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[05/11/1995] Les hauteurs ennivrantes d'une tranquilité silencieuse [Jules Murphy & Azalée Winchester]

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Sam 31 Oct 2020 - 22:54
Les hauteurs ennivrantes d'une tranquilité silencieuse"Lorsqu'il n'y a plus de mots, ne cherche ni à parler, ni à penser à autre chose. Le silence a sa propre éloquence parfois plus précieux que les paroles." Elisabeth Kübler-RossDimanche 5 Novembre 1995

Le silence. Maintenant seul, au sommet de la plus haute tour du château, il s'en délectait. Pas de brouhaha assourdissant pour faire bourdonner ses oreilles. Pas d'agitation bruyante pour lui tourner la tête. Rien d'autre que le silence, le calme d'un lieu isolé. Seuls parvenaient à ses oreilles le chant de quelques oiseaux, le souffle du vent, le léger bruissement des arbres plus bas. Les bruits de la nature, seuls perturbateurs sonores venant encore troubler son ouïe. Mais ces bruits-là ne le dérangeaient pas. Ils étaient apaisants. Reposants. Ils venaient ressourcer son âme en quête de tranquillité, l'aider à se débarrasser d'une pollution sonore qu'il avait du mal à supporter ces derniers temps.

Accouder à la rambarde, les yeux perdus dans le paysage et cigarette fumante à peine entamée au coin des lèvres, il laissait son esprit voguer sur le flot d'une tranquillité momentanée. Il ne savait pas combien de temps cela pouvait durer avant que quelqu'un vienne chercher par ici, qu'importait la raison. Il ne savait pas combien de temps cela pouvait durer avant d'entendre le calme être brisé, avant que sa solitude trouve une fin qui le ferait de nouveau basculer dans le rappel d'une vie en communauté. Celle – là même dont il aimait se soustraire ces derniers temps. Pour mieux respirer, loin d'une foule qui avait tendance à l'étouffer. Pour mieux reposer son esprit récemment ébranlé, bien qu'il était conscient de ne pas avoir le plus souffert. Du moins, le pensait-il.

Mais surtout, pour ne pas avoir à justifier le silence dont il faisait preuve depuis le début. Un mutisme dans lequel il s'était enfermé, sans encore l'avoir brisé. Comme si ses cordes vocales avaient été coupées. Comme si sa voix était bloquée dans sa gorge, incapable de franchir la barrière de ses lèvres. Un oiseau qui avait perdu l'envie de chanter, comme si le son de sa propre voix allait l'importuner. Une voix qu'il avait peur d'entendre éraillée, disgracieuse, professant des paroles incompréhensibles sur des notes dissonantes. Des mots qui lui manquaient pour s'exprimer, et l'envie de ne pas parler pour ne rien dire.

Ça lui faisait penser qu'il n'était pas retourné dans la salle du club d'art depuis la soirée d'Halloween. Une pensée étrange venue s'insinuer dans son esprit, sans trop savoir pourquoi. Peut-être parce qu'il n'avait pas, normalement, le droit d'être ici, au sommet de la tour d'astronomie. Qu'il enfreignait l'interdit depuis trop longtemps, concernant ce lieu qui savait si bien apaiser son âme. Qu'un jour, peut-être, cela le rattraperait et qu'il devrait se trouver un nouveau refuge. Il était vrai que la salle d'art pourrait faire office. Là-bas, se trouvait le piano, instrument qu'il avait appris à maîtriser au sein de ces murs, mais qu'il n'avait pas touché depuis quelques jours déjà. Il n'en avait pas l'envie. Il ne s'en sentait pas capable. Il ne voulait pas l'entendre, cet instrument encore trop dissonant sous ses doigts. Pas maintenant. Puis du monde y passait, dans cette salle. Trop de monde coincé entre quatre murs. C'était probablement pour cela qu'il fuyait l'endroit comme la peste pour le moment. Tandis que la tour était plus calme. Moins nombreux étaient les braves à s'y aventurer, pour le confort de ne pas s'y faire surprendre et de s'en voir délogé. Puis ici, le tatoué ne se sentait pas à l'étroit d'une nouvelle pièce. Après être resté enfermé dans les salles et couloirs du château, c'était un point qu'il trouvait non négligeable. Il pouvait fumer sans soucis, sans craindre de gêner autrui. Il profitait d'être à l'extérieur sans vraiment y être. La vue, le calme, la tranquillité et de l'espace. Il ne pouvait pas demander mieux.

Coinçant de nouveau sa cigarette entre ses lèvres, il avait ainsi maintenu le tube de tabac pendant qu'il replaçait sa robe de sorcier sur ses épaules. Alors que le fond de l'air se rafraîchissait, lui envoyant une brise glacé au visage, l'adolescent s'était emmitouflé dans son habit aux couleurs de sa maison. Le seul qu'il portait à cet instant. Comme beaucoup d'autres durant le week-end, il avait troqué son uniforme contre des vêtements lui convenant un peu plus. Aujourd'hui, c'était un pull foncé un peu trop large pour lui, un jean noir troué aux genoux, et une paire de rangers. Sa robe de sorcier recouvrait le tout, lui offrant un vêtement supplémentaire pour se tenir au chaud. Reprenant sa cigarette du bout des doigts, il avait tiré sur le tube blanc avant d'éjecter la fumée en un fin brouillard blanchâtre. Pourtant, malgré l'automne et le temps qui se rafraîchissait, Joris n'était pas prêt à retourner à l'intérieur. L'heure du repas pouvait bien sonner, ça lui importait peu. Il ne voulait pas retrouver la foule. Pas tout de suite. Et, de toute façon, il n'était pas sûr d'avoir faim. Ce ne serait pas le premier repas qu'il loupait, ou dont il se débarrassait en quatrième vitesse après avoir à peine touché à son assiette. Une mauvaise habitude qu'il avait prise depuis quelques jours. Se nourrir à peine, un strict minimum qu'il se forçait à avaler, plus pour faire plaisir à ses proches et ne pas les inquiéter d'avantage que par réel appétit. Peut-être que ça reviendrait, plus tard. Mais pas maintenant.

Pour le moment, il voulait encore rester un peu au sommet de cette haute tour. Au calme. À observer les paysages colorés qui se trouvaient en bas. À profiter du vent qui soufflait contre sa peau, qui jouait avec ses cheveux. Profiter du chant de la nature qui berçait ses pensées du moment. Qu'on le laisse au moins finir sa cigarette à peine entamée, avant de retrouver la foule et le bruit.

Perdu dans ses pensées, entendait-il qu'on se rapprochait ?
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Joris de Beauvoir
Membre
Joris de Beauvoir
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Lun 18 Jan 2021 - 16:05



Les hauteurs enivrantes d'une tranquillité silencieuse
Feat. Joris & Azalée

Dimanche 5 Novembre 1995

Il était étrange d'observer comment un unique événement pouvait vous faire oublier tant de choses pendant un temps. Oublier les rires, oublier les amis. Oublier le sommeil, oublier les rêves. Oublier les impératifs, oublier les projets. Oublier d'agir ou oublier de se poser. S'oublier soi.

Premier week-end depuis la soirée d'Halloween et le quotidien de Jules Murphy semblait évoluer dans une réalité parallèle. Comme bloqué dans un espace-temps fané. Terne. En noir et blanc. Tout avait changé et rien en même temps. Oscar, Louisa, Tom et Ariel étaient toujours là. Mais Ariel ne parlait pas. Ils continuaient à se regrouper devant la fenêtre-impasse de leur couloir préféré. Mais le sol paraissait légèrement plus glacé. Les entraînements de Quidditch se poursuivaient comme si de rien était. Mais dans les dortoirs, les rumeurs se déchaînaient. Les cours défilaient toujours aussi lentement. Mais l'ennui avait laissé place à un stress latent.

Puis, il y avait une Azalée qui avait montré le bout de son nez. Fleur des champs reflétant les rayons chauds de l'espoir. De la force. De la détermination. Et, du haut de sa tige, elle avait agité les bourgeons d'un projet qui, pour éclore, n'attendaient que le retour de la rosée.

Oui, c'était grâce à l'optimisme débordant d'Azalée Winchester que Jules se trouvait en ce dimanche matin à grimper à ses côtés l'interminable escalier de la tour d'astronomie. Elle aussi s'était retrouvée dans la clairière la nuit du 31 octobre. Elle aussi avait été confrontée à la malveillance des deux masqués. Elle plus que d'autres, même. Elle plus que Jules. Elle, Azalée, n'avait pas fui.

Et elle s'était réveillée le lendemain, non pas la peur au ventre, mais la détermination dans le regard. Et elle était venue à Jules. « On a un projet ce week-end, t'as pas oubliée, hein ? », qu'elle lui avait dit. Jules avait oublié. Ou du moins, il avait été plus facile de ne plus y penser. De remettre à plus tard, le temps de faire le tri dans ses pensées. Le temps de s'extirper de cet espace-temps qui la maintenait captive. Le temps de décortiquer un peu plus les points d'interrogation d'une énigme sans fin. Azalée, elle, n'avait pas oublié.

LIBÉRONS LES ELFES !

Lettres fluorescentes zigzagant sur l'énorme banderole enroulée entre leurs deux bras. Robin à l'avant et Petit Jean à l'arrière. Et une, et deux, et trois... les marches fuyaient sous la détermination des deux grandes dévouées à la cause des elfes de maison. Être membre de la S.A.L.E., ça ne pouvait pas juste se résumer à porter un badge - comme Jules ne cessait de le répéter à ses quatre plus proches amis, membres par dépit -, il fallait agir. Être membre de la S.A.L.E., c'était défendre les droits des elfes même dans les pires moments et ça, c'était la jeune bleue qui venait de le démontrer en poussant celle qui l'avait recruté à aller au bout de leurs plans.

Dimanche 5 novembre, sur leur calendrier, c'était le dimanche du fluorescent.

