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[13/09/1995] La douce fraîcheur des notes [Aria & Joris]

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Mer 18 Mar 2020 - 0:13
La douce fraicheur des notes [Aria & Joris]Aujourd'hui, il n'avait pas eu envie de continuer la nouvelle partition qu'il était en train d'apprendre. La chanson était belle, mais, bizarrement, il n'avait pas envie de se casser la tête dessus. À la place, il s'était tourné vers une solution de facilité. Après un cours de Défense Contre les Forces du Mal où il avait l'impression de ne rien avoir appris de concret, il avait simplement envie de se libérer un peu l'esprit, et de jouer sans trop avoir à réfléchir. Les yeux semblant dans le vague, comme rivés sur une partition invisible que seul lui était capable de voir, ses doigts se posaient sur les touches du piano pour reproduire des sons qu'il connaissait déjà par cœur. Des classiques ou des chansons qu'il avait appris depuis un moment, mais qu'il se plaisait toujours à jouer ou rejouer, ne serait ce que pour les réécouter. Et cela lui faisait toujours un entraînement pour s’améliorer, car il avait beau les connaître par cœur, ça ne voulait pas dire que c'était parfait, et il n'était jamais à l’abri d'une faute d'inattention.

Il était encore seul dans la salle d'Art et de Lecture. Du moins, il l'était à son arrivée après avoir reçu l'autorisation du président du club, et pensait l'être encore. Depuis que ses doigts s'étaient posé sur les touches du piano, c'était comme si une bulle s'était construite autour de lui, le rendant presque aveugle à ce qui pouvait l'entourer. Jouer de la musique faisait partie de ses moments où il se coupait un peu du monde, l'espace d'un instant. Aussi un moment où il pouvait laisser parler sa créativité s'il n'avait pas envie de jouer quelque chose en particulier.

Mais sa bulle avait fini par se percer lorsqu'il avait entendu une personne s'installer non loin de lui, alors qu'il s'était arrêté de jouer quelques secondes. Tournant la tête dans la direction du bruit, il avait reconnu la longue chevelure blond platine d'Aria. Pas qu'ils soient particulièrement proches, mais il la voyait souvent dans les lieux, puisqu'elle aussi faisait partie du club. La voyant avec son violon en main, il avait clairement compris qu'elle allait jouer, et avait donc cessé avec le piano pour lui laisser, à son tour, le monopole du bruit. Il aurait pu attraper un livre dans son sac, pour le lire et essayer de passer outre la musique. Mais il trouvait que le morceau qu'elle avait choisi cette fois-ci était particulièrement beau, et il ne se souvenait pas l'avoir entendu le jouer jusqu'à maintenant. Depuis sa première tentative raté pour lui parler et faire connaissance avec elle, il s'était, jusque-là, abstenu de la déranger de nouveau, l'observant de loin quelques fois lorsqu'elle jouait. Et il trouvait toujours cela assez singulier, la différence entre cette froideur qu'elle montrait au quotidien et la douceur qui se dégageait d'elle quand elle jouait. C'était intriguant.

Il l'avait écouté jouer son morceau avec beaucoup d’intérêt. L'idée de tenter une nouvelle approche avait émergé, mais il se souvenait de sa première tentative et ne tenait pas à refaire la même erreur. Il était loin d'être vexé de ce premier refus de discussion sa part. Peut – être avait – il simplement été trop frontal avec elle la première fois, malgré toute sa bienveillance ? Ou peut – être faisait elle partie de ceux qui étaient naturellement moins enclins à la discussion, il ne savait pas.

La laissant terminé son morceau, et malgré une note d'appréhension, il avait osé une approche qu'il espérait plus douce.

« J'aime beaucoup le morceau que tu viens de jouer. C'est de qui ? »

Des paroles et une question simple, qu'elle trouverait peut-être d'une banalité affligeante, mais qui étaient les seules venues à son esprit pour tenter de "briser la glace", comme on disait.
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Joris de Beauvoir
Membre
Joris de Beauvoir
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Ven 20 Mar 2020 - 17:02
la douce fraîcheur des notes
Entend moi, mais surtout ne m'ecoute pas. Pars, mais surtout ne t'en va pas. Exprime-toi, mais surtout ne me parle pas.
Chuchote-moi juste ces quelques notes et mon coeur, peut-etre, tu perceras.

Mercredi 13 Septembre 1995

Alors que la fin des cours avait sonné et que les Serpentards prenaient la direction des cachots, Aria se détacha de la foule verte et argent pour s'engager dans les escaliers en sens inverse, celui qui montait vers les étages du château. Ce n'était pourtant pas à la bibliothèque qu'elle se rendit ce soir-là. Le mercredi, au coucher du soleil et au lever des étoiles, elle avait cours d'Astronomie. Alors, elle s'accordait parfois une pause avant le dernier cours de la journée, un moment de répit, le mercredi était la journée où elle s'autorisait à ne pas toucher à ses devoirs si elle était à jour pour ceux du lendemain. Ce fut donc vers le sixième étage qu'elle se dirigea, ce soir-là.

Le week-end, la salle du club d'Art et de Lecture était toujours occupée par tout un tas d'élèves trop gais et bavards pour que la solitaire qu'elle était ne vienne s'y joindre. L'apparition de la Beurk dans cette salle se faisait donc quasiment exclusivement les soirs de semaine, quand il y avait une chance qu'elle y soit seule.
Ce mercredi-là, la chance ne fut pas au rendez-vous.

Du bout du couloir, elle entendait déjà le piano chanter. Et la mélodie ne tarda pas à lui chuchoter à l'oreille le nom de son interprète. Ce morceau-là, De Beauvoir le jouait souvent et même si elle ne connaissait pas le garçon, elle connaissait bien les notes qui faisaient régulièrement vibrer la pièce depuis qu'elle traînait dans le coin, depuis cinq ans déjà. Cinq ans où elle avait vu défiler un bon nombre de sorciers convaincus que leur âme d'artiste devait s'exprimer à grands cris dans cette pièce. Entre ceux qui n'étaient là que pour étouffer les autres de leur amour-propre au travers d'un talent tout juste discernable, ceux qui s'installaient face au piano avec le plus dramatique des regards pour une représentation ridiculement théâtrale où les larmes dévalaient leurs joues au même rythme que les fausses notes, ceux qui venaient pour philosopher avec les seules âmes assez sensibles et intelligentes dans ce château pour leurs propres petites personnes sensibles - pour sûr - et intelligentes – ça, c'était question de point de vue. Tout ceux-là, Aria les méprisait. Il n'y avait rien de plus rebutant que tous ces adolescent à fleur de peau en recherche d'identité et de sens à leur vie si mélodramatique. Alors, elle se demandait parfois pourquoi donc elle continuait à fréquenter ce club, comme si elle oubliait qu'elle aussi était une adolescente.  

