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Remember when we used to laught ? | Lévine & Cébren

 :: Hors-Jeu :: La Pensine :: RP Harry Potter :: Les RP Terminés Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Dim 13 Déc 2020 - 18:00
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Date à venir

Les doigts fébriles de William s'affairaient à tracer des cercles imaginaires avec le bâton de son cocktail estampillé Havana. Seul moyen de s'empêcher de faire lui-même les cent pas en se bouffant les ongles.
Il fit rouler le bâton entre les glaçons, tamponna un peu la menthe qui s'écrasait au fond du verre. Il avait prit un cocktail, William, même si ce n'était pas une gonzesse, pas vrai ? Il avait juste besoin d'oublier qu'il devait de l'argent à un contrebandier, tout en gardant esprit à l'affut au cas où l'homme à la gavroche pénètrerait dans l'établissement. Voilà plusieurs semaines que le sorcier vivait comme un lapin recroquevillé dans son terrier, pointant le bout de son museau uniquement pour le strict nécessaire. Ce soir, une unique fois, il s'était laissé aller en se rendant au Endless Desire.

L'endroit s'érigeait fièrement sous une forme de rose rouge, architecture crânement assumée qui fasait rêver les éphèbes en mal de plaisir. Lorsqu'on y pénètrait, le parfum fruité vous prenait la nase, les phéromones ambiantes vous prenaiient les tripes. Le désir naissait au creux du ventre, l'excitation éveillait les sens. Un seul mantra ; venir masqué. Cela arrangeait bien les affaires des politicards et autres hauts placés qui ne sauraient être vus en pareil endroit. C'était ainsi qu'on pouvait apercevoir un lapin fricoter avec un loup et Arlequin se retirer avec Scaramouche.

Seule Sarah était contrariée par ce faux minois imposé. Elle qui aimait la perfection de ses traits fins ne pouvait en jouer pour séduire le mâle. Elle avait tout de même fardé de prune ses yeux noisettes et maquillé sa bouche de rouge. Son visage était grimé en Isabella, celui de son compagnon en Lélio. Les regards se posaient sur les amoureux de la commedia dell'arte et s'en détachaient aussitôt comme s'ils avaient peur de s'y brûler.

William était toujours assis au bar et commençait à se détendre. Il prenait d'autant plus ses aises qu'il aperçut les deux jeunes gens se diriger vers lui. Leurs pas étaient assurés, leurs regards, davantage. Ils s'installèrent de part et d'autres de sa personne et la conversation s'entame. Du moins, entre Sarah et William. Lélio semblait muet, comme si sa bouche était déjà occupée à parcourir la peau du sorcier. Dans un ronron joueur, Isabella l'invita à les suivre. Il ne devrait pas, William, il oubliait qu'il avait un sale type sur le dos. Mais pour ce soir, le sale type était loin. Le sorcier ne voyait que la perspective d'une nuit glissé entre les amoureux.

Bottines claqua au sol, croupe ondula. Alors qu'Isabella marchait devant lui, William sentit le souffle chaud de Lélio contre sa nuque. L'homme se pressait un peu plus contre lui. Frisson louvoyait sur la colonne vertébrale du sorcier, chaleur naissait au creux des reins. La fraîcheur de la nuit une fois le trio à l'extérieur le fit se sentir encore plus vivant. Il put descendre son masque de médecin de peste. Isabella en fit autant, suivie de Lélio.

William sourit. L'espace d'un instant, il croyait que Lélio...peu importe. Ce n'était pas le cas.
Un homme était appuyé contre le mur de briques, juste à côté d'eux. Le sorcier ne le remarqua pas tout de suite.

- Bonjour, Billy.

La voix goguenarde qui résonna dans un français quasiment parfait le fit s'arrêter net. Frisson il y avait toujours, mais celui-ci était de terreur. William voulut reculer, se heurta au torse de Lélio.

Le dos de Cébren se décolla du mur de briques. Ses yeux gris observaient avec curiosité le couillon qui croyait le berner. William leva les mains, balbutia péniblement :

- Att-attend Cébren, je peux tout t'expliquer...

Le premier coup était donné. Le sorcier vacilla, tomba à genoux. Lélio et Isabella disparurent dans la nuit, laissant le patron régler ses comptes avec son client.

- Cébren....implora William.

Un autre coup suivit le précédent.

- Qu'est-ce que tu veux m'expliquer, Billy ? On avait un accord non ? Un accord que tu n'as pas respecté. Et ça, tu vois, Billy, ça a le don de m'énerver.

Un troisième coup. William gémit, se roula en boule.

- S'il te plaît, Cébren..je vais te rembourser...je te le promets...

Un rire amusé lui répondit. Cébren s'agenouilla, lui chuchota au creux de l'oreille.

- Trop tard, Billy. Maintenant, c'est le double que je te demande.

Il se redressa.

Crac.

William retint un hurlement de douleur. Le nez était cassé. Les coups de pied tombaient en déluge sur son ventre malgré ses supplications. A la fin, il finit par ne plus du tout supplier. Juste attendre.
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Cébren Gallagher
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Lun 14 Déc 2020 - 22:04
Remember when we used to laught ?Lévine & Cébren
There's a starman waiting in the sky. He'd like to come and meet us but he thinks he'd blow our minds. ( Starman → David Bowie ) •••La nuit. Il faisait frais. Pas froid. Pas comme hier. Pas comme le reste de la semaine. Il pleuvait. Il aimait la pluie. Elle était belle. Un rideau perçant les néons, chassant le jaune des lampadaires. Il était à l'abri. Il observait la rue. Elle était animée. De ces couples qui se tiennent par la main, qui s'enlacent sous la Lune, qui s'embrassent sur les quais. La tempe contre la vitre, il retraçait le bleu des panneaux publicitaires, le rouge des terrasses nocturnes bondées, et le vert des restaurants surchargés. Les gouttes sur le carreau étaient comme des bulles. Des pastilles colorées changeant d'inclinaison, de saison. Sur la banquette arrière, il respirait le parfum soporifique d'un sapin dansant sur le rétroviseur. Les rires se cognaient contre les portières. Et sous ses cuisses, il sentait comme le ronronnement d'un chat.

2h47.

Les yeux fixés sur son réveil, Lévine observait les aiguilles se rejoindre avec lenteur. Le nez dans l'oreiller, il inspira les effluves diffuses de son shampoing et de son dentifrice mentholé. Ses draps avaient glissé, soulevant son t-shirt en coton délavé, au groupe dépassé et rétro au possible. Contre ses jambes, à mi-chemin entre ses mollets superposés et sa veste déposée à la va-vite, dans l'empressement d'une douche brûlante, les poils roux se soulevaient dans une respiration entêtante. Les bras empêtrés dans les coussins, les doigts sous le traversin, il ferma de nouveau les yeux, espérant recueillir les muscles crispés qui l'avaient fait couler dans le matelas à son retour.

Il tourna, bousculant d'un coup involontaire son colocataire, qui s'en alla changer de place en sautant sur le parquet. Le grelot de son collier rouge se pressa près de la porte entrouverte sur le couloir et disparu dans le salon. Le coude sur ses paupières, il vacilla sur le dos avec un soupir qui déchargea toute sa frustration. Sur le dos, les tympans a découvert, il percevait au travers du double vitrage, les cris des fêtards de son quartier. De ces alcooliques occasionnels apostrophant un gars pas très réglo à l'embouchure de la ruelle comprimée de ces grilles métalliques trouées par les rats et les animaux errants. Les poubelles débordées encore à son arrivée. Des restes de nouilles bon marché s'étaient collés sous sa semelle. Et derrière un carton de pizza tâché de gras et de saleté, il n'avait pas manqué la queue allongée d'un rongeur se faisant la malle.