Un pot de peinture mélangé à une potion préparée par les soins d'une lionne savante-folle – qui n'était autre qu'Eileen King - et le tour était joué. Les deux jeunes sorcières avaient tout préparé le week-end dernier, entre deux devoirs à rédiger. Et le rendu final avait fait pétiller leurs yeux d'impatience : leur slogan brillait d'un bleu fluorescent qui le rendait lisible de loin. De très loin. L'idéal pour un emplacement... haut perché.

La tour d'astronomie. Elles avaient vu grand, elles voulaient frapper fort. L'assaut des flèches sur l'un des murs du château à la rentrée n'avait pas assez percuté les esprits. Cette fois-ci, personne ne devait passer à côté.

Et elles avaient un premier témoin. Ou plutôt, un imprévu. Un public en avance. Trop en avance. Pardi, elles ne devaient pas être vues à l’œuvre ! La discrétion était censée être la maîtresse de cette étape-là du plan, ce pourquoi les deux sorcières s'étaient levées aux aurores pour effectuer leur ascension.

L'horizon était encore décoré d'un filet rose-orangée, les oiseaux enveloppaient le calme ambiant de leur chorale matinale, le lac reflétait la lueur d'un jour nouveau et... une cigarette se consumait entre les doigts d'un Poufsouffle solitaire.

Une moue contrariée déforma le visage de la Murphy qui tourna son regard en silence vers sa coéquipière, placée derrière elle. La bannière toujours coincée sous son aisselle droite, elle se racla la gorge pour signaler leur présence.

- C'est pas bien de fumer, déclara-t-elle de but en blanc. Et il me semble que c'est interdit dans l'enceinte du château, en plus.

Jules Murphy qui faisait la morale sur les règles de l'école ? Du jamais-vu. Mais avec un peu de chance, ses menaces semi-muettes feraient fuir l’intrus de la tour d'astrnomie.

Ou peut-être qu'en fait, c'était elles, les intruses ?

☾ anesidora
Jules Murphy
Admin idéaliste
Jules Murphy
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Jeu 28 Jan 2021 - 19:02


Les hauteurs enivrantes d'une tranquillité silencieuse.

Joris - Jules - Azalée

◊ ◊ ◊

 À son réveil à l'infirmerie, Azalée avait pensé à un cauchemar. Un mauvais rêve l'ayant cueillit sous une surdose de sucre. Sur ses genoux, elle portait encore les éraflures de sa chute dans les feuilles, de ses collants opaques déchirés par les branches et les cailloux. Ses bottes, aux pieds du lit, gardaient sur le cuir tanné, les taches de boue séchées de sa course, de son escapade dans les bois la cape au vent, et la pluie dans les oreilles. Ses cheveux, emmêlées sur son front, dressés en épis sur son crâne, s'étaient figés de la poigne les ayant plaqué dans les airs. Lord Épinard, vétuste vilain de ses contes fantasmagoriques s'était vu détrôné de la couronne de la barbarie et de la cruauté. Fini le prix des facéties décerné sur le tapis rouge du mal. Ce soir-là, son innocence avait volé en éclat dans le gris d'un masque reflétant la Lune. La petite trouillarde des hauteurs, de ces murs infranchissables s'était relevée plus forte, plus grande, marquant de son emprunte un affrontement inégal de son infaillible intrépidité. Une guerrière ne craignant plus les hurlements accusateurs, les punitions des bêtises bien trouvées.

Elle n'avait pas à avoir honte, à se sentir coupable de la chute des brindilles, ou des cris transperçant ses tympans. Elle n'était pas responsable des tremblements qu'elle avait soutenus, portés de ses bras tout aussi chevrotants, incapables de soulever son chapeau qu'elle avait vu traîner un peu plus loin, sans courir le ramasser. À son réveil, elle avait pensé à un mauvais rêve. Et finalement, elle avait décidé qu'il était préférable qu'il n'en soit pas ainsi. Elle évoluait. Et dans ses bras, les jambes sautillantes, et l'écharpe au cou, Monsieur Noodle parlait à nouveau, sorti de son mutisme dépressif pour l'incendiait sur son manque de prudence.

N'était-elle pas présente pour empêcher le progrès ? Cognant à bras le corps ses hésitations, son optimisme avait épousé sa détermination pour former une boule d'énergie inépuisable se dispersant en arcs électriques dans une direction ciblée. Fini la gamine brassant le vide pour pas grand-chose, nourrissant la simple ambition de manger le plus de cookies en une matinée. Non, le 1 novembre, au matin, à 10h32 précisément, elle avait fait une promesse. Celle de combattre, de ne rien lâcher, ne rien céder à l'obscurité, de mettre de la couleur là où la dominance de gris lui serait insurmontable. Les barrières n'étaient plus des codes, des limites, mais des obstacles à franchir pour gagner du terrain, pour peindre les murs des mots de leur conviction.

Beaucoup avait oublié, mais pas elle. Alors, à ces révolutionnaires perdus, elle rappelait le combat. Comme ce Robin sans flèches et l'arc en berne. Elle l'avait trouvé, et lui avait placé la croix d'un calendrier en étendard. Hissons haut nos couleurs !, qu'elle disait dans un regard brûlant. Un petit Jean sous la casquette d'un pirate naviguant sur les flots de leur désillusion collective. Comme sa Anna un peu fermée, le nez dans un bouquin plus large que ses épaules pour combler le néant de son manque de confiance en soi. Comme son Morgane bloqué dans ses pensées, ses inquiétudes, courant après le temps, le dos d'une enchanteresse ressuscitée. Comme cet aîné, toujours sympathique aux tatouages marbrant la peau, au visage terne, à la gorge nouée. Comme ces elfes un peu penaud, le menton bas et les idées moroses. Comme tout ces autres dont elle ne connaissait pas les noms, mais dont la souffrance lui servait de carburant.

C'était pour eux, la peine dans l'ombre, qu'elle grimpait les marches deux par deux, soutenant du coude son ami fidèle, et de l'autre, la pancarte à la peinture éclairant leur chemin, s'ajoutant d'une lueur verte aux bougies murales. La tour s'élevait haut, et placée sur son itinéraire de découverte, elle n'avait pas trouvé le moment entre deux parchemins à écrire, de la visiter. Ce serait chose faîte aujourd'hui. Abandonnant leur fardeau pittoresque à sa camarade dans l'étroitesse de la cage en colimaçon, elle s'était retrouvée un peu en retrait, gonflant son poitrail de son souffle haletant, impatient. Sur ses doigts se trouvaient encore les éclats fluorescents d'une peinture pas tout à fait sèche qu'elle avait eu l'idée de toucher à peine posée, effaçant la pointe d'un « L » en lettre gothique.

Les lèvres pincées d'une moue concentrée, elle s'autorisa à sourire devant le silence marquant leurs pas. Personne à l'horizon, conclu-t-elle un peu naïvement en comptant les dernières briques avant l'arrivée. Sur le perron, les mèches en queue de cheval pour ne pas gêner ses mouvements, elle pencha la nuque à la droite de sa condisciple pour appréhender la silhouette du sixième année. Joris, c'était un peu ce grand-frère qu'elle n'avait jamais eu. Maman lui avait raconté qu'ils avaient eu de mal à l'avoir elle, donc, il était impossible que les Winchester s'agrandisse au-delà de son minois de poupée, à son grand désarrois. Elle qui avait voulu une grande fratrie pour jouer avait été bien déçue. Jusqu'à Poudlard. Jusqu'à Anna, Samantha, Morgane, Merlin, Jules, Tom, Joris, Ariel. Jusqu'à ces petites lumières en bloc familial.

La bouche en « o », elle marqua sa surprise d'un hoquet qu'elle fit taire de sa paume. Une œillade interrogative complice fit office de dialogue entre les deux troubles-fêtes. Le ciel était beau derrière la lucarne, et une seconde, elle envisagea de l'observer de plus près, éclipsant leur mission de ses élans dissipés. Une claque sur la pommette plus tard pour se rencontrer, elle se plaça en garde devant l'unique sortie pour confronter le sixième année, ennemi circonstanciel malgré lui, comme elle l'avait été elle-même pour l'opération pluie de colle rouge. Mais ça relevait du détail.

Jules lança les hostilités d'un reproche que la blonde appuya d'un hochement de tête convaincu, donnant du crédit à son numéro, niant l’évidence qu'elles n'étaient pas les plus désignées ni l'une ni l'autre, pour dispenser des leçons moralisatrices. Encore une fois, ce n'était qu'un détail.

« C'est pas bien de fumer. Et il me semble que c'est interdit dans l'enceinte du château, en plus. »  

Et toc, pensa la fillette en croisant les bras, la mine fière et assurée. Finissant d'acquiescer à répétitions – était-ce fait exprès qu'elle l'ait par treize fois ? - et déjà le cou en compote, elle tapota du talon sur le sol, serrant contre sa poitrine la fourrure duveteuse de leur assistant.

« Et ça pue. », ajouta-t-elle en désignant le tube de tabac de l'index, pour finalement l'agiter avec ses jumeaux devant son nez pour éventer l'air devant elle, une grimace de dégoût déformant ses traits.

« Et c'est pas bon pour la santé. Mon père, il m'a dit que ça tâchait les dents et que ça les rendait toutes moches et jaunes. Tu veux pas que ton sourire soit assorti à ton uniforme, hein Jojo ? », elle s'adossa au chambranle de l'arche et y apposa sa tempe pensivement. « Puis, tu risques de faire brûler les plantes en bas avec ta.. », elle hésita, fronçant les sourcils par intermittence.

« Cendre ! Avec ta cendre. Ça vole et ça déclenche des incendies ce truc. Tu veux être responsable de la mort des écureuils du parc et des oisillons dans les arbres ? », les pupilles brillantes, elle ne s'arrêta pas là, ne laissant qu'un bref temps mort pour ménager son effet.

« Alors, houst, on te laisse filer pour cette-fois. Penses aux bébés oiseaux Jojo. Penses à eux. », et elle se décala pour laisser une marge de fuite, claquant des doigts d'un air gauchement autoritaire, dont les paroles un poil maternel ne correspondait pas à son allure furibonde. Elle en avait trop fait. Trop dit.

