This is Halloween ! - La CageTrick or treat till the neighbors gonna die of fright, It's our town, everybody scream, In this town of Halloween !
Sa charge sur l'épaule, le clown parvenait à avancer rapidement dans les allées sombres de Pré-au-Lard. La force de l'habitude. Il savait précisément où il allait. Il savait précisément pourquoi il y allait. Il savait précisément ce qu'il allait y faire. Il avait une galerie d'art à compléter, une œuvre à façonner. La perfection à l'état brut, une création d'un artiste invisible qui marquerait les esprits. Le japonais était parfait pour cela. Un pianiste. Un musicien. Et un pays possédant de nombreuses croyances. Dans quelle direction partirait-il ? Peut-être pourrait-il lui demander son avis, comme il l'avait fait avec Yggdrasil ? Non, c'était une mauvaise idée. C'était parce qu'il en était venu à apprécier la toile et non plus l'esquisse de son pinceau qu'elle avait pu s'échapper. Parce qu'il n'avait pas été assez vigilent. Elle avait pu en profiter pour lui fausser compagnie. Une œuvre qui, à jamais, serait inachevée. Un véritable gâchis. Il refusait que cela arrive à nouveau.
La vieille bâtisse se dessina bien vite dans l'horizon. Alors qu'il continuait sa route de plus en plus pressé, un véritable sourire fleurit sur ses lèvres. Un sourire dans le rictus du clown. Bientôt, Sessho Shinmen se réveillerait et comprendrait. Il l'avait observé pendant des heures. Il connaissait ses habitudes, ses qualités, ses imperfections. Il connaissait ses amis et son amour pour le dialecte muet. Il savait où il se rendait pour boire son thé durant les week-end à Pré-au-lard, ou encore avec qui il passait du temps à Poudlard. Callum Victorio. Hiverna Rosely. Merlin Shafiq. Aria Beurk. Joris de Beauvoir. Tabata Wyatt. Eileen King. Oui, Sessho et lui étaient intimes. Le Japonnais allait bientôt l'apprendre. Ce n'était pas sa cible, cette nuit, initialement. Il était seulement sur la liste. Cependant, il n'avait pas pu résister. La tentation était trop grande. L'ouverture était parfaite. Un coup, un impact, un corps qui tombe et il se retrouvait à le traîner. Il allait adorer ce moment. Il en ressentait déjà l'excitation. Il en avait la chair de poule.
Il rentra dans la Cabane Hurlante sans aucun problème. Il savait où il était simple de retirer les planches pour s'y glisser à plusieurs. Ses pas l'amenèrent directement vers la cave. Là-bas se trouvait l'entrée du passage secret menant à Poudlard, mais surtout toute son installation. C'était rustique, mais suffisant. Une table, des chaînes et des instruments artistiques. L'atelier parfait pour écrire sa haine. L'imperfection de ce monde était répugnante.
Sans ménagement, il déposa le corps sur la table, l'allongeant sur le dos. Puis, avec précaution, il enferma les poignets et les chevilles de son otage. Ses doigts effleurèrent différents instruments la minute d'après, puis il s'arrêta sur les ciseaux. Il s'en empara avec toute l'avidité que son esprit malade pouvait lui fournir. Après ça, il commença à découper le haut de l'adolescent pour laisser la peau de son torse à nue. Il commençait déjà à avoir une idée et l'impatience grandissait, mais il avait son rituel à respecter. Comme avec tous les autres, il allait lui parler, décrire ce qu'il lui ferait subir. Voir le voile dans son regard, l'horreur sur son visage et lui murmurer, lui avouer à ce moment précis où il était. Lui expliquer que, non, personne ne viendrait les chercher. Des hurlements venant de cette cabane était habituelle durant la nuit. Ainsi, ils avaient du temps. Un temps précieux à mettre à profit.
« Il est l'heure de se réveiller. », chantonna le meurtrier d'une voix guillerette, tout en venant placer, sur le nez de sa victime, un torchon imbibé d'un produit que lui-même ne saurait réellement identifier.