Un coin pas très cher, mal situé de l'autre côté d'un pont, le regroupement d'usines abandonnées rénovés en HLM n'offrait pas beaucoup de tourisme, ni de visiteurs. Le jour, les façades de briques ocres replongeaient les esprits dans les affres de l'après-guerre ou de la gloire de la montée de l'ère industrielle. La nuit, les tagues partiellement recouverts d'avis de disparition ou de prospectus publicitaires, faisaient pourrir l'ambiance nostalgique au même titre que les pierres se moisissaient des averses londoniennes. Des prix bradés et des voisins pas trop causant, c'était ce qui l'avait décidé à déménager de cette banlieue pavillonnaire aux maisons copier coller aux lambris cassés, et aux clôtures bordeaux. Il n'était pas de ce monde-là. Il ne l'avait jamais vraiment été. Les volets impeccablement repeint à chaque printemps et les dimanche dans le garage à bricoler une Bentley bradée chez un concessionnaire au sourire colgate, ne remplaceraient jamais la lourdeur des rideaux pourpre, ou les paillettes de luxure d'une soirée libertine.

2h53.

Il regretta son coup d’œil aussitôt cédé. Sa paume essuya ses derniers espoirs, et il bascula le restant de son couvre-lit pour se réveiller d'un chauffage défaillant sur les cuisses. Un frisson remonta jusqu'à ses joues, et il attrapa son jean qu'il avait plié sur la chaise en osier près de sa table de nuit. La ceinture bouclée, il s'osa à poser ses talons sur le sol glacé. En quelques pas, il vérifia la température frôlant une prédiction météo extérieure, sur son radiateur. Il repoussa la tenture lui barrant l'accès à la baie vitrée striée de carrés symétriques, et le panorama le déconcerta autant que son incapacité à dormir un soir de garde. Sur le trottoir, assise les jambes écartées, une fille fumait sa clope une bouteille de bière à côté d'elle. Une silhouette voûtée posée dans l'humidité d'une bouche d'égout béante. Un spectre se fondant dans la fumée du brouillard crépusculaire.

Il redouta un mal de tête. Une fatigue, un vertige le forçant à se rallonger, à prier pour une heure, deux ou trois de repos, lorsqu'il fit volte face pour attraper son paquet près de sa lampe. Il l'alluma, grillant les brumes de réticence sur ses pupilles rétractées. Sa chambre n'était pas grande. Pas vraiment petite non plus. Un rectangle ouvert sur un placard à double pans, deux larges fenêtres aux volets roulants, un matelas sur un sommier épousant les briques rustiques et authentiques encadrant la pièce. Un bureau juste en face accueillit ses paumes pour qu'il puisse enfiler ses chaussures, ses bottes renforcées sur le dessus de plaques intégrées à la couture. Fouillant sur les cintres triangulant dans un ordre précis, les quelques chemises et pull sobres de sa garde-robe, il daigna en attraper un à capuche sans motifs ni distinction. Un noir qu'il accorda à sa casquette qu'il vissa sur ses cheveux, visière devant. Il avait besoin de marcher. De se dégourdir les jambes. Finir de se fatiguer pour grappiller les lueurs du jour jusqu'au lendemain. Les clefs dans les poches de son trois-quart baisant l'arrière de ses genoux, une clope au bec, la baguette dans la manche, il se sentit distant, lointain en enfouissant ses poings dans la doublure de sa veste.

3h02.

C'était comme remonter le temps. Comme revenir des années en arrière. Avec quelques rides en plus. Des problèmes surchargeant des épaules droites, crispées par les phares, par la vitesse des taxis et des klaxons sur les piétons. Porté par la nostalgie, Lévine se laissa aller à un sourire fugace. À une esquisse jointe à cette marche solitaire dans les avenues de la capitale. Des salons étaient allumés. Des télévisions scandaient les dialogues fougueux d'un adieu sur un quai de gare. Des claustras ne cachaient pas la vue sur les danses voluptueuses des stroboscopes épileptiques. Dans ses jambes, il sentait la course folle d'un gamin dans l'arrière-cours d'un bâtiment délabré, sous l'air scandalisé de la dame du rez-de-chaussée. Une femme bedonnante, grisonnante sur ses boucles de paille. Le tabac sur les pommettes, le sang sur les poings, la poussière dans l’ourlet d'un pantalon rapiécé, les promesses dans les veines, l'espoir sur les cils.

La barrière fragile, timide voile le propulsa dans les contours mal éclairés d'un boulevard des embrumes. Le petit garçon les avaient arpenté ces rues. Il les connaissait par cœur. Du nombre de dalles biscornues, à la cache aux trésors derrière les cartons. Des secrets dans des billes volées, dans une miche de pain pillé sur le rebord d'une corniche, des mégots sucés jusqu'aux filtres, des bouchons léchés d'ivresse, des pièces sous la dent pour briser la racine.

La bâtisse à l'abandon, à la pancarte frôlant ses poutres calcinées, il se figea sur le seuil de cette maison l'ayant vu naître. Il ne pouvait pas y entrer. Ni même y songer. Et il se remercia de ne pas avoir eu le masochisme d'enfiler l'anneau acheté dans une vitrine sous couvert d'un héritage empoisonné. Derrière la porte barrée d'une succession de runes, il devinait le lustre écrasé au centre d'un hall damier noir et or. Joyau des plaisirs charnels, d'un trafic illuminant ses jeunes années, le Lotus était devenu de ces squats quadrillés, un peu passoire, à la protection déjouées par des têtes brûlées, des baroudeurs pleurant sous les étoiles. Y revenir était toujours douloureux. Une aiguille dans le crâne lui rappelant ses objectifs, ses démons, ses peurs, ses promesses. C'était comme un pèlerinage. Une commémoration silencieuse à cette innocence volée. À cette enfance déchirée du voile de la cupidité.

Dans son dos, il laissa la grisaille de ses souvenirs collant à son ombre déformée par les vitres pétées, par ces portes à moitié enfoncées des descentes régulières des gardiens d'une paix opaque. Il ne croisa qu'un homme un peu défroqué, la ceinture aux tibias, un loup en diagonal sur le nez, les narines encore rougis du bourbon qu'il exhalait à chaque hoquet. Les lèvres pincées, Lévine l'avait suivi du regard, le délaissant sans chute misérable contre une poubelle, faisant miauler ses occupants et crier son propriétaire à travers ses volets. C'était une odeur que l'on n’oublie pas. Qui reste dans les poumons jusqu'à son dernier souffle. La fête en contrebasse se cognant contre les os. La débauche le faisant transpirer des paumes, et claquer des dents.

L'appréhension dans le bide, tabassant sa montée de moments bénéfiques, il attrapa à bras le corps ses doutes pour les tirer au devant du Endless Desire. Pâle copie de son prédécesseur, il n'avait de clinquant que l'apparence. Un rose tentateur drapant les colonnes romaines encadrant les escaliers. À l'entrée, il ne voyait personne. Les flammes s'invitèrent à ses pensées, et il les manifesta sur l'embout de sa cigarette. La fumée lécha ses sinus dans une inspiration profonde, et descendit sur sa glotte dans une déglutition bruyante.

La musique comblait le silence. Elle ponctuait les pas empressé d'un pauvre gars dont il ne distinguait que l'ombre sur le mur à quelques mètres. Le sourcil arqué, il prêta attention à cette supplique marquant le tempo d'une cymbale éclatée, brisée de l'appui de quatre phalanges.

Avant, c'était lui qui récoltait les louanges des cris, d'un cartilage se fissurant sous son poing. Curieux de saisir la scène, même en cours de route, il marqua un arrêt dans le dos des deux acteurs. Le type perdait déjà sa dignité, et il suffirait que d'un rien au voyou pour lui faire rendre l'intégralité de ses organes. Qu'il les lui vende, lui cède, ou les lui vomisse sur les chaussures. Le filtre entre les doigts, il le massa nerveusement entre le pouce et l'index, dégageant sa voix en raclant sa gorge.

Il l'avait reconnu. Comment l'oublier ?

Un jour, Céb, on sera les plus forts !

La liqueur amère de ces instants précieux gagna sa mémoire, et quand le gavroche se tourna dans sa direction, ce ne fut pas les traits assurés qu'il vit. Mais le sourire rieur et malicieux d'un gosse courant après la vie, après tout ce qu'il pouvait arracher au destin, au monde. Dans sa poitrine, son cœur battit plus fort encore.

