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[25/11/1995] Act or Inertia ▬ feat Ariel Melwing.

 :: Hors-Jeu :: La Pensine :: RP Harry Potter :: Les RP Terminés Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Dim 8 Nov 2020 - 15:34
♛ Act or Inertia ♚
La vie est une suite de décisions. Chaque choix change notre avenir. Que nos choix reflètent nos espoirs ou nos peurs, il y a toujours des conséquences.

▼▲▼
Samedi 25 Novembre 1995,

Une semaine plus tôt, Johann observait pensivement par la fenêtre de son bureau et suivait du regard les étudiants qui osaient braver la fraîcheur de l'automne. Fiery avait arrêté de lui en vouloir depuis quelque temps maintenant et ils avaient, ainsi, pu reprendre leurs conversations atypiques. C'était durant l'une de celle-ci que le professeur s'était souvenu de son premier atelier, mais surtout de la retenue qu'il avait donné à un troisième année pour son retard. Ariel Melwing n'avait, encore à ce jour, pas reçu sa convocation pour l'heure de devoir forcé qu'il allait devoir effectuer en sa compagnie. Peut-être que le jeune homme avait espéré ne rien recevoir avec le temps, puis avait oublié, mais par malheur pour lui, le magicozoologue n'était pas du genre à avoir des paroles en l'air.

Cependant, le trentenaire était par contre du genre à mettre à profit le temps supplémentaire que cela pouvait lui offrir en compagnie du garçon. Lui donner une activité qui le ferait suer pour rien ne lui donnait aucune satisfaction. Si sadique il pouvait l'être, il préférait cependant que ce fût d'une quelconque utilité. Ce fut avec cette idée en tête qu'il commença à imaginer ce qu'il allait effectuer avec le Serdaigle, jusqu'à avoir une idée précise. Du moins, cela dépendrait fortement de l'adolescent, Kayser ne souhaitant pas être tyrannique pour son propre plaisir.

Dans d'autres circonstances, le rendez-vous aurait été ailleurs, pour certaines tâches nécessaires, mais peu appréciables. Ce qu'il prévoyait rentrait, d'une certaine manière, dans cette catégorie, mais la nécessité se faisait plus pressante pour l'enseignant. Néanmoins, il allait lui falloir mettre en place l'exercice, dans l'espoir qu'il pourrait avoir lieu. L'organisation, dans tous les cas, allait lui prendre une bonne semaine, si son calcul s'avérait exact.

Avec son schéma en tête, il s'installa à son bureau, le phénix s'envolant pour s'installer sur l'accoudoir de son fauteuil, à sa gauche. De cette manière, tout en écrivant la missive que le troisième année recevrait dans la journée, il caressait l'oiseau de son autre main pensivement.

Une semaine avant la date prévue, à savoir le dix-huit du mois en cours, Melwing allait voir apparaître le parchemin enroulé dans une gerbe de flammes. La convocation étant scellée, le jeune homme aurait tout loisir de l'ouvrir plus tard pour le garder pour lui ou le faire devant ses camarades. C'était à son bon loisir.

Tout ceci nous menait par évidence à l'heure du rendez-vous, ou plus précisément au matin avant celui-ci. Assis à une table poussiéreuse, comme tout le reste du pub, à la Tête de Sanglier, l'homme patientait en attendant de voir apparaître l'un de ses contacts. Amon, de son surnom, était un Égyptien aussi mystérieux qu'atypique. Homme à tout faire, il était simple de le contacter, mais très difficile à rencontrer tant il prenait ses précautions pour ne pas être doublé.

C'était par pure chance, durant ses voyages, qu'il avait eu l'occasion de discuter avec lui et de sympathiser. Loin d'être mauvais, malgré son métier, le personnage souhaitait seulement profiter de la vie, quitte à devoir passer par l'illégalité pour cela. Si initialement, l'enseignant n'appréciait que peu ce genre de profils, il devait avouer qu'il y avait un côté pratique à marchander avec eux. Très doués pour la dissimulation, ils parvenaient à fournir ce qu'on leur demandait sans poser de question moyennant finance. Aucune preuve, aucun contrat ne scellait la vente.

Une vente qui eut bel et bien lieu quand, le visage recouvert comme à son habitude, l'étranger s'installa face à l'Allemand et commanda la même boisson alcoolisée que son interlocuteur. Le barman les servit, bougeons, puis les laissa à leurs affaires sans la moindre question à leurs égards. Comme à son habitude, Abelforth Dumbledore se faisait discret, même si le truand se doutait que le directeur de Poudlard serait mis au courant de la rencontre par son frère. Non que cela le dérangeait ; il savait que le vieillard aux lunettes en demi-lune connaissait ses activités extra-scolaires. Le fait qu'il l'eut tout de même embauché le laissait penser que ça ne le dérangeait pas ou qu'il voulait s'en servir d'une manière ou d'une autre.

Quand une bonne heure plus tard, après s'être échangé bon nombre de banalité, les deux hommes se séparèrent, Johann possédait sa nouvelle acquisition, bien cachée dans sa valise qu'il trimballait souvent avec lui. Une mallette qui, pour les connaisseurs, ne serait pas s'en rappeler un certain Dragonneau, célèbre pour les ouvrages qu'il avait écrit.

L'heure du rendez-vous arriva bien vite suite à cela et, de nouveau installé dans son bureau, le magicozoologue patientait. Tout était prêt, comme il l'avait espéré. Et loin de s'impatienter, le trentenaire profitait du temps qu'il lui restait pour corriger les copies d'un devoir effectué par les septièmes années. Des devoirs très intéressants pour la plupart, par ailleurs, ce qui le coupa un peu des horloges et sabliers qui l'entouraient.

Ainsi, bien que présent dans la pièce, il se fondait dans le décor, penchait sur son bureau, plume à la main pour noircir d'encre les copies. Derrière lui, dans un terrarium, plusieurs botrucs se disputaient la même branche, alors même qu'il y en avait plusieurs. Proche de l'unique fenêtre, à sa droite, Fiery coiffait fièrement ses plumes, installée sur son perchoir d'argent. En face de l'homme, deux immenses bibliothèques encadraient la porte et, si l'on s'attardait sur les ouvrages placés, il était simple de remarquer aux titres qu'ils parlaient de bons nombres de sujets, pas seulement de créatures.

Enfin, à sa gauche et face au phénix, où se trouvait initialement une armoire, trônait à présent un vide inhabituel. Sa valise, solitaire, était posée sur le sol et comblait un peu l'espace laissé. Les murs, derniers détails, possédaient des tapisseries aux couleurs de l'ancienne maison de l'homme, le vert et l'argent restant les couleurs prédominantes de la pièce.

C'était dans cette atmosphère, que l'enseignant avait voulu sereine, mais qui pouvait paraître angoissante, que l'Aiglon allait pénétrer. À présent, il ne restait plus qu'à attendre l'acteur principal de l'aventure que le précepteur avait préparé, qui allait s'en suivre si Melwing se découvrait un courage suffisant pour s'y oser. Les dés seraient bientôt jetés, mais le résultat, truqué, ne serait décidé que par le mental du troisième année. Et ce ne serait dû qu'à sa curiosité, si comme il le prévoyait, il parvenait à piquer celle du Serdaigle.

« Entrez et bonjour, fit-il d'une voix toujours aussi polaire quand Ariel pénétra la pièce. Installez-vous. »

D'un mouvement du bras, sans le regarder, il lui désigna le fauteuil en face du sien, puis le laissa s'imprégnait de l'endroit le temps de terminer sa correction. Quand il déposa sa plume, ce fut pour redresser un regard neutre sur l'élève en face de lui. Il l'observa quelques secondes, puis reprit la parole.

« Je ne vais pas m'étaler sur le pourquoi vous êtes là aujourd'hui, vous le savez déjà. »

Mauvaise habitude d'un discoureur vétéran, l'ancien auror laissa planer un silence pour s'assurer d'avoir l'attention de son auditoire. Puis, il désigna la valise d'un geste, avant de reprendre.

« Vous avez deux choix qui s'offrent à vous, Mister Melwing, pour ce que vous allez réaliser aujourd'hui. »

Si initialement, il ne désirait pas lui donner le choix, les événements d'Halloween lui avaient fait revoir son jugement. Le but n'était pas de traumatiser l'élève plus qu'il ne devait l'être, mais lui faire prendre conscience de la réalité. Si, toutefois, il ne le désirait pas, il avait une toute autre activité en tête pour lui faire passer l'envie d'arriver en retard à ses cours pour les prochaines semaines.

« Vous pouvez m'accompagner dans cette valise et affronter votre peur, tout en ayant la certitude d'être hors de danger, d'être protégé. »

Nouveau silence, nouvelle observation. Cependant, il ne lui laissa pas l'occasion de lui couper la parole et reprit avant que le garçon pût ouvrir la bouche pour répliquer.

« Vous pouvez aussi nettoyer les enclos pour le reste de l'après-midi sans avoir le droit d'utiliser la magie. »

D'un mouvement théâtral bien que naturel chez Johann, il releva ses bras pour déposer ses coudes sur le meuble qui les séparait. Ses mains jointes devant son menton, il ne lâcha pas de ses iris polaires la silhouette gracile de l'adolescent.

« Votre choix, Mister Melwing. »

Il n'avait plus qu'à attendre la réponse du concerné pour savoir quel chemin ils allaient emprunter.

CODAGE PAR AMATIS



La missive :
Johann A. Kayser
Admin acerbe
Johann A. Kayser

_________________
Heart Made Of Glass, My Mind Of Stone
Trompe-toi, sois imprudent, tout n'est pas fragile. N'attends rien que de toi, parce que tu es sacré, parce que tu es en vie. Parce que le plus important n'est pas ce que tu es, mais ce que tu as choisi d'être. by Wiise
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Dim 15 Nov 2020 - 14:50
Act Or Inertia

ft. Johann Kayser

Samedi 18 novembre 1995

Depuis quelques semaines, les soirées d’Ariel ressemblaient davantage à une retraite silencieuse qu’à un temps dédié aux amis et aux devoirs. Le plus souvent, il fuyait dans son lit et ses rideaux le dissimulaient. Impossible de deviner ses activités, ses états d’âme et le cheminement de ses pensées : il prenait bien soin à rester invisible des autres. Lorsque Jules et ses amis insistaient un peu, Ariel faisait un effort pour se joindre à eux. Leurs rires lui perçaient les tympans et leurs discussions lui martelaient la tête, mais ses traits restaient stoïques. Les courants d’air qui se faufilaient par les interstices de la fenêtre, au bout de leur couloir secret, ne l’atteignaient même plus.

Mais il tenait à eux même au fond du gouffre. Hors de question de les blesser.

Une seule fois Oscar avait osé bravé les tentures bleues qui encadraient son lit. Ariel était assis, immobile, les yeux dans le vide, comme déchiffrant des lignes que lui seul apercevait. Rien dans son attitude n’indiquait qu’il avait vu Oscar. Ce dernier repartit silencieusement, la mort dans l’âme, plus inquiet que jamais.

Aussitôt après, une gerbe de flamme illuminait le bleu et le bronze des draps du garçonnet. Elle tenait fermée une lettre. Contre toute attente, ni couette ni tenture ne s’embrasèrent. Quel genre de psychopathe envoyait ses lettres cachetées par du feu ?

