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Chain Reaction | RP commun pour tous les pensionnaires de Poudlard | 1 novembre 1995

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Dim 4 Oct 2020 - 15:04
Chain Reaction
Pensionnaires de Poudlard
Difficile d'expliquer concrètement ce que j'ai ressenti ce jour-là. Un tourbillon d'émotions m'a traversé à mesure que la journée est passée. Et j'ai redécouvert, indirectement et inconsciemment, un énorme défaut que j'ai depuis toujours. Vous savez, après la mort de mes parents, je m'étais jurée petite de ne plus m'attacher à personne. C'est littéralement impossible. Objectivement, l'être humain est un animal sociable, qu'il soit sorcier ou non. Il a besoin des autres. Après cette nuit d'horreur, après cette journée horrible, je me suis souvenue de cette promesse que j'avais oubliée en présence de John, puis de Tabata, Elyana, les Salazar, Sessho, Aria, et bien d'autres. Une promesse que je voulais, mais ne pourrais pas tenir, pas après tout ce que j'avais vécu de positif avec ces gens. Le véritable problème à ce moment ? Il suffit d'une gifle pour oublier une centaine de caresses. C'est précisément ce que j'ai vécu. L'esprit est ainsi fait. Il recherche constamment à éviter le danger, quitte à oublier que le bonheur, le bien-être, sont essentiels.
Le réveil avait été compliqué. La nuit avait été compliquée. La soirée de la veille avait été catastrophique. Cette journée, alors qu'elle se trouvait encore dans le lit sur lequel elle avait été placée la veille, à l'infirmerie, s'annonçait mauvaise avant même de vraiment débuter. Elle n'avait pas envie de bouger. Elle n'avait pas envie de se lever, ni d'affronter le regard des autres. Au fond, elle n'en avait qu'une d'envie : rester sur ce lit confortable, malgré le blanc aveuglant, des murs et du plafond, des draps et des paravents. Ce n'était pas au goût de l'infirmière. Madame Pomfresh était arrivée peu de temps après son éveil, avait effectué tout un tas d'examens, puis lui avait signalé — ordonner était un terme plus exact, en vérité — qu'elle pouvait partir.

La minute d'après, malgré ses faibles protestations —
qui ressemblait plus à des grognements qu'à des mots distincts —, elle s'était retrouvée dans le couloir. La seconde après son arrivée dans le corridor, des bras s'enroulaient autour de son cou. Encore sous le choc, la demoiselle n'avait pas réagi à l'étreinte de Roxane. Chaïm s'était contenté d'un fin sourire se voulant compréhensif. Alistair, lui, avait tenté une blague qui n'avait fait rire que lui. Cette scène, comme un tableau symbolique, pouvait représenter une partie de sa journée, sa matinée. Les trois, malgré son silence, malgré son envie d'être seule, ne l'avaient pas lâchée d'une semelle. Le fait qu'ils eussent cours et non elle n'avait pas changé leurs plans. Ils refusaient qu'elle restât seule avec ses pensées. Précisément ce qu'elle désirait.

La partie rationnelle de son esprit lui soufflait qu'elle devait se sentir reconnaissante. Ne s'était-elle pas battue pour être entourée de la sorte ? N'avait-elle pas tout fait pour avoir des amis sur qui compter ? Pourtant, ce n'était pas cette émotion qui coulait à travers ses veines. C'était l'incompréhension. Le déni face à une situation qu'elle ne pouvait que revoir en boucle. Elle face à Tabata. Elle qui refuse de lever sa baguette. Elle qui protège Elyana. Elle qui voit, de façon trop clair, mais sans le comprendre sur le moment, l'état des autres. De Sessho. De Tabata. D'Elyana. De Joris. D'Aria. La réalité, c'était qu'elle ne voulait voir personne, sauf eux. Parce qu'elle voulait s'assurer que ça allait, que ça irait. Elle voulait s'assurer que Tabata avait repris ses esprits, qu'elle et Elyana allaient rester amies malgré ce qu'il s'était passé. Que Sessho n'allait pas s'écrouler. Que Joris allait continuer à l'admirer en secret. Qu'Aria n'allait pas l'abandonner.

La réalité, sa réalité, n'était mues que par ses propres caprices de l'instant, par ce que certain pourrait voir comme de l'égoïsme. La réalité, sa réalité, fut qu'elle en vint à en vouloir aux trois présents. Son incompréhension finissait toujours par se métamorphoser en cette émotion destructrice. Une colère froide s'emparait d'elle. Elle ne voulait pas être avec eux et ils refusaient de le voir. Ils refusaient de le comprendre. Ils restaient collés à elle, l'étouffaient de leur présence, au point qu'elle avait envie de crier, de leur hurler sa vérité. Sa vérité uniquement, car son envie n'avait jamais été exprimée. Son silence, toute la matinée, fut sa seule arme, incapable de formuler ses pensées, toutes plus chaotiques les unes que les autres.

L'heure du midi, telle une délivrance tant attendue, finit par arriver. Si Chaïm resta avec elle, s'asseyant à ses côtés, la King put apercevoir ceux avec qui elle voulait être à cet instant. Ils étaient tous-là, à une exception près. S'installant aux côtés d'Elyana, Eileen ne put retenir ses mots, les premières paroles de sa journée.

« Elle est où Tabata ? »

Elle se doutait que son amie lui en voulait toujours pour ce qu'elle voyait comme une trahison personnelle, mais ce n'était pas une raison de se cacher. Ou, plutôt, elle refusait de voir l'évidence. L'état de la Wyatt avait été beaucoup trop préoccupant la veille pour qu'elle ne fût pas envoyée à l'hôpital. Il était plus aisé pour elle de se mentir, pour l'heure, plutôt que d'affronter les faits. Des faits qu'elle n'allait pas pouvoir fuir bien longtemps. Comme chaque début de mois, le numéro spécial de la gazette fut apportée par une multitude de hiboux. Le point final d'une soirée dramatique, la majuscule d'un nouveau chapitre plus chaotique.

Eileen ne s'y intéressa pas immédiatement, tout comme elle n'avait toujours pas ouverte la lettre qu'elle avait reçu plus tôt dans la journée et qui possédait le sceau caractéristique du Ministère de la Magie. Elle préférait se concentrer sur son repas et le peu qu'elle parvenait à manger, s'échinant à chercher la Française des yeux. Jusqu'au premier chuchotement. Jusqu'à déceler certains regards mauvais se tourner vers la table des professeurs. Jusqu'à remarquer que le frère de son amie n'était, en suivant des yeux les œillades d'autres étudiants, lui-même pas présent à la table des enseignants.

Exaspérée, l'illusionniste ouvrit sa missive et la parcourut des yeux, ses sourcils se dressant à mesure que sa lecture se poursuivait. Les barricades mentales qu'elle avait consolidées inconsciemment pour faire face à l'événement volèrent en éclats. Dominée par une hargne nouvelle, la née-moldu arracha le journal des mains d'un garçon plus jeune qui passait par-là. La protestation dudit élève fut de courte durée face au regard mauvais qu'elle lui adressa. L'instant d'après, elle dépliait le parchemin aux photos mouvantes, prenant connaissance des différents titres.

Sourcils froncés, paupières plissées, la magicienne entreprit ensuite de lire l'intégralité du journal avec une attention toute particulière. Étrangement, elle se sentait trop calme durant la découverte de cette version. Face à cette propagande anti-Dumbledore. Face à cette propagande qui, en plus de s'en prendre au professeur, s'en prenait indirectement à un ami. Le seul point qu'elle voulait bien croire était la fuite des Wyatt. Et le terme fuite, à ses yeux, était extrêmement bien choisi, car à l'instant, son point de vue sur la situation se résumait à la lâcheté de celle qu'elle avait, des années, considéré comme une sœur.

Ce ne fut qu'au point final du dernière article sur le sujet qu'elle ne pût plus se contrôler. Compulsivement, elle froissa le journal et la lettre, comme si ce simple geste allait faire disparaître les inepties écrites du regard de ses camarades. Elle soupira ensuite, inspira en fermant les yeux tout en se massant les tempes dans l'espoir d'atténuer la migraine qui commençait à poindre. Pour tenter aussi de calmer les battements de son cœur qui s'accéléraient. N'y parvenant pas, elle récupéra le journal. Tremblante, ce fut avec un soin particulier qu'elle le lissa avant de le plier pour le placer sur son assiette. Après ce geste d'apparence anodine, elle se redressa, se releva et commença à partir à grandes enjambées vers la sortie. Elle avait besoin d'air.

Ce fut sa rage ravivée qui la poussa à se figer à mi-chemin entre sa place et les portes salvatrices qui lui offrirait enfin la solitude qu'elle visait. À ce moment précis, il n'existait plus rien d'autre qu'elle, les battants ouverts et ces foutus morceaux de papiers. Narquois, comme ses rédacteurs. Cette simple image fut la goutte d'eau. Faisant volte-face avec une rapidité surprenante, ses robes claquant l'air, elle sortit sa baguette de sa manche. Le fait que son geste lui vaudrait un certain nombre d'heures de retenue ne lui vint même pas à l'esprit. Elle pointa le charme dans la direction de la Gazette, visant la lettre de Monsieur Christopher T. Hale, un nom qu'elle ne risquait pas d'oublier de sitôt, par la même occasion.

« Incendio ! »

L'étape après la colère était l'isolement. Un procédé qu'elle avait déjà expérimenté plus jeune. Qu'elle recherchait toujours après avoir craqué, que ce fût d'une façon ou d'une autre. Elle finissait par fuir les autres comme la peste. Comme s'ils risquaient de la contaminer par une quelconque maladie imaginaire. Elle s'enfermait dans un endroit à elle, qu'elle s'était construit et essayait, sans vraiment y parvenir, de remettre de l'ordre dans sa tête.

Suite à sa réaction disproportionnée, honteuse et furieuse, elle disparut de la grande salle dans un tourbillon de tissus, laissant le papier se consumer dans son assiette, léché par les flammes qui s'éteindraient dès que le carburant serait totalement consumé. Ce fut sans un regard vers les autres qu'elle quitta la pièce. Trop de monde. Trop de bruit. Trop de regards qu'elle avait attiré par son action irréfléchie, impulsive. Pour l'heure, elle souhaitait disparaître.

Alors, ce fut ce qu'elle entreprit. S'échapper vers le seul endroit qu'elle avait gardé secret, sauf pour une seule personne, lui parut être la réaction la plus viable à ce moment-là. Dans les cachots, le laboratoire qu'elle avait découvert par pur hasard l'accueillit de son atmosphère sombre, de ses lueurs verdâtres.

Le reste de sa journée se passa dans un calme très relatif. Entre espoir de voir une personne apparaître, préparation ratée pour cause de son incapacité à rester concentrée, admiration passive du lac noir à travers l'unique fenêtre, crise de nerf à s'arracher les cheveux et destruction de diverses objets qu'elle finissait par réparer en culpabilisant. Un torrent d'émotions incontrôlables, qu'elle subit jusqu'au soir, puis toute la nuit, ne réapparaissant que le lendemain pour recevoir les foudres de sa Directrice de Maison.
(c) princessecapricieuse


Hors Role-Play :
Eileen M. King
Admin enragé
Eileen M. King

_________________
Rêve ta vie en

COULEUR
• lilie
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Mer 7 Oct 2020 - 20:10



Chain Reaction
RP commun

Mercredi 1er novembre 1995

Elle avait rarement connu des sommeils comme celui-ci. D’une lourdeur duveteuse, d’un incolore pastel, d’un décalage assourdissant avec le réel. La potion avait fait son effet et le réveil en fut d’autant plus assommant.

Ce fut la pâleur inhabituelle des draps qui la fit percuter. Et pourtant, Jules continua à les fixer un moment sans bouger, immobilisée en position fœtale. Elle voyait la bulle éclater au ralenti. Elle aurait voulu figer le moment dans son propre immobilisme. Elle aurait voulu, de par sa seule respiration, retenir l’illusion au creux de son ventre. Elle aurait voulu que les rayons filtrant par les larges fenêtres de l’infirmerie ne viennent pas la réveiller.

Cinq minutes de plus. Rien que cinq autres minutes dans l’insouciance d’un sommeil sans rêves. Les éternelles cinq minutes qu’on nous volait chaque matin, elle aurait tout donné pour les récupérer ce matin-là. Ces cinq cruelles minutes.

Seulement, lorsque les tourments reprenaient le dessus sur leur état de latence imposé, il n’était plus possible de faire marche arrière. Dans le brouillard de son réveil, les images revenaient, une par une. Puis, les bruits. Les mots, les menaces, les cris. Jusqu’à la faire étouffer sous ses draps blancs. La rouquine se redressa d’un coup et enfila son uniforme scolaire.

Les questions sans réponses parcouraient un marathon dans son crâne. Sa réflexion prenait le pas sur son angoisse : elle devait comprendre ce qu’il s’était passé, pourquoi, comment, qui. Elle devait savoir, rassembler les éléments, reconstituer le puzzle. Mais avant tout : le Club des Cinq. Ariel, Oscar, Tom et Louisa. Si elle savait les deux premiers allongés dans des lits voisins au sien, elle n’avait toujours aucune idée de l’état des deux derniers.

La Murphy tira énergiquement sur les rideaux encadrant son lit avant de faire de même avec ceux de ses deux amis Bleus-et-Bronze.

- Tom et Louisa ? les assoma-t-elle sans un bonjour. Ils sont où ?

Cette question empressée dépassa, dans sa formulation, celle se renseignant sur leur état. Car cette seule question répondait au deux en s’accrochant à un unique espoir : qu’ils n’aient pas passé eux aussi leur nuit dans cette pièce. Celle des témoins. Celle des victimes. Celle des traumatisés.

Evidemment, l’infirmière ne passa pas à côté de cette agitation soudaine. La voix de Pomona Pomfresh résonna en un murmure strict dans le dos de la jeune Gryffondor :

- Miss Murphy, enfin, certains dorment encore !

Elle se radoucit en arrivant à son niveau et posa sa main sur son épaule avant d’ajouter :

- Vos amis vous attendent dehors. Rassurez-vous, ils vont bien.

La nouvelle eut à peine le temps de frôler l’oreille de Jules qu’elle courut vers la sortie de l’infirmerie. Une fois de l’autre côté de la porte, elle se jeta dans les bras de Tom et Louisa. Les avait-elle seulement déjà étreints avec une telle force ?

Lorsqu’elle se détacha d’eux, elle les rassura aussitôt : tout allait bien, aucun d’eux trois – Ariel, Oscar et elle – n’était blessé. Non, aucune blessure de surface. Du reste, il allait falloir tout leur raconter. N’épargner aucun détail. Autoriser la terreur de la veille à amplifier légèrement les faits. Puis, réfléchir ensemble. Se poser les bonnes questions. Dénouer les nœuds. Investiguer. Enfuir les traumatismes psychiques sous la casquette de l’inspecteur.

Ce fut ce qu’elle fit une fois qu’ils eurent tous les cinq quittés l’infirmerie pour se trouver un coin à l’écart. Elle fut quasiment la seule à parler. Oscar hocha la tête de temps à autres en appuyant ses propos par de brefs commentaires. Louisa et Tom n’eurent pas grand-chose à raconter : un chaos sans nom qui les avait laissés dans le flou jusqu’à la fin abrupte d’une bataille insensée entre les assaillants et les adultes. Ariel, lui, ne prononça pas un mot. Et Jules aurait voulu insister, le pousser à décrire ce à quoi il avait assisté en restant dans la clairière. Les détails qui lui avaient échappé à elle dès l’instant où elle avait pris la fuite. Mais, pour l’heure, elle ne lui posa aucune question. Il était trop tôt. Elle connaissait les racines d’un tel mutisme. Elle respectait son silence. Même si elle s’inquiétait profondément de toutes les angoisses que ce dernier scellait.

Jules se serait réjouie d’être dispensée de cours n’importe quel jour de l’année. Sauf celui-ci. Elle devait s’occuper. Rester entourée. Ne surtout pas se retrouver seule avec ses pensées. Ce fut toutefois la situation qui l’attendit après qu’elle ait pris sa douche.

Seule dans son dortoir.

Elle fouilla partiellement dans ses affaires pour trouver de quoi s'occuper. Elle tenta de lire mais ne parvint pas à se concentrer assez pour enchaîner 2 phrases. Elle sortit sa liste de projets qu’elle avait rédigé avec sa jumelle pour voir si elle pouvait avancer sur l’un d’eux. Elle se munit d’un bout de parchemin, d’un encrier et d’une plume. Mais ce fut vers un tout autre chemin que cette dernière la mena. En fin de matinée, le parchemin se retrouva noirci de diverses flèches, tirets, mots encerclés, d’autres rayés : un shéma parfaitement brouillon résumant sa soirée de la veille. Le Mind Map d’un traumatisme voilé de mystères. Une énigme posée sur papier.

Qui ? Pourquoi ? Comment ?

D’un côté, les informations qu’elle tenait pour sûres. De l’autre, ses doutes, ses suspicions, ses brouillards, ses hypothèses. Et ce côté-ci dévorait la grande majorité du parchemin. Elle voulait comprendre ce qui s’était passé, ce à quoi elle avait assisté. Le savoir était un pouvoir, et elle le touchait du bout des doigts.