« Autrefois, c'était moi qui casser les nez, et toi tu te contentais de regarder. », ses yeux passèrent de l'un à l'autre, et malgré lui, il ne put s'empêcher de sourire, et ce, au détriment de l'état de la victime de son ancien acolyte. De son ami. De son frère. Une sincérité vacillante, fragile. « Bonsoir, Cébren. », il gratta sa joue parfaitement rasée. « Content de te voir en forme. », pour attester de son affirmation, il lui désigna l'arnaqueur d'un mouvement de tête.

Céb ! Un jour, on mangera le monde !

Il n'était pas capable de plus. Il ne bougeait pas, n'amorçait aucune approche, aucun mouvement. Dans ses neurones ne bousculaient l'envie de l'étreinte, de goûter à cette chaleur qui l'avait sauvé à l'époque, et celle de rester sur ses gardes. Méfiance lui murmurait à l'oreille que les gens ne restaient jamais les mêmes. Les adultes étaient cruels. Vils. Sadiques. Céb était différent. Peut-être l'était-il encore.

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Lévine Serger
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Dim 24 Jan 2021 - 21:15
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Il était de ceux-là, William, le vocabulaire hâbleur des distingués hauts placés, le visage d'une symétrie épurée.

Il était bien différent, Cébren, le jargon approximatif, le faciès ni franchement beau ni franchement laid. Pourtant il avait brillé à Poudlard. Il avait appris à lire tard mais les professeurs s'étaient montrés compréhensifs, charmés par sa lueur sauvage dans le regard.

Il était de ceux-ci, William, la fierté maternelle et l'ambition paternelle, un pedigree pure race. Mais il avait eu besoin de l'entacher, sa fourrure immaculée de yorkshire. Une tache noire qui aurait marqué ses poils, qui ne serait pas partie même après plusieurs lavages. Une tache encrée, persistante. Une tache de vie.

Il était tout le contraire, Cébren, le corniaud catapulté dans l'existence par des géniteurs pressés de le voir pousser.

Ils n'avaient rien à voir l'un avec l'autre pourtant William avait trouvé son contact. Dans un bordel avoisinant l'allée des Embrumes, paraît-il. Sorti des lippes d'une p*te, paraît-il. C'était que le nom de Gallagher n'était pas du genre à se trouver sur une carte de visite en papier épais. Il se transmettait par bouche à oreille, voletant ci et là, mémorisé par qui en avait besoin.

Et William avait dépensé tout son argent en amour et autre drogues, plus qu'il n'en avait, plus qu'il ne pouvait.
Le sorcier bien-né ; flambeur sans limites. Il partageait au moins cela avec le contrebandier. Qui n'avait pas l'intention de le tuer. Tabasser un couillon à mort n'était pas de son ressort. C'était bruyant, salissant et ça n'amenait que des emmerdes. Ou presque. Cébren pouvait sentir l'adrénaline pétarader dans ses veines, accélérer les battements de son cœur, lui procurer un sentiment de puissance indicible. Ce cocktail malsain aurait pu lui faire perdre la tête si Cébren avait été homme à rouler pour le pouvoir.

Le contrebandier releva la tête, davantage pour reposer ses poings écornés que pour s'assurer que personne ne l'avait repéré. Ce qu'il y a de beau quand on ne s'arrête jamais de courir, c'est que personne ne peut nous attraper.

Personne.

Personne.

Sauf toi ?


- Autrefois, c'était moi qui casser les nez, et toi tu te contentais de regarder.

Il était de ces enfants là, Cébren, chouf en devenir et finalement cogneur accompli. Bagou de môme et chiot farouche.

Il n'était pas bien différent, Lévine ; la crâne au cœur et le cœur cramé.

- Content de te voir en forme.

Toujours plus en forme que Billy, c'est sûr.
En parlant de Billy....

- Aidez...

Le talon percuta le nez de l'arnaqueur.

Ta gueule Billy !

Le sourire de Cébren ne se fit que plus large. Il se redressa, sa main venant soulever légèrement la visière de sa gavroche pour mieux observer Lévine. Ou plutôt, monsieur Serger. C'était ce qu'il était devenu, après tout, n'est-ce pas ? Un super-héro à la solde des gentils, un chevalier sur son canasson blanc.  

- Content de te voir en vie.

Le contrebandier ne se départit pas de son sourire. Jamais. Porter le dédain aux lèvres comme un étendard. Il enfonça ses mains dans ses poches et contourna William. Il faisait les cent pas sans toutefois s'approcher trop près de Lev.

- Toujours chez les Aurors j'imagine ? Évidemment. Tu remplis tellement bien leurs quotas. Ils ont pas intérêt à te laisser filer.

Provocation d'enfant. Comment pouvait-on le blâmer ? Chaque fois qu'il retombait sur Lévine, il retombait en enfance. Comme les deux garçons qu'ils avaient été.

Évidemment qu'on bouffera le monde, Lev ! Toi et moi !
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Cébren Gallagher
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Jeu 11 Fév 2021 - 20:11
Remember when we used to laught ?Lévine & Cébren
There's a starman waiting in the sky. He'd like to come and meet us but he thinks he'd blow our minds. ( Starman → David Bowie ) ••• Tous les chemins le ramenaient là. Debout, les mains dans les poches, le nez rougis par le froid, la pluie dans les bottes, le tonnerre dans la tête, les souvenirs en frissons sur la peau. Ses insomnies le transportaient sur une civière de cauchemars, de traumatismes sous la lumière de la Lune, à mi-chemin entre un carton plié en quatre et une bouteille ébréchée. Peut-être l'avait-il vu en venant. Cet abri, ce chez-lui contre les pavés, dans la crasse d'un trottoir, la bourse en oreiller, et les espoirs en couverture. Comme une cuve, le vent soufflait toujours fort dans l'allée des embrûmes. Toute la lumière était aspirée par les toits à double pente débordant sur la rue, laissant cascader des geysers par les gouttières. Auparavant ce n'était pas ses pas qui claquaient dans les flaques, faisant valser les gouttes sur les briques en quinconces désordonnés. C'étaient les leurs. De ces visages anonymes aux chapeaux pointus, aux capuches jusqu'au menton. Les mains gelées, bleuies par l'opaque vapeur chaude s'échappant de ses lèvres, il quémandait ses pièces qui résonnaient ce soir dans son manteau. Du bronze frappé d'un sceau de banque, dont les piliers romains imposants n'avaient accroché sa vue qu'une fois suffisamment bien habillé. La richesse reconnaissait ses enfants.

- Quand je serai plus vieux, je braquerai Gringotts et je nous construirai une maison au-dessus de toutes les autres ! Et on pourra cracher sur la tête de ces connards.
- Et s'ils essaient de nous cracher dessus, eux-aussi ?
- Alors, on leur cassera la gueule.


Peut-être était-ce pour ça qu'il se sentait plus à l'aise derrière elle, dans l'ombre de ses sulfureuses festivités. Les doigts serrés autour de son paquet de cigarettes, cherchant dans un tic mécanique monomaniaque à retirer le filme plastique l'enrobant encore sur la tranche, Lévine essaya de ne pas penser à cette vague de nostalgie faisant faillir son sourire factice, pour l'orienter vers le bas en une grimace embarrassée. Sous la casquette d'un cogneur, il revoyait les dents pétées d'une charogne à la poursuite de demain. Un voyou comme il en avait vu temps. Comme il l'avait été. Une sale bête tirant sur le filtre de la vie, comme un fumeur démoli, préférant s'intoxiquer que d'être bouffé par la vermine de l'abandon, de l'oubli. Ils avaient été le cordon d'une famille. La chaleur d'un foyer adossé contre un mur, ou perché au croissant sur les tuiles. Ils avaient rie. Ils y avaient cru. Lui fuyant pour se réinventer, pour combler ses fragments d'enfances en promesses fraternelles.

Toi et moi, on sera les rois. Et plus personne ne nous écrasera.