Il ne savait pas exactement de quoi il s'agissait, mais il savait que ça fonctionnait. Ce n'était pas la première fois qu'il s'en servait et, comme il s'y était attendu, le garçon papillonna des yeux. Bien, très bien, pensa-t-il. Il ne restait plus qu'à lui laisser quelques secondes pour reprendre ses esprits et comprendre dans quelle position il se trouvait. Leur charmante conversation allait pouvoir débuter. Une nouvelle œuvre à exposer au monde serait bientôt retrouvé aux Trois-Balais.
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Hors-RP
Chère victime du kidnappeur,
1. Ceci est un RP d'actions et de réflexion. Le rythme sera cette fois plus rapide, le MJ passera toutes les 2 semaines — sauf pour les deux premiers passages, où le MJ passera après 1 semaine —, et de ce fait, des réponses plus courtes seront cette fois préférées (bien qu'aucun maximum ne soit fixé, après tout si l'inspiration est là, autant ne pas la freiner).
2. Le but de ton personnage est de trouver la bonne méthode pour s'échapper ou convaincre le tueur de le relâcher. Tu ne peux pas utiliser la magie, car tu n'as pas ta baguette. Tu peux cependant tenter des actions physiques. Pour ce faire, tu devras lancer des dés, 1 seul par post maximum, et la réussite de celui-ci sera déterminé >>ICI<<. Attention, dépendant des actions, le tueur peut également effectuer des jets de dé qui détermineront s'il remarque, ou non, tes manigances.
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La peur. La terreur. Le parfum que dégageait cette émotion était exquis. Il s'agissait du premier coup de pinceau sur une nouvelle toile. Une œuvre que le monde découvrirait bientôt. Le meurtrier esquissa un rictus sauvage quand il vit le pauvre garçon se débattre. C'était succulent. Un délice dont il ne pouvait plus se passer. Il avait essayé, après sa première sculpture. C'était mal, lui avait soufflé sa conscience, mais il n'avait pas su résister. Encore et encore. Jusqu'à ce soir. C'était Halloween. La fête parfaite pour offrir une nouvelle âme aux morts. Pour offrir à cet élève une fin sublime. Il allait le rendre beau, bien plus qu'il ne l'avait jamais été.
Le délice prit fin brutalement. Une brusquerie qui le fit presque sursauter. L'Asiatique arrêta de se débattre. Il tourna le regard dans sa direction. S'il avait vu la frayeur dans ses iris, elle avait déserté ses traits. Il ne restait plus qu'un calme troublant. C'était la première fois que la matière première d'une de ses créations réagissait de la sorte. Que devait-il faire ? Il n'y était pas préparé. Ils avaient tous les mêmes réflexes, les mêmes répliques.
- Joyeux Halloween, Monsieur le Clown.
Lui, ce n'était pas le cas. Comment cet être pouvait-il restait aussi serein dans une situation comme la sienne ? Le kidnappeur arrêta de bouger, ne fit plus aucun geste. Jusqu'à cligner des yeux. L'excitation reprit le dessus. Il jouait la comédie. Un acteur hors norme, mais ce n'était pas assez pour le duper. Comme les autres, il allait supplier. Comme les autres, il allait le menacer. Comme les autres, il finirait par pleurer et le maudire.
- J'ose espérer que la soirée fut bonne pour vous, et je renouvelle mes excuses pour vous avoir bousculé.
Pour la seconde fois, il ne répliqua pas. Il ne devait pas se laisser distraire, il ne devait pas se faire avoir. Il ne devait pas le laisser embrumer son esprit. Le garçon face à lui était doué, mais ce n'était qu'une façade. Une façade qu'il allait briser. Et seulement après avoir détruit son monde, il prendrait plaisir à en reconstruire un. Un univers parfait. Un spectacle inégalable.
- Et je suis navré que nous soyons arrivés à de telles extrémités, Monsieur. Peut-être pouvons-nous en discuter calmement dans l'espoir de trouver un compromis ?
Toujours enfermé dans sa spirale, le clown attrapa l'un des instruments. Un scalpel. Il se mit à jouer avec, le faisant passer entre ses doigts avec une certaine dextérité. Bien sûr qu'il voulait discuter. Il devait savoir ce que l'Asiatique préférait. S'il devait détruire ce monde horrible de mensonges que le garçon lui servait, ce n'était que pour le métamorphoser en un univers radieux, empli de vérités. Un nouveau sourire, aussi abominable qu'il était amusé, prit place sur ses lèvres maquillées.
