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[26/08/95] Les douze coups de minuit. ft. Delyla Gavril. [Chemin de Traverse]

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Lun 28 Oct 2019 - 16:16


Les douze coups de minuit.



Samedi 26 Août 1995,

Aujourd'hui était un grand jour. Le plus merveilleux de l'année même. Enfin, non, pas vraiment. Disons, l'un des plus fabuleux, alors. Assise dans la voiture de son père, Azalée ne cessait de lire sans fin la lettre qui lui avait été remise des mains de madame au chapeau pointu, à peine quelques jours auparavant. Dès lors, sa mère avait bien eu du mal à la canaliser. Les cookies avaient été inefficaces, ce qui n'avait pas été sans l'inquiéter. Elle n'écoutait plus sa petite, et préférait répéter mot pour mot les quelques affaires qui lui serait demandé pour la rentrée. En tailleur sur la banquette arrière, Monsieur Noodle coincé entre ses jambes et missive dans les mains, c'est avec un nouveau sourire mutin qu'elle s'empressa de repasser sur les premières lignes.

« Une baguette magique ! Tu te rends compte, maman, je vais avoir une baguette magique ! », s'exclama la petite sorcière en peine à se retenir de sautiller sur son siège. Ce fut le regard plissé que lui envoya sa mère qui la décida à ne pas se détacher pour laisser éclater son excitation. Charlotte remit l'une de ses mèches derrière son oreille pour planter ses iris bleutés dans ceux si semblable de son enfant. Les voyant briller d'une constellation d'étoiles, elle esquissa un sourire à la fois contrit et heureux. Comment pouvait-elle résister à sa princesse lorsqu'elle semblait à ce point heureuse ? Et si leur entrée dans ce monde si nouveau était effrayant, tout au moins pour les deux adultes, elle se sentit plus sereine à l'idée que sa fille, elle, ne semblait pas en être affectée. Tant qu'elle avait Monsieur Noodle à ses côtés, rien ne pourrait la détourner de son chemin, bercé d'optimisme et aussi fleuris qu'il était possible de l'être. Avec douceur, et contorsionnée sur son assise, elle tendit une main vers le visage de poupée de sa fleur enfin muette pour le temps d'un instant, pour caresser sa joue rebondie, du plat de son pouce. « Oui, je me rends compte, ma chérie. », qu'elle lui répondit donc avec calme, pour l’exhorter à faire de même. Elle se retourna face à la route, interceptant le regard inquiet de son époux, qu'elle s'engagea à rassurer d'un sourire. Celui qui serait le plus tourmenté par la séparation qui aurait lieu d'ici quelques jours serait certainement Eliott Winchester. Mais ça, elle s'abstenu de le souligner, croisant ses mains l'une sur l'autre, sur la poche mondaine qu'elle n'avait pas voulu mettre dans le coffre avec le reste des affaires.

« Maman ! Ils disent que je peux avoir un animal ! Une chouette, un hibou, un chat ou un crapaud, je peux en avoir un ? Dis ! Dis ! Dis ! », recommença la fillette après une dizaine de minutes de silence. La quarantenaire roula des yeux dans ses orbites, et mit un point d'honneur à refaire face à la petite turbulente à l'arrière pour lui répondre. « Ma puce, je t'ai déjà dit quand on est partis que je voulais attendre que tu prennes tes marques dans ta nouvelle école, avant de penser à un animal. Tu comprends ? », répliqua la mère de famille, soutenue par son mari, d'un « Ta mère a raison, princesse ! », aussi peu assuré qu'il l'était toujours à l'idée de s'opposer à sa fille, mais bien plus apeuré de provoquer la colère de son épouse. Les narines d'Azalée se dilatèrent d'une inspiration profonde, sa cage thoracique se gonfla progressivement, et sa moue se fit plus boudeuse. Le père de famille tâcha de se faire discret, courbant le dos pour éviter de se retrouver bloquer entre deux feux.

Charlotte plaça son coude sur le sommet de son siège, faisant fit de la chemise indigo qu'elle avait enfilé, qui épousa un peu plus ses formes, ne la rendant que plus impressionnante. Les doigts jouant avec son alliance, elle accueillit avec patience la réaction de la plus jeune, qui ne se fit pas attendre. « Mais maman ! Pourquoi tu veux pas ? C'est pas juste ! Je suis sûre que pleins d'élèves auront un animal, eux ! », reprit la petite, en balançant le parchemin qu'elle tenait encore fermement de droite à gauche, pour finalement croiser les bras devant le regard inflexible de sa mère. Elle ne la ferait pas craquer, elle en avait bien conscience. Charlotte Winchester était un roc, qui faisant souvent preuve d'une grande douceur à son égard. Une main de fer dans un gant de velours avait dit papa à de nombreuses reprises pour la décrire. Une force de la nature dans un corps de pin-up de magazine. « C'est pas juste. », bredouilla Azalée, recevant l'approbation de son ours en peluche qui s'insurgea de la décision de la plus âgée d'un « Elle est nulle », tout à fait immature. Le sujet clôturé, Madame Winchester se détourna pour fixer ses billes océans sur Londres qu'ils avaient rejoint. Profitant d'un instant d'accalmie, elle se laissa aller contre la vitre, bientôt imitée par sa fille dans son dos, qui appuya son front contre la sienne, observant l'allée d'arbres qui venaient de disparaître au profit du béton et des immeubles de briques rouges. Elle n'aimait pas les grandes villes. Il y avait toujours trop de monde. Et maman disait toujours qu'elle risquait de se perdre. Elle décroisa ses jambes, laissant pendre sa jupe plissée noire sur ses genoux, son ami posé dessus.

« Dis, tu crois qu'il y aura du monde là où on va ? », murmura-t-elle en avisant les passants qui se rendaient dans le café qu'ils venaient de dépasser. Elle ne reçut pas vraiment de réponses, et un instant, elle se plu à imaginer les vies de ces femmes aux jolies robes qui rejoignaient leurs prétendants. Papa et elle en avaient l'habitude quand ils se rendaient au village. Inventer la vie des gens, leur apporter une touche colorée, c'était un peu ce qu'elle voulait faire pour la sienne. Y ajouter d'autant plus de paillettes. Toujours plus de fantaisie. Et là, elle tenait entre ses doigts le moyen d'y parvenir. De graver ses rêves dans la pierre, de les rendre encore plus féeriques qu'il n'était possible de le faire, de faire ce qu'aucun membre de sa famille n'avait jamais pu ne serait-ce qu'imaginer dans ses rêves les plus fous. Voler sur un balai, faire de la magie, porter un chapeau pointu comme la vielle dame, faire des potions dans un immense chaudron qui ferait flotter une grande fumée verte. Soudain, la peur de la foule trop dense s'évapora pour laisser place à l'excitation de la découverte. Comment, c'était là-bas ?

***

C'est avec empressement qu'Azalée s'extirpa du véhicule, claquant la portière derrière elle, recevant quelques paroles de son père qu'elle ne prit pas la peine d'écouter. Ils étaient arrivés. Enfin. Elle allait découvrir son tout nouveau monde. Sur la demande de sa mère, elle accepta d'enfiler sa veste cintrée de la même couleur que sa jupe, pour recouvrir sa chemise rose pâle. Il faisait chaud, mais d'après maman, on était jamais trop prudent, Septembre approché, et avec lui venait souvent les premiers rhumes. Tenant Monsieur Noodle contre sa poitrine, c'est en sautillant de ses petites chaussures cirées qu'elle alla à la rencontre du professeur chapeau pointu, qui les guida sans un mot vers l'entrée du Chaudron Baveur. Quel drôle de nom, c'était dit la petite, mais en entrant, elle siffla maladroitement d'admiration. Ça ressemblait au vieux pub, ça avait l'odeur des vieux pub, à ceci près que les habitués au comptoir faisaient pour certains tourner la cuillère dans leurs tasses fumantes avec leur index. De la magie. De la vraie. Elle résista à l'envie de leur parler, d'épancher sa curiosité de connaître le secret d'une telle prouesse, et suivit leur guide jusqu'à une autre porte, qui les mena devant un grand mur de briques. Elle allait le faire sauter ? Comme dans les vieux films de cow-boys que papa regardait ? Ce fut tout aussi spectaculaire, et c'est le souffle coupé qu'elle admira la danse des pierres qui pivotèrent, coulissèrent pour laisser place à une allée lumineuse. Le Chemin de Traverse.