C'était pas gagné d'avance.  

(c) oxymort

Azalée Winchester
Admin gloutonne
Azalée Winchester

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Sam 20 Fév 2021 - 23:19
Joris de Beauvoir a écrit:
Les hauteurs ennivrantes d'une tranquilité silencieuse"Lorsqu'il n'y a plus de mots, ne cherche ni à parler, ni à penser à autre chose. Le silence a sa propre éloquence parfois plus précieux que les paroles." Elisabeth Kübler-RossDimanche 5 Novembre 1995

Il s'était tiré en douce, alors que la plupart dormaient encore. Là où tant d'autres étaient partisans de la grasse matinée en ce jour de week-end, il avait quitté la chaleur des draps pour s'isoler quelques mètres plus hauts. Il n'avait presque pas dormi, peinant à trouver le sommeil. Les cauchemars étaient revenus, l'empêchant de se reposer convenablement. Ce n'était pas une nouveauté. Il était habitué à eux, à ses nuits écourtés par ces images horrifiques. Mais cette nuit, ils avaient été plus virulents, le réveillant plusieurs fois. Le dernier avait achevé de le réveiller complètement quelques instants avant la fin du couvre-feu. Il n'avait pas vu l’intérêt de se rendormir, et avait préféré se préparer sans un bruit. Un simple mot à Mika pour ne pas l'inquiéter, juste lui dire qu'il allait prendre l'air, et il avait quitté les lieux après s'être assuré que le couvre-feu avait bien prit fin.

Il n'avait croisé personne durant son ascension, et ne s'attendait pas à croiser quelqu'un avant un moment. Encore moins ici. Pourtant, un raclement de gorge suivit d'une voix derrière lui avait fait mentir ses croyances.

« C'est pas bien de fumer. » Avait sonné la voix, comme un reproche.

Quelque peu surpris de cette intervention inattendue, il avait haussé un sourcil. Alors que la voix reprenait, il avait amorcé un pivotement pour se tourner en direction de la présence.

« Et il me semble que c'est interdit dans l'enceinte du château, en plus. »

Devant ses yeux, une demoiselle aux cheveux de feu, dont il se souvenait de l'intervention quelques jours plus tôt. Il trouvait cela ironique de sa part, cette leçon de morale suite à cet événement qui n'avait pas dû plaire à sa directrice de maison. Pourtant, il lui accordait un point pour le rappel de savoir vivre qu'il avait quelque peu oublié. Pour ce fait, il n'avait rien rétorqué (il n'en avait pas vraiment l'envie de toute façon), admettant être en tort sur ce point. Et même s'il l'avait voulu, la petite tête blonde à ses côtés ne lui en avait pas vraiment laissé le temps.

« Et ça pue. » Avait ajouté Azalée, appuyant ses propos d'une grimace.

Princesse aux cheveux d'or qui avait su prendre la place d'une petite sœur dans le cœur du brun. Il avait Klaus et Arcana, ses jumeaux, ses doubles, amours de sa vie. Mais ce n'était pas pareil. Il n'avait jamais eu de frère ou de sœur plus jeunes, de ceux dont on prend soin, qu'on veut protéger des dangers de la vie, que l'on veut consoler quand ils sont tristes, à qui on veut ouvrir la voie vers un monde plus sûr. Des sourires insouciants à la bonne humeur communicative, des projets pleins la tête et des étoiles dans les yeux, tant de petits détails qui rendaient unique cette petite demoiselle. Mais surtout, une incroyable capacité à reprendre le dessus, comme si tout ce qui avait pu se passer de mauvais pouvait être balayé d'un revers de main. Pourquoi est ce qu'on perdait tout ça en grandissant ?

« Et c'est pas bon pour la santé. Mon père, il m'a dit que ça tâchait les dents et que ça les rendait toutes moches et jaunes. Tu veux pas que ton sourire soit assorti à ton uniforme, hein Jojo ? »

La santé... Il ne faisait plus attention à la sienne depuis quelques jours. Il voulait juste oublier. Oublier à en perdre l'appétit. Oublier au point d'entrer en surconsommation de nicotine. Il n'avait jamais autant fumé que depuis le début du mois. Ce n'était que quelques jours, mais ça faisait la différence. Il ne s'en était même pas rendu compte. Pourquoi au final ? Il n'était même plus sûr que les effets calmants des premières fois fonctionnent encore sur lui. Des effets temporaires, au détriment des conséquences parfois permanentes. Était – il devenu dépendant par habitude ?

« Puis, tu risques de faire brûler les plantes en bas avec ta... Cendre ! Avec ta cendre. Ça vole et ça déclenche des incendies ce truc. Tu veux être responsable de la mort des écureuils du parc et des oisillons dans les arbres ? »

Quel exemple montrait-il aux plus jeunes ? Comment pouvait-il les protéger des dangers du monde, si lui-même les provoquait ? Ça n'avait pas de sens…

« Alors, houst, on te laisse filer pour cette-fois. Penses aux bébés oiseaux Jojo. Penses à eux. »

Adossé à la rambarde qui le séparait du vide, il avait écouté les arguments de la demoiselle sans l'interrompre. La cigarette continuait de se consumer entre ses doigts. Sans y prendre garde, il ne l'avait pas rapproché de ses lèvres une seule fois depuis l'arrivée des deux mousquetaires. Il les regardait, l'une après l'autre, comme si elles allaient ajouter un nouveau commentaire. Mais rien n'était venu.

Pour ne pas leur imposer plus longtemps la vue de la cigarette et la fumée nocive qu'il ingérait, il avait éteint le tube de tabac d'un mouvement de baguette, avant de le ranger dans son paquet presque vide. Lui qui, à la base, souhaitait pourtant pouvoir finir tranquillement sa première cigarette de la journée, il s'était laissé convaincre d'abandonner l'idée. L'une comme l'autre avait raison, d'une certaine manière. Et bien qu'il n'aurait naturellement pas imposé l'odeur ou la fumée du tube de tabac, il reconnaissait qu'elles avaient des arguments qui se tenaient. Il n'avait déjà pas le droit d'être ici, alors autant ne pas aggraver son cas.

Allaient-elles le dénoncer ? En y réfléchissant, il en doutait. Déjà, parce qu'elles n'étaient pas préfètes. Et, par conséquent, parce que leur simple présence ici leur était préjudiciable. Elles ne pouvaient pas le dénoncer, tout comme il ne pouvait pas les dénoncer. Ce serait contre productif, autant pour l'un que pour les autres. Et ça l'avait intrigué. Lui qui ne voulait pas réfléchir pour oublier, lui qui venait ici pour laisser son esprit vagabonder, il était intrigué. Il aurait pu partir, les laisser à leurs petites affaires, comme le suggérait sa cadette de maison. Mais il était intrigué. Pourquoi être venu se perdre ici, à une heure aussi matinale ?

Sans bouger, il les avait scruté d'un air perplexe, avant de remarquer que la première coinçait quelque chose sous son bras. Il avait alors désigné l'objet ayant attiré sa curiosité, appuyant son geste d'un regard interrogateur. C'était probablement pour cette chose qu'elles souhaitaient le voir quitter les lieux. Était – il le témoin indésirable d'une opération secrète ? C'était une possibilité, mais elles seules pourraient le lui indiquer.
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Joris de Beauvoir
Membre
Joris de Beauvoir
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Sam 27 Fév 2021 - 16:00



Les hauteurs enivrantes d'une tranquillité silencieuse
Feat. Joris & Azalée

Dimanche 5 Novembre 1995

Ils y avaient beaucoup trop d'élèves dans ce château. Ce fut la réflexion que Jules se fit en découvrant qu'une énième de ses missions ne passerait pas inaperçue. Loin d'être solitaire, le riche environnement social du château n'avait jamais incommodé Jules, au contraire, elle aimait croiser ses connaissances dans la Grande Salle, faire de nouvelles rencontres à l'intersection de deux couloirs, échanger des heures durant avec ses amis dans le parc ou encore s'adonner à diverses activités de groupes via les clubs auxquels elle appartenait. Le lien social était d'une richesse inégalée dans ce château et, pour l'extravertie qu'elle était, il n'y avait rien de plus stimulant.

Sauf lorsque des événements vous poussaient à l'introspection. Depuis la soirée d'Halloween, Jules se réfugiait à la bibliothèque dès la sortie des cours pour goûter à un calme qu'elle n'avait encore jamais vraiment apprécié à Poudlard - ainsi que pour avancer dans son enquête personnelle, bien évidemment. Mais l'essence même de la solitude, elle ne l'avait probablement jamais connu encore. Elle avait grandi avec Alice, sa jumelle, sa moitié, son tout, son acolyte, sa meilleure amie. Elles avaient toujours tout fait ensemble jusqu'à ce que la magie ne sépare leur chemin. Ensuite, il y avait eu Poudlard et la tour des Gryffondors avec Louisa et Tom, puis Oscar et Ariel venant complété le club des cinq. Jules n'avait jamais été seule. La solitude l'effrayait. Mais peut-être en avait-elle un peu besoin, en ce moment ?

Et, ce Poufsouffle, s'était-il lui aussi levé aux aurores pour dérober un brin de solitude à ces murs de pierre ? Si c'était le cas, son objectif venait de partir en fumée par l'arrivée des deux têtes blondes, aussi bien que s'évanouissait leur propre souhait de discrétion. La solitude était visiblement trop prisée en haut de cette tour.

Mais Jules n'était pas du genre à lâcher facilement l'affaire, sa détermination n'avait rien à envier aux Verts-et-Argents. Sa ruse, cependant, mériterait de gagner en subtilité. Adoptant la stratégie de l'intimidation du haut de son mètre cinquante, la trouble-fête donna à sa voix l'accent moralisateur d'une élève modèle et conformiste. Or, la majorité des élèves connaissait trop bien son visage de fripouille : Jules n'était pas du genre à porter le règlement dans son cœur et se faire remarquer ne lui avait jamais parût être un souci. Il suffisait que le Blaireau l'ait aperçu ce mercredi-même, perchée sur le banc des Gryffondor et hurlant aux mensonges, pour faire disparaître toute crédibilité à ses paroles. Heureusement, Azalée témoigna une nouvelle fois de sa loyauté indéfectible en appuyant les accusations de son alliée d'un ton farouche.

