'avais pas nécessairement pensé. Donc oui, c'est utile. » Avait - il répondu avec un sourire convaincu.

Sans le vouloir, Ariel lui avait offert une nouvelle raison de poursuivre ses recherches. Lui qui aimait apprendre et découvrir de nouvelles choses, il ne pouvait pas rêver mieux. Surtout, ça le faisait se poser de nouvelles questions sur lui-même, comme le fait que ses crises venait peut-être d'autre chose qu'une simple peur. Ceci expliquerait sans doute pourquoi sa gestion des crises était encore imparfaite. Il fallait qu'il y réfléchisse plus sérieusement.

En attendant, l'heure tournait et la fin de journée ne cessait de se faire de plus en plus proche. Le jour continuait de faiblir lentement au travers des grandes vitres de l'infirmerie. D'ici un mois ou deux, à la même heure, la nuit montrerait sans doute déjà le bout de son nez. C'est avec cette pensée que Joris s'était rendu compte qu'il n'avait pas vraiment vu les heures défiler, et qu'ils risquaient de se faire mettre dehors d'une minute à l'autre.

« Je pense qu’il faudrait qu’on y aille. » Avait alors dit Ariel en lui désignant l'infirmière qui se rapprochait. « J’aime autant éviter de me faire virer. »

Joris avait souri à cette remarque. Bien que l'infirmerie ne fermait jamais complètement ses portes aux élèves qui en avaient besoin, l'occupation d'un lit par quelqu'un n'en ayant plus vraiment besoin n'était pas du goût de Pomfresh qui avait pour mission de les renvoyer à la vie en communauté après leur rétablissement. Pour ne pas subir cette désagréable sensation de se faire éjecter de l'endroit, le brun comprenait donc que son cadet préfère prendre les devants en choisissant le premier de quitter les lieux.

Il l'avait donc simplement imité en descendant du lit et en remettant ses affaires, comme sa cravate et son pull d'uniforme qui avait été enlevé un peu plus tôt.

« Je suis content de t’avoir rencontré. » L'avait-il entendu dire alors qu'il s'attachait à remettre ses DocMarten. « Je... »

Il y avait eu un léger blanc, alors que le bleu et bronze semblait chercher ses mots. Sans l'interrompre, le tatoué lui avait laissé le temps dont il avait besoin pour formuler sa phrase. Un rire nerveux plus tard, et son camarade avaient repris la parole.

« N’hésite pas si tu veux à nouveau philosopher à propos de l’angoisse, j’ai pas mal d’entraînement. »

La proposition était plaisante. La discussion qu'ils avaient eue avait été intéressante, malgré un sujet ne portant pas spécialement à rire et un lieu de rencontre atypique. Probablement que le simple fait de pouvoir parler à quelqu'un pouvant le comprendre avait joué un rôle. C'était même certains, et ce, pour des raisons qu'ils avaient eux-mêmes évoqué plus tôt.

« Je suis content aussi d'avoir fait ta rencontre. De même, si tu veux qu'on en discute, tu peux me venir me voir. » Lui avait-il répondu en retour. « Si ça t’intéresse, on pourra également faire des recherches ensemble sur le sujet un de ces jours. »

Évidemment, le plus jeune n'était pas obligé d'accepter. Le Poufsouffle comprendrait aisément qu'il souhaite amorcer la démarche seul, et ce, pour une raison qui lui appartenait. Mais s'il ressentait le besoin d'être accompagné, il serait là. Parce que c'était parfois plus facile de franchir un cap quand on était accompagné, tout comme ça pouvait parfois être plus salvateur de le faire seul. Ariel avait le choix.

« Tant que j'y pense... » Avait – il reprit après avoir mis son sac sur son dos, maintenant fin près pour sortir. « Si jamais tu me trouves pas, mais que tu veux qu'on se voie ou autre, tu peux t'adresser à mon frère, Klaus, il pourra t'indiquer où me trouver la plupart du temps. Il est en sixième année dans la même maison que toi. Théoriquement, tu devrais pas avoir trop de mal à le reconnaître. » Ceci étant dit, il avait tout de même pris soin d'ajouter : « Si jamais tu as l'impression de voir double, t'inquiète pas c'est normal, on est jumeau. »
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Mar 21 Sep 2021 - 20:50
Pour un calme retrouvé

ft. Joris de Beauvoir

Ariel se demandait encore quelle audace l’avait possédé pendant leur conversation. D’habitude si pudique, il s’était livré sans retenue, sans gêne et sans mystère. Joris était la première personne à qui il disait tout ça ; même Jules, même Amy ne pouvaient se targuer d’avoir été ses confidentes à ce point-là.

