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[14/01/96] Event de Janvier - Les lanceurs d'Alerte - Pré-au-Lard

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Jeu 17 Fév 2022 - 14:09
Event de Janvier - Les lanceurs d'Alerte
Pré-au-Lard
Les peuples ne devraient pas avoir peur de leurs gouvernements. Les gouvernements devraient avoir peur du peuple..
- V pour Vendetta


Petite, elle avait été approchée par un homme d'un charisme envoûtant. Un être à part qui, alors même qu'elle ne savait pas quoi faire de sa misérable vie, lui avait donné un but, une raison de vivre. Dès lors, la sorcière lui avait voué et lui vouait toujours une loyauté sans faille. Si bien qu'avec les années, elle était devenue l'un des membres les plus importants et les plus actifs de leur organisation.

Une organisation qui allait enfin se faire connaître. Une organisation secrète qui s'était infiltrée dans toutes les strates de la société sorcière, aux yeux et à la barbe des ministres, du Lord autoproclamé ou encore d'Albus Dumbledore. L'Œil existait depuis des dizaines d'années maintenant, jouant son jeu dans l'ombre pour assurer un avenir au monde sorcier. La femme s'était impatientée à de nombreuses reprises, toujours rappelée à l'ordre par leur chef, dont seul le prénom Valerian était connu de tous les membres, parce qu'il fallait que leur apparition soit réfléchie pour faire comprendre à la population qu'ils ne pouvaient plus continuer à vivre avec de tels incompétents à leurs têtes.

Et ce moment, c'était maintenant. Elle vérifia que personne n'était présent pour placer le masque lisse sur son visage, métamorphoser ses robes pour leur faire prendre la même teinte immaculée que la cape qui rejoignit ses épaules. Elle sortit dans la Grand-Rue de la petite cité sorcière et, ses talons crissant sous la neige qui recouvrait la route, la traversa sans se formaliser des aurors qui la suivaient depuis son apparition.

C'était un weekend où les élèves de Poudlard pouvaient sortir. Le moment avait été réfléchi avec soin pour laisser à la jeune génération le plaisir d'entendre ce qu'ils avaient à dire. Il était connu que si les parents pouvaient être réfractaire aux changements, les enfants avaient souvent un pouvoir de persuasion bien plus grand qu'il n'y paraissait. Plus elle avançait, plus d'autres sorciers, vêtus de la même manière qu'elle, sortaient des rangs et des ruelles pour la suivre. Quand ils arrivèrent devant les Trois-Balais, ils étaient maintenant une vingtaine.

D'un nouveau mouvement de baguette, la sorcière invoqua une petite estrade et, à l'aide de deux de ses compatriotes encapuchonnées, elle grimpa dessus. Le bois fut ensuite dirigé vers sa gorge et d'un informulé, elle amplifia sa voix.

« Citoyens du monde magique, commença-t-elle, amenant de nombreux passants à se tourner vers elle. N'en avez-vous donc pas assez des mensonges et des secrets de votre gouvernement ?! »

En quelques secondes à peine, elle était devenue le centre de l'attention.

« Le Ministère de la Magie a enfin décidé d'ouvrir les yeux, mais le Ministre refuse encore et toujours la vérité qui se trouve pourtant sous son nez ? Cet incompétent nie encore le retour de Vous-Savez-Qui et de ses fidèles ? Trouvez-vous cela normal d'avoir un gouvernement aussi déchiré, mais, plus grave encore, aussi lent pour comprendre ce qu'il se passe ? »

Elle attendit quelques secondes et en profita pour reprendre son souffle. Elle laissait ses mots pénétrer les esprits. Elle ouvrit grand les bras, théâtrale.

« Et après, ils osent vous vendre des mesures qui vont vous protéger ?! Êtes-vous si naïfs pour ne pas remarquer qu'ils sont complètement dépassés par les évènements ?! »

C'était maintenant le moment clef de son discours. Elle prit une grande inspiration, puis reprit.

« Ils vous cachent la vérité. Moi, je vais vous l'offrir sur un plateau ! Le meurtrier de pré-au-lard n'est pas Sirius Black. Un meurtrier qui, après avoir fait deux victimes depuis le début de l'année, s'est attaqué à un élève le 31 octobre au soir et votre Gazette du Sorcier a fait passer ça pour une plaisanterie de mauvais goût ! Un élève a été enlevé et torturé par ce même individu. Le même soir, une attaque de mangemorts a été perpétré ici même ! Le même soir, deux élèves ont subi les sortilèges de l'Impero et du Doloris, dans la forêt interdite, sous les yeux de leurs camarades plus jeunes, impuissants. Le même soir, une autre élève s'est retrouvée sous l'emprise d'un Impero dans ce même village où nous nous trouvons et s'est fait arracher un doigt par une camarade qui voulait l'arrêter ! Le même soir, des étudiants se sont véritablement retrouvés en danger parce qu'ils ne souhaitaient pas laisser un ami se faire torturer et la plupart ont terminé leur nuit à l'infirmerie de Poudlard ! Trouvez-vous cela normal que ces informations vous aient été cachées ?! Nous parlons de vos enfants ! Nous parlons de notre avenir ! Alors, répondez-moi, comptez-vous laisser votre gouvernement impuni pour ses crimes ?! »

Sous son masque, elle sourit. Les passants s'étaient regroupés par centaines autour d'eux et les murmures et chuchotements s'amplifiaient déjà. La révolution était en marche.



Hors-RP

Chers Veritaseriens,

La flamme de la révolte se lève dans le monde magique et l'Œil fait enfin son apparition au grand jour ! Si le nom de leur cause n'a pas encore été cité et que personne ne sait qui ils sont derrière leurs masques et leurs capes, leurs voix se font quant à elles prégnantes.

Cet event se déroule le dimanche 14 janvier à Pré-au-Lard, soit le week-end suivant directement les évasions d'Azkaban ayant eu lieues le lundi 8.

Tous les personnages adultes, ainsi que les étudiants ayant l'autorisation de se rendre à Pé-au-Lard, peuvent poster dans ce sujet, qu'ils soient de simples passants se sentant plus ou moins concernés par ce discours ou des membres de l'Œil y ajoutant leur grain de sel dissimulés derrière leur masque ou encore des membres de l'Ordre du Phénix essayant de calmer la propagande de ce nouveau groupuscule inconnu.

/!\ Pour les personnages adultes  - qui ont donc la possibilité de se rendre à Pré-au-Lard et au Chemin de Traverse-, merci de ne poster que dans un seul sujet entre celui-ci et celui se déroulant au Chemin de Traverse, selon celui que vous choisissez.

La date limite pour y participer a été fixée au dimanche 6 novembre, minuit. Libre à vous de poster autant de fois que vous le souhaitez, évitez seulement de faire des double-post. Pensez également à rajouter un résumé à la fin de vos post.

À vos plumes,
Le Maître du Jeu.

:copyright:️ 2981 12289 0
Le Choixpeau Magique
Maître du Jeu
Le Choixpeau Magique
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Lun 21 Fév 2022 - 13:08

Finalement, la tentation du shopping avait pris le dessus. L’envie d’échapper à l’atmosphère étouffante de l’école, aussi, et de se réfugier dans une activité volontairement, assumément frivole. Depuis la semaine précédente et l’annonce d’une évasion massive d’Azkaban, l’ambiance dans la salle commune des Serpentard avait considérablement changé. Laurel avait trouvé la nouvelle terrifiante : les Détraqueurs étaient des créatures détestables qu’on n’avait pas envie de savoir en liberté ou dotées d’une volonté propre, et Azkaban aurait dû être une forteresse impénétrable, symbole de justice immuable. Savoir que les pires prisonniers qu’elle contenait pouvait s’en échapper facilement, c’était comme apprendre que le monde des adultes autour d’elle s’émiettait, et elle n’avait pas le moins du monde envie de devoir questionner soudain toute cette société où elle commençait seulement à trouver sa place. Et puis, si des Mangemorts s’enfuyaient tous en même temps d’Azkaban, est-ce que ça n’allait pas dans le sens des rumeurs qui disaient que Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom était revenu ?  

Les Sangs-Purs étaient supérieurs aux autres, Laurel le savait bien, mais ça ne justifiait pas qu’on torture et qu’on tue des gens pour le prouver. Où étaient la civilisation et la noblesse dans un Doloris ? Quand on avait réellement de la supériorité sur les autres, on avait le devoir de prendre soin des plus faibles. La cadette Flint pouvait justifier intellectuellement l’idée d’un paternalisme bienveillant à l’égard des nés-moldus et des moldus eux-mêmes, l’idée que les véritables sorciers soient la tête de cordée de l’humanité, mais pas qu’ils s’abaissent à torturer et maltraiter les autres. C’était... disgracieux, et stupide, car l’insécurité nuisait au commerce et à l’enrichissement mutuel. Et puis, lui disait une petite voix solitaire dans sa tête, c’était moralement mal.  

Aussi avait-elle pris à cœur les principes du Décret d’Education Numéro Vingt-Six, qui interdisait aux professeurs de parler de l’actualité avec leurs élèves. Laurel ne parlait pas non plus avec ses camarades de ce que pouvait raconter l’actualité, et se gardait bien de donner le moindre avis, se concentrant sur ses devoirs, la mode, ou les couples qui s’étaient formés pendant les vacances d’hiver à la place. Être une ravissante petite idiote était beaucoup plus simple, et, elle commençait à le penser, beaucoup plus sûr. Les messes basses de certains Serpentard, dont le nom de famille laissait déjà présager d’un pedigree douteux, indiquaient que tous n’étaient pas étonnés ou effrayés par les derniers évènements. L’adolescente s’en tenait loin, respectant la neutralité qui avait toujours bien réussi aux Flint. Les gens aimaient le Quidditch et avaient besoin de balais peut importait leur statut de sang, et un galion était un galion, lui avait glissé son père dans sa dernière lettre. Laurel s’était demandée où les Lestrange et les autres Mangemorts enfuis avaient dégotés les balais qui leur avaient servi à s’échapper d’Azkaban, et n’avait pas encore répondu à la missive.  

Ses bottines à petits talons bobine s’enfonçaient un peu dans la neige, mais elles étaient positivement adorables, et Laurel n’avait pas pu se retenir de les exhiber pour ce week-end de sortie, non sans leur avoir appliquer un sortilège d’imperméabilisation préalable. Elle en était à la moitié de son shopping, et s’était éloignée un instant de son groupe d’amies le temps de faire un saut pour acheter quelques fournitures pour son chat, Elspeth. Elle n’avait pas non plus oublié quelques jouets et friandises pour Zeus, le chat de  @Joris de Beauvoir. Puisque son maître avait refusé sa récompense pour avoir retrouvé sa chatte, elle s’était résolue à gâter le félin, persuadée qu’il ne pourrait pas refuser. Ravie de la défiance relative de ses emplettes (gâter les gens malgré eux était tellement satisfaisant !), elle descendait désormais la Grande Rue, cherchant du regard ses camarades, et mis quelques instants à réaliser qu’il se passait quelque chose d’anormal.

Marchant plus vite qu’elle, plusieurs passants habillés tout de blanc la dépassèrent. Une confrérie en goguette ? Ce ne fut que lorsqu’elle arriva vers les Trois Balais, là où le village était le plus animé et les ruelles plus larges, qu’elle réalisa que ces gens portaient des masques, et aucun symbole reconnaissable qui aurait pu les affilier à une association quelconque. Montée sur une estrade, une figure de pèlerin blanc se mit à apostropher la foule d’une voix féminine. Laurel, renonçant à retrouver ses copines au milieu du monde, se rapprocha simplement du groupe d’uniformes de Poudlard le plus proche, se sentant plus en sécurité au milieu des capes aux écussons de couleur primaire familiers, et tint bien ses sacs. Ca se trouvait, c’était un stratagème pour que des pickpockets en profitent pour les dérober ses achats !  

Toutefois, le discours de la femme semblait d’une autre teneur. Sourcils et nez légèrement froncés de concentration, Laurel écouta attentivement, et commença initialement à se détendre. Bon, cette dame critiquait le Ministère de la Magie. Des opposants politiques pas contents du gouvernement actuel, ça n’avait rien de très novateur, même s’il fallait bien reconnaître que la récente évasion d’Azkaban ajoutait de l’eau à son moulin. La suite de son discours fut cependant plus inattendue, et Laurel recula instinctivement, rentrant dans un camarade. Elle fit un petit pas de côté et un geste d’excuses, avant de demander à mi-voix :

“C’est quoi, cette histoire de meurtrier ?”

Elle avait passé sa propre soirée d’Halloween victime d’un mauvais sortilège de Têtenbulle, qui aurait dû servir de déguisement à Hilda Gildebrand et avait ricoché sur elle, l’obligeant à passer toute la soirée et la nuit à l’infirmerie sans pouvoir profiter des festivités. Elle gardait un souvenir confus de cet évènement, le sortilège l’ayant rendue à moitié sourde, et la potion de Mme Pomfresh particulièrement somnolente. Tout au plus gardait-elle la sensation d’une agitation intense et de vas-et-viens à l’infirmerie, mais elle n’avait jamais tiré de véritable conclusion. La Gazette du Sorcier disait une chose, ses camarades verts et argent une autre, les rumeurs émanant d’autres maisons d’autres versions encore. Laurel s’était contentée de remercier Merlin de ne pas avoir été mêlée à de pareils évènements. Ceux qui l’avaient été avaient été convoqués par des Aurors, donc ça avait quand même dû être sérieux, maintenant qu’elle y repensait.

“Des Mangemorts à Pré-au-Lard ? Aussi près de Poudlard ? C’est impossible, n’est-ce pas ?” Sa voix avait blanchi. “Et d’abord, qui sont tous ces gens en blanc ?”

Elle chercha un peu de soutien dans le regard de ses condisciples. Fallait-il seulement accorder du crédit à des gens déguisés comme des fantômes ? Probablement pas, n’est-ce pas ? N’empêchait, ces élucubrations sur Halloween sonnaient étonnamment juste, comme si elles venaient relier ensemble des pièces de puzzle qui se seraient parfaitement emboîtées. Ca lui donnait une sensation très désagréable au creux de l’estomac.

Résumé:
Laurel Flint
Membre
Laurel Flint
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Jeu 24 Fév 2022 - 14:02

Le 14/01/96

Les lanceurs
d'Alerte

ft. Pré-au-Lard

N'attends pas que le chaos t'échappe et devient l'une de ses actrices. N'attends pas que la tempête passe et apprends à danser sous la pluie.

Q

uoi qu'elle en dise, Eileen était stressée. Elle n'en montrait rien et s'était arrangée pour paraître parfaitement sereine auprès de Chaïm. Le chanteur de Salazar, son groupe de rock, avait passé une partie de la matinée avec elle, dans la salle commune, jusqu'à ce que la jeune femme le prévienne qu'elle devait passer dans son laboratoire de potion.

Elle n'avait juste pas dit lequel. Eileen, dans la pièce, avait tout détruit avant les vacances de Noël et le Salon de Salazar, comme elle se plaisait à le surnommer, avait été abandonné ensuite. Sa nouvelle allégeance, cependant, l'avait forcé à revenir sur son idée de ne plus y mettre les pieds.

Les souvenirs qui y étaient rattachés étaient douloureux. La raison en était simple. Elle avait la sensation d'avoir entièrement ouvert sa cage thoracique pour son secret. Celle-ci, à l'opposée de ce que la née-non-maj s'était imaginée, avait pris son cœur entre ses mains, l'avait serré lentement, avant de lui rendre en miettes.