Le lien enflammé s’éteignit bientôt et le parchemin retrouva son aspect ordinaire. La missive attendait, patiente, inquisitrice. Elle devait porter quelque malheureux message. Un obscur présage. Un courrier enflammé n’augurait jamais rien de bon, se dit Ariel avec sagesse.

Il tendit la main. Même à lui, elle lui parut pâle et sans vie. Le parchemin roulé semblait presque trop lourd pour elle.

Le petit garçon la parcourut rapidement des yeux, soupira. Les traits de Kayser prirent peu à peu la forme de ceux d’un monstre dans sa tête. Il fallait vraiment être dérangé pour se souvenir d’un pauvre retard vieux de deux mois et en organiser la retenue.

.

Samedi 25 novembre 1995

Lorsque l’heure de la retenue arriva, les amis d’Ariel râlèrent en cœur.

C’est trop injuste de te coller pour un retard qui a eu lieu il y a deux mois, dirent-ils tout haut.

Pour une fois qu’il est normal et qu’il sourit un peu, soupirèrent-ils tout bas. Il va rentrer déprimé, secoué par ce prof sadique et on ne pourra plus rien en tirer.

Le jeune garçon se leva, salua presque joyeusement sa bande de copains et prit la direction de l’office du Professeur Kayser. Ce jour-là avait été une bonne journée : il avait réussi à maintenir au loin les images qui l’angoissaient quotidiennement et à ne pas regarder en direction du Lac. Il y avait pensé, mais seulement brièvement. La boule oppressante dans sa poitrine n’avait pas gonflé et son paysage émotionnel avait même pris un peu de relief.

C’était de loin la journée la plus optimiste qu’il avait vécue en un mois.

La colle gâchait un peu le paysage, mais il parvenait à passer outre. Sans doute que le professeur lui demanderait de copier des lignes ou de trier des dossiers ennuyeux concernant quelque chose de tout aussi ennuyeux - ou terrifiant, s’il s’agissait d’animaux. Rébarbatif, mais pas spécialement embêtant. Ariel pouvait s’y accommoder. Ce jour-là, la douceur du quotidien avait gagné sa bataille contre la fatigue et la lassitude.

Il savoura le trajet jusqu’au bureau du professeur Kayser. La solitude, même s’il en jouissait tous les jours un petit peu, devenait denrée rare. Il n’en profitait plus autant qu’avant. Il ne savait plus en profiter autant qu’avant. Elle l’écrasait de tout son poids et lui subissait, être chétif impuissant face aux éléments.

Aujourd’hui, son esprit se souvenait qu’il fallait bander les muscles ; l’isolement avait repris les couleurs d’une petite bénédiction le temps de quelques heures.

Cela faisait longtemps qu’il ne s’était pas senti aussi proche de lui-même. Aussi en phase. Il ne savait pas pourquoi et pour une fois, il ne souhaitait pas savoir pourquoi. Trop l’analyser était le meilleur moyen, lui semblait-il, de laisser ses démons reprendre le dessus. Il se sentait instable, comme un funambule débutant sur sa corde. Il comptait garder son équilibre au moins jusqu’au soir. Ses barrières maintiendraient ses pensées aussi loin que possible, autant de temps que possible.

La porte du bureau de Kayser se dessina finalement au bout du couloir et Ariel l’atteignit en quelques pas supplémentaires. Mêlée au soulagement de passer une journée normale, la colère bouillonnait quand même. Le comportement cruel et humiliant du professeur se rappelait à lui à chaque fois qu’il s’en remémorait le contexte - l’initiation aux Soins aux Créatures Magiques. Il se fustigeait encore pour son manque de discernement. Pourquoi avait-il cédé à Jules alors qu’il savait pertinemment qu’assister à un tel cours n’avait aucun sens compte tenu de sa phobie des animaux ? Il n’avait toujours pas décidé qui était le plus à blâmer : son amie Jules ou lui-même ?

Il toqua sur le lourd battant en chêne. La porte pivota, presque timidement.

— Entrez et bonjour, s’éleva la voix de Kayser dans la pièce. Installez-vous.

Comme Ariel s’y attendait, il n’y avait aucune amabilité dans le ton du professeur.

Ses muscles se crispèrent aussitôt qu’il eût fait deux pas dans le décor. Le jeune garçon s’appliqua à n’en rien montrer, s’assit sagement sur le siège qu’on lui avait désigné, mais ses sens demeurèrent aux aguets. Dans son cerveau, l’alarme “Danger” tournait à plein régime.

Un oiseau rougeoyant tenait en équilibre sur un magnifique perchoir. Un terrarium plein de bestioles surveillait les arrières du professeur.

Le bureau lui parut aussitôt étroit, sombre et menaçant. Il voulut sortir. Ses peurs reprirent le dessus. Fin de l’équilibre précaire, le funambule chute.

Il se tut, figé, droit comme un bâton sur le fauteuil. Ses yeux tentaient de capter les mouvements étrangers aux siens ou à ceux de Kayser pour anticiper une attaque irraisonnée.

Kayser posa finalement sa plume et le jaugea quelques instants. Ariel ignora le malaise qui l’envahit. Le phénix. Les botrucs.

— Je ne vais pas m’attarder sur le pourquoi vous êtes là aujourd’hui, vous le savez déjà, commença-t-il froidement.

Il marqua une pause. Ariel avait remarqué que Kayser semblait apprécier le silence : jamais un mot au-dessus de l’autre, jamais une parole inutile. Il ménageait souvent des temps morts au sein de ses discours. Des temps morts qui le mettaient affreusement mal-à-l’aise, mais il aurait été malvenu qu’il se plaigne.

Son cerveau décrocha, scanna à nouveau la pièce à la recherche d’un potentiel danger, et refit le point sur l’adulte en face de lui lorsqu’il reprit :

— Vous avez deux choix qui s’offrent à vous, Mr Melwing, pour ce que vous allez réaliser aujourd’hui. Vous pouvez m’accompagner dans cette valise…

Le reste du discours se noya dans un flot incohérent d’idées et d’anticipations. La valise, d’abord. Il ne l’avait pas remarquée en arrivant, tout obsédé qu’il était par l’oiseau et le terrarium - il vérifia aussitôt que le volatile était toujours hors d’atteinte. Elle était banale et de taille moyenne. Des scenarii se construisirent dans la tête du jeune Melwing. Il les écarta un à un : aucun d’entre eux n’était crédible. Venant de l’imprévisible Kayser, cette malle pouvait contenir le monde et son contraire.

Et ensuite, quel genre de tortionnaire donnait le choix à son élève de choisir sa retenue ? Il y avait forcément un piège quelque part.

Il reprit la tirade du professeur en route.

— … sans avoir le droit d’utiliser la magie. Votre choix, Mr Melwing.

Les yeux trop clairs du Professeur Kayser lui indiquait qu’il n’avait pas le loisir de prendre le temps de la réflexion. Il voulait une réponse. Maintenant. Et Ariel pressentait qu’il n’y en avait qu’une seule qui satisferait l’enseignant.

Les idées d’Ariel s’embrouillèrent. Pressé par les yeux flamboyants du phénix, il ignora l’alarme qui raidissait toujours ses membres.

— Je choisis la valise, professeur.

Sa voix n’avait presque pas tremblé.

Il regretta aussitôt. Le contenu de la valise demeurait inconnu, mais il ne fallait pas être un génie pour comprendre qu’il n’y résidait rien de plaisant.
Code by Ariel


HRP :
Ariel Melwing
Modo aquatique
Ariel Melwing
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Lun 23 Nov 2020 - 13:26
♛ Act or Inertia ♚
La vie est une suite de décisions. Chaque choix change notre avenir. Que nos choix reflètent nos espoirs ou nos peurs, il y a toujours des conséquences.

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Samedi 25 Novembre 1995,

À l'arrivée du principal concerné, ce dernier ne répliqua aucune salutation à l'intention de son professeur, mais celui-ci préféra passer outre. Il n'était pas temps de le reprendre, encore une fois, sur son manque de politesse. D'autant plus qu'il lui avait suffi d'un regard pour saisir le malaise dans lequel se retrouvait maintenant l'étudiant.

Après cela, Johann ne chercha pas à le rassurer. Il était présentement en retenue - une retenue qui allait servir à son avenir, Kayser l'espérait - et ce n'était pas dans son objectif que de se montrer sympathique. À la place, il préféra enchaîner sur ce qu'ils allaient entreprendre si Melwing en avait le cran.

Toutefois, l'enseignant était loin d'être aveugle. Et durant ses mots, à plusieurs reprises, il surprit le regard du troisième année dévier, comme persuadé qu'il allait se faire attaquer. La réalité était tout autre pour le magicozoologue, mais la peur du jeune homme était-elle si ancrée qu'il ne remarquait pas la majesté de toutes les créatures qui se trouvaient dans la pièce avec eux ?

Les botrucs, dans leur terrarium, était des protecteurs acharnés, et s'il était vrai qu'il pouvait se montrer agressif si une force extérieure s'en prenait à leur arbre, ils pouvaient également être des compagnons particulièrement utiles pour réaliser nombres de tâches. Comme déverrouiller des serrures, par exemple, et bien d'autres choses.

Les phénix, eux, étaient les créatures les plus sages et les plus réfléchies que le zoologiste connaissait. Ces oiseaux représentaient tout ce que le Serdaigle, en tant que membre de la maison de Rowena, devait normalement viser. Créativité, intelligence et bien d'autres adjectifs que ces oiseaux possédaient de par leur longévité exceptionnelle.

Toutefois, les yeux de l'adolescent avait l'air d'être enfermé dans une spirale de déni vis-à-vis de ces vérités. Les voyait-il réellement, ou ne percevait-il que des monstres prêts à le harceler de leurs attaques incessantes ? Que ce fut véridique ou non, l'enseignant préféra ne pas s'attarder sur cette possibilité et, pour terminer ses mots, prononça une dernière phrase.

« Votre choix, Mister Melwing. », dit-il dans ce but.

Contrairement à ce que le trentenaire avait attendu d'Ariel, ce dernier ne prit pas une seconde pour réfléchir à sa proposition. C'était pour le stimuler, stimuler sa curiosité et son courage qu'il lui proposait le choix en lui offrant deux chemins possibles. Le premier ne lui permettait pas de savoir réellement ce qui l'attendait pour la suite, mais pouvait le surprendre. Le second était plus terre-à-terre pour une sanction et pouvait paraître déplaisante, certes, mais offrait une sécurité certaine pour le garçon. De fait, il s'était préparé à une réflexion plus longue de sa part, mais le garçon lui donna tort.

« Je choisis la valise, professeur. »

La seule marque de surprise qui se peignit sur le faciès de l'homme fut un sourcil qui se redressa. Il avait entendu, tout comme Fiery qui ne lâchait pas le troisième année du regard, sa voix trembler légèrement. Était-ce pour cette raison qu'il n'avait pas prononcé le moindre mot depuis son arrivée ? Johann se doutait qu'il le mettait mal à l'aise, mais à ce stade-là, il s'interrogea. Était-il la seule cause, ou la phobie de l'étudiant y était-elle également pour beaucoup ?