Quand elle atteignit l'entrée de la pièce, elle s'arrêta et s'adossa au mur du couloir désert plutôt que de rentrer. Et elle écouta. De Beauvoir avait quelque chose de particulier. Une sorte de candeur naturelle et même les notes qu'ils faisaient résonner semblaient transporter sa bienveillance et sa sincérité. C'était probablement le genre de personnes qui troublaient le plus Aria dont le jugement oscillait inlassablement entre agacement et fascination. Elle n'y croyait pas, à l'absence du vice. Elle avait grandi dans un monde qui lui avait montré des choses bien obscures – que son nom en soit témoin – et s'il n'avait fallu en retenir qu'un seul apprentissage, c'était probablement celui-ci : toute chose a sa part d'ombre et celle-ci est souvent bien plus vaste qu'on ne le croit. La magie elle-même avait sa part d'ombre, aussi bien que chaque être humain qui peuplait cette Terre. Et, Aria, elle n'y voyait plus que ça, cette laideur précieusement camouflée par des couches étouffantes d'hypocrisie. Voilà pourquoi les cas comme Joris l'énervaient tant : ils étaient d'une authentique bienveillance déconcertante. Voilà pourquoi la maison qu'elle aimait le moins, c'était celle des Blaireaux.

Et pourtant, aucun sentiment négatif ne vint entraver cet instant où elle écoutait silencieusement Joris jouer. C'était peut-être ça qui était si beau dans la musique, elle repoussait les pensées pour ne laisser que le cœur vibrer.

Le morceau prit fin. Aria dénoua son pendentif, sortit sa baguette et rendit sa taille originelle à son violon. Elle entra dans la pièce de son allure muette et rejoignit le coin opposé au piano. Parfois, quand un musicien avait occupé la salle avant son arrivée, elle lui appuyait un regard austère pour lui signifiait de partir. Pas aujourd'hui. Elle misait sur le soi-disant respect inhérent aux Poufsouffles pour que De Beauvoir ait la perspicacité de partir de lui-même.

Ce fut donc sans lui prêter davantage d'attention qu'elle se mit à jouer, dos à lui. Le morceau était déjà tout choisi car cela faisait trop longtemps qu'elle attendait de pouvoir le jouer. Après avoir passé l'été à s'enfermer dans son répertoire classique qui représentait aux yeux de ses parents le seul répertoire musicale respectable pour une violoniste, elle se sentit enfin libérée de ses chaînes. Loin de la complexité technique et de la grandeur théâtral des notes, elle guida son archer sur une mélodie plus douce et légère aux effluves contemporaines. Quelques erreurs s'immiscèrent dans sa prestation mais elle se souvint du morceau dans son entièreté et le le joua presque naturellement. Si bien, qu'à la fin de celui-ci elle commençait déjà à se sentir flotter dans une sorte de bulle vide qui la coupait de toutes ses pensées bourdonnantes. Si bien, qu'elle ne savait pas si Joris était resté ou non et que la question ne lui traversa même pas son esprit. Jusqu'à ce que la voix du jeune homme vint éclater cette bulle.

- J'aime beaucoup le morceau que tu viens de jouer. C'est de qui ?

Elle se retourna en sursautant. Puis, fut aussitôt embarrassée de sa réaction. Convaincue d'avoir été seule tout ce temps, elle s'était inconsciemment défaite de toute barrière et elle resta déstabilisée une seconde de trop. Une seconde de trop pour lui offrir une réponse aussi cinglante que celle qu'elle lui avait servi à sa première tentative d'approche quand elle avait onze ans, et lui douze. Mais très vite, elle se reprit, ses sourcils redressés par la surprise s'abaissèrent à nouveau, accentuant l'éclat froid qui reprit place dans ses yeux, et ses lèvres entrouvertes revinrent se crisper l'une contre l'autre. Et pour se donner encore un peu plus de contenance, elle articula un début de réponse sans réfléchir :

- C'est de El-

Elle s'arrêta net comme si elle allait prononcer un nom interdit. Et c'était un peu le cas. Du moins, un interdit qu'elle s'était imposée à elle-même et surtout au sein du foyer familial. Elle s'en foutait pas mal que De Beauvoir sache qu'elle reprenait les morceaux d'Elia Rosebury. Elle s'en foutait qu'un Sang-mêlé lambda apprenne qu'elle admirait une violoniste sorcière contemporaine qui sortait des sentiers battus. Qui était trop marginale, trop loufoque pour ses parents Sangs-purs. Alors, pourquoi s'était-elle arrêtée en milieu de phrase ? À nouveau déstabilisée par sa réaction dont le contrôle venait encore une fois de lui échapper, elle baissa les yeux sur son violon. Puis, elle revint aussitôt les planter dans ceux de Joris avec un air presque provocateur.

- Fais pas comme si ça t'intéressait vraiment, De Beauvoir. Tu veux quoi ?

Et la revoilà, fidèle à elle-même, l'irritante, l'insupportable, l'antipathique Aria. Et De Beauvoir savait qu'elle était comme ça, alors qu'il ne vienne pas lui faire croire qu'il avait simplement – et stupidement - voulu réessayer de se frotter à ses piques. À moins que sympathie rimait avec masochisme ?