- Et ça pue.

Jules hocha la tête d'un air écœuré et se boucha le nez de sa main libre.

- Et c'est pas bon pour la santé. Mon père, il m'a dit que ça tâchait les dents et que ça les rendait toutes moches et jaunes. Tu veux pas que ton sourire soit assorti à ton uniforme, hein Jojo ?

Jojo ? Azalée connaissait donc l'adolescent ? Pas si étonnant, ils portaient le même blason. Jules continua d'appuyer les paroles de sa cadette de hochements de tête répétés, les yeux et sourcils écarquillés pour accentuer la portée de ses mots.

- Puis, continua la blonde, tu risques de faire brûler les plantes en bas avec ta... Cendre ! Avec ta cendre. 

Bon point ! En plus de polluer l'air d'une fumée irrespirable, l'adolescent répandait en plus de ça de la cendre nocive dans l'herbe en contrebas. Parmi ses nombreuses casquettes de militante, Jules revêtit celle de grande défenseure de la nature dans son nouveau mouvement de tête.

- Ça vole et ça déclenche des incendies ce truc. Tu veux être responsable de la mort des écureuils du parc et des oisillons dans les arbres ?

La nuque de Jules se figea dans ses allers-retours verticaux pour s'engager dans une rotation vers sa comparse et lui lancer un regard sceptique. Son engouement était beau et appréciable mais sa rhétorique prenait un revers quelque peu disproportionnée. Il n'était pas question de perdre leur crédibilité après un si beau discours ! Visiblement, la Blairelle avait elle aussi du chemin à faire pour atteindre la voie de la subtilité.

La Murphy tourna ensuite son regard vers le jeune homme pour juger de sa réaction. Mais sa posture et son visage neutres ne laissaient rien percevoir. Était-il en train de réfléchir à sa défense ou n'en avait-il tout bonnement rien à faire de leurs accusations ?

- Alors, houst, acheva Azalée, on te laisse filer pour cette-fois. Penses aux bébés oiseaux Jojo. Penses à eux.

Aucune parole ne franchit les lèvres de l'accusé. Était-il muet ? Il amorça toutefois un mouvement : baguette en main, il éteignit sa cigarette et la replaça dans sa boîte avec quelques-unes de ses colocataires.

Dans un geste qui se voulut discret, Jules tendit sa main sur le côté à Azalée pour un check de victoire. Toutefois, le Jaune-et-Or resta appuyé contre la rambarde, ne témoignant d'aucun mouvement dans la direction des escaliers. Qu'attendait-il donc ?

- Si tu n'as rien à dire pour ta défense, tu connais le chemin, l'encouragea Jules en désignant les escaliers de sa main libre.

Mais il ne bougea toujours pas d'un pouce et se contenta de les regarder silencieusement. Il était bien étrange, ce Jojo, songea la rousse. Finalement, il pointa de son index la banderole enroulée et coincée sous l'aisselle de Jules et un point d'interrogation se dessina dans ses iris.

Robin glissa un regard en coin à Petit Jean. Bon. Il ne partait pas. Il ne parlait pas non plus. Et, il osait même se questionner silencieusement sur leurs agissements secrets. Que faire ?

Jules soupira. L'équation était sans issue : de toutes façons, il les avait vues. Qu'il parte ou qu'il reste, il saurait qu'elles seraient les autrices du message de la tour d'astronomie. Il ne restait donc plus qu'à s'assurer d'une chose : qu'il ne les dénonce pas.

- Bon, tu peux rester à une condition, déclara la Lionne. Tout ce que tu nous vois faire ici devra rester secret. Motus et bouche cousue.

Elle fit mine de fermer une tirette devant sa bouche. Puis, elle avança vers lui et lui tendit son auriculaire.

- Deal ?

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Jules Murphy
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Jules Murphy
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Mer 14 Avr 2021 - 18:38


Les hauteurs enivrantes d'une tranquillité silencieuse.

Joris - Jules - Azalée

◊ ◊ ◊

 Lorsque l'on était accusé d'un mal, le premier réflexe était de se défendre. Tout en débitant son plaidoyer avec la conviction d'une magistrate entraînée et convaincue, Azalée imaginait déjà toutes les répliques probables, ou improbables d'ailleurs, qui irait dire qu'un mégot ferait un excellent engrais pour les roses ?, pour y trouver des alternatives du tac au tac. La fièvre d'une militante dans les gestes, elle en fut galvanisé quand sa complice, venait à appuyer ses dires en y ajoutant quelques touches théâtrales. Si la fin de son monologue fut au mieux bancal, et au pire tout bonnement absurde, elle n'en pipa mot et ne releva pas ses incohérences, pour bomber le poitrail avec fierté. Renvoyer de l'assurance pouvait décourager les plus indécis, et secrètement, elle espérait que leur aîné se laisserait intimider, ou convaincre, par ses arguments et qu'il passerait son chemin sans s'interroger outre mesure sur leurs agissements, ou la pancarte à l'écriture fluorescente.

Les narines gonflées par son audace et les talons fermement ancrés dans le sol, elle attendit la réponse, prête à l'accueillir, dans une posture quasi défiante. Aller viens, je t'attends, que criaient ses pupilles brillantes. Son père lui disait toujours que la meilleure défense, c'était l'attaque. Là où sa mère prônait l'inverse. Alors, elle fit un mixte des deux. Sur ses appuis, elle se campa dans une position blindée, la lance de son indéniable répartie en avant, au cas où il venait à s'y risquer. Son plan était infaillible.

Mais rien. Rien ne vint. Pas un mot. Pas un sourire. Pas une course vers la sortie. Juste un instant de flottement qui la déstabilisa. Ses bras s'échouèrent le long de son corps et la mine déconfite, elle interrogea sa camarade du regard, ignorant le tape poing de la victoire de ce fait. Qu'est-ce-qu'il a ? Il a buggé ?, formula-t-elle du bout des lèvres sans émettre le moindre son, l'indiquant du pouce, complètement incrédule. Ça, elle ne s'y attendait pas. Dans tous ses scénarios, il y avait un affrontement. Pas une feinte de désintérêt. Une seconde, elle songea à taper du pied pour attirer son attention, ou le secouer comme un prunier pour quérir une réaction, mais son unique geste la devança et une fois de plus, tua dans l’œuf les prémices d'une action déterminante. Les méninges en ébullition, elle tenta d'interpréter le moulinet de baguette pour faire cesser les émanations de fumée et ses symboliques.

Cela marquait-il le début de la riposte ? Ou bien, allait-il simplement se diriger vers la sortie, comme toute personne dotée de bon sens le ferait ? La bouche tordue et les sourcils froncés dans une grimage crispée, elle scruta les traits du plus âgé, cherchant à comprendre le pourquoi de son mutisme.

Campant lui aussi sur ses positions, Joris l'effraya un peu de sa neutralité. Elle ne lui connaissait pas ce marbre sur les joues ou le vide mélancolique dans les yeux. Naïvement, elle avait perçue dans les moments de solitude de ses amis, un passage éphémère qui ne s'éterniserait pas. Un peu comme son Robin, et tant d'autres. Comme elle. Pour la première fois depuis la nuit du 31 Octobre, elle se confronta à la douleur et à la peur, qui lui donna soudainement envie de pleurer. De chagrin. De rage. De cette compassion lui tiraillant les intestins dans tout les sens.

Sans œillères, sans cette aveuglante auréole d'innocence, Azalée se remémora les visages détruits. Les cris. Les larmes. Les branches mortes sous ses genoux. La poigne dans ses mèches blondes. La gorge nouée de Merlin. Et la lueur éteinte dans le marbre d'une statue en crise tétanique. Les feuilles dansèrent devant ses pupilles et dans son nez remontait l'âcreté terreuse d'une pluie diluvienne.

« Si tu n'as rien à dire pour ta défense, tu connais le chemin. »

Les mots de sa partenaire lui semblèrent si loin.

Ses lèvres tremblèrent et ses cils s'humidifiaient un peu plus à chaque battement pour chasser les perles qui menaçaient de déborder. Le souffle court, elle força sur ses bronches pour les gonfler, les narines bouchées sifflant de son inspiration. Elle secoua la tête de droite à gauche à plusieurs reprises, profitant du moment de diversion offert la question muette de Joris pour se reprendre. Ce n'était pas le moment de se laisser aller à une averse salée, aussi éponge à émotions soit-elle. Que dirait sa mère si elle la voyait ? Pire, si son écart venait à compromettre la mission, que penserait Robin ? Que Petit Jean n'était pas digne de confiance, et il aurait bien raison !

Reprends-toi, Aza' ! Ne sois pas ridicule. Robin compte sur toi. Les elfes aussi ! Alors, hop ! Au boulot !

« Fiou. », résonna assez fort, et elle abattit son poing sur sa cuisse pour remplacer sa détresse par une détermination farouche. Fini les doutes. Fini la tristesse. Envolée. Disparue.

D'un revers de manche, elle essuya ses joues, rougissant ses pommettes de la laine de son pull et intercepta le regard confus de Jules. Que devaient-elles faire, maintenant que leur plan était compromis, au mieux, ou mit en échec, dans le pire des cas ? Son index frôla son menton, et elle reporta son attention sur le sixième année dans un instant d'intense réflexion. Il pouvait être utile, jugea-t-elle en une demie-seconde. Elle aussi, s'était incrustée dans une opération de la plus grande importance le jour de leur rencontre, après tout. Du pouce, elle désigna le grand bonhomme, les commissures un brin félines de malice.