« C'est... », commença la fillette en pénétrant dans le monde magique, les yeux grands ouverts la faisant ressembler à un poisson hors de l'eau. C'était étroit, mais pourtant, les passants parvenaient à se faufiler vers des boutiques colorées, dont les noms de là où elle se tenait, ne faisait qu'encore plus l’appâter. « Magnifique. », compléta sa mère en se plaçant derrière elle, les mains sur ses frêles épaules, pour la faire avancer. Elle s'exécuta, d'abord timidement, mais une fois les premiers établissements passés, c'est sans aide qu'elle découvrait, courant dans la foule, bousculant, se heurtant à certains adultes qui parfois venaient à lui adresser un regard courroucés. Peu lui importait. Hors de vue des trois adultes, c'était sans entraves qu'elle évoluait, à son rythme, regardant partout à la fois pour ne pas oublier le moindre détail. Elle manqua de frapper de pleins fouet un grand homme au long manteau avec un béret sur la tête, qui comme s'il l'avait vu venir, se décala sur le côté pour la dépasser sans ne serait-ce que la frôler. Il était voyant ? Se tournant sur un pied à la manière d'une danseuse, elle essaya de suivre le chemin qu'il empruntait, plissant le nez lorsque la fumée de cigarette lui entra dans les narines. Pas bon. Elle ne chercha pas à retenir son éternuement, mais essaya tant bien que mal de le cacher avec sa main. Maman n'aurait pas été contente si elle ne l'avait pas fait. Puis, oubliant déjà le grand monsieur, elle bifurqua sur la droite pour grimper sur quelques caisses de bois, et ainsi, avoir une meilleure vue sur l'endroit. C'était gigantesque, et du haut de son mètre quarante, elle ne pouvait pas vraiment profiter du panorama, mais plutôt de la vision des jambes, ou du torse des gens.

« Alors, Monsieur Noodle, cap où ? », fit-elle avec enthousiasme, avisant quelques boutiques qui semblaient correspondre aux indications du professeur chapeau pointu. L'apothicaire pour les plantes, et surtout, le matériel dont elle aurait besoin pour ses cours de potions. Elle allait vraiment avoir un chaudron ! Et enfin, Madame Guipure, pour les vêtements. Ni une ni deux, et sans attendre une quelconque réponse de son ami qui avait bien été forcé de la suivre dans son escapade en solitaire, elle descendit de son perchoir d'un bond, fléchissant les genoux pour ne pas se faire mal. Ce n'était pas plus compliqué de descendre d'un arbre. Elle se mêla à nouveau aux sorciers, cherchant à s'y lier pour arriver de l'autre côté. Sa petite taille serait un avantage. A mi chemin, elle heurta la tête la première le flanc d'un homme, une fois encore plus grand que papa, qui tourna son visage dans sa direction. La voyant bousculée par une femme, puis un autre homme, il posa une main dans ses longs cheveux d'or pour la faire passer devant lui, et la faire arriver de l'autre côté de la rive. Ouf !

« Fais gaffe où tu vas la prochaine fois, petite. », lui dit-il, et elle ne put que détailler son faciès asiatique, que grand-maman aurait qualifié d'angélique. Il lui accorda un sourire, éloignant la cigarette qu'il tenait entre ses doigts de sa personne, pour ne pas l'incommoder. Puis, sans rien ajouter, ni qu'elle ait eu le temps de le remercier, il fila, rejoignant en quelques enjambées celui qui devait être son ami. L'enseigne parfaitement nettoyée fut des plus accueillantes, et sans attendre, elle poussa de toutes ses forces sur les portes vitrées pour entrer, faisant retentir un carillon.

« Bonjour ! », lança-t-elle pour annoncer son arrivée, comme maman lui avait toujours dit de le faire, et c'est la bouche entrouverte qu'elle regarda les différents vêtements placés sur des mannequins en bois. C'était plus beau que les endroits où maman l'emmenait, c'est sûr ! Des jolies robes, des beaux costumes, comme le monsieur de tout à l'heure. « Je viens acheter une robe de sorcière ! »

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Sam 9 Nov 2019 - 22:58


Les douzes coups de minuit Azalée Winchester & Delyla Gavril Les premiers rayons de soleil filtraient depuis deux bonnes heures déjà. Ou seulement une, elle ne savait plus. C'était fin août, et, même si c'était presque imperceptible, les jours raccourcissaient déjà. Ce qu'elle savait, c'est que l'astre était déjà là quand elle avait tiré les rideaux. Il faisait beau, c'était toujours ça, elle ne s'en plaindrait pas. Les mauvais jours viendraient bien trop vite, dans cet Angleterre au climat parfois trop pluvieux. Mais elle se rassurait en pensant à sa Russie natale, se remémorant les beaux paysages enneigés, qu'elle avait pus longuement contempler pendant la dizaine d'années qu'elle y avait vécu. Il ne ferait probablement jamais aussi froid que là-bas. 

Une tasse de thé bien chaude entre les mains, dont la fumée s'échappait en volutes aériennes, Delyla observait, depuis sa fenêtre, les premiers courageux sortir de leurs domiciles pour se rendre au travail. Elle aussi, elle quitterait le confort de son domicile, d'ici quelques instants, pour se rendre à la boutique. Joyce et Mina, ses chats, se faufilaient parfois entre ses jambes pour s'y frotter, réclamant des caresses qu'elle leur donnait. Mais les voilà qui se faisait plus pressants et insistants, sans doute pour lui réclamer leur nourriture.

« Oui oui les filles, je vais vous donner à manger avant de partir. » Leur avait-elle adressé avec une dernière caresse, comme si cela allait les faire cesser.

Se détachant du spectacle qui s'offrait à l'extérieur, elle avait posé sa tasse sur le plan de travail de la cuisine, avant d'attraper le paquet de croquettes rangé dans le placard sous le lavabo. Quoique, dissimuler serait peut – être le terme le plus exact. Parce qu'elle aurait très bien pu le laisser dans un coin de la cuisine, à la vue des félins, mais elle savait d'expérience que ce n'était clairement pas une bonne idée. En effet, par le passé, les deux boules de poils s'étaient déjà alliées pour mettre à mal ledit sac de croquette. La blonde n'avait jamais su si c'était seulement pour jouer avec le contenant, ou pour y grignoter directement le contenu. Mais qu'importe, elle avait préféré planquer la marchandise là où aucun des animaux ne viendrait y toucher, et ne le sortir que pour leur donner leur repas.

Après avoir nourri ses chats, elle avait accéléré le mouvement pour finir de se préparer, lorsqu'elle avait constaté l'heure. Puis elle avait quitté son domicile, prenant soin de fermer la porte à clé derrière elle. Le côté pratique de vivre sur le chemin de Traverse, c'était qu'elle pouvait se rendre au travail à pied. Les talons de ses chaussures heurtaient le pavé dans un bruit plus ou moins continu, alors qu'elle prenait la direction de la boutique de Madame Guipure. Elle pourrait très bien faire sa flemmarde et transplaner. Mais, pour si peu de temps de trajet, elle n'en voyait pas l’intérêt. De même, elle était déjà enfermé dans la boutique une bonne partie de la journée, alors cette marche qu'elle faisait matin et soir lui faisait du bien. Elle voyait le monde s'éveiller ou commencer à s'éteindre, et s'était un spectacle dont elle ne voulait pas se passer. Elle reconnaissait des visages qu'elle avait l'habitude de croiser, et parfois d'autres qui ne lui étaient pas familier. C'était plutôt plaisant, ce genre de petites habitudes. Ça avait quelque chose de rassurant, d'une certaine façon, dans ce monde au destin incertain.