Les gamins avaient grandi. Le whisky n'avait pas assagi Cébren. L’absinthe ne l'avait pas apaisé lui non plus. Voir son air de canaille ne faisant que réveiller ces moments qu'il aurait souhaité mettre sur pause, ou rembobiner la bobine de leur existence. Il ne se souvenait plus du goût de ce pain, au coin de la rue, qu'ils volaient pour la journée sur un rebord de fenêtre. Ni de la douceur d'un édredon en laine rongé par les mites sur ses épaules. Un instant, il regretta de s'être extirper de la brume des quartiers malfamés. Détalé pour mieux laisser derrière lui ces bribes de joie amère. De bonheur triste.

Parler n'avait jamais été leur fort. Ni à l'un, ni à l'autre. Se confier était synonyme de faiblesse. Avouer c'était une honte. Reconnaître, c'était se résigner. Et Cébren Gallagher raflait la mise à chaque partie. C'était un parieur. Un gredin pipant les dés, triant les cartes pour en faire sortir un cinquième As. Un tricheur faisant payer la trahison d'un coup de pied dans l'arrête nasale d'un arnaqueur trop zélé, et se pensant plus malin qu'un jeune sage, fauchant les derniers sous d'une vie de débauche et d'entorses. Il l'avait apprit sous le son de cloche des réprimandes de coups de bâtons qui vous apprennent à recommencer. À ne pas s'arrêter à la douleur des conséquences. Son appel à l'aide fut accueilli d'un pincement de lèvres. Qu'il la ferme, se dit-il en ajustant le coin de son couvre-chef davantage pour s'occuper, que par réelle utilité. Le visage encore poupin de son ancien ami se fendit de cette esquisse franche qui le fit déglutir. Les coins retroussés dans une satisfaction carnassière, jugeant sa posture droite d'un œil goguenard.

« Content de te voir en vie. »

Était-il sincère ? Pour faciliter le travail de ses neurones insomniaques, il décida que sa méfiance était superflue. C'était Cébren. C'était Céb. Un gosse ayant gagné quelques centimètres, s'endossant de dizaine de kilos d'emmerdes, mais pas un gramme de jugeote. Lévine aurait pu rire. Mais il se contenta de hausser les épaules dans une nonchalance amusée. Ses jambes comblèrent en trois plis l'écart de la distance, jusqu'à ce que lui aussi, surplombe un pauvre vers gesticulant pour s'échapper, de sa plus plate indifférence. Son talon s'écrasa sur ses doigts quémandeurs pour l'en dissuader, sans plus s'attarder sur ses gémissements plaintifs.

« Toujours chez les Aurors j'imagine ? Évidemment. Tu remplis tellement bien leurs quotas. Ils ont pas intérêt à te laisser filer. », la provocation fit mouche, et il sentit ses pommettes se relever d'un rictus. Dodelinant de la tête de droite à gauche, il roula des orbites avec une lassitude diffuse.

Un idiot. Tous les petits frères l'étaient.

Ce monde, il est à nous. Juste à nous deux. On en fera qu'une bouchée.

« Toujours chez les petites frappes j'imagine ? Évidemment. Tu remplis tellement bien leurs quotas. Ils ont pas intérêt à te laisser filer.», répondit-il avec une ironie mordante, arquant son sourcil droit, en adoptant le tempo de parole du trafiquant.

Il décoinça ses phalanges jaunis d’ecchymoses en fin de cycle, pour désigner de l'index, la paume vers le haut dans un balayage laconique, la masse molle étendue sur le sol, buvant la tasse dans l'eau croupie d'un lendemain d'averse.

« Et lui ? », son regard alterna entre les deux concernés, la curiosité plate. « Qu'est-ce-qu'il a fait ? Il a marché sur tes chaussures neuves ? », son semblant d'humour laissa sa place à un froncement de sourcils plus sérieux.

Ça aurait été trop beau. Trop tordant. Avec lui, rien n'était simple. Tout était glissant. Une pente vertigineuse, où les cailloux ne faisaient pas que d'écorcher les genoux. Ils tranchaient la gorge. Ils ouvraient les veines. C'était toujours ça avec Cébren. Jamais dans la demi-mesure. Jamais dans la facilité.

« Ou il a voulu te doubler. Dans quoi tu t'es encore fourré espèce de pauvre con ? », derrière l'insulte siffla la parole d'être présent. De l'empêcher de finir en lambeaux. D'être le plus grand des deux. Comme à chaque fois.
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Lévine Serger
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Lun 15 Fév 2021 - 1:57
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Le fantôme hanté. Cébren était de ceux qui peuplait les rêves nostalgiques de ses anciennes connaissances, la réminiscence acharnée d'un et si. Le souffle mélancolique d'un adulte qui souffrait de voir l'ancien enfant devenir le loup. Le contrebandier était le vague souvenir éthérique. Pas l'inverse. Alors pourquoi les effluves sporadiques de son joint dessinaient l'ombre brumeuse de Lévine Serger ? La silhouette était celle d'un gamin, pas bien grand, pas bien gros, qui s'asseyait sur la table et balançait ses jambes dans le vide. Il ne parlait pas, parce que, avez-vous déjà vu une fumée pourvue de langue ? Mais ses paroles résonnaient dans le crâne nébuleux de Cébren.

- Si tu sautes, je saute.
- Promis ?
- Promis.

Alors que s'était-il passé ? Ils avaient sauté tous les deux pourtant ! Mais pas en même temps. Pas au même endroit. Cependant les souvenirs les oppressaient d'égale mesure ; sur leurs corps, les poings plus âgés avaient joué une mélodie d'horreur. La partition était toujours la même ; coupures, ecchymoses, cicatrices. Cébren n'avait jamais été doué en musique mais savait répliquer une chanson plus terrible encore. Vlan, dans les dents ! Jamais fuir, toujours faire face. Aux vieux gamins presque adultes, aux coups, à la vie. Le contrebandier en portait encore les stigmates. Elles n'avaient pas le panache de celle de Potter mais martelaient la même morale ; l'existence, ça craint.

Lévine s'était avancé, en quelques enjambées. A l'époque, il était plus grand que Cébren. Ses quatre ans d'avance avaient facilité ses quelques têtes supplémentaires. Son talon écrasa les doigts de Billy, comme ça, sans y penser. C'est pas ton jour, mon pauvre Billy. Lév avait toujours cette même indifférence mais le contrebandier sourit. Pas à moi, Lév. Toi et moi nous savons que si tu ne ressens rien, c'est parce que tu ressens trop. Et ce que t'as, c'est pas juste chialer devant un livre triste.

- Toujours chez les petites frappes j'imagine ? Évidemment. Tu remplis tellement bien leurs quotas. Ils ont pas intérêt à te laisser filer.

Cébren écarta les bras, prenant la réplique comme un compliment. S'il ne faisait pas tant attention à ne pas se faire attraper, on aurait pu dire qu'il était la petite frappe la plus cotée du moment. Mais les meilleurs voyous étaient de ceux qui se faisaient oublier. Quitte à ne pas se payer de chaussures neuves. Parfois, c'était compliqué de rentrer dans un magasin les mains dans les poches comme un citoyen ordinaire.

Le jeune sorcier avait vaguement laissé traîner son regard sur Billy quand Lévine l'avait mentionné. C'était qu'il l'avait presque oublié. Comme William avait oublié sa dignité. Il était là, recroquevillé, ses mains contusionnées aplaties sur les vestiges de sa belle gueule.  

- Ou il a voulu te doubler. Dans quoi tu t'es encore fourré espèce de pauvre con ?

Le contrebandier haussa les épaules. La seconde hypothèse était la bonne. Quelle surprise.

- Il m'a pas payé, répondit-il comme si ça justifiait tout. J'avais intérêt à le choper maintenant, il était à deux doigts de se tirer en France...si, si Billy, tu sais que c'est vrai !

William avait vaguement tenté de protester, de dire que c'était faux. Cébren sortit son étui à cigarettes de sa poche, en porta une à sa bouche. Il humecta le filtre et l'alluma avant d'en tendre une à Lévine. Le contrebandier tira une bouffée et expira la fumée par ses narines.