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Ecoute cette médolie troublante.
C'est l'eau qui chante.
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Ven 3 Avr 2020 - 22:40
La douce fraicheur des notes [Aria & Joris]Il n'était pas anormal de le reconnaître à la musique qu'il jouait. Après tout, il n'en jouait pas non plus depuis longtemps, alors les morceaux avaient peut-être tendance à se répéter. Il avait justement commencé le piano alors qu'il était en deuxième année, apprenant grâce à son beau-père qui en jouait lui aussi. Alors, forcement, quand il n'était pas en vacances avec sa famille, Joris avait dû s’entraîner plus ou moins seul une fois revenu à Poudlard. Histoire de patienter jusqu'au prochain retour chez lui, et surtout pour ne pas perdre aussi vite ce qu'il avait durement appris. Bien évidemment, lui qui, en première année, venait essentiellement dans le club pour lire, et/ou pour chanter, il avait commencé à venir plus souvent dans la salle d'art pour utiliser le magnifique piano qui s'y trouvait. Et, afin d'éviter au mieux de casser les oreilles de ses camarades à force de jouer presque inlassablement les mêmes morceaux (les seuls qu'il était susceptible de connaître, compte tenu de son niveau de l'époque), il avait pris l'habitude de venir quand il savait qu'il y avait le moins de monde possible, voir même quand il n'y avait personne. Peut – être aussi parce qu'il s'était rendu compte qu'il avait parfois tendance à chanter en jouant, comme si les notes de sa propre voix lui permettaient de retrouver celles du piano, de lui confirmer que rien ne dissonait. Jusqu'à maintenant, ça fonctionnait. Parce que oui, peut-être au grand désarroi de certains, il chantait aussi, quand l'envie lui prenait. Avec ou sans musique, que la musique possède ou non des paroles, parfois pour lui-même seulement, parfois pour les autres ou pour les accompagner à la musique si on lui demandait. Ça dépendait. Sa mère chantait très régulièrement (et plutôt bien même, de son point de vue), et il semblait qu'il eût pris ça d'elle dés son plus jeune âge, ce goût pour le chant. Jusqu'à maintenant, personne n'avait semblé s'en plaindre, signe qu'il ne devait pas chanter si faux que ça, ou alors personne ne le disait par politesse. Mais il ne chantait pas toujours. Aujourd'hui, par exemple, il n'en avait pas ressentit le besoin ou l'envie.

Dans tous les cas, il s'était vite rendu compte que d'autres avaient eu la même charmante idée que lui, de vouloir jouer sans trop déranger les autres et/ou sans trop être dérangé. C'était probablement comme ça qu'il avait rencontré Aria. De ce dont il se souvenait, la verte et argent savait déjà bien jouer du violon quand ils s'étaient rencontrés la première fois. Et c'était probablement ce qui avait fortement interpellé Joris, lui qui avait entendu dire que le violon était un instrument compliqué à manier les premiers temps, mais Aria qui produisait déjà de jolies notes. Elle n'avait pas l'air agressive sur le moment, et lui, avide de savoir et de connaître cette demoiselle aux cheveux presque blancs qui semblait connaître la musique mieux que lui qui débutait, avait naturellement tenté de l'approcher à grands coups de sourires, de curiosité et de bonne humeur. Avant de se prendre une remarque piquante, suivit d'un blanc royale. En d'autres termes, il s'était confronté à un mur, et se l'était même pris en pleine tronche. Mais il fallait croire que cela n'avait pas suffi à le dissuader entièrement de ne pas retenter l'expérience. Certains l'auraient peut – être traité de maso, en effet, mais qui ne tente rien n'a rien.

Il aurait effectivement pu quitter la salle, par respect, comme il lui arrivait de le faire pour laisser aux autres musiciens la tranquillité de l'espace, histoire d'en profiter à leur tour. Du moins, pour ceux dont il savait qu'ils préféraient ne pas avoir de public, sinon le moins possible. Mais le morceau d'Aria l'avait happé bien avant d'en avoir le temps. Alors, réellement intéressé, et en guise de tentative d'approche qu'il espérait plus douce, il avait naturellement demandé qui était l'auteur de cette douce musique. Vu la réaction de la demoiselle, cela l'avait apparemment beaucoup surprise, comme si elle ne s'attendait pas à ce qu'il soit encore là. Ce qui, en soit, aurait dû être le cas à la base, et il s'en voulut quelque peu d'avoir provoqué cette réaction chez sa camarade, qu'il ne voulait nullement effrayer.

« C'est de El... »

Une réponse qu'il avait failli lui décrocher, avant qu'elle se reprenne pour le laisser retrouver la Aria qu'il avait connu quelques années plus tôt, comme si ça l'avait brûlé de se rendre compte qu'elle lui répondait presque trop gentiment.

« Fais pas comme si ça t'intéressait vraiment, De Beauvoir. Tu veux quoi ? »

Nouvelle remarque antipathique qui, malgré la présence de la question, semblait vouloir couper court à la conversation. Mais Joris n'était pas du genre à se laisser désemparer par ce genre de remarque. Depuis le temps qu'il avait pu l'observer quelques fois, il ne pouvait s'empêcher de se dire qu'il y avait une raison à cette réaction. Soit c'était sa tête qui ne lui revenait vraiment pas, soit cela cachait quelque chose d'autre qu'Aria dissimulait sous des couches de béton pour ne pas le laisser transparaître. Et Joris voulait plutôt croire à la seconde option (même si la première éventualité pouvait s'ajouter). Sinon, comment expliquer cette différence si flagrante entre l’antipathie dont elle semblait faire preuve au quotidien, et la douceur apparente lorsqu'elle enlevait ses barrières et qu'elle se mettait dans sa bulle pour jouer. Pour lui, cela signifiait bien qu'au naturel, elle n'était pas réellement ce qu'elle voulait bien montrer au reste du monde. Ou alors pas totalement. Probablement qu'il y avait une raison, un cheminement derrière tout ça. Mais ce n'était encore que des théories fumeuses dans son cerveau à l'imagination parfois trop grande, des choses qu'il ne pouvait que supposer à défaut de pouvoir les vérifier réellement. Il ne connaissait pas assez Aria, pour ne pas dire qu'il ne la connaissait pratiquement pas sinon du peu qu'il en avait vu, c'était un fait, et il pouvait donc totalement se tromper.

Il n'était pas ce type de personne qui jugeait à la première rencontre. Du moins, c'était une pratique à laquelle il se refusait au maximum. Tout d'abord, parce que les premières choses que l'on voyait n'étaient pas forcement révélatrices de la personne dans son entièreté. Puis parce qu'il y avait des tas de paramètres extérieurs, complètement inconnus la plupart du temps, et non-métrisables qui entraient en jeu. Le contexte, le lieu, l'humeur, les expériences passées, et tout un tas de choses qui pouvaient expliquer qu'une personne réagisse de telle ou telle façon à un moment donné pour une situation donnée. Lui-même le savait. Ainsi, il ne voulait pas mettre Aria dans une case qui lui ferait défaut juste parce qu'elle lui avait répondu de façon méfiante ou antipathique dans un premier temps. Peut – être que les gens avaient raison, qu'il était soit trop gentil soit trop con de vouloir rester optimiste et bienveillant envers ceux qui ne le lui rendaient pas toujours. Lui voyait ça autrement, tout simplement.