Elle était finalement arrivée au bout de quelques minutes de marche, passant la porte de la boutique encore vide de client, mais qui ne tarderait pas à se remplir d'un instant à l'autre. La rentrée approchait, et amenait avec elle une flopée de nouveaux élèves qu'il fallait habiller pour Poudlard. C'était la période où tout Traverse était assaillit de petites têtes blondes en quête de fournitures scolaires, dont la liste était à n'en plus finir. On ne leur en voulait pas. Dans cette histoire, les plus stressés devaient probablement être eux. Également les plus enthousiastes, pour les moins timides. À eux, s'ajoutaient les autres clients, ceux qui connaissaient déjà la boutique et y venaient comme un jour normal. Dans tous les cas, c'était encore une grosse journée qui s'annonçait en cette période de pré-rentrée. 

« Bonjour tout le monde ! » Avait – elle saluée, comme à son habitude, à l'attention de ses collègues déjà présents.

Elle n'attendait pas spécialement de réponse, s'exclamant surtout pour annoncer sa présence aux autres. La plupart du temps, on lui répondait. Parfois moins. Tout dépendait de ce que faisait déjà chacun. Comme à son habitude, elle avait posé ses affaires à son poste de travail, et avait consulté le parchemin sur lequel, la veille pour le lendemain, elle mettait tout ce qu'il fallait qu'elle fasse. Aujourd'hui, outre ses habituelles confections et réparations de vêtements, elle devait aussi s'occuper des clients. Programme habituel en somme. Une fois tout les employés présents, la boutique avait ouvert à l'heure prévue, permettant aux premiers clients d'entrer. La journée de travail pouvait commencer. 

Les heures avançaient, mais Delyla était beaucoup trop occupé pour s'en rendre vraiment compte. Elle aimait son métier, et ne comptait pas vraiment ses heures. De même qu'il y avait toujours de quoi faire quelque part. 

« Bonjour ! »

Occupée à la restauration d'un vêtement abîmé, elle avait pourtant dû s'arrêter lorsqu'une nouvelle cliente avait fait son entrée, prenant soin de s'annoncer en arrivant. Fissa, elle avait abandonné son œuvre du moment, et s'était levé de son plan de travail pour aller l'accueillir, ses lunettes toujours sur le bout du nez. Elle déduisait cette voix fluette comme étant plutôt féminine, et avait été heureuse de constater qu'elle ne s'était pas trompée. 

« Bonjour demoiselle, bienvenue chez Madame Guipure. » Lui avait - elle adressée avec un sourire. « Que puis-je faire pour toi ? »

La petite tête blonde en face d'elle avait l'air toute jeune, probablement une jeune fille qui rentrait à Poudlard cette année seulement. Et bien que cela lui donnait une idée de la réponse à sa question, elle préférait toujours la poser pour ne pas aller trop vite en besogne.

« Je viens acheter une robe de sorcière ! » 

La couturière avait eu un sourire à la fois amusé et attendrit face à tant d’enthousiasme. Ça faisait plaisir à voir, et illuminait un peu la journée.

« Je vois, viens avec moi, c'est par là. C'est ta première robe de sorcière ? »

L'invitant à la suivre, elle s'était dirigée vers un portant où se trouvaient plusieurs robes de sorcière de taille différente. Mais, au vu du gabarit de la demoiselle, Delyla commençait déjà à visualiser la taille qu'il lui faudrait probablement. Juste histoire que la robe ne traîne pas trop par terre, et qu'elle ne se prenne pas les pieds dedans. C'était quand même le minimum syndical pour une bonne rentrée ! Avoir une jolie robe bien ajustée était toujours appréciable.

« Est ce que tu connais ta taille ou pas du tout ? Sinon, on peut toujours faire des tests et réajuster après, ce n'est pas un souci. » Lui avait – elle demandée, pour essayer d’avoir un aperçu de la robe de sorcier adéquate pour la demoiselle.
:copyright: Justayne
Delyla Gavril
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Delyla Gavril
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Jeu 26 Mar 2020 - 18:28


Les douze coups de minuit.



Samedi 26 Août 1995,

Maman disait toujours que la vie, c'était un peu comme une jolie robe. Elle pouvait être longue, faîtes d'un beau tissu coloré, bariolé de motifs tribaux, enchanteurs et exotiques. Courte, à franche, d'une blancheur virginale. Aérienne comme le vent ondulant les feuilles printanières de délicates caresses post-estival, promesse de moments ensoleillés et inoubliables. D'un rouge carmin, rehaussant un teint trop pâle, malmené par l'enfermement, l'ombre des doutes un peu, mais surtout trop habitué à la nuit, à l'approche de l'aube. Couleur chaude, tape à l’œil. Du noir cintré d'une femme d'affaire en haut talons, faisant résonner sa domination, son assurance d'un déhanchement féminin, envoyant valser les murmures indécents d'un mouvement de doigts vernis reflétant les néons d'un hall d'argent. Au jaune des grandes occasions. À pois. À rayures. À froufrous de princesses. De la cape, au chaperon, à la veste de costume, aux bracelets cliquetants. La vie était comme une robe. Toujours différentes. Jamais à voir du même regard. À la liqueur des fraîches soirées d'automne, à l'orage sombre de la tristesse.

Grand-maman avait pour habitude de dire qu'une petite demoiselle doit avoir au moins deux robes dans son placard. Azalée s'était souvent demandée pourquoi. C'était joli. Une pour les jours à fêter. Et une pour ceux à pleurer.

Maman en portait souvent. Des beaux tissus rose, ceinturés par une lanière de cuir usé. Papa la trouvait plus jolie, même avec son tablier tâché de terre par-dessus. Il disait, le rouge aux pommettes, que lorsqu'ils s'étaient rencontrés sur le marché, le Soleil brillait haut dans le ciel. Il n'y avait aucun nuage, tandis que la veille encore, un déluge s'était abattu sur la campagne, noyant quelques carottes imprudentes.

Parfois, se prenant pour Cendrillon, c'était de guenilles encrassées qu'elle passait, enfilant les apparats d'une danseuse étoile. Ballerines de cristal sur ses pieds fins, cheveux d'or relevés d'un chignon sophistiqué, qui, d'un coup de baguette de fée venait à se tresser en un clignement de cil. Puis, sous le couvert d'une horloge encore loin de son couvre feu, elle se plaisait à tourner. Tourner dans le sens qu'il lui venait. A droite. A gauche. Puis, d'un pas en avant, claquant le talon de verre sur les lattes du parquet du grenier, c'était d'un sourire qu'elle encourageait son cavalier. Prince aux yeux noisettes, qui, devant elle, la camouflant à son reflet poussiéreux, l'invitait à une valse chimérique. Au travers de la lucarne, la Lune brillait encore, relevant de son éclat les pellicules grisâtres, scintillant sous son attention, sous sa beauté. Paillettes qui, d'un mouvement, d'un nouvel élan, s'ajustaient d'une brise gracieuse, se déposant sur ses épaules dénudés et sa robe azurée.

« Envolons-nous ! », qu'elle lui disait souvent. Un murmure complice, lèvres relevées d'espièglerie et de rêverie. S'élever haut, encore et encore, jusqu'à ce que, délivrée de sa cage dorée de petit oiseau immature, elle puisse, à la force de ses ailes malhabiles, continuer sa danse, imprimer son pas sur le sable lunaire. Danser. Danser jusqu'à ce que le jour se lève. Jusqu'au dernier coup de l'horloge, jusqu'à l'ultime soubresaut de la grande aiguille des heures. Encore. Jusqu'à son dernier souffle. Jusqu'à ce que le temps s'arrête et reparte d'une plus belle envolée encore.