« Il peut peut-être nous aider. », proposa-t-elle d'un ton badin, dégageant l'entrée d'une enjambée de trois pavés, les épaules relevées dans sa démarche aérienne, prenant en appui une technique vielle comme le monde, empruntée à une série télévisée : Le gentil et le méchant flic.

Aller, Robin, donne tout, pensa la blondinette en s'appuyant des coudes sur la balustrade de l'arche donnant sur le vide. C'était à elle que revenait la position de dicter les règles, et d'imposer leur total contrôle des lieux.

« Bon, tu peux rester à une condition. Tout ce que tu nous vois faire ici devra rester secret. Motus et bouche cousue. », fit la rouge et or après un soupir las, tirant la moindre rébellion devant sa bouche close, pour en marquer le secret le plus absolu. Dans un pacte solennel, qu'Azalée approuvait d'un hochement de tête, elle tendit son auriculaire pour signer leur contrat.

« Deal ? »

Satisfaite, la première année tapa des mains par deux fois, trépignant d'impatience. Rejoignant leur cercle pour se placer à leur côté, elle baissa la voix pour ajuster les dernières étapes de leur méfait. Que dis-je, de leur revendication juste et honorable !

« Bon, maintenant qu'on est trois, on va pouvoir faire un meilleur partage des tâches. Primo. », elle leva l'index, reprenant tout son sérieux. « Joris est plus grand que nous deux. », les pointa toutes deux avant de reprendre. « Donc, il a des plus grands bras. », logique.

« Deuzio, je suis la plus petite de nous trois. », son majeur forma un V. « Je peux me cacher plus facilement si jamais. Donc, Jules, tu vas accrocher la pancarte avec Joris, pendant que moi, je montrai la garde. », elle attendit quelques secondes pour avoir leur réaction et rejeta les réclamations n'allant pas dans son sens en secouant la main avec empressement.

« Si jamais j'entends le moindre bruit dans les escaliers, je vous fais signe, et je fais diversion pour que vous puissiez vous échapper. », elle serra le poing, qu'elle tendit au milieu de leur trio.

« On est bon ? »

(c) oxymort

Azalée Winchester
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Azalée Winchester

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Mer 5 Mai 2021 - 18:40
Les hauteurs ennivrantes d'une tranquilité silencieuse"Lorsqu'il n'y a plus de mots, ne cherche ni à parler, ni à penser à autre chose. Le silence a sa propre éloquence parfois plus précieux que les paroles." Elisabeth Kübler-RossDimanche 5 Novembre 1995

La tour d'Astronomie, bien que très tranquille, était un spot compromit. Une chose qu'il avait tendance à oublier, par habitude de n'y croiser personne la majorité du temps. Surtout à une heure aussi matinale, où il ne se souvenait pas avoir déjà croisé quelqu'un, et encore moins un dimanche. Pas avant aujourd'hui du moins. Il ne savait pas s'il devait croire à un quelconque destin (ou karma comme l'appelaient certains) pour justifier la présence des deux plus jeunes à une période où il évitait la foule, mais les faits étaient bien là : il était démasqué, et sa cachette secrète aussi. Quoique, démasqué et cachette secrète étaient probablement de bien grands mots, car quiconque le connaissait bien savait qu'il aimait venir se réfugier ici. Cependant, il doutait que ce soit le cas des demoiselles ici présentes, ce qui l'amenait à penser que cette rencontre était le simple fruit d'une coïncidence.

En revanche, il savait que sa présence dans les lieux était indésirable, chose que les deux plus jeunes ne s'étaient pas caché de lui faire comprendre.

« Si tu n'as rien à dire pour ta défense, tu connais le chemin. » Avait même insisté la rouge et or en lui désignant la sortie.

Une façon polie de lui demander de quitter les lieux, ce que Joris aurait pu faire sans plus de cérémonies. Parce qu'il n'avait ni la force, ni l'envie de rétorquer face aux implacables arguments de sa jeune camarade de maison. Mais c'était mal connaître la curiosité légendaire du plus âgé. Il était là en premier après tout, et l'espace était à tout le monde. Il voulait bien croire en l'adage « la liberté des uns commence là où s'arrête celle des autres », mais l'empressement des demoiselles l'avait questionné. Et cela avait été sans compter sur ce que la rouquine tenait sous le bras, qui n'avait eu pour effet que lui faire se poser encore plus de questions. Une action qui avait l'air de déstabiliser la concernée, celle-ci jetant un regard à son acolyte.

« Fiou. » Avait-il soudain entendu venant d'Azalée, le faisait tourner le regard vers elle alors qu'elle essuyait ses joues avec ses manches.

Est-ce qu'elle... pleurait ? Le cœur de Joris s'était serré à cette pensée. Il ne connaissait pas la raison de ses larmes, et il se sentait impuissant face à cette vision. En même temps, il trouvait admirable cette capacité qu'elle avait de pouvoir reprendre le dessus.

« Il peut peut-être nous aider. » Avait – elle proposait à l'autre demoiselle après avoir retrouvé un peu d'entrain.

Abaissant sa main, qu'il avait gardé pointé vers la banderole sans faire attention, il avait détourné son regard vers la camarade aux cheveux de feu dont la réaction ne fut rien d'autre qu'un soupir. Elle avait probablement deviné que Joris n'était pas spécialement décidé à quitter les lieux, trop intrigué qu'il était de connaître la raison de leur venue. S'il pouvait comprendre qu'elles ne voulaient pas de spectateurs indésirables, il était pourtant déjà trop tard. Le simple fait de les avoir vues suffirait à faire le rapprochement. Cependant, bien qu'il lui fût possible de les dénoncer, il n'aurait eu aucun intérêt à le faire. Étant lui-même dans les lieux, sa présence poserait question, et il serait même facile de croire qu'il avait participé (qu'importait que cela soit vrai ou non). Pour résumé : action inutile.

« Bon, tu peux rester à une condition. » Avait tranché la rouge et or. « Tout ce que tu nous vois faire ici devra rester secret. Motus et bouche cousue. »

Et alors qu'elle mimait le mouvement de zipper ses lèvres, il avait fait de même en tournant la clé d'un cadenas invisible au coin de sa bouche, avait de jeter ladite clé dans le vide par-dessus son épaule. Pour validé le tout, elle s'était rapproché et lui avait tendu son auriculaire.

« Deal ? »

Acceptant de tenir sa langue par rapport à toute les actions dont il serait témoin (et auxquelles il allait participer, bien que ce n'était initialement pas prévu), il avait joint son petit doigt au sien, scellant le pacte qui le contraignait au silence. Pacte qu'il supposait à double sens, car il ne voyait pas d’intérêt pour les filles de lui coller l'affaire sur le dos. Pas vu pas prit, comme dirait l'autre.

Lorsqu'Azalée s'était approchée pour les rejoindre, Joris s'était agenouillé afin d'être au même niveau que les filles (ça lui évitait de se pencher et de se flinguer le dos), et avait écouté la plus jeune dans la nouvelle répartition des tâches.

« Bon, maintenant qu'on est trois, on va pouvoir faire un meilleur partage des tâches. Primo. Joris est plus grand que nous deux. Donc, il a des plus grands bras. »

Déduction implacable, malgré la logique d'une simplicité déconcertante.

« Deuzio, je suis la plus petite de nous trois. Je peux me cacher plus facilement si jamais. Donc, Jules, tu vas accrocher la pancarte avec Joris, pendant que moi, je montrai la garde. Si jamais j'entends le moindre bruit dans les escaliers, je vous fais signe, et je fais diversion pour que vous puissiez vous échapper. On est bon ? »

En guise d'approbation, Joris avait fait un signe affirmatif de la tête et avait joint son poing à celui de sa camarade de maison. Il ne voyait rien à redire à ce plan infaillible (du moins en théorie), et n'avait pas non plus le cœur à contredire la demoiselle dont les convictions semblaient inébranlables. Lui – même ne comprenait pas vraiment pourquoi il se laissait embarquer là – dedans, mais sur le moment il s'en fichait, et il était déjà trop tard pour s'en dépêtrer.

Pour passer à l’exécution, il ne manquait maintenant plus que le signe de la Lionne.
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Joris de Beauvoir
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Joris de Beauvoir
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Mer 19 Mai 2021 - 12:31



Les hauteurs enivrantes d'une tranquillité silencieuse
Feat. Joris & Azalée

Dimanche 5 Novembre 1995

Il faisait frais, là-haut. Mais, loin d'être frileuse, Jules appréciait ces notes automnales qui faisaient voltiger son écharpe rayée, ainsi que ses mèches rousses réunies en queue-de-cheval. Elle aurait presque tout autant apprécié humer cette brise matinale si les relents âcres de la cigarette tout juste éteinte ne s'y étaient pas mêlés. C'était mal de fumer. Et ça puait. La rousse et la blonde avait déjà tout résumé. Arguments implacables qui auraient dû faire fuir l'imposteur. Mais il n'en fut rien.

Jules attendit la réponse d'Azalée à son check. Dans le vent. Son absence de réaction lui fit tourner la tête vers elle, ses sourcils froncés. La benjamine semblait figée et ses yeux, accrochés à la silhouette de « Jojo », étaient légèrement rougis. Qu'y avait-il ?

- Fiou, expira-t-elle la seconde d'après en essuyant se joues de ses manches.

La détermination réapparut aussitôt dans les prunelles d'Azalée qui se redressa, et cela suffit à dissiper les inquiétudes de sa comparse. Elle avait sûrement des allergies, conclut Jules, ignorant le fait que ça n'était pas absolument pas la saison.

- Il peut peut-être nous aider, proposa alors la Jaune-et-Noire.

Le regard de Jules bifurqua à nouveau vers l'adolescent appuyé contre la rambarde. Il n'avait pas bougé d'un pouce. Ne comptait-il donc pas partir ? Elle le toisa quelques secondes puis abdiqua dans un soupir. Les cartes du jeu étaient redistribuées.

- Bon, tu peux rester à une condition, concéda la Rouge-et-Or, tout ce que tu nous vois faire ici devra rester secret. Motus et bouche cousue.