La vie pouvait parfois être moche. La tristesse et la violence faisaient mal. Sa mère, sa douce et tendre mère, il l'avait déjà trop de fois vu pleurer à cause de ça. Joris n'était pas violent ou méchant de nature, c'était même plutôt le contraire. Il ne voulait pas être de ceux qui faisaient du mal ou couler les larmes, pas comme son père biologique avait pu le faire. Lui, il voulait rendre les gens heureux, les aider à être heureux, voir des sourires et de l'espoir sur le visage des gens. Il voulait faire le bien, pas le mal. Quitte à s'oublier, quitte à passer pour un illuminé croyant au monde des bisounours, même si on ne le lui retournait pas toujours bien. Il aurait au moins essayé. La vie pouvait parfois être moche, et ça il le savait. Ses cauchemars et crises d'angoisse étaient également là pour le lui rappeler, ainsi que tout ce qu'il avait pu voir de négatif jusqu'à maintenant. Lui voulait utiliser tout cela pour le transformer en positif, se dire qu'il apprenait de ses mauvaises expériences pour en faire des forces qui l'aideraient à s'améliorer un peu plus à chaque fois. Un point de vue peut être trop optimiste pour certains, mais c'était le sien. 

« Tu es intrigante... » Avait – il dit sans vraiment s'en rendre compte dans un premier temps.

En comprenant qu'il venait de penser à voix haute, il n'avait pourtant pas cherché à se justifier ou à rectifier ce qu'il venait de laisser échapper. Ça ne changerait rien à ce qui était arrivé, alors à quoi bon ? Ne tenant pas rigueur du ton froid de la Serpentard, il s'était contenté de continuer en répondant à sa question, toujours calme.

« Crois-le ou non, mais je te promets que ça m’intéresse vraiment. Je ne me souviens pas avoir entendu cette musique avant, et je la trouve agréable à entendre. »

Ce qui était vrai. Soit elle le prendrait pour un inculte de ne pas connaître (ou reconnaître) un grand nom de la musique, soit elle lui ferait découvrir un artiste contemporain et/ou peu connu. Comme elle avait probablement un plus grand répertoire musical que lui, les deux options étaient envisageables.
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Joris de Beauvoir
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Joris de Beauvoir
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Jeu 9 Avr 2020 - 11:30
la douce fraîcheur des notes
Entend moi, mais surtout ne m'ecoute pas. Pars, mais surtout ne t'en va pas. Exprime-toi, mais surtout ne me parle pas.
Chuchote-moi juste ces quelques notes et mon coeur, peut-etre, tu perceras.

Mercredi 13 Septembre 1995

Les vibrations des cordes résonnaient en elle. Autour d'elle. Recréant cette bulle de douceur familière dans laquelle elle se sentait flotter. Légère. Loin de tout. Loin des gens. Loin de leurs émotions. Il n'y avait plus qu'elle. Elle et ses propres émotions, qu'elle faisait glisser le long de son archer pour les laisser s'envoler parmi les notes voltigeuses. Libres. Légères.

Et elle oubliait alors tout. Le temps qui passait. Le temps gris, le temps triste. Le monde qui tournait. Le monde trop vaste, le monde étouffant. Les gens qui vivaient. Les gens gais, les gens moroses. La Vie qui s'exprimait. La Vie qui chantait, la Vie qui pleurait. Elle ne pensait plus à rien.

Elle jouait, juste. Et c'était comme créer une faille dans l'espace-temps.

Mais cette faille, si petite qu'elle était, pouvait à tout moment se refermer. Par l'effet d'une simple brise semblable à un murmure. Et tout ce qui s'était alors effacé revenait. Dans des couleurs plus vives encore.
Du jaune.
De Beauvoir.

Surprise. Déstabilisée. Puis, gênée d'avoir été surprise. Agacée d'avoir été déstabilisée. Sa gestuelle, ses expressions, sa voix, ses mots, tout se confondait dans un flou sans nom. Sans maîtrise. Elle s'était abandonné à la spontanéité l'espace d'un instant avant de se surprendre elle-même dans cette mise en scène décalée. À quel âge avait-elle abandonné cette spontanéité pour la troquer contre un contrôle de soi permanent ? Contrôle à peine conscient. Contrôle qui la gardait éloignée des autres. Contrôle qui la confortait dans l'idée qu'elle était mieux seule.

Bien sûr, il avait eu des exceptions à sa solitude. Heinrich, son fidèle compagnon. Puis, la Selkie du Lac Noire, sa fascinante rencontre de l'année passée. Les créatures, elle les aimait de tout l'amour qu'elle n'arrivait pas à porter à l'être humain. Mais parmi eux aussi, il y avait des exceptions. Eileen, son précieux secret. Sessho, son compagnon musical. Et il n'y avait qu'avec ces deux-là, qu'elle acceptait de jouer. Navrée, De Beauvoir, les auditions sont fermées.

Déterminé, le jeune homme ne semblait pourtant pas décidé à lâcher l'affaire. Pas cette fois.

- Tu es intrigante...

Et il avait laissé s'échapper ces mots-là, comme ça, l'air de rien, indifférent à la froideur de la dernière réplique d'Aria. « Intrigante », disait-il ? Généralement, les élèves employaient plutôt le mot « peste » pour décrire la blonde platine. Mais, « intrigante », elle préférait. Elle aimait bien, même. Ou, pas du tout, en fait. Serait-il de ces rares imprudents qui voulait creuser plus loin pour voir au-delà de sa façade ? Après plusieurs secondes de mutisme, le regard planté dans celui de De Beauvoir, la Beurk lâcha un ricanement moqueur.

Peut-être pour cacher qu'à nouveau, elle était plutôt destabilisée. Peu de gens l'abordaient de cette manière. Peu de gens restaient calmes et bienveillants face à son antipathie. Joris venait donc de s'ajouter à cette maigre liste. Juste en dessous du nom de Merlin. Oui, au fond, ne ressemblait-il pas un peu à Shafiq ? À vouloir comprendre, à vouloir aider, à être trop gentil, trop lisse, trop blanc ?