Pour toute Cendrillon, aussi belle et rayonnante soit-elle, il faut une Marraine la bonne fée pour, d'un mouvement de poignet, retirer toute une couche disgracieuse de saleté. C'est ainsi que l'on fait les plus beaux ouvrages, vases et bijoux. En les polissant. En les nettoyant. Des heures de patience, d'application. Les femmes. Les hommes. Les enfants. Les bébés sont pareils. Et ça, même du haut de ses onze ans, elle en a conscience. Parce que c'est ce que grand-maman lui avait dit le jour où papy snoopy s'est transformé en arbre et en fleurs. C'était un jour de larmes, comme elle disait. Un jour où l'on porte cette robe noire et un parapluie. C'est beau la pluie. Mais pas sur le visage des gens. C'est beau quand ça arrose les plantes et que les champs sont plus verts que tout le reste de l'année. Pas quand ça donne mal à la tête. Non. Grand-maman lui avait dit, tout bas, comme un secret que l'on ne souhaite pas ébruiter, que grand-papy a la force de ses bras avait fabriqué la vie. La joie. Le bonheur et les rires. Comme une fée. Comme un sorcier.

Debout, le menton relevé sur les mannequins mouvants ou statufiés, de bois ou de plâtre, de cire, parfumés ou habillés, elle observait. Monsieur Noodle accrochait à ses bras, elle relevait minutieusement les détails de cette boutique enchanteresse. Maman aurait aimé voir ça. C'est la pensée qui traversa son esprit diffus et hyperactif. Des vêtements suspendus sur des silhouettes aux proportions diverses, aux hanches prononcées, ou au contraire, moins galbées. Des robes moulantes, à la soie s'agitant comme le souffle d'un fantôme à son arrivée, la clochette annonçant la venue d'une fleur encore bourgeon.

« Bonjour ! », une première entrée en matière qui ne manqua pas de faire naître un sourire sur ses lèvres rosées, relevant ses joues arrondies. L'océan de ses prunelles s'envola jusqu'au plafond, pour y admirer les bougies flottantes, vacillantes sous la faible brise estivale s'infiltrant sous la porte vitrée. La magie était tout bonnement incroyable. Les lèvres entrouvertes sous la stupeur, la surprise et l'émerveillement, elle n'entendit aucunement le pas chaloupé de la vendeuse, qui, du ton de sa voix la tira de son observation de la devanture qu'elle s'en était allée minutieusement détailler.

« Bonjour demoiselle, bienvenue chez Madame Guipure. », les épaules de la petite se crispèrent sous les battements affolés de son cœur, et c'est une tempête de blé qui se tourna vers la jeune femme, à la chevelure si semblable à la sienne, bien que sans doute s'approchant plus de la neige hivernale que des champs s'étendant sous le soleil de sa campagne natale. «  Que puis-je faire pour toi ? »

La dame n'était pas très grande, mais pas petite non plus. Comme maman, se fit-elle la réflexion en s'approchant un peu plus, les paupières plissées de concentration. Monsieur Noodle émit une protestation, la narguant sur les leçons de bienséance, mais, elle les balaya d'un froncement de nez, renforçant son air mutin, celui d'un petit lutin jamais à court de bêtises. Elle était jolie la dame. Est-ce-qu'elle portait les beaux vêtements de la boutique ? Et ses dessins sur la peau l'étaient aussi. Papa en avait un aussi, sur le bras. Son prénom. Il disait toujours que c'était un moyen de lutter contre l'oubli. Papa, il n'avait jamais été un grand philosophe, il n'aimait pas beaucoup les livres, pas comme Maman, mais il savait des choses sur la vie. Il ne voulait pas oublier, ni elle, ni Maman, ni personne. Et si un jour, comme Grand-papy snoopy, il ne savait plus compter ou dire où il habitait, et bien, avec ce dessin, il ne pourrait pas oublier sa famille.

« Je viens acheter une robe de sorcière ! », répondit-elle donc d'une voix forte, tout ses questionnements déjà envolés, chassés par le vent de la nouveauté. Ses lèvres cessèrent de se crisper sur ses dents, pour finalement s'étirer en un large sourire, dévoilant donc la blancheur de son enthousiasme.

« Je vois, viens avec moi, c'est par là. C'est ta première robe de sorcière ? », lui répondit la jolie dame en l'invitant à la suivre, faisant, à la manière d'une princesse, claquer ses pas sur le parquet. Un « Hum ! » vif accueillit cette question, accentué par un hochement de tête vigoureux.

Elle était une petite souris au milieu d'un grand étal de fromages. Ou la princesse d'un royaume reculé, venu à la recherche de son précieux laissé passé pour un château mystérieux. Sa frimousse à l’affût du moindre détail important, c'est donc en suivant le tracé expert de la couturière, qu'elle s'aventura dans le dédale sinueux des vêtements luxueux. Ses doigts se détachèrent de la fourrure de l'ourson, pour passer sur les tissus que son œil devinait léger et agréable. Son toucher le lui confirma. Du rouge. De l'or. Du noir. Du bleu. Du vert. Des plumes ou des chaînes. Du cuir. De la soie. Du satin. Ou du coton. Un monde d'aiguilles et de bobines s'ouvrait à elle. Futur toboggan géant de fils pétillants, qui, l'aideraient à venir à bout de la tyrannie du Lord épinard.  

« Est ce que tu connais ta taille ou pas du tout ? Sinon, on peut toujours faire des tests et réajuster après, ce n'est pas un souci. », à cette demande, la petite se redressa un peu plus, se hissant sur la pointe de ses pieds pour se faire plus grande, pour essayer vainement de fausser l'expertise de la nordique. Amusée par cette formalité propre aux professionnels, le trublion gonfla son ventre, tordant sa chemise d'une sphère grotesque et arrondie ses joues un peu plus, se donnant l'allure d'un hamster ayant fait ses provisions pour la journée.

« Che ch'ais pas. », essaya-t-elle avec sérieux, avant de devoir capituler face au rire qui la prit à la gorge, et en sortit bien volontiers. Azalée expira de tout son sous, une main sur son bidon redevenu plat, s’esclaffant de sa bêtise.

« Je sais pas ! J'ai mangé beaucoup de tartiflettes et de cornichons à la maison ! Maman, elle m'a dit que je devais manger plus de légumes ! Mais moi, j'aime pas beaucoup ça, non non ! », elle secoua la tête par trois fois, se fouettant le visage de ses longues mèches, bien qu'elle n'eut pas l'air de s'en formaliser puisqu'elle continua sur sa lancée.

