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EVENT | THIS IS HALLOWEEN | 31 octobre 1995 | Première et deuxième parties | Les Inscrits

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Jeu 28 Mai 2020 - 1:26
This is Halloween !C'était l'effervescence. Les allers et retours dans l'appartement s'étaient multiplié depuis le début de la soirée. C'était la journée d'Halloween, et Delyla n'avait pas arrêté de courir dans tous les sens, aussi bien à la boutique que chez elle. Ce soir, il y avait une fête aux trois balais, et Delyla avait bien l'intention de s'y rendre. Mais ce qui expliquait tout ce mouvement chez elle était la présence de quelques amis avec qui elle se préparait pour ladite soirée. Entre le maquillage, les dernières retouches sur les costumes, et tout le reste pour que les déguisements soient impeccables, l’excitation était à son comble. L'avantage pour Delyla d'être couturière, c'est qu'elle avait pu fabriquer son costume du début à la fin. Cela devait faire quelques semaines maintenant qu'elle y travaillait, et elle était plutôt satisfaite du résultat.

Elle avait choisi de se transformer en pirate zombie. Ainsi, elle s'était paré d'un costume de capitaine de navire, mais qu'elle avait rendu vieillit par le temps, dans un effet un peu poussiéreux, avec quelques trous et quelques gouttes de faux sang séché. Le bas de la veste semblait même partir en lambeau. Le cuir des bottes avait été travaillé pour donner une impression de vécu, semblant usé, mais pas assez pour être inutilisable. Seul le chapeau était encore en plutôt bon état, quoiqu'un peu vieillit en apparence, seul élément de son costume qu'elle n'avait pas osé trop toucher puisqu'elle l'avait emprunté à quelqu'un. Pour son maquillage, elle avait utilisé diverses couleurs sur sa peau pour donner l'apparence d'un zombie revenu d'entre les morts. Elle avait lancé un sort sur ses cheveux pour les faire devenir gris, et avait fait de même sur ses yeux pour donner l'impression qu'ils étaient opaques, comme si elle était devenu aveugle. Une simple illusion pour les autres, afin de donner du réalisme à son costume. Elle espérait que ça ne soit pas trop effrayant ou malaisant, même si c'était un peu le but d'Halloween.

Alors qu'elle peaufinait quelques détails de son maquillage, debout face à son reflet dans le miroir de la salle de bain, elle avait senti deux formes passer au niveau de ses jambes, se mouvant contre le tissu pour demander un peu d'attention à l'italiano-russe. Cessant ce qu'elle faisait, considérant qu'elle ne pourrait pas améliorer plus que ça le réalisme de son costume, Delyla avait posé la palette de maquillage sur le rebord du lavabo et s'était agenouillé pour donner les caresses que ses chats lui demandaient.

« Je sais les filles : il y a du monde à la maison et ça vous stress un peu. Mais ce soir, c'est spécial, on se prépare pour une fête. Je serais absente pour la soirée, mais promis, je serais de retour. Comment vous trouvez mon costume ? »

S'arrêtant devant elle, les deux chats avaient posé leurs pattes avants sur les genoux de leur maîtresse, l'observant curieusement sans pour autant avoir l'air dérouté par son nouvel aspect. Elle avait reçu des miaulement pour toute réponse, lui arrachant un sourire amusé alors qu'elle leur offrait de nouvelles caresses. Les deux félins continuaient pourtant de la fixer, comme s'ils s'attendaient à autres choses.

« Je serais prudente. Puis vous le voyez, je ne serais pas seule. C'est une simple fête. Normalement, tout devrait bien se passer. »

Normalement... Tout était dans ce simple mot. Du moins, elle voulait y croire, ne pas penser au pire. Ce serait quand même le comble de penser au pire dans un moment où on était censé se détendre. Et, en même temps, tout pouvait arriver, il ne fallait pas l'ignorer non plus. Décidément, oui, c'était paradoxale. Il fallait qu'elle s'attende à tout. Mais, pour le moment, elle préféra écarter cette idée de sa tête que quelque chose de mal pourrait arriver. Cela ne servait à rien de penser au pire alors que la soirée n'avait même pas commencé. 

« Delyla, tu es prête ? On y va, ça commence bientôt ! » avait appelé une voix féminine dans le couloir.

Après quelques caresses gratifiées de ronronnements, les deux chats s'étaient finalement éloignés pour rejoindre leur coin du canapé, s'installant confortablement sur leur coussin alors que le petit groupe s'apprêtait à partir. Delyla s'était relevée, s'était observée une dernière fois, lançant un sort pour faire en sorte que son maquillage reste en place pendant la soirée, et avait rejoint ses amis dans le couloir avant de fermer la porte de son logement à clé. Ils avaient transplané afin de retrouver Pré-au-Lard plus rapidement, et rejoignaient les Trois Balais où se déroulait la soirée. Parés de leurs costumes, ils avaient pu rentrer sans problème pour se joindre au reste des personnes présentes à la fête. Ils n'étaient pas les premiers, mais pas les derniers non plus. La musique ne résonnait pas encore aux oreilles de la foule, la scène était encore vide des artistes, mais les conversations allaient plutôt bon train. Tout le monde semblait attendre de voir ce qui allait se passer.

Une jeune femme déguisée était finalement montée sur scène. Discutant avec sa voisine de gauche, Delyla ne l'avait pas vraiment vu faire, si bien qu'elle avait été plutôt étonnée d'entendre les premières notes de musique, ne tournant la tête vers la scène qu'à ce moment-là pour voir qui jouait. Au vu du déguisement qu'arborait la violoniste, la blonde se sentit heureuse de ne pas être phobique des acromentules. Mais ce n'était pas ce qui avait le plus retenu son attention. Malgré le fait qu'elle portait un déguisement, la couturière avait reconnue les traits de la musicienne qui jouait. Elle n'avait pas eu l'occasion de la connaître personnellement (du moins pas dans ses souvenirs), mais elle avait déjà entendu parlé d'elle et avait déjà entendu sa musique. Bien qu'elle ne faisait probablement pas partit des plus grands fans, elle appréciait tout de même les morceaux joués par la métamorphage. Ainsi, elle savait qu'elle ne serait pas déçue et qu'elle s'amuserait. Cela était d'ailleurs le cas. Une fois la surprise passée, la trentenaire avait rejoint la piste de danse avec ses acolytes pour danser au rythme de la musique. Elle profitait du moment pour se libérer la tête, ne plus penser à ce qui pouvait la stresser en temps normal. Danser pour oublier, s'amuser pour ne pas s'inquiéter. Juste le temps d'une soirée.