Dans tous les cas, il avait son choix. Johann déposa ses deux mains sur son bureau et, avec une certaine tranquillité dans ses mouvements, il se releva de son assise. À cet instant-là, peut-être pour donner le courage à l'étudiant de le suivre et pour qu'il ne restât pas paralysé sur son fauteuil, l'oiseau émit un chant. Beau, gracieux, empli d'une profonde compréhension. Comme un conseil, le volatile allouait un parlé que personne ne pouvait comprendre véritablement, mais qui, par sa magie, pouvait offrir un élan d'ardeur. C'était destiné à Melwing, Johann en était persuadé, et il préféra laisser le phénix faire ce qu'il avait décidé. Le couper dans son élan n'était jamais une bonne idée.

Quand, après presque une minute où le professeur resta silencieux et immobile, la mélodie de l'oiseau se tarit, le professeur se remit en mouvement. Cependant, contrairement à ce qu'il lui avait signifié, il ne se dirigea pas directement vers la valise. Il avait un tout autre projet en tête pour débuter ; un test qu'il devait faire passer à l'étudiant pour s'assurer qu'il ne risquait pas de se mettre en danger avec une attitude de terreur extrême, cela même s'il avait peur.

« Suivez-moi. »

Son ton ne souffrait d'aucune protestation possible, non qu'il doutât que l'élève aurait pu s'y risquer. L'habitude. Il se dirigea vers la sortie de son bureau et fit pivoter la porte, s'effaçant pour laisser à l'élève le soin de le dépasser ; là, le chef de gang, après avoir rejoint son étudiant, ferma et verrouilla le battant, puis apposa quelques informulés de son cru sur celui-ci. Avoir été auror par le passé laissait des marques, comme celle de toujours protéger son espace vital.

Une fois sa tâche achevée, l'homme ne fit que quelques pas vers la droite et s'enfonça dans une salle de classe ; sa salle de classe. Cette dernière était décorée avec des tableaux qui tapissaient les murs entre chaque fenêtre, représentants différentes espèces magiques. Pour le reste, en dehors des éternelles torches, il n'y avait aucune touche personnelle, ce qui rendait l'endroit assez austère ; un fait qui ne dérangeait pas le trentenaire.

Seul fait quelque peu étrange, une armoire assez grande trônait en plein milieu de la pièce. Cette dernière n'arrêtait pas de se mouvoir, de trembler de toute part, ce qui pouvait être, pour les non-connaisseurs, assez effrayant. Johann laissa, une nouvelle fois, l'étudiant passer devant, puis effectua les cents pas derrière lui en joignant ses mains dans son dos. Il reprit aussi froidement que calmement.

« Avant notre petite excursion, j'ai besoin de vérifier que vous pouvez être suffisamment maître de vous-même pour garder votre sang-froid. »

Il en avait fait le choix, et c'était déjà une preuve qu'il avait un certain cran - même si l'enseignant le soupçonnait d'avoir voulu le satisfaire -, mais ce n'était, au regard de l'ancien chasseur, pas assez. Il voulait avoir d'autres assurances de la bonne entreprise qu'il entreprenait ; d'autant plus que ce serait également une aide pour Ariel, sans qu'il s'en doutât, pour ses futurs examens.

« Sortez votre baguette, vous allez en avoir besoin. »

Johann extirpa lui-même son bois d'if de son holster ; il n'était pas assez imprudent ou stupide pour mettre un étudiant dans une situation dangereuse sans être prêt lui-même à intervenir à tout instant.

« L'enchantement que vous allez devoir utiliser, vous êtes censé l'avoir appris cette année, mais je vais vous faire une piqûre de rappel. »

Avec Ombrage qui devait, normalement, initier à la défense contre les forces du mal, autant dire qu'il allait surtout lui apprendre lui-même le sortilège. Cette femme était un véritable calvaire.

« Ce sort ne sert qu'à se défendre d'un non-être en particulier, les épouvantards. Ils prennent la forme de votre plus grande peur ; votre rôle va être de le changer pour qu'il vous fasse rire. »

Johann laissa un temps de silence pour laisser à l'élève le temps d'intégrer ce qu'il venait de lui dire, puis il enchaîna.

« La formule est riddikulus. Répétez-la. »

Et jusqu'à ce que Johann fût suffisamment satisfait de sa prononciation, il le força à réitérer ses dires. À ce moment-là, seulement, il l'invita d'un geste à se placer devant l'armoire, bien qu'il ne l'ouvrit pas.

« Fermez les yeux et imaginez ce qui vous terrifie le plus, puis essayez de le transformer dans votre esprit pour le rendre absurde. »

Johann inspira un nouvelle pause dans son monologue et, invisible aux yeux de l'étudiant, il laissa un sourire en coin apparaître sur son faciès. La mésaventure de Rogue, quelques années plus tôt, lui était parvenu par d'autres membres du corps professoral peu scrupuleux de garder le secret.

« Pour vous donner un exemple, un élève a métamorphosé la représentation de l'un de vos professeurs avec les vêtements de sa grand-mère durant cet exercice il y a quelques années. »

Ce n'était pas le genre d'informations qu'il aurait initialement donné - et il se gardait bien de donner les principaux acteurs -, mais si cela pouvait aider l'étudiant à se figurer ce qui était attendu de lui, il ne se gênait pas. Bien sûr, le fait de parvenir à incanter le maléfice ne résidait pas seulement sur l'imaginaire. Il fallait savoir rester calme pour ne pas sombrer dans une spirale bien connue. Se laisser happer et ne plus saisir qu'il s'agissait d'une illusion créée par le non-être pouvait être fatal ; ce pourquoi Johann était paré à cette éventualité, à réagir pour détourner l'attention de l'abomination à tout instant.

« Quand vous serez prêt, faites-moi un signe de tête. »

Le geste signerait l'arrivée de l'épouvantard, c'était un fait, mais Johann n'allait pas placer Melwing devant le métamorphe sans être sûr qu'il se sentait prêt. L'homme avait tout son temps et il n'était pas dans l'intérêt de l'élève de se précipiter.
CODAGE PAR AMATIS

Johann A. Kayser
Admin acerbe
Johann A. Kayser

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Heart Made Of Glass, My Mind Of Stone
Trompe-toi, sois imprudent, tout n'est pas fragile. N'attends rien que de toi, parce que tu es sacré, parce que tu es en vie. Parce que le plus important n'est pas ce que tu es, mais ce que tu as choisi d'être. by Wiise
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Sam 28 Nov 2020 - 1:07
Act Or Inertia

ft. Johann Kayser

« Je choisis la valise, professeur. »

Un peu de mélodrame en plus, et on pouvait croire au début d'une épopée fantastique menée par un destin fataliste. Ariel n'était pas de ce genre-là – il s'y raccrocha quand même, parce qu'il fallait bien penser à quelque chose en suivant Kayser dans le couloir.

Que l'avait-il pris ? Quelle sorte de pulsion l'avait-elle poussé à choisir cette option plutôt que le nettoyage des enclos ? Le regard inquisiteur du professeur avait joué, certes. Son charisme imposant qui écrasait, l'autorité sous-jacente et pourtant évidente quand on le regardait, cette façon qu'il avait d'appuyer ses mots comme si chacun d'entre eux était primordial. Il y avait pourtant autre chose, quelque chose qu'Ariel ne parvenait pas à identifier, tapi au fond de lui. Car lui, il était d'ordinaire ce genre de type qui choisissait la facilité.

Les hypothèses et les suppositions sur ce qui l'attendait tournaient sans cesse. Des travaux pratiques ? Il grimaça : il avait déjà donné lors du cours de Soins aux Créatures Magiques. N'était-ce pas ce qui l'avait conduit en retenue, par ailleurs ? Un excès de zèle, initié par un surplus de confiance en lui – ses tous nouveaux cheveux violets devaient y être pour quelque chose –, et aussi une bonne dose de terreur. Elle, elle venait des animaux qui l'attendaient sagement dans leur enclos.

Alors quoi, du danger ? Ariel en doutait ; Kayser était méchant à ses yeux. Pas stupide. Même si le monde magique comportait son lot de fous furieux et d'aventures risquées, il paraissait évident que le professeur aurait des problèmes si Ariel était mis dans une situation périlleuse.

Restait la retenue classique ; mais qu'y avait-il de classique à rentrer dans une valise ?

En fixant avec attention les chaussures du professeur qui s'agitaient – clap, clap, clap, c'était leur bruit sur le sol gris -, Ariel se prit à penser qu'il accepterait plutôt bien l'option « aventure » de sa retenue. Il était fatigué d'être fatigué. Épuisé de subir le rythme de sa dépression, éreinté de voir les étudiants s'agiter autour de lui sans avoir la force d'y réagir, et agacé de subir les remarques de ses enseignants encore et encore. « Que se passe-t-il, Mr Melwing ? votre dissertation est bien en-deçà de ce dont vous êtes capable » ; ou encore : « Il va falloir travailler un peu plus pour le futur examen. C'est dans une semaine : vous avez le week-end pour vous y mettre. » Il refusait de l'admettre, mais la vérité était bien là : c'était frustrant de se voir aussi impuissant au milieu du flot ininterrompu du quotidien de ses camarades.

C'était difficile à gérer. Pas seulement parce qu'Ariel se sentait mal. La douleur, le manque d'envie et le brouillard, il pouvait à peu près les gérer. C'était surtout parce qu'au fond de lui, quelque chose se complaisait dans son mal-être. Ses démons aimaient la noirceur qui poussait en lui et qui repoussait le reste. Ils refusaient d'y renoncer.

Il n'en avait pas conscience, bien sûr. Qui pouvait admettre ce genre de chose à voix haute et sans honte ?

Mais un psychomage, si le petit Serdaigle en avait consulté un, l'aurait sans doute vu. Les traumatismes qu'il avait vécus à Halloween étaient une bonne excuse pour ne plus faire d'efforts. Ne plus essayer de paraître en paix avec soi-même, ne plus tenter de prouver qu'il était en phase avec les autres, ne plus se convaincre ni convaincre autrui qu'il se sentait bien dans le monde qui l'entourait. Ne plus se forcer à porter son masque en permanence. Les idées noires, la mélancolie, les flashs qui l'envahissaient tous les jours, c'étaient des exutoires faciles.

Et tout cela prenait racine bien plus loin dans son passé qu'une série d'événements malheureux vieux d'à-peine un mois – même si les événements en question, eh bien, ils restaient imprimés sur sa rétine sans vouloir s'effacer.

Il leva les yeux vers Kayser. Entre ses cils, la silhouette de l'adulte s'habillait de contours mystérieux. Ariel se demanda ce qu'il pensait. Les adultes se posaient-ils mille questions sur la teneur du monde, la manière de fonctionner de leurs amis et de la place qu'ils occupaient ? Kayser faisait-il partie de cette catégorie de la population, ou se contentait-il de suivre la ligne de vie qu'il s'était tracée – ou qu'on lui avait tracée ?

Ils arrivèrent au niveau d'une salle de classe. Ariel reconnut celle des cours théoriques de Soins aux Créatures Magiques ; il fronça les sourcils. Allait-il copier des lignes, finalement ?

Puis il avisa l'armoire, toute collée contre l'un des murs. Elle tremblotait sous l'effet d'une force inconnue. De l'extérieur, rien ne troublait la quiétude des lieux. La chose agissait de l'intérieur.

En bon Serdaigle un peu intello et malgré le programme bancal du Ministère de la Magie, Ariel s'était renseigné sur les chapitres qu'il aurait à étudier cette année-là. Il n'avait pas attendu Ombrage pour ouvrir ses manuels. Il avait même lu et appris quelques unes des notions que la Sous-Secrétaire d’État était censée leur inculquer.