Peut-être était-ce parce que le Poufsouffle inspirait d’emblée la sympathie, malgré les tatouages qui marquaient sa peau – inhabituels chez les gens qu’il côtoyait. Peut-être était-ce parce qu’il était sensiblement plus âgé que lui, et qu’il avait davantage eu l’impression de se confier à un adulte qu’à un étudiant. C’était surtout, de toute évidence, le fait qu’il vécût les mêmes expériences que lui, et que même si ses deux confidentes n’étaient jamais dans le jugement, il s’était senti autrement plus compris ce jour-là.

Jules et Amy l’écoutaient, mais il résidait dans leurs yeux une forme de pitié, d’incompréhension et de quelque chose qu’il ne savait pas qualifier qu’il ne supportait pas.

Contre toute attente, Joris réagit bien à ses dernières paroles. Après qu’elles fussent sorties de sa bouche, il avait réfléchi ; comment lui, Ariel Melwing, 13 ans, pouvait prétendre intéresser quelqu’un comme Joris ? Comment pouvait-il espérer qu’ils renouvelassent l’expérience en parlant, encore et encore, d’un sujet qui les peinait tous les deux ?

Se pouvait-il que leur échange eût fait autant de fait autant de bien à Joris qu’à lui-même ?

— Je suis content aussi d’avoir fait ta rencontre, fit Joris malgré les doutes du plus jeune. De même, si tu veux qu’on discute, tu peux venir me voir. Si ça t’intéresse, on pourra également faire des recherches ensemble sur le sujet.

Les yeux du Serdaigle s’illuminèrent ; il avait rarement l’occasion de travailler en compagnie de ses pairs à la bibliothèque, mais les rares fois où cela arrivait, il aimait beaucoup l’expérience. Le partage des avis, les opinions qui différaient parfois et les débats que cela engendrait étaient très stimulants pour son esprit de jeune adolescent. Oscar préférait le calme de leur dortoir, et même s'il lui arrivait de boucler ses devoirs en quelques heures, Jules n'était pas aussi portée sur l'étude que lui-même – quant à Tom, sa capacité d’attention n’excédait pas la demi-heure. Seule Louisa partageait régulièrement ses sessions de travail.

Il accueillit la proposition de Joris comme le plus beau des compliments. Pour lui, c’était un signe que le sixième année le trouvât assez mature pour partager les bancs de la bibliothèque avec lui, assez réfléchi pour travailler ensemble sur un sujet qui les intéressât tous les deux.

C’était une preuve, pour chancelante qu’elle fût, de la valeur qu’il avait aux yeux des autres.

— Ça me plairait beaucoup.

Il baissa les yeux, gêné pour une raison inconnue.

— Je veux dire, j’aime beaucoup travailler en groupe. Et c’est un sujet si complexe… Je pense qu’à deux, on sera plus efficace dans notre démarche, plus rapide, et surtout il sera plus facile de savoir par où commencer. Et aussi on pourra en discuter…

Car en y réfléchissant, Ariel se voyait mal se renseigner sur un sujet qui le touchait de près sans pouvoir confier ses ressentis par la suite. Il avait besoin de parler, de comprendre. Le jeune garçon se connaissait suffisamment pour savoir qu’il se sentirait submergé par ses découvertes s’il n’avait pas d’oreille attentive à sa portée.

L’angoisse, et toutes les branches qui s’y rattachaient, étaient une thématique extrêmement complexe, et il n’y connaissait rien encore.

Et puis, Ariel n’était pas suffisamment arrogant pour se croire capable de déchiffrer avec aisance des manuscrits écrits par des psychomages qui en avaient fait leur métier. Il savait d’expérience que ce genre de lectures universitaires se révélait souvent énergivore et très complexe. Plus d’une avaient été abandonnées sur le coin de sa table de chevet, avant d’être reléguées aux oubliettes.

Joris serait un partenaire idéal.

— On peut même se donner rendez-vous pour une première session de recherches. Je veux dire, selon notre emploi du temps – je sais que les sixième année ont beaucoup de travail.