Au moment du slow, elle avait déserté la piste pour laisser les couples en prendre possession et danser à leur guise. Elle en avait alors profité pour prendre la direction du buffet, afin de profiter un peu des charmantes confiseries qui lui faisaient de l’œil depuis qu'elle les avait aperçu. Mais parmi tout ce choix elle avait eu plusieurs hésitations, jusqu'à ce que son regard tombe sur des bonbons à l'allure familière : des arlequins. C'était son père qui lui avait fait découvrir lorsqu'elle était petite. Depuis la découverte de sa tromperie, elle se souvenait avoir longtemps boudé ces confiseries pour ce qu'elles lui rappelaient, pour ce genre de petit détails qui la faisait penser à lui. Mais ça n'avait pas durée. Alors, la couturière avait laissé parler sa nostalgie et avait attrapé un arlequin. Lorsqu'elle l'avait mis dans sa bouche, elle n'avait pu retenir un sourire face à ce goût si reconnaissable. Ses pensées étaient devenues plus simples, son cœur plus léger, ses appréhensions s'étaient totalement envolées. Au départ, elle avait mis ça sur le simple fait du plaisir de la sucrerie, sans se douter qu'elle venait, en vérité, d'être une des nombreuses victimes des farces et attrapes des instigateurs de la soirée.

Si les deux premières minutes elle s'était simplement sentit plus légère et plus apaisé, elle ne pouvait pas en dire autant du moment qui avait suivit. Sans vraiment qu'elle ne puisse le contrôler, son cerveau s'était mis en pilotage automatique, la laissant errer comme une âme en peine, la bouche légèrement ouverte, parmi la foule qui s'était remise à danser au rythme des musiques qui s’enchaînaient. Un vrai zombie ! Pour quelqu'un qui ne la connaissait pas, elle aurait simplement pu passer pour une personne qui jouait très bien son rôle, son costume se prêtant étrangement bien à son état actuel. Mais pour une personne qui la connaissait déjà mieux (et grâce au fait que certaines personnes s'étaient déjà fait avoir par les friandises), il était facile de deviner que ce n'était absolument pas un état normal. En attendant, elle circulait sans but à travers la foule qui ne la remarquait pas, ou ne semblait pas alertée par un état qui n'était habituellement pas le sien. Heureusement pour elle, une des personnes avec qui elle était venue s'en était rendu compte et l'avait aidé à redevenir normal. D'ailleurs elle l'en avait remercié grandement, avant de retourner danser en sa compagnie.

Mais était venu un moment où elle commençait à être un peu fatigué de danser autant. Alors elle s'était de nouveau écarté de la piste, et ses pas l'avaient guidé vers une personne, une adulte, qui semblait seule et observait la foule.

« Bonsoir ! » Lui avait-elle adressé par politesse. « Je peux vous tenir compagnie ? »

Autant lui demander si sa présence ne dérangeait pas, elle ne voulait pas importuner l'inconnue si celle – ci ne désirait pas de sa présence à ses côtés. Du moins, la personne lui paraissait inconnue à première vue à cause du costume. Si elle l'avait déjà rencontré, son cerveau n'avait pas percuté. Également, elle avouait honteusement avoir un peu bu, et bien qu'elle soit encore suffisamment sobre pour être consciente, les connexions logiques commençaient à avoir du mal à s'établir.

« Si vous avez des envies de sucres, prenez garde aux arlequins. Je ne sais pas ce qu'ils y ont fait, mais celui sur lequel je suis tombé à eu de quoi me faire passer pour un vrai zombie. »

Une petite mise en garde pour que la personne sache à quoi s'attendre, malgré le ton amusé qui avait été employé. Elle préférait rire de sa petite mésaventure plutôt que d'en pleurer. Elle ne savait pas si tout le buffet avait subit la même manigance, mais elle avait scrupuleusement veillé à éviter les autres friandises. On ne savait jamais.

« Au fait, chouette costume ! »

Et elle passait d'un sujet à l'autre, sans trop se soucier de la logique de la conversation qu'elle avait entamé avec la personne à ses côtés. Un fait qu'on pourrait mettre sur le dos de l'alcool.

« Votre soirée se passe bien ? » :copyright:️ 2981 12289 0


Résumé et HRP:
Delyla Gavril
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Jeu 28 Mai 2020 - 3:20
♪  EVENT | THIS IS HALLOWEEN ♪ 

« Le phare dans les ténèbres. »


L'âme en peine l'agonie tendait déjà ses bras vers moi, mais elle s'apprête à s'étendre sur le monde. Je le sais. Qu'elle est ma priorité ? Être la lumière, elle l'a toujours été. Dit au revoir Onixya, écoute ton esprit qui sait malgré les minutes qui défile sans un autre bruit que celui des cœurs innocent qui se brise. C'est à ce moment que j'ai croisé un visage familier qui nécessitait mon attention. Une jeune fille déguisée en pirate coincé entre deux mondes, une malédiction qui attirait mon regard.

« Bonsoir !  Je peux vous tenir compagnie ? »

Je crois que je n'ai jamais fait un sourire aussi hypocrite. Je ne suis pas arrivé à me retirer l'image de Lévine du cœur malgré tous mes efforts. Mes yeux plongés dans les ténèbres, le miroir de mon âme s'est couvert. Mes sentiments m'appartiennent et mes perles autrefois d'azure m'aident a les enfermer a jamais. C'était un signe, un signe des étoiles conduit par un frisson paranormal me transperçant le corps d'un murmure glacial. L'heure et proche mais je suis la seule a connaître le moment ou tout va basculer, c'est l'impression que j'avais au milieu de toute cette insouscience et de toute la souffrance qui s'infiltrait peu a peu. C'est le moment parfait pour frapper, je le sais, et elles aussi. Mes très chères étoiles, j'ai entendu votre appel et je vous souris.

«  Je ne suis jamais contre partager un moment au côté d'un visage familier. »

De la douceur de ma voix, une berceuse effroyablement calme. Mon cœur se tait peu à peu pour se recouvrir d'un voile de velours pour en prendre soin. Une couverture pour le caresser malgré sa plaie ouverte, une caresse pour le faire patienter en attendant que je le soigne une fois que la tempête sera passé. Etoile, je vais l'éblouir de ma lumière, je vais lui éviter le naufrage....c'est une promesse.