- Nous allons parler.
Il balaya d'un revers de main, à la fois physique et mental, le reste des mots du japonais. Puis il chercha à contrôler les tremblements de sa voix. L'excitation était à son comble, mais c'était son désarroi face à ce qu'il s'efforçait de voir comme des faux-semblants, sans vraiment y croire lui-même, qu'il voulait camoufler.
« Dis-moi, garçon, qu'est-ce que tu préfères entre un hommage à la musique et un hommage à ta culture ? »
L'interrogation la plus importante était prononcée. Il ne restait plus qu'à attendre la réponse de sa future victime, bien qu'il ne le voyait pas ainsi. Non, ce n'était pas des victimes. Les victimes étaient ceux qu'il délaissait, qu'il oubliait au profit des âmes qu'il sauvait de ce monde écœurant. Les réactions de toutes ses œuvres le lui avaient prouvé à maintes reprises.
Ce n'était pas le cas du garçon. Pour l'instant. Un bon point pour lui ? Ce n'était pas encore certain.
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Hors-RP
Chère victime du kidnappeur,
1. Ceci est un RP d'actions et de réflexion. Le rythme sera cette fois plus rapide, le MJ passera toutes les 2 semaines — sauf pour les deux premiers passages, où le MJ passera après 1 semaine —, et de ce fait, des réponses plus courtes seront cette fois préférées (bien qu'aucun maximum ne soit fixé, après tout si l'inspiration est là, autant ne pas la freiner).
2. Le but de ton personnage est de trouver la bonne méthode pour s'échapper ou convaincre le tueur de le relâcher. Tu ne peux pas utiliser la magie, car tu n'as pas ta baguette. Tu peux cependant tenter des actions physiques. Pour ce faire, tu devras lancer des dés, 1 seul par post maximum, et la réussite de celui-ci sera déterminé >>ICI<<. Attention, dépendant des actions, le tueur peut également effectuer des jets de dé qui détermineront s'il remarque, ou non, tes manigances.
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Il attendait, le scalpel passant entre ses doigts avec une agilité inattendue. La future réponse du garçon était d'une importance capitale. Sa future œuvre devait s'en doutait, le comprendre, car il pouvait discerner, bien que moindre comparé à d'habitude, sa peur qui transperçait son masque. Un calme que le tueur appréciait, sans en comprendre la raison. Mais ce n'était qu'un masque. Des faux-semblants. Des mensonges. Il détestait cela. Son rôle était de révéler la vérité. Une vérité artistique, brutale, mais éternelle. Ça, il aimait.
- Est-ce pour cela que vous m'avez choisi, Monsieur le clown ?
C'était la première fois qu'une de ses victimes, même s'il n'aimait pas ce terme, le questionnait de la sorte. Les autres hurlaient des pourquoi, avant de le supplier. Ils espéraient bêtement une clémence qu'ils n'auraient pas. Le garçon avait l'air de comprendre que son destin était déjà scellé : il ne se débattait pas, ne cherchait pas à s'enfuir. C'était appréciable.
Peut-être que c'était pour cela qu'il refusait de montrer sa peur, et préférait laisser transparaître sa curiosité ? Après tout, quitte à mourir, au moins pouvait-il espérer apprendre ce qui avait poussé le clown à le choisir lui plutôt qu'un autre. Ça aussi, c'était appréciable.
Il hocha la tête, tout en continuant de jouer avec l'instrument, avec son pinceau, laissant l'autre transpercer son regard sombre, fiévreux, fou d'une appréciation future.
- L'une ou l'autre vous intéresse ? La musique adoucit, elle ne blesse pas, ne tourmente pas. Ne trouvez-vous pas le son du piano apaisant ?
Un froncement de sourcils. La musique elle-même ne blessait pas, n'était pas créé dans ce but, comme les arts dans ce monde. Ceux qui les exploitaient, par contre, étaient des monstres. Des êtres abjects. Et ceux qui se laissaient manipuler ne valaient pas mieux à ses yeux tourmentés.