Elle scella ses propres lèvres d'un geste symbolique et fut satisfaite de voir le blaireau l'imiter. La clé imaginaire passa par-dessus la rambarde, ce qui arracha un premier sourire à Jules. La résolution au bord des pommettes, elle s'avança vers le garçon et lui proposa son poing comme signature du contrat.

- Deal ?

Derrière son mutisme, le concerné acquiesça en joignant son poing au sien et Jules hocha sa tête d'un air entendu. Probablement euphorisée par la vue de ce pacte scellé et par la perspective d'un potentiel nouvel allié à leur cause, Azalée se mit à taper dans ses mains en sautillant vers eux. Son approche créa une bulle plus intimiste entre eux trois alors que sa voix complice leur présenta son plan d'attaque tout juste imaginé.  

- Bon, maintenant qu'on est trois, commença-t-elle, on va pouvoir faire un meilleur partage des tâches. Primo. Joris est plus grand que nous deux. Donc, il a des plus grands bras.

Jules acquiesça. Le Poufsouffle était incontestablement plus grand qu'elles, si bien qu'il s'était agenouillé afin d'être à leur hauteur pour écouter leurs indications. Mouvement qui ébranla d'un léger frôlement l'ego de Jules, lui rappelant qu'elle n'était pas si grande qu'elle se l'imaginait. Sa taille, à son grand mécontentement, témoignait fatalement qu'elle était encore une enfant, là où elle se voyait pourtant déjà adolescente accomplie. Elle garda toutefois ce mécontentement muet pour continuer d'écouter attentivement les paroles de son Petit Jean.

- Deuzio, je suis la plus petite de nous trois. Je peux me cacher plus facilement si jamais. Donc, Jules, tu vas accrocher la pancarte avec Joris, pendant que moi, je montrai la garde. Si jamais j'entends le moindre bruit dans les escaliers, je vous fais signe, et je fais diversion pour que vous puissiez vous échapper. On est bon ?

Jules fut d'abord un peu déçue de perdre son acolyte de base pour effectuer le geste symbolique de l'accrochage de leur bannière. Mais elle se raisonna rapidement car il n'y avait pas de plan plus sensé. Et la Lionne savait pertinemment que dans ce genre de missions, il fallait agir et penser vite sans se laisser distraire par ses émotions. C'était ça, la vie d'aventurière. Puis, peut-être qu'elle découvrirait en Jojo un nouvel allié digne d'intérêt ? Dynamisée par cette perspective, elle joignit son poing aux deux autres sans témoigner d'aucune hésitation et scella ainsi son deuxième contrat de la matinée.

- On est bon ! répéta-t-elle avec énergie.

Puis, sans perdre plus de temps – car celui-ci, encore une fois, était compté -, elle déroula la bannière qui afficha enfin son message de manière visible et tendit deux de ses coins au Poufsouffle.

- Tiens, lui dit-elle avant de pointer son index vers un endroit de la rambarde. On va l'accrocher là, comme ça elle sera bien visible depuis le parc !

La Murphy se tourna ensuite vers Azalée pour lui faire un bref signe de tête signifiant : fonce. Il n'y avait personne de plus désignée que Petit Jean pour protéger ses arrières et ce, même si elle ne connaissait son allié que depuis deux mois. Car Petit Jean, c'était la loyauté incarnée et ça se voyait au premier regard. Ou presque, car il lui avait tout de même fallu, à Jules, écarter une bonne dose de méfiance avant de la voir, cette loyauté intangible, le jour de leur rencontre.

Les deux coins restants de la bannière en mains, la Lionne s'approcha de l'endroit qu'elle venait de désigner et, d'un mouvement précautionneux qu'elle tacha de synchroniser aux gestes du garçon qui l'accompagnait, elle la passa par-dessus la rambarde. Chaque coin de la bannière avait été préalablement percé d'un trou par Azalée et elle-même afin d'y faire passer une ficelle qu'il suffisait à présent d'attacher aux barreaux de fer.

- Serre bien fort, recommanda-t-elle à son voisin. Il faut que ça tienne même s'il y a du vent !

Vent qui agitait déjà le bas de leur bannière encore libre de toute attache. Mais il était assez léger pour ne pas leur causer trop de peine.

- Puis, hésite pas à faire plusieurs nœuds, on sait jamais, ajouta-t-elle en nouant pour une troisième fois la ficelle du coin supérieur droit.

Quand elle eut fini, elle se redressa avec un sourire satisfait aux lèvres, puis s'empressa de rappeler son alliée, sa voix portant en direction de l'escalier.

- C'est bon, Petit Jean, on a fini !

Puis, elle se tourna vers le « Jojo » dont elle ne connaissait toujours pas le véritable nom et ne put s'empêcher de lui demander, une curiosité sans pudeur dans le regard :

- Au fait, tu es muet ?


☾ anesidora
Jules Murphy
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Jules Murphy
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Jeu 16 Juin 2022 - 18:13


Les hauteurs enivrantes d'une tranquillité silencieuse.

Joris - Jules - Azalée

◊ ◊ ◊

Les poings frappés et une promesse d'accord et les trois étudiants se séparèrent. Chacun sa tâche, chacun son objectif. Non sans un dernier regard, Azalée bondit une énième fois sur ses pieds, faisant volte face avec empressement. Sa tignasse blonde suivit son sillage lorsqu'elle quitta les lieux, filant à toute allure en direction des escaliers. Le sourire mangeant son visage et dévorant son regard pétillant, elle entama une descente précipitée, fulgurante et imprudente. Par deux fois, elle manqua de dévaler sur les fesses, se rattrapant in extremis en glissant des paumes contre les murs encadrants.

Tout au long de son périple solitaire, elle pensa à la mise en place de la banderole, mais également à toute la symbolique se dégageant de leur élan révolutionnaire. Quel impact tout cela avait prit dans sa vie, lui faisant renoncer petit bout par petit bout à toutes ses bonnes résolutions d'élève modèle. Elle qui avait assuré à ses parents qu'elle ne saurait se distinguer en manquement disciplinaire, s'était retrouvée mêlée à une cause juste et poignante. Jules, de prime abord, avait été prise sur le fait par son regard inquisiteur, puis, toutes deux avaient partagé un instant de complicité qu'elle n'aurait pu espérer auparavant. Elle s'était sentie investie d'une mission, galvanisée par la simple présence rayonnante de sa nouvelle amie. En dépit de son ignorance sur ce monde, elle avait eu la sensation de combler ses lacunes par une flèche, mais également, d'appartenir à quelque chose. De ne pas être seule.

Sa sociabilité naturelle l'avait poussé mainte fois à s'imposer dans un contexte relationnel, mais cela n'avait aucun rapport avec ce qui s'était déroulé en Septembre, puis, aujourd'hui. Dans une vie, on avait qu'une seule Anna, un seul Morgane, et une seule Robin des bois. Se sentant l'âme d'une justicière, elle s'était accrochée à l'espoir de leur lutte pour dépasser ses angoisses. Et ainsi faire taire les souvenirs douloureux de la nuit d'Halloween. Tout cela lui semblait encore récent, elle avait pu en constater la réelle vivacité dans les yeux de Joris, mais elle se sentait prête à garder derrière elle le mauvais qui aurait pu ressortir de son expérience. Si les cauchemars peuplaient encore ses nuits, la blondinette était certaine qu'ils ne dureraient pas éternellement. Son optimisme lui présageait une évolution positive.

C'était un nouveau départ qui se jouait. Et elle se sentait apte à surfer sur ce vent inédit. Et à en faire profiter à son entourage. Jules y avait été réceptive, bien que la première année ait dû s'y reprendre à plusieurs fois pour faire renaître sa passion pour la défense des opprimés. Loin de s'être découragée devant le nuage gris qui grignotait le moral de sa jeune amie, elle s'était appliquée à lui rappelait ce qui comptait tant à ses yeux. Abandonner n'avait jamais fait partie intégrant de son code, ni de ses attentes concernant sa vie. C'était un aspect qu'elles partageaient toutes deux.

Elle sauta les dernières marches, fléchissant les genoux pour rendre son atterrissage fluide. Les bottes sur le perron, puis, bras tendus, elle ouvrit la porte la menant à l'extérieur.

Dehors, tout était désert. Attentive, elle guetta le moindre passage, jouant de son sourire devant les élèves en balade pour taire son méfait. Se balançant d'un pied à l'autre, elle mit en veilleuse son impatience, toute concentrée sur sa cible. Dans l'élaboration de son plan, elle s'était accordée un rôle déterminant : celui d'assurer la sécurité de ses acolytes. Investie, elle força son cerveau à se concentrer sur les différents aller-retours, pour en décrypter une potentielle menace. Elle ne souhaitait aucunement attirer des ennuis à son aîné, qui, avait été impliqué dans leur opération par un concours de circonstances. Lui, ne s'était aucunement engagé et n'avait à pâtir des conséquences. Jules et elle mesuraient les risques de leur entreprise et agissaient au mépris du danger.

C'était leur choix.

Puis, finalement, à la fois lassée et rassurée, elle fit marche arrière. Un instant, elle plaqua son dos contre la sortie, le cœur battant à tout rompre. Était-ce cela le frisson de l'adrénaline ? Il était semblable à celui qui avait dominé sa raison – et sa peur – dans la forêt, où elle s'était illustrée par sa volonté d'en découvre et sa farouche détermination à se battre contre celle qui, plus tard, serait responsable de la torture de Merlin. La sueur coulant le long du front en dépit de la fraîcheur extérieur, elle calma les palpitations de son cœur d'une série d'inspirations. De la même manière qu'auparavant, elle parvint à ne pas rester statique. Ses jambes la guidèrent dans son ascension et elle ne s'arrêta qu'une fois à mi-chemin pour garantir la sûreté de leurs arrières.