Revenir ici avait été extrêmement difficile. Les larmes avaient coulé toutes seules, alors qu'elle remettait tout en état, parce qu'elle n'avait pas le choix. Il était toutefois idiot de croire qu'Eileen King était du genre à abandonner aussi facilement.

Depuis qu'elle avait rejoint l'Œil, elle s'imaginait déjà tel un chevalier héroïque prêt à affronter le mal, sauver sa princesse et ravir son cœur. C'était idiot, elle en avait parfaitement conscience, mais elle préférait laisser parler son optimisme et le lion qui sommeillait en elle.

Laisser le mauvais s'exprimer, sa rancune et cette folie latente qui sommeillait chez elle, ça lui faisait peur. Son défaitisme, sa colère, son incompréhension, son autodestruction, ce serpent violent qu'elle pouvait être, qu'elle avait été envers un ami, un pauvre troisième année et elle-même s'était déjà trop manifesté.

Elle ne l'ignorait pas pour autant, car elle savait qu'il n'attendait qu'un petit moment de faiblesse pour reprendre le contrôle. Il se cachait et patientait et à chaque fois que son regard croisait son reflet, ce n'était plus l'adolescente joueuse et amicale qu'elle voyait, mais bien la vipère au venin acéré.

Souvent, elle en rêvait. Depuis ce soir dans la tour d'Astronomie, où elle s'était rattachée à la bibliothécaire comme à une bouée de sauvetage, puis sa tentative de noyade sur le jeune Serdaigle, l'accident de voiture laissait place à d'autres cauchemars.

C'était comme se voir et ne rien pouvoir faire pour s'empêcher d'agir. Elle se voyait trempée de la tête aux pieds, son corps entier bloquant Melwing sous l'eau qui manquait d'air, son rire se faisant insupportable à ses oreilles. Son rêve s'arrêtait une fois le garçon, décédé, dérivant à la surface du lac noir et Sessho, sacralisé, qui lui disait de se réveiller.

Elle n'était pas retournée voir l'un et l'autre des Serdaigle et les esquivait comme la peste. Elle avait honte d'elle-même, de ce dont elle était capable, de ce qu'elle avait cherché à faire.

D'une certaine manière, c'était peut-être pour cela qu'elle avait souhaité faire partie du groupe de cet auror qui lui avait laissé un souvenir plus que marquant. Lévine Serger avait su réveiller chez elle ses élans héroïques, sa bravoure et son envie d'être reconnue pour elle-même, mais aussi pour se racheter auprès des autres.

Elle voulait pouvoir regarder Ariel et Sessho dans les yeux et, un jour, leur dire que c'était pour eux qu'elle avait fait tout ce qu'elle préparait. Pour eux, pour leurs familles, pour qu'ils puissent s'accepter tels qu'ils étaient, beaux dans leurs douleurs, sublimes avec leurs imperfections. Tout comme elle souhaitait pouvoir dire à Aria qu'elle n'avait pas besoin de se cacher, que cette époque était révolue et qu'elles pouvaient maintenant avancer ensemble.

Tabata ainsi qu'Elyana lui manquaient, mais elle ne pouvait plus se contenter de regarder le passé avec tristesse et colère. C'était vers l'avenir qu'elle devait se tourner et ça commençait aujourd'hui.

Eileen récupéra la potion qu'elle avait réalisée sous les indications d'Andrée de Kérimel, les deux femmes ayant échangé par lettres pendant plusieurs jours pour obtenir le bon résultat. Malgré ses échecs répétés avec les bonbons-potions, la Queen-à-la-Carte se découvrait un niveau bien supérieur à son année dans cet art qu'elle aimait tant.

Le Professeur Rogue était peut-être un sadique qui aimait les rabaisser, mais Eileen devait bien lui reconnaître ceci : il était sévère et c'était précisément pour cela qu'elle était aussi douée, elle qui s'était passionnée pour cet art complexe, fascinant, et à ses yeux bien plus logique que la magie en général.

La fiole, protégée magiquement, rejoint l'une des poches intérieures de sa veste en cuir. Il ne lui restait plus qu'à s'éclipser en direction de Pré-au-Lard. Une sortie avait lieu ce weekend pour tous les élèves de troisième année et plus, ce qui l'arrangeait bien. Elle n'aurait pas besoin de prendre de risques.

Ce n'était pas le cas de Jules, mais la deuxième année lui avait assuré qu'elle connaissait un passage secret qui lui permettrait de la retrouver au village sorcier. Eileen lui faisait entièrement confiance et n'avait pas remis en doute son affirmation. Jules était une membre de l'Œil depuis plus longtemps qu'elle-même, et si la née-moldue était plus vieille, elle reconnaissait l'intelligence et l'esprit révolutionnaire de sa condisciple plus jeune.

Venir au village était cependant la partie la plus facile de son plan, car accompagnée de Roxane, Chaïm et Alistair, la voir se balader dans les rues marchandes n'avait rien de suspect. Le plus compliqué était de leur fausser compagnie, mais l'idée lui vint quand ils passèrent non loin d'un apothicaire.

« Partez devant, avait affirmé la Gryffondor avec son esquisse solaire retrouvée. Il faut que... »

Jouant son rôle à la perfection, même si elle se détestait de leur mentir de la sorte, elle s'était montrée gênée. Elle se rassurait en arguant que c'était pour la bonne cause. L'Œil avait besoin d'elle et elle n'avait pas le droit à l'erreur, pas si elle voulait leur montrer qu'ils avaient eu raison de lui faire confiance.

« Que je vous trouve des cadeaux de noël pour me rattraper… Je n'ai pas pensé à vous, contrairement à vous trois, et je m'en veux. »

Si Roxane avait assuré que ce n'était pas grave, qu'elle comprenait que son amie n'avait pas eu la tête à ça après tout ce qui s'était passé, c'était Alistair qui lui avait sauvé la mise. Le Poufsouffle avait pris le bras de Roxane pour la tirer à sa suite, affirmant que la King avait parfaitement le droit de se racheter, au moins à ses propres yeux.

Eileen n'avait jamais autant aimé la camaraderie dont pouvait faire preuve les poufsouffles qu'à ce moment-là. Une fois le trio hors de sa vue, la lionne avait fait demi-tour.

La maison abandonnée dans laquelle se trouvait sa future robe et son masque avait des volets violets. L'un d'eux, celui de l'étage qui donnait vers le Sud était marqué. Il était gravé d'un semblant d'œil qui pouvait paraitre naturel et, pour la cinquième année, cela ne faisait plus de doute quand elle le remarqua après quelques minutes de recherche.

Au vu de l'heure, elle comprit qu'elle n'avait plus beaucoup de temps. Elle pénétra dans la petite ruelle adjacente puis trouva l'entrée de la cave en descendant un petit escalier aux marches inégales, taillées dans la pierre. Elle toqua à trois reprises après s'être assurée que personne ne la remarquait ou l'avait suivi, s'arrêta en gardant son poing en suspend dans l'air, avant de réitérer l'opération deux fois.

La porte de la cave s'ouvrit dans un grincement et la jeune femme pénétra dans la poussière et l'obscurité sans la moindre hésitation. Elle avait confiance en son combat ainsi qu'aux membres de ce dernier.

L'un d'eux se trouvait d'ailleurs dans la pièce, déjà masqué. Il se contenta de lui tendre son nouvel accoutrement et de lui montrer une malle pour ranger ses propres affaires, sans dire le moindre mot. Après ça, il se servit de l'escalier pour se diriger vers l'étage et lui laisser de l'intimité.

Malgré les araignées et les insectes peu ragoûtants, Eileen retira la partie de ses vêtements la plus reconnaissable – jean, veste en cuir, pull à l'effigie d'un groupe de rock sorcier et ses Dr. Martens – pour les échanger avec des vêtements blancs plus passe-partout, qui ne permettrait pas de comprendre son identité si sa cape lui était retirée. Pour l'occasion, Eileen avait également bu une potion pour reprendre le noir de sa chevelure de naissance maintenant qu'elle l'éclaircissait.

Quand elle monta à l'étage, sa fiole dans les mains, elle remarqua qu'elle n'était pas la première arrivée. Plusieurs personnes vêtues comme elle étaient présents et elle reconnut immédiatement Jules parmi eux à sa petite taille. Elle était la plus petite du groupe. Elle se rapprocha de sa camarade. Si elle ne put s'empêcher d'ailleurs de sourire sous son masque, cette dernière ne le verrait jamais.

Une fois assurée qu'il s'agissait bien de Jules, la King sortit sa baguette pour la pointer vers ses propres cordes vocales, avant leur sortie dans les rues. Dehors, certains de ses camarades se trouvaient dans le village et dans l'éventualité où elle devait parler, elle ne voulait pas qu'ils puissent la reconnaître. Elle remercia le ciel d'avoir fait des recherches pour changer sa voix quand elle chantait, car elle se servit de cet enchantement pour rendre son ton plus clair et plus aigu.

Elle tourna ensuite le bois de charme vers la gorge de Jules, celle-ci lui ayant demandé en amont de cette journée de faire de même pour elle. Elle n'avait d'ailleurs pensé à utiliser cette création de son cru sur elle-même que parce que la Murphy le lui avait suggéré indirectement. La magicienne ne pouvait donc que remercier sa condisciple mentalement pour cela.

Une fois cette dernière préparation terminée, il fut temps de sortir. Eileen était coincée entre un grand homme, qu'elle soupçonnait être un demi-géant, et Jules, qui pouvait facilement passer pour un gobelin. Elle avait d'ailleurs rendu la voix de sa camarade aussi sifflante et désagréable que la leur.

Ils suivirent le convoi et Eileen remarqua la présence d'aurors. Ils transplanaient sur les toits, déjà baguettes en main, prêts à agir contre toute attaque potentielle. Ils risquaient d'être surpris.

Elle ne vit nulle part Lévine. Pour autant, elle ne savait pas s'il était de service ou si, au contraire, il se trouvait parmi eux, vêtu de la même manière qu'elle. Elle ne savait pas non plus si Alex Brekke était présente. Elle savait par contre qu'Andrée de Kérimel se trouvait sur le Chemin de Traverse.

Elle le savait, car en miroir parfait à la potionniste qu'elle avait appris à admirer en secret à travers ses missives, Eileen repoussa sa cape blanche pour, une fois le discours presque violent de la meneuse de tête terminée, montrée le liquide doré de la fiole qu'elle tenait entre ses mains.

Elle se rapprocha de l'estrade placée magiquement, son cœur battant si vite qu'elle avait l'impression qu'il allait exploser. Elle grimpa à la suite de la parleuse, aidée par le fameux demi-géant et tira Jules à sa suite. Élèves, professeurs, citoyens, aurors et membre de la police magique les regardaient sans trop savoir comment réagir. Les murmures commençaient toutefois à s'amplifier, devenir lentement, mais surement, un cri de révolte.

Elle reconnut les visages de Chaïm, Roxane et Alistair, et si le premier était plus discret et réservé, elle remarqua que les deux autres se laissaient convaincre. Elle ne savait pas si Aria, Sessho, Ariel, Joris et tous les autres étaient présents. Elle ignorait qui était là et qui ne l'était pas.

Cependant, elle espérait qu'ils allaient tous le voir. Ils devaient comprendre qu'un vent nouveau se levait.

Adieu Voldemort, les Mangemorts et la Marque des Ténèbres qui, encore aujourd'hui, instillaient la terreur. Adieu Dumbledore, l'Ordre du Phénix et leurs agissements invisibles qui n'inspiraient rien de grandiose à la société sorcière.

Et bienvenue au Sauveur, à son Œil, à tous ces incompris, à tous ces délaissés, à tous ces oubliés qui n'attendaient que pour être remarqués.

Elle déboucha la fiole et, comme tenant une coupe sacrée, leva des mains gantées vers le ciel. Du contenant s'échappa une fumée à peine perceptible, mais qui devint rapidement opaque et lumineuse. Sous la neige immaculée qui tombait paresseusement, une forme commença à se dessiner, s'élevant haut dans les cieux pour être vu de loin. Elle était d'or, elle était majestueuse, elle se révélait impressionnante.

L'Œil unique, dès lors, les jaugeait toutes et tous.




HRP :
Eileen M. King
Admin enragé
Eileen M. King

_________________
Rêve ta vie en

COULEUR
• lilie
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Jeu 24 Fév 2022 - 21:58
Les lanceurs d'alerte

EVENT JANVIER 1996 - PRÉ-AU-LARD


IF OBEDIENCE IS THE RESULT OF THE INSTINCT OF THE
MASSES, REVOLT IS THE RESULT OF THEIR THOUGHT.

Un vent nouveau soufflait sur le monde. Il avait emporté avec lui tous les problèmes et épreuves que chacun avait dû endurer, toutes les mauvaises actions et péchés que chacun avait commis, tous les sentiments dénués de joie, tous les maux. Du moins, il s’en emparait et les éparpillait pour les faire virevolter un court instant, éphémère, beaucoup trop bref. Ce n’était que provisoire, car personne ne pouvait oublier ce qu’il s’était passé durant cette dernière année. Pourtant, alors que le dernier grain de sable s’était écoulé du sablier pour que ce dernier soit retourné afin de marquer une nouvelle année, le symbole que cet événement représentait, embellissait les âmes d’un grand espoir. Dans les esprits se formaient alors de nouvelles résolutions, de nouveaux vœux, de nouvelles idées, buts ou projets. Mais était-ce réel ? (Mais au fond, qu’étaient vraiment le réel et l’irréel ?) Tout cela n’était-il pas qu’une désillusion, une vaine tentative d’effacer le passé, ou du moins de l’estomper ne serait-ce qu’infiniment ? Cette façon de penser n’était faite que pour les gens naïfs qui se gonflaient encore secrètement de nouveaux espoirs quant à une nouvelle année meilleure que la précédente. Mais le cycle est toujours le même et les choses se répètent. Indéfiniment. Ces personnes, pourvues de pouvoirs magiques ou non, souhaitaient seulement y croire. Qu’attendaient-ils, que voulaient-ils réellement pour la suite ? Eux-mêmes le savaient-ils au moins ? Ils tombaient dans le même piège, chaque année, volontairement, et s’y enfonçaient toujours plus. Lamentablement. Chaque année se ressemblait pourtant et la vie reprenait son cours, conservant son rythme mollasse et traînant. Existait-il quelque chose ou quelqu’un capable de briser cette monotonie insoutenable ?

Les prières avaient été entendues. Mieux, elles avaient été exaucées. Un réel vent de renouveau ébouriffait la fade existence de chacun. Ils l’avaient voulu, ils l’auraient. Des choses s’étaient préparées pendant que ces quémandeurs tout comme les sorciers les plus passifs et désabusés se laissaient tout de même aller à l’euphorie du moment présent qui embaumait leurs cœurs. Et ces nobles sorciers au sang pur qui s’étaient hypocritement rassemblés pour l’événement, parmi lesquels Drago Malefoy et toute sa famille étaient présents, tentant de faire bonne grâce et bonne figure, s’en étaient-ils doutés ? La majorité s’était montrée dupe, préférant croire que les mots de Celui qui a survécu n’étaient que mensonges inventés car adolescent déjà fort addict à sa célébrité au sein du monde magique. Ils auraient peut-être dû être plus réfléchis, plus attentifs et plus confiants. Pas confiants envers la vie, envers leur monde, mais confiants envers leur prochain. C’était à croire que la solidarité n’était qu’occasionnelle, provisoire, amovible, et ils unissaient leur force d’esprit seulement quand cela les arrangeait. Certains autres citoyens, un petit nombre seulement, avaient peut-être été au courant de quelque chose. Mais qui pourrait en avoir la certitude ? D’autres étaient peut-être même à l’origine, au cœur même de cet épisode effrayant. Car si certains s’autorisaient maintenant à croire avec une douleur déchirante au retour de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom, il avait très certainement fallu plus d’un de ses fidèles pour délivrer leurs alliés de la colossale et inébranlable forteresse qui flottait sur les vagues déchaînées de la mer du Nord. Jamais les prisonniers n’y seraient arrivés seuls, par leurs propres moyens. Jamais leurs tortionnaires ne se seraient laissé avoir aussi facilement. Du côté du Bien comme du Mal, que ce soit adultes ou adolescents, et ce, peu importe le statut de sang, on ne pouvait décemment plus faire confiance à personne. Et cela allait de mal et pis.