Une des raisons qui l'empêchaient de se voir dans un miroir : il fut un temps où lui aussi avait voulu se faire exploiter, avant de se faire rejeter à cause de sa différence. Alors il avait pris une décision, et même si c'était un raccourci inconscient, s'il ne pouvait atteindre les monstres, il pouvait offrir une fin digne aux artistes avant de les voir se métamorphoser à leur contact.
- Ma culture ne prône pas la violence, continua le garçon, mais l'harmonie. Entre l'homme et son loup. Sa férocité. Sa rage. Sa haine. Avez-vous trouvé ce point, Monsieur ? Cette frontière, cet accord tacite entre la bête et vous-même ?
Un nouveau froncement de sourcils. Le tueur ne comprenait pas. Et ce qu'il ne comprenait pas finissait toujours par l'énerver, le frustrer. Il grinça des dents et, passif jusque-là, s'immobilisa une seconde, avant d'attraper le manche férocement. En quelques enjambées, il se retrouva à côté de sa proie. Aujourd'hui, il était le maître des lieux. Il décidait. Ce gamin ne devait pas l'oublier.
- Je pourrai vous y aider, continua le Shinmen. Vous n'êtes pas obligé de la laisser gagner.
Jusque-là, son calme et sa politesse incompréhensible l'avaient presque apaisé. À présent, ils attisaient les flammes qui bouillonnaient en lui. Avec une maîtrise parfaite de son corps, il grimpa sur la table de métal et se plaça à califourchon au-dessus du sang-pur. Sa main gauche posée à côté de la tête de son hôte, il se maintint dans cette posture et approcha la lame de son cou. Il l'immobilisa à quelques centimètres de son oreille gauche. Ce fut d'un murmure qu'il prononça les mots suivant :
- Et comment est-ce que tu comptes t'y prendre alors que tu ne me connais pas, que tu ne sais pas qui je suis ?
Le silence qui suivit fut tendu. Il était évident à son regard, plus dément qu'il ne l'avait été jusque-là, qu'il n'avait pas terminé.
- Que tu ne sais pas pourquoi, réellement, je fais ce que je fais ? Que tu n'as aucune idée de ce qui me pousse à faire ça ? Tu crois vraiment pouvoir m'aider, toi, un de ces sorciers ?
Un dernier mot craché à la figure du noble. Encore immobile, il attendit sa réponse. Et c'est dans cette attente qu'il trouva interminable qu'il remarqua que, pour la première fois de la soirée, sa main tremblait. D'excitation ? De dégoût ? De peur ? Comment le savoir ? Lui-même n'arrivait pas à le déterminer.
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2. Le but de ton personnage est de trouver la bonne méthode pour s'échapper ou convaincre le tueur de le relâcher. Tu ne peux pas utiliser la magie, car tu n'as pas ta baguette. Tu peux cependant tenter des actions physiques. Pour ce faire, tu devras lancer des dés, 1 seul par post maximum, et la réussite de celui-ci sera déterminé >>ICI<<. Attention, dépendant des actions, le tueur peut également effectuer des jets de dé qui détermineront s'il remarque, ou non, tes manigances.
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Bien qu'il la voulait immobile, sa main n'arrêtait pas de trembler. L'attente indéterminée entre ses mots et ceux que le garçon en dessous allait prononcer le rendait plus nerveux qu'à l’accoutumé. Il savait qu'il ne risquait rien. Le sorcier était attaché, n'avait aucun moyen de s'échapper, et même si quelqu'un finissait par le retrouver, il serait déjà mort, incapable de parler, de dire ce qui lui était arrivé. Ces mages se reposaient trop sur la magie. C'était pour cela qu'ils ne parviendraient jamais à mettre la main sur lui. Il était intouchable. Et pourtant, dans un moment comme celui-ci, il n'arrivait plus à y croire. Pas totalement. Parce que la réponse de l'Asiatique scellerait en partie son destin. Parce qu'il pouvait retourner ses propres convictions contre lui. Comme elle. Comme la Nordiste.
