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[09/09/95] En plein dans le mille ! | Azalée & Jules |Terminé|

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Mar 22 Oct 2019 - 12:03
En plein dans le mille !
feat Azalée Winchester

Samedi 9 Septembre 1995

Pourquoi y avait-il fallu qu’il y ait du brouillard ce matin-là ? De quoi ruiner son super projet de propagande, son premier acte de rébellion de l’année ! Non, pas question de laisser tomber, commando Murphy, on maintient le plan. Ce n’est pas un simple brouillard qui nous barrera la route ! scanda une voix solennelle dans le crâne de la rousse. La voix qu’elle avait toujours imaginée comme celle son alter-ego qu’elle avait côtoyé tout au long des lectures des romans de son père : celle de l’elfe Jules.

Et c’était bien pour lui qu’elle menait ce combat ce matin-même, d’ailleurs. Oui, c’était la cause des elfes qui l’avait fait bondir de son lit avec un entrain encore plus grand que celui qu’on lui connaissait habituellement et qui l’avait fait enfiler ses vêtements moldus en deux temps trois mouvements pour dévaler la minute d’après les escaliers du château, son arc en plastique à la main et son carquois de flèches placé vaillamment autour de son buste. Aurait-on alors pu deviner que Jules Murphy préparait une bêtise ? Eh bien, pas vraiment. Cet accoutrement était devenu habituel quand elle ne portait pas son uniforme, il n’y avait pas un week-end où ne la voyait pas se trimballer avec ce jouet moldu. Mais existait-il des weeks-ends où elle ne faisait pas de bêtise ? Voilà la vraie question.

Après avoir réalisé un rapide crochet par la Grande Salle pour s’empara d’un pancake recouvert de miel – par Merlin, ce qu’elle raffolait du miel ! -, elle déserta le hall du château pour s’engouffrer dans le brouillard matinal qui enveloppait le parc encore endormi. Elle ne s’aperçut même pas que dans son empressement, elle marqua son passage par un filet de miel qui avait coulé de son pancake durant son trajet pour laisser une longue trace dorée entre Grande Salle et la porte menant à l’extérieur.

Elle plissa les yeux pour reconnaître à travers l’atmosphère duveteuse le chemin qu’elle devait emprunter pour se rendre à son poste de tir. Elle pesta dans sa barbe en songeant qu’elle avait planifié ses actions toute la semaine durant pour qu’un maudit brouillard vienne finalement lui mettre des bâtons dans les roues. Pas grave, elle aimait le challenge, puis elle aurait moins de chance de se faire repérer, au moins. Mais son message aurait aussi moins de chance d’être remarqué…

Après avoir avancé de quelques dizaines de mètres, les contours de l’arbre qu’elle cherchait se dessinèrent dans son champ de vision. Elle s’assura qu’elle était bien seule – bien que cela restait difficile à déterminer dans ces conditions -, puis elle rejoignit son poste avec une excitation grandissante. Le moment était venu.

Elle se plaça à côté du tronc de l’arbre, face à l’un des énormes murs du château, de façon à être dissimulée à moitié par un buisson. Si quelqu’un approchait, elle n’aurait qu’à se mettre en boule derrière ce tas de verdure touffu. Elle se redressa, attrapa une flèche dans son carquois, arqua et tira.

La ventouse de sa première flèche vint se coller au mur et elle remercia intérieurement Eileen qui avait lancé un puissant sortilège de glu colorée sur le bout de ses flèches. C’était qu’ils pouvaient être utiles les grands, parfois. Puis, la Cinquième année avait aussi accepté de dupliquer ses flèches, ce qui lui serait bien pratique pour sa mission du jour. Quelle mission, me demandez-vous ? Ah pardon, j’allais oublier.

Son objectif : dessiner les lettres « S.A.L.E. » avec ses flèches sur l’un des murs principaux du château, celui où le plus d’élèves étaient susceptibles de voir son œuvre. La cause des elfes, ça ne rigolait pas avec Jules !
☾ anesidora
Jules Murphy
Admin idéaliste
Jules Murphy
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Mar 22 Oct 2019 - 23:06


En plein dans le mille !



Samedi 9 Septembre 1995,

Être dans un internat avait ses inconvénients. Pas de grasse matinée, et un levé aux aurores pour prendre le petit-déjeuner, des horaires de cours poussées parfois jusque tard dans la soirée, ce qui, pour une petite fille pouvant communier des heures entières avec son oreiller, tout en échafaudant des plans complexes pour un vol organisé de cookies ou de chocolat. Mine de rien, toutes ces pensées étaient bien trop demandeuses en énergie pour un corps comme le siens, qui ne pouvait que carburer aux glucides. Il y avait de quoi être grognon lorsqu'on venait à manquer ! Et Azalée, plus que beaucoup d'enfants de son âge, ne pouvait se passer de son péché mignon, sous peine d'être une effroyable petite peste.

C'est pourquoi, pour son premier week-end de l'année, elle eut un mal fou à soulever ses paupières, venant à fixer le sommet de son lit à baldaquin jaune poussin. Sa mère aurait certainement dit que cette couleur faisait atrocement mal aux yeux, mais elle, pas vraiment. Non, c'était une teinte chaude, accueillante, et lui faisant penser à ses gâteaux favoris après une cuisson à point. Ses narines se dilatèrent sous une inspiration profonde, et c'est avec un sourire à demi-dissimulé par la lourde couverture lui arrivant au-dessus du menton, qu'elle savoura la délicate odeur du bois ciré, s'accordant avec les flagrantes florales qui finirent par emplir ses poumons. Si elle fermait les yeux, juste encore quelques secondes, c'est comme si elle pouvait entendre la voix hésitante de son père lorsqu'il devait arroser les quelques plantes disséminées dans la maison. Un effluve frais, à la manière de la rosée s'écoulant le long des feuilles d'arbres. Bien que très attachée à la chaleur de son nouveau cocon, la perspective de manquer un tel spectacle finit par la convaincre. Aux oubliettes les longues heures de flemmardise, et bonjour exploration !

La blondinette s'empara de Monsieur Noodle qui s'était retrouvé suspendu dans le vide, avant un bras pour se retenir au matelas et s'éviter une chute malencontreuse sur le parquet légèrement recouvert de poussière. Le coinçant par l'un de ses bras sur sa poitrine, elle s'extirpa des draps, gonflant les joues sous la brise glaciale qui frôla ses jambes dévêtues. Orteils frétillants, et cheveux emmêlés, c'est tout de même d'un pas léger qu'elle s'enferma dans la salle de bains dans le but de se débarrasser de son air ensommeillé. Enfin rafraîchie après une heure, et vêtue d'habits moldus plutôt chauds, composés d'un jean clair, des bottes montantes marrons, de son manteau bleu marine et de son écharpe rayée de jaune et de noir, elle commença à se diriger vers la sortie de sa salle commune. Sur le chemin de la grande salle, enfin, c'est bien ce qu'il lui semblait, elle coinça Monsieur Noodle comme elle le put pour nouer sa longue chevelure encore mouillée en une queue-de-cheval approximative. Les couloirs étaient déserts, si bien qu'elle se mit à douter... Ils n'avaient pas cours le Samedi, n'est-ce-pas ?

Dans le doute, c'est en courant qu'elle rebroussa chemin, réveillant au passage ses camarades de chambrer encore endormis, et s'attirant bien évidemment leurs foudres, pour finalement constater une fois son emploi du temps en mains, que non, leurs professeurs leur avaient bel et bien fait grâce de deux jours de repos. Non mais tu as vraiment un petit pois à la place du cerveau, ma pauvre fille !, que lui asséna le vieux grincheux, une fois qu'ils s'installèrent pour prendre leur petit-déjeuner. La première année plissa les yeux vers son voisin, et ce fut seulement la présence de cookies et mêlés à un grand verre de lait, qui l'empêchèrent de lui répondre. Comment ça, c'était une excuse ?

Le ventre pleins, mais tout de même encore gourmande, Azalée ne partit pas à l'extérieur les mains vides. Deux gâteaux coincés entre les doigts, c'est avec surprise qu'elle fit face au brouillard l'empêchant de distinguer le paysage. Voilà qui était frustrant. Très frustrant même ! C'était le panorama qui l'avait attiré de si bon matin à l'extérieur, et voilà qu'elle ne pouvait même pas en profiter ? Un soupir les prit tous deux, et c'est avec l'espoir de tomber sur le terrain de ce sport étrange avec des balais, qu'elle s'engouffra dans la brume opaque. Avec un peu chance, elle pourrait à nouveau observer la danse volante des grands ! Et c'est ragaillardi, qu'elle chantonna, le pas dansant.

« Petit escargot porte sur son dos, sa maisonneeeette. Aussitôt, qu'il pleut, il est tout heureux. Il sort sa têeeeeteeeuh ! », et alors qu'elle s'en allait continuer sa comptine sacrée, son regard bleuté apostropha une silhouette à quelques pas, en embuscade derrière un buisson. Il y avait des ninjas dans cette école aussi ? Le pas feutré, elle se faufila vers l'archère pour admirer l'arme de destruction qu'elle tenait entre ses mains. Si elle avait su au moment de son arrivée, elle aurait opté pour un double cursus ! Sorcière et lanceuse de petits triangles métalliques ! « Coucou ! », dit-elle donc fortement après quelques secondes de silence, de sorte à faire sursauter la rouquine. « Tu fais quoi toute seule ici ? Tu joues à cache-cache ? », demanda la petite sur la pointe des pieds pour fixer le mur visé par les attaques de la plus âgée.

« Je peux jouer moi aussi ? », essaya-t-elle toute sourire, en s'approchant de la cachette à pieds joints en des bonds calculés, Monsieur Noodle toute contre elle. « Monsieur Noodle me dit que ça peut être drôle, et moi, j'aime quand c'est drôle, pas toi ? »

974 mots

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Mer 23 Oct 2019 - 18:15
En plein dans le mille !
feat Azalée Winchester

Samedi 9 Septembre 1995

Depuis toutes petites, les jumelles Murphy avaient été bercées par les histoires rocambolesques des deux elfes de la Vallée des Rêve, saga dont leur père était l’auteur. Dans cet univers enchanté, les elfes étaient des créatures magiques qui tiraient leur puissance de leur connexion à la nature. Alice et Jules étaient deux elfes vagabonds ayant décidé de s’émanciper de leur peuple d’origine pour parcourir la Vallée des Rêves, en quête de liberté et d’aventure. Mais ici, dans la réalité du monde sorcier qui avait ouvert ses bras à l’une des deux jumelles, les elfes se trouvaient bien loin de la description précédemment énoncée. Les elfes, les vrais, n’était pas libres. Pas de naissance, du moins. Quelle honte ! Oh scandale. Quelle misère ! Oh désespoir. Comment la communauté sorcière pouvait-elle fermer les yeux sur les conditions de ces être vivants nommés elfes « de maison » ? C’était de l’esclavagisme, tout bonnement. De l’esclavagisme à l’aube du XXIe siècle… Et pourtant, Jules semblait être l’une des seules personnes dans ce château à en être choquée.