De leur côté, les membres de la famille Malefoy avaient accueilli la nouvelle de l’évasion des Mangemorts d’Azkaban avec grande joie et satisfaction. Du moins, c’est ce que se disait Drago qui avait reprit l’école depuis une semaine déjà. À présent loin de ses parents, l’un comme l’autre ne pouvaient communiquer par lettre comme bon leur semblait. Un certain nombre d’informations et de détails pourraient alors causer leur perte. Mais qui dit évasion des Mangemorts voulait aussi dire fuite de sa tante @Bellatrix Lestrange. La mère de Drago, Narcissa, qui en était la petite sœur, devait se faire une joie de la retrouver. C’est ce qu’il s’était dit à la lecture de la Gazette du sorcier, un matin comme les autres, bougon car réveillé depuis peu. On pourrait croire que Drago s’amuserait à crier sur tous les toits avec euphorie que les Mangemorts étaient de retour, avec à leur tête les deux plus doués et puissants d’entre eux, son père et sa tante. Mais ce n’en était rien et Drago se devait de rester le plus discret possible et de faire attention à ce qu’il disait, à ce qu'il faisait, et avec qui. Alors que nous parlions plus tôt de confiance, elle était justement le maître-mot des précautions qu’il devait prendre. Il était bien connu que, dans un premier temps, le Serpentard dépréciait les élèves des autres maisons que la sienne. Un grand vide était déjà fait. Mais même parmi les vert et argent, le tri était fait sans qu’on ne lui demande de le faire. C’était simple comme Lumos, et tous connaissaient les critères du blond : tu es un Sang-Pur sois mon ami, tu n’en es pas un alors déblaye. Pourtant, ça ne s’arrêtait pas là, car même chez les sorciers aussi purs que lui, une sélection devait être faite, et les conditions cette fois-ci étaient les idéologies de chacun, bien évidemment. Ainsi, il pouvait finalement se permettre de fanfaronner ou de donner son opinion auprès de très peu d’individus. Et puis, en quoi pourrait-il s’en vanter, finalement ? Il n’y avait pas de quoi se vanter ? Eh bien si, car, même s’il n’était encore âgé que d’un an lorsque Bellatrix avait été emprisonnée, ne gardant alors aucun souvenir d’elle, c’est comme s’il l’avait toujours connu, par procuration et à travers les histoires que lui comptait sa douce mère pourtant sûrement habitée par une certaine amertume d’imaginer sa pauvre sœur derrière les barreaux. La célèbre Bellatrix Lestrange était connue de tous, bien sûr pour sa folle dévotion, mais aussi pour ses grands pouvoirs nés d’une magie que Drago adulait déjà depuis longtemps. De ce fait, il était très fier d’en être le neveu direct. Trop obnubilé par les idées de son père, son modèle - et de sa mère aussi -, maintenant calquées en son propre esprit, il ne faisait aucune preuve de raisonnement ou logique pour certaines choses. Pour lui, même si le héros dont il était fanatique ne l’avait pas mis dans la confidence (pour sa sécurité bien sûr, non pas par manque de fierté ou de confiance !), pas même quelques jours avant le jour fatidique pendant les vacances de Noël, il restait persuadé qu’il était le premier à être à l’origine de ce grand bouleversement. En cela, il était encore plus fier de sa famille.



Les idées contradictoires se bousculaient violemment déjà dans sa petite tête d’adolescent seulement âgé de quinze ans. Il avait fallu qu’il y remédie et quoi de mieux qu’une sortie entre amis au village de Pré-au-Lard. Enfin, c’est seulement après la totale finition de ses devoirs pour la semaine suivante qu’il s’autorisa à aller prendre un peu l’air. Lui et ses quelques amis, qui s’étaient joints à la partie, avaient enchaîné quelques boutiques, certains pour y faire quelques petites emplettes, d’autres seulement pour les suivre de près afin de passer la totalité de l’après-midi ensemble, ou encore certains seulement pour toucher avec les yeux sans faire un quelconque achat pourtant. Les bottes vernies noires de Drago étaient maintenant englouties sous les quelques centimètres de neige qu’offrait encore le mois de janvier, alors que ses compagnons et lui sortaient tout juste de la boutique de l’Apothicaire où il avait fait quelques nouvelles acquisitions qui lui serviraient dans sa matière préférée et qui auraient également pour but d’impressionner le professeur Rogue. Alors que le jeune sorcier grommelait, pestait, se plaignait, inlassablement et comme à l’habituée, cette fois-ci pour la neige qui recouvrait les vêtements que ses parents lui avaient offerts pour Noël et qu’il portait fièrement en l’occasion de cette petite escapade, il crut voir un voile blanc passer non loin de lui. Il aurait pu se confondre avec la couleur dominante de la journée, mais s’en détachait pourtant. Il fit un tour sur lui-même pour mieux examiner le fantôme qu’il avait cru voir flotter. Il put constater qu’il ne s’agissait que d’un ou une sorcière, de dos, tout de blanc vêtu. Quel est donc cet accoutrement ? Drago esquissa une grimace, tordant ses lèvres vers le bas. Sans vraiment s’en rendre compte, il se redressa davantage tout en tenant les pans de son manteau en prenant une certaine prestance. Bien trop, même. Mais il ne pouvait que se comparer lui-même. Enfin, non, il n’y avait justement rien du tout à comparer, l’étrange individu n’égalait en rien ses nouveaux habits. Ce n’était pas un secret, Drago n’aimait pas l’originalité, détestait ce qui était différent, haïssait ceux qui n’étaient pas comme lui. Mais l’absurdité de cet étranger ne s’arrêtait pas là, car il se rendit compte qu’il portait aussi un masque étrange, il avait froncé les sourcils pendant son observation dans laquelle il se perdait.

« Tu viens Drago ? » entendit-il derrière lui.

Il s’agissait de Goyle qui, comme les autres, était sur le point de pénétrer les Trois Balais afin de se réchauffer tout en s’abreuvant. Le blond ne détournait pas son attention de l’inconnu qui fut rejoint, d’un coup, par bon nombre de ses clones. Qu’est-ce qui se tramait ? Sa curiosité avait été piquée, et c’était un euphémisme.

« Vas-y pars devant, j'arrive, » lui répondit-il sans lui accorder un regard.

Était-il encore derrière lui à l’attendre ? Il n’en savait rien et ne comptait pas le vérifier, car, plus loin, une estrade prit place et une foule se forma autour de celle-ci. Sans vraiment réfléchir, il entama de nouveau le pas pour s’approcher de l’assemblée sans se préoccuper du fait que Goyle le suive ou non. Et puis après tout, c’était à lui et à Crabbe de le suivre en n’importe quelle circonstance afin de le protéger, si quelque chose lui arrivait, de leurs corps gras mais puissants. Ils n’étaient bons qu’à ça de toute façon. Et à se goinfrer comme des porcs. S’ils faillaient à leur seule et unique tâche qui était pourtant simple, son père en entendrait parler. Soit, il devint attentif au discours qui commençait à être prononcé. Certes, le ministère de la Magie, ou certains de ses membres en tout cas, n’étaient pas infaillibles ni même parfaits. Lui comme son père seraient d’accord pour le dire. Mais lui comme son père y étaient maintenant directement affiliés. Lucius par profession, et Drago par alliance avec Dolores Ombrage. Maintenant qu’ils avaient chacun un pied dedans, ils n’avaient plus qu’à obtempérer au risque de s’attirer de nombreux problèmes. En tout cas, jusqu’à ce que le régime politique soit totalement revu par quelqu’un d’autre... Et qui était cette femme - puisqu’il s’agissait d’une voix féminine - pour avancer de tels propos alors qu’elle n’avait sûrement rien à voir avec le ministère ? Au début, le blond avait cru à un spectacle ambulant. Mais non, le bouffon au féminin n’était là que pour attirer l’attention sur elle par tous les moyens.

« Et après, ils osent vous vendre des mesures qui vont vous protéger ?! Êtes-vous si naïfs pour ne pas remarquer qu'ils sont complètement dépassés par les évènements ?! »

Et c’est toi qui vas nous protéger peut-être, grogna Drago entre ses dents. L’autre faisait sûrement trop de bruit, et pour pas grand-chose, pour que qui que ce soit entende le garçon. Alors qu'il crut que le charabia était enfin fini, la femme reprit la parole dans une tirade, longue, infinie. En effet, les derniers événements avaient été bien sombres et le jeune Malefoy était bien content d’en avoir été épargné. Parfois, rien ne servait de se jeter dans la gueule du loup-garou. Ils auraient tous dû faire comme lui pour en sortir indemne : fuir et retourner au château le plus vite possible. Lui et tout comme ses amis les plus proches étaient sains et saufs, c’est tout ce qui l’importait, et tant pis pour les autres. Les autres... Il avait d’ailleurs déjà oublié de qui il s’agissait, des noms qui n’avaient même pas pris la peine de s’encrer dans son cerveau. C’est donc qu’ils n’en valent pas la peine. De toute façon, si jamais je me retrouvais en danger, Père et tante Bellatrix seraient là pour m’aider, et d’un coup ça rigolerait beaucoup moins. En lui prenait place un mélange de colère et de cruauté. Son discours sonnait comme une menace envers les Mangemorts, même si à côté d’eux, il s’agissait d’une sorcière complètement insignifiante à n’en pas douter. Elle et ses sbires n’avaient pas intérêt à s’en prendre à un seul Mangemort, encore moins à son père et sa tante. Mais en même temps, c’était impossible. Il pensait aussi, à travers sa cruauté, qu’elle ne savait pas de quoi elle parlait, qu'elle ne savait pas ce qui les attendait - et lui non plus.

Le visage rougi par le froid et la colère, il fut percuté par quelque chose, ou plutôt quelqu’un. Un corps rentra en contact avec le sien. Il aurait pu beugler d’agacement et de dégoût s’il n’avait pas été aussi surpris. Par reflex, ses mains se posèrent sur les épaules de l’élément perturbateur pour que son élan ne les emmène pas sur plusieurs centimètres en arrière et créer un effet domino. L’air répugné disparut presque totalement de son visage lorsqu’il s’aperçut qu'il s'agissait en réalité de @Laurel Flint. Il l’appréciait plus ou moins, mais il ne la connaissait que trop peu. C’est son grand frère qu’il avait surtout connu. En tout cas, elle faisait partie de la même maison et équipe de Quidditch que Drago et c’était déjà un bon début. « Flint... » avait-il dit seulement. Doux mais ferme, il l’écarta de quelques centimètres de lui, de son espace vital. Pris de court, les mots que la jeune fille prononça pensivement le frappèrent. N’était-elle vraiment au courant de rien ?

« Mais où est-ce que tu vis ? Dans un cachot ? Il faudrait que tu suives un peu les actualités, Flint. Tout le monde en parle. »

Tout le monde en parlait en effet, et cela semblait suffisant à Drago qui ne vivait qu’à travers ce qu’on peut bien dire. Ses mots étaient volontairement piquants même s’il n’y avait ajouté aucune intonation de haine. Après tout, jusqu’à maintenant, c’était une fille qu’il respectait, un tant soit peu. Mais est-ce que l’appeler seulement par son nom de famille démontrait un quelconque irrespect ? Pas le moins du monde. C’est simplement qu’il ne la connaissait pas assez, elle ne le connaissait pas assez, ils n’étaient pas assez proches pour qu’il s’autorisât à l’appeler directement par son prénom. Très peu étaient les personnes avec qui c’était le cas. Dans tous les cas, si elle ne semblait être au courant de rien, c’est certainement qu’elle n’avait pas fait acte de présence à la soirée d’Halloween, ce qui étonnait d’ailleurs le jeune garçon.

« Mais au fond, tu as raison de ne pas en savoir plus. Si meurtre il y a eu, j’en ai moi-même oublié la victime. Tu n’étais pas à la fête d’Halloween aux Trois Balais pour admirer le spectacle ? commença-t-il avec beaucoup de sarcasme. Personnellement, j'ai préféré sauver ma peau et suis parti le plus rapidement possible avec les professeurs et élèves un tant soit peu prudents et responsables, pour retourner au château. Et nous sommes encore là, toi et moi, c’est ce qui compte. Mais si c’est pour entendre ce genre d’idioties, je préférerais disparaître... » avait-il conclu à l'attention de la sorcière blanche.

Ces quelques phrases prononcées pour avoir le monopole de la conversation et pour, comme toujours, en venir à lui, à sa petite personne, et finalement cracher son venin en ce qui concernait autrui. Les nouveaux propos de Laurel résonnèrent durant quelques secondes dans l’esprit de Drago pendant que cette première semblait le chercher du regard. Il plongea alors un instant ses iris grisés dans les siens, pensif, méditant sur ses mots. Elle semblait si innocente. Beaucoup trop. Et même s’il n’avait lui-même que quinze ans, elle semblait aussi avoir beaucoup de choses à apprendre. Drago en serait son tuteur spontané, et ce, avec grand plaisir de sa part. Avoir l’attention, c’est ce qu’il aimait. Et que l'on bût ses paroles, il appréciait encore davantage. Le tout parfois amplifié selon la personne qui se trouvait face à lui.

« Des Mangemorts à Pré-au-Lard, rien est encore sûr. Par contre, ce qui l’est, c’est que seuls les barreaux d’Azkaban - et les Détraqueurs - sont capables de garder prisonniers les Mangemorts. Mais maintenant qu’ils ont apparemment été libérés, plus rien ne pourra les arrêter. Alors crois-tu vraiment que ça leur soit impossible de venir dans les parages ? dit-il en replongeant ses yeux clairs dans les siens comme pour appuyer sur la logique gravité de ses mots. Pour ce qui est de ces guignols, je n’en sais rien. Mais on ne va pas tarder à le savoir, » reprit-il en détournant son regard pour le reposer sur le centre d’attention de toute l’assemblée, à l’affût d’une quelconque nouvelle information à propos de ces sorciers habillés tout en blanc.

RÉSUMÉ:
Drago L. Malefoy
Membre
Drago L. Malefoy

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THERE'S DAGGERS IN MEN'S SMILES
There the grown serpent lies. The worm that’s fled hath nature that in time will venom breed ; no teeth for th' present.
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Lun 28 Fév 2022 - 18:14
Les lanceurs d'alerte
Event collectif | Dimanche 14 janvier 1996

Terminées les longues nuits de souffrance.
Diminuées les douleurs.

Depuis cette nouvelle année, les choses n’avaient fait que s’améliorer. Son passage chez l’apothicaire lui avait fait un bien impossible à exprimer. Pousser la porte de la boutique avait été une exercice complexe, tout autant que le fait de s’ouvrir à la potionniste et d’endurer la souffrance de ses os qui se remettaient progressivement des épreuves qu’ils avaient endurées. Sa main reprenait doucement sa couleur initiale – il lui faudrait plus d’un simple mois pour quitter le noir qui la recouvrait et tendre à nouveau vers la blancheur de sa peau. Ses côtes lui rappelaient de moins en moins qu’elles avaient été brutalement malmenées. La démarche de la blonde avait repris de son assurance et ses mouvements s’étaient faits moins calamiteux. Le plus gros de l’orage était derrière elle.