Ce n'était qu'une simple erreur de parcours. Rien de plus. Il n'avait pas à s'inquiéter pour si peu. Il ferait même mieux. Dès le lendemain, il la retrouverait, la suivrait à nouveau, la trouverait. Il achèverait son travail. Il n'avait pas le droit de laisser une œuvre inachevée. Il n'avait pas intérêt à laisser cette personne en vie.
- Vous avez raison, affirma le prisonnier, sa voix hachée d'un sanglot étouffé. Vous avez raison. Je ne suis personne.
Ce n'était pas les phrases qu'il avait espérées, mais il reconnaissait sa place. Ce n'était pas la réponse, au fond, qu'il aurait aimée entendre, mais le japonais était suffisamment intelligent pour ne pas provoquer sa colère avec un mensonge.
- Je ne suis personne pour affirmer vous connaître, pouvoir vous aider. - C'est vrai. Tu n'es personne. Personne. Seulement une de ces créatures hideuses.
Les termes étaient violents. Une indescriptible haine s'avouait dans cette simple combinaison de mots. Lentement, le tueur se redressa, puis quitta son assise. De nouveau, il se retrouvait debout à côté de la table. La main du clown ne tremblait plus du tout. Parce que cet adolescent se montrait raisonnable ? Suffisamment intelligent pour comprendre sa position ? Il ne savait pas, mais c'était mieux ainsi. Il allait pouvoir se mettre au travail. Il commença à approcher le scalpel de son oreille droite, prêt à commencer une œuvre inédite. Il se stoppa dans son mouvement, ses sourcils se fronçant sous le nouvel assaut de sa victime.
- Monsieur, je ne veux pas mourir, dit-il et le tueur s'apprêta à répondre avec ironie, mais s’interrompit quand le Serdaigle reprit. Sans doute est-ce égoïste, mais je ne veux pas mourir.
Il reconnaissait que lui refusait son travail, l'œuvre de toute sa vie, était égoïste ? Ce garçon était définitivement bien différent des autres. Bien différents des toiles qu'il sculptait pour en faire de magnifiques spectacles à observer, à découvrir. Cependant, il n'avait pas le droit de se détourner, encore, de son objectif. Il reprit sa prise. Sa main tremblait à nouveau. Frustration.
- J'aime ma famille. Ma mère. Mon frère. Mes amis. J'aime le monde. J'aime la vie. Connaissez-vous cela, Monsieur ? Avez-vous pu aimer et être aimé autant que vous le méritiez ?
Ce fut avec un mouvement de recul qu'il accueillit ces mots, comme des brûlures insupportables. Il grinça des dents. Son regard se durcit. Lui aussi, il avait aimé sa famille, avant qu'elle le chasse comme une abomination. Lui aussi, il avait aimé le monde, son monde, avant qu'une simple lettre qui n'était jamais arrivée lui arrache son existence. Lui aussi, il avait été aimé et apprécié, avant que des mots sur un parchemin inexistant viennent gâcher sa parfaite petite vie qui aurait été misérable et pathétique. Aujourd'hui, il voyait enfin la vérité. Grâce à eux, grâce à leurs refus, grâce à leur abandon, grâce à leurs moqueries, grâce à ces êtres abjects qu'il détestait plus qu'il haïssait son propre reflet.
- Vous devez tant souffrir pour vouloir cela. Je ne vous en veux pas. J'ai de la peine pour vous.
Est-ce qu'il s'agissait de la goutte qui faisait déborder le vase ? Sans doute. Le kidnappeur se recula de plusieurs pas, sa respiration s'emballant à mesure que les secondes défilaient. Jusqu'à ce qu'il hurle.
- Tu n'as pas le droit ! Tu n'as pas le droit d'avoir de la peine !
Ils le haïssaient autant qu'il les détestait. Ils voulaient sa mort autant qu'il désirait la leur. L'art, l'envie d'être admiré, l'envie d'être inoubliable n'était qu'un prétexte. Ce qu'il désirait, c'était voir le regard de ces êtres purs, insouciants, idéalistes, se transformaient sous ses assauts. Comprendre à quel point la souffrance était universel. Ce qu'il voulait, par-dessus tout, c'était leur faire ressentir ce qu'il ressentait tous les jours. Pourquoi ? Pourquoi n'y arrivait-il pas avec lui ? Comme avec elle ? La peur, c'était tout ce qu'il voyait, entrevoyait. Il avait beau jouer, continuer, rien ne fonctionnait. Il était allé loin, avec cette femme, mais rien n'avait pu briser sa bonté. Il avait la sensation que cet homme était du même acabit. Incapable de haïr. Incapable de comprendre. C'était consternant.