Hermione distribuait des badges pour recruter des membres depuis un an maintenant, en vain. Jules, elle, avait tout de suite adhéré quand son aînée lui avait révélé ce qu’était réellement un elfe dans leur monde magique, et depuis, elle portait fièrement son badge où figuraient les lettres S.A.L.E. « Ça signifie : Société d’Aide à la Libération des Elfes. » répétait-elle souvent à son entourage avec toute la fierté d’une militante engagée. Mais, au bout d’un an à récolter des réactions terriblement passives, Jules en était venue à la conclusion qu’un simple badge n’était pas suffisant. Pas suffisant pour marquer les esprits. Alors, s’il y avait bien un objectif qu’elle s’était fixée cet été concernant sa rentrée scolaire, c’était justement de marquer les esprits.

Elle n’avait pas dit un mot à Hermione concernant la mission qu’elle s’était auto-attribuée, sachant d’avance que la 5ème année n’aurait pas approuvé son projet. Surtout maintenant qu’elle avait été nommée Préfète. Jules avait déjà eu le droit à ses nombreuses réprimandes pour les points qu’elle avait fait perdre à leur maison l’année passée ; la fondatrice de la S.A.L.E. était, à son goût, un peu trop rigide vis-à-vis du règlement de l’école. Beaucoup trop, à vrai dire. M’enfin, elle l’a remerciera probablement après coup, quand elle constatera que tous les élèves du château auront le nom de leur association sur le bout des lèvres après avoir assisté à l’œuvre géante de Jules. Car l’heure était à la provocation ! C’était ainsi qu’ils recruteraient de nouveaux membres et qu’ils sensibiliseraient à la cause des elfes de maison, la jeune lionne en était convaincue.

La voilà donc, Jules Murphy, en ce samedi matin, se tenant droite dans l’air brumeux pour viser l’un des murs extérieurs du château de ses flèches ventouses alors que le reste des élèves et du personnel du château était en train de prendre le petit-déjeuner dans la Grande Salle ou encore endormi au creux de leur duvet. Ses dents s’étaient emparées de sa lèvre inférieure dans son état de concentration, alors qu’elle visait avec précision des cibles imaginaires. Il ne fallait pas qu’elle se trompe, le sortilège de glu qui avait permis de renforcer l’efficacité des ventouses ne lui pardonnerait pas la moindre erreur. Mais elle était une bonne archère, ses années de pratique de tir à l’arc dans son enfance moldue ne mentaient pas !

Alors que les deux premières lettres avaient été formées avec brio sur le mur de pierre et que le début du « L » commençait à se dessiner, un son vint briser le silence religieux des environs. Une mélodie, plus précisément, chantée par une voix fluette. Aussitôt, Jules se roula en boule derrière le buisson, puis pria le peuple des fées et des gnomes pour que son mouvement brusque n’ait pas trahi sa présence. Le son de la comptine s’effaça dans les airs. Jules n’osa pas bouger d’un pouce. Tant d’efforts pour être démasquée si prêt du but ? Non, ça ne se passerait pas comme ça, elle-

- Coucou !

Le cœur de Jules loupa un battement et elle sursauta brusquement. Ses cheveux s’emmêlèrent alors autour d’une branche dépassant du buisson et elle laissa échapper un « ouch »  peu discret en se relevant, la tête inclinée douloureusement sur le côté où la mèche sauvage s’était coincée. Elle se contorsionna comme elle pu pour se tourner et faire face à une tête blonde qui lui semblait vaguement familière. Elle la toisa un instant, cherchant dans sa mémoire d’où provenait ce visage aux traits angéliques. Son regard bleu remarqua alors la peluche qu’elle tenait dans une main et le souvenir ressurgit dans son esprit. C’était une élève de première année, un Chapeauflou. La Murphy avait eut le temps d’imprimer son visage sur sa rétine durant les cinq minutes où le Choixpeau avait hésité au sujet de sa maison. Puis, surtout, elle avait eu le temps de retenir la présence de cet ours en peluche qu’elle semblait trimballer partout, sans honte aucune. Un peu comme elle et son arc, s’était-elle fait la remarque.

- Tu fais quoi toute seule ici ? Tu joues à cache-cache ? demanda la Poufsouffle, d’un air candide.

- Nan je- elle hésita un instant, le temps que ses neurones se missent en route. Enfin, oui, c’est ça ! T’as deviné, je joue à cache-cache.

- Je peux jouer moi aussi ?

- Bien sûr !

Alors que la 1ère année se rapprochait par de petits sauts à pieds joints, la rousse fit carburer son cerveau pour trouver une cachette bien loin de la sienne à lui conseiller, de sorte qu’elle puisse continuer tranquillement sa mission. Mais avant qu’elle sa réflexion n’aboutisse, sa cadette reprit la parole :

- Monsieur Noodle me dit que ça peut être drôle, et moi, j'aime quand c'est drôle, pas toi ?

Monsieur Noodle ? C’était qui lui ? Un nouveau professeur ? Pire, un nouveau surveillant ? Changement de plan : ne pas laisser partir la Poufsouffle tant que la potentielle menace de Monsieur Noodle n’était pas écartée.

- C’est qui Monsieur Noodle ? demanda la Gryffondor d’un air hautement suspicieux, sans prendre la peine de répondre à la question de son interlocutrice. Si c’est un piège que tu essaies de me tendre, je te préviens tout de suite, ça ne marche pas avec moi !

Les embuscades, c’était elle qui les menait, pas l’inverse ! Elle jeta un regard rapide vers le mur où un amas de flèches formait déjà un « S », un « A » et la moitié d’un « L ». Trop tard, la Jaune-et-Noire avait déjà remarqué son œuvre de propagande inachevée. Il ne fallait pas qu’elle parte prévenir quelqu’un – encore moins ce Monsieur Noodle - après s’être fait passer pour une petite fille innocente sous cet air d’ange. Alors, Jules attrapa rapidement une flèche, redressa son arc et le pointa sur elle.

- Plus un geste ! Sinon je tire. Réponds à mes questions et j’envisagerais peut-être de te rendre ta liberté.

Oui, elle se croyait menaçante avec sa flèche ventouse pointée vers la poitrine de l’autre fillette, la tête toujours penchée sur le côté à cause de ses cheveux emmêlés. Et, intérieurement, elle savourait ce léger moment de tension où elle avait l’impression d’endosser les responsabilités de sa mission telle l’héroïne d’un roman. Il y avait toujours des imprévues dans les plans, et c’était peut-être justement ce qui les rendait aussi excitants !


☾ anesidora
Jules Murphy
Admin idéaliste
Jules Murphy
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Lun 28 Oct 2019 - 12:18


En plein dans le mille !



Samedi 9 Septembre 1995,

Les bêtises. Ah, les douces bêtises... N'était-ce pas pour ça que les enfants étaient les plus attachants ? Depuis toute petite déjà, Azalée avait mit un point d'honneur a ne pas déshonorer son statut de fille sage, tout au moins en façade devant les grandes personnes, pour mieux comploter une fois qu'ils lui tournaient le dos. Armée de son fidèle frère d'arme, c'était à peine les premiers pas effectués qu'elle s'était mise à la recherche de la perle rare, l'idiotie qui la propulserait dans la bible des records, et qui, des années plus tard, pourrait inspiré les canailles en devenir. Que l'on érige une statue à sa gloire si elle venait à mettre au point le coup du siècle. Monsieur Noodle lui avait soufflé quelques idées, bien entendu, il était passé maître dans la tromperie et la ruse. Alors, qu'elle, c'était par son honnêteté qu'elle se démarquait, ce qui n'était pas pour plaire à son ami. Combien de fois l'avait-il réprimandé lorsqu'une fois un vol commit dans la cuisine à des heures tardives, elle s'était empressée de porter son aide à son père aux champs pour effacer son méfait de sa conscience ? Elle voulait devenir une légende, non ?

Tout ça allait changer dès aujourd'hui ! Nouveau monde, nouvelle école, nouveaux amis, nouveaux lieux à explorer, nouveaux arbres a baptiser d'une escalade bien sentie, nouvelles sucreries à goûter, nouvelles matières à découvrir, et surtout, par dessus tout, nouveaux plans à mettre en marche ! Ici, bien qu'étrangère, mais ne se sentant pas pour autant mise à l'écart comme cela aurait pu être le cas pour bons nombres de ses camarades dans son cas, elle se sentait le courage de changer, d'évoluer. Elle avait le pouvoir d'être qui elle voudrait, après tout, personne ne la connaissait encore. Et ça lui offrait un avantage certains pour ne pas louper le train en marche. C'était décidé, et à marquer d'une pierre blanche, cette année, elle allait se démarquer, montrer que les enfants n'étant pas issus de cette société savaient aussi s'amuser.

Pourtant, ce n'était pas l'envie de s'embourber dans les ennuis qui l'avaient poussé à l'extérieur, mais plutôt les jolis recoins qu'elle voulait mémoriser pour de futures escapades durant son temps libre. Elle avait mis la main sur le terrain de sport étrange, qui consistait à voler sur des balais, tout en se faisant des passes avec une balle faisant la taille de la tête de Monsieur Noodle. Et elle était persuadée en son fort intérieur, qu'il s'agissait là d'une trouvaille d'exception ! Les regarder faire des acrobaties tout s'amusant lui avait rappelé les jeux qu'elle faisait avec ses cousins durant leurs vacances, se courant après dans la forêt pour attraper le foulard de l'équipe adverse. Elle aussi, elle voulait jouer avec eux. Faire comme eux. Ça avait l'air drôle, bien que plutôt dangereux. Mais bien trop impressionnée, pour s'en rendre compte, bien entendu, c'était l’excitation de reproduire leurs figures lorsqu'elle serait en âge de le faire, qui l'avait submergé. Pourtant, étant Samedi, le parc était désert à cette heure de la matinée. Elle n'avait pas croisé âme qui vive depuis le début de sa promenade, mais il en fallait bien plus pour décourager Azalée Winchester. Aujourd'hui était une bonne journée, elle le sentait. Aucun des moments qu'elle avait vécu jusqu'ici n'avait pas été mauvais, et ce n'était pas maintenant que ça allait changer.

Sautillant d'un pied à l'autre, faisant voler dans son dos sa très longue chevelure, c'était avec un enthousiasme à peine contenu qu'elle s'était approchée de sa camarade postée en position de ninja dans son buisson. Joueuse, elle n'avait pas pu résister à la faire sursauter, gloussant à la vue du résultat. Ils se faisaient toujours avoir les grands. Un sourire mutin sur les lèvres, elle l'observa se redresser après sa rencontre fortuite avec une branche. Ça ne faisait pas mal, elle l'avait expérimenté plusieurs fois dans ses tentatives de battre son record de cache-cache. Papa était beaucoup trop fort pour la trouver, si bien qu'elle n'avait jamais pu dépasser les vingt minutes, à son grand désespoir. Mais elle allait s'entraîner, et aux vacances, elle lui montrerait ses progrès à la matière. Foi de Winchester ! Et la grande ici présente pourrait sûrement l'y aider en lui donnant quelques astuces, elle semblait s'y connaître !