« Si vous avez des envies de sucres, prenez garde aux arlequins. Je ne sais pas ce qu'ils y ont fait, mais celui sur lequel je suis tombé à eu de quoi me faire passer pour un vrai zombie. »

Il n'y avait pas que mon cœur qui a saigné ce soir, mais aussi mon nez après avoir succombé à ma gourmandise et avoir incité mon ami désormais envolé sauvé sa belle petite sœur.

«  Si seulement j'avais eu votre chance ! Mon nez n'a cessé de saigner durant de longue minutes, en ce qui me concerne. »

Une légère envolé d'un rire bref mélodieux. J'aurais bien voulut offrir plus de réalisme a mon costume qui ne change pas beaucoup d'ordinaire au final. Je me suis légèrement penché vers et placé ma main devant le profil de mes lèvres, comme pour masquer une confidence qu'elle seule ne devait savoir.

«  Il me semble que notre très cher Willy Wonka soit un étudiant et que j'ai déjà dû soigné quelques-unes de ses victimes dans mon office. »

Le vide revient peu à peu pour laisser place à la lumière lointaine d'une force renaissante. Les banalités fonctionnent et me reconduisent moi-même sur le droit chemin. Celui du rôle que je dois accomplir ce soir. Je dois m'envoler encore un peu plus haut.

« Au fait, chouette costume ! »

J'ai souri au compliment des étoiles qui prenait ma main pour me guider vers l'unique objectif de ma destinée : servir, protéger, aimer et guider moi-même vers le meilleur des chemins pour les âmes perdues. Quel était le bon chemin ? Tout était sujet a discutions puisque le bien et le mal n'existent en rien d'autre que l'attention qu'on lui porte.

«  J'ai bien peur que cela ne change pas réellement de mes habitudes et pour une fois, je me sens bien moins original que les autres, bien moins que vous en tout cas, c'est une chose certaine ! »

Bien que ma façade soit d'une hypocrisie qui se fond peu à peu dans la sincérité de mes paroles. J'ai toujours été incapable de cacher la vérité, tout comme déverser des paroles vide de sens pour la bien séance et des politesses masquant de l'amour a la haine en faisant escale vers des secrets que l'on aimerait enterrer à tout jamais tant ils nous sont toxiques.

« Votre soirée se passe bien ? »


Je sentais mon sourire me quitter à sa question mais j'ai repousser avec violence l'image a jamais graver dans mon esprit fabulatrice mais c'est l'inquiétude qui a prie le dessus.

Pour venir s'adresser à moi, seule, est-ce qu'elle passait une bonne soirée ? Etait-elle seule ? Porte-t-elle un autre masque que celui d'un déguisement parfaitement détaillé ? Si les étoiles me l'ont envoyé, c'est que cela ne pouvait en être autrement. Elle devait rester à mes côtés alors qu'un nouveau frisson me parcourrait l'échine. Mon cœur s'est accéléré sans aucune raison et la peur pour le monde autour de moi ne pouvait plus être protégée, mais elle, elle était prête a le faire.

« ...J'ai bien peur que cela n'est aucune importance mademoiselle...Cette nuit, nos vie vont toutes basculer et il n'y a rien que nous puissions faire pour l'en empêcher. »


Mon timbre de voix s'est baissé pour qu'elle soit la seule à entendre cette nouvelle confidence. Je devais lui dire de rester prudente. Pour une raison ou une autre, je sentais que je devais le lui dire. Mais pourquoi ? Une sensation, un sentiment fort, une conviction, celle de mon instinct, ou peut-être etait-ce autre chose.

« Le premier du mois, les étoiles me l'ont soufflé. Pour certain, cela a déjà commencé, mais ils n'imaginent pas encore à quel point. Pour les autres...Cela ne saurait tarder... »

Ses frissons continuels m'alarmaient de plus en plus. C'était proche, si proche...J'avais tellement peur et a la fois, si hâte que cela se produise enfin. Je voulais le fin mot, je voulais que l'appréhension s'enfuît avec la certitude de regarder enfin le trouble-fête dans les yeux.

« L'implacable « Justice » va bientôt intervenir, je peu le sentir.... »

Mon regard a quitté le sien bien avant que je ne puisse me rendre compte de la phrase que je venais de dire. Lorsque j'ai réaliser que je me parlais a moi-même en triturant ma croix d'argent entre mes ongles démesuré.

« ...Mais je suis à vos côtés. »

J'ai à nouveau plonger mon regard dans le siens et j'ai étirer un sourire tout aussi inquiet qu'il était rassurant. Tout se passera bien.
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Ven 29 Mai 2020 - 18:52
This is Halloween !
The oldest and strongest emotion of mankind is fear. And the oldest and strongest kind of fear is fear of the unknown. ••• « Penche la tête en arrière, et ferme les yeux. » Lui avait demandé Mickaël, une fiole contenant un liquide étrange à la main. « Tu me fais confiance, hein ? »

Pas de réponse. Il n'en attendait pas vraiment, la connaissant déjà. Il ne lui aurait jamais demandé si ce n'était pas le cas. 

Joris s'était exécuté, assit sur une chaise dans un coin de la salle commune, une serviette sur les épaules et Mickaël derrière lui. Penchant sa tête en arrière et fermant ses yeux, il avait laissé au semi-vélane le soin d'appliquer sur sa tête la potion qui rendrait ses cheveux plus longs qu'ils ne l'étaient actuellement. Il savait qu'il devait faire attention à la quantité qu'il utiliserait, car celle – ci influencerait sur la longueur voulu. Alors il avait été aussi prudent que possible pour ne rien gaspiller. Le platine lui-même aurait besoin de ce qu'il restait pour son propre costume. La potion avait fonctionné instantanément, la chevelure noir de jais du brun se mettant à pousser pour lui arriver aux omoplates. La bonne longueur.

« Touches plus à rien Mika, c'est PAR-FAIT ! » Avait indiqué Jessica, qui s'occupait des cheveux d'Arcana juste à côté. « Maintenant, il faut passer à la couleur, c'est la fiole bleue. Celle-là, tu peux tout mettre, c'est prévu pour. »

Suivant les indications de la demoiselle, la fiole de coloration avait été appliqué dans les cheveux de Joris, ceux prenant la couleur de la potion dans un dégradé bleu foncé aux racines pour arriver plus claire aux pointes. Cette étape terminée, Joris avait observé son reflet dans le miroir. Lui qui ne savait pas à quoi s'attendre, il trouvait le résultat plutôt sympathique, et même mieux que ce à quoi il aurait pu penser. Mais pas le temps de s'attarder plus que cela, ils n'avaient pas assez de temps pour s'admirer sous toutes les coutures.