Vous-Savez-Qui était-il donc réellement de retour ? Plus que jamais, elle y croyait. Sirius Black était-il vraiment un Mangemort ? Les propos du partisan de la veille avaient totalement remis cette information en question. Ou bien, peut-être que c’était eux, les deux masqués, qui n’étaient pas des Mangemorts ? Pourtant, leurs accoutrements étaient tout à fait semblables à ceux qu’elle avait vu en photo. Et pourquoi avoir transplané si subitement ? Combien avait-il été ? Qu’avait signifié les éclairs rouges dans le ciel ? Qui d’autres avait-il cherché à faire chanter ? Etait-ce donc pour attraper Harry Potter qu’ils voulaient entrer au château ? Qu’ils avaient encerclé les rangs d’élèves ? Jules avait entendu le nom du survivant, elle en était certaine. Et il n’y avait qu’une seule personne assez déterminée à le capturer pour organiser une attaque d’une telle ampleur.

Vous-Savez-Qui était de retour. Elle entoura par trois fois cette affirmation puis y accrocha une flèche menant à l’évidence suivante : hier soir, c’étaient ses partisans qu’il avait envoyés. À la recherche de Potter. Usant d’une faille parfaite : la fête d’Halloween menant tous les élèves hors des murs sécurisants du château. Sans savoir que le seul qui n’y serait pas était celui qu’il cherchait.

Quand elle releva son regard victorieux de son brouillon, l’heure affichée par son réveil vint narguer son estomac : il était midi et son ventre était vide. Elle roula le parchemin et le glissa dans sa robe de sorcière puis rejoignit la Grande Salle en courant presque. Plus que la faim, c’était l’envie de partager ses conclusions avec ses amis qui galvanisa ses pas.

Lorsqu’elle arriva, les tables étaient déjà remplies par les élèves des différentes maisons et le plafond enchanté venait tout juste d’accueillir les nombreux volatiles porteurs de colis. Déjà, de nombreuses personnes avaient leur nez fourré dans la dernière parution de la Gazette : celle résumant les événements de la veille. Jules pressa le pas entre les tables jusqu’à rejoindre un hibou qui commençait à s’impatienter aux côtés de Tom et Louisa. La Murphy extirpa cinq noises de sa poche et les échangea contre le journal auquel elle était abonnée. Elle s’assit entre ses deux amis Rouge-et-Or et tous trois se mirent à lire avidement l’article en première page.

« Un Halloween trop effrayant. »

Jules tiqua dès que ses yeux amorcèrent la première phrase du témoignage d’un auror anonyme :

« Je pense qu'il ne s'agit que d'une énorme farce qui a très mal tournée.»   

Son indignation se manifesta dans un claquement de langue et le reste de sa lecture fut accompagné d’une contraction croissante de ses arcades sourcilières. Elle garda le silence jusqu’à la fin de l’article, puis jusqu’au suivant, avide de savoir si le déni avait des limites. Et apparemment pas, pour le Ministère de la Magie. Elle tourna la page sans se soucier si Louisa et Tom suivaient le rythme et entama le paragraphe précédé par l’intitulé :

« Des mangemorts ?
Fable ou réalité ? »

Sa lecture fut interrompue par le crépitement rougeoyant d’un papier qui prenait feu. À quelques places d’elle, sa plus grande mentor parmi les Lions venait de réduire en cendres les inepties de la Gazette. Eileen M. King venait d’afficher sa position. Son avis était prononcé sans un mot, seulement dessiné par les flammes. La toile de la révolte venait de s’afficher et Jules vit aussitôt le pinceau qu’on lui tendait. La toile ne resterait pas vierge. La révolte ne s’éteindrait pas dans ses cendres. Non, Jules allait y peindre les couleurs de sa colère latente.

La Deuxième année plia hâtivement le journal, l’agrippa d’une main et s’appuya de l’autre sur la table pour se hisser debout sur le banc des Gryffondors. Profitant de l’attention générée par l’Incendio d’Eileen, elle accueillit les regards sur sa petite silhouette fièrement dressée et leva haut en l’air son poing tenant la Gazette du Sorcier.

- Les Mangemorts, fable ou réalité ? clama-t-elle en reprenant le titre du second article. Vraiment ? Ils osent sérieusement nous faire croire qu’ils ne le savent pas ? Ils osent ENCORE nier le retour de Vous-Savez-Qui ? Hier soir, j’ai été confronté, avec d’autres élèves ici présents, à deux Mangemorts. OUI, des MANGEMORTS ! Ils sont de retour, ils sont là, et le nier ne fera que nous mettre plus en danger encore !

Elle baissa son poing pour froisser le papier en boule.

- La Gazette nous manipule, la Gazette nous ment ! Alors, réduisons en cendres ces mensonges !

Et, elle jeta la boule dans l’Incendio créé par la King, ravivant ainsi ses dernières flammes.

La théâtralité d’une Lionne. La symbolique d’un geste. L’espoir d’une révolte.

☾ anesidora
Jules Murphy
Admin idéaliste
Jules Murphy
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Jeu 8 Oct 2020 - 9:54
Chain reaction
RP Commun
Ruby, avait entendu tout le bordel du retour de la fête d'Halloween la nuit dernière et elle n'avait pas été mécontente d'être resté tranquillement a l'école ce soir là. Enfin, tranquillement, façon de parler. Elle avait plutôt été calme certes, mais avoir le château pour elle toute seule presque, avait surement été le soir le plus agréable qu'elle n'est jamais passé dans ce château. La tête profondément plongé au fin fond de son fondement, la jeune Ruby arrive en traînant les pieds et habillé comme d'habitude ; a la va-vite s’installe a la table des Gryffondor dans le plus grand des calmes. Elle n'avais rien entendu du grabuge qu'il y a eu a la rentré de cette soirée, et encore moins de ce qu'il s'y était passé. De toute façon, elle n'est pas vraiment concerné par tout ça. Son rôle dans cette histoire , elle pense l'avoir trouver et n'ayant pas vraiment de liens avec qui que se soit dans ce château, ce qu'il pouvait bien s'y passer lui passait plus que largement au dessus de sa tête. Du moins, c'est ce qu'elle se dit aussi tôt ce matin là.

Calmement, elle se sert un bol de céréale sans perdre du temps a saluer les un et les autres, elle s'en moque, puisqu'elle n'a pas vraiment d'ami et ce n'est pas de leurs faute d'ailleurs. Elle s'isole presque volontairement car personne ne parviendrais a comprendre la moitié de ce qu'il se passe, ou plutôt, ce qu'il ne se passe pas, justement, dans son esprit. Elle verse son lait par dessus ses céréale qui garnissent généreusement le bol sans oublier d'en avoir verser allègrement a côté par un manque claire de précision de sa part, c'est de cette façon qu'on sert les céréale et pas autrement. Puis, plonge sa cuillère a l’intérieur en commençant son petit déjeuné en espérant que personne ne vienne la déranger dans son heur syndicalisé. Ruby n'est pas une jeune fille très matinale et ne supporte pas qu'on lui parle avant son heure légal entre le moment ou elle se tire de son lit, et le moment ou sa mauvaise humeur s'estompe. Et de mauvaise humeur, elle l'était, c’était tellement calme ici la nuit dernière qu'elle va très vite repenser a cette nuit avec nostalgie, elle sera bien l'une des seule, visiblement.

«  Crounch-crounch-crounch... »

Puis elle commence a laisser traîner ses oreilles a droite et a gauche. Tout va très vite a Poudlard, mais enfin, encore une fois, qu'est ce que ça peu bien lui faire ? C'est un peu plus tard, quand King qui se prend pour sa majesté de l'école commence a faire sa scène et foutre le feu au Quotidien. Elle lève ses yeux au ciel, dans un soupire lasse avant de décider d'abandonner cette scène des yeux. Il est trop tôt pour ses conneries.

«  Crounch-Crounch-crounch... »

Des élèves retirer de l'école, une soirée qui tourne a la tragédie, un prof qui se tirre. La belle affaire...Au moins, pour cette fois là, Ruby n'avait rien a voir la dedans, et c'était parfaitement...parfait.

« Crounch-crounch-crounch. »

Ça deviens compliqué dans ce chaos de savourer son bol en paix. Le problème qu'elle voyait avec tout ça, c'était qu'elle allait en baver, et c'est pas faute de, pour une fois, ne pas avoir participer au histoire et a tout le bordel qui s'engage. Pourtant, elle n'est pas stupide, malgré qu'elle ne se sent pas du tout concerné par tout ça, il semblerai qu'elle va connaître des moment compliqué a Poudlard, plus compliqué encore que ça ne l'est déjà pour elle. Si seulement, elle pouvait elle aussi se tirer de cette école moisit. Si seulement elle pouvait être totalement libre a faire ce qu'elle a a faire sans se poser plus de question que cela ? Sa vocation a elle, son implication dans sa propre vie, tout le monde s'en tape. Enfin, ça lui va plutôt bien pour dire toute la vérité. La Vérité, elle la connais déjà.

Ruby dépose sa cuillère sur la table de la grande salle et apporte le bol a ses lèvres pour vider le lait parfumé de caramel de son lit. Un petit filet blanc s'enfuit de sa bouche pour glisser dans une goûte sur le col de son uniforme.

« Aaaah... »

Elle soupire d'aisance, le ventre plein essuyant d'un revers son menton légèrement mouillé du revers de sa manche élargit sur ses doigts. La jeune fille croise ensuite les bras sur la table, il lui reste du temps avant d'entamé une nouvelle pénible journée de cours ou l'ambiance va être grave. Elle n'a pas hâte...pas du tout hâte, mais elle va profiter un peu de l'ambiance pour continuer d'écouter avant de décider de se servir, cette fois, un verre de jus d'orange pour rincer sa gorge.

Curieuse ? Elle l'était, Inquiète ? pas vraiment mais pour répondre a ses question, elle savait très bien vers qui se tourner et elle comprendrais probablement bien plus de chose que si elle demandais a n'importe qui d’énervé dans ce château. Elle va se contenter d'attendre car de toute façon, elle ne pourrais rien faire du haut de ses 14 ans a part agiter des banderole dans la grande salle et s'époumoner pour des heures de colle et des perte de points pour un truc qu'elle sait inutile. Les gens qui l'écoute ne font pas partie de l'ensemble de ce château et Ruby est beaucoup plus subtile qu'il n'y parait pour se mêler directement a des chose qui, a son avis, ne la regarde pas.

Chacun ses problèmes, et le siens a l'heure actuelle c'est de prier pour ne pas avoir une autre journée partie en fumé demain matin en se levant et aussi et surtout, trouver une cigarette. Jules, elle même commence a s'agité en soutenant le geste de King. Il y a des façon moins bourrine d'agir. Ils ne sont que des gosses et personne ne les crois. Elle connais la vérité, c'est ce qui importe. De son point de vue, il n'y a que ça qui importe.

:copyright:️ YOU_COMPLETE_MESS
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Mar 13 Oct 2020 - 22:26







Chain Reaction
Tout le monde

U
n réveil étrange, comme si aucun passé n’existait, mais aucune futur non plus, tel un fœtus prêt à entrer dans ce monde de fou, je m’éveille, ignorant dans un premier temps où je peux bien me trouver. J’ouvre les yeux avant de les refermer… Le néant, le calme, comme si rien n’existait à cet instant… Comme si j’étais seule au monde, dans un univers blanc, immaculée… Mais ce brouillard étrange, si étrange… Mes yeux d’humaine se réouvrent alors, comme si la réalité me rattrape petit à petit, soufflant ce brouillard pourtant si doux et apaisant… Mais vivre dans l’ignorance n’est pas la solution, et les images de la soirée me revenant en tête, je comprends alors que tout cela n’était qu’une illusion, une utopie bien imaginaire…. L’alcool d’abord, suivi de ma danse… Oh lala comme j’ai été ridicule et pourtant… Comme je suis bien amusé ! La première fois depuis si longtemps…. Puis le bruit, le noir, Tabata et notre fuite… Pas forcément la meilleure idée du siècle je le conçois… Le détraquer, la disparition de ma lionne, ma transformation…. Merde ma transformation… Bordel qu’est ce que j’ai fait… Il faut que je leur parle… Il ne faut pas qu’eux en parle à qui que ce soit ! La femme, notre sauvetage… La dissolution du groupe, Eileen, Tabata… L’attaque, ma défense… Le sang… Le doigt….


M
a bouche s’enveloppe alors d’une substance, comme si le liquide rouge provenant de mon amie coule encore dans ma gorge… Cette sensation, cette chaleur… L’image du doigt à terre me prend à la tête… Qu’est-ce que j’ai faits ? je me redresse d’un coup sec, mettant ma tête dans mes mains… Le choc trop important, aucune larme ne peut couler, je ne m’autorise pas à ce que mon chagrin vienne à la surface, je n’en ai pas le droit… Je les amputé...  Et Eileen, dans quel état est-elle ? Je n’ai pas su la protéger… Non ! Stop ! La lamentation ne mène à rien, la preuve, c’est elle qui a fait que je n’ai servi à rien ! Je me redresse, mon regard se vidant d’émotion, mon cerveau semblant essayer de faire une mise au point, tristesse ou colère ? Culpabilité ou détermination ?


S
oudain un miaulement, connu, familier et qui sait donner le sourire. Je tourne alors le regard au sol : Snowy, comment est-elle arrivé jusqu’ici celle-ci ? Je l’attrape alors délicatement, la met sur mes genoux, et la caresse tendrement, profitant de chacun de ses ronronnements comme la meilleure des thérapies. Oui je me calme, oui ma conscience devient stable, et bien que je pense qu’il va me falloir du temps pour savoir exactement où j’en suis, il faut que j’avance…


- Si vous vous sentez mieux, vous êtes priez de quitter l’infirmerie Miss Sleepy.


U
ne voix de dame mûr, pas en colère, mais plutôt rassurée que je me réveille ainsi. J’essaie de faire un semblant de sourire, tout en me levant et m’habillant. Snowy semble miauler dans une direction qui me stoppe net, mes yeux se fige, mon âme s’évapore le temps d’un instant : Sessho… Le visage si paisible et pourtant, j’ai la sensation que la paix soit bien loin de mon ami désormais… J’ai envie de le prendre dans mes bras, de m’excuser, de lui dire que tout est terminer… Mais je refuse de lui voler ces moments de paix que lui offre ce sommeil sans rêves, sans souvenirs, sans problèmes… Je me dirige donc dans mon dortoir, en silence, ma fidèle boule de poils entre les bras…


J
’enfile ma robe de sorcier, me coiffe rapidement les cheveux, les laissant lires et aérés, fais un dernier câlin à ma fidèle amie, désormais en boule sur mon lit. Je vois alors à la fenêtre, un hiboux semblant vouloir entrer, avec une lettre marquée d’un sceau fort familier… J’attrape la lettre, caresse le messager, et met le courrier dans ma poche… Le Ministère attendra… Puis je prends la direction de la grande salle… Je m’étonne d’être dans les premières, et choisis donc une place calme, sans personne autours qui pourrait me parler de la nuit passée… Et pourtant… Les murmures et les rumeurs suivant la lecture d’un journal semblant bien bavard ne sont pas assez discrets pour que je puisse l’ignorer. Mais alors que j’essaie de na pas comprendre ces chuchotements bruyants, Eileen, telle une petite souris sortis de nulle part s’installe à côté de moi. Je ne sais quoi lui dire, et de toute manière, le temps me manque puisqu’elle me devance…


« Elle est où Tabata ? »



T
abata… Son doigt… Mon regard se fige, et ma bouche reste immobile… Tournant la cuillère dans mon thé au lait telle une boucle sans fin… Mais c’est là, sans crier gare que le destin se réveille, semblant vouloir m’aider à trouver la marche à suivre. Mon amie commence à lire ce foutu parchemin, attirant mon regard qui en fait de même comme hypnotisé… Ce que je lis à ce moment est dingue, mon cerveau commence à bien réaliser sa mise au point… Ma lionne... Ma si courageuse lionne… Enfuite ? La disparition de Sessho une mauvaise farce ?... Mon esprit mouline, mouline, et mouline encore. Et alors que la réaction Eileen ne se fait attendre, suivit de celle de la petite Jules, j’ignore pourquoi, mais mon instinct me dit de lire la lettre reçue plus tôt…


J
e rêve… Ce n’est pas possible… Oui la mise au point est terminée, mes yeux deviennent vifs, mon regard s’endurcis, semblable à celui d’une renarde, mon côté humain s’évapore. Je n’ai qu’une seule envie, hurler… Me transformer… Tous les bouffer ! Mais je me retiens, me contentant de broyer la lettre et la plonger dans mon thé. Je me lève alors… Oui mon cerveau s’est décidé et je sais maintenant parfaitement où j’en suis… Ils veulent nous discréditer ? OK ! Tabata s’est barrée ? Très bien ! Ils passent Sessho pour le dernier des imbéciles ? Comme ils souhaitent... Maman… Papa… Je m’en excuse d’avance…


J
e me lève, attrape le bras de la jeune Murphy que je ne connais pourtant si peu, la fixe, le regard rempli de la haine que je ne peux réellement exprimer mais qui se lit comme un livre ouvert à tous. J’attrape ma baguette, et d’un mouvement sec dirige la pointe de mon arme vers le plafond, voulant toucher le plus de choses possibles…


- Ventus !