Il recula jusqu'à un coin de la pièce. Forcément, il s'y prenait mal. C'était de sa faute. Il était inutile. Ce n'était qu'un incapable. Sans magie, il ne valait rien. Ce n'était pas faute de le lui avoir répété, sans cesse, encore et encore. Toute sa vie. Son poing frappa sa tempe avec force. Une fois. Deux fois. Trois fois. La douleur allait lui remettre les idées en place. Il le fallait. Il ne devait pas se laisser consumer par la bonté horrible, inhumaine, dont ce garçon faisait preuve. Ce n'était qu'un poison. Un poison qu'il devait détruire. Et vite.
- Tu dois me haïr ! Tu dois me haïr ! TOUT DE SUITE !
La démence. La colère. La haine. L'incompréhension. Le chagrin. La solitude. L'envie. Le désir. Un cocktail explosif. Une bombe à retardement.
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Un esprit fragmenté. Morcelé. Un puzzle incomplet. Des pièces manquantes. Celle d'une âme tourmentée. Le clown souriait à présent de toutes ses dents. D'un cri, d'un hurlement, il passait presque au rire. Ses émotions se métamorphosaient aussi vite que les coups qu'il se portait. La folie. L'abîme d'un désespoir trop grand. Un jouet parfait pour les grands seigneurs. Le bouffon des ténèbres.
- Je ne peux pas...
Ce n'était qu'un murmure. Un presque silence qui eut l'effet du plus grand hurlement. L'homme s'arrêta dans ses gestes désordonnaient. Presque figé, son regard se tourna vers l'Asiatique.
- Pardon ?, demanda-t-il.
Sa voix était rauque. De celle qui était soit trop sollicitée, soit pas assez. Ses cordes vocales le faisaient souffrir. Tout comme son crâne. Ses poings. Son dos. Ses avants-bras. De simples coups, il était passé aux griffures, aux morsures. Il devait se faire du mal. C'était un ordre après tout. Un ordre de son maître. Du seul qui comptait. Un maître imaginaire, rêvait, qui avait en réalité n'eut aucun regard pour lui. Jamais. Ce n'était que dans son esprit, dans sa tête, comme lui avait murmuré maintes fois ces hommes.
- Je ne peux pas !
La voix s'était élevée en même temps que leurs regards s'étaient croisés. La folie d'un cœur meurtri contre le désarroi d'une âme en paix.
- Vous avez si mal... Je le sens. Vous êtes en colère. Toute cette haine... Ça vous pèse. C'est douloureux, n'est-ce-pas ?
Ce garçon le comprenait. Il ne pouvait pas savoir, pas vraiment, mais il avait cette faculté étrange. Il ne le jugeait pas. Il le comprenait. L'avait-il enfin trouvé ? Véritablement ? Dans ce cas, cela voulait dire qu'il n'était pas seulement dans sa tête. Qu'ils avaient tort. Il existait. Et ce soir d'Halloween, leurs chemins se croisaient enfin. Dans un sens, cela voulait dire que le destin existait. Les Japonais y croyaient, non ? C'était parfait.
- J'aimerai vous haïr, Monsieur. J'aimerai vous satisfaire, faire en sorte que vous puissiez sourire, véritablement, vous libérez de ce poids qui vous empêche d'avancer. J'aimerai...
Oui, il aimerait, mais il ne le pouvait pas. Il ne pouvait pas haïr son sujet. Ses pensées, ainsi, alors qu'il écoutait encore l'élève lui parurent si juste. Juste, malgré une absurdité évidente. Il s'était apprêté à le tuer. Il avait voulu lui faire du mal. Pour cela, il se punirait. En attendant, il devait réfléchir. Aucun d'eux ne devait oublier l'autre. Jamais.
- Mais vous vous détestez déjà assez.