- Peu importe les emmerdes dans lesquelles je me serais fourré, t'aurais été là pour m'en sortir, pas vrai Lév ?

Une autre bouffée.

- J'ai dû causer avec tes petits copains aurors, d'ailleurs. Par rapport à la soirée d'Halloween. C'était une sacrée emmerde pour le coup.
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Ven 19 Fév 2021 - 16:17
Remember when we used to laught ?Lévine & Cébren
There's a starman waiting in the sky. He'd like to come and meet us but he thinks he'd blow our minds. ( Starman → David Bowie ) ••• Les années s'étaient écoulés. Mais face à Cébren, c'était comme si le temps s'était suspendu. Lui avait joué la farce de peupler son monde, son univers, de souvenirs factices, d'une bulle qu'il éclatait des deux mains pour faire apparaître la triste réalité. Céb s'était fondu parmi les grands. À mi-chemin entre la révolte et la soumission. Les doigts écorchés par la vie, par les coups, par les accès de colère, de douleur, les gamins cognaient pour exister. Pour ne pas perdre pied. Pour rester debout. Comme deux chiens enragés apprenant à mordre avant d'aboyer. À attaquer, avant de marcher. À courir, avant d'obéir.

Des molosses dans les rues qui ne manquaient pas. Des laissés pour compte volant par amusant. Braquant par ego. Se révoltant par nécessité. Des mômes à l'air revêche, pas aimable, au nez rougit par le sang, les yeux dorés par la rage. Des chats sauvages rongeant l'aide suggérée, et emmerdant la pitié avec élégance.

Des cartons, ils étaient passés aux murs. Des murs, ils avaient grimpés jusqu'aux toits. Des toits, ils avaient rêvé du ciel entier. Des étoiles en fenêtres, et des comètes en jardin. Ils se l'étaient promis, un jour, ils iraient sur la Lune, sauteraient dans les cratères comme dans des flaques, feraient fleurir un chêne rempli de billets, et construiraient un palais de lingots. Des promesses de grandeurs de bac à sable, de champs de bouteilles de bières sur un terrain vague. Les chimères de voyous au grand cœur. La candeur brutalisée s'était mu en envie de prendre le large, de foutre le feu à un monde déjà flingué, à toute cette cruauté lui déchirant les entrailles.

En voyant la raclure à ses bottes, les os craquant dans les crans de son talon, la face déformée par une grimace misérable, la justice le toisa de sa plus totale indifférence. Maintenant, c'était lui qui commandait, qui avait le dessus, le contrôle le plus absolu sur une situation. Il faisait, et ne subissait pas. Pas de représailles, pas de rideaux rouges, pas de lustre clinquant, pas de fumée de cigare. Il était le chasseur, plus la victime.

La satisfaction fit naître en lui l'étincelle d'un bien-être sadique, fendu ses lèvres d'un rictus indéchiffrable, mauvais, fin, d'une sincérité déroutante. En un battement de cils, il abaissa sa bouche pour en revenir à cette expression sombre se mêlant à l'auréole mystique de la ruelle, à ce brouillard de débauche jouant avec le bas de leurs manteaux.

Derrière le bâtiment, il entendait les basses pulsant dans sa cage thoracique. La musique jazzy d'une trompette enlaçant une contrebasse dans une valse enjôleuse. Il s'attendait en osant une œillade dans son dos, à voir débouler dans une robe courte, l'une des hôtesses un peu droguée, le visage en tableau bleui par l'effort, de la sortie de secours. Un lieu de débauche ressemblant à tant d'autres, s'illustrant désormais en maître ramassant les miettes de ses prédécesseurs, rabâchant des annonces de nouveautés, n'arrivant pas à la cheville des offres de ces concurrents disparus. Un rendez-vous avec ses vices, mais jamais totalement assumé dans les bras de la luxure. Si le lotus fleurissait encore de tous ses pétales, il était persuadé que la moitié des habitués de son remplaçant se rueraient devant le comptoir et dépenseraient sans compter pour les beaux yeux d'une jeune donzelle pas encore en âge de transplaner.

Tous les mêmes.

Quel merdier.  

Absent, son regard avait traîné des pavés, jusqu'à la faible plainte de ce pauvre agneau s'étant cru suffisamment malin pour se frotter à plus forts que lui. Remontant le long du pantalon du contrebandier, il croisa son sourire lorsqu'il aborda leurs désaccords coulant de source. Qu'est-ce-qui pourrait bien pousser Cébren à montrer les crocs ?, s'était-il questionné en éliminant les raisons les ironiques, comme ses chaussures sonnant comme une blague contre sa langue. L'argent, s'était imposé à lui comme un mobile tout trouvé, pour valoir la mâchoire en miette, et l'esprit en lambeau dans un concerto de poing fracassant les dents.

« Il m'a pas payé. », prévisible justification qui récolta un soupir las. « J'avais intérêt à le choper maintenant, il était à deux doigts de se tirer en France...si, si Billy, tu sais que c'est vrai ! », et avec un amusement malsain, il s'intéressa au ver sur le trottoir, qui faiblement, tentait de se dédouaner.

Il le dégoûtait de sa simple existence. Soudainement, il ressentit le besoin de jeter ses godasses une fois débarrasser de lui, en même temps qu'il occulterait son nom de sa mémoire, comme s’il n'avait jamais croisé sa route. Une grimace dédaigneuse germa dans le froncement de ses sourcils, faisant frétiller ses narines d'une envie réprimée d'envoyer sa pointe directement sur son arcade pour le faire gémir plus loin. À la place, il se campa un peu plus sur sa jambe droite, qui supporta quelques kilogrammes de plus. Un poids se faisant plus lourd sur des phalanges déjà bien abîmés, dont les jointures craquèrent de microfissures s'intensifiant sur des nerfs prit en tenaille. Il lui donnait une minute avant de beugler comme un porc que l'on égorge. Ou bien, lui ferait-il le plaisir de ne pas céder trop vite ?

Si pathétique.

Cébren sortit son étui avec cigarettes avec un flegme déroutant, lui en tendant une par politesse, sans doute. Tout aussi nonchalamment que lui, il coinça le filtre entre ses dents, faisant flamber l'embout d'un claquement de doigt, protégeant les étincelles de sa paume, dont la leur cessa en une nuée de brumes en geysers sortant du côté gauche de ses lèvres. Son index et son pouce l'en débarrassèrent après une seconde profonde inspiration.

« Peu importe les emmerdes dans lesquelles je me serais fourré, t'aurais été là pour m'en sortir, pas vrai Lév ? », l'affection nostalgique de ce surnom qu'il avait été le premier à employer, suivi de près par un équipier un peu gênant qui n'avait pas la moindre idée de sa signification, prit le pas sur sa répartie qui se fit moins acerbe et cinglante que prévue. Céb savait trouver les mots justes pour le faire plier. Pour qu'il dise oui. Pour qu'il se fasse berner par son sourire d'enfant terrible. Comme avant. C'était frustrant. Rageant. Mais terriblement plaisant.

« Ou alors, je t'aurai envoyé croupir un peu au trou pour te donner une leçon. », fit-il en détournant les yeux, son sérieux fondant comme neige au soleil sous son ton tournant au murmure doux.

Quel merdier.

« J'ai dû causer avec tes petits copains aurors, d'ailleurs. Par rapport à la soirée d'Halloween. C'était une sacrée emmerde pour le coup. », embraya aussitôt le contrebandier sa cigarette entamée de deux bouffées, ne lui laissant pas le temps de respirer.