« Tu fais quoi toute seule ici ? Tu joues à cache-cache ? », lui avait-elle demandé avec une certaine candeur, ne se doutant absolument pas du méfait de la Gryffondor, et même lorsque son regard bleuté se posa sur le mur qu'elle tentait sur la pointe des pieds d’apercevoir, elle occulta les lettres ventousées s'y trouvant pour mieux se concentrer sur la rouquine. Parce que si elle ne jouait pas, pourquoi est-ce-qu'elle s'était cachée derrière un buisson ?

« Nan je- sembla hésiter la plus grande, et Azalée plissa les yeux, sa tête se penchant sur le côté. Elle ne jouait pas ? Alors, qu'est-ce-qu'elle faisait ? Le détective Winchester mettrait en lumière cette affaire. Enfin, oui, c’est ça ! T’as deviné, je joue à cache-cache. » Ah ! Elle avait deviné juste alors ! Parfait.

« Je le savais ! », s'exclama la fillette en serrant son poing en signe de victoire, son autre bras soutenant Monsieur Noodle juste sous ses pattes avant pour le plaquer contre sa poitrine. Il émit par ailleurs un grognement mécontent quand par mégarde, trop exciter à l'idée de participer au jeu, elle serra un peu trop fort. « Je peux jouer moi aussi ? », demanda-t-elle à peine une seconde plus tard, son sourire revenant à la charge, chassant les quelques suspicions que l'on aurait pu lire dans ses prunelles.

« Bien sûr ! », lui répondit-elle, et c'est trépignant déjà que la première année s'approcha, prête à commencer à jouer. Ses petits bonds la menèrent à quelques pas à peine de la deuxième année, son petit nez dépassant du buisson, lui donnant une vue plongeante sur les écritures tracées sur le mur. S.. A.. I..

« Monsieur Noodle me dit que ça peut être drôle, et moi, j'aime quand c'est drôle, pas toi ? », fit soudain Azalée, voulant exprimer la pensée de son ami qu'elle tenait toujours contre elle, le menton posé sur le sommet de son crâne, entre ses oreilles arrondies. Jouer était amusant, et ce n'était pas lui qui irait lui dire le contraire. Les joues légèrement rougies par l'air frais de Septembre, c'est sur un pied qu'elle fit volte face vers sa camarade, tout aussi souriante qu'elle pouvait l'être à l'idée de pouvoir participer à une activité de groupe. C'était le meilleur moment pour se faire des amis.

« C’est qui Monsieur Noodle ? », demanda la plus âgée sans répondre à sa question. La gamine ne s'en formalisa pas, après tout, elle aussi, trop dans son monde, ne répondait pas souvent aux interrogations, mais souvent à côté, et ne cessait de digresser même en cours. Elle ouvrit donc la bouche pour lui répondre, inspirant un grand coup pour se lancer dans un long monologue. Qui était Monsieur Noodle ? Il lui fallait du temps pour être certaine de ne rien oubliée, et pour rendre hommage à son formidable compagnon de route. Pourtant, elle n'eut pas le temps de se lancer, que déjà, la rouge et or reprenait, avec un ton plus accusateur, qui la fit sursauter. « Si c’est un piège que tu essaies de me tendre, je te préviens tout de suite, ça ne marche pas avec moi ! »

Mais.. Pourquoi est-ce-qu'elle se mettait en colère tout à coup ? Elle avait fait quelque chose de mal ? C'était parce qu'elle l'avait interrompu dans sa partie de cache-cache qu'elle lui en voulait ? Mais, elle n'avait voulu que jouer avec elle, rien de plus. C'était pas bien ? Les lèvres d'Azalée se mirent à trembler, et par instinct, elle serra un peu plus son ours en peluche contre sa poitrine, son sourire se fanant au profit d'une moue attristée. Elle ne voulait pas se faire gronder. « Pa-pa-pardon.. », formula-t-elle dans un geignement à peine audible, ce qui empêcha certainement la plus grande de comprendre sa méprise. Menaçante, elle lui pointa l'une de ses flèches sur le visage, et la petite s'arrêta de respirer le temps de quelques secondes.

« Plus un geste ! Sinon je tire. Réponds à mes questions et j’envisagerais peut-être de te rendre ta liberté. », lui asséna Jules le visage aussi sérieux qu'une tueuse s’apprêtant à faire feu. À nouveau, elle ne pu s'empêcher de sursauter, se reculant d'un pas, les yeux écarquillés sous la surprise. Mais.. Mais.. Elle n'avait voulu que jouer, rien de plus. C'était interdit les caches-caches dans l'école ? Elle n'était pas au courant, et elle n'était pas idiote. Si elle lui avait dit, elle n'aurait pas insisté et serait partie. La peur lui tirailla le ventre, et durant quelques longues secondes, elle ne prononça pas un mot. Mais la peur ne dure qu'un temps chez une petite fille comme Azalée. Et c'est la révolte qui s'y superposa, la supplantant totalement après un nouvel instant de mutisme.

« Je voulais juste jouer avec toi, et tu me menaces ! T'es pas gentille ! Et tu ne toucheras pas à Monsieur Noodle ! », s'exclama-t-elle avec un courage retrouvé, relevant son nez avec fierté. Elle cacha son ours en peluche dans son dos, le regard planté droit dans celui de la rouquine. « C'est mon ami, et je te laisserai pas lui faire du mal avec tes vilaines flèches ! Si tu voulais pas, tu n'avais qu'à dire, je t'aurai pas embêter plus moi ! », elle tapa du pied, nullement impressionnée par l'arme de destruction massive pointée sur elle. Elle n'allait pas se laisser démonter, ça non !

1720 mots

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Azalée Winchester
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Mer 6 Nov 2019 - 15:41
En plein dans le mille !
feat Azalée Winchester

Samedi 9 Septembre 1995

La brume qui flottait sur le parc du château avait dissipé les derniers soupçons de réalité dans l'esprit de Jules pour laisser place au décor de la Vallée des Rêves. Regardez cette elfe téméraire, pointant son arc sur la terrible menace qui s'était mise sur son chemin ! Cette menace aux traits angéliques mais qui dissimulait probablement de grands vices... Une sirène ! Voilà, ce qu'elle était ! Être à l'apparence pure et innocente qui vous envoûte et vous attire jusqu'aux profondeurs sous-marines pour vous offrir en repas à l'impitoyable monstre du néant... Ce mystérieux Monsieur Noodle...

Mais où était donc ses écailles et sa queue, à cette sirène ? 

Elle cachait bien son jeu, la petite Poufsouffle, mais Jules, en rebelle expérimentée, possédait une méfiance affûtée et une fougue tenace face à la menace. Cette élève avait commis une erreur de débutante en avouant d'un air presque candide le nom de la grande personne qui l'envoyait. Elle ne la laisserait donc pas partir avec une dénonciation toute chaude à servir ce Monsieur Noodle. Et à peine avait-elle été percutée par l'expression de ces suspicions, que l'accusée bredouilla une parole inaudible. Quoi ? Qu'avait-elle à dire pour sa défense ?

Les menaces sortirent comme des missiles de la bouche de la rouquine, tandis que sa flèche, elle, restait encore sagement adossée à la corde tendue de l'arc. Bien sûr que non, elle ne tirerait pas. Mais ça, la mini-menace blonde ne semblait pas l'avoir saisi. Bien joué, commando Murphy ! La situation est sous contrôle !

Et, intérieurement, elle s'amusait de cette situation. Ce coup de théâtre qui avait redonner du piment à sa mission. Elle voyait ce contre-temps comme un défi, un challenge à relever pour tester ses capacités d'adaptation, de prise de décision. Pour l'instant, feindre l'attaque. Si cela échouait, ce serait le repli. Mais son plan se déroulait comme sur des roulettes pour le moment.

Puis, une pente glissante.

La moue triste de la Jaune-et-Noire se métamorphosa abruptement en une expression de révolte et la seconde d'après, sa voix subit la même transformation.

- Je voulais juste jouer avec toi, et tu me menaces ! s'offusqua-t-elle de manière bien audible, cette fois.T'es pas gentille ! Et tu ne toucheras pas à Monsieur Noodle ! 

Mais oui, qu'elle prenne cet air offensé, Jules voyait clair dans son petit jeu. Et qu'elle cache son ours en peluche derrière son dos comme s'il s'agissait de Monsieur Noodle, Jules savait que... Que savait-elle, en fait ? Ses sourcils se levèrent et une étincelle de doute parcouru ses iris. Et si...

- C'est mon ami, et je te laisserai pas lui faire du mal avec tes vilaines flèches ! Si tu voulais pas, tu n'avais qu'à dire, je t'aurai pas embêter plus moi !

Et si Monsieur Noodle était en fait cet ourson inanimé ? Cette peluche inoffensive qui ne prenait vie que dans l'imaginaire de la petite fille ? Mais à 11 ans, avait-on encore vraiment des amis imaginaires ? Jules repoussa dans le fond de son crâne la voix de l'elfe qui se préparait à lui partager les nouveaux ordres à suivre pour le bien de la mission. Non, elle c'était différent voyons, ce n'était pas un ami imaginaire, juste une fantaisie de son quotidien qui rendait ses actions plus palpitantes...

Un moment de flottement suivit les paroles révoltées de la blondinette. La corde de l'arc se détendait progressivement alors la compréhension nouvelle de la situation faisait son chemin dans la caboche de la rousse.

Puis, d'un geste franc, elle baissa son arme.

- Mais fallait le dire plus tôt que c'était lui Monsieur Noodle ! s'exclama-t-elle sur la défensive en pointant son doigt vers le buste de l'autre sorcière pour désigner l'ours qui était caché derrière.

Une tension aveugle s'étirait encore, comme un fil, entre leur deux regards. Plus un mot. Plus un geste. Plus de menaces.

Puis, Jules éclata de rire. Un rire parsemé de « Aïe » et de « Ouch » alors que ses mouvements un peu brusques lui rappelèrent que le buisson la tenait toujours prisonnière de ses griffes.

- Désolée, mais la situation portait à confusion. Moi qui pensais que tu voulais me piéger pour ensuite me dénoncer à une grande personne ! Enfin... c'est pas le cas, hein ?

Tu baisses tes défenses trop vite, commando Murphy ! lui cria la voix qu'elle avait condamnée au mutisme une minute plus tôt. C'était que ses actions rebelles commençaient vraiment à la rendre parano. Qu'avait-elle à craindre d'une fillette d'un an de moins qu'elle ? Rien, avait-elle finalement décidé, son avis s'étant propulsé d'un extrême à l'autre.