M
a rage semble alors se transformer en bourrasque de vent, envoyant valser tous les journaux que les élèves environnants tenez.


- Arrêtez d’être des moutons… Bandes d’imbéciles !



U
n regard noir vers la table des professeurs avant de courir, courir aussi vite que possible… Oui la petite princesse s’en est aller… Papa… Maman… Je suis désolé…. La forêt m’appelle, personne ne me suit, personne ne se promène…. Ma robe rouge et or se transforme en un pelage de neige, hérissé comme un chat énervé. Papa… Maman Veuillez me pardonner… Mais ceci est mon combat… La princesse s’en est aller, ma véritable nature est enfin arrivée… Je ne sais toujours pas comment me retransformer mais je profite de cet instant… Je me sens libre, je me sens moi, je me sens déterminée… Rien ne pourra m’arrêter… La guerre est déclarée !




           
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Jeu 15 Oct 2020 - 15:43
Chain Reaction

RP commun

Il était tôt, ce matin-là, lorsque les premiers mouvements se firent entendre dans l'infirmerie de Poudlard. Certains étudiants souffraient de petits bobos et étaient tenus d'assister aux cours de la journée ; on s'agitait, on se préparait et on se rendait au petit-déjeuner. Mrs Pomfresh prodiguait les premiers soins après la nuit, aux dormeurs comme aux éveillés. Le cerveau d'Ariel enregistra toutes ces informations sans parvenir à les analyser.

Sa bouche brûlait faute d'avoir parlé. Ses yeux brûlaient faute d'avoir pleuré. Le reste de son corps était froid comme la glace et dans son esprit défilaient sans cesse les images de la veille.

Et étrangement, ce n'étaient ni les masques horrifiques de leurs assaillants, ni les sortilèges qui avaient fusés, qui se rappelaient à lui. C'étaient les feuilles livides qui jonchaient le sol, les feuilles détrempées qui pourtant volaient sous les bourrasques de vents, ces feuilles de malheur qui étouffaient tous les bruits et qui les avaient perdus au plus profond de la forêt. Ces feuilles qui, traîtresse, ne s'étaient pas donné la peine d'annoncer l'arrivée des Mangemorts ; ces feuilles qui, indifférente, n'avaient pas porté l'écho de leurs cris aux adultes censés les protéger.

Il se mordit les lèvres. Les mêmes images et les mêmes pensées défilaient depuis qu'il avait ouvert les yeux. Les murs rassurants de l'infirmerie n'étaient pas suffisant. Le blanc immaculé, contraste presque trop saisissant avec le froid oppressant de la forêt, était plus angoissant qu’autre chose.

Ariel étouffa un cri et tua son sursaut lorsque les rideaux qui entouraient son lit s’ouvrirent brusquement. Jules apparut derrière, les traits tirés et le teint pâle. À mi-chemin entre l’apathie et la détermination. Les visions revinrent et Ariel sentit la nausée monter. Le visage d’Oscar apparut tandis que le fillette découvrait son lit.

— Tom et Louisa ? Ils sont où ?

Les mots restèrent vides de sens. Ariel devait-il répondre ? Il se contenta de suivre des yeux son amie, de les poser un instant sur Oscar, puis il reporta son attention sur l’armature en fer-forgé de son propre lit. Mrs Pomfresh dit quelque chose, et Ariel n’en comprit pas la teneur non plus.

Les feuilles volaient. Encore et toujours.

La bile demeurait dans sa gorge et ses rétines rejouaient sans cesse le Doloris que Merlin avait reçu.

Il ne comprit pas tout à fait les événements qui survinrent par la suite. Jules disparut, remplacée par l’infirmière. Même si la présence de son amie était rassurante, celle de l’infirmière avait le mérite d’être silencieuse. On le mit debout, on le fit s’habiller. On le conduisit vers un couloir, puis un autre, puis encore un autre. Il remarqua qu’il était en présence du Club des 5 quand le silence se fit : Louisa, Tom et Jules, sans l’affirmer explicitement, lui demandaient des précisions sur le déroulement des événements de la soirée.

Il haussa les épaules et accéléra un peu le pas. Il ne remarqua pas les échanges de regard interloqués de Tom et Louisa ni l’expression inquiète de Jules qui le suivit des yeux.

Ariel aurait été incapable de déterminer le moment où le groupe se scinda en deux ; en tout cas, arrivés devant le heurtoir en forme d’aigle, il fut incapable de l’actionner. Oscar s’en chargea à sa place et encore une fois, le jeune Melwing ne perçut pas l’inquiétude latente cachée dans les yeux de son camarade.

À la place, sa silhouette figée dans l’ombre des arbres, ses pieds détrempés campés dans les feuilles mortes, et son expression de terreur pure qui tiraient tous ses traits.

Ils n’étaient que des enfants. L’horreur, la mort et la torture ne devaient pas faire partie de leur quotidien. Les blagues enfantines qu’Halloween autorisait se transformaient soudain en une réalité qu’il ne parvenait pas à assimiler. Les costumes de vampire étaient devenus des masques de Mangemort, les potions aux effets gentillets avaient été remplacés par des sortilèges de Magie Noire.

— Tu devrais parler, dit Oscar, et sa voix traversa le silence opaque.

Ariel resta campé dans le silence, assis silencieux sur son lit à baldaquin. Il n’en avait pas envie. Et même s’il le voulait, que dirait-il ? Il ne souhaitait pas raviver davantage encore les souvenirs, les peurs, les pleurs, et il ne voulait pas se remémorer leur inutilité et leur couardise.

Sa couardise.

N’avait-il pas souhaité faire entrer les Mangemorts dans l’enceinte de Poudlard pour s’assurer une relative sécurité ? N’avait-il pas voulu se livrer, lui et ses amis, par pur instinct de conservation ?

Personne n’avait eu de telles pensées.

Les feuilles mortes sur le sol. La bile dans sa gorge.

— Je vais dormir un peu, murmura Ariel.

Ou peut-être qu’il s’imagina le murmurer mais que rien ne sortit de sa bouche. Il ferma les rideaux de son baldaquin, coupant toute discussion avec Oscar avant même qu’elle n’eût commencé. Vaguement, il l’entendit se lever et quitter la pièce. Une pointe de culpabilité lui tordit le coeur mais elle fut aussitôt étouffée par la torpeur qui l’habitait.

Les rideaux du lit clos, les lumières éteintes, la seule source de lumière provenait des interstices des volets fermés. Ainsi plongé dans la semi-obscurité, Ariel sentait sa léthargie s’accroître. Il ferma les yeux dans l’espoir de s’assoupir ; dans l’espoir de fuir ces feuilles volantes et cette absence d’émotions trop présente.

Une demi-heure plus tard, il dut se résigner : il ne parviendrait pas à s’endormir.

Mû par un soudain accès de volonté, à mi-chemin entre le besoin de s’échapper et celui de se faire mal, il décida d’agir. Se contentant de sa chemise et de son pantalon, oubliant la cape et les chaussures qui l’appelaient pourtant, se riant de la pluie et du froid mordant qui régnaient dehors, il traversa les couloirs froids et le parc embrumé de début novembre. Le temps reflétait l’humeur de la plupart des gamins : colérique et maussade.

Pour la première fois depuis très longtemps, Ariel se fichait des regards de ses camarades qui le suivaient avec étonnement. Ce jour-là, seules les feuilles mortes et la bile comptaient.

Il n’eut aucune réaction lorsque l’eau trempa le bas de son pantalon, pas plus quand l’humidité glaciale atteignit sa taille. Le lac, majestueux dans son immobilité, offrait une parfaite réponse à la platitude de ses émotions. Doucement, sans accroc, il s’enfonça en son sein.

L’eau ne jugeait pas. L’eau ne parlait pas. L’eau apaisait les maux les plus douloureux, ou au moins les anesthésiait-elle. Ariel retrouvait la sensation avec délice.

Il se rendit compte qu’il pleurait lorsqu’il prit conscience des traînées brûlantes sur ses joues fraîches. Les larmes salées se dissolvaient dans l’eau avant qu’elles ne puissent se former tout à fait. Elles agirent comme un déclencheur sur le jeune garçon ; d’un coup, ses émotions se soulevèrent et la puissance du raz-de-marée le fit trembler.

Ariel plongea tout à fait dans le lac en tentant de fuir la réalité.

Comment était-il censé réagir ? Comment devait-il faire pour garder la face auprès des autres ? Il savait comment ses camarades se relèveraient : Jules feraient un esclandre et tenterait de combattre l’injustice par tous les moyens - sans doute qu’elle serait aidée par d’autres Gryffondor - ; Merlin, forte et adulte, saurait prendre du recul et sa sagesse alimenterait son combat ; Oscar s’en remetterait doucement et silencieusement, comme à son habitude, mais sans jamais se renfermer tout à fait sur lui-même ; la douceur et la candeur d’Azalée la sauverait sans doute, éternelle petite optimiste ; il en irait sans doute de même pour Neïa, qu’il connaissait si peu mais qu’il admirait tant.

Il serait le seul à se consumer sans issue possible, le seul à sombrer dans un gouffre qu’il creuserait lui-même.

Des bulles d’air s’échappèrent par son nez et il s’enfonça encore un peu plus dans les profondeurs.

Tous les autres en sortiraient plus ou moins indemnes, mais jamais aussi traumatisés qu’eux. Tom, Louisa, la plupart des étudiants n’avaient pas vu ce qu’ils avaient vu. Ils ne connaissaient la terreur pure que parce qu’ils en avaient entendu parler. Ils n’en avaient jamais savouré l’essence.

Ils n’avaient jamais vu les images de leur vie défiler devant leurs yeux et n’avaient jamais pensé à trahir tous leurs amis au nom de leur propre survie.

La boule dans sa poitrine sembla grossir, s’épaissir, et il coula plus loin, plus fort. L’air commençait à manquer. Les poumons commençaient à brûler. La noyade semblait une fin acceptable, douce et sans douleur.

Il remonta à la surface.

Au contact de l’air pur et de la pluie diluvienne - au contact de la vraie vie -, ses émotions refluèrent aussitôt. Le soulagement qu’il ressentit en reprenant son souffle fit écho au gouffre qui se rouvrit dans ses entrailles : suffisamment grand pour submerger le reste.

Ariel reprit la direction du château, plus indifférent à son entourage que jamais. Ses pieds nus et sales avançaient seuls, automatiquement. Sans but particulier, sans intention particulière.

Il arriva devant les portes de la Grande Salle après tout le monde. À l’arrêt dans l’encadrement de la porte, il prit conscience pour la première fois de son attirail : trempé, pieds nus, yeux rougis. Sûrement pas le meilleur des accoutrement pour se mêler aux étudiants de Poudlard, encore moins pour aller manger en communauté. Sauf qu’il ne voulait pas retourner dans son dortoir et affronter ses démons seul encore une fois.

Les regards commençaient à s’attarder un peu trop sur sa silhouette, lui tardait un peu trop à prendre une décision, quand une exclamation détourna l’attention générale :

— Incendio !

Le Serdaigle reconnut King, fièrement campée sur ses deux jambes, entre la sortie et la table des Gryffondor. Sur cette dernière, une flammèche consumait quelque chose. L’attitude de la jeune fille témoignait d’une rage mal contenue.

Tout de suite après, Jules se leva sur son banc. Elle vociféra quelque chose, mais ses paroles étaient trop lointaines dans son cerveau pour qu’il ne les comprenne. Les conséquences même de son discours, associées à l’expression furieuse d’Ombrage, ne parvinrent pas à l’inquiéter.

— La Gazette nous manipule, la Gazette nous ment !, martelait Jules dans le brouillard.

Ariel décida finalement de rejoindre sa table. L’agitation persistait du côté des rouge et or et le silence régnait dans toutes les autres Maisons. La pierre inégale, glacée, lui transperçait la plante des pieds.

— Jules va se faire défoncer, grimaça Oscar quand il l'eut rejoint. Puis : Merlin, Ariel, que t’est-il arrivé ?

Comme à chaque fois qu’on lui adressait la parole depuis le matin, Ariel haussa les épaules. Plus pour la forme que pour être tranquille - le voile opaque qui couvrait sa conscience assourdissait de manière idéale les bruits environnants. Presque aussi efficace qu’un Assurdiato.

En comprenant qu’il n’obtiendrait pas de réponse satisfaisante, Oscar soupira. Il se contenta de tendre à son ami une édition de la Gazette du Sorcier.

— Ils parlent d’hier, dedans. Ils… ils nient ce qu’on a vu.

Ariel parcourut la Une des yeux. Il comprenait qu’il se passait des choses autour de lui, bien sûr. Il était conscient qu’il s’était entouré d’une bulle solide d’auto-défense, que les événements qui se déroulaient sous ses yeux étaient graves et auraient des conséquences directes dans leur futur proche, et qu’il était loin d’avoir le plus souffert pendant la soirée de la veille. Il était suffisamment lucide pour savoir cela.

Sauf que le brouillard était trop épais. Et il ne souhaitait pas le traverser.

Les gros titres ne parvinrent pas à percer sa coquille et il repoussa le papier loin de lui. Il ne voulait pas s’investir dans quelque combat que ce soit ; il ne voulait pas assumer les conséquences d’une rébellion ni affronter ses démons. Il préférait se tenir hors de portée de ses traumatismes.

Et si cela impliquait d’évoluer dans le no man’s land qu’étaient devenues ses émotions, si cela signifiait qu’il allait devoir regarder les autres vivre sans qu’il ne vive lui-même, il le ferait.

Au fond de ses yeux, tels des spectres qui dansaient, les feuilles mortes continuaient de voler.
Code by Ariel


HRP :
Ariel Melwing
Modo aquatique
Ariel Melwing
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Sam 17 Oct 2020 - 21:04

Chain reaction.
Je suis un songe, un ectoplasme. Juste un mensonge, un pléonasme. Je reste de glace face à vos spasmes. Je ne trouve pas ma place dans vos fantasmes. (Mozart l'Opéra rock)
Lorsqu'il ouvrit les yeux, Sessho se sentait flotter, comme une planche sur un océan de rien, d'un vide transcendant voilant ses yeux de l'éclat d'une absence, d'une marionnette aux fils coupés. Il se sentait léger, allongé sur un nuage cotonneux donnant sur un ciel immaculé, sans soucis, sans envies, sans émotions. Sa mémoire fragmentée ne venait pas à le hanter, rappeler sur sa peau les sensations de la veille, comme une piqûre de rappel aux images en avant sous ses paupières closes. Un plafond sombre, troué des intempéries, l'orage comme une mélodie de fond, les pluies comme manteau et le froid en couverture. Comme si hier n'avait pas existé. Comme si aucune gêne ne venait entraver ses inspirations profondes, par l'étreinte d'un tissu blanc barrant son torse. Comme un sommeil sans rêves, sans cauchemars, une simple mésaventure qu'il oublierait avec le temps.  

À droite, les rideaux tirés se secouèrent d'une brise délicate. Sans doute, une fenêtre était ouverte, et sous son ouïe encore en sourdine d'un coma idyllique, lui parvenait les rires et les éclats de voix de quelques élèves en balade, mettant un point sur une phase déjà trop longue, d'un moment suspendu lui faisant reprendre son souffle. Son bras s'amena à son front, faisant glisser la couette de sa chemise ouverte. Il n'était plus gelé, et sous sa paume ne transpirait plus la vase sanglante nappant sa chevelure de mèches vives. Aucune douleur. Aucune marque, reliefs d'un coup sur la tempe, ne se dessina sous son ongle. Il chassa d'un faible geste les filins d'ébènes chatouillant son front, pour s'attarder d'une impulsion, sur ses yeux lourds, caressant l'espoir de quelques heures volées à la vie, à un total éveil sur les ombres d'un lendemain d'horreur. Ses narines se dilatèrent sous un soupir, recueillant les flagrances antiseptiques d'un lieu aseptisé, à mille lieux de la saleté, d'une cabane abandonnée sur une colline, aux spectres, aux fantômes et à leurs griffes meurtrissant leur peau, leur âme dans un dernier rire.

L'air frôla sa chair et il se fit violence pour résister à l'appel susurré par son oreiller l'invitant à la facilité, pour des coudes, y accoler son dos. Les jambes enroulées dans les draps blancs, il déglutit en baissant le menton sur le haut de son corps partiellement couvert. Un bandage, rempart contre la terreur, contre la panique faisant s'accélérer son pouls, câlinait son poitrail de la cime des pectoraux, à la fleur de ses abdominaux. Comme un tableau vierge de toutes traces, de toutes peintures, de tout ratés. Fébrile d'en ressentir une souffrance qui le propulserait dans un ouragan mémoriel, qui engloutirait en son fond et sa force, les bulles d'oxygènes le maintenant en une conscience apaisée relative, sur un fil le faisant s'incliner de part et d'autre d'un précipice menant sur la gueule béante d'un monstre marin ; il y apposa sa main, retraçant les plis d'un tissu rêche, loin de la douceur d'une cravate, d'une cape dans laquelle il pourrait se cacher.