« Tu ne risquais rien. Tu es arrivé sur les lieux trop tard pour y être mêlé. », en miroir, il fit tomber un peu de cendre dans son appétit de tabac, qu'il chassa de l'encolure de sa veste d'un revers. « Tes petites affaires t'ont fournis un alibi. De toute manière, tu n'avais pas grand-chose à leur apprendre. », théâtral, il écarta les bras, s'illustrant de sa plus belle esquisse. « Réjouis-toi. Ils ne peuvent pas t'inculper pour ça. »

Revenant à Billy, qui avait enfin arrêté de vouloir s'extirper de sa prise, il le pointa de l'index, pinçant l'arrête de son nez dans le même temps, expirant à plein poumons toute la toxine de son larynx, mais aussi la fatigue de sa journée bien chargée. Lui, il fallait s'en charger, avant qu'il ne devienne un problème plus gênant qu'une épine dans le pied. La matière grise surchargée, tournant à plein régime, il sentit ses synapses ployer, et dans sa boîte crânienne se profilaient une série de scénarios où les retours en arrières s'enchaînaient à grande vitesse, pour apporter un dénouement qui pourrait le satisfaire.

Quel merdier.

« Il a essayé de te filer entre les doigts. Tu penses qu'il va lui falloir combien de temps avant d'aller gentiment se rendre aux autorités, pour négocier sa peine contre ta chute ? », sa voix claqua contre les briques, en même temps qu'il adoptait une posture lâche, les traits crispés par son sérieux, à mille lieux de la faible tendresse dont il avait fait preuve à son égard. Lévine alterna entre les deux hommes, sa langue léchant ses babines, jusqu'aux crans de ses canines.

« Pour avoir la paix, il va falloir s'en débarrasser. », froidement, il se concentra sur la larve gisant au sol, proprement indifférent à son sort funeste. « Une raclure disparue n'alertera personne. », il marqua une pause, pour se pencher légèrement en avant pour dévisager impitoyablement l'arnaqueur, revêtant la parure d'un serpent sur le point de le dévorer.

« Ni ne manquera à personne, pas vrai Billy ? »
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Mer 7 Avr 2021 - 22:03
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Pourquoi tu me suis comme ça, Lév ? Va pas me faire croire qu'une putain de nostalgie à la con t'étreint l'âme, te fait saigner le cœur comme les narines érodées de Billy. C'est pour toucher ton fric à la fin du mois ? Pour te racheter une conscience, la même que tout le pognon que tu te fais en attrapant les vilains ne saurait pas payer ? Allez, Lév. Des criminels à Londres, y'en a des plus gros, des plus vieux, des plus dangereux. Pourquoi tu te fais chier ?

- Tu ne risquais rien. Tu es arrivé sur les lieux trop tard pour y être mêlé. Tes petites affaires t'ont fournis un alibi. De toute manière, tu n'avais pas grand-chose à leur apprendre. Réjouis-toi. Ils ne peuvent pas t'inculper pour ça.

Hallelujah. Une journée de plus, peut-être un mois si Cébren était optimiste, à truander, trafiquer, baiser. L'un après l'autre, ou bien dans l'autre sens, ou bien les trois en même temps.

- Il a essayé de te filer entre les doigts. Tu penses qu'il va lui falloir combien de temps avant d'aller gentiment se rendre aux autorités, pour négocier sa peine contre ta chute ?

Cébren ne se départit pas de son sourire. Il était là, le renard qui se délectait de la concupiscence, équilibriste sur le fil de l’illégalité, marionnettiste de ses clients. Les affaires pullulientes noircissaient son carnet comme le feraient les déboires amoureux d’une jeune fille sur son journal intime.

- Pour avoir la paix, il va falloir s'en débarrasser.  Une raclure disparue n'alertera personne.

Maître Renard considérait le fromage qui gémissait à ses pieds. En face se trouvait probablement le Loup. C’était comme ça qu’il avait toujours connu Lév.

- Ni ne manquera à personne, pas vrai Billy ?

Billy s’agita.
Billy ne comprit pas.  
Ou plutôt si.
Billy comprit qu’il avait une chance sur deux de disparaitre et que son salut reposait contre toute attente sur Gallagher. Pourquoi cet Auror projetait de le buter ? Car c’était ce dont il s’agissait, pas vrai ? Billy balbutia quelque chose d’incompréhensible. Sa langue était trop sèche et pâteuse pour que les deux hommes comprennent quoi que ce soit à son baragouin.

Cébren se lécha les babines, avide de dévorer son fromage. Une lueur s’était allumée dans son regard. Le cadavre de sa cigarette vola et atterrit dans une flaque d’eau. La même que celles qui gisaient çà et là sur le bitume noirci. Elles étaient des miroirs échinés, reflétaient l'avulsion d'un Nous. Le contrebandier se baissa brusquement et attrapa Billy par la nuque sans se soucier de ses chairs molestées. Il le releva, passant son bras sous ses aisselles pour éviter de le voir embrasser le macadam. La tête de l’homme dodelinait mais la main de Cébren se glissèrent dans ses cheveux qui avaient été gominés dans une autre vie pour la tenir droite. Ce putain de judaille n'allait pas crever entre ses doigts. Pas encore. Pas maintenant. Cébren reporta son attention sur Lévine, le souffle haletant, les yeux brillants d'une toute nouvelle ardeur. Il ne parlait pas à monsieur Serger l'Auror. Il parlait à Lév.

- Tu sais très bien que je suis partant, old sport. Qu'est-ce que tu proposes ?

Il sortit sa baguette.

- Je me suis toujours débrouillé en métamorphose. Toi aussi, Lév, pas vrai ? Bien sûr que oui. Tu serais pas devenu c'que t'es devenu si t'avais pas géré tes ASPIC. Alors on le transforme en cafard ? Il ornerait à merveille ton talon verni, Lév. Pleure pas, Billy. Ta famille me payerait le triple de ce que tu me dois pour que tu disparaisses, espèce de fouille-merde.
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Ven 4 Juin 2021 - 11:12
Remember when we used to laught ?Lévine & Cébren
There's a starman waiting in the sky. He'd like to come and meet us but he thinks he'd blow our minds. ( Starman → David Bowie ) ••• Pourquoi je me ferai chier pour toi ? Pourquoi je repenserai à tout ça ? Pourquoi être ici, me rappelle qui on était ? Qui on ne sera jamais ? Qui on aurait pu être ? Pourquoi j'ai envie d'être ce gosse, d'être à nouveau juste Lev et pas Lévine Serger ? Juste un peu ? Pourquoi t'es comme ça ? T'es toujours autant un connard. T'es toujours un enfoiré. T'es toujours aussi paumé que moi, pauvre con. On est toujours deux chats errants. Un renard mal nourrit et un loup sans crocs.

Il avait dû trouver une solution. Un compromis au moins. Un virage sans freinage possible dans l'urgence. Ce n'était ni glorieux. Ni loyal. Ni bon. Ni mauvais. C'était nécessaire.

Le visage figé dans une expression de dégoût et de mépris, les bras croisés pour accentuer sa posture détachée, d'une nonchalance qui l'horripila, aussi sûrement qu'il s'acharna à la garder intacte. Sa bouche s'était arquée, une seconde, d'un rictus menaçant. Un danger lui donnant le frisson de l'adrénaline. Et si quelqu'un venait à sortir en trombe de l'arrière boutique ? Et si on les surprenait, les poings abîmés et le sang au nez ? Nerveusement, il avait suspendu son regard derrière l'épaule de Cébren, jouant des doigts sur les plis de ses manches. Personne n'arrivait. Personne ne les voyait. Et la musique résonnait encore. Toujours plus sourde. Toujours plus forte. Comme un cœur qui faisait à peine battre le sien.

Dans sa veste, le froid s'infiltrait. Et il s'était senti geler. Des pieds à la tête. Du bout des ongles jusqu'aux orteils. Ce n'était pas l'interdit. Ni la peur. Il la connaissait si bien, cette vieille compagne d'une porte rouge, d'un cigare en tapisserie sur un cauchemar sans sens profond. Sans raison ni logique.

Sur les briques dansaient les ombres d'un jeu de lumière, des bulles blafardes des lampadaires vacillants. Et dans l'eau sur les pavés, les lueurs se confondaient en un pele mele décousu. Un arc-en-ciel stellaire dans une larme. L'éphémère poétique le garda confus, un peu statique. Il n'était pas amateur de fantaisie. Ni de philosophie sous une averse. Ni de l'interprétation des pastilles colorées ondulant sous la brise. C'était beau. Seulement beau. Sans qu'il ne se soucie d'épiloguer plus qu'un battement de cil.