Il fit une pause en prenant conscience de son enthousiasme. Gêné, il força son débit de parole à ralentir.

— J’ai quelques dissertations à faire cette semaine, mais je peux m’arranger pour les terminer avant samedi. Si ça ne te dérange pas de squatter la bibliothèque le week-end, on peut peut-être voir pour le faire à ce moment.

Ariel se mordit les lèvres. Malgré l’absence d’hésitation qu’il y avait eu dans le ton de Joris, peut-être qu’il avait mal interprété la proposition.

Joris passa ses bras dans les bretelles de son sac et se campa sur ses deux jambes, prêt à partir. Ariel l’imita en enfilant gilet, manteau et cartable, impatient désormais de rejoindre ses amis. L’histoire de sa rencontre avec le Poufsouffle intéresserait certainement Jules, qui serait sans doute très heureuse pour lui. Leur coin de paradis, logé au fond d’un couloir la plupart du temps désert, l’attirait plus que jamais.

Il avait hâte de retrouver le Club des Cinq.

— Tant que j’y pense, ajouta Joris, si jamais tu ne me trouves pas, mais que tu veux qu’on se voie ou autre, tu peux t’adresser à mon frère, Klaus, il pourra t’indiquer où me trouver la plupart du temps. Il est en sixième année dans la même maison que toi. Théoriquement, tu ne devrais pas avoir trop de mal à le reconnaître.

Tandis qu’Ariel acquiesçait et qu’il s’apprêtait à ouvrir la bouche pour marquer son accord verbalement, Joris ajouta d’un air malicieux :

— Si jamais tu as l’impression de voir double, t’inquiète pas c’est normal, on est jumeaux.

— J’y penserai !, affirma Ariel tout en se demandant avec quel cran il irait parler à un inconnu, tout jumeau qu’il fût avec sa nouvelle rencontre.

Il esquissa quelques pas en direction de la sortie. D’un signe d'au-revoir, il conclut d’un air enjoué :

— J’ai hâte qu’on commence, alors !
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Ariel Melwing
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Ariel Melwing
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Sam 27 Nov 2021 - 10:45
Pour un calme retrouvéAriel & Joris
Klaus et Arcana savaient. Mika savait. Elise et Jessica savaient, même si c'était un peu moins. Mais aucun ne pouvait réellement comprendre. Qu'importait la proximité qu'il avait avec eux, qu'importait qu'il les adorait et que ses amis se montraient toujours aussi patients que possible durant ces moments d'angoisses, aucun ne pouvait vraiment comprendre. Ils ne le vivaient pas. Ils ne ressentaient pas la fatigue physique des réactions violentes que les crises provoquaient. Ils ne ressentaient pas la fatigue mentale d'un cerveau en alerte et incapable de se raisonner. Ils ne ressentaient pas la fatigue émotionnelle de ses impressions intenses, bien que complètement disproportionné. Ils ne ressentaient pas non plus la frustration de l'incompréhension. Ils ne ressentaient pas tout ça, tout ce qui le rongeait de l'intérieur et l’épuisait, tout ce qui l'empêchait d'avancer comme il aimerait. Et longtemps, il avait douté de pouvoir rencontrer quelqu'un qui puisse comprendre tout ça. Quelqu'un qui puisse réellement comprendre. Jusqu'à aujourd'hui.

Aujourd'hui, il avait rencontré Ariel. Peut – être qu'il lui était apparu un peu trop curieux ou avenant, mais, de façon inconsciente, sans doute était-ce la joie de constater qu'il n'était pas seul à vivre ça. C'était paradoxal quand on savait qu'il ne souhaitait à personne de vivre ce genre de situation éprouvante, mais, pour la première fois, il s'était senti complètement compris. Même mieux : grâce à la discussion qu'ils avaient eue, il avait remis en question ce qu'il pensait jusqu'à maintenant pour s'ouvrir à un plus large éventail de possibilité. Parce qu'il n'avait pas la science infuse, mais qu'il aimait les recherches, il avait matière à chercher de nouveaux éléments de réponses qui pourraient le mettre sur la voie de la compréhension des angoisses. Un vaste sujet qu'il est compliqué d'explorer seul tellement il pouvait être vaste, et il était certain que l'approche d'une autre personne concerné serait bénéfique, autant pour l'un que pour l'autre. Ce qui justifiait la proposition qu'il avait faite au plus jeune, celle de faire des recherches ensemble sur le sujet.

