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Voglia di viaggiare - RP ouvert à tous

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Ven 22 Juil 2022 - 14:14

Ciao amici !
Voici une semaine que nous sommes rentrés de notre voyage en Italie du nord avec @Lévine Serger et @Eileen M. King et il était si inspirant qu'il fallait absolument que j'immortalise ces souvenirs par écrit. J'ouvre donc le bal avec ce RP un peu décalé mais que j'espère assez visuel pour vous plonger dans le décor des somptueuses villes que l'on a visité (Les Cinque Terre, Venise et Burano sont celles qui m'ont principalement inspirées dans ce récit) et j'invite tout ceux qui veulent aussi retranscrire leurs souvenirs de vacances à poster à la suite ! Qu'importe que ce fut celles de cet été ou d'une autre période, pareil pour la forme : sentez-vous libre d'incarner l'un de vos personnages du forum ou d'adopter un tout autre point de vue ! L'idée étant de tous se faire voyager un peu à travers ce RP.  Voglia di viaggiare - RP ouvert à tous 29948748

P.S. Les images intégrées au code du RP sont des photos que j'ai prise sur place.


Multivers

Kæra dagbók,
Une nuit de janvier 1996,

Voglia di viaggiare

Elvý n'avait pas revu Sergio depuis le soir, en octobre, où il l'avait rejointe à la Tête de Sanglier alors qu'elle buvait un verre avec Alex. Mais comme Elvý aimait le dire : « Il y avait une 2e fois à tout. ». Même si c'était en fait la 3e qu'ils se voyaient.

Sergio avait le front tapissé de boucles ébène qui rehaussaient son teint hâlé. La ligne de son sourcil droit se brisait au passage des deux boules métalliques de son piercing, au-dessus d'un regard dont on distinguait à peine l'ombre des pupilles des noirs iris. Les lobes de ses oreilles étaient allongés par la présence de petits écarteurs, suivi - pour celui de gauche – par de nombreux anneaux en argent remontant jusqu'à l'hélix. Sergio portait toujours des bretelles par-dessus son haut, mais jamais de manches longues - même en cette période hivernale -, si bien qu'Elvý avait déjà pu contempler à souhait les nombreux tatouages qui ondulaient sur ses bras.

Sergio dégageait un charme singulier mais, par-dessus tout, c'était son fort accent italien servi sur des octaves graves qui avaient marqué Elvý, la replongeant sans qu'elle ne le sache dans les souvenirs muets de ses voyages oubliés.

- Andiamo ?

- , répondit l'Islandaise qui, ayant atteint un certain stade d'étourdissement extatique, voyait ses capacités linguistiques décuplées.

Ou du moins, l'illusion y était. Car, quand elle lui offrit un joli « Prego » après qu'il lui ait tenu la porte, il s'empressa de la corriger :

- Non si dice "prego", ma "grazie".

Toutefois, la véritable apogée de sa défonce débuta quand elle mit ses deux pieds dans la rue. La fenêtre devant laquelle elle déboula sembla vomir une ombre informe sous le clair de lune. La camée s'approcha d'un pas et, les yeux plissés, elle aperçut entre les volets entrouverts un pot en terre cuite posé sur le rebord, abritant une pauvre plante desséchée. Elle s'approcha d'un nouveau pas, les prunelles cette fois grandes ouvertes, et vit le végétal se métamorphoser. Dans sa vision envoûtée, la tige moribonde reprit de l'éclat et se mit à pousser encore et encore. Ce fut de gigantesques feuilles de lierre qui s’échappèrent de la terre, traversant la faille entre les deux volets en bois pour se jeter dans le vide. La plante continua de croître, transperçant sa geôle pour envahir le mur de briques. Bientôt, une forme commença à se dessiner sur ce dernier : c'était la silhouette de Sergio.

- Ton ombre est faite de lierre, lui annonça Elvý d'une voix rêveuse.

L'Italien suivit la direction de son regard et se positionna lui aussi face au mur de briques, la rejoignant dans la contemplation de son ombre, un air béat englobant son visage. Tous deux restèrent ancrés dans leur fascination statique et silencieuse durant plusieurs secondes – ou minutes ? -, avant de débuter leur périple dans le Londres endormi.

Les divagations sensorielles de l'Islandaise se poursuivirent alors que les rues lui semblèrent grimper plus qu'à l'accoutumé, si bien que les pavés lui parurent mobiles, se désamorçant du sol pour se réarranger en escaliers. Les maisons suivirent le mouvement, se défaisant de leurs racines de bitume pour débuter une ascension vers les étoiles, s'imbriquant les unes les autres en pente céleste. Et là, sous les rayons lunaires, leurs façades se peignirent de mille couleurs : du jaune ananas, du rouge groseille, du vert pastèque, du rose framboise et du bleu myrtille. Les pigments les plus pétants venaient entacher l'obscurité sans ordre ni harmonie, il s'agissait là d'une anarchie de couleurs et de joie comme si, d'un seul coup, tout autour d'eux avait pris vie.