Il n'y avait personne. Seulement eux.

Le soulagement de la préservation de leur clandestinité se mût en culpabilité lancinante face à la mine défaite de Billy. Son désespoir lui colla à la peau par un regard. Par une grimace. Par un gargouillis du fond de la gorge. Sa propre cruauté, ce sadisme irradiant des pupilles de Cébren, le terrifièrent plus encore que tout le reste. Tu es comme moi, entendait-il en sourdine, dans le lointain de son subconscient. Tu es comme moi, tu aimes voir les larmes dans ses yeux. Tu aimerais qu'il te supplie pour sa vie. Qu'il s'excuse pour tous les autres. Qu'il se mette à genoux en t'implorant de l'épargner. Comme tu l'as tant fait.

Il avait raison. Au fond, il voulait qu'un coupable paie. Pour sa mauvaise nuit. Pour ses insomnies. Pour la pluie. Pour son reflet diabolique dans les disques dilatés d'une victime le condamnant à la suffocation de ses sanglots. Empoignant son collet de l'index, il filtra un peu d'air sur sa clavicule, espérant que ça ferait cesser les vagues de chaleur angoissée qui le faisant chavirer.

Il ne reçut que la morsure du froid.

Lévine déglutit en détournant honteusement les yeux de ce spectacle qu'il prenait acte d'avoir provoqué. Qui l'avait enchanté. Qui l'avait inondé d'une sensation traître de puissance et de contrôle. Il s'était senti fort, vengeant ses instants de faiblesse. Il s'était senti comme un prédateur. Dangereux et impitoyable. Il s'était senti supérieur, dénigrant jusqu'à la terreur et l'envie de vivre faisant s'agiter péniblement leur victime. Il s'était senti vivant. Il s'était senti respirer librement. Comme devant l'agonie d'une gamine refoulant son désarroi dans une contemplation morbide.

Lui aussi était un charognard. Il jouait au chat. Il jouait au loup.

Il eut la nausée, répugné de sa folie. De ce contentement qui se fanait aussi vite qu'il l'avait aveuglé. Il se trouva pathétique. Pitoyable. Sale. S'il était seul, il aurait cédé à l'appelle de la baignoire et de ses milles promesses punitives.

Les talons dans les flaques, il contracta sa mâchoire sur sa clope, faisant ciller ses narines de la fumée.

« Tu sais très bien que je suis partant, old sport. Qu'est-ce que tu proposes ? »

Cébren sortit sa baguette. Lui recula d'un pas, incapable de soutenir toute cette satisfaction perverse. Elle lui fit mal.

« Je me suis toujours débrouillé en métamorphose. Toi aussi, Lév, pas vrai ? Bien sûr que oui. Tu serais pas devenu c'que t'es devenu si t'avais pas géré tes ASPIC. Alors on le transforme en cafard ? Il ornerait à merveille ton talon verni, Lév. Pleure pas, Billy. Ta famille me payerait le triple de ce que tu me dois pour que tu disparaisses, espèce de fouille-merde. »

Plaintif, il dégagea le cadavre de sa cigarette avec empressement, la faisant se noyer sous ses pieds. Il gonfla ses poumons d'une grande inspiration, réprimant un tremblement en enserrant sa gorge de sa paume. Il serra fort, scarifiant sa peau de l'emprunte de ses doigts. Le souffle lui manquait. Les tâches du malaise constellèrent sa vue. Et il s'arrêta. Aussi stoïque qu'il pouvait l'être. Aussi droit que ses genoux bloqués le lui permettaient.

« Je crois qu'il a eut son compte. C'est pas la peine qu'on en arrive là. », faiblement, il remonta sa main libératrice sur son visage, la gorge enrouée.

Il regarda le sol, fixant son attention sur les pointes de leurs chaussures.

« C'est ridicule putain... », jura-t-il entre ses dents. Nerveusement, il ajusta sa casquette, la faisant glisser sur ses cheveux. Il l'enleva et la remit, relevant finalement le menton.

« Regarde-le. », fit-il avec hystérie, montrant la carcasse vidée d'énergie de Billy. « Il ne te résistera plus. Il va te payer. Et il ne va rien dire. Il te donnera même le double si tu le lui demandes.»

Lévine croisa les bras de nouveau, se balançant d'un pied à l'autre. Les mains prisonnières du contact de ses côtes, il trouva la faille dans le tissu pour griffer le coin de son ongle.

« Pas vrai que tu ne vas rien dire ? »

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Sam 17 Juil 2021 - 21:51
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- Je crois qu'il a eut son compte. C'est pas la peine qu'on en arrive là.

Un râle sourd de frustration tordit ses cordes vocales. Qu'est-ce que tu fous, Lév ? Je sais pas si tu te fous de ma gueule ou si tu fais ton boulot d'Auror mais dans un cas comme dans l'autre je déteste ça. Le soupir de soulagement de Billy ne fit qu'accentuer la colère muette de Cébren qui le punit d'une taloche à l'arrière du crâne pour lui faire fermer sa gueule. Toujours il était le renard, toujours il observait Lév, haletant de la langue entre ses canines, dans l’attente d’une nouvelle pirouette cérébrale. Les yeux gris du contrebandier ne lâchaient pas la silhouette de l’Auror. Le piège rétinien était plus efficace que n’importe quelle corde ou prison de fer parce qu’il ne pouvait s’en défaire. Mais ses traits familiers étaient d’autant plus durs à enserrer entre ses cils que c’était Lév. Son visage lui renvoyait ses propres contradictions à la gueule. Dans sa psyché, ça crachait et ça feulait, ça grattait et ça gémissait. Ses pectoraux se soulevaient au rythme des chuchotis spirituels : par vagues. Ou peut-être que c’est toi que je pourrais buter, Lév. Son cœur manqua un battement ; c’était l’adrénaline du meurtre à venir qui gonflait ses veines comme ses narines. Sa mâchoire se crispa, marquant la présence d’un renfoncement au niveau de ses tempes ; c’était l’angoisse d’Azkaban.

Tuer Serger, c’était ça.

Cébren déglutit, sa glotte tressautant dans un sursaut vivace. Son cœur avait manqué un battement ; c’était le tracé définitif de la croix sur leur amitié déchue. Sa mâchoire s’était crispée ; c’était l’angoisse d’une solitude que la chaleur féminine ne pourra jamais combler.

Tuer Lévine, c’était ça.

- C'est ridicule putain...

Putain ouais.

- Regarde-le. Il ne te résistera plus. Il va te payer. Et il ne va rien dire. Il te donnera même le double si tu le lui demandes.

Le double qu’il dépensera sitôt empoché. Il avait toujours cette allure de chat de gouttière malgré le fric qui passait par ses poches trouées.

- Pas vrai que tu ne vas rien dire ?

Regarde-le ? Non, regarde-nous achever notre coup comme à l’époque. A quel moment t’as quitté la collusion de notre enfance ? On était superbes, Lév, pas par la beauté de nos gueules dégommées mais parce qu’on était ensemble.

La langue gonflée de Billy et même deux de ses dents fêlées ne laissèrent passer entre ses lèvres que des syllabes défoncées.

- Ien s’r. P’o-is.

- Contente toi de hocher la tête, ducon. On pige rien à ce que tu dis.

Billy s’exécuta.
Billy voulait bien baiser les pieds de Cébren si celui-ci lui demandait tant qu’il restait en vie.

Le contrebandier rajusta son manteau. Constata avec agacement que William avait saigné sur le col. Ses yeux pointèrent vers la rose clignotante.

- Je te déconseille le Endless Desir, Lév. Comme t'as pu le voir, c'est complètement infréquentable à cause de certaines crapules. Il jeta un regard dégoûté à Billy. Enfin bref. On te laisse. On a été ravis de te voir, pas vrai Billy ?