Il en savait suffisamment sur les épouvantards. Sans prendre de risque, il pouvait affirmer qu'il y en avait un dans cette armoire. Il repoussa les images qui prenaient déjà forme dans son esprit – il n'avait jamais rencontré de telle créature mais imaginait plutôt bien la forme qu'elle pourrait prendre.

Ariel interrogea Kayser du regard. Vaincre un épouvantard serait certes très formateur pour lui, sans doute un peu jouissif pour le professeur, mais cela n'avait pas du tout l'allure d'une retenue.

— Avant notre petite excursion, j'ai besoin de vérifier que vous pouvez être suffisamment maître de vous-même pour garder votre sang-froid, commença Kayser avant d'imposer l'un de ses habituels silences. Sortez votre baguette, vous allez en avoir besoin.

Obéissant, le jeune garçon s'exécuta. Il se focalisa sur les paroles de son aîné – même s'ils étaient censés avoir étudié la créature en cours de Défense contre les Forces du Mal, même s'il en savait un peu sur la théorie, il n'avait concrètement jamais combattu d'épouvantard. Il ignorait s'il en était capable.

Ariel se concentra sur son cœur qui s'agitait et tenta d'en calmer les palpitations. Au bout de ses doigts, des courants électriques concrétisaient sa panique naissante.

— L'enchantement que vous allez devoir utiliser, vous êtes censé l'avoir appris cette année, mais je vais vous faire une piqûre de rappel. (Une brève pause.) Ce sort ne sert qu'à se défendre d'un non-être en particulier, les épouvantards. Ils prennent la forme de votre plus grande peur ; votre rôle va être de le changer pour qu'il vous fasse rire.

Ariel acquiesça. Tout cela, il le savait, mais entendre un adulte en parler avec sérénité avait quelque chose de rassurant. Sa paume, moite, humidifiait déjà le bois de sa baguette.

— La formule est « Ridikulus ». Répétez-la.

Ridikulus, fit docilement Ariel. Ridikulus. Ridikulus.

Il répéta quelques fois de plus, insistant sur certaines voyelles pour donner un peu de force à sa formule. Il fallait qu'il eût l'air convaincu. Absolument certain de pouvoir vaincre l'adversaire. Une affirmation sans doute fausse, mais le professeur Kayser finit par le placer devant l'armoire.

Ariel atteignit un nouveau stade de stress : son souffle s'emballa. La crainte de l'anticipation augmentait à mesure que le dénouement approchait.

« Ce ne sera qu'une illusion », se répéta Ariel. « Rien qu'une illusion. Pas de quoi paniquer. »

Il reporta son attention sur le professeur et s'imprégna le plus soigneusement possible de ses instructions.

— Fermez les yeux et imaginez ce qui vous terrifie le plus, puis essayez de le transformer dans votre esprit pour le rendre absurde.

Ariel obéit. Mais refusant de se concentrer sur ses pires peurs, son cerveau préféra s'essayer à deviner ce qui hantait son professeur. Une mère trop présente ? La moisissure dans les placards ? Les araignées à mille yeux ? Les possibilités étaient infinies et vu le personnage, tout était possible – ou presque. On pouvait exclure de manière presque certaine les elfes de maison et les bonbons.

Le jeune garçon resserra sa prise sur sa baguette. Il fallait se concentrer.

— Pour vous donner un exemple, un élève a métamorphosé la représentation de l'un de vos professeurs avec les vêtements de sa grand-mère durant cet exercice il y a quelques années.

Ariel se retint de pouffer. Il en avait entendu parler : il suivait alors sa Première Année. Sans connaître l'élève protagoniste, il savait de source sûre que le professeur en question répondait au nom de Rogue. D'abord parce que les rumeurs enjouées avaient parcouru les couloirs du château, sous le regard dix fois plus assassins qu'à l'habitude du potionniste, et aussi parce que Rogue tenait assurément le rôle de l'enseignant le plus effrayant de tout Poudlard. Même Ombrage ne faisait pas le poids. Même Kayser.

Anticipant la remontrance, Ariel se redressa, droit comme un i, et focalisa toutes ses pensées sur un seul point : sa peur la plus viscérale.

Le résultat ne donnait pas grand chose. Tout avait à voir avec les animaux, bien sûr. Peut-être un peu avec les questions existentielles qui ne cessaient de l'embêter. Il pensa brièvement à Jules et au sortilège du Saucisson mais repoussa l'idée.

Il choisit de se concentrer sur la plus concrète de ses terreurs. Les espèces animales défilèrent dans son esprit sans qu'il ne pût en choisir une. Toutes s'équivalaient. Certaines se démarquaient, comme les taureaux, les ours ou les lions, mais il ne s'était jamais retrouvé nez à nez avec de tels spécimens. D'autres convenaient davantage : les chauves-souris, les papillons – surtout ceux qui voletaient en troupes – et les créatures fantastiques que Kayser leur avait présentées.

Une à une, avec une application de maître potionniste (1), il les réduisit mentalement à l'état de jouets pour enfant. Dans son imaginaire s'étalait désormais une collection complète de figurines d'hippogriffes, de sphinx, d'éruptifs, et d'autres acteurs pour les futures histoires incroyables d'un môme en peine action. Idéaux pour organiser des tournois de créatures magiques ou pour jouer à la ferme enchantée.

Avec un sourire satisfait, Ariel raffermit ses ancrages dans le sol. Les doigts agrippés à la baguette, comme si c'était elle et non l'humain qui contrôlait la situation, le Melwing fit un signe de tête à Kayser.

— Je suis prêt, ajouta-t-il pour lui prouver que sa voix ne tremblait pas.

Et elle ne tremblait pas.
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(1) J'ai voulu retranscrire l'expression : « Avec une application quasi-chirurgicale ». Si vous avez de meilleures idées je suis preneuse.


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Dim 7 Mar 2021 - 12:05
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▼▲▼
Samedi 25 Novembre 1995,

Dans le dos de l'élève, sa baguette dans la main, Johann patientait. L'enfant avait effectué chacune de ses demandes sans poser une seule question. Il ne cherchait pas à en savoir plus sur son action. Pour l'enseignant, c'était mieux ainsi. La retenue, au fond, n'était devenu qu'un prétexte suite aux évènements. Une bonne manière de se débarrasser de la surveillance néfaste de Dolorès et d'enseigner, au moins à un étudiant, ce que cette incapable devait initialement leur apprendre.

S'il visait réellement à voir si le garçon pouvait garder son sang-froid devant ce qui l'effrayait le plus, c'était également un exercice pratique pour sa scolarité. Le fait qu'il fut seul et non en classe, comme lui-même l'avait été à son époque, était un avantage certain que Melwing ne devait pas encore saisir. Aucune rumeur, aucune remarque. Ce qui se passerait dans cette pièce y resterait.

« Quand vous serez prêt, faites-moi un signe de tête. »

Le regard du professeur ne quitta pas la stature d'Ariel. Il avait fermé les yeux et, comme demandé, cherchait à imaginer son pire cauchemar. C'était un besoin vital pour pouvoir faire face à une créature de la sorte. La préparation était nécessaire pour ne pas se retrouver confronté à ses propres démons sans aucune préparation, ce qui pouvait s'avérer extrêmement dangereux, voir fatal.

Néanmoins, prêt à l'éventualité que le Serdaigle fut incapable de lancer l'enchantement, le magicozoologue était déjà déterminé et en position pour repousser le troisième année dans son dos et prendre sa place. Sa pire peur avait toujours été la même durant des années, bien qu'il se doutait que ses nouvelles fonctions pussent lui réserver quelques surprises. Sa capacité à réagir vite et correctement en fonction des évènements, dû à son entraînement comme futur auror par le passé, y était pour beaucoup. Et cela lui serait extrêmement utile si ses craintes s'avéraient fondées.

Plusieurs minutes défilèrent, entrecoupés par les soubresauts de l'armoire qui leur faisait toujours face. Melwing prenait son temps et c'était à la fois bon et mauvais. Bon, car il se doutait qu'à trop se précipiter, le garçon ne parviendrait pas à agir. Mauvais, car dans une véritable situation de danger, il serait tout bonnement incapable de se défendre. Cependant, le propriétaire secret de l'Edelweiss n'oubliait pas que son protégé du jour n'avait que treize ans et que, normalement, il ne devait en aucun cas se retrouver confronté à des situations périlleuses avant un âge plus avancé.

Cette pensée reflétait la théorie, mais la situation actuelle du pays ne laissait rien présager de bon. D'autant plus après Halloween. Ariel n'aurait peut-être pas le loisir d'avoir une adolescence normale et c'était à eux, dès maintenant, de le préparer, lui et ses camarades, à l'éventualité qu'il faudrait se défendre.

« Je suis prêt. »

La voix de l'enfant ne tremblait pas et l'adulte ne put retenir un très léger sourire en coin. Il se pensait prêt, mais rien ne pouvait le lui affirmer vraiment tant qu'il ne se retrouvait pas devant le change-forme. Kayser prit une inspiration, resserra imperceptiblement sa prise sur l'if, puis souffla :

« 3. »

À la seconde même où le chiffre sortit d'entre ses lèvres, l'homme eut un mauvais pressentiment. Il ne savait pas d'où cela lui venait, mais il s'estimait suffisamment préparé pour faire face à une situation involontaire. Et protéger Melwing le cas échéant.

« 2. »

D'un mouvement souple du poignet, il ouvrit le premier verrou. L'armoire s'agita d'autant plus, créant une presque cacophonie désagréable.

« 1. »

Un nouveau geste, la serrure tourna, même si la porte ne s'ouvrit pas immédiatement. Le criminel la maintenait fermée à l'aide de sa baguette. Il souffla, gardant sa position pour pouvoir agir en vitesse.

« Maintenant, Mister Melwing. »

L'enchantement se dissipa en même temps que les mots du professeur franchit ses lèvres. Le battant s'ouvrit avec fracas. Aucun des deux n'eut le temps de voir la véritable apparence de la créature, celle-ci changeant de forme à une allure vertigineuse dans un étrange tourbillon de couleurs.

Elle sondait le cœur de celui qui se trouvait en face d'elle. Elle cherchait la faille, la peur la plus primaire, la plus enfouie. La phobie de l'Aiglon ne laissait que peu de doute à Johann. Pourtant, il fut surpris.

Et mentalement, dès qu'il comprit son erreur, il ne put que s'insulter, se traiter d'imbécile. La peur des hommes changeait au fil des ans, suite à leurs expériences. Et le plus jeune avait vécu, récemment, un traumatisme certain.

La créature s'arrêta de tourner dans une forme trop calme. Johann s'était attendu à des animaux. Il avait face à lui un lac miniature. Une étendue d'eau qui, si elle lui paraissait dérisoire, devait s'afficher comme gigantesque pour l'étudiant. Une tornade de feuilles mortes s'ajouta à la danse statique de l'épouvantard suite à un clignement d'œil de l'homme.

Pour Johann, c'était à la fois très clair et très flou. S'il devinait après quel évènement le jeune homme avait développé ces peurs, il ne parvenait pas à comprendre ce qu'elles représentaient précisément.

Son regard passa du non-être à son élève, puis de son élève à ce dernier. Il ne chercha pas à réagir immédiatement, malgré son envie de le faire. Melwing connaissait la formule. Il savait ce qu'il avait à faire. Et s'il parvenait à comprendre et combattre sa peur, la vue des animaux lui seraient sans nul doute bien plus supportable.