Il n'était plus une toile à baptiser. Il était un messie. Son messie. Un être supérieur à qui il devait offrir ses plus beaux chefs d’œuvres. Malheureusement, il n'en avait pas sous la main. Pas encore. Ça viendrait. Le plus vite possible. Pour cela, pour le lui prouver, il devait le lui promettre. Créer un pacte entre eux. Lier leurs corps et leurs âmes, comme les grands seigneurs le faisaient jadis d'après les légendes. Ou était-ce seulement le Seigneur des Ténèbres qui l'avait fait ? Il ne savait plus. Cela n'avait aucune importance. Un rire à gorge déployé s'échappa de tout son être. Et ce fut avec un sourire à faire pâlir un mangemort aguerrie qu'il répliqua.
- Ce n'est pas grave, dit-il d'une voix bien plus douce, bien trop calme. Ce n'est pas grave. Ce n'est pas grave, vous entendez ? Vous avez raison. Ne me haïssez pas. Jamais.
Et comme il passait du tutoiement au vouvoiement, il scella son destin. Une nouvelle fois, ses doigts accrochèrent le scalpel et avec force, il arracha à moitié son propre haut. Alors, s'enfermant entièrement dans sa propre illusion, ne se laissant plus distraire par aucun son alentour, il commença à écrire des lettres de sang sur son torse. Il hurla sous la douleur. Il ria de sa démence.
Puis, quand il eut terminé, haletant, transpirant, il décréta que c'était à son tour. Un pacte se faisait à deux.
Avec une vivacité impressionnante, malgré ses blessures et son sang qui coulait, il grimpa à nouveau sur la table, à califourchon sur l'être ultime.
- Ne bougez pas, messire, ce ne sera pas long.
Enfermé dans un rêve bienheureux, il ne remarquait pas que sa psyché, déjà brisée, risquait de dénaturer celle de l'adolescent. Mais celui-ci voulait l'aider. Après tout, il le lui avait proposé, non ? Il ne faisait que lui accorder l'importance qu'il désirait. Il n'était pas en faute. La lame s'enfonça dans la chair. Avec minutie, il traça des lettres sur la peau diaphane de l'Asiatique. Il ne prit pas garde à savoir si son hôte hurlait ou s'il refusait de s'y plier par fierté.
Quand il se redressa, son œuvre était presque achevée. Presque. Il se dirigea vers l'une des torches en fond de la pièce qui éclairait à peine les lieux et l'attrapa d'un geste vif. Les autres sorciers, ces êtres abjects, ne devaient en aucun cas effacer leurs promesses. Alors, pour s'en assurer, il se pressa à cautériser lui-même les plaies. Il scella ainsi leur accord. Il se l'était imaginé seul. Les flammes léchant leurs peaux, sous leurs hurlements, lui procuraient la sensation qu'ils l'avaient décidé ensemble.
Sous la sueur et le sang, gravé sur leurs torses, il était maintenant possible de lire une phrase. Une phrase d'apparence banale. Ridicule, même. Pourtant, il s'agissait de son contrat.
MON ART EST VÔTRE.
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Depuis son enfance, il avait toujours avancé dans le brouillard. Aujourd'hui, il voyait une éclaircie là où il imposait l'obscurité à un sauveur idolâtré.
Né de deux mages, mais sans le moindre pouvoir, il avait essayé de se faire une place sans y parvenir. Jamais. Trop moldu pour être apprécié dans son monde d'origine, mais trop sorcier pour pouvoir vivre et comprendre le monde des sang-de-bourbes, il s'était retrouvé coupé en deux. Les brimades. Le dédain. L'arrogance des uns, l'ignorance des autres, la violence de tous avaient fini par dénaturer son esprit. Il n'était pas né psychopathe. Ou tout autre forme de déséquilibre mental sévère pouvant amener à faire les pires actions possibles.
Non, mais parce qu'il avait été optimiste, parce qu'il avait été idéaliste, et parce qu'il avait été simplement déçu par cet univers, il l'était devenu. Il l'était devenu à cause d'eux. À cause de cette société qui l'avait rejeté en bloc à cause d'une condition qu'il n'avait pas choisi. Parce qu'il était un cracmol.