-  Crois-le ou non, mais je te promets que ça m’intéresse vraiment, enchaîna Joris. 

Et merde, le Blaireau ressemblait bel et bien à l'Aiglonne. Plein de bonnes intentions. Fausses bonnes intentions, si on en croyait la Vipère. Qu'est-ce qu'ils avaient donc à « s'intéresser vraiment » à elle alors qu'elle ne leur avait jamais offert rien d'autre que du mépris ? Enfin, en l'occurrence, De Beauvoir s'intéressait à sa musique, non pas à elle. L'ego d'Aria revint se tapir dans son coin sombre et son esprit éjecta les pensées concernant la Shafiq de ses méandres.

- Je ne me souviens pas avoir entendu cette musique avant, et je la trouve agréable à entendre.

Aria continua de toiser le Poufsouffle de ses iris froids. Et elle se surprit à penser que des fois, elle aimerait bien être une adolescente comme les autres. Une adolescente capable de parler musique avec passion au premier venu. Être aussi sociable que son grand frère. Et puis, finalement, elle se rappela que non, ça ne l'attirait pas d'entrer dans ce monde d'hypocrisie. Puis, elle avait déjà Eileen pour parler musique, pour parler magie, pour parler de tout, se confier, rire, pleurer, ne plus être seule. Et une personne, ça suffisait à en remplacer mille autres. Une amitié profonde et sincère comme celle-là, ça valait mieux que des dizaines de liens superficiels et faux qu'elle aurait pu créer avec les autres élèves de ce château.

Mais qu'est-ce ça lui coûterait pour une fois, rien qu'une fois, d'abandonner son mépris pour répondre comme une adolescente normale ?

- C'est d'Elia Rosebury, concéda-t-elle finalement.

Mais, ancrée dans ses vieux réflexes, son ton garda tout de même un accent dur. Sa solitude, malgré tout, elle voulait la préserver. Alors elle lui offrit la réponse qu'il voulait sans aigreur mais avec la ponctuation d'une phrase qui invite le dialogue à toucher à sa fin.  

Et pourtant...

- Une violoniste exceptionnelle... ajouta-elle quand même, dans un murmure plus doux, presque pour elle-même, tandis que ses yeux se baissaient à nouveau vers son violon pour le caresser d'un regard admiratif.

La musique avait bel et bien ce pouvoir. Celui de tout faire oublier. Le temps qui passait. Le temps qu'on lui avait volé, le temps qu'on lui proposait de partager. Le monde qui tournait. Le monde qui s'ouvrait à elle, le monde auquel elle se fermait. Les gens qui vivaient. Les gens qui lui tendaient la main, les gens qu'elle ne voulait pas approcher. La Vie qui s'exprimait. La Vie qui vibrait, la Vie qui résonnait. Dans son cœur, du fond de sa gorge, jusqu'à déposer ces paroles inespérées sur ces lèvres.

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Aria Beurk
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Mer 15 Avr 2020 - 21:15
La douce fraicheur des notes [Aria & Joris]Le mauvais moment. C'était peut-être juste le mauvais moment, qu'il avait pensé la première fois. Mais ça pouvait aussi être autre chose. C'était probablement cela qui avait joué dans le fait qu'il avait attendu si longtemps avant de retenter. Il ne voulait pas rester bloqué dans cette simple hypothèse du mauvais moment. Ça pouvait être une explication, mais ça ne voulait pas dire que c'était la bonne. Dans le doute, dans l'ignorance, il avait innocemment retenté. Mais de nouveau le même type de réaction. Alors qu'il avait seulement parlé de musique, s’intéressant à ce qu'elle jouait, sans chercher à s’intéresser à elle directement dans un premier temps. Mais elle semblait toujours peu réceptive, même à cette nouvelle approche. Elle lui avait portant retournée une question, à laquelle il avait répondu sans chercher à mentir. Oui, il s’intéressait à ce qu'elle jouait. Et c'était bien ça qui l'avait attiré vers elle la première fois, la musique. Mais la première fois, il avait été trop vite. Il avait voulu en savoir trop d'un coup. On lui avait pourtant dit plusieurs fois que les Serpentards n'étaient pas vraiment les plus sociables. Mais il avait refusé d'écouter, ne souhaitant pas se fier aux clichés que pouvait engendrer cette histoire de maisons. Parce que ce n'était pas ça qui définissait complètement une personne. Alors, qu'importe qu'Aria soit Serpentard, elle aurait aussi pus être Griffondor, Serdaigle ou de sa maison que cela n'aurait rien changer, il aurait quand même tenté d'apprendre à connaître cette demoiselle qui jouait si bien du violon. 

Mais apparemment, si ce n'était pas une question de moment, c'était une question d'envie et de caractère. Aria n'avait pas l'air de vouloir s'ouvrir à lui. Est ce qu'il pouvait vraiment lui en vouloir ? Non. C'était son choix. C'était son droit. Et il savait qu'il ne pourrait la forcer à rien. Si elle répondait, c'était de son plein gré à elle. Même s'il s’intéressait sincèrement à sa musique et à son ambivalence, elle n'était en rien obligée de lui répondre. Parce qu'il avait des questions, qu'il s'interrogeait sur le monde qui l'entourait, mais qu'il devait aussi apprendre qu'il ne pouvait pas toujours avoir les réponses à ses questions. C'était frustrant pour son côté Serdaigle, mais si le choixpeau l'avait finalement envoyé à Poufsouffle, c'était certainement qu'au delà de sa grande curiosité, il y avait quelque chose de plus raisonnable qui l'obligeait à ne pas forcer les réponses. Peut-être qu'elles viendraient un jour, peut-être qu'elles ne viendraient jamais. Est-ce que cela changerait réellement sa vie d'avoir une réponse à tous ? Pas forcement. Il essayait de se rassurer en se disant que le monde devait aussi garder une part de mystère, pour que l'on continue à s'y intéresser. C'était frustrant, oui, mais il pouvait toujours vivre avec.