Puis, en symbole de paix, elle posa son arc à terre. Enfin, c'était surtout pour se libérer les mains et pouvoir enfin se défaire de cet insupportable nœud dans ses cheveux.


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Jules Murphy
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Lun 18 Nov 2019 - 15:32


En plein dans le mille !



Samedi 9 Septembre 1995,

La brume. Le froid. Tout était propice à une invasion. Lord Épinard, vêtu de sa fidèle veste de velours en poil de tapis, regardait l'horizon, fonçant ses larges sourcils filandreux. La brise agita ses tiges, le faisant tanguer sur le côté. Tout était en place. Rien ne viendrait perturber son funeste plan d'attaque. Il devait conquérir le royaume cookie, s'il voulait asseoir sa domination sur l’entièreté des huit contrées sucrées. Depuis onze ans maintenant, il ne parvenait plus à gagner le moindre terrain sur la gouvernante, gardienne du pays Vanille, sur lequel, auparavant, il avait acquit un contrôle incontesté. Jusqu'à la naissance de cette petite arriviste, qui, armée de son terrible inquisiteur à la frite légendaire. Il en avait le seul digne. Un adversaire à sa mesure, qui, à sa grande surprise, l'avait écrasé de son immense patte pelucheuse. Il avait été humilié ! Ses narines se dilatèrent sous son inspiration soudaine, et la sécheresse de la météo lui arracha une toux grasse, qui ne fut pas sans lui faire cracher quelques petits-pois crus, qui s'écrasèrent à ses pieds aussi disproportionnés que ses mains, aux doigts de haricots verts que l'on n'aurait pas équeutés. Un métissage étrange, qui lui avait longtemps valu moqueries et médisances. Il n'était pas un tyran, ça non. Il voulait seulement offrir une alimentation saine à quiconque en ressentirait le besoin. Les légumes étaient essentiels ! Mais depuis le couronnement de la Reine Cookie, plus aucun habitant ne s'étaient décidés à s'offrir quelques carottes ou céleri. Il était méprisé. Chassé de ses terres aux confins du potager asséché pour y mourir.

Mais aujourd'hui, il aurait sa revanche. Il le sentait. Son heure était enfin venue. Depuis des mois, il s'était retranché dans sa forteresse aux mille racines, pour cultiver sa haine. La terrible Serpillière, elle aussi, déchue de ses titres, s'était proposée à lui prêter main forte. Le parc était vaste, et de la même couleur claquante que son ramage. Il serait le renard et elle serait le corbeau. Qu'elle laisse tomber son fromage pour le lui offrir et ainsi, les vitamines et les fibres se déverseront sur le monde avec la fureur d'un poney lancé au triple galop. Le dos droit, son nez allongé pointé vers son objectif à quelques pas. Une tignasse blonde et une rousse. Sa lance allumette dans une main, et les rênes de sa monture fourmis, qu'il avait par ailleurs affectueusement surnommée : Titine, il se sentait galvanisait d'un surplus de confiance. Aujourd'hui, il sortirait enfin des ombres où l'on l'avait reclus. Il enfourcha Titine, mut par un sentiment de toute-puissance, et la lance vers l'avant, s'élança. Il fourragea la végétation dense de cette plaine gigantesque, et alors qu'il touchait enfin au but, son corps rencontra par inadvertance le pied de l'une de deux géantes, qui, armée elle aussi d'une baliste en plastique, lui inspira à la fois crainte et respect. Il s'envola, son corps trop frêle lui procurant un aérodynamisme qui n'avait jamais manqué d'être salué par le jury qui votait à chaque fois ses vols planés. Un 8 pour un. Un 9 pour l'autre. Et enfin, dernière pancarte, brandie par l'inquisiteur suprême, afficha un 10. Lord Épinard s'échoua à plusieurs centaines de mètres, entre une déjection féline, et un terrier de taupes. Il l'aurait. Un jour. Il l'aurait.

***

Bien loin de se douter des rocambolesques aventures de son ennemi de toujours, Azalée venait affronter sa propre tempête, qui, de son regard flamboyant, venait à la narguer d'une flèche mortelle. D'abord apeurée par les remontrances de la plus âgée, qui n'avait pas été sans lui rappeler sa mère lorsqu'elle avait fait une bêtise, elle s'était empressée de s'excuser. Maman disait toujours que lorsque l'on était en tort, c'était ce qu'il fallait faire pour ne pas blesser qui que ce soit. Et, bien loin de composer avec un ego surdimensionné, c'était avec une certaine application qu'elle avait reproduit les enseignements de ses parents au fur et à mesure des années. Ne pas dire de gros mots. Dire bonjour, puis merci, le tout avec un joli sourire. Ça, c'est papa qui y tenait. Elle avait un beau sourire, de ceux qui parviennent à dégeler des cœurs endormis, qui font naître des papillons au creux d'un ventre affamé, qui d'un simple éclat, réveillerait un soleil éteint. Elle était son porte-bonheur, et sa simple présence, sa lumière naturelle, suffisait à chasser les quelques graillons qui auraient pu s'abattre sur les récoltes. La fille du soleil. L'Azalée des champs. C'est ainsi que sa famille la percevait. Et il aurait été mal venu qu'elle ne corresponde pas à cette image plus que poétique.

Il fallait qu'elle soit gentille, un peu candide, même si ça, elle ne l'avait pas réellement décidée, sans doute trop isolé pour se prémunir de l'étreinte délicate de son imaginaire se développant en parallèle de sa croissance sociale. Un peu en marge de ses camarades, un peu bizarre sans doute, trop lunaire pour beaucoup, il lui avait été difficile de mettre de côté ses histoires fantastiques au profit des affres de la réalité. Être une princesse, toujours à l'écoute, silencieuse, mais pas trop, pour ne pas être moquée. Maman la voulait normale. Papa la souhaitait hors norme. Et elle, au milieu de ce conflit perpétuel d'autorités opposées, d'éducations à la fois semblables et différentes. Incapable de concilier les deux à la fois, et se fiant aux approbations des plus grands, elle s'était évertuée à se dissocier des standards que l'on attendait d'elle. Un peu. Parce qu'elle n'était pas certaine d'être prête à affronter la déception dans le regard de ses parents. Pas encore en tout cas. Et il était fort possible qu'elle ne s'en sente jamais capable. Souriante donc. Polie aussi. Mais bavarde, ça, elle n'avait jamais réussit à s'en empêcher. Papa voyait ça comme une musique qu'il pouvait écouter des heures durant tout en travaillant la terre. Maman, elle, lui demandait parfois de se taire. Mais jamais méchamment. Maman n'avait jamais été méchante avec elle. Même quand elle avait cassé son pot de fleurs préféré..  

Donc, elle avait demandé pardon. Pardon pour l'avoir dérangé. Pardon pour avoir été bruyante. Pardon pour lui avoir fait peur. Pardon pour lui avoir demandé de jouer avec elle. Pardon de la mettre en colère juste en mentionnant son meilleur ami. Un simple mot, qui dans son esprit d'enfant résonnait de bien des façons et pouvait englober plusieurs raisons. La tête quasiment basse en signe de pénitence, les regrets pesant lourd sur son estomac, c'était avec surprise, et peur qu'elle l'avait observer pointer l'une de ses flèches entre ses deux yeux. Elle, elle ne possédait aucune arme. C'était déloyal. De un, et de deux, ce n'était pas bien de menacer les gens ! Il fallait d'abord leur parler. C'est ce que grand-papa disait toujours. Et il avait fait la guerre. Alors, il savait de quoi il parlait. Mais, il lui avait aussi enseigné que les méchants, il ne fallait pas les laisser faire. Qu'il fallait s'en défendre pour ne pas finir aussi malheureux que les habitants de son royaume quand ils étaient encore sous le joug de leur dictateur de toujours. Défendre, jamais attaquer. C'est ce que papy disait toujours.

Alors, elle n'attaqua pas. Mais elle se défendit. Enfin, elle défendit Monsieur Noodle plutôt. Menton relevé dans une attitude défiante, assez menaçante pour faire rire une taupe sans ses lunettes, elle s'arma à son tour. Pas d'arc. Pas de flèches. Mais d'une témérité qui lui permit de tenir tête à Jules sans faiblir, sans faillir. L'ours qu'elle tenait dans son dos serait fier d'elle ! Bouche pincée, joues gonflées, elle ressemblait plus à un hamster ayant fini son dîner, qu'à une petite furie prête à bondir. Mais dans son imaginaire, elle se voyait déjà sur son fidèle destrier, regardant de haut cette méchante archère aux oreilles pointues. Elle allait lui faire voir de quel bois se chauffait une Winchester ! Bien qu'elle soit forcée de lever la tête, la fixer de son regard le plus effrayant, qui, avouons le n'aurait pas fait fuir une coccinelle si elle l'avait affronter, elle se sentait l'âme d'une guerrière farouche, sans peur et sans reproche.  

Les secondes défilèrent, et sans doute impressionnée par l'aura de dangerosité que la fillette laissait s'échapper de chaque port de sa peau, la deuxième année abaissa son arme. Un point pour la Reine Cookie. Et toc ! Avec un hochement de tête sec, elle consentit également à rétracter les lasers qu'elle aurait aimé lancer avec ses yeux.

« Mais fallait le dire plus tôt que c'était lui Monsieur Noodle ! », lui lança la plus grande en pointant la peluche qu'elle avait placé à l'abri derrière elle. Oh ! Sa maman ne lui avait jamais dit que c'était pas bien de montrer du doigt ? Parce que la sienne, elle, n'avait pas manqué de le lui répéter une bonne centaine de fois. Elle ne s'en offusqua pas, si ce n'est peut-être une demie seconde, avant qu'elle ne se dandine, d'un pied à l'autre, quasiment sur la pointe des pieds pour se draper dans une cape d'une assurance sortie du chapeau. Résolue à faire prévaloir son pouvoir suprême consistant à bouder jusqu'à ce que les choses se tassent d'elles-mêmes, elle garda le silence. Fait rare venant d'elle. Assez pour le souligner d'ailleurs. Elle ne se laisserait pas avoir aussi facilement, ça non. Elle avait été méchante avec Monsieur Noodle, et ça, elle n'était pas prête de le pardonner.

Enfin, jusqu'à ce que la rouquine éclate de rire. Là, ses résolutions volèrent en éclat, et la petite, ne pouvant résister à une franche rigolade, surtout avec une camarade, ne put retenir le siens, qui quant à lui, ne se ponctua pas d'exclamations de douleur. Les paupières mi-closes devant son hilarité, elle ne cessa pas de glousser durant quelques instants, même lorsque Jules reprit la parole.