- Montons sur les toits, s'exclama Elvý, l'index vers le ciel, pointant le haut de ces falaises architecturales qui dansaient dans ses pupilles.

Le duo de camés transplana maladroitement jusqu'au sommet d'une cheminée fumante, évitant miraculeusement de se désartibuler un membre, tout aussi bien que de s'intoxiquer sous l'excès de dioxyde de carbone qui pénétra leurs voies respiratoires. Une quinte de toux plus tard et après un dangereux jeu de funambulisme, ils s’assirent sur des tuiles plus à l'écart de la cheminée et laissèrent leur esprit planer sur les hauteurs de la capitale. À nouveau, Londres s'éclipsa à la vue de l'Islandaise pour être remplacée par les couleurs de l'Italie. Mais cette fois-ci, elles furent moins vives et, d’ailleurs, ce ne fut plus vraiment le revêtement des bâtiments qui hypnotisa son esprit mais plutôt les allées toutes entières qui les séparaient. Dans cette nouvelle distorsion du décor, toute son attention fut centrée sur le bitume qui débuta une progressive liquéfaction. De sol dur, il devint lave en ébullition jusqu'à s'écouler en de minces filets d'eau claire. Toutes les rues furent englouties, la ville flottait à présent sur pilotis et, comme sur une gondole, Elvý sentit son corps tanguer doucement de gauche à droite.

Sergio l'entoura alors d'un bras, peut-être pour la maintenir, ou peut-être simplement pour se greffer à son lent mouvement de balancier. La baroudeuse releva ses pupilles dilatées vers lui et accueillit aussitôt l'extase sur ses traits. Dans la pénombre, les boucles qui encadraient le visage de l'Italien prirent l'aspect d'un masque vénitien aux ornements ondulés qu'Elvý chercha à caresser en retraçant la ligne de ses sourcils de la pulpe de ses doigts. Piégée dans le mensonge élaboré par ses sens, elle fut persuadée de sentir la peinture granuleuse recouvrant le papier mâché de l'accessoire imaginé.

- Bellissimo, chuchota-t-elle.

Leurs pupilles se perdirent l'une dans l'autre comme aspirées dans d'hypnotiques fractales, le masque vénitien s’évapora et, lorsqu'Elvý abaissa ses paupières, elle sentit se déposer sur ses lèvres la saveur d'une glace stracciatela.
ᛊᚨᛗᚾᛖYᛏᛁ


Traductions de l'italien:
Elvý Njállsdóttir
Admin amnésique
Elvý Njállsdóttir

_________________
All that remains is a silent call
Is the Earth colored red, as I land like a flower on the meadow ? It happened quiet - Aurora

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Mer 3 Aoû 2022 - 23:26
 26 décembre 1995

Dans une clairière, des enfants miniatures faisaient une bataille de boules de neige enchantée, et l’un des projectiles magiques, avec un élan remarquable, s’écrasait sur le nez du fabricant de baguettes, qui s’était pourtant cru bien à l’abri de sa minuscule échoppe semi-ouverte. Une petite bergère menait son troupeau de licornes d’un pas léger sur le sentier d’argile. Le pelage argenté de ses bêtes luisait doucement, les queues peintes avec précision animées d’un léger mouvement de balancier. Laurel inspira profondément : il lui semblait pouvoir respirer l’odeur de la pinède que les formidables équidés s’apprêtaient à traverser. Un peu plus loin, sur la place du village, les joueurs de Bavboules s’affrontaient dans une partie féroce. L’un d’eux essorait sa formidable moustache, pleine de liquide vert, sous les yeux rieurs d’une lavandière, qui, sans doute sa besogne tout juste terminée, suspendait des bonnets pointus sur une corde à linge. Contrairement à ceux tous noirs de l’uniforme de Poudlard, ceux-là  étaient faits de tissus provençaux aux couleurs éclatantes : jaune miel, vert olive, bleu d’azur, rouge tuile, mauve lavande … Est-ce que ceux de Beauxbâtons étaient vraiment comme ça ? Sa mère lui avait dit que l’école française de magie était située dans les Pyrénées, mais ça n’avait pas empêché le créateur de leur crèche de représenter le fameux carrosse scolaire tiré par des Abraxans, zigzaguant entre les cyprès montant comme de noirs fuseaux dans le ciel. Voir leurs ailes battre régulièrement dans un surplace pourtant si vivant était un spectacle qui ne lassait jamais Laurel.