Rien. Rien ne fit trembler ses membres. Et son absence de réactions, de sensations immédiates le fit cligner des yeux. Pas de flash scarifiant sa psyché, pas de nausée tordant ses intestins d'une douloureuse torsion, pas de montées colériques lui donnant une pulsion violente, physique pour frapper, cogner, exploser de ses poings, la bouteille en verre à moitié vidée de son eau sur sa table de chevet. Rien. Un vide abyssal qui se répandit sous ses pieds, dans ses entrailles, et de nouveau cette impression de flotter, de serpenter sur un radeau à la dérive dont la destination lui importait peu. Comme une pluie morose ruisselant sur un carreau. Le dos de sa main cogna contre sa cuisse, et il resta à fixer la laine couvrant ses jambes, un long moment, sans battre frénétiquement des cils, sans siffler d'un cœur battant la chamade. Pas de panique. Pas de vengeance. Pas de tristesse. Si ce n'est les piquants glacials rougissant son corps mis à nu, dont la morsure ne lui provoquait ni satisfaction, ni surprise, consolation, ou intérêt.

Jusqu'à ce que l'irruption d'une infirmière faisant la ronde des derniers occupants ne le tire de sa transe, d'une attention sur l'épaule. Sessho releva la tête, ses iris faisant face à l'inquiétude marbrant les rides d'une femme dont les cheveux blancs semblaient s'être accentués en une poignée d'heures à peine. Une dame au visage fané, à la brillance déchue, rappelant son passé, l'éphémère dans un écrin de pureté, de sincérité. Une mère se lassant des chagrins, des douleurs, des coups sur des enfants abandonnés, offert dans un sacrifice aux loups de leur croissance, des épreuves de l'adolescence. Il joignit ses mains, vertueux dans la posture d'un martyr digne, d'une victime refusant de ployer sous le poids de son égoïsme nécessaire.

« Comment te sens-tu ? Il est presque midi, mais tu peux prendre ton repas ici, si tu veux. », une douceur qui combla la suspension d'une seconde, de cette bulle qui éclata sous le toucher de l'infirmière en une multitude de couleurs ternes, d'un monochrome désolant.

En réponse, il affirma la négative sans un mot, sans une parole desserrant sa mâchoire sur des plaintes qui ne venaient pas à le frôler, cogner contre l'émail de ses dents grinçant silencieusement. Il se refusait à polémiquer, perdre du temps en épanchement personnel sur un état qui ne lui parut aucunement préoccupant. Il n'allait pas mal, ni réellement bien pour autant. Un juste-milieu plat le confortant dans son idée de quitter la protection de l'infirmerie. D'autres en auraient plus besoin que lui, sans aucun doute. Elle se contenta de glisser à sa gauche pour lui tendre l'enveloppe jaunie d'une missive, d'un courrier qu'il n'avait pas remarqué. Était-ce durant le trou noir des derniers instants, où il n'avait eu la force que de se perdre dans les montagnes du couvre-lit ? Il s'en saisit. Son bras ne tremblait pas, relevant d'une assurance empruntée aux circonstances, aux remontrances d'un père dans l'oreille, sonnant le marteau sur l'enclume d'un marche ou crève.

Poupée sans volontés invincibles, aux traits fissurés d'une lassitude mélancolique, il fit sauter le seau de cire, pour prendre connaissance des lignes manuscrites rayant le papier. Il s'y accrocha comme un damné en quête de réponses, de justifications. Le fil d'Ariane de sa maigre espérance le figea les lèvres entrouvertes d'un son inaudible, d'un souffle qui déserta sa gorge en un hoquet. Ne rien dire. Ne rien révéler. Ne rien raconter. Le japonais plia le parchemin, suivant les encoches déjà forgées. La guérisseuse l'avait déjà délaissé, perdue dans des flacons étiquetés. Ses talons tâtèrent le carrelage en mosaïques et il frissonna. Le temps de s'habiller, de reprendre des habitudes quotidiennes lui sembla long, ou trop court. À nouveau dans le cocon de son silence, il se perdit dans les gouttes lancinant la glace, la fenêtre donnant sur la cours vide de sa population. Couvert, il rabattit les pans de sa cape contre lui, pour finalement accepter de s'en détacher, et après avoir ramassé ses effets, se dirigea vers la cheminée allumée. Le feu brûlait dans l'âtre, comme sur une torche. Dans son crâne, les cris se mêlaient à l'hilarité. Ses genoux se plièrent, et doucement, il enflamma le fragile combustible, pour finalement le laisser rejoindre les cendres d'une bûche à peine déposée.

Mécaniquement, il se mêla à la foule de retardataires quittant les classes de cet étage. Son badge sur la poitrine, il se laissa bousculer à droite, à gauche, se confondant en esquisses automatiques sous leurs excuses à la volée. Les marches avalèrent son stoïcisme, pour lui redonner une consistance humaine, pour discuter, pour nier le gouffre grignotant les miettes de son empathie pour son reflet.

La grande salle était pleine, et à son arrivée, il fut soulagé de ne voir que quelques têtes se tourner dans sa direction. Celles de ses amis. Sessho leur sourit, marchant jusqu'à la table à l'étendard bleu roi, pour rejoindre sa place sur le banc, bloqué entre la redescente somnolente d'Hiverna, et les cernes d'une nuit sans quiétude d'un Kitsune plus fermé que coutumier. En face, Merlin rayonnait par sa bonté, par son aura solaire retrouvé, si un jour, elle en avait perdue le cap par son vol incertain. Il n'y eut aucune interrogation, seulement des banalités, des débats sur les tours dans un chaudron, les plumes d'un vif volant dans les airs, et les anneaux railleurs d'un poursuiveur refoulé. Son assiette se remplit de quelques légumes sous l'insistance bienveillante du papillon de la tablée, au moment du survol des oiseaux de mauvais augures. Messagers portant de nouvelles affligeantes. Les rouleaux s'échouèrent à leurs côtés, et la ficelle ôtée, sans grignoter pour autant, il se laissa porter par les récits déformés des journalistes.

Une farce aux goûts douteux, proclamait l'un. Une disparition préméditée pour déclencher l'amusement des convives, affirmait l'autre. Des masques terrifiants aux allures d'une guerre passée, sous le halo du mensonge d'un jeune premier. Une attaque sans blessés dans l'ombre des arbres d'une forêt aux dangers cachés. Un départ abrupt sous le constat d'un manque de confiance, de la défiance d'un enseignant à l'égard de la confidence d'un sage. La destitution prochaine d'un gouvernement scolaire sous le prisme de l'incompétence inventée, d'une prise de décisions contestées. L'accusation d'une élève errant au mauvais endroit, à une heure ne lui étant pas favorable. Tout tournait. Une spirale qui déforma les informations dont il prenait difficilement connaissance. Vertige qui le fit porter sa main à sa bouche. Il avait envie de vomir.

« Incendio. »

Un simple mot qui déclencha tout le reste, qui fit redescendre la bile tapissant sa glotte d'une déglutition. Le feu de la colère. Le feu de la révolte. Sessho suivit le départ remarqué d'Eileen, et ses répercussions. Le roux à la voix portant en écho jusqu'au plafond, grimpa sur le banc en exhibant la vérité face aux mensonges. Des Mangemorts, criait-t-elle a s'en briser les cordes vocales. Des moutons, argumentait la fougue venteuse d'Elyana, dont la crainte de s'exprimer s'était mut comme une éclosion, en une tornade hargneuse. Une alliée s'échappa de sa rangée, délaissant le confort de l'ambre de sa modestie, pour se joindre en quelques appuis à la frêle silhouette ne tremblant pas sous les braises la désarmant sur l'estrade. La bravoure téméraire des grands fauves. La loyauté d'une meute de rongeurs. Dans son dos, des rires accompagnèrent leurs réclamations, des murmures dansèrent sous la houle des rumeurs, qui dans les rangs, gonflaient comme un incendie.

Sa jambe passa de part et d'autre de son assise. Il se leva, faisant tinter contre sa poitrine, la lueur de son insigne. Même en tête de conflit, de doute intérieur, le devoir de l'exemplarité primait sur le reste. En miroir à son élan, les feuilles trempées de la désillusion prirent place aux côtés d'un ami nageant dans l'incompréhension. Des épaules tremblantes sous le temps capricieux d'un Novembre tout juste entamé. Les sourcils sans expressions du sixième année s'arquèrent en une grimace attristée, compatissante sous la détresse diluvienne d'un rescapé, d'un survivant. Migrant derrière lui, Sessho détacha son statut de sa cape, pour le placer à sa ceinture, ne pouvant s'en séparer. Puis, dans un même mouvement, il fit glisser le tissu chaud de ses épaules, pour le placer en couverture sur celles d'Ariel, de ce garçon si effrayé par les animaux, qu'il en était venu a affronter des bêtes plus féroces encore. Prévenant, choisissant de négliger ce coup de poignard dans l'abdomen qui l'avait rendu malade, il nettoya sa chevelure de ses salissures boueuses, pour, sans mot dire, contourner la longue table, et gagner celles des contestataires.

« Je comprends que vous soyez en colère. », commença-t-il avec patience, d'un timbre doux pour dans une tentative de compréhension mutuelle, apaiser les choses.

« Je comprends que vous souhaitiez vous faire entendre. », il jeta les débris des eaux, des feuilles aux algues, dans la flammèche ensorcelée gagnant en intensité.  

« Mais ce n'est ni le lieu, ni le moment pour le faire. Je crains que malgré toutes vos bonnes intentions, vous ne rendiez service à personne. », aucun jugement ne perça son ton, mais il décida de mettre fin à leur feu de joie d'un mouvement de poignet, noyant les cendres sous un jet d'eau.

Il n'entendit pas sa camarade prêter oreille à ses paroles, ni ajouter quelques mots pour marquer d'une croix le soulèvement. Non, il n'entendait que les éclats de rire et les chuchotements, ne voyait plus que les œillades inquisitrices, accusatrices dessinant sa silhouette droite. C'était comme être seul au milieu de la lumière, d'un rayon attendant qu'il chute, qu'il disparaisse dans les planches d'une tragédie aux allures de comédie moqueuse. Les pieds bloqués dans des sables mouvants, mangeant l'énergie de ses membres inférieurs, il ferma les yeux, pour embrasser les dents dévoilées d'un clown hurlant d'une hystérie le secouant d'un haut-le-cœur. Pour ne pas se couvrir d'une honte qu'il sentait couler sous ses pas, il avança vers la sortie, les lèvres serrées, et la main en renfort. D'une démarche assurée, il ne résista pas à ce besoin de courir, de s'enfuir, de se réfugier dans un endroit où l'on ne le suivrait pas. Pas cette fois.

Sous ses talons, le rire dément le suivait, accrochait à sa chemise, à sa peau, comme son sang, sa sueur, sa bile le long de son menton, le nez collait au métal du robinet, relâchant les restes d'un repas en fin de digestion. La céramique du lavabo fit remonter sur sa colonne, les sensations de la veille. Des chaînes à ses poignets. Du rasoir sur son poitrail. De ses yeux dans le miroir de l'acier. Ses jambes flanchèrent, et il resta à même le sol, trempant le bas de son pantalon des caprices d'un fantôme féminin, d'une Mimi qu'il avait sans doute dérangé par son arrivée, par sa course qui l'avait mené à son repère.

« Ne bougez pas messire, ce ne sera pas long. », entendit-il contre sa nuque. L'eau coulait, arrosant ses épaules de gouttes perdues. Comme cette nuit, il ne bougea pas. Il attendit. Dans le silence. Dans ce flottement asséché le rendant fiévreux, frileux.

Dans cette bulle qui le coupa du présent.

code by bat'phanie
Sessho Shinmen
Préfet Serdaigle
Sessho Shinmen

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Un enfant perdu qui fond en larme

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Ven 23 Oct 2020 - 19:14


Chain Reaction.

All

◊ ◊ ◊

Dormir, Azalée aimait ça. Elle aimait la sensation de sa couverture sur elle, l'enroulant d'une étreinte protectrice. C'était comme être dans les bras de Maman, dans un cocon d'amour, de bienveillance. Dormir, c'était coller sa tête contre l'oreiller de ses espérances, de ses ultimes pensées, de questionnements intimes, personnels. Dormir, c'était voguer sur les flots de son inconscient, hisser la grande voile face aux vagues, aux cauchemars. Dormir, c'était rêver. Et continuer à chaque nuit. Rire de ses propres blagues, chuter de mille étages dans un sursaut faisant bondir du lit, discerner dans les ombres d'un porte manteau la silhouette d'un monstre, n'appartenant qu'aux arbres, à l'éphémère. Dormir, c'était des souvenirs coulant entre les doigts comme du sable fin, s'effritant en une brise, en un coup de vent. C'était des réminiscences, du bonheur liquide bref, que l'on aimerait coller sur les pages d'un carnet, imprimer sur nos synapses les notes d'un vol sur une licorne, des hurlements des combats sur des boucliers, ou chanter l'absurde d'une course-poursuite dans des champs de frites.

Dormir, c'était une constante. L'aboutissement d'une longue journée. D'une soirée abominable. Le repos du guerrier, rejoignant le banquet des Dieux pour son salut honorable. Pour au réveil, empoigner son épée face au réel d'un monde cruel.

Pour la première fois, Azalée n'aima pas ce sommeil. Ce noir complet. Cette chape de plomb s'étant abattu sur ses épaules comme une massue, comme un coup-de-poing. Une gorgée du Styx, qui l'avait fait sombrer. Couler dans le pétrole du néant. Elle avait eu la sensation d'être un oiseau. Les plumes collantes, dans l'incapacité de rejoindre les nuages. Petit moineau coincé dans un écrin d'impuissance. Les paupières lourdes, assommées de la caresse d'un somnifère. Le temps avait été long. Et court. Comme une bulle hors du temps. De quoi se recharger, gagner de l'énergie. Pas d'ondes positives, de bonheur, de joie. Rien. Elle ouvrit les yeux sur le paravent, la joue humide de sa bave, et la trace de la fourrure de son ami sur la pommette.

Encore vacillante, les informations lui parvenaient à peine. Des murmures un peu plus loin, aux rayons filtrant timidement des premières éclaircies. Quel jour était-on ? Où était-elle ? Elle se rappelait de tout, et à la fois de rien. Évoluant dans le coton, dans le brouillard, elle enfouit son visage dans les draps blancs, attirant contre elle, la présence muette de son complice d'infortune. Recroquevillée, elle espéra s'assoupir. Encore quelques secondes. Chasser la pluie de ses cheveux, l'orage de ses oreilles, les cris de sa gorge. Dans sa grotte, elle voulut s'isoler, remettre la lumière, tout au clair, faire table rase de l'averse.

Les grands arbres se peignirent sous ses paupières. Encre de Chine s'élevant sur la cime, jusqu'aux racines. Les feuilles mouillées à ses pieds, tombant des branches. La course dans la boue, comme un mauvais film, une nouvelle ratée. La clairière. Puis l'avalanche, le ras de marrée. La tornade, la fuite, et son indéniable témérité. La poigne dans ses cheveux. Les mots la clouant au pilori. Le retour. La bile des uns. Les larmes des autres. Le sourire des anges. La descente des égarés. L’infirmerie. Le 1er Novembre. Réponses à ses questions muettes, trophée d'une introspection d'une demie-heure, d’aller et retours sous la couette.

Lassée, et bien forcée de reconnaître son infructueuse tentative, elle se redressa, faisant chuter un Monsieur Noodle parfaitement immobile. Les étoiles percutèrent sa tension, son empressement de s'étirer sur ses pieds. Elle tangua, se rattrapant au carreau contre lequel elle se cogna, alertant de son départ imminent. Les rideaux s'ouvrirent sur une tornade, une furie. Les cheveux en pétard, l'air hagard, la petite plissa les yeux sur la silhouette maternelle de l'infirmière. Et si elle fut tentée de négocier un temps supplémentaire pour s'affaler sur un fauteuil, ou à nouveau répondre à l'appel d'une vérification onirique, elle n'en eut pas le temps. Mise dehors de quelques mots, c'est avec stupéfaction qu'elle se retrouva suspendue au cou d'une Anna encore essoufflée de son sprint de l'autre bout du corridor.

Le soulagement accentua leur étreinte, écrasant l'ourson prit en sandwich. Il y eut des sanglots, des mots doux, des pourquoi ? Mais aucune n'y répondit réellement. Anna allait bien, elle était saine et sauve, et jusqu'à sentir ses tremblements inquiets, Azalée n'avait pas prit mesure de toute l'angoisse qu'elle retenait pour le bien-être de sa camarade, dont la disparition dans la forêt avait été éclipsée par un nouveau combat. L'odeur de ses cheveux, mélange de vanille et de verveine calma la fleur salée rougissant l'azur de ses prunelles. Contre elle, la brune reprenait son souffle, reprenait pied, la rassurant à demi-mot de l'état de Morgane, et de tant d'autres qui par effet domino, s'imposaient à son esprit.

« Il y a eu des blessés ? », lui demanda-t-elle en se reculant, lorgnant sur son accoutrement débraillé. Dans l'empressement, elle avait enfilé son costume de la veille, sa longue cape portant en son extrémité les stigmates des événements. Traces de terre séchée soulevant mille théories, mille suspicions.  

« Neïa a pris un gros coup sur la tête. », répondit la Winchester en haussant piètrement les épaules. « Merlin a crié aussi. Mais elle marchait. », reprit-elle en enfouissant son nez dans la chaleur duveteuse de Monsieur Noodle, mollement retenu dans ses bras.

« Les autres, je sais pas. », avec franchise, elle baissa le menton, cachant la soudaine détresse prenant possession de sa voix, à cheval entre les résolutions post-traumatiques immédiates, et son envie de courir en sens inverse, pour supplier quiconque de la laisser rentrer chez elle.