* . *

Atténuée la solitude.
Effacé le sentiment d’inutilité.

Elle avait senti sa présence entre les rayonnages, son regard sur son dos. Elle s’était faite à la présence de l’élève qui avait fait de cette petite table à l’entrée de la bibliothèque, tout près de son bureau, son nouveau repère. Pour l’adulte c’était en réalité beaucoup plus que ça. Un rappel constant que les choses avançaient, qu’il y avait seulement besoin de temps. Un pilier ancré dans le regard fougueux et déterminé d’une rouge et or. La brune était parfois dans les dernières à quitter l’espace silencieux où elle travaillait. Alex avait fini par oser lui demander son aide. Demander son aide à une élève. Faire fi de la dizaine d’années qui les séparaient. C’était ça aussi, être adulte. Savoir rester humble de son manque de connaissances. La blonde n’avait pas vraiment utilisé sa magie depuis son départ de l’école. Il lui restait quelques bases, mais rien d’utilisable véritablement. Elle était restée souvent à son bureau lorsque le tumulte des allées et venues des élèves se taisaient enfin pour potasser dans les mêmes ouvrages qu’eux.

Mais la théorie avait ses limites. S’entraîner sur les vieux ouvrages que personne n’ouvrait jamais aussi. Il lui fallait plus, du concret. Au château elle n’avait de contact véritable avec aucun enseignant. Le professeur Flitwick était certes très compétent, il était surtout un enseignant très occupé, tout comme le professeur McGonagall. Mister Kayser l’intimidait et l’insupportait beaucoup trop pour lui demander son soutien. Et il était absolument hors de question de s’approcher à moins de trois étages de cette ignominie d’Ombrage, aussi potentiellement compétente soit-elle. Plutôt se noyer dans un bain de veracrasses que ça. Il n’y avait qu’Eileen en qui elle avait assez confiance pour cela.  L’élève avait pris sur son temps libre, la bibliothécaire sur ses rares heures de sommeil pour reprendre les béabas de sortilèges et de métamorphoses qu’on apprenait aux jeunes élèves. Parfois un souvenir remontait des limbes de la mémoire de l’adulte et elle parvenait à apprendre à son tour quelques tours de sixième ou septième année. Rien de mirobolant, mais elle avait alors la sensation de ne pas seulement prendre mais de donner aussi un peu.

* . *

Brisé l’écart générationnel.
Développées ses compétences d’enseignement.

Une autre rouge et or avait aussi réussi à attirer à la fois son attention et sa tendresse. Une autre demoiselle, beaucoup plus jeune cette fois-ci, qui avait pris d’avantage les rayonnages d’ouvrages comme terrain de jeu. Elle avait pris au début la deuxième année pour une simple curieuse qui devait avoir envie d’épater quelqu’un par une soudaine érudition. La jeune pipelette occupait parfois véritablement bien ses journées avec ses demandes longues et surtout son manque absolu d’envie de chercher elle-même se dont elle avait besoin. Lorsqu’elle voyait arriver la tornade, la sang-mêlée prenait le temps de poser une fesse sur une des tables et croiser les bras avant qu’elle ne l’atteigne. C’était toujours le même schéma. La Gryffondor arrivait avec sa ribambelle de requêtes et son flot de paroles ininterrompus. Il était souvent difficile pour l’adulte de retenir son sourire lorsqu’elle avait déjà les réponses aux questions de la jeune fille mais qu’il était impossible d’arrêter une fois lancée. Elle attendait alors que la tempête s’estompe pour griffonner sur un papier toutes les indications nécessaires et la laissait vadrouiller.

* . *

Éloignés les sombres cauchemars.
Envolées les incertitudes.

Les mots et les idées de l’Auror l’avaient atteints plus que de raison. Elle pouvait se rendre utile. Elle ne serait plus obligée de mener une double vie. Elle n’aurait plus le devoir de mentir à ses proches et au monde entier. Ils pouvaient être libres. Elle s’était rendu au bazar doré, comme il le lui avait indiqué. Elle avait demander à s’adresser au fameux Cole. Sa vie avait comme basculé ce jour-là. Mais pas d’une manière négative comme cela avait été si souvent le cas. L’auror Serger avait sauvé sa vie une première fois, et la seconde fois il lui offrait l’opportunité de renaître véritablement. D’être à nouveau là Alex Brekke qu’elle avait été dans sa jeunesse. Celle qu’elle avait conservée enfouie au fond d’elle en espérant pouvoir la faire revivre lorsque le jour viendrait. Et le jour était venu. Il lui faudrait encore faire ses preuves, prouver à tous qu’elle était digne de confiance. Du courage elle n’en manquait pas, mais il lui faudrait apprendre la prudence. Avec un tel objectif, elle était prête à apprendre. Elle serait leurs yeux et leurs oreilles au château.

* . *

Toutes ces personnes n’étaient plus des inconnus qu’elle avait croisé au détour de sa vie, de ses escapades et de ses aléas. Ils avaient tous pris une teinte différente en ce début d’année. Ils étaient déjà tous là, lorsqu’elle était arrivée pour cette fameuse réunion. Mister Serger et son charisme héroïque. Andrée et son regard perçant. Eileen et son ambition débordante. Jules et sa détermination enrobée d’insouciance. Elle s’était sentie défaillante, inutile. Elle n’était pas eux. Elle n’avait rien d’exceptionnel. Elle n’était pas capable d’amasser des connaissances comme les deux plus jeunes. Elle n’avait pas de talent magique comme les deux adultes. Elle était quasi incompétente avec sa baguette, se réadaptait difficilement aux comportements sorciers. Et pourtant elle savait qu’au fond d’eux ils avaient confiance en elle. Ils comptaient sur elle.

* . *

- Tu devrais les garder longs comme ça, ça te va bien.
La blonde sourit doucement, profitant encore quelques instants de la douce étreinte et des massages crâniens de sa comparse d’une nuit. Elles s’étaient rencontrées au détour d’un verre et le reste était aussi flou que futile. Elle avait eu besoin de faire retomber la pression, la douce créature était sur la même longueur d’ondes, elles n’avaient pas cherché beaucoup plus loin. Au détour d’un fou rire, au beau milieu de la nuit, l’alcool avait suffisamment quitté son esprit pour que la bibliothécaire parvienne à formuler une demande pouvant paraître inattendue à quiconque la côtoyait un minimum : faire pousser et teindre ses cheveux.

C’est comme cela qu’elle s’est retrouvé avec une cascade jusqu’au milieu du dos – là où il dépassait rarement le bas de sa nuque – oscillant entre son blond naturel et des reflets de bleu et de vert. Sa partenaire avait pris le temps de les tresser délicatement, les plaquant le long de son crâne. Se faire dorloter quelques heures l’avait détendue, et à vraie dire elle trouvait à présent que sa folie capillaire n’était peut-être pas si folle. Au moins elle avait le mérite d’être utile.

* . *

Le jour J était arrivé beaucoup trop rapidement pour elle. Presque aussi brutalement que la nouvelle de l’évasion de ces monstres sorciers. Combien étaient-ils dans l’ombre, à attendre le moment propice pour frapper à nouveau ? Alex avait peur, même si elle tentait de refouler cette sensation au plus profond d’elle. Ce n’était pas le moment de flancher. Le monde sorcier avait besoin d’eux, aujourd’hui encore plus qu’auparavant. Alors que sa compagne dormait encore elle avait pris le temps de piocher dans les affaires disponibles dans sa salle de bain pour changer son apparence d’avantage. De la couleur sur ses paupières, de quoi faire paraître sa mâchoire plus ronde. Elle aurait pu le faire directement à l’aide d’un sortilège de métamorphose, mais ses compétences étaient encore trop fragiles et incertaines pour s’y risquer. À la place elle se décida simplement à fixer les modifications picturales appliquées sur sa peau. Elle ne se reconnaissait plus, avait la sensation d’être un clown avant sa représentation. Le manteau qu’elle avait jeté la veille au soir sur le sol dans la précipitation n’en était pas un. Le mouchoir qui l’accompagnait non plus. Il était l’heure d’entrer en piste.

Pré-au-Lard devait être animé ce dimanche. Moins que le Chemin de Traverse certes, mais la petite bourgade profitait de l’avantage de la sortie organisée pour les élèves. Elle avait soufflé l’idée à l’Organisation après avoir entendu passée l’information dans les couloirs de l’école. C’était sa mission à elle, en quelque sorte : pouvoir rendre compte de ce qui se passait dans l’enceinte de la forteresse qui lui servait d’habitat et de lieu de travail. Elle s’était destituée de la mission de surveiller les jeunes sorciers qui devaient se rendre dans le village, pour une fois. Elle aurait trop culpabilisé de devoir quitter du regard les personnes qu’elle aurait eu sous sa responsabilité.

Le froid de l’hiver avait mordu ses joues et piqué le bout de ses doigts. Les passants étaient plus nombreux qu’elle l’avait espéré. C’était tout à leur avantage. Plus les sorciers seraient nombreux, plus ils pourraient toucher toutes les couches de leur société. Sous son air calme et impassible, son coeur tambourinait. Comme la veille d’un examen, comme les secondes qui précédaient une décision importante à prendre. Ne pas flancher. Il serait bientôt l’heure.

Sa baguette était retenue par deux fins lacets contre son bras gauche. Elle n’était tellement plus habituée à l’avoir en permanence sur elle qu’elle avait désormais pris l’habitude de l’attacher pour être sûre de ne pas la perdre. Et puis ça lui donnait un petit côté Spider-man quand elle l’utilisait. Approchant d’une ruelle, elle fit mine d’avoir besoin de se moucher pour porter le tissu à son visage et en défaire le sortilège d’illusion qui lui était appliqué. Le masque immaculé semblait lui brûler la peau, tant il était aussi gelé qu’elle. Pourtant cette sensation ne la dérangeait pas, au contraire. Elle la faisait se sentir vivante, plus battante. Importante. Elle remonta le col de son manteau et lui appliqua le même traitement, transformant alors le revêtement rêche grisonnant en une longue cape immaculée, flanquée d’un œil d’or étincelant. On pouvait dire ce qu’on voulait, ce costume claquait.

Au centre de la place elle rejoignit certains de ses camarades. Impossible de déterminer qui était qui, s’ils étaient enfants ou adultes, si les visages lui étaient connus ou inconnus. C’était le principe même de leur accoutrement. Moins ils se reconnaissaient, moins ils pourraient en dire sur les actes des uns et des autres en cas de problème.

Bientôt l’estrade de bois apparut au centre de la place. Les pas de leur porte-parole résonnèrent jusqu’au plus profond de ses entrailles.

« Citoyens du monde magique » Il était enfin l’heure. « N’en avez-vous donc pas assez des mensonges et des secrets de votre gouvernement ?! »

L’attention tant attendue se portait enfin vers eux. De simples silhouettes étranges, presque similaires à des saltimbanques avant représentation, ils prenaient progressivement le chapeau de sorciers dignes d’intérêt.

Arrêter les mensonges. C’est ce qui l’avait séduit dans ses idées. Arrêter de mentir à ses proches, ses amis. Si elle n’avait pas eu à mettre les pieds au Ministère en ce jour de novembre, peut-être que jamais elle n’aurait pris conscience de l’ampleur de l’affabulation de leur gouvernement.

« Le Ministère de la Magie a enfin décidé d'ouvrir les yeux, mais le Ministre refuse encore et toujours la vérité qui se trouve pourtant sous son nez ? Cet incompétent nie encore le retour de Vous-Savez-Qui et de ses fidèles ? Trouvez-vous cela normal d'avoir un gouvernement aussi déchiré, mais, plus grave encore, aussi lent pour comprendre ce qu'il se passe ? »

Affabulation et déni. Deux mots qui caractérisaient plutôt bien ceux qui les dirigeaient. Ils étaient censés être les garants de leur sécurité, et pourtant ils avaient laissés s’échapper d’ignobles criminels. Étaient-ils donc corrompus jusqu’à la moelle, complices de ce simulacre d’évasion ? Parce qu’il était totalement ahurissant qu’on tente encore de leur faire croire que le bastion inviolable que représentait Azkaban avait été si facilement été quitté par les plus ignobles sorciers que ce monde ait porté ?

« Et après, ils osent vous vendre des mesures qui vont vous protéger ?! Êtes-vous si naïfs pour ne pas remarquer qu'ils sont complètement dépassés par les évènements ?! »

La foule commençait à s’amasser autour d’eux. Les murmures s’élevaient de plus en plus. L’agitation naissait progressivement dans les esprits. Tout se déroulait à la perfection.

« Ils vous cachent la vérité. Moi, je vais vous l'offrir sur un plateau ! Le meurtrier de pré-au-lard n'est pas Sirius Black. Un meurtrier qui, après avoir fait deux victimes depuis le début de l'année, s'est attaqué à un élève le 31 octobre au soir et votre Gazette du Sorcier a fait passer ça pour une plaisanterie de mauvais goût ! Un élève a été enlevé et torturé par ce même individu. Le même soir, une attaque de mangemorts a été perpétré ici même ! Le même soir, deux élèves ont subi les sortilèges de l'Impero et du Doloris, dans la forêt interdite, sous les yeux de leurs camarades plus jeunes, impuissants. Le même soir, une autre élève s'est retrouvée sous l'emprise d'un Impero dans ce même village où nous nous trouvons et s'est fait arracher un doigt par une camarade qui voulait l'arrêter ! Le même soir, des étudiants se sont véritablement retrouvés en danger parce qu'ils ne souhaitaient pas laisser un ami se faire torturer et la plupart ont terminé leur nuit à l'infirmerie de Poudlard ! Trouvez-vous cela normal que ces informations vous aient été cachées ?! Nous parlons de vos enfants ! Nous parlons de notre avenir ! Alors, répondez-moi, comptez-vous laisser votre gouvernement impuni pour ses crimes ?! »

Ce même soir elle avait été blessée. Ce même soir des vies avaient été brisées. Ce même soir ils avaient tous été plus ou moins marqués à vie. Il n’était pas possible de laisser ces ignominies se perpétrer en restant les bras croisés. Elle aurait voulu parler, témoigner de ce qui s’était passé en première ligne. Mais ç’aurait été risquer de corrompre leur anonymat, de glisser des indices sur son identité et de mettre en danger toute l’organisation.

Le message semblait porter ses fruits. Les regards qui s’échangeaient par-ci par-là laissaient aisément voir les rouages qui s’activaient progressivement dans les esprits. Mettre le monde face à la vérité avait toujours un effet particulier. Certains étaient choqués, peut-être par le fait qu’on leur retire leur part de déni de protection. D’autres opinaient du chef, convaincus de leur propos. Mais le revers de la baguette se présentait aussi. Les regards noirs ou dédaigneux, les moues dubitatives. Elle ne pouvait pas leur en vouloir. Ils finiraient par comprendre.

Alors que l’écho du discours s’éteignaient, d’autres silhouettes immaculées grimpaient à leur tour sur l’estrade improvisée. Elle accrocha un regard et se permit un sourire. Elle resta en retrait, surveillant avec d’autres que le groupe central était en sécurité. Les Aurors sur les toits veillaient au grain qu’aucun débordement n’ait lieu. Il n’était en aucun cas prévu de soulever quoique ce soit pour le moment, à part les esprits. Si ces justiciers au blason rutilant craignaient qu’ils n’usent de leur baguette il n’en serait rien.