« À ton tour maintenant ! » Avait-il lancé à l'autre jeune homme, se levant de la chaise pour lui laisser la place et lui passant la serviette sur les épaules.

Usant du reste de la première potion sur le crâne du semi-vélane, les cheveux de ce dernier avaient poussé en une longue crinière presque blanche. Or, pour le costume qu'il allait arborer, Joris avait utilisé sur son ami une potion colorante de couleur noire qui avait immédiatement fait passer le blond en brun. 

« Je ne suis pas mécontent du résultat, mais le brun te va mieux qu'à moi. » Avait rétorqué Mickaël en observant son reflet dans le miroir. « J'aurais peut-être dû te laisser Scar, je suis sûr que ça aurait pas mal rendu sur toi. »

Joris n'en était pas aussi convaincu, plus emballé par Hadès dont il avait décidé de revêtir le déguisement.

« Mais les autres me plaisaient moins. De toute façon, on n'a pas le temps de changer, faut qu'on se dépêche sinon on va se faire tuer. »

Il avait raison, il fallait que tout le monde soit prêt avant le départ du cortège qui les emmènerait à Pré-au-Lard. Il leur restait encore le maquillage à faire et leurs costumes à enfiler. Pour cela, les deux adolescents avaient rejoint leur dortoir. Après s'être habillé de la toge constituant le déguisement du dieu des enfers, il avait aidé Mickaël avec son maquillage en se fiant à l'image que leur avait fournit Jessica. Pour donner plus de réalisme à son déguisement, Joris avait eu l'idée d'utiliser un sort sur ses yeux pour se rapprocher au plus du personnage. Mais, connaissant ses capacités en métamorphose, il avait plutôt demandé son avis à son camarade.

« T'es sérieux ? Ils sont super au naturel tes yeux, pourquoi tu veux les faire ressembler à ceux du dessin animé ? Crois-moi, c'est pas nécessaire. »

Le tatoué avait donc laissé tomber l'idée suite à ce conseil. Un sort de Mika sur les cheveux de Joris pour donner l'impression qu'il s'agissait de vraies flammes bleus, et un dernier sort pour s'assurer que le maquillage reste en place avaient bouclé la session de préparation des deux adolescents. Une fois fin prêt, tout deux avaient retrouvé la salle commune, avant d'être rejoint par Arcana et Jessica qui étaient respectivement déguisées en Ursula et en Maléfique. Le quatuor avait ainsi retrouvé le cortège qui avait commencé à se réunir, et avait été très vite rejoins par le couple Klaus/Elise, déguisé en Jafar et en Reine de cœur, qui descendaient de la tour Serdaigles. Pour les connaisseurs du monde moldu, il devenait donc facile de deviner que le petit groupe avait choisit de se déguiser en méchants des dessins animés Disney. Consciente que les options seraient vite épuisé niveau originalité, Jessica, l'instigatrice de l'idée, avait naturellement fait la proposition d'utiliser cette référence moldu que la majorité de l'école ne devait pas avoir, ou ne penserait peut-être pas à avoir. Du moins, c'est ce qu'elle avait pensé. Dans tous les cas, malgré le fait qu'il avait fallu expliquer ce qu'était les dessins animés Disney à ceux qui ne savaient pas, le petit groupe avait tenté la proposition. Pour sa part, Joris trouvait le pari plutôt réussi, compte tenu du fait que tous (à part Jessica) avaient découvert la référence seulement quelques semaines avant la soirée.

Durant le trajet jusqu'au Trois Balais, il en avait profité pour observer les costumes choisis par les autres, des costumes tous aussi originaux les uns que les autres. Il y avait même un mini Maugrey ! Bien qu'il fut amusé de la référence, d'autant que le garçon semblait prendre le rôle à cœur en poussant l'imitation jusque dans le comportement, Joris ne savait pas si lui-même aurait osé poussé le vice jusque-là malgré cette belle occasion qu'était Halloween. Perdu dans ses contemplations des autres costumes, il n'avait pas pris garde au groupe de billywig qui se faufilait entre les membres du cortège. Pourtant, il avait été obligé de s'en rendre compte quand l'un d'eux avait eu l'idée de le piquer, ce qui avait eu l'effet de le faire léviter un bref instant avant que ses pieds ne touchent de nouveau le sol. Idée plutôt originale, il ne pouvait le nier ! C'était en cela qu'il trouvait ce genre d'occasion très belle, dans le fait que ça faisait ressortir la créativité et l'imagination de chacun pour emporter les autres dans un tourbillon de découverte et d'émerveillement. Arrivée à destination, tous étaient rentrés dans le pub de Madame Rosmerta qui avait été préparé pour l'occasion.

Puis la fête avait commencé lorsque tout le monde était arrivé, surprenant le public qui ne s'était pas attendu à l'arrivée de la violoniste sur scène. L'ambiance était au rendez-vous, Joris s'amusait et dansait parmi les autres. Jusqu'à ce que Mickaël tire sur son bras, et l'attire avec lui jusqu'au buffet le plus proche. Et, sans trop comprendre pourquoi, Joris se retrouvait avec une friandise sous le nez. Nul doute que son interlocuteur avait dû voir l'incompréhension dans son regard, car il avait répondu à l'interrogation du jeune homme avant même que la question ne soit posé. Mickaël le connaissait trop bien, devinant ses questions avant même qu'il ne les formule.

« Je veux que tu manges ça. T'as presque rien mangé aujourd'hui, et même si t'es pas prêt de mourir de faim, je m'inquiète. »

Joris allait ouvrir la bouche, ne serait ce que pour lui dire qu'il n'avait pas à s'inquiéter pour lui, mais le semi-vélane l'avait de nouveau devancé.

« Et ne me dit pas que je ne dois pas m'inquiéter, pas après ce qui s'est passé cette nuit. Tu as enchaîné les cauchemars, il a fallu qu'on passe près d'une bonne partie de la nuit à parler pour que tu arrives à finir la nuit sans te réveiller. Tu ne peux pas me berner. »

Un sourire mi-amusé mi-désolé avait fleurit sur les lèvres du brun. Le semi-vélane avait raison, il ne pouvait pas le berner. Il connaissait ses nuits agitées, ses doutes, ses peurs, et cela depuis leur rencontre. Klaus étant dans une autre maison et Arcana dans le dortoir des filles, à côté d'eux Mickaël était devenu celui avec qui il passait le plus de temps. Ils se connaissaient trop bien maintenant. 