Bien qu'ayant la bougeotte, Azalée se posa dans les escaliers, les talons frappant la pierre à un rythme régulier. Ses doigts finirent de composer sur ses cuisses et c'est presque en sifflotant avec une insouciante retrouvée qu'elle attendit le signal. Elle en remercia esprit dissipé, qui, s'il lui provoquait parfois des déconvenues, était l'auteur de sa survie. Car, incapable de se concentrer sur une longue durée, elle était forcée passer rapidement sur les choses qu'elle estimait ne pas être essentielles : La tristesse et le chagrin en faisaient parties.

Elle n'eut pas à attendre trop longtemps, puisqu'elle entendit la voix de Jules percer le silence. Aussitôt sur ses jambes, la petite réajusta son écharpe en balançant un morceau par-dessus son épaule, puis, sans attendre, enjamba les premières marches. C'est en courant qu'elle parcourt le reste de sa course, finissant son escalade essoufflée et les joues rouges.

« Y a... Fiouuuu.. », elle marqua une pause, les mains appuyées sur ses genoux et le dos rond. Sa crinière pendait jusqu'à ses tibias et quand elle se redressa, elle passa près de gifler sa camarade. « Personne ! »

Frappant deux fois des paumes, elle observa ses complices d'un air radieux. Rapidement, elle fit le tour des lieux pour y contempler leur réussite. La banderole était accrochée, et elle n'eut qu'à se pencher un peu pour la regarder flotter face au vent. Admirative, elle resta là quelques secondes, coi et joyeuse.

« Vous avez réussi ! », observa-t-elle béatement. Dans son élan, elle tourna sur elle-même pour venir à leur rencontre. Une fois proche, elle les enserra tour à tour – l'un à la taille dût fait de sa stature et l'autre au cou, plus étroitement.

« Vous avez assuré ! Vous êtes les meilleurs ! Les meilleurs des meilleurs ! », toute excitée, elle secoua un peu sa camarade par les épaules, puis, elle entama une petite danse – à base de bras faisant des vagues ou battants les airs comme un oiseau.

« Merci Joris ! », et pour plus l'impliquer, elle lui tendit sa paume pour qu'il la frappe avec la sienne, scellant définitivement leur forfait.

« Tu as été un élément très... hum.. », elle chercha rapidement ses mots. « Indispensable ! », et elle claqua ses doigts, enfin, maladroitement, ne provoquant que la moitié de l'effet recherché. « Sans toi, on aurait mis plus de temps ! D'ailleurs... en parlant de temps.. On devrait peut-être filer ? », et du pouce, elle leur indiqua les escaliers, qui pour l'instant, ne laissait filtrer aucune marque d'intrusion.

Joignant le geste à la parole, elle prit la tête du cortège, sautant parfois à pied joint, ou courant le reste du temps. Ce n'est qu'une fois dehors, à l'abri de toute accusation, qu'elle fit face à ses deux amis. Elle espérait que cette aventure ait pu changer les idées de son aîné et qui en tirerait un coup du destin positif. Comme ce fut son cas. Et celui de Jules, elle n'en douta pas.

« Tu sais, Jojo.. Rester seul, ça rend encore plus triste. Et quand on est triste, il faut rester avec les gens qu'on aime. C'est ma maman qui m'a toujours dit ça. Et je crois qu'elle a raison. », plus sérieuse, elle continua. « Tu as le droit de pas parler, si tu en as pas envie. Personne a le droit de t'y obliger. Mais faut pas que tu restes tout seul en haut de la tour à fumer ton truc.. C'est pas bien. Et là haut – elle tapa de l'index sur sa boîte crânienne – il fera encore plus noir. Alors viens. », elle lui attrapa la main, qu'elle serra fortement. « On rentre. Tous ensemble. »

Enfantine, elle retrouva instantanément sa bonhomie, appliquant le même traitement à la rouquine. Dans leurs dos, tandis qu'ils partaient sur le sentier, la bannière illuminait les cieux. Libérons les elfes. Aujourd'hui, elle eut la sensation de ne pas libérer qu'eux.    

(c) oxymort

Azalée Winchester
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Azalée Winchester

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When I was young, it seemed that life was so wonderful, a miracle, oh it was beautiful, magical.
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Lun 29 Aoû 2022 - 22:00
Les hauteurs ennivrantes d'une tranquilité silencieuse"Lorsqu'il n'y a plus de mots, ne cherche ni à parler, ni à penser à autre chose. Le silence a sa propre éloquence parfois plus précieux que les paroles." Elisabeth Kübler-RossDimanche 5 Novembre 1995

La rouge et or avait joint son poing aux leurs, scellant leur accord.

“On est bon !” Avait - elle confirmé.

Les trois comparses s’étaient ainsi mis en mouvement. Joris avait attrapé les coins de la bannière que lui tendait la demoiselle à la crinière de feu.

“Tiens.” Elle avait désigné l’endroit où la banderole serait accrochée. “On va l'accrocher là, comme ça elle sera bien visible depuis le parc !”

Alors qu’Azalée avait pris la direction de l’escalier, pour en surveiller l’entrée menant jusque si haut, Joris avait accompagné le mouvement de la lionne en direction de la rambarde pour y accrocher la banderole. Fort de sa taille, l’exercice lui apparaissait peut-être moins compliqué que pour sa camarade. Mais, parce que la plus jeune du trio avait justement souligné cet avantage plus tôt, il prêtait tout de même un œil attentif à la gryffondor pour que leurs mouvements concordent et que la demoiselle ne se trouve pas en difficulté.

“Serre bien fort. Il faut que ça tienne même s'il y a du vent ! Puis, hésite pas à faire plusieurs nœuds, on sait jamais.”

Attachant les ficelles servant à maintenir la banderole autour des barreaux de fer de la balustrade, il avait suivi les conseils de la plus jeune en serrant solidement les cordes avant d’y faire plusieurs nœuds. Après quoi, il prit soin de vérifier son œuvre, pour s’assurer que rien n’irait se décrocher de sitôt. Déjà que sa présence et son intervention n’étaient pas prévues dans le programme de ses cadettes, il se disait que quitte à participer, autant que cela soit bien fait. Si le vent venait à devenir plus fort au cours de la journée, mieux valait que la banderole ne soit pas emportée au loin.

“C'est bon, Petit Jean, on a fini !”

La voix de la plus jeune l’avait sortie de ses pensées, alors qu’il observait le résultat de leur labeur. Le nom employé l’avait tout d’abord surpris, si bien qu’il en était venu à se demander qui était ce “Petit Jean”, avant de percuter qu’il devait probablement s’agir d’un nom de code pour prévenir Azalée de la fin de leur méfait.

Puis, elle s’était tourné vers lui, un air de curiosité dans le regard.

“Au fait, tu es muet ?”

Une question qu’il aurait préféré éviter, mais qu’il ne pouvait pas vraiment lui reprocher. Après tout, c’était la première fois qu’ils se rencontraient, et elle ne pouvait pas savoir s’il était (ou non) doté d’une voix. Il aurait très bien pu être réellement muet, mais la vérité était tout autre.

Il avait secoué négativement la tête pour répondre à sa question. Un raclement de gorge plus tard, il entrouvrait les lèvres pour amorcer une réponse. Deux simples mots.

“C’est compliqué.” Avait-il presque chuchoté sans le vouloir.

Inconfortable avec sa propre voix, qu’il n’avait pas (ou très rarement) utilisée depuis la soirée, lui - même ne se sentait pas convaincu par ses propres paroles. Bien qu’il savait de quoi son mutisme était la conséquence, étrangement, ce qu’il venait de dire sonnait faux à ses oreilles. Comme s’il n’était pas légitime à dire cela. Était-ce réellement si compliqué ? Ou était-ce lui qui compliquait les choses tout seul ? Il ne savait pas, ne savait plus.

Azalée était revenue, l’empêchant de sombrer dans des réflexions probablement trop sombres pour lui, dans une autoflagellation interne qui ne lui serait d’aucune utilité. Une lumière scintillante au bout du tunnel. Essoufflée, mais l’air vaillante, elle se faisait messagère d’une bonne nouvelle.

“Y a... Fiouuuu.. Personne !”

Suite à quoi elle avait frappé dans ses mains avant d'aller observer le résultat de l’accrochage de la banderole. Joris supposait que le résultat serait plus impressionnant et plus appréciable vu d’un autre angle, mais la demoiselle semblait tout de même ravie de la vision que lui offrait la proximité des hauteurs.

“Vous avez réussi !” S’était - elle exclamé avant de se tourner vers eux.

Lorsqu’elle s’était dirigée vers lui pour le prendre dans ses bras, il l’avait accueilli contre lui, refermant tendrement ses bras autour d’elle alors qu’elle l’enserrait à la taille. Un sourire s’était alors dessiné sur son visage, le faisant apparaître moins triste et plus apaisé que l’expression qu’il affichait depuis le début. Puis il l’avait libéré de son étreinte pour la laisser se diriger vers la rouge et or.

“Vous avez assuré ! Vous êtes les meilleurs ! Les meilleurs des meilleurs !” Elle avait effectué ce qu’il assimilait à une danse de la joie, avant de poursuivre. “Merci Joris !” Il avait frappé dans sa paume en réponse à son geste. “Tu as été un élément très... hum.. Indispensable ! Sans toi, on aurait mis plus de temps ! D'ailleurs... en parlant de temps... On devrait peut-être filer ?”

Elle avait alors pointé l’escalier, geste que Joris avait suivi du regard. Elle n’avait pas tort. À partir du moment où les premiers regards viendraient à se poser sur la banderole, certains chercheraient peut - être à savoir qui était l’auteur d’une telle affaire. Il était donc préférable pour eux que personne ne monte dans la tour tant qu’ils y étaient, au risque de les démasquer.

Il l’avait donc suivi sans se faire prier lorsqu’elle avait amorcé le mouvement vers la sortie. Traversant les escaliers et s’éloignant du lieu de leur méfait, il avait marqué un arrêt lorsque la plus jeune s’était tournée vers lui et la Gryffondor.

“Tu sais, Jojo.. Rester seul, ça rend encore plus triste. Et quand on est triste, il faut rester avec les gens qu'on aime. C'est ma maman qui m'a toujours dit ça. Et je crois qu'elle a raison.”