« Moi, je préfère le chocolat ! Et les cookies ! C'est bon les cookies. », cette fois-ci, elle acquiesça par quatre fois, avec l'élan de ceux sûrs de ce qu'ils disent. « Mais j'aime pas la citrouille ! Maman me dit que c'est parce que je suis Cendrillon ! », elle écarta l'un de ses bras, cognant sa main contre le portant en métal qui couina sur ses gonds. « Oups. », se retrouva-t-elle donc coupé en ramenant sa main sur sa bouche, comme si ce simple geste suffisait à effacer sa maladresse. D'une œillade d'excuse, elle cessa brièvement de s'agiter, pour relever son regard sur le visage de la vendeuse, qu'elle gratifia de son plus beau sourire. « Donc ! Si je suis Cendrillon, tu vas être ma bonne fée ! Transformes-moi jusqu'à minuit ! »

1847 mots

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Sam 18 Avr 2020 - 12:55


Les douzes coups de minuit Azalée Winchester & Delyla Gavril Il existait tellement de possibilités pour créer un vêtement, une pièce unique qui nous représentait ou nous plaisait. Ça pouvait être un simple petit signe distinctif, comme une broderie sur un tee-shirt, ou quelque chose de plus grand, comme transformer une chemise en robe ou en jupe. Mais ça pouvait aussi être la création d'un tout nouveau vêtement à partir de rien, laissant ainsi place à un champ immense de possibilités. Mélanger les textures, les couleurs, les motifs, les accessoires. Coudre, découdre, recoudre. Couper, découper, piquer, assembler. Faire, défaire et recommencer. Chaque vêtement avait une vie et une histoire, qu'il racontait au travers des multiples détails qui le composaient. Comme ce petit ensemble à peine porté, qu'on ne mettait que pour les événements importants. Ou ce pantalon avec lequel on avait fait tellement de kilomètres que son aspect usé faisait maintenant partie de lui, au point que tenter de le restaurer ne pourrait jamais véritablement lui rendre sa première jeunesse. Il y avait cette chemise, tellement simple mais tellement intemporelle. Mais aussi cette jupe, si caractéristique d'une époque ou d'un style parfois oubliés. Ils étaient les témoins d'une époque, représentatifs d'une identité, à la fois pluriels et singuliers, masculins ou féminins, multiples ou uniques. Ils traversaient le temps, devenaient populaires à un moment, avant que les gens s'en désintéressent, pour revenir à la mode quelques années plus tard, et ainsi de suite. Certains connaissaient très peu de succès, alors que d'autres étaient de véritables basiques à avoir dans sa garde-robe. Certaines pièces se mariaient à merveille, alors que le mélange de certaines autres passait pour une faute de goût.

C'était pour toutes ces choses que Delyla aimait les vêtements : la création ou la rénovation de pièces qui pouvaient être unique, tester les associations de couleurs et de matière, laisser parler sa créativité, et voir l’émerveillement face à tant de possibilités. C'était le côté magique des vêtements, tout ce choix et tout ce panel de possibilités qui existait. La jeune femme ne pouvait s'empêcher d'avoir un sourire attendri face aux regards émerveillés des plus jeunes et des plus grands, quand ceux-ci se posaient sur les diverses créations de la boutique. Elle comprenait ce sentiment-là, le partageant également depuis plusieurs années. Même si on pouvait aisément penser que l'habitude cassait un peu la magie des premiers instants, ce n'était pas une réalité pour tout le monde, ni dans tous les milieux. C’était toujours avec le même enthousiasme que la couturière faisait son métier, qu'elle définissait comme une véritable vocation. Rien ne l'y prédestinait particulièrement, n'ayant pas souvenir d'avoir quelqu'un dans sa famille qui s’intéressait plus que cela au monde de la mode. Il y avait bien sa mère qu'elle avait vu broder quelques trucs par-ci par-là, et une grand-mère qui s'occupait en faisant du tricot, mais ce n'était là rien de plus que des passe-temps sans grandes ambitions. Pourtant, aujourd'hui, elle était plus que convaincu d'avoir fait le bon choix.

Une nouvelle cliente avait fait irruption dans la boutique, et Delyla n'avait pas tardé à aller l'accueillir comme il se devait, la surprenant dans sa contemplation de l'endroit. Il lui fallait donc une robe de sorcière, robe de sorcière elle aurait. Alors que la demoiselle lui confirmait qu'il s'agissait de la première qu'elle allait acquérir, Delyla l'avait guidé à travers le dédale de mannequins et de portants qui constituaient la boutique, jusqu'à l'amener vers la partie qui l’intéressait. Les robes de sorciers s'étendaient de-ci de-là, de différentes tailles, aussi bien pour les plus jeunes que pour les plus grands. 

« Est ce que tu connais ta taille ou pas du tout ? Sinon, on peut toujours faire des tests et réajuster après, ce n'est pas un souci. » Avait-elle demandé à la demoiselle à titre informatif, au cas où la jeune sorcière soit au courant de ce genre d'information.

La plupart du temps, il était nécessaire de faire des essayages et des réajustements, car les plus jeunes ne s'interrogeaient pas toujours sur ce genre de détails. Mais ce n'était pas un gros problème, on ne pouvait pas leur en vouloir pour si peu, et de toute façon ça ne leur serait pas d'une grande utilité de retenir des chiffres qui changeraient sans cesse durant leur croissance. C'était d'ailleurs pour cela que les métiers comme ceux de l'italiano-russe existaient, pour chercher les tenues adaptées à la morphologie de chacun, retoucher en cas de besoin, et même faire du sur – mesure pour ceux qui le demandaient. 

Alors qu'elle tentait d'évaluer à vue de nez pour anticiper une potentielle réponse, une scène plutôt comique s'était produit sous ses yeux : la jeune fille tentait de fausser son approximation en se rendant plus imposante qu'elle ne l'était en réalité. 

« Che ch'ais pas. » avait elle tenter de répondre sérieusement, sans réellement y parvenir.

Sourire amusé sur les lèvres, la couturière avait laissé sa jeune cliente reprendre sur un ton un peu plus sérieux, quoique toujours enjoué.

« Je sais pas ! J'ai mangé beaucoup de tartiflettes et de cornichons à la maison ! Maman, elle m'a dit que je devais manger plus de légumes ! Mais moi, j'aime pas beaucoup ça, non non ! Moi, je préfère le chocolat ! Et les cookies ! C'est bon les cookies. Mais j'aime pas la citrouille ! Maman me dit que c'est parce que je suis Cendrillon ! »

Alors qu'elle écoutait la demoiselle lui raconter ses préférences alimentaires (chose à laquelle elle voulait bien croire d'ailleurs, se souvenant de ses propres goûts qui n'étaient pas des plus diététiques lorsqu'elle avait le même age), la blonde réagit rapidement lorsque la plus jeune avait frappé, par inadvertance, le portant se trouvant à ses côtés. La protégeant de son bras, tout en retenant une potentielle chute qui n'arriva pas, elle lui avait offert un sourire qui se voulait rassurant, alors que la demoiselle avait lâché un « oups » accompagné d'un regard désolé.

« Ne t'inquiète pas, ce n'est rien. L'important, c'est que tu ne te sois pas fait mal. » Lui avait-elle dit pour la rassurer avant de l'écouter de nouveau.

« Donc ! Si je suis Cendrillon, tu vas être ma bonne fée ! Transformes-moi jusqu'à minuit ! » 

La référence n'avait pas manqué de la faire sourire. Avec un père moldu, c'était un des classiques de Disney auxquels elle n'avait pas échappé lorsqu'elle était plus jeune. Bonne fée elle pouvait être, alors bonne fée elle serait !

« Tu sais quoi ? » Avait-elle commencé à lui dire, comme sur le ton de la confidence. « Je vais même faire mieux que ça. Je vais te trouver une jolie robe de sorcière pour que tu sois transformé même au-delà de minuit ! Et, avec un peu de chance, ton carrosse ne se transformera pas en citrouille. »

Bien évidemment, elle se servait de ce qu'elle avait compris plus tôt, et comptait sur le fait que la demoiselle ai la référence pour comprendre ce qu'elle lui disait. Attrapant le mètre de couture qui se trouvait dans sa poche, elle avait pris quelques mesures afin de choisir parmi les robes de sorcier qui seraient les plus adaptées à la jeune fille. Puis, trouvant une première robe de sorcier qui pouvait convenir, elle avait pris celle – ci entre ses doigts de façon à ce que la demoiselle ai juste à passer les bras dans les manches pour l'essayer. Laissant ensuite le temps à la tête blonde de bien la positionner sur elle, elle lui avait présenté le grand miroir se trouvant juste à côté pour que la jeune sorcière puisse s'observer dans la glace en même temps.