Elle voulait voir Maman et Papa. Revoir le chêne devant la maison, mangeant de son ombre les champs de tomates et de pivoines. Elle voulait se baigner au lac, entre deux étendues de friches sauvages, guettant le chant des grenouilles et le jeu des rossignols. Elle désirait s'allonger dans le grenier, en ange dans la poussière, observant la Lune par la lucarne, se voyant déjà danser dessus jusqu'au matin. Elle se languissait de sentir le chocolat fondu d'un Dimanche après-midi, le jus rôti d'un poulet pour les fêtes, ou l'odeur grillée d'un barbecue raté. Cette nuit, elle s'était imaginé ces derniers instants. À genoux dans la vase, bien loin de ses songes d'enfant. Bien loin de cet avenir à dos d'animaux extraordinaires, dans des contrées exotiques. Bien loin des bras de Maman, des rires de Papa, de la bêtise de ses cousins, de l'amour de ses amis.

Elle ne regrettait pas son choix. Celui de foncer à l'aveugle, de se battre, de défendre. Au mépris des conséquences, de sa propre vie. Pas comme ceux qui avaient fuit, qui s'étaient cachés. Elle ne leur en voulait pas. Elle aussi, elle avait envisagé le confort du haut d'un érable, ou le judas d'un buisson. Ses jambes l'avaient porté au-devant, la corne de ses paumes malmenées par un gourdin. Elle n'avait pas à remuer en elle la houle des remords. Elle n'avait pas abandonné. Elle n'avait pas succombé à la facilité.

« J'ai essayé.. de me battre, Anna. J'ai vraiment essayé. », bredouilla Azalée en faisant face à l'incompréhension de son amie, qui, la voyant passé du noir au blanc, d'un coq à l'âne émotionnel, se retrouvait les bras ballants.

« Je sais. », se contenta d'acquiescer en remettant en place l'une des mèches de blé de sa condisciple. Les cinq minutes d'un couvre-chef parlant l'avait couronné d'une indécision, de deux cases identiques. Le courage. La bravoure. La loyauté. L'altruisme.

« Viens. Tu dois prendre une douche. Et manger. », voyant l'éclat de bonheur percer dans l'obscurité d'un lendemain compliqué, Anna rajouta une petite pique, teintant son ton d'une pelote de sarcasme. « Surtout de manger, hein ? »

L'eau chaude lui fit du bien. La sentir couler sur sa peau la réchauffa, la fit soupirer d'aise. Elles n'avaient croisé personne dans les couloirs, des escaliers au rez-de-chaussée. La grande salle était encore fermée. En passant à côté des cuisines, elle s'était imaginé les elfes s’affairer en vu du petit-déjeuner. Et elle se languit d'une grande tasse de chocolat chaud à la cannelle, et de cookie tout juste sortis du four. Le réconfort surmonté d'une boule de glace aux inspirations des îles, qui la feraient voyager d'une cuillerée sur le sable fin d'un paradis sur terre. Frottant ses paumes du savon solide, elle contempla la saleté s'échapper par le siphon, dévoilant des égratignures, minimes écorchures, de la pulpe de ses doigts au commencement de son poignet. Striures marbrant sa chaire d'un rappel, d'un bâton lui ayant servi d'arme.

Le dortoir était vide, seule Anna trônait sur son couvre-lit, un grimoire à la main et le sac sur l'épaule. Déjà sur le départ, et pressée de rejoindre les bancs des premiers arrivants, elle avait pris la peine de sortir des affaires de la malle de son amie. Dispensée d'étude pour la journée, elle ne rejeta pas pour autant le port de l'uniforme, délaissant les habits du week-end qui pourtant, lui faisaient de l’œil. Comment dire non à un pull douillet d'un jaune pastel ? Écharpe autour du cou, et collants aux jambes, c'est en trébuchant que ses chaussures gagnèrent ses pieds. La crinière laissée lâche sur ses épaules, elle suivit l'attroupement d'élèves, se mordant les lèvres dans le bouchon à l'entrée. Son ventre gargouillait, et c'est comme une vorace ayant sauté son dernier repas, qu'elle avala à grande vitesse les plats placés sous son nez. Du porridge à la tarte aux pommes, en passant par une poire et son sésame sucrée de la journée.

Bientôt, elle se retrouva isolée, debout devant la salle de Métamorphose, où elle avait déposé Anna. Se contraignant à l'action, plutôt qu'à l'apathie la plus totale, elle descendit les marches quatre à quatre, ronchonnant de leur manque de coopération, pour finalement en une course à l'abri des remontrances du concierge, s'écrouler dans le parc, sous un arbre. Un peu éloignée du sentier, elle posa sur ses cuisses un Monsieur Noodle anormalement taciturne.

« Tu me fais la tête parce que je t'ai laissé tout seul ? », s'enquit la fillette en pinçant les lèvres dans une moue contrite.

Le silence lui répondit. Souhaitait-il vraiment ne plus lui parler ? Ou bien, était-ce elle qui devenait sourde à ses remarques ? Elle ne sût le dire, le deviner. À la place, elle formula les mots, qui d'ordinaires, auraient accompagné sa stupide question. Bien sûr que oui, il lui en voulait. Elle était partie à l'aventure sans l'en informer, sans daigner l'emmener avec elle. C'était une évidence. Du bout des lèvres, une injure fusa, expression fleurit la qualifiant d'emmerdeuse publique. Avec un rire, elle accueillit ses remarques, qu'elle venait à formuler d'elle-même, l'imitant grotesquement.

Durant de longues heures, elle resta assise, la pointe de ses ballerines se mouillant d'une averse se profilant à l'horizon. Elle regarda les oiseaux dans le ciel, quittant leurs nids pour s'envoler, loin, très loin. Si bien que son attention ne suivît pas le chemin d'une âme en peine, d'un autre survivant du musée des horreurs, qui s'en allait piquer une tête dans les profondeurs de son mal-être.  

Ne tenant plus en place, elle se dégourdit les jambes en arpentant l'allée, de long en large, jusqu'au spot d'un stand de tir datant du début de l'année. Plus de traces de peinture rouge. Plus de ventouses. Ni de revendications. Elle résista à l'envie d'y graver la vérité, l'injustice du monde. L'heure n'était pas à la revanche et à la contre-attaque, mais au repos, pour panser ses blessures, ses peines. Comme un cessé le feu au milieu des hostilités. Elle le savait, le sentait. Un jour, sonnera le glas d'un nouveau face à face, où cette fois-ci, le gourdin trouverait sa cible, et où le « souviens-toi », serait de sa bouche et non d'un tyran.

Elle n'oublierait pas. Jamais. Et elle comptait sur eux tous pour en faire de même. Elle devait devenir plus forte, s'entraînait pour combler ses lacunes, ses faiblesses. Pour la première fois, elle prenait la pleine mesure des demandes d'Anna : Travailler pour réussir, réviser pour gagner. C'est ce qu'elle ferait dès à présent. Et elle ne se relâcherait que lorsque les maux de ce monde seraient apaisés, recousus, combler par ce que l'on pouvait trouver et fabriquer de meilleurs : L'amour, la paix, la main tendue envers son prochain. Elle refusait de triompher en utilisant les mêmes méthodes déloyales. Non. Pas de torture, de sortilèges impardonnables. S'ils étaient à genoux, sans issues, elle leur donnerait une solution.

La bonté l'emportant sur la cruauté. Une ambition nouvelle qui la galvanisa. Haut les cœurs ! Rien n'était perdu, tout ne faisait que commencer. Son optimisme balaya ses doutes, ses regrets, comme un coup de vent.

Le midi, criant famine, c'est en courant qu'elle remonta l'allée du château, prenant soin de sauter au-dessus des fleurs sauvages pour ne pas les piétiner. Éprise d'une irrésistible envie de bouger, de faire du bruit, de mordre la vie à pleine dent, comme une pomme, comme un cookie. Ses talons claquèrent dans l'entrée, et, déterminée à laisser la morosité dehors, ou enchaîné dans un placard, c'est avec fracas qu'elle fendit la foule, jouant des coudes pour s'extirper dans les premiers. À leur table, Anna s'installait, prête à sortir une pile de parchemins pour débuter l'une de leurs innombrables dissertations. Assise face à elle, Azalée s'appuya sur ses avant-bras pour lire la copie de sa camarade, prenant connaissance des devoirs qu'elle devrait rattraper. La directrice de Gryffondor n'y allait pas de main morte, se fit-elle comme réflexion.

De la viande dans son assiette et quelques légumes se battant en duel, la Winchester participa activement à la discussion, mettant son grain de sel pour alimenter les débats. Haut et fort, elle ne gêna pas pour raconter leur périple dans la forêt aux plus sceptiques, n'édulcorant pas le récit par pudeur ou fierté. Gorgée de détails, son histoire fit le tour du petit groupe, et se rependit comme une traînée de poudres de bouche en bouche, à l'image d'un téléphone arabe. Rumeur qui s'étouffa par l'arrivée du courrier. Quelques enveloppes s'échouèrent de bec à main, et les journaux ficelés cognèrent contre les verres, ou se firent rattraper au vol par les plus habitués.

« Qu'est-ce-que ça raconte ? », demanda la première année à sa vis-à-vis, qui, partageuse, fit glisser les nouvelles entre elles pour qu'elles puissent en prendre connaissance en même temps.

Reconnaissante, Azalée la remercia d'un sourire, et tordant son cou pour une lecture lisible, elle s'attarda sur le premier article. Un Halloween trop effrayant. Et si en arrière-fond les faits semblaient correspondre à sa version, l'hypothèse d'une mauvaise blague revêtit l'allure d'un mensonge éhonté. Une censure qui la fit froncer les sourcils. Un regard échangé lui suffit pour comprendre que son opinion était partagé. Anna n'y croyait pas. Et elle ne prit pas la peine de le cacher en marmonnant :

« Conneries. », à l'intention de ses voisins les plus proches, tout en dirigeant son attention sur les différentes tables, prenant la température.

Sur l'estrade, un professeur brilla par son absence. Et quelques lignes plus loin, le vide qu'il laissait, emportant dans son sillage l'une des lumières des rouges et or, fit monter une colère revendicatrice chez la plus jeune. Tous passaient pour des idiots. Des victimes aux témoins, en passant par celui qui semblait être le dindon de la farce : Le professeur Dumbledore.

« Le ministère se fout de nous ? », une question rhétorique qui secoua le sérieux d'Anna, qui s'attarda sur la rangée des émeraudes un peu plus loin. « J'en connais que ça doit ravir, hum. », siffla-t-elle en sous-entendus, finissant par froisser le papier entre ses mains, en faisant une boule approximative. « Ce journal est un tissu de conneries. Et y en a qui vont bien en profiter. », fit-elle en claquant sa langue sur son palais.

Elle aussi était en colère. Elle aussi bouillonnait. Pour Neïa. Pour Merlin. Pour Jules. Pour Ariel. Pour Oscar. Pour tous les autres, qui cette nuit-là, avaient disparu dans les rues. Pour eux tous.

En écho au feu intérieur de la jeune fille, les braises s'allumèrent d'une simple formule chez les lions, déclenchant une révolte qui n'était sans doute pas prévue par l'intéressée. Une injustice qui prit la forme d'un début d'incendie, qui ne demandait qu'à être alimenté.

« Les Mangemorts, fable ou réalité ? », commença Jules, debout sur son banc. « Vraiment ? Ils osent sérieusement nous faire croire qu’ils ne le savent pas ? Ils osent ENCORE nier le retour de Vous-Savez-Qui ? Hier soir, j’ai été confronté, avec d’autres élèves ici présents, à deux Mangemorts. OUI, des MANGEMORTS ! Ils sont de retour, ils sont là, et le nier ne fera que nous mettre plus en danger encore ! »

Inspirée, la petite se redressa sur ses mains, levant son buste vers la seule qui osait, encore une fois, braver l'interdit pour clamer ce que personne n'arrivait à formuler : La vérité. Admirative de son courage, son envie de rester dans les rangs – si elle s'était infiltrée devant l'inaction des siens- se fit souffler. C'était le moment ou jamais de se faire entendre, de montrer que non, il ne fallait pas céder face à la pression médiatique et gouvernementale.

« La Gazette nous manipule, la Gazette nous ment ! Alors, réduisons en cendres ces mensonges ! »

Il n'en fallu pas plus à Azalée pour se décider, pour admirative du comportement de ses aînées, à se jeter sur ses pieds en un bond, et rejoindre le banc des révolutionnaires d'un sprint, envoyant dans les airs son écharpe bicolore. La bourrasque d'Elyana la porta plus haut, plus loin, comme ses invectives fortes, rajoutant du combustible sur les cendres vivaces de leur détermination. Dans son dos, au mépris des points lui tenant tant à cœur, Anna la rejoignit, et l'aidant à grimper sur la table, imitant la théâtralité de sa complice, elle porta son poing vers le plafond. Elle avait l'impression de suffoquer, sous le poids des regards, du jugement. Mais aussi de respirer mieux que jamais, sans devoir porter le fardeau des mensonges ou du déni.

« Ne soyez pas complètement idiots ! Cette nuit, on aurait pu mourir ! Certains ont été torturés ! Ont subit des impardonnables ! Ils voulaient venir dans Poudlard. Mais on n'a pas craqué ! Pas un seul instant !, enjolivant la lâcheté de certains, elle reprit plus fort encore, brisant sa voix. Arrêtez d'être aveugle, arrêtez de vous voiler la face, parce que demain, c'est vous qui pourriez perdre ceux qui vous sont chers à cause de votre inaction, de votre égoïsme ! Il faut se battre ! Et MAINTENANT ! »

Suivant l'exemple de la deuxième année, et appuyée par Anna, elle jeta leur exemplaire de la gazette dans les flammes, inspirant après sa tirade, qui récolta murmures et éclairs colériques. S'il fallait ça pour secouer les consciences, alors, elle était prête à payer le prix d'heures de retenues ou les reproches d'un sablier dans le négatif. Un plus grand, portant à la ceinture le badge des préfets, mais aux couleurs polaires, chercha à les raisonner, leur faire entendre raison. Lui aussi, voulait nier l'évidence ? Voulait les faire taire ? Ça ne se passerait pas comme ça ! Non ! Elle ne l'écouta pas, choisit de rejeter sa tentative d'apaisement, l'interprétant comme un bâillon sur leurs idées, et non la voix de la raison souhaitant leur éviter des corrections exemplaires. Secouant la tête, elle fit barrage contre lui et ces mots vides de sens.

Le jet d'eau marqua une fin en soit. Le point final d'un paragraphe, d'une phrase, d'une ligne. Mais pas du livre. Le bras toujours en l'air, elle ne lâchait rien. Et n'arrêterait pas. C'était trop important pour cesser d'un claquement de doigt.

(c) oxymort

Azalée Winchester
Admin gloutonne
Azalée Winchester

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I'm a barbie girl
When I was young, it seemed that life was so wonderful, a miracle, oh it was beautiful, magical.
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Ven 23 Oct 2020 - 19:47
chain reaction
Le feu de la revolte. L'incandescence de la colere. La flamme de la verite. Utopie.
Le souffle du deni. La fumee de l'inavouable. Les cendres de l'espoir. Realite.

Mercredi 1er Novembre 1995

Le calme plat d’un lac sans remous. Ça ressemblait donc à ça, un sommeil sans rêve. Se sentir flotter à la surface de l’eau. Indolente. Légère. Absente.

Puis, se noyer au réveil.

Quelques secondes après avoir ouvert les yeux, l’air sembla soudainement lui manquer. Elle se redressa brusquement en haletant. Ses phalanges se crispèrent sur le drap blanc. La pellicule de ses souvenirs récents ne défilait même pas encore devant ses yeux, non. Il s’agissait juste de sensations. Rien que de sensations. Elles l’animaient de toutes part et plantaient leurs clous empoisonnés dans tous son corps.

La peur hérissait le bas de sa colonne vertébrale. L’angoisse faisait naître des sueurs froides dans sa nuque. Le désespoir lui comprimait la poitrine.

Le poids de la réalité la rattrapait avant même qu’elle ne s’en remémore. Quand les images s’ajoutèrent au tableau, ce ne fut qu’un second coup de massue.

Elle se noyait.

Mais Aria avait appris à rester en apnée. À ne pas se laisser submergée par ses émotions invasives. À dompter son hypersensibilité. Alors, après un certain temps, elle parvint à reprendre le dessus sur sa respiration et à se calmer.

Une inspiration à la fois. Emplir ses poumons au maximum. Puis, tout expirer.  

Elle quitta l’infirmerie comme si de rien était et arpenta les couloirs telle une ombre jusqu’à son dortoir. Elle resta longtemps sous le jet brûlant de la douche avec le regret amer de ne pouvoir s’abandonner dans la large baignoire de son chez-elle.

Allongé sur son uniforme plié, l’attendait son collier. Ce matin-là, les pendentifs étaient au nombre de deux. À son violon nacré, s’était jointe la guitare électrique d’une musicienne aux talents multiples. Aria avait laissé s’échapper un long soupir en remarquant ce détail.