Si tant est que l'idée première de Kayser restât la même après ce qu'il venait de voir. Ce n'était pas certain, lui-même ne le savait pas trop. D'autant que tout allait dépendre de la capacité de réaction du troisième année.

« Ridikulus, Mister Melwing. »

L'encouragement serait-il suffisant pour sortir Ariel de sa torpeur ? Johann ne désirait pas attendre pour le découvrir. D'un autre côté, s'il voulait des réponses aux interrogations qui venaient de lui apparaître, il ne pouvait l'empêcher de faire front. Ou, au moins, lui permettre d'essayer.

En un instant, il prit la décision de lui laisser trente secondes. Pas une de plus. Si ce dernier n'effectuait aucune action après le temps offert, il s'appliquerait à réorienter l'attention de la créature sur son esprit.

CODAGE PAR AMATIS

Johann A. Kayser
Admin acerbe
Johann A. Kayser

_________________
Heart Made Of Glass, My Mind Of Stone
Trompe-toi, sois imprudent, tout n'est pas fragile. N'attends rien que de toi, parce que tu es sacré, parce que tu es en vie. Parce que le plus important n'est pas ce que tu es, mais ce que tu as choisi d'être. by Wiise
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Mar 23 Mar 2021 - 21:56
Act Or Inertia

ft. Johann Kayser

Peut-être était-ce un effet secondaire de son état des semaines précédentes, mais Ariel s'était rarement senti aussi serein. Pas de vague, pas de remous dans son esprit. Le calme avant la tempête, auraient dit certains – l'adolescent préférait y voir une brève accalmie ou un self-contrôle miraculeux. Le reflet d'une force mentale dont il ignorait l'origine, peut-être.

Ou réellement le début d'une tempête, déchaînement de ses éléments intérieurs.

Mais il fallait l'ignorer et passer outre.

— Je suis prêt, affirma-t-il, et il pensait l'être réellement.

Un à un, tandis que son professeur se tendait à se côté, il s'appliqua à relâcher ses membres, ses muscles et ses articulations. Quelque part dans ses souvenirs, il croyait avoir lu, un jour, que la rapidité de réaction dépendait de la souplesse de son corps. Il ne savait pas à quel point c'était vrai – il n'avait jamais eu l'occasion de l'expérimenter – mais ses réflexes n'en seraient que meilleurs.

Car Ariel avait vraiment envie de réussir cet exercice. Pas pour échapper au courroux de Kayser, pas pour réussir sa retenue et obtenir une remise de peine, mais parce qu'il se le devait. Son ego, son moi profond avaient besoin de se prouver qu'il était capable de réussir quelque chose pour de vrai. Qu'il n'était pas bon qu'à avaler des livres en les recrachant dans des copies.

— 3, fit Kayser.

Ariel expira longuement, ajusta la cible de sa baguette. L'armoir, au bout de son arme, tanguait plus que jamais.

— 2, continua-t-il.

Et s'il n'était pas prêt ? Et s'il s'était trompé, et que même en se blindant mentalement, il était incapable de vaincre la vague d'animaux hideux qui allait couler sur lui ? Et s'il ne parvenait pas à réagir suffisamment vite et qu'il se faisait engloutir avant même d'avoir pu ouvrir la bouche ?

— 1, acheva-t-il.

Et si les animaux n'avaient rien à voir dans l'histoire ? S'il s'agissait finalement de toute autre chose ? Une chose beaucoup plus fluide, beaucoup plus liquide et surtout beaucoup plus impalpable.

— Maintenant, Mr Melwing.

Ariel comprit au moment où les portes de l'armoire s'entrebâillèrent, avant même que les mots du professeur ne meurent. Ce n'était pas le fruit d'une réflexion mûrement établi, ni le résultat d'un logique façonnée par des années d'expérience. Ni le rejet en masse d'un flot de connaissances acquises pendant l'été. Ariel passait trop de temps à s'inspecter, il consacrait trop d'énergie à tenter de comprendre ses peurs et à les fuir, pour ne pas savoir se fier à son intuition. Un instinct primaire, une intuition urgente. Quelque chose de profond, quelque chose de si viscéral qu'Ariel en avait d'ordinaire mal au cœur.

Sauf qu'il n'avait pas le temps d'avoir mal au cœur.

La forme tournoya, si vive qu'elle faisait mal aux yeux, si menaçante qu'il aurait reculé sans la pression de son professeur à ses côtés.

Et comme si la vision qui lui faisait face existait vraiment, Ariel se sentit aspiré par le lac qui coulait devant ses yeux.

Il était synonyme de douleur et synonyme d'apaisement. Il était signe de rédemption et signe d'écroulement. Il était d'une profondeur abyssale et d'une simplicité absurde. Un lac, aux contours nets, un petit lac, aux fonds indiscernables, un si beau lac, à la faune absente et aux températures improbables. Que signifiait-il ? Pourquoi était-il là ? Pourquoi devant ses yeux, pourquoi devant ceux de Kayser ?

Ariel l'aimait autant qu'il le détestait. Il rêvait d'y sombrer autant qu'il le fuyait.

La bourrasque de feuilles lui fit l'effet d'une gifle. Pire qu'une baignade. Pire que ses souvenirs. Terreur indescriptible.

Les feuilles qui le hantaient.

Les feuilles qui le harcelaient.

Les feuilles qui dansaient encore, toujours, inlassablement, sans trêve, sans repos, sans vent, sans fin, sans rien.

Il était plus fort que ça. Plus fort qu'une forêt, aussi maléfique soit-elle. Plus fort qu'un lac, aussi insondable soit-il. Plus fort que ces Mangemorts, aussi pourris soient-ils.

Plus fort que ses souvenirs.

— Ridikulus, Mr Melwing.

La voix de Kayser était indiscernable parmi le boucan que faisaient les feuilles – où était-ce celui de son esprit ? Elle perça néanmoins ses défenses, s'installa dans sa conscience. Un cocon de chaleur qui enveloppa sa réflexion figée. Une pointe de réalité dans un monde de démons. Une ancre à laquelle se raccrocher au milieu de son naufrage au milieu du lac. Et un pilier qui résistait au milieu de la tempête de feuilles.

Sans trop comprendre ses propres gestes, Ariel résista contre la nuit, résista contre les feuilles. Impossible de ressentir, impossible de réfléchir.

— Ridikulus, pleura-t-il – pleurait-il vraiment ?

Et le lac qui l'appelait, des chants de sirène, des phares dans une nuit d'encre, pourquoi ne succomberait-il pas ?

— Ridikulus, articula-t-il encore.

Cette fois, ce fut le souvenir de Jules et de sa sœur qui s'imposèrent à lui. Aucun lien ne les liait, elles se connaissaient à peine, mais elles dégageaient la même ardeur. La même joie de vivre. Le genre de filles à se balancer de l'eau à la figure en passant près d'un point d'eau ou à s'envoyer des poignées de feuilles mortes dans une forêt en pleine automne. Elles n'en avaient que faire des forêts noires, elles s'en fichaient du passé : elles vivaient pour le présent.

Elles étaient le symbole d'une combativité qu'Ariel n'aurait sans doute jamais, mais qu'il se força à emprunter. Parce que ce soir-là, dans cette salle de classe inconnue, ce n'était pas un lac qui lui faisait face, ce n'était pas des feuilles mortes qui tournoyaient autour, ce n'étaient de tout ça.

Juste des souvenirs qu'il devait commencer à surmonter. Qu'il devait faire en sorte de laisser derrière lui.

— Ridikulus !, cria-t-il, et il pleurait encore, mais cette fois sa voix avait retrouvé la conviction qui lui manquait. Ridikulus, Ridikulus, Ridikulus !

Au bout de sa baguette tremblante, la forme devint floue, se distendit, perdit de sa consistance. Et puis soudain, tout fut fini.

L'atmosphère qui s'était assombrie se para de couleurs nouvelles. L'étendue d'eau n'avait plus rien d'un lac d'hiver mais ressemblait plutôt à un bord de plage en pleine été. À l'intérieur, indiscernables, deux fillettes rousses jouaient à qui enverrait à l'autre la plus grosse quantité d'eau. Jules d'un côté, Amy de l'autre. Les deux portaient un maillot de bain orné de motifs automnaux, entre feuilles orangées et champignons incandescents.

Ariel respirait fort, douloureux, saccadé, saccagé. Ridikulus, Ridikulus, Ridikulus, répétait-il tout bas. Il avait la sensation de n'avoir jamais autant tremblé de toute sa vie.

Invraisemblable, cette différence d'ambiance, se dit Ariel tout bas.

La scène n'avait rien de drôle, mais le jeune Serdaigle ne put s'empêcher de ricaner, trop incrédule pour envisager une autre réaction. Le bruit sortit, étouffé, davantage étranglement que rire véritable.

Puis l'épouvantard explosa et disparut dans un panache de fumée blanche.
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Lun 3 Mai 2021 - 16:06
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La vie est une suite de décisions. Chaque choix change notre avenir. Que nos choix reflètent nos espoirs ou nos peurs, il y a toujours des conséquences.

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Samedi 25 Novembre 1995,

30 secondes. Dépendant de la perception du temps qu'un individu possédait, 30 secondes pouvaient paraître dérisoires. Il y en avait 60 dans une minute. 3600 dans une heure. 86400 dans un cycle de 24 heures. 604 800 dans une semaine. Les secondes défilaient inlassablement, comme un métronome insondable et invisible qui dictait les vies sans que personne n'y portât une attention constante.

Pourtant, 30 secondes, quand quelqu'un se concentrait dessus, pouvait prendre une allure d'éternité. 30 secondes, c'était à la fois très court et beaucoup trop long.

1. Johann, parfois, se détestait d'être aussi dur, d'être aussi froid, d'être aussi cassant, voir violent. 2. Il le devait à son éducation. Frapper sans remords pour rendre fort. Briser quand les faiblesses étaient trop visibles pour refaçonner les murailles et les rendre impénétrables. Amory le lui avait enseigné de manière cynique. 3. Tout comme il lui avait appris la patience, même devant la pire des souffrances.

4. Son élève, face à l'épouvantard, face au lac et aux feuilles, commença à sangloter. Personne n'avait la même réaction face à sa peur la plus profonde, la plus viscérale. 5. Elle pouvait prendre des formes si diverses qu'il était aussi impossible de deviner laquelle se serait réellement, et ce, même si la majorité des gens pensaient à tort se connaître au plus profond de soi.

6. Johann, lui-même, reconnaissait son erreur à présent. Il avait pensé à des créatures magiques, la phobie du troisième année étant si visible. Il se retrouvait devant un étudiant incapable de faire le moindre mouvement devant un lac et un tourbillon de feuilles mortes. 7. La peur était une émotion primaire amenant à la fuite : c'était le premier réflexe qu'avait tout être humain devant un évènement terrorisant. 8. Le baron du crime se doutait que la seule raison qui poussât Melwing à rester immobile était sa présence.

9. Lui faisait-il peur ? Sans doute. Et sans doute que, à l'image de Severus, Johann avait aussi reçu quelques qualificatifs peu religieux de la part des adolescents qui peuplaient le château. 10. Il n'en avait cure. Il n'était pas venu à Poudlard dans l'optique d'être apprécié, voir adulé. Ou encore avec pour objectif de rendre chaque élève meilleur - que ce fut pour eux-mêmes, ou dans l'optique d'en faire des moutons. 11. Il laissait volontiers ce genre d'absurdités à des personnes aussi insupportables qu'ils en étaient stupides, à l'image d'Ombrage.