D’abord surpris par le partage de ce message d’une mère à son enfant, Joris l’avait toutefois écouté avec beaucoup d’attention. La demoiselle avait poursuivi.

“Tu as le droit de pas parler, si tu en as pas envie. Personne a le droit de t'y obliger. Mais faut pas que tu restes tout seul en haut de la tour à fumer ton truc.. C'est pas bien. Et là haut …” Elle avait alors pointé sa tête, pour imager son propos. “... il fera encore plus noir.”

Un fin sourire avait pris place sur le visage du plus âgé, car sa cadette, aussi emplis d'innocence et de bienveillance qu’elle pouvait l’être, venait de lui donner une leçon. Cette solitude qu’il semblait chérir depuis la soirée n’était peut-être pas une si bonne alliée qu’il pourrait le penser. À vouloir espérer qu’elle l’aide à remettre ses idées en ordre, qu’elle l’aide à oublier les mauvais souvenirs de cette sombre soirée, elle avait peut-être l’effet inverse, finalement. Une nouvelle perspective de réflexion que sa camarade lui apportait, et il voulait croire aussi qu’elle était dans le vrai. Parce qu’il n’y a pas d'âge pour faire preuve de sagesse.

“Alors viens. On rentre. Tous ensemble.”

Elle avait conclu sur ces paroles, et il l’avait observée attraper sa main pour la serrer fermement dans la sienne. Il savait que ce serait peine perdu de lui faire lâcher prise, et, au fond, il n’en avait pas réellement envie.

“Merci.” Avait-il dit en la regardant, avant de poser ses yeux sur la Gryffondor dont Azalée attrapait également la main. “À toutes les deux.”

Peut - être qu’elles ne comprendraient pas pourquoi il leur disait cela, mais ce n’était pas bien grave. Il tenait à les remercier de leur intervention. Une preuve qu’Azalée n’avait pas totalement tort : si leurs chemins ne s’étaient pas croisés, il aurait probablement passé la matinée, voir la journée, à broyer du noir. Tandis que là, en ayant été occupé à autre chose, il n’avait pas ressassé les événements des jours précédents. Même si ça n'efface rien, c’était apaisant, d’une certaine façon. Aussi, probablement sans le vouloir, les plus jeunes lui avaient apporté de grandes leçons. Contrairement à ce que certains pourraient dire, on peut apprendre de n’importe qui.

N'opposant aucune résistance, il avait suivi ses cadettes, le cœur déjà un peu plus léger.

Cet événement, bien qu’il n’en verrait pas de suite les bénéfices, allait pourtant marquer le début de sa reconstruction et de certains changements. Et ce jour - là, les deux plus jeunes ne le sauront probablement pas, il allait prendre une importante décision. Le soir même, admirant le feu crépitant dans la cheminée de la salle commune de sa maison, il allait se remémorer l'événement de la matinée, aux premières paroles dites par les demoiselles à leur arrivée dans les hauteurs. Cherchant dans ses poches, il en sortirait le paquet de cigarettes qu'il avait rangé suite à leur intervention. Après l’avoir ouvert, il allait en extraire la cigarette à moitié consommée qu’il avait éteinte pour ne pas les importuner. L’observer ne ferait que renforcer sa volonté à réaliser sa nouvelle résolution : il allait arrêter de fumer. Pour son entourage, pour lui, et pour préserver cette nature qu’il chérissait tant. Jetant le paquet au feu, il garderait, toutefois, la demi-cigarette qu’il conserverait soigneusement emmaillotée dans un mouchoir en tissu, avant de l’oublier au fond de sa poche. Pour se souvenir de la raison qui l'amenait à faire ce choix. Pour s’encourager à ne pas faire marche arrière. Comme une promesse.
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Joris de Beauvoir
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Joris de Beauvoir
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Dim 4 Sep 2022 - 13:26



Les hauteurs enivrantes d'une tranquillité silencieuse
Feat. Joris & Azalée

Dimanche 5 Novembre 1995

- Au fait, tu es muet ?

On entendait les oiseaux zinzinuler au loin, comblant le silence inconfortable qui s’était installé en haut de cette tour. Si la discrétion était de mise lors de chaque mission, le mutisme du Jaune-et-Noir devenait presque dérangeant pour Jules qui n’avait pas l’habitude de ces silences vertigineux. Elle, elle n’avait jamais peur d’élever sa voix haut et fort, et il était très rare qu’elle se retrouve à court de mots en présence d’autres personnes. Elle était presque aussi bavarde que sa cadette qu’elle entendait gravir les escaliers. Presque. Azalée était indétrônable dans l’art du bavardage.

Mais voilà, elle ne s’était jamais retrouvée face à quelqu’un qui n’émettait aucun son de sa bouche. Même Oscar était plus loquace. La situation la perturbait au plus haut point.

À sa question indélicate, le concerné secoua négativement la tête. Jules aurait pu croire que la conversation se terminerait là, ou alors elle y aurait apposé un « pourquoi ? » éloigné de toute politesse et empathie, mais elle fut surprise d’entendre le son d’un raclement de gorge.

- C’est compliqué, prononça difficilement son aîné.

Réponse laconique, certes, mais preuve était que ce garçon avait bel et bien une voix ! Jules décida alors de ne pas insister - peut-être parce qu’elle eut une pensée soudaine pour Ariel qui pouvait lui aussi se terrer dans le silence quand il allait mal -, et n’en eut de toutes façons pas l’occasion. Azalée venait de débouler toute essoufflée des escaliers.

Après leur avoir confirmé qu’il n’y avait toujours personne aux alentours pour les surprendre, la Winchester se dirigea avec promptitude vers la rambarde pour découvrir la bannière tout juste ficelée.

- Admire le travail, se vanta Jules.

- Vous avez réussi ! s’exclama Azalée.

En deux ou trois bonds, la fleur des champs rejoignit ses deux complices pour leur sauter dans les bras à tour de rôle.

- Bien sûr qu’on a réussi, sourit Jules en la serrant joyeusement contre elle.

- Vous avez assuré ! Vous êtes les meilleurs ! Les meilleurs des meilleurs !

C’était une explosion de joie chez la plus jeune qui secouait à présent vivement les épaules de la rouquine. Cette dernière se laissa porter par cette allégresse et émit son plus beau rire. Un rire de triomphe !

- Merci Joris ! Tu as été un élément très... hum..  Indispensable !  Sans toi, on aurait mis plus de temps ! D'ailleurs... en parlant de temps.. On devrait peut-être filer ?

Jules opina du chef.

- Exact.

Le trio dévala gaiement les escaliers de la Tour d’astronomie, la benjamine en tête du groupe, cabriolant de marches en marches, suivit de Jules qui l’imitait dans ses rebonds. Une fois au pied de la dame de pierre, la Murphy leva la tête pour admirer leur œuvre. Tout avait été parfaitement mis en place : la banderole tenait et les lettres fluorescentes étaient lisibles. Elle pointa son index vers les hauteurs et s’apprêta à appeler ses compatriotes pour qu’ils levassent les yeux au ciel, mais Petit Jean prit la parole avant elle. Son ton sérieux la dissuada de l’interrompre.

- Tu sais, Jojo… débuta-t-elle, son regard dirigé vers ce dernier. Rester seul, ça rend encore plus triste. Et quand on est triste, il faut rester avec les gens qu'on aime. C'est ma maman qui m'a toujours dit ça. Et je crois qu'elle a raison.  Tu as le droit de pas parler, si tu en as pas envie. Personne a le droit de t'y obliger. Mais faut pas que tu restes tout seul en haut de la tour à fumer ton truc.. C'est pas bien. Et là haut - elle tapota sur sa tempe - il fera encore plus noir.

À l’apogée de son euphorie, la Murphy ne s’était pas attendue à l’ambiance Conseils & Confidences amenée par la bienveillante Blairelle. Après tout, Jules ne connaissait pas ce fameux Jojo, et si elle pouvait profondément s’inquiéter du moral de ses amis, son empathie se manifestait bien plus rarement envers des inconnus, à moins d’être le témoin direct d’une grande injustice. Prenant alors pleinement conscience du mal-être de leur compagnon matinal, elle retourna à leurs côtés pour appuyer les dires de son amie.

- Elle a raison, sans la présence et les encouragements de mon acolyte Azalée, aka Petit Jean, ici présence, cette mission aurait sûrement été retardée, exemplifia-t-elle. Tua sais, moi aussi j’ai un petit coup de mou en ce moment, faut dire que la soirée d’Halloween a… ouais, elle a fichu une sacrée pagaille, quand même. Mais Petit Jean a raison, faut pas oublier que les amis qu’on a sont toujours là pour nous !

La rouquine se fit un rappel à elle-même avec ces paroles. Toutefois, il lui faudrait quelque temps encore avant d’intégrer pleinement cette idée-là et de retrouver les sorties en plein air avec ses amis plutôt que celles solitaires à la bibliothèque. Pour l’instant, elle avait encore beaucoup d’éléments de son enquête personnelle à investiguer et il n’y avait eu que la cause des elfes de maison portée par sa complice déterminée qui était arrivée à la faire sortir de sa monomanie.

- Alors viens, reprit Azalée en tendant une main à leur aîné. On rentre. Tous ensemble.

La Première Année tendit sa seconde main à Jules qui la serra dans un sourire empli de reconnaissance.

- Merci, dit l’adolescent en écho aux pensées de Jules. À toutes les deux.

- Merci à toi, Jojo ! répondit aussitôt la Gryffondor. Tu as œuvré pour la cause des elfes de maison et de ce fait, tu mérites toi aussi un badge de la S.A.L.E. ! J’en toucherais un mot à Hermione pour que tu en récupères un.

Elle leva ensuite son poing toujours accroché à celui d’Azalée et clama :

- LIBÉRONS LES ELFES !

Au-dessus d’eux, la banderole fit résonner dans le vent le même slogan.

FIN

☾ anesidora
Jules Murphy
Admin idéaliste
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