Eileen. Elle lui avait fait passer un début de soirée incroyable, un anniversaire mémorable. Elle lui avait prouvé à quel point leur lien était précieux et fort. Si précieux et si fort que ce matin-là, Aria en avait soudainement le vertige. Sous la cascade du pommeau de douche, c’était le visage de la brune qui tournait en boucle dans sa tête. Son sourire. Comme une image qu’elle voyait de loin et qui s’évaporait progressivement en vapeurs d’eau à mesure que la Sang-Pur accueillait une nouvelle certitude. Une douloureuse certitude : elles devaient s’oublier.

S’attacher était trop douloureux. Quand est-ce qu’elle avait accepté de créer une brèche dans sa coquille pour laisser entrer Eileen ? Elle avait toujours était mieux seule. S’attacher était trop douloureux. Trop risqué. Trop effrayant. Elle l’avait réalisé la veille, lorsqu’elle avait découvert Sessho. Et ses chaînes. Et sa blessure. Et ses larmes.

La veille, elle avait tout risqué pour lui. Son anonymat, son invisibilité, sa sécurité. Sa vie ? Elle s’était confrontée à ceux s’étant présentés comme ses « semblables ». L’étaient-ils seulement ? À quel camp Aria Beurk appartenait-elle de part son nom ? De par son sang ?

Elle ne le savait pas. Elle ne savait plus rien. Hormis qu’elle ne devait plus s’accrocher à la plus forte – si ce n’était la seule véritable – amitié qu’elle connaissait. Car cette simple amitié rendait tout instable. Et elle, inconsciente funambule, était précisément en train de perdre l’équilibre.

L’air froid lui mordit la peau lorsqu’elle coupa l’eau. Elle se sécha, s’habilla, noua sa chaîne en argent et la glissa sous sa chemise. Il ne lui restait qu’une raison pour retrouver Eileen une dernière fois : lui rendre sa guitare.

Lorsque la Verte-et-Argent rejoignit sa malle pour ranger ses affaires, ce fut une toute autre préoccupation qui l’attendait sur son lit. Une lettre au sceau caractéristique y était posée. Le Ministère de la Magie n’avait pas perdu de temps pour réagir quant aux événements de la veille. Elle ouvrit la missive et ses yeux volèrent sur les phrases qu’elle avaient devinées avant même de les lire.

Ne rien dire. Taire les événements. Etouffer l’affaire sous couvert d’éviter de « nourrir une panique encore plus grande dans l'enceinte du château. ». Garder le traumatisme vécu secret.

Un léger hochement de tête marqua son approbation silencieuse. Cette requête du Ministère allait dans son sens : tant qu’eux nieraient, elle aussi pourrait nier. Nier avoir été sur les lieux la veille. Nier avoir passé la soirée avec Eileen. Nier sa présence, ses actions, son existence. Comme toujours, garder son statut d’ombre, d’invisible, d’oubliée. Garder le secret. Un de plus.

Ses yeux glissèrent sur sa malle avec un pincement d’angoisse. Au fond, dissimulé sous plusieurs couches vêtements, était enfoui un objet dérobé. Un bois précieux, magique : la baguette de leur assaillante de la veille. Personne ne savait qu’elle, Aria, la détenait, hormis peut-être Joris. Mais l’avait-il vraiment vu la prendre ? C’était un risque de la garder. Mais n’en serait-ce pas un plus gros que de se dénoncer ? Elle ne savait pas même encore ce qu’elle en ferait. Pour l’instant, ce n’était qu’un secret. Un de plus. Elle rangea soigneusement la lettre du Ministère avec.

Soucieuse de ne pas prendre de retard à cause de cette journée où elle était dispensée de cours, Aria destina le reste de sa matinée à ses devoirs et révisions. Sa concentration était des plus fluctuantes mais parvenait tout de même à chasser la plupart de ses idées noires. Le calme de la salle commune déserte était pour elle une bénédiction. Rien à voir avec l’agitation qui enveloppa la Grande Salle aux coups de midi.

Aria s’était installée à la table des Serpentards sans un mot, ne dérogeant pas à ses habitudes. Elle remarqua toutefois le regard appuyé de Pansy à quelques places d’elle. Elle savait déjà quelles étaient les questions qui lui démangeaient les lèvres et c’était précisément la raison pour laquelle la Beurk avait pris soin de ne pas s’asseoir aux côtés des filles de son dortoir. Toutefois, ça aurait été faire preuve de naïveté que de croire qu’elle pourrait esquiver l’interrogatoire : avant même qu’elle n’ait le temps de remplir son assiette, son frère aîné s’installa face à elle.

- Bonjour Ezechiel, soupira la cadette.

- J’ai entendu dire, commença-t-il d’une voix lente et basse, que tu ne t’es pas réveillée dans ton dortoir ce matin et que tu n’as pas assisté aux cours. Et avec ce qui s’est passé cette nuit – je suppose que tu en as entendu parler même sans t’être présenté à la fête, comme tu semblais l’affirmer -, crois-moi que ça commence à faire du bruit. On dit que tu étais à l’infirmerie avec les « blessés », si réelles blessures il y a vraiment eu… Tu m’expliques ?

Impassible, la jeune Sang-Pur avait accueilli les insinuations muettes de son frère avec toute l’indifférence lasse qu’on lui connaissait et répondit avec le flegme d’une menteuse aguerrie sans prendre la peine de relever les yeux de son assiette enfin pleine :

- J’avais des crampes d'estomac. Ironie du sort, non ? Le soir de mon anniversaire et sans même avoir touché à une seule confiserie.

- Donc, insista Ezechiel toujours sur le ton de la suspicion, tu n’es réellement pas allé à la soirée au Trois Balais ?

Aria mâcha patiemment la bouchée qu’elle venait de prendre en soutenant, cette fois-ci, le regard de son frère. Après qu’elle eût dégluti, elle confirma :

- Je n’ai pas mis un seul pied en dehors du château. D’autres questions monsieur l’inspecteur ?

Ezechiel lâcha un soupir à mi-chemin entre l’exaspération et le soulagement. Evidemment que sa petite sœur ne s’était pas rendue à une soirée peuplée d’élèves détestables à ses prunelles opalines et qu’elle n’avait pas joué aux téméraires durant l’attaque au point de finir à l’infirmerie. L’excuse de l’indigestion était un mensonge tout à fait recevable pour l’aîné des deux Sangs-Purs. Parfait, songea victorieusement Aria, le plus gros du travail était fait.

Le Septième année lui tendit alors ce qu’il avait entre les mains.

- Pas d’autres questions mais un peu de lecture pour occuper le reste de ton déjeuner. Ce n’est pas rien ce que tu as raté hier soir et il serait bon de te tenir proprement informée des événements.

Aria prit le journal, le déplia et le posa à côté de son assiette pour le parcourir tout en mangeant. Là où son frère se méprenait totalement, c’était qu’elle, mieux que personne, avait été au centre des événements de la veille. Alors, lire les mensonges en demie-teinte de la Gazette du Sorcier ne ferait que gonfler silencieusement son sarcasme. Car elle, elle savait. La vérité, elle était imprimée sur le torse d’un Japonnais et non pas sur ce bout de papier.

La Beurk survola vaguement les articles, presque indifférente au déni évident du Ministère. Elle ne s’étonna pas non plus de voir le nom de son oncle Lucius flâner encore une fois au milieu d'une page. Puis, un silence étrange percuta la Grande Salle et lui fit relever la tête. Là encore, elle ne s’étonna pas que tous les regards soient tournés vers la table des Gryffondor – les regards étaient toujours tournés vers eux -, toutefois, une silhouette bien particulière parvint à percer son indifférence. Sa crinière du jais vola à l’inverse des mèches d’un brasier infantile qu’elle venait d’abandonner pour s’échapper de la Grande Salle. Eileen, dans sa rage muette, dans sa présence éphémère, dans son acte révolté, avait capté le regard de celle qui s’était promis de l’oublier. De la délaisser.

Et, dans cette tempête aussi délicate que vive qui venait d'animer la Lionne, Aria ne put s’empêcher de la trouver belle. Le temps d’une infime seconde où elle oublia toutes ses résolutions. La seconde suivante fut des plus cruelles.

Une douleur enserra sa poitrine. Elle comprenait la révolte d’Eileen, elle savait sa colère, sa haine pour ces gens qui lui demandaient de mentir. Mais elle ne devait plus s’en soucier. Eileen, tout comme cette lettre qui s’embrasait, ne serait bientôt plus que fumée à ses prunnelles glacées.

Aria retourna à son introspection sans prêter davantage d’attention à la table des Rouges-et-Ors qui s’enflammait sous les rouages de cette révolte enclenchée. Elle laissa d’autres Serpentards répondre aux commentaires aussi offusqués que moqueurs d’Ezechiel qui jouait de sa meilleure répartie pour décrédibiliser les Lions. Jusqu’à ce que l’une des répliques de la tablée atteignât sa bulle d’un venin aussi aveugle qu’insidieux.

- Oh attention ! Notre cher « disparu » - que dis-je, notre farceur insoupçonné ! - vient s’y mêler ! J’ai nommé Monsieur le préfet Shinmen !

Aria faillit avaler de travers. Ses mains se crispèrent sur ses couverts et elle ne remarqua pas tout de suite le regard d’un froid glaçant qu’elle lança à celui qui avait osé clamer cette énormité insultante. Celui qui avait osé insinuer que Sessho avait orchestré sa propre disparition pour animer la soirée. Celui qui avait osé cracher sur la réalité d’une torture non divulguée. Celui qui avait bêtement lu et cru la Gazette du Sorcier. Le coupable, en réalité, était le papier qui brûlait à l’autre bout de la Grande Salle. Aria détourna rapidement ses yeux accusateurs comme si son simple regard avait suffi à trahir son secret. Heureusement, l’attention des Vert-et-Argent était focalisée sur les élans de révolte des Gryffondors, sa réaction sourde n’eût donc attiré aucun regard.

La nausée. Le dégoût. Pour le genre humain, sa cruauté, ses mensonges.

Aria délaissa le reste de son repas et quitta la Grande Salle. Elle n’avait qu’une envie : s’isoler. Loin de tout le monde. Loin de cette réalité qui la tourmentait, qui la torturait.

Le lac. Elle aurait voulu y plonger. Y retrouver Washa. Vivre au milieu du calme aquatique. Nager au rythme de l’eau et de ses douces mélodies.

Ses espoirs moururent sur la rive.


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Aria Beurk
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Aria Beurk

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Ecoute cette médolie troublante.
C'est l'eau qui chante.
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Sam 24 Oct 2020 - 17:01
❝ l'envol par l'éveil, la renaissance par l'espérance ; et la violence, si belle, si cruelle... ❞
Chain Reaction

Pensionnaires
de
Poudlard

Dans les corridors du château, convaincante image d'une âme en peine ne sachant où se rendre, Merlin se dirigeait lentement vers sa destination. Ayant été l'une des premières à se réveiller, elle avait pu quitter l'infirmerie avant qu'un autre étudiant, en dehors de Neïa, pût sortir de sa torpeur. Suite à la conversation plaisante qu'elle avait eu avec la jeune botaniste, et non sans avoir remercié l'infirmière pour ses soins, elle s'était décidée à partir pour la salle commune de sa Maison.

Elle n'avait croisé personne sur le chemin et, arrivée dans son dortoir, elle s'était contentée de prendre une douche. Enlacée par les jets d'eau pendant de longues minutes, elle avait patienté. Ses doutes, ses peurs, s'étaient envolés bien avant son réveil. Cependant, seule, elle avait cru que tout reviendrait en force. Comme avant, comme ça avait toujours été le cas. Une réalité qui n'en avait pas été une ce jour-ci, pour son plus grand plaisir.

C'était agréable et déstabilisant à la fois. Elle se sentait, pour la première fois depuis bien des années, véritablement sereine. Elle n'était pas spécialement joyeuse, ce qui aurait été quelque peu étrange et incohérent après ce qu'elle avait vécu. Non, c'était une neutralité bienveillante qui l'avait accueillit.

Une forme de désintéressement de tout, sauf des autres, de ceux qu'elle avait eu l'occasion d'observer quelques heures plus tôt. Cela lui avait, dans l'immédiat, offert une inspiration nouvelle, jusqu'alors jamais vu chez elle. L'illustratrice, après s'être habillée, était reparti avec une idée bien précise en tête. Personne n'avait vraiment remarqué sa venue, et sur l'instant, elle avait préféré cela. Elle n'avait aucune intention de parler ce matin-là. Du moins, pas avec des mots.

La solitude, vieille amie, l'avait invitée d'une étreinte chaleureuse, à l'antipode de ce qu'elle avait vécu ces dernières années. Se retrouver seule avec elle-même, face à son reflet, face à ses pensées, avait toujours fait ressurgir ses angoisses, ses démons. Des démons qui, à présent, se métamorphosaient en des anges accueillants.

À mi-chemin entre la tour des aigles et l'antre des artistes, l'oniromancienne s'arrêta pour observer les tableaux mouvants. Elle n'était jamais allée jusqu'à offrir une véritable présence à ses œuvres. Avec un flegme d'un naturel stupéfiant, elle releva sa main jusqu'à laisser son index effleuré le cadre d'une partie d'échec. Un homme souriant et une dame à l'air concentré se faisaient face.

En deux coups, si elle jouait correctement, elle gagnait. Pourtant, les deux adversaires n'avaient pas l'air de vouloir mettre fin à la partie. Êtres observateurs des passants d'un couloir, bloqués dans une partie aux accents éternels. C'était à la fois mélancolique et sublime. Une belle représentation d'un souvenir gravé sur une toile. Un jour, se promit-elle, toujours absorbée par son observation passive, elle s'y essaierait. Pour l'heure, son désir ne s'y reflétait pas.

Elle abandonna la peinture et ses personnages et, sans un regard en arrière, elle reprit sa route jusqu'à se retrouver devant la porte. Une porte qui, de nombreuses fois, l'avait accueillie pour déverser sa colère. Ce jour-ci, elle souhaitait y inscrire son évolution. Et ce fut précisément ce qu'elle fit. Oubliant le temps, oubliant l'espace, elle se perdit dans les couleurs de sa nouvelle création. La première qu'elle imprimait autrement qu'à travers un monochrome déprimant.

Si absorbée par sa réalisation, elle n'entendit pas le battant, derrière elle, s'ouvrir et se refermer. Si concentrée, elle ne remarqua nullement l'arrivée d'un jeune homme trop important, à ses yeux, pour être normalement occulté. Elle ne prit pleinement conscience de sa présence que quand elle sentit deux bras s'enrouler autour de sa taille. Il pleurait.

« Morgane ! », s'exclama la voyante en déposant son pinceau ; pour ne pas dire qu'elle le jeta sans plus y porter la moindre attention.

En se retournant, de manière à pouvoir lui rendre son étreinte avec force, elle prit la pleine mesure du poids immense qui séjournait dans sa poitrine. Celle de l'inquiétude viscérale qu'elle avait ressentie en fond, depuis son éveil, pour son frère. Une inquiétude qu'elle avait balayée pour garder son absence d'émotions néfastes.

« Tu n'as rien !, soupira le garçon entre deux sanglots. Par Merlin, tu n'as rien ! »

Le soulagement, celui de le voir en un seul morceau, fut immédiat. Il était évident que le jeune Serpentard était encore bouleversé par ce qu'il s'était passé la veille. Cependant, même s'il était encore secoué, il saurait y faire face et s'en accommoder avec du temps. Elle avait foi en lui pour y parvenir. Toutefois, il lui faudrait se concentrer sur lui-même pour cela. Elle ne pouvait décemment pas lui donnait les détails de ce qu'elle avait traversé, d'autant plus maintenant qu'elle percevait toute l'agitation de son cadet. Et il ne serait pas le seul, elle s'en doutait. Uniquement le premier d'une liste qui serait plus ou moins longue.

« Je ne dirais pas cela, offrit-elle d'une voix tremblante. J'ai connu plus tranquille comme soirée, mais je n'ai pas à me plaindre.
Qu'est-ce que tu veux dire ? »

Seule réponse à la question posée, elle accorda un sourire se voulant réconfortant au première année. Les cercles apaisant qu'elle formait dans le dos du Serpentard avait l'air, petit à petit, de faire effet, tarissant les larmes de son âme ébranlée. L'inquiétude qu'elle percevait toujours dans ses pupilles l'amena néanmoins à formuler une réplique pour le rassurer.

« Rien qui ne nous concerne pour le moment, explicita-t-elle, avant de poursuivre. Le plus important, pour moi, c'est que toi, plus qu'aucun autre, tu n'aies rien.
Alors pourquoi tu n'es pas venu me voir ? »

Le reproche était à peine voilé. La Serdaigle prit une profonde inspiration, puis soupira en secouant la tête. Sans avoir besoin de le dire réellement, il avait raison. Elle ne l'avait pas vu à l'infirmerie et s'était persuadée dès lors qu'il était hors de tout danger. Elle aurait dû s'en assurer de ses propres yeux.

« Je n'ai pas d'excuses à te fournir, avoua-t-elle en se baissant pour être à sa hauteur, mais tu as parfaitement raison. J'aurais dû venir te retrouver dès que je le pouvais.
Je te pardonne si tu restes avec moi. »

Sa culpabilité devait se lire sur son visage pour que Morgane acceptât de l'excuser aussi vite. Elle resta un temps ainsi, hochant la tête à de multiples reprises, avant qu'un éclair de lucidité la frappât. D'un simple coup d'œil, elle prit connaissance de l'heure. Il était presque temps d'aller déjeuner. Morgane aurait dû être en cours à cette heure-ci.