12. Non, il était venu pour trouver ceux qui, dans la prochaine génération de sorcier, sauraient se montrer aussi malin qu'utile à une société trop enfoncée dans des dogmes dépassés. 13. Et Ariel, sous ses airs d'enfant terrifié, trop absorbé par ses livres et ses cauchemars, cachait sans conteste une grande force de caractère tout au fond de lui. 14. Johann, du moins, voulait le croire. La raison en était simple : il s'était inscrit à un cours, certes sous la pression de ses camarades, qu'il ne pouvait que détester.

15. Peut-être que le patron de l'Edelweiss se trompait, peut-être pas. Les secondes, qui défilaient présentement, allaient lui fournir un début de réponse.

16. D'aucun pourrait penser que son comportement durant les cours l'aurait rendu antipathique au regard de l'enseignant, mais ces gens en oublieraient alors l'essentiel. 17. Le fait qu'Ariel fût arrivé en retard n'était qu'un détail négligeable, tout comme ses actions peu réfléchies. Il était encore un enfant en passe de devenir adulte, ce genre de comportement était donc normal de sa part.

18. Les larmes ne se tarissaient pas et le non-être avançait lentement dans sa direction. L'arme des épouvantards était à l'image de la mort qu'il occasionnait : horrible. 19. Mourir d'asphyxie après avoir nourri la créature était l'une des pires morts pour un sorcier. Le représentant de la peur était néanmoins encore à bonne distance. Johann pouvait continuer son décompte mental.

20. Un décompte qui se rapprochait dangereusement de la fin. Johann ne voulait pas se prouver qu'il avait raison vis-à-vis de l'élève. 21. Il voulait surtout lui faire découvrir son propre talent, sa propre force ; Le Serdaigle avait les capacités de faire front, qu'importe ce qu'il pouvait croire. 22. Néanmoins, un coup de fouet, voyant qu'il ne réagissait toujours pas, était peut-être de mise ; elle était nécessaire. 23.

« Ridikulus, Mister Melwing. », dit-il de sa voix grave, détachant chaque syllabe pour être entendu.

24. En réponse, les pleurs de l'étudiant redoublèrent. Les pleurs, oui, mais son corps se mit enfin en mouvement, tendant le bras vers ce reflet déformé des profondeurs obscurs de son esprit.

« Ridikulus. », commença l'étudiant, sans aucune conviction.

25. Aucune conviction, certes, mais c'était un début. Le début d'une rébellion envers soi-même. Le commencement d'un renouveau que le professeur imaginait être le bienvenu.

« Ridikulus. », répéta Ariel, le timbre de sa voix tremblante se faisant à peine plus perceptible dans le silence assourdissant de la salle de classe.

26. Il se rapprochait du but. Le magicozoologue en avait l'intime conviction. Bien sûr, si le décompte atteignait sa fin, il agirait, mais il avait espoir de ne pas en avoir besoin. 27. La posture de l'adolescent changea de manière imperceptible. Il ne pouvait pas parler d'assurance à ce stade. 28. Mais il y voyait une certaine détermination. Presque invisible à celui qui n'aurait pas su regarder. Aussi insondable que pouvait l'être les profondeurs d'un lac... Ou d'un océan. 29.

« Ridikulus ! Ridikulus !, hurla l'enfant, métamorphosant sa détermination en volume ; ce n'était pas rare à son âge, Johann lui-même était passé par cette étape. Ridikulus, Ridikulus, Ridikulus ! »

30. La forme changea. L'effet de l'enchantement se fit hésitant, brumeux au début, pour finalement se faire plus précis après quelques secondes supplémentaires. Une plage, des fillettes aux maillots ridicules effectuant des mouvements tout aussi absurdes dans l'optique de s'amuser.

Ariel avait réussi. Il y était parvenu. Sans même qu'il s'en rendît compte, les muscles du criminel se détendirent. Il n'avait plus aucun besoin de se faire bouclier pour l'épouvantard. Le rire, bien qu'étranglé, de la part du troisième année acheva le travail. Dans une explosion de fumée blanche, le non-être fut chassé.

Il n'était pas temps, néanmoins, de se relâcher. L'expérience restait douloureuse et Johann n'était pas idiot. L'exploit réalisé, à savoir de parvenir à s'en débarrasser seul dès sa première rencontre avec cette créature, avait dû lui demander un effort considérable. Un effort autant physique que cérébral. Le rôle de Johann était maintenant de l'ancré dans le présent et de lui faire prendre conscience de sa réussite.

Dans cet optique, Johann conjura un fauteuil en cuir d'un moulinet de baguette précis, puis d'un geste du bras, apposant sa main dans son dos, amena l'étudiant à s'y asseoir. Sans doute ne parviendrait-il pas à se relever dans l'immédiat, mais l'enseignant ne le lui demandait pas.

« Winky !, appela le trentenaire et il s'assura quand elle apparut dans un pop de la cacher à la vue d'Ariel ; il n'avait pas besoin d'être effrayé par l'elfe après ce qu'il venait de traverser. Va me préparer un chocolat chaud et ramène-le-moi ici immédiatement. »

L'elfe s'inclina, disparut et réapparut la seconde suivante. Pour faire régulièrement appel à la déshonorée pour lui redonner le moral, il savait qu'elle ne supportait pas les preuves de politesse à son égard. Il récupéra son dû derechef et la congédia d'un geste de la main ; s'il pouvait faire une heureuse dans la journée, il ne se privait pas.

Il s'en retourna ensuite à l'élève et lui tendit la tasse, quitte à l'aider à la maintenir dans ses mains s'il remarquait qu'elles tremblaient trop.

« Buvez, ordonna-t-il, sans laisser la moindre protestation être possible. Vous en avez cruellement besoin. »

Le chocolat sous toutes ses formes avaient des propriétés insoupçonnées et s'il s'agissait plus d'un remède de grand-mères que d'un véritable fait établi dans le monde sorcier, Kayser savait pour l'avoir déjà utilisé que ça fonctionnait très bien. C'était Amanda qui, durant leur passé commun, lui avait enseigné son utilité. Dans l'Ordre, il avait également connaissance que Rémus avait la même approche, même si les deux étaient diamétralement opposés tant au niveau du caractère que des méthodes d'enseignement.

Il attendit que l'élève reprît des couleurs et doucement pied avec la réalité, puis qu'il eût séché les sillons sur ses joues. Là, et seulement là, il lui adressa de nouveau la parole.

« Vous pouvez être fier de vous, mister Melwing. Vous venez de dépasser toutes mes attentes. »

Ce n'était pas entièrement vrai, mais se l'entendre dire aurait forcément un effet bénéfique. Johann n'était pas aussi cruel que pouvait l'être son comparse maître des potions. Les échecs devaient être remarqués et notés, mais les réussites devaient l'être tout autant. Ce n'était qu'en offrant un juste milieu que les apprentis pouvaient évoluer dans une forme d'équilibre.

« Et vous venez de vous éviter de futures retenues ; je pense que vous avez compris la leçon. »

Il s'agissait surtout d'un présent pour éviter à l'élève de s'angoisser inutilement, à s'imaginer les possibles tortures qu'il allait devoir subir en sa compagnie après cette journée.

Johann, maintenant serein quant à la capacité de son étudiant de tenir lui-même sa boisson, se redressa de toute sa hauteur pour faire apparaître un autre fauteuil, s'y installant. Il pouvait paraître parfaitement à son aise, alors que le cadre ne s'y prêtait pas. Savoir jouer de son environnement était une force qu'il avait acquis avec le temps.

« Si néanmoins vous voulez en apprendre plus, sachez que mon bureau reste ouvert pour toute sollicitation. »

Il parlait lentement, prenant le temps d'effectuer des temps-morts, dans son discours, plus longs qu'à son habitude. Il laissait ainsi le temps au cerveau encore embrumé d'Ariel de comprendre et accepter ses dires.

« Et, pour terminer avant de vous libérer, je vais vous faire une proposition. »

Parce qu'il avait vu, sans pour autant en comprendre la réelle signification, le mal-être de son élève au travers de l'exercice. Parce que son appel à l'aide était presque palpable dans l'air. Parce qu'Ariel avait des airs d'enfant perdu dans un royaume qu'il connaissait sans le reconnaître.

« Si vous l'acceptez, promettez-moi que si vous en ressentez le besoin, qu'importe la raison, qu'elle vous paraisse idiote ou non, vous viendriez m'en faire part. »

S'attendant à une protestation, il l'invita à la patience en relevant l'index vers le plafond, patientant quelques secondes dans un silence sourd pour finalement reprendre.

« Je me doute que vous me voyez comme un ennemi - ou tout au moins un être détestable -, mais je ne suis pas là pour que vous m'appréciiez. »

Johann sortit une carte de son manteau et la tendit à l'élève. Sur celle-ci se trouvait la représentation miniature d'un des tableaux du château qui se trouvait au premier étage.

« Ni pour vous juger, reprit-il quand l'élève l'eut attrapé, et c'est là le plus important. Qu'importe ce que vous avez pu croire me concernant jusqu'à maintenant. »

D'un geste de l'if, pointée de sa lame, il désigna la carte.

« En dehors des heures de cours, si je ne suis ni dans mon bureau, ni dans la salle des professeurs, il y a de grandes chances que je sois dans mes appartements. Dites au portrait de me prévenir pour que je vous ouvre. »

D'un nouveau geste de sa baguette, le professeur conjura une table, puis la pointa. La valise qui se trouvait dès lors dans son bureau apparut couchée, sur celle-ci, entre les deux sorciers.

« Si vous ne vous sentez pas capable de dire quoi que ce soit, reprit-il tout en effectuant l'action précédemment décrite, une présence peut tout aussi bien être bénéfique. »

Au fond, Johann se doutait que si Melwing pût effectivement accepter son offre, il ne finirait par réellement en prendre la pleine mesure et s'en accommoder que dans plusieurs semaines, mois, voire quelques années. L'important résidait toutefois dans le fait qu'il gardât ceci en mémoire. C'était une main tendue, il avait ensuite toute latitude à l'accepter ou à la refuser.

« J'accepte également de recevoir des lettres de mes élèves, affirma-t-il, sans préciser qu'elles étaient systématiquement vérifiées avant toute ouverture pour empêcher les farces et attrapes de l'atteindre. Il est parfois plus simple de coucher ses ressenties sur parchemin. »

Il n'avait pas encore expliqué la raison de la présence de son antre, mais il préféra s'arrêter-là. Il y avait suffisamment d'informations à digérer pour l'oisillon. Mieux valait le laisser répliquer.

S'il se montrait lui-même curieux vis-à-vis de sa présence, il lui ferait part de sa décision la concernant.

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Jeu 17 Juin 2021 - 0:11
Act Or Inertia

ft. Johann Kayser

Debout au milieu de la pièce, Ariel tentait de reprendre pied avec la réalité.

Il n’avait jamais réfléchi à la forme qu’aurait dû prendre son épouvantard avant ce jour-là ; d’ailleurs, il ne pensait pas qu’il y avait matière à réfléchir. Sa phobie était tellement prégnante, tellement évidente, que même un inconnu l’aurait entraperçue, dissimulée dans les remous de sa personnalité. L’expérience de ce soir-là, si particulière, si dense, était telle une chute vertigineuse : il existait des peurs bien plus terrifiantes et bien moins cernables qu’une simple phobie des animaux.