Il s'était vengé. Des petits larcins, au début. Des larcins qui étaient devenus des meurtres. Puis de la torture. Une forme d'art : son art. De cette manière, il avait trouvé le moyen de les atteindre. Eux qui se croyaient intouchables. Il les avait piégés. Chacun leur tour.
Tout comme il l'avait piégé lui. Mais alors qu'il s'était apprêté à faire la pire erreur de son existence, il avait compris. Tous les sorciers n'étaient pas mauvais. Et c'était pour eux qu'il devait agir. Pour lui. Pour son sauveur. C'était dans cette unique optique qu'il avait gravé sa promesse sur leurs peaux. À tous les deux. Pour qu'ils n'oublient jamais.
Il était pourtant temps de partir. La voix derrière la porte en était une preuve. Il n'avait pas compris ses mots. Il n'avait pas saisi les tournures de phrase. Il était trop enfoncé dans les profondeurs de la cabane pour cela, mais ça ne l'avait pas empêché de comprendre. Ils arrivaient pour le sauver. Et, alors qu'avec n'importe qui d'autre, la rage serait monté au point de mettre fin à l'existence pathétique de sa victime de façon brutale, ce fut du contentement qu'il ressentit à cet instant. La joie de savoir son précieux maître sauvé. La joie de le savoir bientôt soigné et en pleine forme, sans séquelle de cette mésaventure.
Pour lui, il devrait continuer. Pour débarrasser la vermine. Pour qu'il puisse admirer son œuvre à travers les médias. Pour qu'il soit fier de lui. Il commença à se diriger vers la porte après avoir replacé, haletant, transpirant, la torche à son emplacement initiale. Quand il l'atteignit pour de bon, il avait pourtant fait demi-tour une fois. Il devait lui dire une dernière parole. Lui offrir une dernière confession. Lui faire une dernière prière.
- Vous verrez, lui avait-il chuchoté à l'oreille, que mon art atteindra des sommets. Pour votre gloire. Pour votre suprématie. Je me dépasserai pour vous. Uniquement pour vous.
Difficilement, il avait grimpé les escaliers grinçants sous son poids. Il n'avait aucune issu, mais il pouvait se cacher le temps de leur passage. L'élève sauvé, il n'aurait aucune raison de fouiller les environs.
Quand la porte de l'entrée s'ouvrit dans un grincement sinistre, dans la pièce où deux années plus tôt, Harry Potter apprenait que le traître de ses parents étaient Peter Pettigrow et non Sirius Black, les battants d'une armoire finissaient de se refermer. Tout laissait penser que le clown avait disparu, avait fui et, dans sa précipitation, avait laissé tomber la clef sur le sol. Une clef qui pouvait libérer Sessho de ses entraves de métal.
La vérité, pourtant, était ailleurs. C'était lui qui, juste avant de grimper à l'étage, les avait jeté à terre. Juste devant la porte de la cage. Il ne pouvait, ne voulait prendre aucun risque : le Shinmen était devenu sa providence. Et malgré les marques qu'il avait gravé sur sa peau pâle, pour le tueur, il ne devait plus rien lui arriver.
L'incohérence d'une existence. L'incompréhension d'une folie. Le besoin de dénaturer tout ce qu'il touche. Ce soir-là, personne ne retrouverait le tueur. Ce soir-là, il resterait en liberté, avec une promesse en tête. Le lendemain, dans une semaine ou dans un mois, il finirait par recommencer. Il tuerait.
FIN
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Hors-RP
Chère Victime du kidnappeur,
Comme tu peux le constater, ton personnage va être sauvé, mais à quel prix ? Pour toi, cette aventure touche à sa fin et le Serdaigle n'en ressort pas indemne. Je suis heureux d'avance à l'idée de voir les répercutions sur cet élève sage dans tes futurs écrits. Après cette nuit d'horreur, je ne peux que te souhaiter le meilleur à l'avenir, même si comme tu le sais déjà, je reste farceur. Qui sait ce qui adviendra dans le futur ?
Avec la satisfaction de ton échec, je te souffle qu'un certain clown finira forcément par réapparaître et le sixième année en entendra parler. J'espère qu'il ne lui en voudra pas trop. Il est persuadé, dans sa folie, que Sessho est devenu son messie. N'est-ce pas magnifique ?