Alors il fallait qu'il parte du principe de poser des questions sans espérer de retour. Ça ne modifierais pas son envie de discuter avec elle de ce vaste sujet qu'était la musique, ni l'intérêt qu'il portait à ce dialogue, aussi long qu'il pourrait l'être, ni même cette bienveillance qui l'animait. Mais il fallait qu'il lui laisse cette liberté de répondre si, et seulement si, elle en avait envie. Évidemment, en temps normal, il ne forçait jamais quelqu'un à lui répondre (à moins de bien connaître la personne et en cas de situation particulière). Mais il sentait plus fortement cette nécessité ici. Il était de ceux qu'on disait gentil, voir même trop gentil. Il était de ceux qui pouvaient donner sans espérer recevoir. De ceux dont certains s'amusaient parfois à arracher le cœur et déchirer l'âme, juste parce qu'il était sympa et que ça paraissait louche, trop beau pour être vrai. Joris ne voulait pas donner raison à ces gens-là. Évidemment qu'il avait des défauts, des secrets, des zones d'ombre et des limites, comme tout le monde. Lui aussi, il lui arrivait de péter des câbles, d'hurler un bon coût quand il n'en pouvait plus, de pleurer parce que ça n'allait pas. Mais au quotidien, être négatif et méchant sans raison ne faisait pas partit de lui. Il ne voyait pas sa gentillesse comme de l'hypocrisie. Il était comme ça parce qu'il en avait envie, et que ça faisait partit de lui. Peut – être qu'il ressemblait à pas mal de ses camarades sur ce point. Mais il n'était pas sûr de l'utilité ou de l'objectivité de ce genre de comparaison. Après tout, il n'était pas les autres. Chacun était unique, dans les différences comme les ressemblances.

« C'est d'Elia Rosebury »

Une réponse simple, rapide, qui ne semblait pas manifester une quelconque envie de poursuivre. Pourtant, ce nom disait quelque chose à Joris. Probablement un nom qu'il avait déjà entendu, mais qu'il avait dû oublier. Avait-il pu connaître ou entendre ce nom quelque part auparavant.

Son regard s'était fait pensif, alors qu'il cherchait dans ses souvenirs s'il avait pu entendre ce nom à un moment de sa vie, jusqu'à ce qu'Aria rajoute, sur une note plus douce :

« Une violoniste exceptionnelle... »

Elle lui donnait ici un indice identitaire. Une violoniste donc. Si elle était célèbre ou en phase d'être connu, il avait probablement vu son nom dans les journaux, ou quelque chose d'autre comme ça. Mais ce nom lui paraissait encore un peu plus lointain que cela. Nul doute qu'il se renseignerait sur la question, mais une question lui brûlait beaucoup trop les lèvres pour qu'il la retienne. 

« Elle était pas à Poudlard fut un temps ? Ce nom me dit quelque chose, j'ai l'impression de l'avoir déjà entendu, mais c'est un peu flou. »
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Joris de Beauvoir
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Mar 21 Avr 2020 - 17:38
la douce fraîcheur des notes
Entend moi, mais surtout ne m'ecoute pas. Pars, mais surtout ne t'en va pas. Exprime-toi, mais surtout ne me parle pas.
Chuchote-moi juste ces quelques notes et mon coeur, peut-etre, tu perceras.

Mercredi 13 Septembre 1995

La musique, c'était comme une autre forme de magie, une sorcellerie à la puissance mystique. Un langage à la fois secret et universel. La musique avait mille facettes, mille pouvoirs. Elle pouvait apaiser les cœurs écorchés, calmer les tempêtes, adoucir l'eau salée. Elle pouvait remuer des cendres, allumer des brasiers, réveiller des ouragans. Elle pouvait nous apprendre l'amour. Elle pouvait nous apprendre la haine. Mais surtout, la musique pouvait apprivoiser la plus indomptable des âmes.

Aria était cette eau salée. Celle qui brûlait la peau, rongeait le corps. Mais derrière l'action du sel, il y avait celle de l'eau. Celle qui caressait la peau, berçait le corps. Voilà comment la musique l'apprivoisait elle : en dissipant le sel.

En jouant de la musique, Aria s'oubliait elle. En écoutant de la musique, elle oubliait sa haine. Et... en discutant de musique, oubliait-elle encore ? Les notes pouvaient-elles étendre leur magie jusque dans les mots sans mélodie ? C'était peut-être là un pouvoir qu'elle découvrait à peine. Ou redécouvrait. Discuter de banalités avec un inconnu, ça ne l'intéressait guère. Serait-ce alors ce sujet de conversation en particulier qui déliait progressivement sa langue en la présence du pianiste ?

Aria n'aimait pas vraiment chanter et elle n'aimait pas beaucoup plus parler. C'était peut-être pour ça que son violon était son plus fidèle allié : à travers lui, elle pouvait exprimer tout ce qu'elle n'avait pas envie de formuler. Et ça, Sessho avait été le premier à l'avoir compris. Avec lui, il s'agissait de dialogues sans phrases, de paroles sans mots, juste d'un alignement de notes qui se répondaient entre elles. Ce langage-là leur était propre. Ce langage-là lui était précieux.

Alors, pourquoi parler de musique quand la musique parlait d'elle-même ? Mais trop tard, la violoniste avait déjà fait un premier pas dans ce début de conversation. Le sel se dissiperait-il suffisamment pour en faire un deuxième ?

- Elle était pas à Poudlard fut un temps ? Ce nom me dit quelque chose, j'ai l'impression de l'avoir déjà entendu, mais c'est un peu flou. 

Le regard de la blonde, toujours accroché au bois clair de son violon, se fit encore plus absent. Comme si un songe traversait ses pupilles. Elle se rémora. C'était dans cette pièce qu'elle l'avait rencontré pour la première fois. Elia Rosebury. Ça semblait si loin. Elle était encore accessible à cette époque. Pas de célébrité, par de tournées, pas de spectacles grandioses. Mais les couleurs étaient déjà là. Dans son apparence, dans sa musique. Encore plus vives, plus authentiques. La Aria de onze ans la regardait avec des yeux d'émerveillement qui lui dévoraient le visage. Elle l'écoutait avec une attention divine pour la suivre dans ses voyages hors du temps. Elle avait même eu la chance de jouer avec elle. Elia lui avait montré de nouveaux horizons, elle lui avait appris à sortir des sentiers battus, à ne plus voir de frontières. Celles que ses parents, le répertoire classique et son éducation avaient érigé. Peut-être qu'en fait, c'était elle la première à avoir compris ? La première à avoir troqué la vibration de ses cordes vocales pour celles de son violon afin de converser avec Aria ? Peut-être. Mais, elle était partie. Comme envolée dans un éclat de fumée. Elle l'avait laissé. Plus d'apprentissages, plus de voyages. A nouveau seule.