« Désolée, mais la situation portait à confusion. Moi qui pensais que tu voulais me piéger pour ensuite me dénoncer à une grande personne ! Enfin... c'est pas le cas, hein ? », à ça, bien que toujours pourvu d'un sourire la faisant ressembler à un chat, tant sa bouche sembla former un trois à l'horizontal, la gamine secoua la tête, faisant résonner un : « hum hum ! », qui alla de pair avec sa réponse négative. Elle savait garder les secrets. Ils étaient sacrés. C'était Monsieur Noodle le gaffeur. Et puis, il était vexé d'avoir été menacé. Mais bon, Azalée le ferait taire. Il n'avait jamais su résister à quelques gourmandises bien acidulées, ce qu'elle, elle n'avait jamais réussie à apprécier. Mais pour cette fois-ci, elle ferait une exception. La voyant emmêler dans les bras crochus du buisson, elle prit la peine de s'avancer en quelques pas toujours aussi sautillant. À croire qu'elle semblait incapable de se déplacer sans ça. Elle coinça l'ours en peluche entre ses genoux, qu'elle serra suffisamment fort pour le maintenir, pas assez pour lui faire mal, et, de ses doigts gantés de laines jaune et noire, elle s'empara de quelques mèches de feu emmêlées.

« Attends, je vais t'aider ! », l'informa-t-elle en tirant sur quelques filins pour les détacher les uns des autres et ainsi pouvoir la libérer de l'emprise du Seigneur Buisson, qui, maintenant qu'elle y pensait, était forcément ami avec Lord Épinard. Elle ne manquerait pas de faire son enquête une fois cette histoire terminée. « J'ai l'habitude avec les miens. Ils s'emmêlent tout partout ! », elle tira un peu, pas vraiment fort non plus, et en quelques manipulations de magicienne experte du démêlage de longue chevelure, elle redonna sa totale liberté à la plus grande. « Et voilà ! », s'exclama-t-elle une fois son oeuvre terminée, se reculant pour tout d'abord pour lever ses mains en l'air en signe de victoire, puis, pour reprendre Monsieur Noodle contre elle. Elle était gentille finalement. Toute méfiance envolée, elle s'approcha de nouveau, juste à côté de l'arc pour regarder le graffiti ventousé. C'était quoi ? S...A... I... Non.. L ?

« Dis, c'est toi qui as fait ça ?, elle pointa le mur d'en face, oubliant les consignes de maman de ne pas le faire, ça veut dire quoi ? », elle tourna son visage vers la plus grande pour l'interroger du regard. Elle était curieuse. Et puis, maintenant que Jules possédait la certitude qu'elle n'irait pas la dénoncer, peut-être parviendrait-elle à l'entraîner dans sa folle mission ?

« Tu fais comme les gens qui peignent sur les murs pour dire qu'ils sont pas contents ? Parce que moi non plus, je suis pas contente, tu vois ! Hier, j'ai vu un garçon qui était tout triste, parce qu'il s'était fait embêter par des grands. Alors, moi aussi, j'étais toute triste. Hum hum ! », elle hocha vivement la tête, puis reprit sur sa lancée, baissant d'un ton pour ne pas mettre tous les feux d'alerte sur leurs petites personnes. « Mon papa, il dit toujours qu'il faut dire haut et fort qu'on est pas content ! Alors, si tu veux, je peux t'aider ! »

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Sam 30 Nov 2019 - 17:11
En plein dans le mille !
feat Azalée Winchester

Samedi 9 Septembre 1995

Parmi les deux embûches qui étaient venues entraver la mission du commando Murphy, l'une avait été brillamment (kof kof) surmontée. La tête blonde n'était finalement pas une menace et l'arc de Jules avait donc rejoint le sol en signe de paix. La forme verte, par contre, n'avait pas rétracté ses griffes et son emprise restait ferme sur les mèches rousses qu'elle tenait prisonnières. Ce buisson était pourtant censé être son alliée durant cette mission, celui qui la couvrait face à l’intrus, non pas celui qui retournait sa veste pour rejoindre le camp adverse et l'attaquer au moindre imprévu ! C'était peut-être un infiltré... Un infiltré pour le compte du Lord Epinard ! Du moins, c'était ce que l'imaginaire de la Poufsouffle aurait très probablement suggéré.

Prête pour ce nouveau combat, Jules s'arma cette fois de ses doigts impitoyables pour les envoyer au cœur du conflit. Le champ de bataille s'avéra alors bien plus chaotique qu'elle ne l'eut cru et, dépourvu d'un bon visu, ses doigts ne parvinrent pas à prendre l'avantage dans leur combat à l'aveugle. Fort heureusement, un renfort se présenta au moment propice.

- Attends, je vais t'aider ! annonça la première année en s'approchant, doigts brandis à son tour. J'ai l'habitude avec les miens. Ils s'emmêlent tout partout !

Et pas n'importe quel renfort : des doigts expérimentés ! Une paire de mains rusée et agile qui renversa l'armée de brindilles en quelques attaques savamment exécutées.

- Et voilà !

Défaite du buisson et victoire des deux sorcières ! Il semblerait qu'une nouvelle alliance vienne de se former à l'orée de cette journée brumeuse.

- Merci ! dit Jules en se redressant avec soulagement. Bon, je crois qu'on n'est pas parti sur de bonnes bases, toi et moi, mais maintenant qu'on a baissé les armes... Elle tendit sa main, presque dans un signe solennel de paix. Moi, c'est Jules.

Et cette scène la ramena un an en arrière quand elle avait rencontré Louisa, sa meilleure amie. Elle aussi, elle lui avait finalement tendu la main après une dispute. Oui, elle avait détesté sa meilleure amie avant de l'adorer. Comme quoi, les relations prenaient parfois des tournants inattendus, comme ce jour-ci où son ennemie de premier abord devenait subitement son alliée dans le serment de deux mains serrées. Et, pour accentuer sa volonté de proclamer la paix – puis un peu pour se faire pardonner de son comportement agressif -, elle attrapa une patte de l'ours en peluche pour la serrer à son tour.

- Enchanté Monsieur Noodle ! dit-elle en gloussant un peu.

Cette dernière réplique s'inscrivait plus dans un jeu d'imitation du comportement de la plus jeune que dans la conviction que l'ours en peluche abritait bel et bien la vie. Elle ne se doutait d'ailleurs pas qu'Azalée considérait son ourson avec autant de sérieux que l'on considérait n'importe quel être vivant ; elle devait savoir dans le fond qu'il n'était qu'imaginaire son ami, non ?

- Dis, c'est toi qui as fait ça ? demanda la Jaune-et-Noire en pointant du doigt le mur recouvert de flèches.

C'était qu'avec la venue perturbatrice de la fillette, Jules en avait presque oublié l'objectif premier de sa présence ici ! Dans un automatisme, elle se baissa un peu pour être à nouveau semie-cachée par le buisson – vicieuse mais bien utile cette touffe verte, malgré tout –, tout en acquiesçant à la question de la blonde. Puis, elle glissa un regard circulaire sur les alentours. Rah, toujours ce maudit brouillard qui l'empêchait de repérer un potentiel ennemi à plus de quelques mètres.

- Ça veut dire quoi ? enchaîna Azalée.

Ce fut au tour de la rousse de diriger ses orbites vers le mur où se dessinaient trois lettres qui n'avaient alors pas plus de sens que la nouvelle méthode d'enseignement purement théorique de Défense contre les Forces du Mal instaurée par le bonbon rose.

- Pas S.A.I. mais S.A.L.E., précisa Jules avant de poursuivre sur son fier refrain, ça veut dire « Société d'Aide à la Libération des Elfes ».

Elle ramassa son arc, décidée à ne pas perdre plus de temps. Bien sûr, elle ne comptait pas laisser Azalée dans le flou, mais elle lui expliquerait l'importance de cette cause tout en continuant son œuvre. Sauf que la Poufsouffle la prit de court en reprenant la parole, tout inspirée qu'elle semblait par l'acte de révolte de Jules.

- Tu fais comme les gens qui peignent sur les murs pour dire qu'ils sont pas contents ? Parce que moi non plus, je suis pas contente, tu vois ! Hier, j'ai vu un garçon qui était tout triste, parce qu'il s'était fait embêter par des grands. Alors, moi aussi, j'étais toute triste. Hum hum ! Mon papa, il dit toujours qu'il faut dire haut et fort qu'on est pas content ! Alors, si tu veux, je peux t'aider !

Mais qu'elle était bavarde, cette petite ! Le regard de Jules se faisait encore un peu plus inquiet alors qu'elle écoutait d'une demie-oreille le récit de son alliée. Enfin, pour être une bonne alliée, Jules allait devoir lui partager quelques conseils de discrétion et de concentration. Car plus le temps passait et moins la mission avait de chances de réussir. Quelle heure était-il d'ailleurs ? Les élèves et professeurs étaient-ils encore en train de savourer leur petit-déjeuner dans la Grande Salle ? Lui resterait-il seulement assez de temps pour finir son œuvre ? Cette dernière pensée se mua en prière intérieure que Jules prit soin de renforcer en croisant les doigts de ses deux mains et de ses deux pieds – aucune stratégie n'était à négliger dans une négociation avec la chance.

- Oui, il faut le dire quand on n'est pas content, approuva la Gryffondor à voix basse. Mais pas toujours haut et fort. Pas maintenant en tous cas ! L'heure est à la discrétion. Alors, si tu veux aider, tu peux faire le garde et surtout : shhh, finit-elle avec un doigt accolé perpendiculairement à ses lèvres.

Puis, elle se tourna à nouveau vers le mur, fit frémir la corde de son arc et propulsa une nouvelle flèche pour entamer l'angle du « L ». Le temps pressait. Elle était concentrée. Elle avait une alliée.

Généralement, Louisa et Tom l'accompagnaient dans chacun de ses plans saugrenus. Mais celui-ci, pour une raison qu'elle ne parvenait tout bonnement pas à saisir, ne les avait pas convaincu. Alors, il avait plu tout un tas d'excuses non-valables pour se défiler de cette mission : le besoin de sommeil, d'une bonne grasse mat' pour Tom ; et l'impératif d'un devoir colossal à rendre pour lundi en Défense contre les Forces du Mal pour Louisa. Trop de fainéantise et de sérieux pour des Gryffondors au goût de Jules. Ne comprenaient-ils donc pas l'importance de la cause des elfes ? Visiblement non. Tant pis, elle était bien décidée à les bouder tout le week-end. Si elle y arrivait.

La présence d'Azalée n'était donc, finalement, pas la plus désagréable. Partager l'adrénaline du risque à plusieurs était toujours plus excitant, même dans le silence religieux de cet instant. Voilà que la rousse en avait même oublié de lui expliquer les objectifs de l'association dont elle faisait la propagande !