« Comment est-ce que tu te sens dans celle-ci ? » Lui avait – elle demandée pour savoir si elle ne se sentait pas trop à l'étroit, ou si elle n'avait pas l'impression de flotter dedans, observant en même temps sa silhouette pour repérer quelques détails qui lui indiqueraient un possible inconfort.

Normalement, les robes de sorciers étaient prévues pour laisser une certaine aisance de mouvement. Mais, à quelques centimètres de tissus près, elles pouvaient être disgracieuses ou inconfortables sur une personne, et pour autant convenir parfaitement à une autre personne de morphologie différente. D'où l'importance et l'utilité des essayages.
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Delyla Gavril
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Delyla Gavril
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Sam 10 Oct 2020 - 16:33


Les douze coups de minuit.



Samedi 26 Août 1995,

Qui n'avait jamais rêvé d'être une princesse ? De se parer des atours merveilleux d'une belle-dame, d'un collier enchanté, d'un bracelet ensorcelé, d'une bague donnant sur le royaume des esprits ancestraux ? Toutes les nuits, à chaques secondes, lorsque ses cils battaient dans le vide de ses pensées cristallisées, Azalée se voyait munit des volants aériens d'une étoffe turquoise, rosée, ou d'un jaune donnant sur le ciel, les nuages, l'astre solaire. Comme un champ de tournesols, comme un matin d'été, une après-midi au bord d'un lac, ou sur le lit d'un ruisseau aux bulles s'éclatant sous ses rêveries. Comme un bonheur que l'on touche des doigts, que l'on emprisonne sur des portants, dans le cadre d'une toile, dans la soie d'une cape royale. Pour que l'Hiver passe. Pour que la pluie s'en aille. Pour que le noir s'enroule du blanc de l'espoir, du lendemain, de la reconquête.

Le fil du destin se déliant sur les tenues, sur les chapeaux, les cols remontés. Qui pouvait bien les porter ? Le haut-de-forme des gentils-hommes de bonnes familles, des festivités mondaines, où champagnes, cocktails, ombrelles, et cigarettes se mêlaient dans une moustache en escargot, en gants sur une canne en forme de crâne, de serpent, de chouette. En mystères de phrases inachevées, de secrets murmurés du bout des lèvres, en esquisse de connivence sous l'auréole d'un petit-four au saumon fumé, en crème fraîche aux élans acidulés, aux saveurs d'une autre contrée, d'une silhouette exilée, d'une culture méconnue. L'élégance à la Française, la retenue à la Japonaise, les sous-entendus à l'anglaise, la franchise à l'Écossaise, et les blagues à l'Irlandaise. Les gilets des défilés, les monocles des dîners, des nappes blanches, des bouquets, des vases en cristal.

Une vie de château, une vie de chapeau, d'ombrelle, de parapluie. Les vêtements pour définir, pour visualiser, pour transfigurer le réel, le situationnel morose. Comme une fleur sur une veste, le romantisme sous les balcons, l'éclairage lunaire d'un jardin suspendu, l'Eden des braves, des audacieux, des épicuriens, des saveurs d'un nectar à l'eau de rose. Une arche dans un labyrinthe, aux promesses d'éternité, de vie sans accrocs, sans portes closes pour coincer, pour arracher, pour déchirer, les pigments d'un artisan, d'un insatisfait, d'un couturier. Sous le prisme d'occasions, d'opportunité, d'aiguille, de machine, de ronronnement d'un atelier fermé à clef, d'un moment en solitaire, d'une inspiration personnelle, profonde, donnant sur les perles des broderies des vitrines, des grands magasins, des mannequins sur l'allée sans fin de leur réussite, d'un podium les faisant grimper les rideaux de la gloire, jusqu'aux étoiles, jusqu'aux horloges, jusqu'à minuit.

Azalée, c'était ça. Une succession de bras tendus, de danses sur un parquet faisant résonner ses pas, ses rires, ses sourires, ses explosions de joie, coincée entre le regard bienveillant d'une fée se laissant glisser sur la glace de ses nouvelles responsabilités, et les mains boisées des dames immobiles. De ces princesses des lieux, de ces silencieuses se couvrant d'écharpes, de bonnets, d'étoffes bariolées. Comme un marché, comme un festival. Comme les lendemains de mardi gras, comme un carnaval. Elle les imaginait tourner, tourner, jusqu'à en perdre la tête, la vue, l'ouïe, les sens. Jusqu'à en oublier le jour, la date, l'heure, le moment où les aiguilles s'arrêtent, sonnent le glas de la fin, de l'inévitable. Des Cendrillon sur une citrouille, sur un carrosse factice, sur les écarts d'une jeunesse trop courte, laissant dans leurs sillages l'odeur de la fête, des confits, le tintement d'une pantoufle de verre. Était-ce une malédiction qui les retenaient captives ? Prisonnières des idées fantasques, inédites, de l'imaginaire d'une belle blonde mettant en valeur leurs atouts ?

Sous les courbes de leurs graciles envolées, elle percevait la beauté de l’œuvre, des points sur un corset, des lacets sur une taille fine, sur des hanches compressées. Comme une robe ancienne. Comme un habit de bal, de salon, où ne respirent que les femmes de la haute, sous la tutelle d'un champagne glacé, et d'un lustre aux dorures entrelacées de pierres précieuses. La plus jolie était bleue. Comme le ciel. Comme une reine. Le bleu de la mer. Le bleu de l'océan. Le bleu de la brise sur son visage, de la chaleur mouillant sa nuque, son ruban, le dos de sa chemise. Peut-être pourrait-elle se baigner plus tard dans la journée ? Après avoir consumé les dernières piles de son énergie, après avoir arraché les derniers pétales de ses fleurs de vie.

« Tu sais quoi ?  Je vais même faire mieux que ça. Je vais te trouver une jolie robe de sorcière pour que tu sois transformée même au-delà de minuit ! Et, avec un peu de chance, ton carrosse ne se transformera pas en citrouille. »

Une promesse qui déclencha un sourire, un rire, une mélodie qui explosa dans sa cage thoracique sous les flots d'un enthousiasme inarrêtable. Comme un tsunami. Comme un ras de marré, qui emporta sous sa houle, les infimes réserves, les doutes creusant ses sculptures ensablées. Un crabe. Un poisson. Les toits triangulaires d'une tour, les chaînes d'un pont-levis, les arches d'un hall magnifiquement décoré de coquillages, de couteaux, de grains scintillants sous le soleil de son bonheur instantané. Sous les rayons de l'espoir, de la confiance. Une marraine la comblant d'une esquisse, d'une mise en abîme sur leurs références communes. Une main, un pas vers elle, vers ce monde qu'elle quittait, qu'elle plaçait sur la seconde place, pour rêver de s'envoler sur le dos d'une licorne, de se couvrir de paillettes, de plumes, d'herbes salées, de sucreries la faisant luire dans le noir, de potions aiguisant ses méninges, déclenchant le feu, la révolte des géants, des nains de jardin, des lutins sauteurs, ou des elfes des bois.

« Même au-delà ? », voulut-elle avoir comme confirmation, comme certitude. « Vous vendez des pantoufles de verre, Madame ? », tout dans son rôle, elle se balança des talons à la pointe de ses chaussures, de ses ballerines recouvrant ses hautes chaussettes bicolores.

Sans bouger, sans s'agiter plus, elle lorgna sur les tissus proposés, sur le comptoir un peu plus loin, où des ciseaux venaient à trancher la laine d'un pull, le coton d'un poncho, ou le satin d'un peignoir de riche facture. Comme un choc. Les modestes bourses des ruraux, des excentrés, des étrangers gagnant un passeport pour un monde merveilleux. Décrivant une boucle, elle se plaça de dos, pour glisser ses bras dans les manches amples de la robe soigneusement sélectionnée. Le tissu dégringola sur celui couvrant ses épaules, pour chatouiller ses poignets, les premières phalanges de ses doigts. D'un pas chassé, elle se décala face au miroir. Il était grand. Il était beau. Et comme la belle-mère d'une blanche colombe, aux cheveux de jais, et au teint laiteux comme la neige, et aux lèvres sanguines de son ascendance, elle releva le menton, laissant choir ses longues mèches de blé, sur les contours d'une capuche pointue, pendant dans son dos.