Mais pour l’heure ce n’était pas le blason des Aurors qui faisait la plus forte impression. Les mains levées vers le ciel dans un geste à la fois théâtral et prophétique, la fumerolle qui s’échappait des paumes de sa camarade formait progressivement cet Oeil immense et majestueux qui les réunissait tous aujourd’hui. Demain ils seraient encore plus nombreux. Et le lendemain encore. Il n’y avait que ça qui leur permettrait un jour d’être tous en paix.

Après un hochement de tête envers le demi-géant qui les accompagnait Alex se concentra pour exécuter avec son aide les enchantements qu’ils avaient prévu. Elle avait passé des heures à s’entraîner, à refaire, à pester, à vouloir abandonner. Mais toujours ses encouragements bienveillants l’avaient poussés à prendre confiance en elle et à maîtriser ce qui était nécessaire.

Dès lors dans les poches des passants furent déposés des centaines d’écussons d’yeux blancs brodés d’or tandis que ceux délicatement incrustés sur leurs propres manteaux immaculés s’illuminaient. De l’extérieur le spectacle et l’impact se promettait d’être grandiose.
Alex Brekke
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Alex Brekke

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The good one or the real one ?
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Mer 2 Mar 2022 - 8:43
Les Lanceurs d'alerte
Cho Chang



Sa quête de solitude avait enfin pris fin. Il n'y avait plus un instant pour elle d'être seule désormais. Cho avait perdu deux batailles sur une guerre qui n'était pas sur le point de s'achevé. Ou qu'elle puisse aller, elle l'accompagnait. Elle ne se contentait plus de faire entendre sa voix, elle se faisait voir. Tous ses efforts pour elle de l'ignorer et ne lui donne que peu d'importance ont été vain. C'était tout à fait ce qu'elle lui avait dit. Il était inutile de lutter, elle sera là, auprès d'elle. La voilée, c'était le nom qu'elle lui avait donné. Elle la suivait comme son ombre rabaissant les moindres décisions de la serdaigle a tout moment. Ce jour-là, elle était aussi là. Cho avait juste besoin de tenter à nouveau de trouver un peu de calme, un peu de paix. Elle s'était rendu à Près-au-lard en quête du salon de thé qu'elle affectionne particulièrement. Elle ne comprit pas de suite ce qui était en train de se passer lorsqu'elle aperçut l'attroupement de sorcier approcher des trois balais. Elle leur était passé à côté. L'un d'entre eux invoqua une estrade. Elle passa à côté. Elle ne regardait pas, elle n'écoutait pas de peur de réveiller la Voilée, mais sa coquille fut brutalement percée enfin par la voix portante.

« Citoyens du monde magique, N'en avez-vous donc pas assez des mensonges et des secrets de votre gouvernement ?! »


Son visage se dressa alors droit, hors des pavés du village et son regard pivota vers la manifestation qu'elle remarqua enfin. Pourtant, elle voulait juste continuer son chemin, mais la Voilée ne l'entendait pas de cette oreille. Elle accrocha sa main putride sur son épaule. Elle avait l'habitude désormais de son contacte, mais il n'était jamais annonciateur de bonne chose. Ce simple geste la cloua au sol et son regard ne pu se détourner de la scène.

« Le Ministère de la Magie a enfin décidé d'ouvrir les yeux, mais le Ministre refuse encore et toujours la vérité qui se trouve pourtant sous son nez ? Cet incompétent nie encore le retour de Vous-Savez-Qui et de ses fidèles ? Trouvez-vous cela normal d'avoir un gouvernement aussi déchiré, mais, plus grave encore, aussi lent pour comprendre ce qu'il se passe ? »

" On a le gouvernement qu'on mérite, n'est-ce pas ma petite ? Déchirée, divisé par les écarts de la société et à moitié aveugle sur le danger. Pourquoi autant d'insurrection après tout ? Les choses devaient se passer ainsi. Il y avait tellement d'alerte, tellement de signe..."

Cho baissa un nouvel instant son regard en repensant aux nouvelles du matin. Les Mangemorts qui s'était échapper d'Azkaban et qui avait sans doute provoqué ce regroupement. Son regard était si fatigué et usé qu'il regardait toujours vers le trente-sixième dessous.

« Et après, ils osent vous vendre des mesures qui vont vous protéger ?! Êtes-vous si naïfs pour ne pas remarquer qu'ils sont complètement dépassés par les évènements ?! »

" Ecoutes-les, ma petite chose fragile. Naïve et aveugle. C'est bien toi ça."


Les sourcils de la jeune fille se froncèrent malgré cette réplique. Ce n'était pas si simple que cela. Il y a-t-il vraiment une solution sans aucune conséquence face à une telle situation ? Y-a-t-il réellement un geste qui mettrait tout le monde d'accord ? Non, ce n'était pas si simple que cela, au fond d'elle, elle en était convaincue.

« Ils vous cachent la vérité. Moi, je vais vous l'offrir sur un plateau ! Le meurtrier de pré-au-lard n'est pas Sirius Black.»


Cho redressa son visage vers la voix portante et bien qu'elle commença une écoute relativement attentive, les battements de son cœur se sont mis à s'accélérer. Il y avait bien une vérité qu'elle voulait entendre, une seule.

«Un meurtrier qui, après avoir fait deux victimes depuis le début de l'année, s'est attaqué à un élève le 31 octobre au soir et votre Gazette du Sorcier a fait passer ça pour une plaisanterie de mauvais goût !»


Ils étaient en train de parler de Sessho et de son attaque. Oui, elle se souvenait bien de ce qu'ils c'était raconté par la suite. Pour elle, il ne s'agissait que de la même manipulation que pour cacher ce qu'il s'était passé pour Cédric.

« Un élève a été enlevé et torturé par ce même individu. Le même soir, une attaque de mangemorts a été perpétré ici même ! Le même soir, deux élèves ont subi les sortilèges de l'Impero et du Doloris, dans la forêt interdite, sous les yeux de leurs camarades plus jeunes, impuissants. »

Elle se fit assommer de plus en plus par les faits de cette fameuse nuit. Coup de massue sur coup de massue sur son crâne. Sa fatigue se mêla à un début de peur et de désespoir. Qu'aurait-elle fait elle ? Est-ce qu'elle aurait pu faire quelque chose ? Non, elle n'en a pas les capacités, elle n'en a pas la force...

" C'est sûr que c'est autre chose que des enchantements débile..."


Pourtant, elle se laissa poignardé de toutes ses soi-disant vérité mais... Celle qu'elle attendait ne vint jamais. Encore une fois, on l'avait oublié. Encore une fois, même s'il faisait partie de ses signes, sa mort n'a servi à rien. Personne n'en parle, personne n'a de "révélation" a faire...Rien.

«Trouvez-vous cela normal que ces informations vous aient été cachées ?! Nous parlons de vos enfants ! Nous parlons de notre avenir ! Alors, répondez-moi, comptez-vous laisser votre gouvernement impuni pour ses crimes ?! »


Cho avait une envie irrépressible de répondre, de hurler sa propre réponse qui n'allait pas vraiment dans le sens de cette manifestation, mais avant qu'elle n'a pu prendre une première inspiration, elle sentit sa gorge se faire saisir par la Voilée. Elle serra sa gorge pour qu'elle se taise, qu'elle laisse les choses se dérouler comme elle le devait à ses yeux.

" Et puis quoi ? Que penserais-tu faire ? Les regards vont se tourner vers toi et puis quoi ? Ta mère travail au ministère, on va t'accuser de le défendre, que tu n'es pas impartiale."

Cho pensait pourtant du plus profond de son cœur que les chose ne pouvait pas être toute blanche, ni toute noire. Les divisions aux seins d'un même groupe doivent exister pour ouvrir les débats, élargir ses horizons, pensé à des choses qui ne seraient pas venue à l'esprit des autres.

" Il faut qu'ils s'écoutent pour ça, et ses gens n'écoutent qu'une seule personne parlée, eux même."

Cho ferma douloureusement les yeux en grinçant des dents. Il y avait aussi cette conviction que de mettre le feu aux poudres n'était pas non plus la bonne solution, bien au contraire, tout cela ne ferait que d'empirer la situation. Si le gouvernement est déjà divisé en interne...qu'est-ce que cela sera s'ils devaient a la fois gérer la crise civils et les Mangemort ? Cette manifestation, c'était tout sauf une bonne chose...

" Tu pense ça parce qu'on n'a pas parlé de ta petite personne, de ce qui touche ton petit cœur sensible. Tu es frustré alors tu refuses cette alternative."


Non ! Non ! Ce n'était pas ça ! Elle avait de plus en plus une vision de cette brume épaisse comme le voile d'un détraqueur. Ce qui les nourris, c'est la peur et même si le geste pourrais en faire réagir certain, il cultiverait davantage la peur dans le coeur des autres...

" Tu as peur ? "


Évidement qu'elle avait peur...

" Es-tu consciente que le mois prochain, jour pour jour, tu seras considérer comme une sorcière adulte ? Tu as fait le choix le plus dur de continuer de vivre, même si tu devrais changer d'avis tant je te vois trop faible pour ton époque. Tu es encore pire que des parents qui avaient pensé pouvoir fuir les conséquences de leurs actes par l'exil. Ils ont été punis d'une guerre et sont en train de perdre leurs filles dans cette dernière."


- ...Ca-..Ca suffit... Son murmure tremblant et inaudible à cause de l'opacité de la foule. Une marrée oppressante qui la rendait tout aussi invisible qu'insignifiante.

" Ooooh...Et de quoi en as-tu assez ? des vérités que je me tue à te souffler à tes oreilles ? Elles comme ce qui se passe sous tes yeux ne disparaitrons pas lorsque tu ouvriras tes yeux. Ce n'est pas un mauvais rêve, c'est TA réalité."

Torturée encore et encore par sa propre voix obscure, Cho serra les dents de toutes ses forces pour retenir ses larmes de terreur. Tout ça lui donnait le vertige. Tantôt on la traite comme une enfant incapable, tantôt comme quelqu'un qui a du poids...mais surement pas comme la majorité ici présente le souhaiterais. Elle n'était pas d'accord. Elle n'était d'accord avec rien ! Ni le ministère, ni ses étrangers qui hurle à l'insurrection ! Non...Non ! Tout allait si mal...!

" Pourtant tu es muette, tu as peur qu'on te juge par ta pensée... a moins que tu as l'espoir naïf que l'ont te prête attention...? Ose. Ose me tenir tête, ose chercher à me prouver que j'ai tort. Vas-y."

Elle sentait l'emprise sur sa gorge se serrer davantage. C'était un douloureux avertissement. Si elle se dressait, elle aussi,, elle allait souffrir. Mais si elle ne se dressait pas ? Est-ce que les personnes qui pensent comme elle ne se sentirait-il moins seuls ? Si elle ne se dressait pas maintenant... Quand est-ce qu'elle pourrait tenter de montrer qu'elle respire, qu'elle hurle encore ? La chaleur qui grandissait en elle, ne c'était pas tout à fait éteinte et elle la sentait à nouveau un peu.

" Personne ne pense comme toi ! "

Peut-être ! Mais elle avait tenu des propos fort envers des personnes qu'elle aimait. Elle avait prôné l'union, elle avait juré sincèrement qu'ils feraient une force. Voilà, c'était la raison pour laquelle tout allait si mal en ce moment. Elle laissa la petite braise prendre vie. Cette lumière qui brula la chaire en décomposition de la voilée et ainsi, elle lâcha prise dans un cri surpris. Cho pris enfin une bouffée d'air, une large, une grande pour déployer ses poumons.

" Stupide garce ! "

- Ce n'est pas le moment ! Hurla alors Cho plus fort qu'elle ne l'aurait voulu. Son visage en proie a la peur de toute cette scéne qui se jouait, et malgré que sa voix était tremblante, la vivacité de son coeur rendait son discours emplit de conviction. Nous devons garder ses mensonges en tête, mais personne, ni le gouvernement ni nous, ne désirons que les choses se déroule ainsi ! Si eux sont divisés, ils le sont parce que ce n'est surement pas si simple de prendre une décisionqui irait a tout le monde ! Ils ont eux aussi peur ! On a su pardonné tant de crimes, tant de personne qui on dit avoir agi sous ce sentiment pour obéir à Vous-Savez-Qui ! Plié sous la panique est la pire chose que nous devions faire maintenant ! Si nous nous révoltons maintenant, cela ne fera que de rendre la tâche plus facile au Mangemorts ! On-...On ne peut pas faire ça...pas maintenant... termina-t-elle plus bas.

Elle avait hurler si fort sans même savoir si quelqu'un l'avait entendu, ni même regarder si elle avait attiré l'attention sur elle. Elle devait hurler, elle devait montrer sa façon de penser... Elle avait son mot à dire sur son avenir. Elle devait se battre...Elle ne voulait plus passer sous silence le flot de sa pensée... et elle l'a fait.

" ...Et tu vas le regretter. Tu m'as peut-être rejeté maintenant, mais sache que je te tendrais toujours le poignard qui accueillera ton dernier cri de douleur si tu le souhaites, enfin. Peut-être que tu ouvriras toi aussi les yeux sur ce monde qui est perdu. Ton cri ne va servir à rien d'autre que de t'humilier davantage."

Résumé en une phrase.:

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Sam 5 Mar 2022 - 14:22

 Oh non. Elle était rentrée dans Drago Malefoy ! Sans que ça ait rien à voir avec le froid, Laurel rougit, momentanément distraite du discours de la dame en blanc. Drago n’était pas n’importe qui : Sang-Pur, préfet, membre de la brigade inquisitoriale et surtout, attrapeur de son équipe de Quidditch. Et beau, en prime. Tout un tas d’attributs qui faisaient que Laurel l’avait toujours regardé avec beaucoup d’admiration. Depuis son entrée dans l’équipe de Quidditch de Serpentard, elle ne désespérait qu’il remarque un jour son talent sur un balai, même si jusqu’à présent, il semblait toujours la considérer principalement comme la petite sœur de Marcus. Petite était la dernière manière dont elle voulait être considérée par Drago Malefoy, et elle doutait qu’une comparaison avec son aîné soit à son avantage. Et aujourd’hui, il fallait qu’elle lui rentre dedans comme une idiote ! Et il avait eu la gentillesse de la rattraper !

Ses paroles suivantes la ramenèrent brutalement à l’instant présent. Il la prenait pour une idiote et elle déglutit, avant d’esquisser un demi-sourire pour cacher sa gêne, piquée. Jouer les ravissantes imbéciles n’était peut-être pas ce qu’elle recherchait, finalement.

« Bien sûr que je vis dans un cachot. Tu connais, je pense, c’est le même que le tien. »

Avec un petit serpent argent et vert dessus, la jolie salle commune de Serpentard, mais elle retint son sarcasme. D’abord parce qu’elle ne voulait pas se fâcher avec Drago, c’était même tout le contraire, et que cela se voyait bien que c’était le genre de personne dont il ne fallait pas remettre l’ego en question si on voulait lui plaire. Ensuite parce que la suite du discours de la dame en blanc était trop captivante.

« Non, j’étais malade ce jour-là. » répondit-elle simplement.

Les explications de Drago la mirent mal à l’aise : son valeureux préfet et attrapeur s’était enfui ? C’était sans doute la chose la plus raisonnable à faire, mais ça ne sonnait pas entièrement bien, pas plus que la manière dont il reconnaissait avoir oublié le nom des victimes. Elle fouilla furieusement dans sa mémoire, honteuse de ne pas s’en rappeler non plus : est-ce qu’il n’y avait pas eu une violoniste qui avait été tuée à l’automne ? La Gazette était si pessimiste et confusionnante qu’elle devait reconnaître qu’elle n’y prêtait pas toujours attention.