Les souvenirs brumeux de cette période irréelle s'effacèrent des iris bleues de la Beurk et elle redressa finalement la tête pour répondre d'une voix sans émotion.

- Si. Il y a quatre ans. Mais elle est partie.

Non, finalement, elle ne voulait pas discuter. Pas à son sujet. Elia était un souvenir aussi beau que douloureux. Aussi réel qu'inaccessible. Que serait-elle devenue, elle, Aria, si Elia n'était pas partie précocement de Poudlard ? Serait-elle parvenue à préserver les dernières miettes de son regard d'enfant ? Serait-elle parvenue à l'ouvrir au monde avant qu'elle ne s'entête définitivement à le haïr ? Ridicule.

La musique n'avait pas autant de pouvoirs. Elle ne changeait personne, dans le fond. La musique, c'était une bulle illusoire qui s'ouvrait dans la cruelle réalité. Une bulle fragile, éphémère. Qui ne pouvait pas dérober chaque instant à l'inflexible éternité.

Aria était lasse des mots. De ceux qui comblaient le vide. De ceux qui ne menaient nulle part. Mais De Beauvoir restait là, et il semblait infaillible quand il s'agissait de broder la conversation. Et, étrangement, elle n'avait pas envie de l'envoyer balader avec toute l'acidité qui était la sienne. Pas la force. Pas une nouvelle fois. Pas ici. Pas dans cette salle. Elle était apaisante. Lui aussi, peut-être, l'était.

Alors, peut-être pour s'en débarrasser d'une autre manière, elle fit quelque chose qu'elle n'eut fait qu'avec ses rares élus jusqu'à présent. Elle posa son violon sur le rebord de la fenêtre voisine pour pouvoir glisser une main dans une poche de son uniforme et en sortir quelques feuilles soigneusement pliées. Elle ouvrit chacune d'elles jusqu'à tomber sur celle qui l'intéressait. Puis, elle la tendit au Poufsouffle.

- Tiens, fit-elle de son ton toujours neutre en posant sur lui son regard lasse. L'accompagnement au piano.

La Serpentard avait toujours les partitions de piano en plus de celles de violon quand un morceau comprenait les deux instruments. Pour Sessho, au cas où. S'il voulait la rejoindre dans ses voyages musicaux. Hormis lui - et Eileen -, elle n'avait jamais partagé de partition à qui que ce soit. Était-ce donc un cadeau qu'elle faisait à De Beauvoir ? Non, c'était surtout pour lui clouer le bec, qu'elle aurait répondu, la vipère. Après tout, n'était-ce pas cela qu'il voulait depuis le début avec toutes ses questions ? Maintenant qu'il tenait entre ses mains la partition de ce morceau qu'il avait apparemment tant aimé, peut-être qu'enfin il s'en irait.

Ou peut-être... qu'il oserait la rejoindre ? Laissant ses intentions en suspens dans le silence qui suivit, Aria se tourna à nouveau, récupéra son violon, le plaça au creux de son cou, leva son archer. Une inspiration. Une expiration. Et elle reprit le morceau du début.

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Dim 3 Mai 2020 - 22:31
La douce fraicheur des notes [Aria & Joris]Probablement que beaucoup n'auraient pas compris. Pas compris qu'il tente de nouveau une approche après avoir été repoussé. Pas compris qu'il s’intéresse à elle alors qu'elle semblait chercher à se faire discrète. Pas compris qu'il continue d'essayer de parler là où elle semblait vouloir se taire. En bref, probablement que beaucoup n'auraient pas compris ce qui l'intriguait chez elle. Mais il fallait le laisser comprendre qu'il n'aurait peut - être jamais de réponse. Si cette deuxième tentative menait à quelque chose tant mieux. Sinon, tant pis, ce n'était pas grave. Il avait simplement eu le caprice de ne pas vouloir se fier à une potentielle mauvaise impression. Maintenant, à défaut de savoir dans les détails, il savait un peu mieux. Elle ne voulait pas parler, pas communiquer avec lui, c'était son droit. Les réponses qu'elle lui donnait, c'était son choix. Au-delà du véritable intérêt qu'il portait aux questions qu'il lui posait, il ne pourrait jamais les lui arracher de force.

La question concernant Elia était sortie par simple curiosité. Juste parce que ce nom lui disait quelque chose, du moins qu'il pensait l'avoir entendu quelque part. Peut-être même ici, entre les murs du château. Mais une personne qu'il n'avait pas dû suffisamment côtoyer pour s'en souvenir.

« Si. Il y a quatre ans. Mais elle est partie. »

Il n'avait pas insisté à ce sujet, comprenant qu'elle n'en parlerait pas plus. La dernière phrase et le ton qu'elle avait utilisé parlaient d'eux – même. Il ne connaissait pas le lien qu'elles entretenaient, et il savait encore moins si elles étaient liées d'une quelconque façon, mais ça ne servait à rien de se poser de telles questions, puisqu'il semblait plus qu'évident que ce sujet, à peine évoqué, était déjà bouclé. C'était sa vie, ses secrets, il n'avait pas à les lui voler.

Ça aurait simplement pu se terminer là. Il aurait pu sortir sans chercher à en savoir davantage. Ils avaient déjà échangé bien plus aujourd'hui qu'au cours des quatre années qui séparaient leurs premiers échanges. Ça aurait pu se terminer là, si elle n'avait pas amorcé un geste inattendu à son égard. Du moins, une chose à laquelle Joris ne s'était pas attendu.

« Tiens. L'accompagnement au piano. »

Attrapant la partition qu'elle lui tendait, il fut encore trop surpris pour oser dire quoique ce soit. Elle venait de lui donner la partition de la chanson qu'elle jouait. Il ne la pensait pas incapable d'un tel geste, loin de lui cette idée, mais il ne s'attendait pas à recevoir quelque chose de sa part. Peut-être que c'était voulu, le fait qu'il soit assez surprit pour ne plus oser rien dire. Soit elle lui avait passé la partition dans le but d'espérer combler une envie (qu'il n'y avait pas) juste pour qu'il parte et la laisse tranquille, soit c'était pour une toute autre raison qu'il n'arrivait pas à déceler. Il devait avouer qu'il ne savait pas quoi en penser. Incapable de s'exprimer alors qu'elle reprenait le morceau, il avait simplement rejoins la Serpentard au vol après avoir posé la partition devant lui. Il suivait les notes, prêtant attention au jeu d'Aria, pour ne pas être en dissonance avec elle. Pour ne pas gâcher l'instant. Il n'était même pas sûr que c'était ce qu'elle attendait de sa part. À défaut, il faisait en sorte de ne pas écorcher la musique.