« D'accord, dit-elle pour abonder dans son sens, mais nous irons voir le professeur Rogue pour lui expliquer pourquoi tu n'étais pas en cours, d'accord ?
Certainement pas ! Il va me tuer !, répliqua-t-il d'un air affolé.
Morgane..., souffla-t-elle, essayant de se faire le plus apaisante possible. Contrairement aux apparences et à ce que tu as l'air de croire, je pense que le professeur Rogue saura faire preuve de compréhension. »

C'était ce qu'elle prévoyait, mais dans le cas contraire, elle aviserait.

« Et si ce n'est pas le cas, reprit-elle avec une touche d'humour, essayant de détendre l'atmosphère comme elle le pouvait, il mettra toute la faute sur moi, ce que je n'aurais pas volé et Serdaigle perdra des points.
Hmph. Mais s'il me punit, tu me le paieras. »

L'air boudeur du plus jeune des Shafiq fit fondre la plus âgée. Elle ne doutait pas que les mots employés plus tôt n'était pas dit à la légère. Bien qu'encore jeune, il ne fallait pas oublier qu'elle avait une vipère devant elle. Elle comprenait. Et, indulgente, elle accepta la potentielle sentence sans rechigner.

« C'est l'heure d'aller manger, remarqua Merlin la minute suivante. Allons-y, veux-tu ? »

Morgane ne chercha pas à protester. Le trajet vers la grande salle fut plus mouvementé que les précédents qu'elle avait eus dans la journée. Ce ne fut qu'en jouant des coudes, essayant de rester détendus malgré les crispations de ses muscles à chaque contact un peu violent, qu'elle put finalement parvenir jusqu'à la Grande Salle. Là-bas, elle poussa avec douceur Morgane vers la table des verts, puis se dirigea vers la sienne.

En quelques secondes, seulement, elle trouva sa place face à Hiverna et Cal. La première somnolait déjà sur l'épaule du second qui, renard à l'affût, recherchait le membre qui manquait à leur trio. Sessho brillait pour le moment par son absence.

Inquiète, la demoiselle tenta de le trouver des yeux, mais n'y parvenant pas dans la foule, elle préféra recentrer son attention sur les deux autres oiseaux. Ils s'échangèrent des banalités, comme si personne dans leur groupe ne souhaitait aborder ce qu'il s'était passé la veille. Le silence se fit maître des lieux quand le préfet des Serdaigle pénétra la pièce. Miroir de ses camarades d'une année supérieure, la jeune femme le suivit des yeux quand il vint s'installer face à elle.

Elle n'osa sourire, car n'ayant aucune véritable connaissance de ce qu'il avait vécu, elle ne parvenait pas à savoir si ce simple geste pouvait être mal perçu. Il avait l'air d'aller bien, pour l'instant. Néanmoins, la vue du bandage sur son torse se rappelant à elle, observatrice invisible d'une infirmerie encore endormie, ne lui permettait pas d'y croire entièrement. Elle doutait. L'image que renvoyait Shinmen était inchangée, mais pour combien de temps ?

Le brasier de la révolte allait lui offrir une réponse. Sans être satisfaisante, elle lui paraissait évidente. Trop serein, trop tranquille, le japonais s'oubliait au profit des autres. Se sentait-il mal dans sa peau, ou l'occultait-il au point de s'abandonner à un déni qu'elle ne connaissait que trop bien ? Les réponses attendraient plusieurs jours, peut-être plusieurs semaines. Elle ne désirait en rien forcer les barricades qu'il allait, elle le devinait à l'avance, consolider autour de lui pour se protéger.

Les hiboux et la Gazette avaient été le déclenchement. Les regards, les rires, les moqueries. Même s'il n'en parlait pas, même s'il ne niait pas, la simple vue de plusieurs élèves, en dehors du groupe dans lequel elle s'était retrouvée dans la clairière, dans l'antre de Madame Pomfresh lui permettait de comprendre. Le journal transformait les faits. Le Ministère jouait forcément un rôle dans cette mascarade. Et, ce faisant, espérant sans doute rassurer la populace comme elle se l'imaginait, ils allaient faire souffrir d'autres individus. Visait-il le moindre mal ? La réponse à cette question lui importait peu, car qu'il fût moindre ou non, le mal restait mauvais.

Ce n'était pas en remarquant l'arrivée remarquée d'un de ses louveteaux trempé que son idée allait changer. Sans vraiment comprendre le comment, la raison lui paraissait évidente. Et si le jeune homme s'abandonnait déjà à travers sa souffrance, elle n'imaginait pas ce que pourrait avoir sur lui les lettres imprimées sur le journal.

Sur l'instant, la demoiselle s'apprêta à se lever pour amener avec elle le concerné. Cependant, elle fut devancée par l'ami en face d'elle, soucieux du bien-être de ses camarades. Sessho déposa sa cape sur les épaules d'Ariel, puis se dirigea vers les feux de la rébellion qui sévissait déjà à la table des Gryffondors.

Dans d'autres circonstances, fait d'une autre manière, l'oniromancienne aurait suivi leur fougue. Elle aussi n'appréciait pas ce que le quotidien disait, mais le journal ne faisait qu'obéir à une autorité supérieure. Une autorité qui avait une de ses représentantes à la table des professeurs. Un simple regard dans sa direction permettait de savoir qu'elle ne loupait pas une miette de ce qu'il se passait.

Quand elle comprit la destination du pianiste, Merlin se redressa immédiatement, vivement, abandonnant son idée de ramener Ariel dans la salle commune pour le moment. Elle souhaitait empêcher son préfet de se rapprocher des rouges, car se faire voir en compagnie des lions en rage, à cet instant, était une mauvaise idée. Preuve en était que même leurs propres préfets restaient discrets, préféraient le silence à leur devoir.

Seulement, quand elle le rattrapa, c'était déjà trop tard. Le sixième année avait déjà pris la parole. Des mots qu'elle avait entendu, qu'elle trouvait intelligent, qui faisait du sens... Mais des mots que la majorité des personnes présentes dans la pièce n'entendraient pas. Les murmures et les regards enflèrent dans la direction de son ami. Elle ne put le retenir quand, submergé, il quitta la pièce à grandes enjambées, ne sachant que dire ou que faire pour l'aider.

Ce ne fut que quand il disparut de son champ de vision qu'elle remarqua sa place. Qu'elle comprit où elle se trouvait. Pour elle aussi, c'était maintenant trop tard. Elle saurait faire avec, elle n'en doutait pas une seconde. Cependant, elle n'avait nullement l'intention de faire front avec la révolte. Pas de cette manière.

« Je vais juste rajouter, dit-elle dans un soupir, que vous vous donnez en spectacle devant la mauvaise personne. »

Son regard se tourna vers Dolorès Ombrage pendant une seconde, de manière à faire comprendre de qui elle parlait, puis elle fit demi-tour pour se diriger vers la table des Serdaigles. Contrairement à ce que son mouvement aurait pu laisser penser, elle ne s'arrêta pas à sa place, dépassant Hiverna et Cal en se contentant d'un sourire pour eux. Non, elle ne s'arrêta que quand elle fut suffisamment proche pour parler à voix basse avec Melwing.

« Viens, lui souffla-t-elle, plaçant une main protectrice sur son épaule. Tu risques d'attraper froid si tu restes comme ça. »

La détermination qui pouvait se lire dans son regard dû être suffisante pour le convaincre de ne pas protester. Dès qu'il fut redressé, elle enroula correctement la cape du préfet sur les épaules du jeune homme, puis elle le poussa vers la sortie. Le faire se doucher, s'habiller, puis le questionner sur ce qui lui était arrivé. Son programme pour les prochaines heures. Sur le chemin, Morgane les rejoignit, le visage fermé.

Le chemin allait paraître long, très long, avant qu'ils parvinssent devant l'entrée de la tour. Cependant, elle allait pouvoir mettre à profit ce temps pour calmer les pulsassions de son cœur et les tremblements de ses membres. De même, elle pourrait retrouver cette humeur neutre, apaisante, qui l'avait enveloppé durant la matinée. Ainsi, s'occuper d'Ariel et de Morgane serait plus simple, du moins l'espérait-elle. Tout comme elle espérait que cela lui permettrait de réfléchir posément, de manière à se décider sur la marche à suivre pour les prochains jours.

Encore fallait-il, pour y arriver, qu'elle parvînt à contrôler l'angoisse profonde qui commençait à la ronger. Non pas pour elle, mais pour eux. Pour Sessho. Pour Ariel. Pour Azalée. Pour Jules. Et tous les autres, tous ceux qu'elle avait vu. Pour tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, étaient des témoins clef dans cette affaire. Ainsi que pour Morgane, qui venait, sans le vouloir, de démontrer sa désolidarisation envers sa propre Maison.

Merlin
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Mar 27 Oct 2020 - 13:15
Chain ReactionPuisque mes cauchemars ne m'offraient que du noir, et que les nouvelles ne menaient nul part, j'ai décidé de me réveiller et de m'élever pour admirer les couleurs de la vie.Il faisait tout noir. Des songes couleur de jais, comme une épaisse brume impossible à dissiper. Il ne se souvenait pas la dernière fois que cela lui était arrivé. Il n'était même pas sûr que cela lui soit déjà arrivé. Les rêves noirs, ses cauchemars, il connaissait. Mais cette fois, rien ne bougeait. La pellicule d'un film horrifique ne venant pas importuner sa nuit. Étrangement, il n'était pas sûr de trouver cela plus rassurant. Ça aurait pus être apaisant, cette absence d'agitation cérébrale. Mais ça en devenait presque étouffant. Ça manquait de vie.

Lorsqu'il avait ouvert les yeux, ce matin-là, Joris s'était surpris à penser qu'il n'avait pas passé une nuit normale. Probablement une conséquence des événements de la veille, pouvait-on se dire. Ou encore le fait qu'il se réveillait à l'infirmerie. Pourtant, ces deux éléments n'avaient pas été au cœur de sa réflexion. Sa nuit sans rêves le dérangeait un peu. Cela devait bien faire des jours, des semaines, des mois, voir des années, qu'il rêvait de passer une nuit sans voir son sommeil troublé par un cauchemar. Qu'il rêvait d'un sommeil comme celui de cette nuit. Étrangement, il en était presque déçu. Ça manquait de vie.

Il s'était redressé, et avait contemplé l'espace qui l'entourait. Mais le lit face au sien avait déjà été déserté, alors que les grands rideaux le séparaient de ses voisins de droite et de gauche. Pourtant, il entendait du bruit, de l'agitation. À moins que ce soit simplement le fruit de son imagination. Ça ne l'aurait pas surprit. Son don avait l'habitude de lui jouer des farces, lui offrant des hallucinations dignes d'un cauchemar éveillé. Mais il rejetait cette hypothèse cruelle qu'il ne voulait pas croire dés le matin. Comme dernier moyen de s'en assurer, il s'était levé, s'était préparé, et s'était dirigé vers la sortie en jetant quelques coups d’œil à droite et à gauche. Il voyait les visages des derniers blessés, ou des derniers endormis. Il voyait les visages des infirmières qui s'affairaient à leur travail, demandant à ceux qui se sentaient mieux de quitter les lieux. Il n'avait pas rêvé le bruit. Mais ça manquait encore de vie.

Il avait quitté l'infirmerie, était descendu, mais n'avait pas rejoint la grande salle. Il avait vaguement entendu l'heure, il était encore trop tôt pour le repas. Ça l'arrangeait cela dit. Il n'était pas sûr de réussir à avaler quoique ce soit. Il n'en avait pas l'envie. Pas la force. Rien que le fait de l'envisager lui donnait la nausée. À la place, il avait pris le chemin de sa salle commune, avant de rejoindre son dortoir. Zeus, qui y était resté depuis la veille, était descendu de son lit et l'avait accueillit en venant se frotter à ses jambes, miaulant joyeusement. Joris avait souri, et s'était agenouillé pour lui offrir les caresses qu'il recherchait. Les ronronnements de bonheur parvenaient à ses oreilles, avec cet étrange pouvoir apaisant. Puis il avait laissé l'animal retourné à sa sieste, alors qu'il prenait le chemin de la salle de bain. Il avait vu son reflet dans le miroir. Le maquillage de la veille lui collait encore à la peau par endroit, et ses cheveux soufraient encore du dégradé de bleu dont il les avait pigmentés. À la sortie de la douche, le maquillage s'en était complètement allé, seul persistant le bleu de ses cheveux. Mais il s'en fichait. Après une nuit à ne voir que du noir, il n'était pas contre un peu de couleur, et peu lui importait que celle-ci tombe en cascade sur ses épaules ou sur celles du voisin. Ça rajoutait un peu de vie.

L'heure du déjeuner était arrivée bien vite. Bien trop vite. Le chemin vers la Grande salle ne lui faisait pas envie. Pourtant, c'était ce chemin qu'il avait suivi. Il pouvait tenter d'esquiver la nourriture, mais pas la vigilance de sa famille et de ses amis. Même s'il aurait voulu. Peut-être. Il ne savait pas. Il vacillait entre l'hypothèse que leurs présences le rassurent, et celle que cela l’étouffe. S'ils ne posaient pas trop de questions, ça pourrait le faire ? La seule façon de répondre à cette question était encore de tenter l'expérience. Au moins leur montrer qu'il était en vie, physiquement présent. Alors il était entré, et avait rejoint sa table. À leur emplacement habituel, Arcana, Jessica et Mickaël lisaient déjà le journal avec un air contrarié, si bien qu'ils ne l'avaient pas entendu arriver dans un premier temps. À la table des Bleus et Bronze, le tatoué s'était aperçut qu'il en était de même pour Klaus et Élise. Arcana avait été la première à se rendre compte de l'arrivée de son jumeau. Elle l'avait invité à venir à ses côtés, tapotant la place libre à sa droite. Elle avait tenté de lui poser des questions, mais avait abandonné en voyant que le jeune homme n'y répondait que par un haussement d'épaule. Malgré l'inquiétude, ni elle ni les deux autres (qui avaient levé le nez de la Gazette pour se joindre à la tentative de conversation) n'avaient insisté, connaissant suffisamment Joris pour deviner qu'il ne leur décrocherait pas un mot de la journée. Plus tard, se disaient-ils, le temps de se remettre des événements.

Tandis que Mickaël remplissait une assiette pour son meilleur ami, Arcana avait partagé son journal avec Joris pour lui montrer les dernières nouvelles.

« Des nouvelles ? Des absurdités, tu veux dire ? Autant d’âneries sur deux pages, il y a de quoi devenir chèvre. » Avait soufflé Jessica pour que seuls les trois autres l'entende, laissant tout de même comprendre son mécontentement.

Joris avait aperçu un sourire amusé trôner sur les lèvres de Mickaël suite à cette remarque, et devinait déjà que le semi-vélane aurait eu moins de tact et de finesse pour exprimer le même point de vu. C'était peut-être pas plus mal que Jessica ai ouvert la bouche avant lui. Lorsqu'il avait reporté son attention sur le Quotidien, il avait pleinement pris conscience que la remarque de son amie restait bien douce face au torchon qu'il avait l'impression de lire. Un tissu de mensonges et d'ignominie, avait-il pensé. Il avait alors repensé à la lettre du ministère qu'il avait reçu. Il en comprenait la raison. Ça les arrangeais bien qu'ils se taisent tous sur les événements de la veille. La censure n'en était que plus parfaite. Ils leur proposaient une aide, mais plus tard. Connerie. Juste de quoi faire lire leurs bêtises à tout le monde avant.

Les premiers signes d'une révolte, d'une rébellion, s'étaient fait entendre dans la salle. La table bien connue (et malheureusement connue pour ses frasques) des Gryffondor avait vu naître les flammes d'un rejet, et un appel contre la manipulation. Sur le fond, Joris leur donnait raison. Sur la forme, il était plus partagé. Sessho, premier concerné dans l'histoire (du moins de ce que le Poufsouffle en savait), et Merlin avait tenté de calmer le jeu, leur faire comprendre que l'endroit et le moment n'étaient peut-être pas des plus appropriés, mais les révolutionnaires ne semblaient pas le voir sous le même angle. C'était leur façon d'exprimer leur mécontentement, une méthode frontale, chercher à secouer la foule, comme si cela allait déstabiliser l'autorité. Au moins, ils avaient le mérite d'essayer.

Sans même avoir touché l'assiette que Mika avait posé devant lui, Joris s'était levé avec la Gazette entre les mains, avant de sortir de la Grande Salle. Ce qu'il venait de lire, de voir et d'entendre avait fini de lui couper l'appétit pour la journée. S'en était trop. Repassant rapidement dans la salle commune des jaunes, il s'était contenté de se diriger vers la cheminé pour y jeter le journal ainsi que la lettre du ministère, les laissant en proie aux flammes qui les consumait. Puis il était sorti presque aussi rapidement qu'il était entré, et se dirigeait à présent dans la direction opposé. Vers le haut, vers les tours. Une tour en particulier. Celle d'astronomie, tout du moins son sommet. Il savait qu'il y serait tranquille. Il aimait s'y réfugier de temps à autre, profiter du calme et de la vue. Ça l'aidait à réfléchir, à se détendre, il s'y sentait bien. Qui irait le lui reprocher après ce qu'il s'était passé ? Il n'avait rien de mieux à faire de toute façon.