« Allez, manges ça et je te laisse tranquille. »
« Oui papa. » Avait finalement répondu Joris sur le ton de la plaisanterie.

Pour toute réponse, Mickaël lui avait tiré la langue, faussement vexé de la remarque, avant que tout deux se mettent à rire. Prenant le Marshmallow des doigts de son ami, Joris l'avait mangé pour lui faire plaisir. Puis le blond s'était éclipsé quelques instants, lui disant de ne pas bouger et qu'il n'en avait pas pour longtemps. C'est ce moment qu'avaient choisi deux personnes pour surgir près de Joris sans qu'il s'y attende, l'une lui offrant un rire et un sourire horrifique alors que l'autre s'était enflammé, le faisant sursauter de peur. Se rendant compte qu'il venait de se faire avoir par Merlin et son acolyte en ayant eu la réaction recherchée, l'adolescent en avait ri.

« Joli costume ! Passe une bonne soirée ! » Lui avait dit Merlin en repartant.
« Merci, toi de même ! » Avait – il répondu à la demoiselle avant qu'elle s'éloigne, autant pour le costume que pour la soirée.

Puis Mickaël était revenu près de lui, mais ils avaient à peine eu le temps de reprendre leur conversation que Callum était arrivé près d'eux, signalant à Joris que Sessho voulait qu'il chante sur le morceau de piano qu'il allait jouer. Le poufsouffle en avait été un peu surpris sur le coup. Il avait déjà chanté devant des gens, des personnes qu'il connaissait pour la plupart, mais jamais devant autant. Tournant la tête, son regard avait capté celui rassurant du semi-vélane qui l'encourageait à y aller. Il avait souri à son ami, avant de tourner la tête vers le Serdaigle pour le remercier de l'avoir prévenu, lui disant qu'il rejoignait le japonnais. Joris avait donc prit la direction de la scène, où il avait retrouvé Sessho qui était déjà installé derrière le piano. Il avait entamé la mélodie, douce, lente, invitant les convives à un slow enivrant. Puis la voix du jaune et noir avait résonné. Hésitante au début, pour se faire plus confiante à mesure que la chanson avançait. Il vidait peu à peu son esprit, faisait abstraction du monde, de la foule, des inconnus, pour se concentrer sur le piano et sa mélodie, sur les paroles qu'ils délivraient ensemble. Un dieu maléfique et un démon qui exprimait un même sentiment, offrant par la musique une occasion à tant d'autres de s'exprimer au travers d'une danse. 

La chanson avait pris fin, plus vite qu'il ne l'avait pensé, presque trop. Il avait répondu au sourire offert, le remerciant pour ce partage musical, pour l'avoir laissé être le traducteur vocal de la ballade muette. Chacun était retourné à sa place, libérant la scène à d'autres occupants. Joris avait retrouvé Mickaël, que le reste du petit groupe avait rejoins. 

« Cachottier, tu nous avais pas dit que t'allais monter sur scène ce soir ! C'était trop bien ! » S'était exclamé Elise, approuvé par les autres.
« Merci, je le savais pas moi-même si tu veux tout savoir. C'était un peu stressant au début, mais j'étais bien accompagné. »

Il allait pour continuer, leur demander s'ils s'amusaient, mais c'était face à des regards inquiets qu'il s'était retrouvés.

« Oh merde, attend bouges pas ! »

Arcana avait été la première à réagir, attrapant un mouchoir pour le lui plaquer sous le nez alors que le jeune homme se retrouvait dans l’incompréhension la plus totale.

« Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi vous me regardez comme ça ? Et Nana, pourquoi tu me colles un mouchoir sous le nez ? » Avait-il demandé en écartant légèrement la tête.

C'est là qu'il avait aperçu le sang sur le mouchoir. Amenant sa main à son nez, son index s'était posé sur son philtrum. C'était mouillé, et quand il avait reculé sa main, il avait vu le sang sur son doigt.

« Tu saignes du nez Jo, t'es sûr que ça va ? » S'était inquiété Klaus, alors qu'Arcana lui remettait un mouchoir sous le nez.
« Ba oui, pas plus mal qu'en début de soirée. Ça doit être la fatigue, ou bien... »

Un regard vers Mickaël, et celui – ci venait de comprendre où le voyant voulait en venir. Le Marshmallow. Le semi-vélane s'en était excusé, puisqu'il lui avait demandé de le manger avant d'aller sur scène, il se sentait responsable.

« T'inquiètes Mika, t'y es pour rien, tu pouvais pas savoir que c'était une farce et attrape. »

Il avait alors reculé la main de sa jumelle, comprenant que ça ne servait à rien d'essayer d'éponger le précieux liquide qui s'échappait de son corps, ne sachant pas combien de temps la sucrerie allait agir. L'adolescent quitta simplement le petit groupe pour rejoindre les toilettes, juste le temps que cela passe. Refusant de le laisser seul, Mickaël l'avait accompagné, ne serait ce que pour lui tenir compagnie et s'assurer que d'autres effets bizarres ne s'ajoutait pas. La tête au-dessus du lavabo, son ami adossé contre le mur juste à côté, il ne restait plus qu'à attendre que le flot rougeoyant s'arrête.

« Je suppose que tout le buffet, ou presque, à subit le même sort. Venant des organisateurs de la soirée, j'en serais pas étonné. »

Le platine avait probablement raison. Les créations d'Eileen avaient la fâcheuse tendance à ne jamais avoir les effets initialement voulus, et il ne doutait absolument pas de la capacité des Weasley à s'en servir. Rien que le fait qu'ils étaient à l'origine de la soirée aurait dû éveiller ses soupçons, mais l'effet de surprise n'aurait pas été le même et c'était probablement voulu. Joris n'en voulait à personne pour cette blague, il n'en était probablement pas la première victime ni la dernière.

Au final, cela avait bien dû prendre une petite heure pour que l'effet de la friandise prenne fin, sans aucun autre désagrément. Joris avait nettoyé le sang de son visage, le sort lancé sur son maquillage avant la soirée permettant au costume de rester en place, et était retourné dans la salle en compagnie de Mickaël. N'ayant pas vraiment pu profiter de la fête durant la dernière heure qui venait de s'écouler, Joris avait accepté de suivre le semi-vélane sur la piste de danse, éloignant ses cauchemars le temps d'un moment.:copyright:️ 2981 12289 0


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Résumé:
Joris de Beauvoir
Membre
Joris de Beauvoir
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Dim 31 Mai 2020 - 23:00
This is
Halloween


❦Bibbidi Bobbidi Boo❧


« Anna ! Tu n'aurais pas vu mon nez ? », cria Azalée à l'adresse de son amie.