Et Billy hocha la tête. Poupée désarticulée aux mains du marionnettiste.
Il était encore entre les mains de Cébren lorsque le contrebandier transplana.
Il était toujours avec Cébren le lendemain en lui versant le double de sa dette.
Mais il était seul deux jours plus tard à Sainte-Mangouste, se remettant de ses plaies, prétextant une rixe qui avait mal tourné. Il veillait tard en ne fermant les yeux que pour reposer l'espace d'un instant ses paupières blessées. Il croyait voir avec le jeu d'ombre du luminaire de sa chambre les silhouettes de l'Auror et du contrebandier car il n'y avait de pire traumatisme que celui de l'esprit.
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Sam 2 Oct 2021 - 21:46
Remember when we used to laught ?Lévine & Cébren
There's a starman waiting in the sky. He'd like to come and meet us but he thinks he'd blow our minds. ( Starman → David Bowie ) ••• Il avait paniqué devant le sang coulant de son nez. Il avait pris peur devant son reflet dans ses pupilles dilatées, laissant sur ses joues des traînées de chagrin. Dans cette crainte bandant ses muscles et le regret de ne pas avoir couru plus vite qu'eux. Il s'y reconnut. J'ai été comme lui. Je le suis encore. Les lèvres pincées d'une boule d'angoisse lui soulevant le cœur, Lévine s'était désespéré de sa sensibilité. De cette cruelle empathie le nouant derrière la ligne. Il se sentit lâche de reculer, de ne pas pouvoir regarder les contours de leurs silhouettes de gamins des rues qui s'éloignaient en riant à tue tête, farceurs d'une blague violente. Il s'en voulut de ne plus être lui. De ne plus porter les bleus et les mains abîmés d'un môme enlaçant la mort de son plein gré et courtisant la violence avec l'innocence de celui qui en déjà trop vu. Qui a déjà trop vécu. Ce chat errant qui méprisait les conséquences et griffer les aides tendues.

Tuer, il l'avait fait. Par devoir, par obligation. Pour répondre aux petits caractères en bas de son contrat de boulot. Tuer pour protéger. Tuer pour soulager la société. La conscience en dilemme moral, il se saignait de voir la crapule sur la balance fragile de la justice. Avant de comprendre qu'il refusait d'en être le bourreau. Ou le décisionnaire. Il ne le mérite pas, lui murmurait une petite voix dans le fond de son crâne. Il te ressemble, tu ne trouves pas ?, surenchérissait-elle. Il est un simple arnaqueur. Pas un meurtrier. Pas un mage noir. Pas un monstre. Le cauchemar des barreaux d'une prison pesa dans son choix. Minime en comparaison à tout ce chemin qu'il fut soudainement conscient d'avoir parcouru. Il  détestait ce monde. Mais pas personnellement cet homme dont il ne connaissait que des traits tordus et détruits.

Ce pas en avant, il le formula en relevant le menton, les mâchoires serrées jusqu'à en avoir mal.

Tu veux le tuer, Cébren ?, aurait-t-il voulu dire plutôt que de se distinguer en hystérie négociatrice. Fais-le seul. Parce que je refuse de tuer un innocent. Il ne l'était pas vraiment. Un peu coupable de larcins sans réels intérêts et impacts. Complice de bonnets plus importants et de criminels d'envergures. Mais il ne l'était pas assez pour qu'il lève sa baguette sur lui. Pour qu'il embrasse à pleine bouche ce poison vicieux qu'était la gratuité.

Il aurait pu en pleurer de frustration. Il aurait voulu en gémir et hurler de rage. Sa fierté lui refusait de fléchir.

Pas comme ça. Pas pour ça, décida-t-il plus durement, fronçant les sourcils, affrontant l'accablante déception perçant le soupir de son ami avec une dignité qui le garda droit. De celui qui avait été son binôme, son frère, son tout pendant une dérive de souvenirs qui lui semblèrent si loin. Il ne reconnut plus les esquisses édentées de ce duo de rats d’égouts.

Il laissa partir celui qu'il était. Et l'ombre d'une famille des rues.

Ce deuil soudain le rendit vide. Un peu avide d'air pur et de silence. Il passa sa paume sur sa mine fatiguée d'insomniaque, faisant couler ses cils sur ses cernes discernables par les halos lugubres des lampadaires. Le sommeil l'avait quitté, emportant avec lui la perspective d'un esprit calme, de pensées éteintes dans les pourtours d'un cauchemar qu'il ne prendrait pas la peine d'analyser le lendemain.

Billy répondit, mais il fit mine de rejeter sa promesse hachée d'un revers. Le bougre hocha la tête à la demande de son geôlier. La peur avait un pouvoir sur les gens. Elle rendait sourd, aveugle et docile. On obéissait en espérant que les coups arrêtent de pleuvoir. La menace était comme une corde. Que Cébren serait libre de lâcher un peu pour mieux le faire espérer, ou tirer pour lui faire comprendre qu'il ne serait jamais totalement exempt de ses engagements. Survivre. Le seul et unique verbe qui comptait. Il survivait. Et survivrait encore.

« Je te déconseille le Endless Desir, Lév. Comme t'as pu le voir, c'est complètement infréquentable à cause de certaines crapules. », lança le délinquant en lorgnant une œillade de dégoût sur son prisonnier. Le surnom lui fendit le cœur, résidus de cette complicité qu'il sentait s'envoler et disparaître petit à petit.

« Comme si tu traînais dans des endroits fréquentables de toute manière. », rétorqua-t-il du tac au tac, pique acerbe et provocatrice. Un humour qu'ils appréciaient avant.

Il s'accrochait encore une seconde à leur amitié de gamins. À ces promesses qu'ils avaient criées à la Lune. Il enterra dans l'acier du regard de Gallagher les souvenirs qu'il chérissait en solitaire. Sa main dans la sienne. Le violet de leurs ecchymoses. Les pièces résistant à leurs quenottes. Les rires dans la nuit. Les jambes dans le vide et les clopes au bec. Il laissa leur amitié dans sa dégaine de voyou un peu chic. Il lui offrit la flamme d'un : Tu ne seras jamais seul, pour le reste des jours difficiles.

« Enfin bref. On te laisse. On a été ravis de te voir, pas vrai Billy ? », le pauvre acquiesça à nouveau.

Lévine aurait désiré une poignée de main. Quelque chose. Plus qu'un salut lancé à la volée. Que ses pas dépassant l'angle et se fondant dans les rues. Il eut froid. Froid de cette discussion qui l'avait éprouvé. Froid de sa mémoire. Froid de Londres. Froid de la fête qui battait son pleins à dix mètres. Froid de lui-même.

Il prit une heure à faire volte face. Il prit le double pour passer la clef dans la serrure de son appartement. Dix minutes à ôter ses affaires. La casquette resta dans l'entrée. Sa veste dans le salon. Son pantalon dans le couloir. Son pull dans la salle de bains. Vadrouillant comme un spectre d'une pièce à l'autre, il ne ressentit pas son chauffage défaillant sur sa peau dénudée.

TW.

L'eau brûlante de sa baignoire ne soigna pas ses plaies. Il tremblait du martellement lui vrillant le crâne. Tu as échoué. Bon à rien. Faible. Lâche. Monstre. Le sang coula, formant un tourbillon dans le savon. Il regarda les gouttes carmin dégringoler sur le diaphane de son épiderme. Doux. Délicat. Il s'échoua au creux de son coude en une rivière coagulant en serpentins. La douleur ne vint pas. Il en ressentit l'amertume, qui s'opposa à la satisfaction de sentir ses soucis quitter son corps. De voir ses émotions en robe rouge rejoindre la fumée de sa cigarette. Il se sentit léger. Et en une expiration, plus rien ne le fit souffrir. Ni Cébren. Ni son père. Ni ses souvenirs. La voix s'était tût.

Et lui avec elle.

Il sortit au quart, au soleil levant. La peau rouge, enflammée et entaillée. Il se mêla à ses draps, bercé par les échos de son cœur dans sa poitrine et les élancements synchronisée venant du bandage. Comme un tambour apaisant.

La tête à vide, il pensa à Billy.

Il y penserait le lendemain.

Mais l'oublierait quelques jours après.

FIN.

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