Arrivé au sommet, il avait pris une grande inspiration, emplissant ses poumons d'un air frais qu'il avait l'impression d'avoir oublié. Il s'était approché de la rambarde, avait porter une cigarette à ses lèvres avant de l'allumer, et avait profité de la vue. De temps à autre, il rejetait la fumée blanche en un fin fil de soie, qui se dispersait dans l'air en volutes laiteuse avant de disparaître. Il ne savait pas combien d'autre, après celle-ci, il avait pus consommer durant le reste de la journée. Il ne savait pas non plus combien de temps il était resté ici, à contempler les paysages qui s'offraient à lui du haut de cette tour. Mais ce qu'il savait, c'était qu'il n'avait pas envie de voir ce moment se finir trop vite. Il ne voulait pas retrouver son sommeil. Il ne voulait pas retrouver ses angoisses. Il ne voulait pas retrouver ses cauchemars. Il ne voulait pas retrouver le noir. Pas tout de suite, pas trop vite, pas maintenant. Il voulait continuer à voir les couleurs encore un moment. Il voulait continuer à voir la vie pendant qu'il en était temps.
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Joris de Beauvoir
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Mar 27 Oct 2020 - 22:48
Grâce à la potion de sommeil sans rêves, Sam avait passé une nuit paisible et quand elle se réveilla, elle eut un sentiment de lourdeur qui lui donna envie de se rendormir. Elle céda à cette envie, mais cette fois, l’effet de la potion s’était dissipée et elle plongea dans un sommeil agité, peuplé de rêves où Léo, Beth, Alizée se faisaient assassiner par des formes sombres et mouvante, inquiétantes, terrifiantes, qui étaient tirées directement de ses expériences sombres la veille au soir. Bien entendu, Léo les avait protégées elle et Beth et il allait bien, mais la peur qui l’avait prise l’accompagna jusqu’à la fin de la nuit.

Elle se réveilla en sueur et dans les bras de sa sœur qui l’avait veillée en l’entendant crier dans son sommeil. Les caresses tendres de sa sœur sur son visage et son front lui firent du bien au cœur. Et elle se réveilla tout en douceur, ce qui était déjà un minimum. Quand enfin, elle se sentit un peu plus sereine et que son cœur cessa de battre à toute allure, elle se redressa et se tourna vers sa sœur, dans une attitude interrogative et curieuse. Elle se demandait combien de temps elle avait dormi.

« Quelle heure est-il ? »

Elle apprit de Beth qu’il était près de onze heures. La journée avait été déclarée non travaillée pour tous les blessés et traumatisés de l’attaque de la veille. C’était rassurant à l’égard du fait qu’elle se sentait complètement épuisée psychologiquement. Elle prit le temps de se préparer et de se mettre le plus à l’aise possible et il fut temps d’aller manger dans la Grande Salle. Elle s’y rendit donc et s’installa dans son coin, loin de tout. Ses cauchemars la prenaient encore et elle avait l’impression de peser lourd dans la balance.

Cela ne se décanta que lorsque le journal tomba. Le lisant d’un œil distrait à-cause de ses troubles, elle fut surprise et horrifiée devant les titres annoncés. Le journal récusait en bloc tout ce qui était arrivé la veille. Les mensonges et les trahisons du journal poussèrent la colère dans la grande salle. Eileen King poussa des cris et brûla un exemplaire. Azalée, la copine de Sam, en fit autant. La colère remplissait aussi le cœur de la petite Gryffondor, mais elle ne réagit pas comme ses amies. Il y avait eu du danger, des choses terribles et tout était ignoré.

« Tout le monde nous ment ! Tout le monde trahit notre courage et nos souffrances. Nous ne pouvons pas rester les mains liées devant les faits. Nous devons trouver une solution. Il doit exister des moyens parallèles de diffuser l’information. Ce torchon n’a plus lieu d’être un journal. Moi je dis : transmettons l’information ! »

Elle espéra que d’autres la suivraient dans ce projet.
Samantha O'Neill
Membre
Samantha O'Neill

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 Chain Reaction | RP commun pour tous les pensionnaires de Poudlard | 1 novembre 1995 Prsm
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Dim 7 Fév 2021 - 18:31
Chain ReactionRien n'est jamais sans conséquence. En conséquence, rien n'est jamais gratuit.


Minerva McGonagall, peut-être un peu naïvement, avait cru avoir déjà tout vu durant sa carrière. Elle avait eu un nombre incalculable d'élèves différents au fil des ans. Certains avaient été d'un calme à toute épreuve, d'autres n'arrêtaient pas de se faire remarquer, mais les pires à ses yeux, malgré l'affection qu'elle leur avait sincèrement porté avait été les quatre chenapans qui s'étaient eux-mêmes surnommé les Maraudeurs. Si une idée, pour engendrer le chaos, avait dû être trouvée, elle pensait, avec un peu de soulagement, qu'ils l'avaient déjà réalisée. Cependant, la période de leur adolescence avait été difficile pour le Monde Sorcier, à la différence sans doute que celui-ci ne s'était pas mis d'œillères concernant la monté en puissance de Celui-dont-elle-ne-prononçait-pas-le-nom. Ce simple fait aurait dû lui mettre la puce à l'oreille. L'animagus, tout comme ses collègues, n'avait pas encore tout expérimenté et cette journée allait rester gravé dans sa mémoire.

Tout avait commencé quand la Gazette du Sorcier, comme chaque début de mois, avait délivré son numéro spécial. Le quotidien le plus connu et le plus lu de l'Angleterre sorcière arrivait généralement le matin, durant le petit-déjeuner. Ce n'était pas le cas de ce numéro qui, lui, était délivré durant l'heure du midi. Ainsi, le désordre qui allait suivre pouvait s'expliquer d'une façon simple : les élèves qui avaient subi, la veille, des traumatismes étaient, à l'inverse de ce matin-là, tous présents dans la Grande Salle.

Pourtant, Minerva ne s'était pas attendu à deux points marquants. Le premier était la lecture qui allait suivre. La seconde était la chaîne d'actions plus improbables les unes que les autres qui commençait déjà à se profiler à l'horizon. Sans se douter ni de l'un, ni de l'autre, le professeur paya le hibou venu s'installer devant son assiette de façon machinale. Elle déplia, à l'image de la plupart de ses collègues, le journal qu'elle venait d'acheter et commença à le découvrir.

Durant sa lecture, un pli se forma sur son front. Son expression était courroucée. Elle avait eu un maigre espoir que le Ministère prenne enfin la pleine mesure de la situation, mais elle devait à présent se rendre à l'évidence. Fudge était un imbécile, mais surtout un imbécile prompte à écouter les mauvaises personnes. Un véritable danger pour la population et, surtout, pour ses élèves. Avec agacement, elle replia sèchement le journal et le lança sur la table, avant de se pencher vers le Directeur. L'homme était égal à lui-même. Calme et souriant, le regard brillant tourné vers les élèves. Elle ne parvenait pas à déchiffrer ses pensées, ni même à comprendre comment il pouvait garder son calme alors même qu'il était calomnié dans le quotidien.

- Albus, vous devez...

Elle fut interrompue. Le directeur lui intima d'un geste de se taire avant de joindre ses mains devant son visage. Un visage qui, en moins d'une seconde, pris un air plus sévère, alors que ses iris, assombris, se tournaient vers la table des Gryffondors. Minerva, dans l'incompréhension, se tourna elle-même dans la même direction.

Sur l'instant, elle crut rêver. Un simple coup d'œil rapide aux autres membres du personnel suffit à lui faire prendre conscience que son esprit ne lui jouait pas un tour. Comme à l'habitude, les Gryffondors se faisaient remarquer. Ou, plus exactement, Eileen King se faisait remarquer. Les flammes dans son assiette détruisant la Gazette était un signe évident de sa révolte, mais il y avait bien d'autres manières plus intelligente pour faire entendre sa voix. C'était à la fois dangereux et stupide.

La directrice-adjointe s'apprêta à se redresser pour intervenir, mais contrairement à ce qu'elle s'était attendue, elle fut stoppée dans son mouvement pour une main se plaçant sur son bras. Dumbledore lui-même venait de l'arrêter. Pour le professeur de métamorphose, c'était incompréhensible. Et bien qu'elle vit que les yeux de son ami n'étaient plus tournés vers les Gryffondors, mais vers un simulacre d'enseignante vêtue de rose, elle ne saisit pas plus la raison de son action. Ombrage avait l'air de jubiler sans parvenir à le cacher, mais en quoi l'empêcher de sanctionner l'élève allait desservir l'horrible femme ? Ce n'était pas logique.

La réponse, elle ne l'aurait pas immédiatement. Et il lui faudrait attendre le lendemain pour sanction miss King qui, dans un élan de cape qui ferait rougir Severus, venait de quitter la pièce à grandes foulées. L'incendio lancée par l'étudiante fut l'étincelle allumant la potion explosive. La suite des évènements placeraient sans conteste cette journée comme l'une des plus surprenantes, dans le mauvais sens du terme, de toute sa carrière.

Minerva s'attendit même à ce que les jumeaux Weasley ne passe pas à côté d'une telle occasion, ou encore que monsieur Potter en profite pour faire entendre sa voix, mais la suite ne vint ni des uns, ni de l'autre. Bien qu'elle ne la connaissait que depuis l'année dernière, elle avait bien saisi que miss Murphy n'était pas en reste. Digne héritière des fauteurs de troubles, elle le prouvait une nouvelle fois en effectuant une action qu'elle n'avait, pour ainsi dire, jamais vu jusqu'à ce jour. Elle grimpa sur le banc, faisant ainsi remarquer à tous son manque de savoir de vivre. Rien qu'en la voyant faire, le courroux de l'enseignante grimpa en flèche. Et son action, à savoir jeter elle-même le journal dans les flammes pour les attiser, n'aida pas à son humeur.

Se rendait-elle compte du danger ? Les tables étaient en bois et le choc faisaient déjà voltiger des cendres. Cependant, ce qui l'acheva fut l'action suivante, réalisée par miss Sleepy avant sa fuite ; elle aussi serait avertie de ses sanctions le lendemain. D'un naturel plus calme et plus discret que sa comparse qui venait de disparaître, elle s'était attendue d'elle un peu plus de savoir vivre. Elle s'était trompée. Et si elle avait placée l'action des deux précédentes dans la case "stupidité", celle de l'animagus fut placé dans celle de l'inconscience. Le ventus de la demoiselle attisa les flammes et envoya valser les journaux, c'était un fait. Si cela s'était stoppait-là, McGonagall aurait su se montrer compréhensive. Le pourquoi était simple : si elle n'approuvait pas, elle comprenait les sentiments qui animaient ses élèves, car elle-même les ressentait. Il y avait toutefois un moment pour se faire entendre et un autre pour savoir se taire et les adolescents n'avaient pas su faire le bon choix.

Les cendres voltigèrent presque à travers la salle et ce fut en combinant ses efforts à ceux des trois autres directeurs de Maisons qu'ils parvinrent à éviter une catastrophe. Les informulées qu'ils venaient de lancer pour éviter un départ de flamme au quatre coins de la Grande Salle passèrent inaperçu tant un petit attroupement commençait déjà à se former à la table des lions. Un attroupement bruyant qui désirait se faire entendre et comprendre, mais qui allait trop loin. Elle ne fut pas la seule à le penser, car avec son calme légendaire, elle vit le directeur se lever de son fauteuil et placer sa baguette sur sa gorge.

- SIIIILEEENCE !, clama l'homme d'une voix puissante, tant le volume était augmenté par magie.

En moins d'une seconde, un calme plat frappa la grande salle. Le petit brasier, lui, fut soufflé et s'éteignit par un unique geste lasse de la main. Albus, après s'être ainsi placé au centre de toutes les attentions, soupira. Il se réinstalla confortablement sur son fauteuil et, d'un geste de la main, il l'incita à prendre la suite. Minerva hocha la tête et se racla la gorge en se relevant. Son expression sévère se tourna vers les élèves.

- Je comprends votre ressentiment, dit-elle plus bas que son prédécesseur d'une voix sèche, bien que toute la Grande Salle pouvait l'entendre. Cependant, chaque action a ses conséquences. Vous pensez peut-être que vous révolter de la sorte déliera certaines langues ou feront prendre conscience à vos camarades les plus septiques de la véracité de vos propos. Vous vous trompez. Vos actes desservent vos paroles, ce qui n'incitera personne à vous écouter. Pis encore, cela ne servira en rien vos intérêts, ni celle de vos camarades et encore moins celle des personnes à l'extérieur de ces murs. Vous êtes certes encore des enfants pour certains et certaines, mais vous devez comprendre qu'en des temps comme les nôtres, chaque décision est importante. Par ailleurs, un tel comportement dans l'enceinte de Poudlard est tout bonnement intolérable.

Minerva se drapa autant dans sa cape que sa dignité, relevant la tête, puis elle commença à se déplacer pour se diriger vers l'endroit où cela avait commencé. Elle avait bien noté les différents protagonistes qui avaient lancé la révolte et elle avait bien l'intention de leur faire passer l'envie de recommencer. Elle se savait dure, mais à ses yeux, c'était nécessaire. Arrivée à destination, elle foudroya les filles d'un regard noir.

- Miss Murphy, descendez de ce banc, et vous deux, miss Winchester et Curtis, de cette table. Immédiatement, siffla-t-elle plus bas dans leur direction. N'avez-vous donc aucun savoir-vivre pour vous comporter de la sorte ?

Ses narines frétillèrent alors que ses yeux, lançant toujours des éclairs, suivaient celles qui, penaudes, descendaient de leurs perchoirs, ainsi que la jeune O'Neill s'étant elle-aussi montrée en spectacle. Quant aux deux plus âgées déjà parties, Miss Sleepy et Miss King, les foudres de leur directrice de maison ne manqueraient pas de résonner à leurs oreilles dès le lendemain matin.

- Vous aurez des heures de retenues, mesdemoiselles et vos parents seront informés du chaos que vous venez d'engendrer. De même que vous faites perdre, chacune, 15 points à vos maisons respectives. J'ose espérer que vous n'êtes pas fières de vous, car il n'y a aucune raison de l'être.

L'enseignante, sans un regard de plus vers les perturbatrices, s'adressa aux préfets des différentes maisons concernées.

- Veuillez ramener ces... fauteuses de troubles dans leurs salles communes. Étant donnée qu'elles ont une dispense exceptionnelle pour les cours de la journée, assurez-vous qu'elles n'en sortent pas jusqu'au diner.

Les différents préfets se relevèrent immédiatement, sans poser la moindre question. L'animagus, elle, se tourna une dernière fois vers les provocatrices.

- Réfléchissez bien à vos actions durant ce laps de temps, mesdemoiselles, commença la directrice adjointe, puis un regard vers la table des professeurs où Ombrage jubilait toujours l'obligea à rajouter les derniers mots. Et pour l'amour de Merlin, ne vous faites plus remarquer pour les six prochains mois !

Sachant qu'aucune ne répliquerait, ce n'était clairement pas à tenter, Minerva retourna à sa place dans un soupir. Albus, à côté d'elle, paraissait plus songeur, les mains jointes devant son visage, alors qu'il regardait les sanctionnées quitter la salle avec la posture et l'allure de condamnées qui partaient pour Azkaban.

Le reste du repas se passa dans un silence presque religieux. Plus tard, le reste des élèves suivirent pour, eux, retourner en cours, ainsi que certains professeurs. La vieille femme s'apprêta à faire de même quand, à nouveau, elle fut arrêtée par son ami.

- Je crains que Poudlard soit menacé, Minerva, finit-il par lui dire avec un sourire las. Nous en parlerons dans mon bureau.

Il s'agissait de ses mêmes conclusions, aussi le professeur de métamorphose se contenta de hocher la tête. Elle ne savait pas ce qui les attendait à l'avenir, mais il était certain que cette mini-révolte allait avoir plus de conséquences que désiraient. Dolorès allait sans le moindre doute en profiter et s'en assurer.

FIN.



Hors-RP

Chers élèves,

Le RP commun Chain Reaction se termine ici. Nous vous remercions pour vos différentes participations qui furent très agréables à lire. Bien sûr, comme Minerva le dit si bien, chaque action à ses conséquences. Des conséquences que vous découvrirez prochainement.

Pour l'heure, sachez qu'Eileen M. King, Jules Murphy, Elyana Sleepy, Samantha O'Neill ainsi qu'Azalée Winchester font toutes perdre 15 points à leurs maisons respectives. Ce qui donne un total de 60 points en moins pour Gryffondor et 15 points en moins pour Poufsouffle. Prenez également en compte qu'elles ont dû subir 4 heures d'une retenue distillée en deux soirées.

Les points :
Gryffondor : 16 points (posts d'Eileen, Jules, Elyana et Samantha) - 60 (retirés inRP) = -44 points.
Poufsouffle : 8 points (posts d'Azalée et Joris) - 15 points (retirés inRP) = -7 points.
Serdaigle : 12 points (posts d'Ariel, Merlin et Sessho) = 12 points.
Serpentard : 4 points (post d'Aria) = 4 points.


En espérant vous relire une prochaine fois,
Le Maître du Jeu.
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Le Polynectar
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Le Polynectar
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