Rien que l’idée que des Mangemorts soient aussi proches de son école ! C’était effrayant et elle aurait préféré ne pas y penser. Elle chercha Drago du regard, en quête de réassurance. Il venait de dire qu’il était content qu’ils ne leur soit jamais rien arrivé à eux, après tout. Et il avait l’air de beaucoup mieux s’y connaître qu’elle. Elle l’écouta donc avec attention, jetant un bref regard aux gens en blanc qui semblaient se multiplier dans la foule avant de relever les yeux vers le Serpentard. De brièvement rassurant, son discours se fit beaucoup plus terrifia et elle frissonna. Elle entrouvrit la bouche comme pour répondre, avant d’hésiter.

« Mais Poudlard est l’endroit le plus sûr au monde, n’est-ce pas ? »

Etait-ce encore vrai, maintenant que Dumbledore, pour aussi controversé qu’il soit, avait quitté l’école ? Même en son absence, restaient le professeur Ombrage, tout le corps enseignant et toute l’autorité du Ministère pour les défendre, non ? Enfin… Azkaban n’avait-elle pas été, jusqu’à la semaine précédente encore, la forteresse la plus inviolable ? Elle sonda le regard gris de Drago : est-ce que lui se sentait en danger ? Ils étaient Sangs-Purs. Serpentards. Ce n’étaient pas eux que les Mangemorts visaient, c’était sûr. Pour autant… Elle repensa à leurs photos animées en une de la Gazette et frissonna de plus belle : ils avaient tous l’air fous là-dessus. Et les gens fous étaient imprévisibles. Il y avait toujours le risque d’être visé par erreur, d’être un dommage collatéral ou… Mais à quoi est-ce qu’elle pensait ?! Elle ne voulait pas qu’il arrive des trucs horribles aux autres élèves, à ses amis, même si leur sang n’était pas aussi pur que le sien. Il aurait pu arriver des trucs à des gens comme… comme… Eileen King !  Non. Elle ne voulait absolument pas ça.

Suivant l’exemple de Drago, elle se détourna vers la foule, espérant cacher le maelström d’émotions contradictoires qui l’envahissait. Drago Malefoy était le genre de personnes avec qui justement, elle prenait soin habituellement de ne pas aborder les actualités controversées, et elle ferait bien de s’en souvenir encore. Si ses souvenirs de généalogie sang-pure étaient bons, est-ce qu’il n’était pas lié aux fameux Lestrange ? C’était difficile à imaginer quand on le regardait pourtant, ses traits fins, aristocratiques et ses cheveux d’un blond d’argent, son air si calme et contenu, si opposés aux yeux lourds et aux mèches sombres et emmêlées des Lestrange déchaînés de la presse.

Elle ne savait définitivement plus que penser, que ce soit la faute des gens en blanc ou de son condisciple, mais elle se sentait fébrile et inquiète, cherchant à comprendre au moins ce qu’il se passait, quand un grand œil d’or apparu au-dessus de la foule. Elle avait retint un instant sa respiration, mais le signe déployé n’était pas la marque des ténèbres. C’était même… beau, tout comme la répétition dorée de cet œil sur les manteaux blancs des manifestants. Comme une illumination. Une seconde, Laurel en admira l’esthétique et se demanda si elle pourrait reproduire la scène à l’aquarelle.

Et puis un cri déchira la foule à quelques mètres d’elle, la forçant à redescendre à des considérations plus matérielles. C’était Cho à quelques pas, qui hurlait un discours passablement décousu. Laurel écarquilla les yeux, surprise de voir son amie d’habitude si discrète se donner ainsi en spectacle. Quels mensonges, quelle révolte, quel pardon ? La petite Serpentard pinça les lèvres : la manifestante avait parlé de meurtre : forcément que Cho devait penser à Cédric et ne pas aller bien.

Elle jeta un coup d’œil hésitant du côté de Malefoy : son amitié avec la Serdaigle, et surtout le fait qu’elle l’avait entraînée afin qu’elle puisse rejoindre son équipe de Quidditch, n’était pas quelque chose dont elle faisait la publicité, bien au contraire. Elles étaient rivales sur le terrain, et c’était mieux si ses condisciples n’avaient pas plus de détail. Toutefois, Cho semblait mal et elle ne pouvait pas la laisser ainsi.  Inspirant un coup, elle se glissa dans la foule d’un pas décidé jusqu’à la rejoindre et poser une main réconfortante sur son bras.

« Cho, est-ce que ça va ? »

Elle sentait des regards braqués sur elles comme autant d’aiguilles lui perçant le dos. Elle qui adorait pourtant être au centre de l’attention s’en serait bien passée aujourd’hui.  Cho aussi était du genre discrète : si elle s’était donnée en spectacle comme ça, il ne pouvait y avoir que deux raisons, pas mutuellement exclusives : soit elle se sentait vraiment mal, soit elle avait des convictions très fortes. Voilà qui devait être confortable : elle-même était incapable de savoir quoi penser.
Résumé:
Laurel Flint
Membre
Laurel Flint
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Dim 10 Avr 2022 - 22:55
Les lanceurs d'alerte [Ft Les participants]
Dimanche 14 Janvier 1996

Aujourd’hui serait une journée particulière. Il ne saurait dire pourquoi, mais il le sentait. Et cela n’avait rien à voir avec le fait qu’il changeait d’âge aujourd’hui même, puisqu’il s’était toujours arrangé pour rester très discret sur cette date. Très rares étaient les personnes (en dehors de sa famille) qu’il avait mis au courant, n’aimant pas spécialement se retrouver au centre de ce genre d’attention. Mika, en tant que son meilleur ami, était forcément au courant. Jessica, qui était la meilleure amie de sa jumelle Arcana, l’était naturellement aussi. Enfin Elise, pour des raisons évidentes qu’elle était la petite amie de son jumeau Klaus, n’avait pas pu ignorer longtemps l’information. Ça lui semblait suffisant. Si des gens autre l’avaient appris, Joris savait que ça ne venait pas de lui. Après tout, s’il avait choisi de ne pas ébruiter l’information de son côté, il ne pouvait pas imposer son choix à ses proches. De même qu’il ne pouvait pas prévoir qu’une personne un peu observatrice puisse le deviner d’une façon ou d’une autre. Décidément non, c’était autre chose qui rendrait cette journée particulière. Mais quoi ? Là résidait le mystère.

Samedi, la veille, il s’était rendu à Pré-au-Lard avec ses jumeaux. Là bas, ils avaient retrouvé leurs parents pour passer une journée en famille, juste eux cinq, en vue de l’anniversaire des triplés. Son beau-père travaillant exceptionnellement ce dimanche (comble de malchance), ça avait été l’arrangement le plus propice pour l’évènement. Après tout, ils tournaient sur leurs 17 ans, et pas question pour eux de le fêter sans lui ! C’est d’ailleurs ce jour-là que Joris avait terminé ses emplettes pour finir de réaliser une idée qu’il avait eu la semaine passé afin de marquer le coup. Une chose que son entourage verrait bien assez tôt. À défaut de comprendre les raisons de cela, il espérait que l’attention leur ferait plaisir et pourrait égayer un peu leur humeur. L’après - midi, qu’ils avaient passé à faire du shopping, il avait donc fait quelques dernières emplettes afin de préparer son idée qu’il espérait pouvoir mettre en place le lendemain. Ça ne lui laissait que peu de temps pour finir de tout préparer, mais il avait la motivation et l’espoir d’y parvenir.

Or, en ce dimanche matin, une mauvaise surprise l’avait attendu. Durant la nuit, il avait senti Zeus, son chat, particulièrement agité et pour cause : il venait de découvrir que l’animal avait déchiqueter, à défaut de boulotter, les dernières feuilles de parchemin qu’il lui restait. Par chance, l’animal n’avait pas touché les missives que le brun avait confectionnées la veille, ce qui lui évitait de devoir les refaire à la dernière minute. Sa surprise était saine et sauve ! Cependant, il était bon pour retourner à Pré-au-Lard pour racheter de nouveaux parchemins, s’il voulait pouvoir passer sa semaine de cours sereinement. Il n’était pas vraiment dans ses habitudes de solliciter ses camarades pour lui prêter des fournitures, encore moins quand il pouvait aller les chercher dans la journée.

Après avoir accompli sa surprise, c’est donc déjà quelque peu tendu qu’il avait pris la direction du village d’un pas rapide, ses rangers martelant le sol. Il savait où se rendre, ce qui était un avantage non négligeable. Une fois sur place et dans le bon magasin, il avait pris le nécessaire et avait quitté la boutique une fois ses achats effectués. Il pouvait ainsi retourner sereinement au château pour se remettre à l'œuvre.

Mais alors qu’il traverse les rues du village sorcier en quête de sa destination, un étrange spectacle intercepte son regard et le force à l’arrêt en piquant sa curiosité. Là, sur une estrade improvisée, une personne encapuchonnée et masquée interpelle les gens au travers d’un discours qu’il devine réfléchit.

« Citoyens du monde magique. N'en avez-vous donc pas assez des mensonges et des secrets de votre gouvernement ?! »

Comme tant d'autres, interpellé par ces premières paroles, Joris s’était rapproché de l’attroupement qui se formait.

« Le Ministère de la Magie a enfin décidé d'ouvrir les yeux, mais le Ministre refuse encore et toujours la vérité qui se trouve pourtant sous son nez ? Cet incompétent nie encore le retour de Vous-Savez-Qui et de ses fidèles ? Trouvez-vous cela normal d'avoir un gouvernement aussi déchiré, mais, plus grave encore, aussi lent pour comprendre ce qu'il se passe ? »

La voix, qu’il devinait féminine, en avait profité pour faire une courte pause avant de reprendre.

« Et après, ils osent vous vendre des mesures qui vont vous protéger ?! Êtes-vous si naïfs pour ne pas remarquer qu'ils sont complètement dépassés par les évènements ?! »

Plus elle parlait, plus le brun avait peur de comprendre où elle voulait en venir. Elle faisait pourtant durer le mystère, mais n’importe qui ayant eu vent des dernières informations pouvait essayer de faire des rapprochements.

« Ils vous cachent la vérité. Moi, je vais vous l'offrir sur un plateau ! Le meurtrier de pré-au-lard n'est pas Sirius Black. Un meurtrier qui, après avoir fait deux victimes depuis le début de l'année, s'est attaqué à un élève le 31 octobre au soir et votre Gazette du Sorcier a fait passer ça pour une plaisanterie de mauvais goût ! Un élève a été enlevé et torturé par ce même individu.»

Le doute n'était plus permis maintenant. Une pensée pour Sessho avait émergé dans l’esprit du brun à l’évocation de l'événement d’Halloween. Le japonais était - il là lui aussi, dans l’assemblé, à entendre ce discours qui rappelait ce tragique évènement ? Le poufsouffle ne le savait pas. Dans la foule, les visages se confondaient. Si son ami était présent, il ne l’avait pas encore repéré, et il était probablement encore trop concentré sur le discours pour chercher à distinguer qui que ce soit. Le discours de la femme masqué et ses acolytes semblait vouloir défendre sa cause, ce qui était loin d’être un problème. Simplement, cela n’allait-il pas faire remonter à la surface des souvenirs traumatiques, les souvenirs d’un cauchemar éveillé dont personne n’avait idée de l’ampleur ? Or, il n’était pas à la place de Sessho pour définir mieux que lui ce que ce discours provoquerait chez lui, ni pour définir à sa place ce qu’il pouvait entendre ou non. Parce qu’il n’en savait rien, tout simplement. Il ne pouvait qu’espérer que cela ne serait pas pour le tourmenter.

« Le même soir, une attaque de mangemorts a été perpétrée ici même ! Le même soir, deux élèves ont subi les sortilèges de l'Impero et du Doloris, dans la forêt interdite, sous les yeux de leurs camarades plus jeunes, impuissants. Le même soir, une autre élève s'est retrouvée sous l'emprise d'un Impero dans ce même village où nous nous trouvons et s'est fait arracher un doigt par une camarade qui voulait l'arrêter ! Le même soir, des étudiants se sont véritablement retrouvés en danger parce qu'ils ne souhaitaient pas laisser un ami se faire torturer et la plupart ont terminé leur nuit à l'infirmerie de Poudlard ! »

Si certaines informations énoncées lui étaient inconnues, l’anglais se souvenait très bien du reste. Ses souvenirs de cette soirée ne l’ayant pas réellement quitté. Il se souvenait des lumières éteintes. Il se souvenait avoir faussé compagnie aux professeurs avec certaines camarades. Il se souvenait du cri de Tabata alors qu’ils couraient pour échapper au danger. Il se souvenait de l’affrontement avec la femme masquée. Il se souvenait du retour en arrière d’Eileen et Elyanna pour aller chercher Tabata. Il se souvenait du chemin parcouru avec Aria pour retrouver Sessho. Il se souvenait de la cabane hurlante et de son spectacle cauchemardesque. Il se souvenait… Et déjà il la sentait. L’angoisse latente, qui n’attendait que le bon moment pour le happer et lui provoquer une nouvelle crise. Pour le moment elle ne se faisait pas trop forte, pas encore trop envahissante, mais elle était là. Il haïssait cette sensation. Même si, cette fois, il savait ce qui la provoquait. L’évocation de cette soirée, ou plutôt les souvenirs qu’il en avait. Il avait beau s’en remettre à son rythme, c’était toujours là, quelque part. Pour tenter de la faire partir, il jouait sur sa respiration, discrètement. Il ne voulait pas avoir de crise. Pas ici, pas maintenant.

De nouveau, la femme avait pris la parole, et il s’était concentré la dessus pour essayer de se sortir des sombres souvenirs qui polluaient son esprit.

« Trouvez-vous cela normal que ces informations vous aient été cachées ?! Nous parlons de vos enfants ! Nous parlons de notre avenir ! Alors, répondez-moi, comptez-vous laisser votre gouvernement impuni pour ses crimes ?! »

Evidemment que tout ça n’était pas normal. Beaucoup étaient capables de voir que quelque chose n’allait pas. Et en même temps, le discours de l’oratrice se voulait fort. Ce qui était certainement fait exprès pour rallier des gens à leur cause. Quant à savoir si cela fonctionnerait, c’était autre chose. Les gens pouvaient accepter d’écouter, pouvaient être d’accord sur plusieurs points, sans pour autant adhérer.

De la fumée était apparue, créant progressivement un œil d’or au-dessus de l’assemblé. Joris n’était pas sûr d’apprécier. C’était comme une impression d’être jugé, sous le regard inquisiteur d’un œil unique. Il entendait les arguments qui étaient donnés, évidemment qu’il pouvait donner raison à beaucoup de points. Mais quelque chose d'indiscernable le chiffonnait. Il avait l’impression de ne pas avoir toutes les cartes en main, encore perplexe malgré les vérités qui avaient pu être évoqués.

Sans grande surprise, le discours éveillait déjà des réactions diverses et variées. Mais une avait notamment attiré son attention.

“Ce n'est pas le moment !” Avait - il entendu hurler, quelque part non loin de lui.

Il en avait presque sursauté tant ça l’avait surpris. Cherchant du regard l’origine de cette manifestation sans la trouver, il avait néanmoins reconnu la voix de Cho. Curieux, il avait attendu de voir si sa camarade reprenait la parole, ce qui n’avait pas tardé.