« Miroir, mon beau miroir, dis-moi qui est la plus belle ? », proclama la fillette avec sérieux, en apostrophant son propre regard.

Elle portait peu de noir, peu de sombre, peu de sobre. Elle aimait les couleurs. La vivacité de l'arc-en-ciel, les palettes de peintures d'oncle James, et ses pinceaux traînant sur le parquet, dans la cuisine, dans le salon, dans le grenier, dans la grange, dans le jardin, près du lac, au confort des nénuphars. Ses mains remontèrent le long de l'étoffe tombant à ses chevilles. Pour en apprécier la douceur, la texture, la finition. Aucun fil ne se détacha de la couture. Une perfection qui lui ôta un sourire appréciateur. Elle se sentait belle. Elle se sentait forte. Comme un nouveau départ, une nouvelle aventure se profilant sous ses pas, sous ses yeux. Celle d'une sorcière. Celle d'une magicienne.

« Comment est-ce que tu te sens dans celle-ci ? », s'enquit la vendeuse en se mettant derrière elle.

Elle prit un instant de réflexion. Quelques secondes d'un silence de plomb, entrecoupé de ses « Hum ! », satisfaits. Comme une critique. Comme une professionnelle qu'elle était consciente de ne pas égaler. Maman lui avait toujours appris que les essayages étaient importants. Primordiaux même. Elle tira sur ses manches, pour les agrandir, tester l'élasticité, se mordre les lèvres pour ne pas se mettre à rire, en sentant le vêtement remonter contre sa paume, chatouillant sa peau mise à nue.

« Elle est très agréable. », pour preuve, elle ne résista plus à l'envi de s'enrouler, comme dans une couverture, un plaid, une cape. « Elle est toute douce, on dirait une peluche. », comme Monsieur Noodle, qu'elle avait placé devant elle, contre le pied de la glace, pour le laisser donner son avis sur sa tenue, bien qu'elle jeta les remarques cyniques pour ne retenir que l'essentiel : Elle lui allait. Faite pour elle. Un peu grande. Un peu volante. Un peu si, un peu ça. Pas tout à fait fini. Pas tout à fait à sa taille.

« Elle est un peu grande pour les manches, mais je m'en fiche ! », comme une tornade, elle délaissa les pans de son manteau de sorcière, pour faire face à la fée du bonheur, des miracles, levant son index devant elle, la pointant, inquisitrice et sûre d'elle.

« Je la veux comme ça. Elle n'est pas parfaite ! Mais elle me convient ! », rien ne l'était. Rien n'était, et ne serait parfait. Ni un moment, ni un lieu, ni un travail, ni une robe. C'était le ressenti qui comptait, qui importait. Comme pour des lunettes. L'on ne prêtait jamais attention aux avis, aux convenances. C'était personnel. Une vision du monde. Une façon de penser, de percevoir les choses.

« Elle est faite pour moi. », conclut-elle avec conviction et panache, hochant la tête pour confirmer ses dires, pour les ancrer et mettre à plat les protestations d'une perfectionniste, d'une artiste insatisfaite de son art.

La cloche retentit, faisant taire l'élan d'un discours qui se bousculait déjà contre les dents de la petite blonde. Et elle reconnue les talons carrés de sa mère. Le pas caractéristique. Toujours fort. Toujours affirmé. Puis, la douce mélodie de sa voix, qui la fit remonter l'allée de vêtements pour la retrouver, après s'être emparée de son fidèle ami, qui s'accrocha désespérément à son étreinte. Tout au moins, c'est ainsi qu'elle choisit d’interpréter le glapissement qu'elle s'imagina. Petite, elle ne voyait pas au-dessus des portants, par-delà les cintres et ensembles se balançant sous le vent. Traînant derrière elle le parfum du neuf, d'une poussière lui donnant des ailes. Peut-être était-elle Peter Pan finalement, et non la grand-mère agitant une baguette étoilée ?

« Maman ! », et c'est contre ses hanches qu'elle se jeta, l'enroulant d'un bras. « Regarde ! Elle est vraiment trop jolie, tu ne trouves pas ! », sans plus attendre, incapable de tenir en place, elle tourna sur elle-même, finissant de faire tomber le tissu sur son épaule, lui offrant l'allure d'une fillette ayant couru on ne sait où.

« Elle te va comme un gant. », un compliment qui mangea les joues d'Azalée, qui acheva de la convaincre totalement. Maman avait toujours raison. Trop concentrée sur ce simple fait, elle ne protesta pas lorsqu'elle ajusta sa nouvelle acquisition, puis qu'elle essuya sa joue du plat de son pouce, encore barbouillée de ce maigre maquillage qu'elle l'avait autorisé à porter pour l'occasion.

« J'espère qu'elle ne vous a pas trop embêté ? », s'enquit Charlotte en rejoignant Delyla à une allure modérée, enfouissant son amusement sous son châle vert pâle. Une voix douce. Un timbre délicat. Une stature forte, corpulente, sans être dans l'excès. Une crinière dorée, remontée dans un chignon lâche, dégringolant sur un menton hâlé d'une poudre féminine. Derrière elle flottait l'arôme des fleurs, des jardins, de sa saison préférée. Les lèvres de Madame Winchester se relevèrent d'une esquisse contrite, polie, mature, mais tout aussi candide que la tempête jouant dans son dos.

« Mamaaaaaaaan ! Je peux avoir une écharpe ? Hein ? Dis ! Dis ! », avec patience, Charlotte secoua la tête en négation et déposa les pièces demandées sur le comptoir, les faisant danser contre le bois.

« Non ma chérie, ce n'est pas sur ta liste. Peut-être une prochaine fois. », et complice, elle échangea un sourire avec l'italienne, qui avait pu entrapercevoir l’hyperactivité de sa chère, et irremplaçable, petite fille. « Je pense que nous repasserons. Vos vêtements sont magnifiques. Et entre nous ... », elle baissa la voix, mettant sa main en barrage en confidence. « Je pense qu'elle ne lâchera pas cette envie d'écharpe, autant qu'il est peu probable qu'elle mette de côté l'animal qu'elle désire cette année. » , puis plus fort. « Azalée, on y va ma chérie. On va aller regarder pour ta baguette. »

« C'est vrai ? Oui !! », sa joie, son enthousiasme, si sincère. « Au revoir marraine la bonne fée ! À bientôt ! », et elle passa la porte au pas de course, suivit par une maman se perdant dans un éclat de rire.

Azalée était ainsi. Un ouragan semant derrière elle des ondes positive destructrices. Sans doute Delyla l'oublierait. Ou peut-être pas. Mais elle, non, jamais elle ne pourrait ôter de sa mémoire cette journée si merveilleuse, et cette bonne étoile l'ayant conduite à son zénith au-delà des douze coups de minuit.

Codage par Laxy Dunbar


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Azalée Winchester
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Azalée Winchester

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I'm a barbie girl
When I was young, it seemed that life was so wonderful, a miracle, oh it was beautiful, magical.
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Lun 2 Nov 2020 - 23:37


Les douzes coups de minuit Azalée Winchester & Delyla Gavril Les vêtements étaient une éternelle succession de découverte et de redécouverte. Des malles oubliées dans les greniers de nos grands-parents jusqu'aux penderies de nos plus jeunes années, en passant par celles de nos proches. Des mannequins derrière les vitrines de la boutique du coin, jusqu'aux allées des galeries marchandes, sans oublier les braderies. Le monde regorgeait de pièces uniques. Même dans ces rayons où tous les vêtements donnaient l'impression de se ressembler. Parfois, ça ne se jouait qu'à un petit détail près. Un point en croix au lieu d'un point simple. Un centimètre de tissus en plus. Ou en moins. Un bouton a pression au lieu d'un bouton basique. Une demi-teinte plus clair ou plus sombre. Et on en passait bien d'autres. Des détails parfois à peine visible pour qui n'y faisait pas vraiment attention, ou pour qui n'y apportait pas d'importance.