Bien plus dangereuses, aussi.

Le souffle d’Ariel refusait de s’apaiser. Le tempo sur lequel il tentait de le régler variait au rythme de ses pensées, tantôt incrédules quant à l’expérience qu’il venait de vivre, tantôt abruties par l’ampleur des réflexions que lui imposerait cet exercice par la suite. Car il se connaissait, Ariel n’aurait de cesse d’y revenir tant qu’il n’aurait pas compris les tenants et aboutissants de la forme de son épouvantard.

Les lacs et les feuilles.

Le geste de Kayser se perdit dans un coin de son champ de vision et il sentit à peine qu’on l’asseyait de force sur un fauteuil. Une partie de ses forces s’échappa au moment où le sol se déroba sous ses pieds ; il se demanda brièvement comment était-il resté si longtemps debout et immobile. De même, il ne vit pas son professeur convoquer l’elfe de maison et lui commander à boire. Ce fut la sensation chaude du breuvage chocolaté autour de ses doigts qui le ramena à la réalité.

Ariel contempla la tasse, étonné.

— Buvez, lui ordonna l’adulte. Vous en avez cruellement besoin.

L’odeur sucrée était attirante et instinctivement, le corps d’Ariel réclamait de nouvelles forces. Pourtant, il ne put s’empêcher d’observer Kayser du coin de l’œil. Son comportement était déstabilisant : d’abord froid, dur et incisif comme de la pierre, l’homme devenait ensuite pédagogue et sans pitié. Enfin, à présent, le jeune homme le découvrait concerné, presque attentionné.

Ses mains tremblaient un peu – réflexion faite, l’ensemble de son corps tremblait un peu -, mais il parvint à porter le laitage à sa bouche et à en boire une petite gorgée. Le shoot de sucre lui fit du bien.

En tant qu’élève, Ariel savait bien qu’il ne devait rien attendre d’autre d’un professeur qu’un grand sens de la pédagogie et des cours construits – certains d’entre eux allaient jusqu’à accompagner leurs élèves personnellement, leur prodiguant conseils et directions à suivre. Pourtant, l’envie montait en lui de comprendre la façon de fonctionner de ce professeur antipathique. Quelles pensées agitaient son cerveau, derrière son visage fermé ? Que pensait-il de ses élèves ? Quelles intentions se cachaient derrière son intransigeante sévérité ?

Le maître des animaux l’étonna encore lorsqu’il reprit la parole :

— Vous pouvez être fier de vous, Mr Melwing. Vous venez de dépasser toutes mes attentes. Et vous venez de vous éviter de futures retenues ; je pense que vous avez compris la leçon.

Les sourcils d’Ariel se levèrent jusque derrière sa frange de boucles violettes. Pour un avare de compliments, il s’était attendu à toutes les remontrances, mais pas à cette affirmation.

Quelque part au fond de lui, quelque chose céda ; le stress, dont il n’avait pas encore conscience, de devoir passer plusieurs soirées éprouvantes en compagnie de Kayser, se disloqua complètement. Combattre un épouvantard, il pouvait le faire une fois. Il doutait d’y parvenir une seconde fois. Pas ce soir-là, pas le lendemain. Et de préférence pas avant un long moment.

La valise était toujours dans un coin, à portée de son regard, attirant son regard comme un aimant. Ariel força ses yeux à ne pas s’y attarder – peut-être Kayser ne l’avait-il pas oubliée, mais il préférait ne pas le vérifier. Une expérience de plus qu’il n’avait pas envie de vivre, même si sa teneur demeurait encore obscure.

Le professeur de Soins aux Créatures Magiques se releva et s’assit au fond d’un fauteuil qui n’était pas là un instant plus tôt.

— Si néanmoins vous voulez en apprendre plus, sachez que mon bureau reste ouvert pour toute sollicitation.

Le nez plongé dans sa boisson, Ariel se contenta de l’observer fixement. Aucun indice ne lui permettait de penser cela, évidemment, mais Kayser lui suggérait-il d’aller au-delà de l’enseignement proposé par Ombrage ? Les rumeurs couraient dans les couloirs, et même plongé dans la dépression, il était facile de se rendre compte qu’elle n’était appréciée dans le collège. Même en négligeant ses devoirs, il était criant que ses enseignements ne leur apprenaient rien.

Une imposture, murmuraient certains.

Un espion, sifflaient d’autres.

Un monstre, accusaient les derniers.

Ou peut-être que Kayser se portait tout simplement volontaire pour l’assister dans sa propre matière, ce qui semblait plus logique. Pourtant, le cœur du garçonnet espérait qu’il s’agît de la première supposition, sans qu’il n’en sût vraiment la raison.

— Et, pour terminer avant de vous libérer, je vais vous faire une proposition. Si vous l’acceptez, promettez-moi que si vous en ressentez le besoin, qu’importe la raison, qu’elle vous paraisse idiote ou non, vous viendrez m’en faire part.

Il leva un doigt, s’attendant peut-être à être coupé, mais les yeux d’Ariel se contentèrent de s’humidifier, soigneusement plongés dans le fond de sa tasse de chocolat. Une fois encore, ses mots sonnaient juste – trop juste peut-être pour ce que le jeune homme était capable d’accepter.

Était-il si lisible que cela ? Ses blessures prenaient-elles tant de place que cela ? Il n’était pas anodin, se rendit-il soudain compte, qu’un homme qu’il ne voyait presque jamais mît à jour ses plaies sans qu’Ariel lui-même n’en fût capable.

Avait-il vraiment besoin d’aide ?

— Je me doute que vous me voyez comme un ennemi – ou tout du moins comme un être détestable -, mais je ne suis pas là pour que vous m’appréciiez. Ni pour vous juger, ajouta-t-il en lui tendant la représentation miniature d’un tableau, et c’est là le plus important. Qu’importe ce que vous avez pu croire me concernant jusqu’à présent.

L’aiglon observa un instant la carte, perdu. Sous l’effet de quelques mots bien placés, ses certitudes vacillaient. La séance de retenue le lui avait montré : sous ses airs durs, Kayser cachait un professeur juste – en tout cas, Ariel le pensait.

Qu’était-il en train de lui offrir ?

— En dehors des heures de cours, si je ne suis ni dans mon bureau, ni dans la salle des professeurs, il y a de grandes chances que je sois dans mes appartements. Dites au portrait de me prévenir pour que je vous ouvre.

— Je m’en souviendrai, murmura Ariel d’un air absent.

Il caressa le dos de la carte. Le papier lui apporta un réconfort inattendu au milieu du tumulte violent qui agitait son cerveau. Perdu au milieu de la tempête de ses pensées, son cœur criait quelque chose qui ressemblait à de l’espoir diffus.

Kayser fit un geste de sa baguette et une table apparut, supportant la valise. Automatiquement, le garçon eut un mouvement de recul. La retenue n’était-elle pas terminée ? L’attitude de l’adulte, qui n’indiquait aucune volonté de se lever ou de plonger à l’intérieur, le rassura un peu.

— Si vous ne vous sentez pas capable de dire quoique ce soit, continuait-il, une présence peut tout aussi bien être bénéfique. J’accepte également de recevoir des lettres de mes élèves. Il est parfois plus simple de coucher ses ressentis sur parchemin.

Cette fois, Ariel dut détourner les yeux pour s’assurer de la stabilité de ses émotions. Craquer sans qu’il ne s’en rendît compte lors d’un exercice mettant à l’épreuve ses peurs les plus enfouies, c’était une chose ; se mettre à pleurer comme un bébé lors d’une conversation posée, c’était loin d’être facile à assumer. Les paupières fermées, il prit le temps de calmer son souffle et de retrouver une contenance. Vu ce qu’il déduisait des capacités d’observation du professeur, Kayser ne serait pas dupe, mais Ariel se sentit moins vulnérable ainsi.

Puis l’enfant planta ses yeux dans ceux de son aîné. Des choses remuaient en lui. Elles se manifestaient, innommables, mais il n’était pas pressé de faire leur connaissance. Elles émergeraient lorsqu’il serait temps.

— Je vous remercie pour vos propositions, professeur, dit-il avec un aplomb qu’il ignorait posséder. Je garde votre carte très précieusement.

La promesse flotta un instant dans l’air et il se convainquit qu’il la respecterait. Sans doute était-ce prématuré en cet instant, mais la noyade devenait trop épuisante. Trop longue.

Peut-être était-il temps de partir, pourtant il resta assis, le dos droit. Des mots lointains, que Jules avaient prononcés, affleuraient dans sa conscience, vagues et informes. Apprendre à se défendre. Lancer des sorts. S’entraîner. Il n’avait rien compris sur le moment – il n’avait pas voulu comprendre sur le moment -, mais à présent que ces bribes de conversation remontaient, elles faisaient sens.

La réplique sortit sans qu’il ne pût la retenir :

— Lorsque vous parliez d’en apprendre plus, professeur, à quoi faisiez-vous mention ? Aux épouvantards ? (Il fit une pause, joua avec ses doigts :) Il me semble que j’ai quelques lacunes en Défense Contre les Forces du Mal.
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Dim 27 Fév 2022 - 10:44
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La vie est une suite de décisions. Chaque choix change notre avenir. Que nos choix reflètent nos espoirs ou nos peurs, il y a toujours des conséquences.

▼▲▼
Samedi 25 Novembre 1995,

Quand Johann remarqua le trouble dans les yeux de son interlocuteur, il détourna le regard quelque temps. S'il n'en montrait rien, il comprenait la gêne dont pouvait faire preuve l'enfant devant lui. Lui-même avait ravalé ses larmes trop de foi pour discuter sur ce sujet.

Il détailla un temps la salle dans laquelle ils se trouvaient, patient et ne revint vers l'aiglon, quelques minutes plus tard, que quand ce dernier le prévint qu'il reprenait pied avec la réalité. Non qu'il le lui affirma verbalement, mais du coin de l'œil, Kayser vit l'adolescent planter ses iris vers son visage, puis les siennes quand il reprit son observation du garçon.

« Je vous remercie pour vos propositions, professeur, dit-il avec un aplomb. Je garde votre carte très précieusement. »

Lorsque Ariel, au lieu de se lever, resta assis sur le fauteuil, Johann ne chercha pas à le déloger. Il venait justement de lui dire que son bureau était ouvert à tous les étudiants qui en ressentaient le besoin.

Il était évident que peu, si tous pouvaient le deviner, se risquait à franchir le pas de frapper à sa porte. C'était déjà arrivé à quelques reprises, généralement des Serpentards qui ne se sentaient plus à leurs places et qui avait besoin d'un soutien. Johann avait été dans la maison des verts-et-argents. Il n'était donc pas étonnant que les vipères du château se sentissent plus en sécurité avec lui ou Severus plutôt que les autres enseignants.

Cependant, son bureau n'était pas ouvert qu'aux disciples de Salazar. Tous pouvaient venir le voir et il venait de l'affirmer indirectement auprès du jeune Melwing. Le Serdaigle avait l'air de traverser une période particulièrement compliqué, ce qui n'était pas étonnant avec les évènements passés.