Perchée sur la pointe des pieds, elle s'affairait à faire tenir ses cheveux bouclés en un chignon serré. Elle en était déjà à sa troisième tentative, et Monsieur Noodle ne cessait de la railler. Il riait, bougeait à la tête de manière désordonnée, encore sous l'effet des améliorations de son enchanteresse. A droite, à gauche. Il en était parvenu à lui donner le tournis. A elle ! Ce qui n'était pas une mince affaire. L'épingle glissa de ses doigts, farceuse, se refusant à une coiffure grotesque.

La fillette pinça les lèvres, ses joues se gonflant d'une moue boudeuse, rehaussant son phare à paupière bleu ciel et les fausses rides qu'elle s'était dessinée. De l'index, elle bougea le morceau de coton coloré d'un vert dégoûtant, pour l'ajuster entre ses sourcils fournis des nombreuses mèches que sa camarade laissait sur son peigne tous les matins. Incapable de lancer un sortilège accélérant leur pousse, et ce malgré ses heures de recherche, elle n'avait pas eu le choix. Tout était de la faute de Monsieur Noodle ! Et de la bibliothécaire qui lui avait rit au nez ! Elle n'était pas gentille.

Les mèches brunes collaient à sa peau. Pourquoi avait-elle écouté son ami de toujours, qui lui avait suggéré d'utiliser la glue que maman lui avait glissé dans sa valise ? Elle disait toujours que c'était l'indispensable d'une trousse parfaite ! Et maman n'avait jamais tort. Elle tira sur l'un des fils bruns pendant sur ses cils. Aïe ! Elle grimaça devant l'épilation qu'elle serait forcée de subir à la fin de la soirée. Pouvait-elle y perdre ses sourcils ? Les vrais ? Une crainte qui écarquilla le bleu de ses yeux. Elle avait fait une boulette. Et pas une petite.

« Je crois qu'on a fait une bêtise. », fit-elle à son reflet, qui hocha la tête de concert, la moue tordue d'une appréhension commune.

Ça allait faire mal.
Très mal.

Et elle n'était pas certaine de vouloir affronter le supplice, que dis-je, la torture d'un visage dépourvu de pilosité. Papa piquait des joues. A la repousse, risquait-elle la même chose ? Le haut de son faciès de sorcière échappée d'un conte pour enfants, pouvait-il se recouvrir d'une couche d'épiderme urticante ? Elle ne voulait pas avoir des orties ! Non ! Surtout pas !

« Qu'est-ce-que je vais faire ? », affolée, Azalée se détourna de sa copie, les bras écartés dans un total désarroi.

Monsieur Noodle tourna son museau rond à droite. Puis à gauche. S'arrêta. Et recommença, sans lui fournir la moindre réponse, si ce n'est un rictus moqueur. Bien fait, que lui murmurait ce regard furibond. Traître. Il lui avait soufflé l'initiative. Mais il fuyait devant l'adversité ! Il n'était plus digne de l'écusson cookie de la sainte chevalerie du brownies. La petite croisa les bras, le menton relevé d'un jugement qu'elle proféra d'une voix atone, d'un sérieux accablant, celui solennel d'une reine.

« Tu es puni. »

Et toc. Inflexible, elle ignora l'air implorant de l'ours grincheux pour ajuster le pustule de sa mâchoire, mettant aux oubliettes le soucis qui l'avait occupé un instant auparavant. Elle verrait bien le moment venu ! Une fête avait été organisée pour sa fête préférée. Après Noël bien sûr. Maman et Papa allumait toujours la cheminée. C'était agréable de se placer devant, alors que dehors, il y avait tout pleins de neige. Et si elle se complaisait dans la luge la journée, le soir, c'était dans l'attente des cadeaux qu'elle s'extasiait. Trop vive pour être canaliser, elle venait céder devant les présents sucrés aux douces épices artisanales. Maman faisait un chocolat chaud avec de la guimauve et Papa insistait pour lui en voler. Mais en Octobre, c'était la fête des costumes terrifiants qu'elle attendait avec impatience. Maman l'aidait à tailler les citrouilles. Elles rendaient vraiment bien dans le jardin, à côté de Francis l'épouvantail ! Assez éclairées pour la rassurer. Trop peu pour qu'elle ne ressente pas cette pointe de frayeur en amorçant ses histoires à la lueur des chandelles, sursautant aux craquements des branches.

Les doigts contre ses lèvres, elle chercha vainement l'attache sombre incrustée de chauves-souris, pour tenir l'amas emmêlé de blé sur sa tête. L'éclat moqueur de l'exilé dans son dos hérissa sa nuque. Méchant petit !, qu'elle se retient de hurler, sa frustration de s'allonger dans son retard stérilisant ses élans de rêverie. C'est en tapant du pieds qu'elle se concentra sur sa recherche. Alerte ! Une barrette venait de disparaître ! Que personne ne bouge. Elle se plia en deux, achevant de se placer accroupit devant le miroir à pieds. Mais où pouvait-elle bien être ? Ce n'est qu'après une trentaine de secondes interminables, qui voulurent dévorer les dernières miettes de sa patience, qu'elle aperçu un point brillant, là, près du mur.

« Hé ! Viens par là, vilaine ! », souffla-t-elle en claquant ses genoux contre le parquet pour tendre son bras dans la poussière, en ramassant toutes les particules sur la manche ample de sa robe de sorcière décorée pour l'occasion. Sa paume tapota un peu, dans l'espoir de la dénicher entre deux moutons. Rien. Si ce n'est que ses ongles noirs venaient d'accrocher les contours d'une toile gluante. Beurk. C'est sans retenir sa grimace de dégoût qu'elle s'empressa de se relever, sautant sur ses talons d'un coup sec.

Bong. Bim. Bam. Crack. Une série d'onomatopées sorties tout droit d'un dessin animé comique accompagnèrent la chute de la glace, qui s'éparpilla en débris inégaux un peu partout. Un puzzle géant.

« Oups. », les paumes sur la bouche pour étouffer sa maladresse habituelle, c'est avec stupeur qu'elle admira le carnage. Papa dirait sûrement : Comme un aussi petit corps peut abriter autant de bêtises ? Azalée se posait aussi la question.