Puis, elle se stoppa à mi-chemin dans son geste, prise d'une réflexion soudaine. La première année jouait finalement un rôle important dans cette mission, le rôle que ses propres amis avaient pitoyablement déserté. Alors, il était légitime que la Winchester laisse elle aussi son empreinte sur ce mur, non ? Le mot était presque entièrement formé à présent et Jules avait fait un sans faute. Les lettres s'étalaient certes en des vagues irrégulières, mais l'on reconnaissait sans mal la forme de chacune d'elles. Il ne manquait plus que quelques flèches pour finir la dernière barre du « E ». Et ces flèches, ce seraient celles d'Azalée.

- Tiens, dit Jules à l'attention de son alliée en lui tendant son arc. Tu sais tirer ?

Elle attrapa une nouvelle flèche de son carquois et la fourra dans la main libre d'Azalée, un sourire encourageant sur les lèvres. Elles y étaient presque. Plus qu'un pas vers la victoire. Plus que trois derniers tirs.

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Jules Murphy
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Jeu 2 Avr 2020 - 18:50


En plein dans le mille !



Samedi 9 Septembre 1995,

Grand-maman avait un dicton : Pleins de bonnes choses naissent de l'ennui. Lorsqu'elle venait chez elle, elle aimait s'allonger sur le grand tapis douillé devant la cheminée. Qu'elle soit éteinte ou allumée, Azalée se plaisait à observer les cendres d'une bûche déjà décédée. Elle lui imaginait une vie. Des amours. Des rires. Des chants. Elle avait été vivante, avant que grand-papy ne la passe au fil de sa terrible hache. Peut-être était-elle leur ennemie ? Sinon, le roi des lieux ne l'aurait pas occis pour haute trahison. Coupée. Elle avait été pendue au milieu d'un âtre, pelotons d’exécution comme elle avait pu les voir dans les documentaires de vieux monsieur, que maman voulait regarder le soir. Elle n'y comprenait pas grand chose à ces histoires anciennes où amour ne rimait pas avec glamour, mais couper court. Les querelles d'antan lui étaient étrangères, et à l'abri à l'intérieur de sa petite tête blonde, c'était avec plus de chevalerie qu'elle les imaginer. Et c'est ainsi, que debout, les pieds emmitouflés dans deux pelotes de laine multicolores tricotées à la main, c'était armée du tisonnier rouillé qu'elle partait à la conquête de ce nouveau territoire, de ce royaume encore inexploré. Elle revêtait l'armure des grands jours, sous la forme d'un châle fleuri laissé à l'abandon sur sa route, ou plutôt déposé sur la chaise en osier contre le mur jaune du salon, pour, de son arme sacrée, abattre la sainte justice sur les endives rebelles.

Drapée d'une cape de super-héroïne, la petite se rêvait justicière, sauveuse d'un monde en danger, resté trop longtemps sous le joug des forces du mal. Puis, après un saut en étoile sur le canapé rembourré, c'était en cosmonaute qu'elle se relevait. Les aliens approchaient de la Terre à bord de leur vaisseau en forme de champignon. Elle devait les arrêter. Le châle s'envolait alors pour rejoindre les coussins, aucunement utile pour la suite de sa mission, de son récit imaginaire. Championne d'une arène de confiserie d'un tourbillon, c'était d'un bouclier duveteux qu'elle opposait une résistance à une attaque de sucre d'orge. Accompagnée de Monsieur Noodle, son acolyte, elle s'enfonça un peu plus dans les profondeurs de l'océan grenadine à la recherche de la pomme d'or de la reine des sirènes. La tête devant l'aquarium de Bubulle, sous ses yeux ébahis se dessinaient un décor enchanteur, coraux verdoyants, puis, d'un saut, les bras écartés, c'était une danse qui s'engageait avec le duc rideau. Valse ne s'arrêtant qu'au son du coucou, qui, par un bruit qui la faisait sursauter, mettait fin à son incroyable périple.

இڿڰۣ-ڰۣ—



Grand-maman avait raison. Elle avait toujours raison. C'était en s'ennuyant qu'étaient nées ces plus belles histoires. Qu'elle avait eu l'occasion de naître, de rire, de vivre, de pleurer, mille fois. Un million de fois. Et, aujourd'hui, elle était ici. Tapie derrière les griffes d'un buisson pour observait ce que l'ennui, terrible ennui, faisait faire à l'une de ses camarades. Des bêtises qu'elle aurait elle-même voulu inventer, mettre en pratique, mais qui, sans doute à raison, avaient échoué dans la cervelle d'une autre. Tignasse de feu au vent, aux prises avec l'empire des épines, c'était en opposante qu'elle l'avait apostrophé, pour en alliée lui tendre la main. Elle la délivra donc de la prise ardue et hardie du Lord Buisson. Elle-même en avait l'habitude. Elle était une adversaire coriace, qui n'était pas sans les agacer. Et Azalée n'en était pas peu fière. Une toile d'araignée rousse. C'était joli. Même s'il n'y avait pas assez de soleil. Et ça, c'était dommage. Il était encore trop tôt. Mais c'était aux aurores que se faisaient les plus belles prouesses. Le chocolat n'était le meilleur que sur l'instant, là où le plan avait été exécuté avec succès, tandis que tout le monde dormait. Pour la réussite, pour l’accomplissement d'un coup d'éclat. Et la plus grande n'en était pas à son coup d'essai. Son arme en était la preuve irréfutable. Elle avait de la concurrence. Cette pensée la fit sourire. Elle aimait la compétition la petite. Pas nécessairement gagner. Papa disait toujours que l'important était de participer.

« Merci ! Bon, je crois qu'on n'est pas parti sur de bonnes bases, toi et moi, mais maintenant qu'on a baissé les armes... Moi, c'est Jules. », que lui dit la deuxième année en lui tendant la main. Un signe de paix entre deux guerrières, c'est ainsi que l'interpréta la gamine où dans son esprit où licornes, et dragons étaient chevauchés par des chevaliers courageux. Le menton relevé pour se parfaire à sa vision fantasmée, elle lui empoigna les doigts, pour les secouer vigoureusement, une moue sérieuse imprimée sur le visage. Si ses joues n'avaient pas été aussi gonflées de concentration pour maintenir cette prestance dont elle se croyait pourvue, elle en aurait été convaincante. Mais Azalée n'avait jamais été une grande comédienne. Sauf pour feindre les pleurs. Et ça, papa y était trop sensible.

« Moi, c'est Azalée ! Comme la fleur ! C'est une jolie fleur, comme dit mon papa ! Il y en a pleins dans le champ à côté de chez nous ! C'est tout blanc, c'est tout beau. », des présentations longues, débitées à un rythme rapide, comme si les mots s'étaient engagés dans une course, dans un karting grandeur nature. « Mais je t'en veux pas ! Et lui non plus ! Hein, dis que tu lui en veux pas, c'est pas gentil d'en vouloir aux gens. », cette fois-ci, les yeux de la fillette se baissèrent pour se poser sur la peluche qu'elle tenait tout contre elle. Et si, dans ceux de l'elfe, il demeurait immobile, ce ne fut pas le cas pour elle. Il s'anima, mut de sa propre volonté. Avec sa mauvaise humeur habituelle, il haussa les épaules, grommelant quelques jurons imagés qui la firent glousser. Il s'était levé de la pâte gauche ce matin. Il n'avait pas eu son café matinal. Elle avait oublié. Et s'il n'avait pas le cœur à jeter ses foudres sur la princesse, il ne se gêna pas pour l'archère. Petite impertinente qui avait eu le culot de le menacer. Elle se prend pour qui la frisée ? Elle veut que je lui écrase le groin ?

« Ce n'est pas très gentil de dire ça de ses cheveux ! Ils sont très bien comme ils sont ! Et dis, tu as vu tes poils à toi, hum-hum ! », elle hocha vivement la tête, bien loin de l'échange qu'elles avaient engagé. Avec dépit, bien que le rire qu'elle s'était évertuée à garder à l'intérieur de sa poitrine, manquait à présent de s'échapper. Mais à la place, puisque consciente que l'opération était secrète, elle ne lâcha que quelques petits bruits légèrement disgracieux et ridicules. « Faut pas lui en vouloir, il est un peu bête des fois. », et pour preuve, elle l'aida à se saisir de la patoune de l'ourson, se fichant bien de ses invectives. Non mais oh, il était vraiment malpoli des fois. Pourtant, il avait promis à maman de faire des efforts à l'école.  

« Enchanté Monsieur Noodle ! », que Jules finit par dire, avec un ricanement ressemblant fort au siens. Les deux billes sombres roulèrent dans leurs orbites, et c'est dénué de paupière que le Monsieur susnommé n'eut d'autre choix que d'assister à de pathétiques formalités. Il avait juré d'être moins ronchon. Mais comment ne pouvait-il pas l'être, alors que, après une nuit agitée, il se retrouvait confronté aux assauts d'une stupide petite idiote, à un monstre frisotté armée d'une terrible relique des temps anciens ? Arrière, lâches moi la patte !

« Il est enchanté aussi ! », traduit Azalée avec enthousiasme, faisant fit de l'ordre de son ami, pour définitivement enterrer la hache de guerre. « Faut pas faire attention, des fois, il est pas de bonne humeur du tout. Je crois.. », et elle se pencha en avant, se confondant en murmure de confidence. « Que tu lui as fait peur, hum-hum. », et tout en se reculant, reprenant une distance plus convenable, elle continua de hocher la tête, convaincue de sa théorie. Ça ne pouvait qu'être ça. Et c'était encore une victoire pour l'inspecteur Winchester.

Le conflit clôt, c'est la main placée sur la bouche cousue de Monsieur Noodle, pour empêcher ses protestations, qu'elle se détourna pour faire face à l'œuvre de la militante. Dans son élan, elle envoya valser sa longue chevelure, qui, pour peu qu'elle aurait eu quelques centimètres supplémentaires, s'en seraient aller reproduire la toile de sa nouvelle alliée. Un filin collé à ses lèvres entrouvertes, elle pencha la tête, sceptique. Ça voulait dire quoi ? Pourquoi est-ce-qu'elle faisait ça, la grande ?

« Dis, c'est toi qui as fait ça ? », demanda-t-elle, tout en pointant le mur incriminé du doigt. « Ça veut dire quoi ? », reprit la petite sans attendre de réponse, aussi silencieuse soit-elle. S. A. I... L.. ? Maman disait toujours qu'il ne fallait pas abîmer l'école. Que derrière, c'était quelqu'un qui devait nettoyer. Mais ce n'était pas elle qui avait peint un grand soleil sur la fenêtre du grand hall, parce qu'il faisait tout gris. C'était une idée de Monsieur Noodle. Il n'aimait pas beaucoup la pluie. Ça lui faisait friser les poils. Et puis même si c'était elle, pourquoi est-ce-qu'elle avait été puni pour ça ? Un soleil, c'était joli. Le jaune aussi. Elle en portait maintenant. C'était la couleur de sa maison. Quel était le mal à vouloir observer un soleil plutôt qu'une pluie battante ?