« Ça me plairait beaucoup. » Lui avait répondu Ariel en baissant les yeux. « Je veux dire, j’aime beaucoup travailler en groupe. Et c’est un sujet si complexe… Je pense qu’à deux, on sera plus efficace dans notre démarche, plus rapide, et surtout il sera plus facile de savoir par où commencer. Et aussi on pourra en discuter… »

Alors qu'il se préparait, un sourire avait fleuri sur ses lèvres en entendant que le plus jeune acceptait la proposition. Il avait entamé quelques recherches sur le sujet, ce qui pourrait probablement leur être utile, mais cela n'était clairement pas suffisant pour répondre à toutes les possibilités qu'il devait exister. La preuve en était que ses propres crises étaient toujours là, malgré sa volonté à les comprendre. Il était donc évident, comme le soulignait son camarade, que leur travail commun rendrait les recherches plus efficaces.

« On peut même se donner rendez-vous pour une première session de recherches. Je veux dire, selon notre emploi du temps – je sais que les sixièmes années ont beaucoup de travail. » Avait continué le plus jeune avec enthousiasme, après quoi il avait fait une pause avant de reprendre. « J’ai quelques dissertations à faire cette semaine, mais je peux m’arranger pour les terminer avant samedi. Si ça ne te dérange pas de squatter la bibliothèque le week-end, on peut peut-être voir pour le faire à ce moment. »

À l'entente de la proposition, Joris avait rapidement réfléchi pour se souvenir de ce qu'il faisait dans le courant du week-end. Il avait des devoirs à rendre, mais la plupart du temps, il s'arrangeait pour les faire rapidement afin d'en être débarrassé et d'avoir un week-end le plus libre possible. À partir de la sixième année, ils avaient cet avantage de pouvoir se rendre à Pré-au-Lard sans besoin d'autorisation parentale, une chose qu'il ne se privait pas de faire si l'envie était présente. Cependant, cette option ne l’intéressait nullement cette fois-ci, et l'occasion d'étudier un peu à la bibliothèque sur autre chose que ses cours lui apparaissait comme une proposition bien plus alléchante.

« Pas de soucis pour moi, je peux me libérer du temps ce week-end pour qu'on commence des recherches. On peut commencer dés samedi si ça te va ! » Lui avait-il répondu d'un ton enjoué et motivé.

Curieux qu'il était, il n'était jamais le premier à rechigner pour commencer les recherches au plus tôt. Le plus jeune semblait également motivé à commencer assez rapidement, ce qui facilitait les choses.

« Tant que j’y pense... » Avait-il ajouté juste après avoir mis son sac sur son dos « … Si jamais tu ne me trouves pas, mais que tu veux qu’on se voie ou autre, tu peux t’adresser à mon frère, Klaus, il pourra t’indiquer où me trouver la plupart du temps. Il est en sixième année dans la même maison que toi. Théoriquement, tu ne devrais pas avoir trop de mal à le reconnaître. Si jamais tu as l’impression de voir double, t’inquiète pas c’est normal, on est jumeaux. »

« J’y penserai ! » Lui avait affirmé Ariel pour toute réponse.

Ça ne serait probablement pas utile cette fois-ci, mais on ne savait jamais. Il y avait une chance pour que le plus jeune connaisse déjà son jumeau, mais il avait préféré joué la carte de la sûreté en l’évoquant. Il concevait que tous les membres d'une même maison, aussi solidaire qu'ils pouvaient l'être, ne se connaissaient pas forcément tous au vu du nombre qu'ils étaient. Et au vu des années d'écarts qui pouvaient les séparer, ça pouvait se montrer encore plus vrai.

« Je te dis à samedi dans ce cas ! » lui avait - il adressé.

Maintenant fin prêt à sortir, Joris avait vu son cadet se diriger vers la sortie en lui adressant un signe d'au revoir.

« J’ai hâte qu’on commence, alors ! »
« De même. » Lui avait-il répondu en lui retournant son signe.

Alors que le plus jeune sortait, Joris avait aperçu son meilleur ami entrer pour venir vers lui. Le semi-vélane avait appris la situation et était directement sortit de la salle après le dernier cours pour venir le chercher, ce à quoi Joris l'avais remercié pour l'attention. Puis ils étaient tout deux sortit du lieu pour rejoindre leur prochaine destination.
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Joris de Beauvoir
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