« Reparo. », prononça une voix étouffée d'un masque dans son dos. Un timbre lassé qui accentua sa moue. En un clignement d’œil, tout était rentré dans l'ordre. Elle pivota vers sa sauveuse, qui ajusta la citrouille lui servant de tête d'une main. Elle souriait. Tout au moins en apparence. La blondinette, elle, gonfla le buste d'une fierté mal placée, acceptant les remontrances le cœur vaillant. C'était ainsi que se devait d'agir une souveraine.

« Tu devrais faire un peu attention, Aza'. », gronda sa camarade en plaçant ses mains sur ses hanches dans une posture maternelle. Contrite, et mise en faute, elle baissa les yeux, son sourire s’affaissant à mesure qu'elle sentait les braises de la colère sur ses épaules. Maman aussi, aurait été déçue.

« Et ton nez est sur ta table de chevet. », concéda la première année en lui pointant le meuble sur lequel trônait le saint Graal traditionnel. De la pâte se fixant à la place de son nez. Elle l'y attacha. Il se colla presque naturellement, formant une déformation de teinte sur sa peau. Il était trop orangé.

« C'est ridicule. », asséna Anna en croisant les bras. L'hyperactive se dépêcha d'enfiler son chapeau pointu, fidèle couvre chef des sorcières des livres d'images. et sans attendre, elle lui montra ses dents recouvertes d'une touche de vernis marron. Une excellente idée, n'est-il pas ?

« Je sais ! Mais c'est ça qui est drôle ! », répliqua la gamine en empoignant un balais brosse qu'elle arma à bout de bras, s'enfermant dans son rôle. Elle allait chasser les méchants petits enfants ce soir ! Et elle les ferait rôtir dans un grand chaudron pour les dévorer !


❦Bibbidi Bobbidi Boo❧


C'est en tenant les mains de ses deux acolytes de la soirée qu'elle pénétra dans l'antre des Trois-Balais. Elle n'y était jamais venue, mais c'était avec une joie explosive qu'elle avait accueillit les compliments de la gentille dame à l'entrée, pour l'originalité de leurs accoutrements. Ils y avaient passé des heures ! Non, des jours ! Des semaines à tout construire ! C'était ses souliers pointus aux pieds, qu'elle amorça ses premiers pas dans la grande salle. C'était donc ça une taverne ! C'était un peu comme dans les livres de Papa. Ceux avec lesquels il jouait avec ses copains une fois par mois, le Dimanche. Il y incarnait un aventurier qui devait pourfendre un monstre pour sauver un village, ou une princesse ! Papa, il était fort ! Il était un Chevalier ! Là où Tonton était un clerc. Papa disait que c'était le gardien de leurs vies. Donc, il fallait se cacher derrière un buisson devant l'attaque des gros orcs des montagnes pour sauver des vies ?

« C'est comme dans les jeux de mon Papa ! », les informa-t-elle en leur désignant les lanternes flottantes. Seul Morgane suivit son indication, levant le pouce pour montrer son contentement. Anna, quant à elle, y fut forcer devant l'insistance de son amie. Elle ne lui lâcherait pas la manche dans le cas contraire.

« Il joue un Pala.. », elle hésita, les sourcils froncés. « Paladin ! », elle sauta sur place, son sourire mangeant ses joues devant la mise en scène qui la propulser dans les parties auxquelles elle était trop petite pour participer. « C'est un Chevalier avec une belle armure ! Et il sauve pleins de gens ! Tout pleins ! », elle illustra son propos en écartant les bras, aussi loin qu'ils le lui permettaient.

« Hé ! », protesta la plus sérieuse en esquivant le coup qui aurait endommagé sa nouvelle tête, qu'elle replaça avec empressement. Mais, dire que la jeune mage en devenir en faisait abstraction était un euphémisme. A la place, elle préféra s'attarder sur la réponse d'un professeur terrifiant miniature.

« Un Gryffondor quoi. »

« Ah non ! », contra Azalée en agitant son index devant son nez, qu'elle finit par passer en arc de cercle jusqu'à plafond. « C'est encore mieux que ça ! », balai brandit, elle mima de les attaquer avec les brindilles abîmées, pour chasser leurs préjugés. C'était la bonne soirée pour ça ! Pour qu'ils quittent tous deux les modalités d'un monde manquant cruellement d'imaginaire ! Mais pas de magie.

« Aza', fais gaffe ! », lui demanda la vipère en cherchant à se soustraire à un nettoyage de façade. Elle ne l'entendit pas de cette oreille, et impérieuse d'une autorité peu convaincante, elle frappa le manche sur le sol, les faisant sursauter.

« Je serai la mage ! Toi, Morgane, tu seras notre guerrier ! Et toi, Anna... », tout à son jeu, les lèvres retroussées d'une esquisse machiavélique, elle fixa ses pupilles sur la citrouille qui cherchait d'or est déjà une échappatoire. Mais elle n'y parviendrait pas, la malheureuse ! Elle était déjà prise dans ses filets. Déjà membre d'un groupe qui se formerait dans cette petite bourgade. Et ensemble, c'était en chevauchant leur bravoure, qu'ils partiraient au secours d'un peuple affamé, terrifié, en proie à la guerre ! « Notre barde. »

L'annonce provoqua son hilarité, mais également le désespoir de sa camarade de dortoir, dont les épaules fléchirent sous le poids d'un jeu qu'elle serait forcée de suivre, pour s'enchanter de l'amusement qu'elle devinait déjà dans le regard de la sorcière. L'écossaise poussa un juron qu'elle prit soin de grommeler, avant de s'oser à une question de mauvaise grâce.

« Et c'est quoi le rôle du barde ? »

« Ah ! », s'exclama Azalée, ravie, ses deux mains se cramponnant à son accessoire. D'un pied, elle pivota vers le buffet, qu'elle s'empressa de rejoindre à grandes enjambées, se retenant de courir pour admirer les différents assortiments sucrés se faisant désirer. Un véritable étalage qui lui fit perdre le fil de ses pensées. Des scones dans un coin. Une tarte à la myrtille de l'autre. Oh ! Et n'était-ce pas les sacro-saints cookies qui s'étaient fait roi de la tablée ? Avec avarice, elle se saisit de l'un d'eux qu'elle entama goulûment, répartissant des miettes chocolatées autour d'une bouche se séparant déjà de sa coloration brune.