Johann, s'il ne le disait pas, était passé par là lui aussi. La guerre dans le château, entre les loyalistes du Seigneur des Ténèbres et les progressistes dont il faisait partie. Il avait vécu des traumatismes réservés aux combattants avant même sa sortie de Poudlard, pendant son adolescence. Personne n'était au courant, parce que Johann Kayser n'était pas de ces personnes qui se confiaient facilement, même envers ses meilleurs amis.

Pour eux, il était un roc. Inébranlable. Infatigable. Insensible, parfois, une qualité apprécier chez un soldat. La vérité, seul l'ex-Serpentard la connaissait : il avait sombré lentement, mais aussi surement que l'enfant avait besoin d'aide, dans des abysses d'une profondeur effrayante. Il ne le souhaitait pas à Melwing.

Il pouvait certes passer pour un enfoiré d'enseignant capable de rabaisser un élève devant ses pairs. Il pouvait surtout espérer le sortir de sa torpeur en lui offrant une épaule qui ne le jugerait pas, malgré des iris givrés qui ne changeaient pas.

Johann n'avait pas appris à démontrer véritablement ses émotions. Il ne les montrait pas. Il ne les disait pas. Seuls ses actes étaient une preuve de son affection ou de sa compréhension.

C'était peut-être pour cette raison, aussi, qu'il avait proposé à Ariel de l'entraîner. Et le susnommé venait tout juste de le comprendre.

« Lorsque vous parliez d’en apprendre plus, professeur, à quoi faisiez-vous mention ? Aux épouvantards ? »

Johann ne répliqua pas immédiatement. Il observait le jeune homme se triturait les doigts, inconfortable dans sa démarche, sans doute emprunt de peur à l'idée d'un piège de sa part. Le Serdaigle parvint toutefois à mettre des mots sur son ressenti et dans d'autres circonstances, si Johann n'était pas ce qu'il était, un sourire aurait fleuri sur ses lèvres.

« Il me semble que j’ai quelques lacunes en Défense Contre les Forces du Mal. »

Le professeur hocha la tête, avant de venir placer une main pensive sous son menton. Il observa Ariel pendant un instant, avant de ressortir sa baguette. Il était en troisième année. C'était la première année vraiment décisive pour les BUSEs, qui aurait lieu dans deux ans pour l'aiglon. Ombrage ne leur apprenait rien ; l'étudiant risquait fortement de rater les prochaines années à cause d'elle.

Pour l'ancien auror, c'était bien sûr inacceptable, d'autant plus avec les évènements qui se jouaient à l'extérieur des murs du château.

D'un coup de baguette, le magicozoologue fit apparaître un grimoire et le tendit à l'élève.

« Voici Défense contre les forces du mal de Galatea Têtenjoy. C'est l'un des livres que vous devriez posséder depuis votre première année, avec Vie et Habitats des Animaux Fantastiques, de Norbert Dragonneau, que vous devez déjà avoir en votre possession. Ce grimoire n'est pas parfait, mais c'est un très bon début, surtout couplé avec celui écrit par mon collègue. »

Vis-à-vis des créatures, il ne pouvait que lui conseiller le grimoire écrit par l'expert le plus reconnu du monde. Même s'il n'était pas d'accord avec tout ce que Dragonneau avait pu dire dans ses récits, ça restait très rare.

« Commencez par potasser ce manuel. Une fois que vous l'aurez terminé, revenez me voir et nous mettrons en pratique certains exercices pratiques recommandés à l'intérieur. »

Pour faire mieux, le malfrat fit apparaître un second manuel, puis le tendit à Ariel. Celui-ci, il l'avait vu dans les mains d'une jeune fille qui l'avait regardé avec des yeux émerveillés. L'ouvrage qu'il avait lui-même écrit.

« Mon grimoire est séparé en trois parties distinctes : les créatures terrestres, les créatures ailées et les créatures sous-marines. Ce que j'ai écrit pourra certainement vous aider pour certains exercices théoriques que vous rencontrerez dans le manuel de Mme Têtenjoy. »

Une fois sa longue tirade terminée, Johann se releva. Il était temps de mettre fin à cet entrevue. Il voulait aider Ariel, mais il savait que cela prendrait du temps.

« Avez-vous des questions avant que nous nous séparions, mister Melwing ? »

S'il souhaitait aider Ariel, il savait qu'il devait être prudent et prendre son temps. S'il allait trop vite, Melwing risquait de le fuir. Gagner sa confiance allait prendre du temps.
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Dim 15 Mai 2022 - 20:04
Act Or Inertia

ft. Johann Kayser

Ariel devait bien admettre que sa retenue balayait tous les préjugés qu’il entretenait au sujet du professeur Kayser. L’adulte restait effrayant, certes ; et le jeune garçon conservait une certaine réserve à son égard, ce qui lui paraissait naturel compte tenu de sa froide posture et des distances qu’il maintenait entre lui et le reste du monde. Mais l’attention qu’il manifestait envers le Serdaigle, ses délicates allusions et ses encouragements voilés lui suggéraient que Kayser était plus observateur, plus humain que ce que la majorité des étudiants pensaient.

En tout cas, il était le seul professeur à avoir remarqué que quelque chose ne tournait pas rond chez lui.

Pas qu’il le montrât à n’importe qui, bien sûr, mais ses notes en chute libre auraient dû suffire à interpeller ses enseignants. Même la Métamorphose souffrait de son relâchement ; McGonagall lui avait d’ailleurs fait savoir qu’elle n’appréciait pas ce revirement de situation, mais elle n’avait rien fait d’autre que de le mettre en garde.

Mais après tout, comment pouvait-il les blâmer ? Il se braquait dès qu’on l’approchait un peu trop.

La seule raison pour laquelle il n’avait pas pris ses jambes à son coup face à Kayser… Eh bien, il ne la connaissait pas lui-même. Pas vraiment. Ariel avait l’impression diffuse que c’était à cause du Lac, que Kayser avait vu au travers de son épouvantard, un traumatisme que personne d’autre n’avait entr’aperçu. Pas même ses amis. Personne ne savait à quel point le Lac Noir et les feuilles mortes l’obsédaient, le traumatisaient et le fascinaient.

Sauf Kayser, maintenant. C’était peut-être ça la clé.

En restant dans la salle, en cherchant l’aide de l’adulte, peut-être qu’Ariel cherchait simplement à prolonger le contact avec cette nouvelle forme de compréhension. Pour la première fois depuis presque un mois, il ne se sentait plus aussi seul dans sa douleur. Plus aussi perdu.

Bien sûr, il nageait toujours contre le courant, luttait toujours contre les remous de ses démons. Mais la présence d’une tierce personne faisait du bien. D’autant plus quand la personne en question veillait à respecter ses limites et à ne pas le brusquer. Ariel avait remarqué qu’il s’agissait d’un fait plutôt rare. De maintenir une certaine distance tout en étant présent, et de ne pas lui donner l’impression d’être impudique et d’empiéter sur son espace vital.

C’est pour cela qu’au lieu de s’en aller, comme n’importe quel étudiant dont la colle arrivait à son terme l’aurait fait, il rebondit sur l’aide offerte par son professeur.

— Il me semble que j’ai quelques lacunes en Défense Contre les Forces du Mal, acheva-t-il, presque sur un ton d’excuse.

Kayser approuva, puis agita la baguette. Un épais grimoire qu’il mettrait sûrement plusieurs mois à étudier.

— Voici Défense contre les Forces du Mal de Galatea Têtenjoy. C’est l’un des livres que vous devriez posséder depuis votre Première Année, avec Vie et Habitat des Animaux Fantastiques de Norbert Dragonneau, que vous devez déjà avoir en votre possession. Ce grimoire n’est pas parfait, mais c’est un très bon début, surtout couplé avec celui écrit par mon collègue.

Ariel saisit l’ouvrage, curieux. Il ne lui demanda pas pourquoi il n’était pas inscrit au programme de DFCM s’il était si complet pour les débutants. La question lui brûlait les lèvres, mais la réponse semblait plutôt évidente : Ombrage et la réforme des programmes scolaires devaient en être la principale raison.

Il serra le livre contre sa poitrine. Cette habitude avait toujours le don de le rassurer - un terrain connu, stable et confortable. Tout le contraire de la vie réelle.

— Commencez par potasser ce manuel, poursuivit Kayser. Une fois que vous l’aurez terminé, revenez me voir et nous mettrons en pratique certains exercices recommandés à l’intérieur.

Ariel hocha vivement la tête. Ses lèvres s’étirèrent en un timide sourire et même ses yeux suivirent le mouvement. Il se promit d’analyser le pourquoi et le comment de son changement d’attitude vis-à-vis du professeur, vis-à-vis de ses barrières qu’il sentait s’abaisser au fur et à mesure que ce dernier parlait. Peut-être avait-il ensorcelé le chocolat ?

Un second manuel apparut dans les mains de Kayser. Quand Ariel s’en saisit, il le plaça en équilibre au-dessus du premier. Le volume des deux ouvrages réunis était plutôt conséquent.

Ses sourcils se soulevèrent quand il reconnut le nom de l’auteur, inscrit sur la couverture, et il fit en sorte de ne pas avoir l’air trop impressionné. Ni trop admiratif.

Kayser ne sembla de toute façon pas y porter grand intérêt, puisqu’il enchaîna :

— Mon grimoire est séparé en trois parties distinctes : les créatures terrestres, les créatures ailées et les créatures sous-marines. Ce que j’ai écrit pourra certainement vous aider dans certains exercices théoriques que vous rencontrerez dans le manuel de Ms Têtenjoy.

Ariel observa le professeur avec attention. Il savait que Défense contre les Forces du Mal et créatures magiques étaient très liés… Mais il ne put s’empêcher de se demander si Kayser ne lui donnait pas des clés pour tenter de passer au dessus de sa phobie. Deux livres sur les trois qu’il lui avait conseillés portaient directement sur le sujet, après tout.

Et ne disait-on pas que plus on connaissait son ennemi, moins il y avait de raison d’en avoir peur ?

— Avez-vous des questions avant que nous nous séparions, Mr Melwing ?

— Je ne crois pas, professeur, répondit l’enfant d’une toute petite voix.

Il fallait croire que les capacités d’intimidation de l’enseignant n’avaient pas tout à fait disparu. Elles semblaient juste avoir changé de nature - de la crainte, on était passé à quelque chose qui ressemblait davantage à de l’admiration.

— Je vous promets d’étudier ces grimoires avec la plus grande attention, reprit-il, le timbre un peu plus assuré. Et à venir vous voir une fois que j’aurai fini.

Et à prendre des notes, et à faire tous les exercices préconisés, et à persévérer… Et à dépasser les limites de nos cours avec Ombrage.

Il ne dit rien de tout cela, peut-être par pudeur, peut-être parce qu’il sentait qu’il devenait un peu trop enthousiaste.

Il jeta un œil à la porte de la salle. L’heure était venue de la franchir à nouveau ; pourtant, Ariel n’en avait pas vraiment envie. Il sentait de manière diffuse que la salle de colle s’était transformée en bulle qui le séparait de la réalité. Une fois qu’il l’aurait passée, ses problèmes le rattraperait…

Et il ferait en sorte d’aller mieux, se promit-il.

Même si la démarche le fatiguait d’avance.

À la place, il se leva et serra fort ses livres contre lui.

— Merci pour tout, professeur. Je vous souhaite une excellente soirée.

Il s’avança vers la porte, posa une main sur la poignée, tourna à moitié la tête vers l’adulte :

— Et à bientôt.

Puis il s’en fut.
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