Elle ne s’éloigna qu’à regret de leur superbe crèche provençale, pour répondre à une demande quelconque de son petit frère Marius. Elle lui adressa un sourire en coin, tout en se mettant sur la pointe des pieds pour attraper les friandises qui flottaient paresseusement autour des plus hautes branches de leur sapin, et qu’il n’arrivait pas encore à atteindre. Est-ce qu’il savait que son prénom à lui, au lieu d’avoir des origines latines et romaines comme tous ceux des Flint qui se respectent, était justement purement provençal ? Une fantaisie de sa mère, qui l’avait jouée fine pour injecter un petit peu de Frenchitude dans le bon vieux Suffolk qu’elle avait dû adopter en se mariant. Il avait suffit que ça finisse par -ius pour que son mari n’y voit que du feu, et elle n’était pas certaine que onze ans plus tard, il ait enfin compris. C’était le genre de petite revanche que Laurel goûtait. Elle regrettait que sa mère partage peu sa culture natale, même si elle pouvait comprendre que l’environnement des Sang-Purs d’Angleterre, qui vénéraient l’entre-soi des Vingt-Huit Sacrées, ne s’y prête guère. N’empêche, tante Pélagie, qui elle vivait en France, était tellement plus drôle !

Laurel adorait sa tante, et tout en dégustant à son tour un calisson qu’elle leur avait envoyé, songea aux délicieuses vacances de Noël qu’ils avaient passés ensemble à Marseille deux ans auparavant. Les saveurs d’amande, de melon et de miel l’y ramenaient aussi sûrement qu’une pensine. Le mistral coupait à travers leurs vêtements, aussi acéré qu'une dague, mais rien n’aurait pu ôter au charme du Vieux Port. Comme il avait été amusant de s’y mêler incognito aux moldus, pour admirer les dizaines de jolis bateaux amarrés ! Au bord de l’eau, le vent froid laissait un goût de sel sur les lèvres et faisait danser comme milles clochettes les mâts des navires. Elle aurait aimé monter sur le pont de l’un d’eux, et prétendre qu’elle était Edmundus Flint canonnant les bâtiments français pour le compte de l’amiral Nelson et prendre ainsi revanche sur les provençaux. Mais les dignes Flint du XXème siècle avaient fuit les odeurs de sardines grillées envahissant les quais (quelle idée de préférer du poisson à de la dinde à Noël !) et s’étaient réfugiés dans le Fort Saint-Nicolas, qui surplombait la rade. Là, point de moldus, qui ne voyaient qu’un chantier historique en rénovation inaccessible : le gratin de la bonne société sorcière du sud de la France avait dansé jusqu’au petit matin, au son des flûtes et des tambourins d’abord, puis d’instruments plus modernes la nuit avançant. On se rafraîchissait entre chaque danse en mangeant l’un des treize desserts de Noël, mendiants, fruits secs, nougats, pompe à l’huile, arrosés d’orangeades et de vins chauds. Juste avant l’aube, un feu d’artifice avait été tiré depuis le port, faisant scintiller dragons et tarasques qui s’étaient poursuivis sur un ciel de velours jusqu’à être domptés par la légendaire ceinture de l’enchanteresse Marthe, toute d’étoiles multicolores.

La jeune Serpentard eut un soupire sucré. L’année précédente, elle avait loupé le rassemblement familial, cette fois-ci à Bordeaux, préférant rester au bal de Noël du Tournois des Trois Sorciers, à Poudlard. Et cette année, il n’y avait pas eu de fêtes à la française, bien qu’elle soit retournée début décembre chez les Gaulois, pour une plus triste raison. Elle la voyait moins souvent que Pélagie, et elle était moins jeune et moins amusante (moins fashionista écervelée et maladroite, auraient dit certains adultes), mais la mère de Laurel avait une seconde sœur, Anne, qui vivait en Bretagne avec ses deux filles. Son mari était décédé fin novembre, et le premier week-end de décembre, Laurel et Marius avaient reçu une autorisation spéciale de quitter Poudlard afin de se rendre à l’enterrement, Estérelle Flint venant soutenir sa sœur dans son veuvage. C’était la première fois que Laurel s’était rendue en France pour une occasion autre que des vacances ou une fête, et il lui avait sembler découvrir un autre monde. On aurait dit que le visage de sa tante Anne avait été taillé dans le granit des falaises déchiquetées bordant la mer d’Iroise, et une certaine grisaille flottait sur toute l’assemblée. Ses cousines avaient tant pleuré qu’elles avaient dû saler la Vilaine. Même leur joli français n’avait pas semblé aussi musical que d’habitude. Leur peine était collante et contagieuse, attristant bien plus Laurel par empathie, que pour la perte réelle d’un oncle qu’elle n’avait pas si bien connu. Elle avait été heureuse de retrouver la chaleur de Poudlard à son retour.

Elle jeta un dernier regard à la crèche : non, décidément, elle préférait la Provence. Pourvu qu’ils y retournent pendant l’été, quand il ferait chaud. Elle rêvait déjà de se baigner dans la Méditerranée, sirène dans l'eau turquoise des calanques. Il y avait des endroits qui n’existaient que pour d’éternelles vacances et il devrait y être interdit d’y vivre un bête quotidien, à moins d’être en argile.


Bande-son de l'ouverture de la fête au Fort Saint-Nicolas:
Laurel Flint
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Laurel Flint
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