« Pas S.A.I. mais S.A.L.E. , ça veut dire « Société d'Aide à la Libération des Elfes » », précisa la rouquine en suivant enfin son regard. La blonde tourna vivement la tête dans sa direction, puis, avec le même entrain, elle retourna à son observation. Les elfes ? Comme ceux aux grandes oreilles et au long nez ? Ou ceux tout beaux que Maman lui décrivait de son livre préféré ? Mais Legolas n'avait pas besoin d'une société d'aide ! Et il était déjà libre. Par déduction, elle prêta ce mouvement à la défense des petits êtres étranges et adorables qu'elle avait eu l'occasion de voir. Non, elle n'avait pas pensé à lui tirer l'oreille... C'était une idée de Monsieur Noodle. Mais pour sa défense, elle avait pensé à un masque d'Halloween la première fois.

« Tu fais comme les gens qui peignent sur les murs pour dire qu'ils sont pas contents ? Parce que moi non plus, je suis pas contente, tu vois ! Hier, j'ai vu un garçon qui était tout triste, parce qu'il s'était fait embêter par des grands. Alors, moi aussi, j'étais toute triste. Hum hum ! Mon papa, il dit toujours qu'il faut dire haut et fort qu'on est pas content ! Alors, si tu veux, je peux t'aider ! », avec conviction, elle leva son poing vers elle, prête à ce qu'elle tape dedans en signe de connivence, d'alliance. Maman ne serait pas contente. Mais Papa, lui, serait fier que sa petite fille aide à défendre quelqu'un dans le besoin. Ses lèvres se retroussèrent sur ses dents, pour finalement les laisser apparaître en un large sourire. Son plus beau. Jules aussi faisait des soleils. Elle aussi, elle voulait chasser la pluie. Elle voulait rendre des gens heureux. Monsieur Noodle avait tort. Ce n'était pas une vilaine frisée. C'était une belle elfe.

« Oui, il faut le dire quand on n'est pas content. Mais pas toujours haut et fort. Pas maintenant en tous cas ! L'heure est à la discrétion. Alors, si tu veux aider, tu peux faire le garde et surtout : shhh. », une voix basse, priant un silence, qu'elle renforça en mettant son doigt sur sa bouche. Oups. Prise en faute, Azalée alla claquer sa main sur sa bouche, laissant le champ libre à son ami de déverser son venin. Maman lui disait toujours de ne pas parler de trop, sinon, elle risquait de gêner un peu les autres. En quoi, c'était mal de vouloir s'exprimer ? Les grands leur apprenaient à parler, pour finalement leur dire de se taire ? C'était injuste ! Dans un mouvement d'humeur, elle tapa du pied, étouffant les suppliques d'une fleur qui s'était installée sous son talon. Les joues gonflées, elle s'éloigna un peu, bougonne.

Les grands n'étaient pas toujours gentils. Elle en avait eu la preuve il y a quelques jours. Un garçon pleurait. Alors qu'il faisait beau dehors. Elle n'avait pas compris, alors, elle s'était empressé de le questionner. Elle n'aimait pas voir les autres tristes, Azalée. C'était comme si elle l'était aussi. C'était douloureux. C'était comme si on prenait un couteau et qu'on le lui plantait dans la poitrine. Lorsqu'il avait enfin pu trouver un créneau dans le flot de questions de la première année, il lui avait expliqué que l'on s'était moqué de lui. Il était pourtant mignon son nez. Il n'y avait pas de quoi lui dire des choses méchantes. Il ressemblait un peu à une tomate. Et c'était bon les tomates ! Tout le monde aimait ça. Et même Lord Épinard n'en recrutait pas dans son armée. C'était impuissante qu'elle avait essayer de sécher ses larmes, faire taire ses sanglots. Elle lui avait souri, l'avait prit dans ses bras comme le faisait souvent sa maman pendant un chagrin. Elle voulait du Soleil. Du Soleil partout. Surtout dans le regard des gens. Elle était une sorcière, comme grand-papy ! Donc, il devait exister une formule pour que tout le monde soit heureux. C'était ça, son rêve à elle. Que d'un coup de baguette magique, elle puisse effacer toute la pluie dans le cœur des gens.

Rêves ta vie en couleur, c'est le secret du bonheur.

C'était sa phrase préférée, venant de son personnage favori. Poudlard était son pays imaginaire. Un château de conte de fée, avec de la magie. Comme dans toutes les histoires qu'elle s'était imaginée. Elle avait suivi Peter jusqu'ici. Et comme lui, elle viendrait à bout du capitaine crochet d'une main habile. Et elle resterait une enfant perdue. Elle n'avait pas Clochette, mais elle avait Monsieur Noodle ! Elle comme les grands, elle apprendrait à voler. Et pour ça, elle n'avait pas besoin de poussières. Elle allait lui montrer à son nouveau copain, et à Jules aussi, que le Soleil et les couleurs, c'était quand même plus jolis que tout le reste. Ses pertes de morales n'avaient jamais duré bien longtemps. Et une fois de plus, elle le prouva. À la simple formulation de cette conviction, la voilà qui relevait la tête, observant le brouillard avec attention. Yeux plissés, elle prenait sa tâche au sérieux. Si elle voyait quelqu'un, elle ferait le cri de la loutre. Et puis comme son cousin scout le lui avait apprit, elle ferait les gestes d'alerte et de retraite. Elles ne devaient pas se faire prendre. Par trois fois, elle tendit l'oreille aux bruissements de feuille, sur ses gardes. Un écureuil probablement. C'est en tout cas ce que lui souffla son acolyte de veille. Jules était Robin, elle était Petit Jean. Une renarde et un ourson. Le binôme était parfait.

« Tiens. », lui souffla Robin, attirant son attention. Petit Jean se retourna, dressé sur ses pattes arrière, le museau relevé d'intérêt. « Tu sais tirer ? »

Et c'est tout dans son rôle qu'elle s'avança pour s'emparer de l'arc, le visage fermé d'une expression sérieuse. C'est à la vue du sourire encourageant de la rousse qu'elle s'autorisa à relever les coins de sa bouche avec une joie à peine contenue. Elle lui faisait confiance pour terminer son chef d'œuvre. Cette simple pensée la fit bondir et rebondir sur place par cinq fois, avant que, ayant accumulé assez d'élan, elle puisse entourer le cou de la rouge et or du siens, forçant Monsieur Noodle à se joindre à l'étreinte. Elle la relâcha aussi sec, la laissant un peu bras ballants. Ses yeux plissés de sa reconnaissance, elle lui confia son ami qu'elle plaqua contre sa poitrine, avec confiance. Elle lui donnait son précieux arc, elle pouvait bien faire ça. C'était donnant donnant.

« Pas aussi bien que toi, Robin ! Mais je vais te montrer que Petit Jean sait aussi tirer ! », et pour preuve, elle s'empara de la flèche qu'elle arma, sûre d'elle. Grand-Papy avait un arc, un vrai, et elle l'avait déjà observé. Il tremblait lui, mais pas elle. Langue tirée sur le côté, c'est un œil fermé qu'elle prit le temps. Le temps de bien viser. Les munitions étaient comptées et il n'était pas question de ruiner son Soleil ! Presque une minute passa, avant qu'elle ne trouve l'alignement correct. Sa poitrine cessa de se soulever, le temps du tir. Un tir qu'elle voulait juste. La flèche partit à toute allure pour se ventouser au mur. Ce n'était pas parfait. C'était un peu trop bas si on y regardait de plus près. Mais c'était sur le mur ! La barre s'affinait, et c'est satisfaite qu'elle se tourna vers Robin.

« Je n'ai pas ton œil de lynx, Robin ! Mais la prochaine sera meilleure ! », fit-elle, convaincue. Elle tendit sa petite main, dans l'attente de son sésame. « Tu vas voir, on va leur voler leur argent pour le donner aux pauvres ! », sur ces mots, imitant l'ours du Disney, elle s'en retourna à sa cible. Oui, Azalée le voyait clairement maintenant. Ce cercle rouge et blanc scotché sur le mannequin. Elle devait sauver Marianne de griffes du vilain roi Jean sans terres. Pour Richard !, que lui souffla Monsieur Noodle le poing en l'air.

Et dans le mille. La flèche se scotcha à quelques centimètres de la précédente, dans un alignement quasi-parfait. Le E était presque complet. D'un geste théâtral, elle lança son bras vers l'arrière sans faire volte-face. Elle était face à l'ennemi. Un adversaire immobile. Sourcils froncés, et langue toujours tirée, c'est avec lenteur qu'elle encocha la dernière flèche. Elle n'avait pas le droit à l'erreur. Les encouragements de Monsieur Noodle la galvanisèrent, et c'est avec une force redoublée qu'elle banda l'arc. Pour Marianne. Pour Robin. Pour le Roi Richard. Pour les pauvres !

« Pour les elfes ! », ajouta la petite dans son tir. Le E était complet. Une barre presque droite. « En plein dans le mille ! Tope la, Robin ! », elle se retourna vivement, sa joie faisant pétiller ses yeux bleus. Elle lui tendit sa paume, l'envoyant vers le ciel pour qu'elle puisse taper dedans. En échange, elle lui rendit son arme, pour reprendre son ami dans ses bras. Il avait si gentil. Pour le récompenser, elle fourra son museau dans son pelage douillé, pour en humer l'odeur vanillée. C'était réconfortant. Ça sentait la maison. Ça sentait Maman et Papa.

« La prochaine fois, je ferais mieux ! Tu verras ! Et on pourra aider les elfes ! Haut et fort cette fois ! », elle hocha la tête, convaincue. Oui, il y aurait un après. Un prochaine fois. La Winchester en était certaine.

Parce que Robin avait besoin de Petit Jean.

3343 mots

Codage par Laxy Dunbar
Azalée Winchester
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Azalée Winchester

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When I was young, it seemed that life was so wonderful, a miracle, oh it was beautiful, magical.
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Dim 5 Avr 2020 - 16:08
En plein dans le mille !
feat Azalée Winchester

Samedi 9 Septembre 1995

- Moi, c'est Azalée ! Comme la fleur ! C'est une jolie fleur, comme dit mon papa ! Il y en a pleins dans le champ à côté de chez nous ! C'est tout blanc, c'est tout beau.

Jules sourit en écoutant le récit sautillant de sa cadette. Développait-elle toujours autant ses réponses ? Très probablement, oui, si elle était capable de bavarder autant à la simple demande de son prénom. Mais, Jules, ça l'amusait plus qu'autre chose et pas plus tard que la seconde d'après, elle se surprit à répondre, toute galvanisée :

- Mon prénom à moi – Jules - il vient du livre de mon papa ! La Vallée des Rêves, tu connais peut-être ? Eh bien, je m'appelle comme le héros de l'histoire et ma jumelle s'appelle comme l'héroïne : Alice. Ce sont des elfes ! Mais pas des elfes comme ceux du vrai monde magique...