« Même au-delà ? »

Elle avait acquiescé d'un mouvement de tête, avec un sourire convaincu. La couturière faisait simplement partit des premiers pas qui mèneraient la jeune fille vers une vie remplie de magie dont elle ne se réveillerait pas.

« Vous vendez des pantoufles de verre, Madame ? »

Elle avait eu un léger rire amusé à cette question.

« Malheureusement non. » Avait-elle répondu en agitant la tête de gauche à droite. « Mais j'aimerais beaucoup cela dit. Peut – être que ça arrivera un jour, qui sait. »

Le monde de la mode était une porte ouverte à un nombre illimité de fantaisie. Alors, elle voulait bien croire que celle-ci pourrait se réaliser un jour. Si c'était le cas, elle espérait pouvoir vivre assez vieille pour le voir. En attendant, elle continuerait à faire ce qu'elle faisait de mieux : créer, s'investir, et apporter la satisfaction d'un beau vêtement à ceux qui le demandait. Voir la joie sur les visages lorsqu'elle présentait la pièce parfaite, ou parce qu'elle venait de restaurer un vêtement cher aux yeux de quelqu'un. Voir les regards émerveiller de ceux qui découvraient l'immensité des choix qui s'offraient eux. Quelque chose de magique dont elle ne voulait pas se voir priver.

Après avoir aidé la jeune fille à mettre la robe de sorcière qu'elle lui proposait, elle attendait ses impressions pour savoir s'il y avait quelque chose à modifier ou s'il fallait lui en proposer une autre. Les mimiques de la demoiselle pendant son essayage avaient provoqué un sourire amusé chez la jeune femme. De ce qu'elle en voyait, il n'y avait rien de particulier à modifier, si ce n'étaient peut-être les manches qui lui paraissaient un peu grandes. La robe de sorcier entière semblait légèrement grande, bien que ce ne soit pas flagrant. Juste à peu de choses près.

« Elle est très agréable. Elle est toute douce, on dirait une peluche. »

Premier bon point (et pas des moindres) : elle se sentait bien dedans. La couturière aurait pu lui proposer d'en essayer une autre sensiblement moins grande et pouvant convenir à sa morphologie, mais elle n'en avait pas eu le temps.

« Elle est un peu grande pour les manches, mais je m'en fiche ! Je la veux comme ça. Elle n'est pas parfaite ! Mais elle me convient ! Elle est faite pour moi. »

Devant autant de conviction, Delyla avait abdiqué sans rechigner. D'expérience, elle savait que certaines personnes se sentaient plus à l'aise avec un vêtement sensiblement plus grand, ou que certains vêtement étaient parfois plus confortable lorsqu'ils étaient ainsi. Elle n'irait pas contre le ressentit de sa jeune cliente si elle se sentait bien dans cette robe de sorcier un peu large pour elle.

« Puisse que tel est ton souhait, cette jolie robe de sorcière est pour toi. » Lui avait-elle répondu avec un sourire bienveillant.

Lorsque le carillon de l'entrée avait résonné, le premier réflexe de Delyla avait été de tourner la tête dans cette direction pour voir qui avait passé la porte. Pour elle qui voyait un peu au-dessus des portants, elle apercevait une femme blonde, qu'elle devinait élégante d'apparence. Une femme appelant son enfant. C'est en voyant la jeune fille réagir que la tatouée avait supposé le lien de parenté. Les paroles qui avaient suivit, lorsqu'elle les avait rejoints, avait simplement confirmé son hypothèse.

« Maman ! Regarde ! Elle est vraiment trop jolie, tu ne trouves pas ! »
« Elle te va comme un gant. »

Ce joli duo avait soudainement éveillé des souvenirs lointains chez la trentenaire. Et elle se faisait la réflexion qu'elle n'avait pas vu sa propre mère depuis un moment, malgré les nombreuses lettres qu'elles pouvaient s'envoyer. Dés que l'occasion se présenterait, elle prendrait quelques jours pour aller lui rendre visite. Ou bien elle la ferait venir pour lui faire visiter Londres et son monde magique. Elle verrait le moment venu.

« J'espère qu'elle ne vous a pas trop embêté ? »

La question l'avait sorti de ses songes, alors qu'elle avait rendu son sourire à la femme lui faisant face. Delyla ne demandait pas mieux que d'avoir de nombreux autres clients comme cette demoiselle joyeuse et souriante. Elle était de ceux qui illuminaient la journée, et contaminait son entourage par sa bonne humeur naturelle.

« Au contraire. Vous avez une enfant adorable. »

Un jour, peut-être, elle aussi aurait des enfants. Des petites têtes blondes, à qui elle espérait d'avoir la même joie de vivre et la même candeur que la jeune demoiselle qu'elle venait d'habiller de sa première robe de sorcière.

Les pièces du nouvel achat tintaient sur le comptoir, laissant à la couturière le temps de s'apercevoir que le compte était bon, jusqu'à ce que la voix de sa jeune cliente raisonne de nouveau à ses oreilles.

« Mamaaaaaaaan ! Je peux avoir une écharpe ? Hein ? Dis ! Dis ! » Demandait la fillette à sa mère, alors que la tatouée relevait la tête pour observer la scène.
« Non ma chérie, ce n'est pas sur ta liste. Peut-être une prochaine fois. »

Échangeant un nouveau sourire avec la femme, la couturière s'était de nouveau concentré sur elle lorsqu'elle avait repris la parole.

« Je pense que nous repasserons. Vos vêtements sont magnifiques. Et entre nous ... » Delyla avait porté une concentration plus poussé pour entendre ce que la mère de la jeune fille lui disait plus bas. « Je pense qu'elle ne lâchera pas cette envie d'écharpe, autant qu'il est peu probable qu'elle mette de côté l'animal qu'elle désire cette année. »

Les enfants et leurs envies spontanés, parfois temporaires et parfois persistantes. Ça faisait leur charme. Parfois, Delyla se demandait si ce n'étaient pas eux qui avaient raison. Tout semblait tellement plus simple quand on les regardait.

« Sachez que ce sera un plaisir de vous accueillir de nouveau. Si jamais vous avez besoin, n'hésitez pas à demander Delyla. » l'avait-elle informé avec un sourire.

Puis la mère avait repris plus fort pour sa fille.

« Azalée, on y va ma chérie. On va aller regarder pour ta baguette. »
« C'est vrai ? Oui !! Au revoir marraine la bonne fée ! À bientôt ! »

La couturière avait souri à cela, attendrit du surnom qui venait de lui être attribué. Une bonne fée qui n'avait fait que son travail, mais qui avait été ravie de venir en aide à une demoiselle avec qui elle avait des références communes. Une demoiselle qui avait égayé sa journée grâce à son enthousiasme.

« A bientôt, jeune sorcière. Je te souhaite une bonne rentrée. » Lui avait-elle adressé alors que l'enfant se dirigeait déjà vers la sortie.

Dans son expédition vers la conquête du monde magique, Delyla n'était probablement qu'un des nombreux personnages secondaires de l'histoire de la demoiselle. Peut-être qu'à la fin de sa journée la couturière ne ferai déjà plus partit que de ses souvenirs lointains, avant de finir oublié. Mais ce que la trentenaire savait, c'est qu'elle voulait garder le plus longtemps possible le souvenir de cette bonne humeur enfantine qui avait éclairé sa journée.
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