Lorsque le morceau avait pris fin, il lui avait adressé un mot. Un simple mot.

« Merci. »

Il la remerciait de les avoir supportés, lui et ses questions. Il remerciait sa patience de l'avoir toléré jusque-là, alors qu'elle n'avait apparemment aucune envie de communiquer avec lui. Aussi pour la musique qu'elle lui avait permit de découvrir, et de jouer un peu.

« Tu veux la récupérer ? »

Il n'était pas sûr de sa question, mais il la lui posait simplement au cas où. Parce que son but n'était pas la partition. Son but n'avait jamais été de recevoir quelque chose de sa part, et si elle l'avait fait parce qu'elle pensait qu'il s'en irait, il n'en voyait pas l’intérêt. Il n'avait jamais voulu lui retirer une chose qu'elle aurait peut-être préféré donner à quelqu'un d'autre, quelqu'un qu'elle appréciait. Lui, il avait juste voulu refuser de se fier à une potentielle mauvaise impression. Il était simplement intrigué par un visage qu'elle ne lui réserverait probablement jamais.
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Joris de Beauvoir
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Jeu 7 Mai 2020 - 12:02
la douce fraîcheur des notes
Entend moi, mais surtout ne m'ecoute pas. Pars, mais surtout ne t'en va pas. Exprime-toi, mais surtout ne me parle pas.
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Mercredi 13 Septembre 1995

Il était étrange de constater qu'une mélodie pouvait raconter une histoire d'une richesse sublime sans utiliser aucun mot. Qu'une partition, en une poignée de notes, pouvait se faire aussi éloquante qu'un roman d'aventure.

Le morceau qu'Aria s'était remise à jouer contait l'histoire d'un après-midi hivernal. Un champ recouvert d'une poudre de nuages. Des flocons suspendus dans l'atmosphère, n'atteignant jamais le sol. Ils dansaient dans les airs, insaisissables, doux, voluptueux. Avec la grâce infinie d'un cristal gelé. Un ballet aérien, une voltige inimitable. Un univers éloigné, fictif, enraciné tel un vieux chêne dans l'imaginaire de la Beurk. Une île à laquelle elle était la seule à avoir accès. Et la musique en était la clé. Les notes étaient son navire. C'était quand elle jouait de son violon nacré qu'elle se laissait transporter. Qu'elle retrouvait un peu de son enfance, de son innocence, de la candeur d'un cœur qui se délie de ses douloureuses pensées.

Joris avait décidé de la suivre dans ce voyage. Atteindrait-il l'île avec elle ? Dans un songe, peut-être. Une illusion enveloppée par la berceuse qui se jouait dans cette salle à nouveau silencieuse. Un silence musical. Le plus beau de tous.

Elle sentait les doigts hésitants de son accompagnateur improvisé sur les touches blanches et noires face à cette partition qu'il ne connaissait pas, qu'il découvrait à peine. Mais les fausses notes, la violoniste ne les entendait pas. Elle les couvrait de son instrument, l'accompagnait dans ses doutes, le portait par sa propre maîtrise du morceau. Une bienveillance qu'on ne lui verrait peut-être que dans ce contexte-là. Une vertu qu'il était facile à dissimuler dans les inflexions de son archer.

Ce ne fut qu'au moment où la dernière note s'évanouit dans les airs que la pudeur de la Beurk vint recouvrir ses opales de leur rideau glacé.

- Merci.

Un mot. Simple et court. Fort et profond. Un mot qu'on adressait rarement à la blonde. Elle ne répondit pas.

- Tu veux la récupérer ?

Elle haussa un sourcil. Ah, oui. La partition. La Beurk lança son habituel Reducio à son violon avant de le glisser à nouveau à sa chaîne en argent.

- Non. C'est toi le pianiste. Elle est pour toi.

Se contentant de cette simple réponse, elle adressa un dernier regard à De Beauvoir – fugace, froid, serein, brillant, fuyant, indéchiffrable – et quitta la salle.

Finalement, la présence du Poufsouffle n'avait pas été si parasitaire que ça. Où la Vipère était-elle donc allé chercher cette patience qu'on ne lui connaissait pas ? Où avait-elle rangé ses caprices de solitaire ? L'instant musical qui avait précédait se rajouta à la liste des comportements incohérents de la Verte-et-Argent. Elle qui avait depuis bien longtemps abandonné l'idée de s'ouvrir ne serait-ce qu'un minimum aux autres. Qui avait choisi ses quelques élus pour ensuite s'autoriser à tourner le dos au reste de la Terre. Alors, peut-être qu'elle n'avait pas échanger beaucoup de mots avec De Beauvoir, mais elle avait partageait une ballade avec lui. Elle n'avait pas dialogué avec lui, elle lui avait conté une histoire. Celle de sa solitude. Celle du calme qui se dissimulait derrière l'orage de son regard clair. Celle de l'innocence qui luttait parfois encore pour se frayer un chemin à travers sa haine. Voilà tout ce qu'elle lui avait raconté en un arrangement de notes. Un aveu muet. Sans attente. Sans regret. Pour une fois, elle s'était laissée aller. Et ça faisait du bien.

Ce fut l'âme adoucit que la violoniste parcourut les couloirs du château pour rejoindre sa salle commune. Avant d'arriver au niveau des escaliers, elle s'arrêta devant une fenêtre du sixième étage. Il pleuvait. Son âme en fut d'autant plus apaisée. Elle aimait ce temps, il l'hypnotisait, la berçait. Lui rappelait un souvenir lointain. Illusoire, mais réel. Des gouttes suspendues dans les airs grâce à la magie miraculée d'une Née-Moldue. Aujourd'hui, ces gouttes s'étaient transformés en flocons et avaient accueilli la présence d'un nouveau pianiste. Rejouerait-elle avec lui ? Les gouttes ne lui répondirent pas, la pluie resta muette.

FIN

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