À l'évocation des elfes, Jules se souvint subitement de la raison pour laquelle elle se trouvait là de si bon matin. Eh mince, ce n'était pas le moment de faire la discussion, se reprocha-t-elle. Alors, pour y mettre un terme et aussi pour achever de conclure la paix avec la fleur des champs, elle lui lâcha la main. Puis, après un instant d'hésitation, elle serra celle de l'ourson. Elle gloussa en exécutant ce geste mais au moins, la blondinette ne pourrait pas lui reprocher d'avoir oublié son acolyte.

- Ce n'est pas très gentil de dire ça de ses cheveux ! fit Azalée en réponse à une voix muette. Ils sont très bien comme ils sont ! Et dis, tu as vu tes poils à toi, hum-hum !

La rouquine fronça les sourcils en portant instinctivement la main à sa tête. Ils avaient quoi, ses cheveux ? Elle comprit bien vite quand ses doigts se coincèrent dans un énorme nœud. Par Merlin, il avait la taille d'un Boursouf, ce nœud ! Elle extirpa ses doigts dans une grimace de douleur et recentra son attention sur Azalée.

- Faut pas lui en vouloir, il est un peu bête des fois.

Elle était donc sérieuse quand elle parlait à sa peluche ? Le dénommé Monsieur Noodle était donc bien réel et vivant aux yeux de la Première année ? La Rouge-et-Or aurait voulu lui posé la question mais c'était comme si elle n'arrivait pas à aligner ses mots dans une phrase correcte. Avait-elle peur de vexer la plus jeune si sa question était trop maladroite ? Pourtant, Jules n'était pas de celles qui réfléchissaient beaucoup avant de parler, mais à ce moment-là, sa bouche resta figé dans une position entrouverte sans qu'aucun son n'en sorte. Pour un court instant, heureusement. Azalée enchaînait déjà avec de nouvelles paroles sans remarquer l'air hébété qui s'était collé l'espace d'une seconde sur le visage de son interlocutrice.

- Il est enchanté aussi ! Faut pas faire attention, des fois, il est pas de bonne humeur du tout. Je crois... - la blondinette se pencha en avant pour murmurer à l'oreille de la rousse - Que tu lui as fait peur, hum-hum.

Finalement, Jules décida d'abandonner sa question et de rentrer dans le jeu de la petite en murmurant un petit :

- Oops.

Et elle gloussa à nouveau. D'un rire complice cette fois. Azalée, c'était tout un univers plein de vie et de couleurs qui l'entourait et Jules, elle voulait bien découvrir un peu cet univers. Elle aussi avait le sien, un univers qui reprenait les décors de La Vallée des Rêves pour bercer ses aventures quotidiennes. Car son univers à elle était parsemé d'aventures, oui ! De missions, de révoltes, de plans élaborés des journées entières avec le Club des Cinq pour la justice, pour la joie, pour la liberté ! Là où l'univers de la fille des champs paraissait plus innocent, plus léger, plus doux. Mais tout aussi débordant de vie. Et peut-être bien que l'Imaginaire pastel d'Azalée couplé à l'Idéale éclatant de Jules pouvaient à eux deux créer un somptueux feu d'artifice dont Poudlard se souviendrait pour les années à venir ! Oui, Jules quand elle rêvait, elle rêvait grand ! Et cette explosion de couleur, c'était sur le grand mur face à elle qu'on l'admirerait. Il ne manquait plus que quelques flèches...

La Gryffondor expliqua à la Poufsouffle la signification de l'acronyme qui était à moitié formé sur la façade du château. La S.A.L.E., elle rigolait pas avec ça. Malgré le fait que peu de gens les prenaient au sérieux, Hermione et elle. Même ses meilleurs amis avaient rechigné à rejoindre la cause ! Alors, bien sûr, elle avait réussi à leur faire acheter les badges de l'association mais ce n'était pas pour autant qu'ils étaient allé jusqu'à les épingler fièrement sur leur uniforme comme elle l'avait fait. Et Jules pestait encore souvent le soir, quand elle voyait celui de Louisa traîner sur sa table de nuit, tristement abandonné là sans plus de considération. Heureusement que la jeune militante n'était pas au courant des rendez-vous secrets d'Ariel et Tom dans les cuisines du château, parce que là, c'était la peau de ses deux amis qui étaient mises en jeu si elle l'apprenait. Et ce jour-là, ils goûteraient sans aucun doute à la colère moralisatrice et incendiaire d'une grande révoltée.

Mais peut-être qu'Azalée, elle, serait vraiment sensible à la cause ? Jules ne manquerait pas de lui étaler tous ses arguments – gentiment empruntés à la fondatrice de la société – en faveur de la libération des elfes de maison. Mais plus tard. D'abord, il fallait venir à bout de sa mission pour faire connaître la S.A.L.E. au plus grand nombre ! La Murphy voulait voir les couloirs emplis de ce murmure, voir ces quatre lettres déborder des lèvres des autres élèves, voir leurs regards plein d'interrogation et de curiosité jusqu'à ce que la rumeur fasse son chemin et que la cause touche de plus en plus de monde ! Ça, c'était son projet numéro 1 sur sa liste des choses à réaliser cette année. Et hors de question que cette case-là ne soit pas cochée.

Alors, elle se réarma de son épée – la concentration – et de son bouclier – la discrétion – tout en incitant sa nouvelle alliée à faire de même. Ce qu'elle était bavarde cette Première Année ! Ce n'était pas pour déplaire à Jules mais le moment était particulièrement mal choisi. Par chance, Azalée le comprit et accepta de monter la garde sans rechigner. Jules, sa confiance placée en son brave soldat, pu alors ramasser son arc et se remettre en position de tir. Une, deux, trois, quatre flèches, et encore quelques autres. Jusqu'à ce qu'il ne reste qu'une dernière ligne à dessiner pour achever le « E » final. Prête à arquer l’antépénultième flèche, Jules se figea dans son mouvement pour accueillir un court instant de réflexion. Azalée méritait de mettre sa pièce à l'édifice. Après tout, c'était elle qui avait assuré ses arrières là où ses meilleurs amis s'étaient dégonflés. Alors, l'archère se tourna vers la gardienne du secteur et lui tendit son arme en souriant.

- Tiens. Tu sais tirer ?

La réaction de la Blairelle se fit aussi sautillante que les précédentes. Même un chouïa plus, car cette fois-ci, c'est jusqu'aux bras de Jules qu'elle bondit, s'accrochant à son cou dans un câlin plein de joie et de reconnaissance. Jules, prise au dépourvu par cette démonstration d'affection soudaine, resta figée jusqu'à ce que la blonde mette fin à son étreinte pour répondre :

- Pas aussi bien que toi, Robin ! Mais je vais te montrer que Petit Jean sait aussi tirer !

La référence moldue suffit à détendre d'un seul coup le corps tout crispé de la Murphy et elle sourit du plus grand sourire qu'elle avait pu offrir à Azalée jusque-là. La complicité dans le regard, elle accueillit Monsieur Noodle dans ses bras en chuchotant à son adresse :

- Sors ta mandoline Monsieur Noodle, il est temps de compter la fin de cette aventure !

Jules prit entre ses mains les pattes de la peluche plaquée contre sa poitrine et mima avec les gestes d'un musicien à l'image du coq narrateur - dont elle ne se souvenait plus le nom- du dessin animé, tout en observant Azalée se concentrer pour son premier tir. Si quelques secondes plus tôt elle avait hésité à laisser sa place à Azalée - de peur qu'elle ne sache pas tirer et qu'elle réduise ainsi en miette son projet grandiose -, elle n'y pensait à présent plus, savourant simplement la joie du moment présent, cette joie propre à l'enfance. Enfance qui toucherait bientôt à sa fin, qui s'échapperait dans une explosion de nostalgie après avoir comblé le cœur de la pré-adolescente d'un million de souvenirs pour les années à venir. Alors, tout l'émerveillement qu'elle possédait encore se concentra dans son regard tandis que la première flèche d'Azalée vint se coller au mur. Plutôt pas mal pour un premier tir ! Pas tout à fait à l'endroit espéré mais le « E » restait encore largement faisable !

- Je n'ai pas ton œil de lynx, Robin ! s'excusa Petit Jean. Mais la prochaine sera meilleure ! Tu vas voir, on va leur voler leur argent pour le donner aux pauvres !

Elle avait tout juste, la petite ! La rémunération des elfes de maison, c'était pour demain ! Pour sûr, il fallait qu'elle rejoigne l'association elle aussi.

- Oui ! C'est ça que je veux entendre Petit Jean ! encouragea le renard hardi.

Puis, on ne l'arrêta plus. L'apprenti archère décocha une nouvelle flèche qui, comme promis, fut encore meilleure que la première ! La rousse, épatée, tendit la dernière flèche à son alliée avec un regard entendu, muet et confiant. La dernière flèche, c'était symbolique ! Alors, avec tout le sérieux d'une rebelle en pleine action, elle accueillit le silence solennel de ce moment et admira son arc se tendre une dernière fois.  

- Pour les elfes ! scanda l'archère dans sa prouesse finale et son acolyte répéta après elle, poing en l'air.

- Pour les elfes !  

L'arme élégante et longiligne troua le brouillard matinal sur quelques mètres et, enfin, avec un bruit imperceptible, son bout en ventouse vint embrasser le mur de pierre.

- En plein dans le mille ! s'exclama Petit Jean dans une effusion de joie.

- En plein dans le mille, oui ! confirma Robin en sautant sur place, tout aussi exalté par la réussite de la mission. Bien joué, Petit Jean ! Ça c'est une équipe du tonnerre !

- Tope la, Robin ! 

Ce check, ce fut le puissant symbole d'une victoire. D'une alliance nouvelle. D'une amitié prometteuse.

- La prochaine fois, je ferais mieux ! Tu verras ! Et on pourra aider les elfes ! Haut et fort cette fois !

À ces paroles, ce fut comme un nouvel espoir plein de belles promesses qui fleurit dans le cœur de Jules et, alors, son sourire fut si large qu'elle en avait presque mal aux joues. Elle avait bel et bien dénichée une nouvelle personne prête à défendre la cause des elfes avec elle. Mais une qui le ferait avec sincérité et motivation, cette fois ! Alors, en un sens, sa mission du jour avait déjà porté ses fruits ! N'était-ce-pas ? Jules allait tout lui apprendre. Et ce, dès maintenant.

Sur le chemin les ramenant au château, la Gryffondor expliqua donc à la Poufsouffle ce qu'était qu'un elfe de maison dans le monde des sorciers, pourquoi il fallait les défendre et comment s'y prendre. Première étape : l'achat du badge. Elle voulait qu'Azalée soit officiellement des leurs. Et, alors, elle deviendrait sa fidèle alliée pour la défense des elfes. Son Petit Jean de la S.A.L.E.

FIN ↠  

☾ anesidora
Jules Murphy
Admin idéaliste
Jules Murphy
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