“Nous devons garder ses mensonges en tête, mais personne, ni le gouvernement ni nous, ne désirons que les choses se déroulent ainsi ! Si eux sont divisés, ils le sont parce que ce n'est sûrement pas si simple de prendre une décision qui irait à tout le monde ! Ils ont eux aussi peur ! On a su pardonner tant de crimes, tant de personnes qui ont dit avoir agi sous ce sentiment pour obéir à Vous-Savez-Qui ! Plié sous la panique est la pire chose que nous devions faire maintenant ! Si nous nous révoltons maintenant, cela ne fera que rendre la tâche plus facile aux Mangemorts ! On-...On ne peut pas faire ça...pas maintenant…”

Il n’avait pas pour habitude de voir son amie réagir de la sorte, mais son intervention lui semblait tout de même bienvenue. Cette nouvelle organisation qui se faisait connaître semblait vouloir agir vite. Dans la mesure où le temps pouvait leur faire défaut, agir tout de suite ne semblait pas une mauvaise chose. Le problème, et c’était probablement là que ça le chiffonnait, c’était que ce groupuscule avançait des vérités et critiquait les actions du ministère (qui certes étaient critiquables), mais sans que Joris ne se souvienne avoir entendu parler d’une quelconque alternative concrète. Si leur alternative consistait en une révolte, comme semblait le comprendre Cho, dans ce cas le tatoué voulait bien des détails supplémentaires sur leur façon de se projeter. Car, au fond, ils venaient tout juste de se manifester, et malgré une proportion de convaincus que le discours pouvait leur avoir amené, ils n’en restaient pas moins inconnus avant ce jour.

Que répondre à tous ces gens qui restaient dubitatifs ? Quels étaient leurs objectifs, leurs missions, leur raison de se battre ? Comment comptaient - ils agir ? Qu’avaient-ils de concret à proposer pour améliorer ce qu’ils critiquent ? Tant de questions qui méritaient d’être élucidés, et Joris voulait voir s’ils proposaient d’eux-mêmes les réponses ou s'il faudra les demander.

Codage par Libella sur Graphiorum


Résumé:
Joris de Beauvoir
Membre
Joris de Beauvoir
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Jeu 21 Avr 2022 - 23:15



Les lanceurs d'Alerte
Event de janvier

Dimanche 14 Janvier 1995

Enfin.

Enfin, ce jour-là était arrivé. Celui qu’elle attendait depuis cet été, celui qu’elle avait voulu vivre dès l’instant où elle s’était engagée auprès de ces révolutionnaires.

Enfin, la parole leur était offerte. Enfin, ils avaient l’autorisation de sortir de l’ombre. Enfin, ils avaient la mission d’élever leurs voix. Enfin, elle pourrait défendre tout haut leurs idées pour le nouveau monde. Un monde où tous seraient unis, où la hiérarchie de sang serait abolie et où l’injustice n’aurait plus sa place.

Enfin, Jules Murphy apercevait les prémices de cette utopie.

L’espoir se dessinait sur les capes blanches, vierge de tout mensonge, que chacun d’entre eux portait. L’espoir s’immisçait aussi sous leur masque, dans leurs regards, elle le devinait sans avoir besoin de le voir. L’espoir se dressait sur le haut de cette estrade et, bientôt, se glisserait aussi dans la foule qu’ils surplombaient. L’espoir brillait dans ces nombreux symboles qui, jusqu’ici discrets, s’étaient faufilés un peu partout dans le décor : épinglés à leurs robes, peints sur les murs des bâtisses ou sur les pavés, et bientôt ils grimperaient jusqu’au ciel. L'Œil était présent, là, partout. Et s’il l’avait toujours été, c’était à présent la première fois qu’on le voyait.

Alors, pour rien au monde Jules n’aurait raté ce moment. La petite sorcière avait dû ruser pour se rendre à Pré-au-Lard ce dimanche-ci, sachant qu’elle n’était qu’en deuxième année et n’avait donc pas l’autorisation de se rendre au village sorcier. Heureusement, elle avait rencontré Samantha O’Neill en début d’année, et quelle aubaine ! La Gryffondor d’un an sa cadette, aussi malicieuse qu’elle, lui avait confié un secret des plus confidentiel : elle connaissait un passage souterrain reliant Poudlard à Pré-au-Lard. Après une furtive balade jusqu’à la statue de Gunhilda de Gorsemoor et le murmure d’un sort à l’oreille, Sam avait remis à Jules les précieuses clés de ce secret. Mais l’insouciante première année n’avait aucune idée de l’ampleur du cadeau qu’elle avait alors fait à Jules. C’était grâce à elle qu’elle avait aujourd’hui pu se trouver sur cette estrade, près d’Eileen, son modèle incontesté, et de Miss Brekke, la bibliothécaire qui avait réponse à tout.

Entourée de ces deux figures féminines qu’elle admirait, Jules se sentait fière. Et sa fierté était d’autant plus forte qu’elle les savait avoir rejoint l'Œil après elle. C’était un peu comme si les rôles s’étaient inversés : dans ce contexte-là, c’était elle qui devenait la guide ! C’était elle la référente, elle à qui l’on pouvait poser des questions ! Ou du moins, c’était le rôle dans lequel elle se voyait à présent, quand bien même sa propre ancienneté au sein de ce groupuscule n’était pas si grande. Elle savait bien que le vrai guide dans tout ça, c’était l’auror Lévine, celui qui les avait toutes les trois converties, mais cela n’empêchait qu’elle voulait elle aussi s’ériger en repère rassurant pour les nouvelles recrues. Alors, avec la plus grande discrétion et usant du double sens de certains mots pour se faire comprendre, elle s’était prise à cœur joie d’échanger avec les deux résidantes du château les quelques informations qu’elle détenait vis-à-vis des préparatifs pour cet événement. Même si, en réalité, ce furent plutôt elles, les aînés, qui lui transmirent la plupart des choses à savoir, ayant accès au monde extérieur contrairement à elle, coincée à Poudlard de par son jeune âge.

Toutefois, ce fut bien la rouquine qui eut l’idée du sortilège qu’Eileen appliqua sur leurs cordes vocales avant la montée sur l’estrade. Jules avait déjà remarqué que la King modifiait magiquement sa voix lorsqu’elle chantait, accompagné de l’un de ses nombreux instruments. Elle lui avait alors proposé de réaliser le même enchantement sur elles deux au moment de la manifestation pour qu’aucune personne – notamment les élèves – ne reconnaisse leur voix lorsqu’elles voudront défendre leur cause. L’anonymat était de mise pour cette mission. Et Merlin savait que les voix des deux Gryffondors résonnaient bien trop souvent entre les murs du château pour passer inaperçues.

Ainsi, il avait fallu que Jules réfléchisse à de nombreux détails avant d’espérer pouvoir mettre un pied sur cette estrade. Mais à présent, elle y était. Jamais auparavant la flamme de révolte n’avait autant brûlé en elle. Elle sentait son cœur palpiter d’une émotion forte et galvanisante, rendant tous ses sens alerte et son attention plus aiguisée que jamais. Elle avait écouté le discours de la leadeuse du jour avec une conviction qui s’était mise à grandir davantage encore, elle avait admiré l’œil apparu en un éclat doré dans le ciel avec une expression déterminée et avait redressé avec fierté le poitrail quand la broche du même symbole s’était mise à scintiller sur sa robe.

Et à présent, la contestataire regardait la foule avec avidité. Les réactions étaient diffuses, informes, composées de murmures et de regards inquiets et égarés. Elle attendait une réaction, n’importe laquelle, mais une qui soit plus forte que les autres, une qui balayerait la confusion ambiante pour faire front avec eux… ou tout l’inverse.

Cette réaction arriva. Mais Jules n’aurait jamais parié qu’elle viendrait de la préfète des Serdaigle, elle qui portait l’insigne mais que Jules n’avait jamais entendu hausser le ton. Du moins, pas avant cet instant-là, où, la voix tremblante mais forte, elle cria :

- Ce n'est pas le moment ! Nous devons garder ses mensonges en tête, mais personne, ni le gouvernement ni nous, ne désirons que les choses se déroule ainsi ! Si eux sont divisés, ils le sont parce que ce n'est surement pas si simple de prendre une décision qui irait a tout le monde ! Ils ont eux aussi peur ! On a su pardonné tant de crimes, tant de personne qui on dit avoir agi sous ce sentiment pour obéir à Vous-Savez-Qui ! Plié sous la panique est la pire chose que nous devions faire maintenant ! Si nous nous révoltons maintenant, cela ne fera que de rendre la tâche plus facile au Mangemorts ! On-...On ne peut pas faire ça...pas maintenant...

Ni une, ni deux, Jules décida de prendre sur ses épaules la responsabilité de lui répondre. Bien qu’en réalité, elle répondait surtout à l’appel de sa propre fougue.

- Au contraire, c’est en ouvrant les yeux sur tout ça qu’on pourra leur faire face ! Moi je ne suis pas paniquée, je suis lucide !

Sa voix magiquement modifiée frappa l’air d’un coup strident. S’il y avait bien une chose que Jules rejetait parmi les défauts de la société actuelle, c’était le déni. Si la petite révolutionnaire ne cessait de scander son opinion partout où elle allait et qu’importait le sujet, c’était bel et bien pour réveiller les esprits ! Pour pousser les autres à réfléchir et à remettre les choses en question. Non pas pour les effrayer ou les affliger avec des réalités qu’ils ne voulaient pas accepter, mais bien pour agir en faveur de la lucidité. Car la prise de conscience était la première étape du changement.

- Je suis l'Œil ! poursuivit-elle de sa voix sifflante, plus inspirée que jamais, en levant ses deux bras. Nous sommes l'Œil ! Nous sommes des sorciers, des cracmols, des gobelins, des elfes ! Et nous sommes un ! Et c’est que comme ça, en s’unissant les uns aux autres, que l’on pourra affronter la menace de Vous-Savez- Qui !


Résumé:
☾ anesidora
Jules Murphy
Admin idéaliste
Jules Murphy
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Jeu 19 Mai 2022 - 18:50
Les lanceurs d'alerte.
Pré-au-Lard
 Les plus beaux rêves naissent des courtes nuits.

Les cernes sous les yeux et la mine pâle, Sessho s'était extirpé de ses draps sous les lueurs de la Lune. Le corps secoué des soubresauts d'un cauchemar et le souffle haletant d'une angoisse en silhouette paranoïaque en bout de lit, il l'avait longuement regardé au-travers de la fente du rideau. Il avait compté les étoiles de son maigre perchoir, genoux repliés contre la poitrine et les joues luisantes de sueur. Il s'était arrêté à vingt-sept, le cœur bourdonnant encore dans les oreilles. Il s'était levé à tâtons, retrouvant son pull plié sur sa table de chevet.

La panique s'était apaisée quand il avait retrouvé la solitude d'une salle commune déserte. Il n'entendait plus les respirations calmes et frustrantes de ses camardes, qui, il en avait la sensation, le narguaient d'une pleine quiétude. L'âtre était sec depuis des heures et pensivement, il avait parcouru les tableaux endormis dans la pénombre, faisant marcher sa mémoire pour se figurer les visages et les décors de fond. Il avait une préférence pour la dame à la robe blanche. Elle n'était pas bavarde même de journée, mais elle avait dans les yeux une douceur mature. Elle était resplendissante dans son champ de coquelicots, bucolique et d'une beauté artistique peu commune. Aucune fioriture ni dorure outrancière, simplement une vaste étendue de verdure sur des hectares entiers. Ça finissait de le conforter dans sa préférence : Il aimait les choses modestes.

Après être passé devant le cadre de bronze, s'il se souvenait bien, du magistrat au chapeau pointu, il s'était approché de la fenêtre. De l'épaule, il s'était appuyé, passant outre son reflet sur la vitre pour accrocher le parc qu'il pouvait deviner en contrebas malgré l'obscurité. Les arbres étaient plongés sous une couche de givre et de neige fondue. Il avait voulu profiter du silence et de cette tranquillité qui ne venaient qu'aux heures les plus tardives. C'était un plaisir qu'il savourait, celui de pouvoir accepter la tristesse sans la contrainte de devoir garder une impression de bonne humeur. Lui qui n'appréciait ni mensonge ni comédie prenait conscience qu'il avait encore un grand chemin à parcourir pour s'en exempter totalement. Sur la balance de sa morale, il avait jugé que quelques sourires pesaient un bien faible poids face à l'inquiétude et les soucis de son entourage. Ils étaient tous plus importants qu'une portion de sommeil chaotique.

Il s'était hissé sur le rebord, les jambes repliées pour accueillir ses bras. La joue posée contre le poignet, il avait admiré le voile céleste avec intérêt. Petit, il s'était souvent interrogé sur la sensation de voler, de planer comme un oiseau, imageant la liberté de cette manière. Mais maintenant qu'il l'avait expérimenté sur un balai des années plus tard, ses questionnements prenaient un tout autre prisme. Qu'est-ce-que ça fait de tomber ? Est-ce-que l'on a peur ? Quelle est la dernière chose à laquelle on pense lorsque l'on regarde le sol qui s'approche inexorablement ? Était-ce à sa famille qu'il penserait ? À ses amis ? Ou ne ressentirait-il qu'une sensation de soulagement ?

Il avait extrapolé, presque théorisé sur les impressions de chute et les séquelles s'il survivait à différentes étapes de tremplin. Tomber c'était avoir le cœur au bord des lèvres et avoir envie de hurler. C'était sentir le vent frapper contre son corps entier et voir les nuages défiler à toute allure. C'était rapide comme finalité et indolore. Ce soir, il l'avait envisagé plus concrètement, s'éloignant de la sphère purement spéculatrice.

Il avait soufflé sur le carreau, humectant le verre d'un peu de condensation. Il avait continué à fixer les astres au-travers d'un nuage opaque. De l'index, il avait tracé un point d'interrogation, verbalisant son indécision. Presque gêné, il l'avait rapidement effacé du plat de la paume, laissant une traînée de gouttes gelées sur sa peau. Il s'était réfugié dans la moiteur de ses bras, fuyant la tentation de se chausser pour rejoindre la tour d'astronomie. Même s'il avait trop chaud, il ne bougea pas de sa position. Même s'il étouffait de n'entendre qu'inspirations et expirations continues, il n'avait pas changé de stratégie.

Jusqu'à ce que l'envie passe.

*

Les mains dans les poches de son manteau, Sessho alternait son regard de droite à gauche, changeant d'une bordure d'arbres alignés à un faible promontoire rocheux épousant la route. La démarche saccadée par les arrêts soudains et répétés de ses deux camarades, il écoutait leur conversation dans un mélange décousu de disputes et de bruits naturels. Les désaccords se retrouvaient alors marquaient par le vent, donnant à l'échange un il ne savait quoi de dramatique. Comme si les éléments venaient donner corps à leur débat sur les réformes inédites et régressives de la nouvelle directrice, faisant un parallèle cynique avec les mesures ministérielles consistant à endiguer la panique suivant l'évasion massive de prisonniers dangereux d'Azkaban.

Il n'en aurait été que mesurément inquiet si la protection de son nom – qu'il n'avait jamais considéré comme acquise, mais au moins réalistement suffisante – n'avait pas été inutile quelques mois plus tôt. Depuis, il n'était plus sûr de rien si ce n'est qu'il appréhendait l'avenir et un possible engagement avec plus de force qu'auparavant.

Muet dès la suggestion de sortir émise par Callum, il n'avait plus pipé mot. Sa soudaine incapacité à s'exprimer s'était aggravée quand Hiverna avait approuvé ses arguments, surenchérissant sur leur amitié mise en suspens par les récents événements, qui, elle l'avait précisé, les avaient tous éprouvés. Si elle avait eu la délicatesse de ne pas entrer dans des détails maladroits, l'inclusion du « on » avait été ressenti comme étant intrusif et négationniste. Trop pudique, il n'avait pas rebondi sur la culpabilité qui avait serré sa poitrine. Elle avait enflé, si bien, que sur le départ, il n'avait pu s'empêcher de jeter un rapide regard à l'Est, en direction de la plus haute tour de l'école.

Pré-au-Lard n'était plus qu'à quelques mètres et ne pouvant éternellement s'y soustraire, il hasarda un coup d’œil au village.

Revenir ici était, et la psychomage qui le suivait jusque là l'avait souligné, une étape nécessaire à son processus de deuil. La douleur dû à son traumatisme ferait jaillir une remise en question, qui, à terme, théoriquement, amènerait à une amélioration de son état psychologique. S'il n'était pas assez documenté sur le sujet – mais il le ferait dans un avenir proche -, voir les toits pointus et l'affluence des rues depuis la colline lui fit douter de son diagnostic. S'il avait eu l'occasion durant les vacances d'arpenter les rues avec son cousin sans s'en émouvoir, il comprit que la présence de ses camarades évoquaient une tout autre symbolique, et des moments plus précis dans ses souvenirs.

Les boulevards sentaient l'eau stagnante de flaques de boues et de verglas, et il l'associa à la pluie et l'orage. Il eut instinctivement un sentiment de rejet. Il ne ressentit pas tout cela comme un processus de guérison, mais comme s'il était immergé dans un étau glacial avec une main le maintenant sous la surface. Il se noyait.

La respiration lui manqua.

Il freina l'allure, prit à la gorge, immobile sur les derniers pas le menant aux premières habitations. Il se força à déglutir pour maintenir une expression contrôlée. Il se fit violence pour faire un pas en avant, résolu à se montrer à la hauteur des attentes des deux Serdaigle, dont l'expression réjouie quant au projet de renouer dans d'anciennes habitudes lui donnèrent un mélange mitigé d'émotions ; il désirait accéder à leur souhait, mais il douta de sa faculté à pouvoir profiter d'un quelconque moment simple et bénéfique.

Il se mura derrière des barrières plus ou moins solides, qu'il chercha à consolider en essayant de se concentrer sur la liste des boutiques qui étaient énumérées par Callum, plutôt que le cadre et l'angoisse y étant factuellement rattachée.

Ils furent arrêté par un attroupement sur la place centrale. Il suivit le cortège avec réserve, plus prudent que ses deux acolytes, qui eux, s'approchaient avec curiosité. En retrait, il joua de l'écart entre les épaules des passants pour saisir la scène. Des individus masqués – ce qui n'était pas pour calmer la compression de sa poitrine - s'étaient rassemblés sur une estrade et si le blanc évoquait populairement l'innocence et l'espoir, il en ressentit un malaise dont il mit le lieu en cause plutôt qu'un réel mauvais pressentiment avéré.

L'une des manifestantes, la plus en avant du groupe, prit la parole. S'il ne se sentit pas concerné par les premières paroles qui ne faisait que souligner l'avis général sceptique des citoyens, la suite fit dresser les poils sur sa nuque et si son teint n'était pas mensonger par une lotion, il aurait été certain qu'il aurait été encore plus cireux.

« Ils vous cachent la vérité. Moi, je vais vous l'offrir sur un plateau ! Le meurtrier de pré-au-lard n'est pas Sirius Black. Un meurtrier qui, après avoir fait deux victimes depuis le début de l'année, s'est attaqué à un élève le 31 octobre au soir... », il aurait voulu se boucher les oreilles et ne pas entendre les faits relatés de cette manière, pour, dîtes avec trop de ferveur, servir à la dictature de la terreur. La sienne le fit trembler.

Il y trouva une injustice similaire aux mensonges dans les lignes de la chronique du premier Novembre, celle d'accuser ou de nier sans nuancer l'histoire par égard des intéressés. Il eut une pensée pour Tabata dont il avait appris le sort par le biais du bouche-à-oreille, dont le malheur était maintenant réduit à un discours impactant.

« Alors, répondez-moi, comptez-vous laisser votre gouvernement impuni pour ses crimes ?! »

Les murmures se propagèrent et il n'en comprit que quelques morceaux. Les réactions les plus proches de lui furent celles de ses deux amis dont les points de vue étaient en tout point divergents. L'un estimait que leur utopie était gâchée par l'anarchie de leurs arguments, tandis que l'autre se rangeait du côté des révolutionnaires, galvanisés par la fougue de la militante. Un Œil doré fut brandi vers le ciel et s'y incrusta. Ironiquement, le rouquin nota dans leur mise en scène une ressemblance avec une marque mouvante dans le ciel le jour de la coupe du monde de Quidditch.

Sessho inspira et se détacha de la masse irrespirable, le cœur battant et les épaules secouées.

La détresse de Cho le détourna de la douche glacée qu'il sentait se déverser sur lui, bien que de manière momentanée. Il se retrouva incapable de bouger pour la rejoindre. Autour de lui, la fatigue et la peur déformèrent le public en monstres, en silhouettes déguisées et sanglantes le fixant intensément, tandis que sur la scène, un clown faisait taper son gourdin dans la paume de sa main.

Ses jambes le portèrent plus loin et il ne s'arrêta que quand il fut hors de portée de toute acclamation. Il ne sut si sa respiration archaïque était la conséquence de l'effroi ou de la course. Il s'assit, les bras autour des genoux et la tête enfouie à l'intérieur. Il étouffa.

Jusqu'à ce que l'envie passe.
BY CΔLΙGULΔ ☾


Résumé:
Sessho Shinmen
Préfet Serdaigle
Sessho Shinmen

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Un enfant perdu qui fond en larme

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Lun 22 Aoû 2022 - 19:11
Les lanceurs d'alerte

EVENT JANVIER 1996 - PRÉ-AU-LARD


IF OBEDIENCE IS THE RESULT OF THE INSTINCT OF THE
MASSES, REVOLT IS THE RESULT OF THEIR THOUGHT.

Engloutis dans une foule plus ou moins dense, Drago Malefoy et Laurel Flint faisaient quelque peu connaissance, en quelque sorte, et ce, d’une très étrange façon qu’en étant embarqués malgré eux dans une sorte de manifestation imprévue. La jeune fille n’avait qu’un an de moins que lui alors ils avaient bien évidemment eu de nombreuses occasions de se croiser ou de se retrouver dans le même cercle d’élèves. Mais même si c’était le cas, leurs échanges n’avaient jamais été très loin, ou se contentant parfois de simples formalités et banalités. Aussi, ils faisaient partie de la même équipe de Quidditch, mais ce n’était pas avec les nouvelles réformes qu’Ombrage apportait à Poudlard qu’ils allaient être en mesure d’au moins apprendre à se connaitre sportivement parlant sur le terrain. Elle n’avait qu’un an de moins que lui, ce n’était rien et c’était pourtant bien assez pour que Drago ressente une certaine supériorité à son égard, ayant l’impression d’être une grande personne à côté d’elle, face à elle. Et le jeune garçon qui avait bien souvent l’esprit fermé – ou du moins l’esprit focalisé sur ses propres priorités qui ne ressemblaient en rien à celles de tout autre adolescent de son âge – ne pouvait s’empêcher de penser au grand frère de Laurel lorsqu’il la voyait, Marcus Flint, qu’il connaissait bien plus malgré la fin des études de ce dernier. Mais peut-être le jeune Malefoy parviendrait-il à considérer la petite sœur en tant que personne à part entière au fil du temps, s’ils étaient amenés à se côtoyer régulièrement.

Elle ne connaissait rien de lui, il ne connaissait rien d’elle, la considérait tout juste, alors ses œillères l’empêchèrent de percevoir les yeux brillants d’admiration de Laurel. Même s’il était normal pour tout adolescent de cet âge, même à Poudlard, de s’expérimenter à des premières amourettes, ce n’était pas le cas de Drago. Encore une fois, il était question de priorités. L’affection, les sentiments, il avait du mal avec tout ce qui s’y apparentait. Tout cela ne l’intéressait pas. Pour le moment du moins. Et actuellement, la seule fille qui trouvait un minimum grâce à ses yeux était Pansy Parkinson, avec qui il entretenait pourtant une relation des plus platoniques.

Mais pour en revenir à ces deux adolescents pris dans un rassemblement inattendu, la plus jeune fut piquée, peut-être quelque peu vexée, par la première remarque du jeune Malefoy. Les piques étaient déjà devenues une habitude, et parfois, même si son intention première n’était pas d’être blessant, il l’était tout de même malgré lui, sans pourtant s’en rendre compte. Laurel lui répondit sur le ton de l’humour, humour qui ne fut pas partagé par le garçon qui n’avait absolument pas trouvé ça drôle, prenant une moue en quelque sorte blasée. Bien que très peu expressif sur certaines choses, ses nombreuses mimiques étaient devenues avec le temps de simples reflex qu’il ne parvenait à contenir, alors parfois, il ne fallait pas s’en formaliser.

« Non, j’étais malade ce jour-là, » avait-elle ensuite simplement répondu quant à son absence à la fête d’Halloween. En retour, Drago hocha seulement la tête d’un air entendu. Ce dernier ne mâchait pas ses mots en ce qui concernait les grands pouvoirs certains des Mangemorts qui venaient de franchir et d'échapper aux murs inébranlables d’Azkaban. Ainsi, la jeune Flint n’était aucunement épargnée de la sombre vérité, elle ne put que se sentir effrayée. Elle semblait le chercher du regard et elle parvint à capturer ses yeux dans lesquels elle aurait certainement voulu entrevoir du soutien, mais les iris de Drago n’exprimaient rien à cet instant. Son regard était inexpressif, certes, incontestablement froid de par sa couleur grise, mais paradoxalement doux en finalité. Le Serpentard n’aimait d’ailleurs pas beaucoup regarder les gens dans les yeux dans certaines circonstances, du moins les personnes qu’il ne connaissait pas ou peu, ayant l’impression qu’on pouvait lire en lui comme dans un grimoire ouvert.

« Mais Poudlard est l’endroit le plus sûr au monde, n’est-ce pas ?
- Je ne sais pas. Espérons-le, répondit simplement le blond, évasif, et marquant une longue pause. C’est sûr que ce n’est pas sur ce fuyard de Dumbledore qu’on pourra cette fois-ci compter, reprit-il d’un ton amer. Et en ce qui concerne Ombrage, je n’ai aucune idée de ses réelles compétences s’il devait arriver quelque chose. »

Laurel replongea son regard plein d’interrogations dans celui de Drago. Elle semblait vouloir y déceler quelque chose. Mais quoi ? Il n’en avait pas la moindre idée. Dans tous les cas, au vu de la réaction de Laurel à propos des Mangemorts et du possible retour du Seigneur des Ténèbres, Drago pouvait au moins avoir la certitude qu’en sa compagnie, il ne pouvait s’autoriser à en dire trop, pour le peu qu’il en savait. Une question d’idéologies, de discrétion, mais aussi de confiance, et le garçon n’accordait pas la sienne facilement. Il en savait un tout petit peu plus qu’elle, et même s’il était au courant de la sombre réputation de sa famille, de ses propres parents, bien évidemment qu’au fond de lui sommeillait une certaine peur pourtant très bien dissimulée.

Après ces quelques mots échangés, l’attention des deux adolescents se reporta sur la porte-parole d’une organisation qui leur était encore inconnue. À ce moment, un grand œil d’or fit irruption dans le ciel, les surplombant tous, les surveillant tous, donnant l’impression à Drago d’être épié, mis à nu, tant l’œil semblait étrangement perçant. Les murmures se faisaient entendre tout autour d’eux, les avis et réactions étaient encore timides, mais un peu plus loin d’eux, ils purent entendre une voix féminine briser les chuchotements. Ce n’est qu’une fois que la sorcière en question eût donné son avis et que Laurel l’abandonnât pour se diriger vers elle, que Drago se rendit compte qu’il s’agissait de Cho Chang. Lui, resta là, immobile, sans broncher. Il aurait pu faire comme elle, aller la réconforter, mais non, ce n’était pas un domaine dans lequel il excellait, situations qui le mettaient plus mal à l’aise qu’autre chose. Maintenant laissé seul, il croisa les bras sur sa poitrine, attendant la suite afin d’en apprendre davantage tout en étant naturellement observateur de ce qui se passait autour de lui.
Drago L. Malefoy
Membre
Drago L. Malefoy

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THERE'S DAGGERS IN MEN'S SMILES
There the grown serpent lies. The worm that’s fled hath nature that in time will venom breed ; no teeth for th' present.
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Lun 7 Nov 2022 - 17:02
Event de Janvier - Les lanceurs d'Alerte
Pré-au-Lard
Les peuples ne devraient pas avoir peur de leurs gouvernements. Les gouvernements devraient avoir peur du peuple..
- V pour Vendetta


De ses bottes de combat féminines, sa longue veste à l'écusson bien connu dans le pays, à sa chevelure épaisse attachée en chignon, rien ne la gênait. C'était une nécessité pour que, de sa posture à son accoutrement, rien ne puisse faire deviner son implication dans ce qui se passait dans la rue. Sur son toit, avec les unités d'aurors postés qui gardaient l'ascendant sur la population et les manifestants, sa paire d'yeux implacable jaugeait ses frères et sœurs aux masques dorés.

Elle, elle n'en portait pas. Aucune cape ne cachait ses traits, car aucun ne connaissait son allégeance. Son identité n'avait aucune véritable importance. Son but était d'analyser, de s'assurer que son organisation réussissait. D'ailleurs, quand bien même tout n'était pas à jeter, il fallait se rendre à l'évidence : elle se trouvait déçue par ce qu'elle regardait.

Par la présence des élèves incapables d'utiliser la magie comme ils le souhaitaient, comme le transplanage, aucun membre n'avait eu l'idée de prendre les toits. La présence des chasseurs de mage noir déjà sur les perchoirs pour leurs rondes n'y étaient aussi pas pour rien dans cette décision réfléchie, mais la conséquence s'en faisaient déjà sentir. Ils n'étaient pas en position de force et même si les habitants et les passants s'étaient agglutinés les uns aux autres pour écouter ce qu'avait à dire le porte-parole, certains s'étaient bien vite désintéressés.

L'Œil doré qui était apparu après un discours trop violent à son goût n'aidait en rien. Il créait un décalage peu appréciable entre la force de persuasion, surestimée, de la manifestation et ce qui avait été attendu pour cette première apparition. Les membres n'étaient pas encore suffisamment ordonnés, structurés les uns vis-à-vis des autres.

Rien d'étonnant à cela quand elle savait que certains agents étaient des adolescents venant tout droit de Poudlard. Leur présence, cependant, était à la fois un poids pour l'organisation, mais aussi un poids pour la persuasion. Les mots des enfants étaient parfois d'une justesse piquante et celle qui avait discourut en dernière ni faisait pas exception.

Elle avait rattrapé les pots cassés à elle-seule, car sa parole, pure, sans fioritures ni arrière-pensées, ne pouvait que convaincre. Une note positive, donc et il était nécessaire de finir là-dessus avant qu'un autre prenne la parole. Le risque de briser ce sentiment d'adhésion qu'il était possible de lire sur certains visages, (pas suffisamment, mais elle ne pouvait décemment pas attendre plus), était trop grand.

Sa baguette, postée dans son dos depuis le début de sa marche et de son observation minutieuse, arrêta ses tours nonchalants pour se pointer discrètement sur la figure fantomatique qui jaugeait les manants de la Grand-Rue. D'un simple trait dans les airs, elle la fit s'évaporer dans un sifflement.

C'était un signe et un ordre : il était temps de mettre fin à ce spectacle. Une représentation plus décevante qu'espérait, dont la plupart des acteurs, qui tiraient leurs révérences en disparaissant en groupe dans des craquements caractéristiques, devraient revoir leurs rôles avant le prochain lever de rideau.



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