« Le barde, c'est simple ! », commença la mage après avoir avaler sa première bouchée. Il était vraiment délicieux. Pas aussi bon que celui de Maman, mais elle penserait à féliciter la dame à l'entrée plus tard ! « Il ... », un suspens qui agaça Anna, qui croisa les bras, son pieds frappant le sol au rythme du violon. « Chante ! »

« Ok. C'est mort. », trancha-t-elle en brandissant sa paume en stop entre celle qui s'était imposée leader du groupe et elle-même.

« Aller, Anna, fais un effort. C'est la fête. », essaya Morgane en échangeant le brownies dont la maîtresse des oursons s'était emparée après avoir engloutit le jumeau de sa première victime, avec une tomate cerise. Ignorant la moue contrariée qui accueillit son marché silencieux, il ôta du pouce les pépites chocolatées qu'elle n'avait pas prit la peine d'essuyer de ses commissures. C'est conciliant qu'il s'autorisa un sourire, compréhensif de la situation de son amie. « S'il te plaît, Aza', il faut que tu manges autre chose que des sucreries ce soir. »

« Mais ! C'est un légume ! Et je n'aime pas les légumes... », protesta Azalée en l'implorant du regard de ne pas l'y contraindre.

« Un fruit. », les deux regards se tournèrent vers elle, dans une totale incompréhension. « La tomate. », comme une évidence, elle désigna la brochette de la main. « C'est un fruit, pas un légume. »

Une ampoule s'alluma au-dessus de la tignasse ébouriffée du guerrier.

« Parfaitement ! Et tu aimes les fruits, pas vrai Aza' ? », s'élançant sur la perche tendue par l'esprit cartésien d'une Sedaigle perdue dans la tanière des blaireaux.

« Oui.. ? », dupée par leur complicité pour l'orienté sur la voie du régime végétarien, elle hocha la tête avec une conviction modérée.

« Bah voilà ! Donc, vu que la tomate est un fruit, tu peux la manger. », il claqua des doigts devant sa logique parfaitement limpide, se targuant d'un sourire ravageur, qui fit mouche. Faisant confiance à son ami, c'est avec un entrain non feint qu'elle goba le petit fruit rouge. Ce n'était pas une fraise, mais ce n'était pas mauvais !

« C'est bon ! », fit-elle en conclusion de cet échange culinaire, s'attirant par sa candeur le rire du seul garçon du trio, et le roulement d'yeux de l'artiste récalcitrante. « Et pour le chant.. ? », tenta-t-elle malgré tout, coinçant le cure-dent entre ses lèvres pour se donner une meilleure prestance.

« Tu rêves. », acheva la citrouille, catégorique. Elle n'était pas marrante ce soir Anna ! Boudeuse, elle imita sa posture, sa main volant le gâteau précédemment subtilisé pour en avaler la moitié.

« Anna... », le faux Maugrey voulut calmer la faible tension s'installant.

« Non. »

L'autorité dans sa voix modifiée lui fit lever les mains, et choisir la fuite plutôt qu'un camps qui se ferait bientôt bombarder par les petits-fours. Le chocolat essuyé, Azalée s'empressa de s'emparer d'un scone garnis de crème anglaise. C'était trop bon ! Avec un soupir d'extase, se rêvant déjà au paradis, elle leur fit signe de se servir, déjà loin du refus de sa camarade. La détermination de maman, mais la rancune éphémère de papa, ce qui était d'après eux, le meilleur mélange qui soit. La bouche pleine, elle sautilla au son de la guitare couplé à son ami le violon. Déchaînée par la mélodie, elle posa son balai, pour emmener ses comparses sur la piste, les invitant à une ronde où ils pourraient se dépenser. D'abord réticente, Anna imbriqua son pas, balançant sa tête à droite, puis à gauche, se félicitant d'avoir demandé à son frère d'ajouter un enchantement pour prévenir la chute de son couvre-chef.

« J'aime trop ! », leur cria la blonde en se fendant de son plus beau sourire.

C'était vif. C'était coloré. C'était beau. C'était joyeux. C'était rythmé. C'était vivant. C'était magique. Leurs mains serrées les liaient d'un moment commun. D'un serment qu'elle avait l'intention de tenir. Les voyant si heureux par les fenêtres de ses paupières mi-closes, elle fit le vœux que ça dure pour toujours, que rien ne s'arrête. Que cette fête s'éternise et qu'ils puissent garder cet instant en mémoire, qu'il ne soit jamais oublié. Était-ce le lien des deux musiciennes qui lui inspirait cette envie ? Qui ne rêvait pas d'une amitié, d'un secret incassable ?

« C'était presque aussi bien que Rosebury. », fit Anna en mâchant son bâton de réglisse multicolore, une fois la musique plus reposante.

« C'était encore mieux ! », asséna la fanatique des cookies en continuant à sauter à pieds joints, s'osant à un écarté lorsque les passants s'éloignaient de leur petit groupe.

« Mais tu ne connaissais même pas Rosebury avant ce soir. », dubitative, la brune interrogea leur paladin de la soirée du regard, ne récoltant qu'un haussement d'épaules. Geste qui la fit soupirer d'un agacement qu'elle s'échina à réprimer, mais pouffer Azalée qui vient l'enrouler aux épaules dans une accolade fraternelle.

« Et toi, tu ne connais pas Guns N Roses, mais je suis sûre que tu aimerais ! C'est le groupe préféré de mon papa. », pas peu fière de sa répartie, elle bomba le torse, leva le menton, et s'autorisa un sourire en coin, qui part une étrange manipulation, ondula ses sourcils beaucoup trop fournis.

« C'est un groupe de quoi ? », préféra embrayer Morgane, sentant venir une remarque déplaisante à la vue de la grimace dégoûtée de la bleu et jaune. Naïve de la réaction de sa meilleure amie, elle tourna sa totale attention sur le garçon.

« Alors ! », elle relâcha sa captive pour reprendre son balai qu'elle plaça comme une guitare. Il était trop lourd, tanguant vers la droite, mais l'action de la table sur sa route freina sa course, le stabilisant. « Ça fait genre, fiouuuuuuuuuuuuu. », elle gratta des cordes imaginaires, frappant ses ongles contre le bois. « Et zouuuuum ! Et blamblam ! », elle accéléra le tempo devant l'air sceptique d'une Anna qui en avait cessé de manger, figée dans son élan, et d'un Shafiq hilare, qui accompagna sa musique en tapant des mains.

« Et ça chante ! Genre... », la gamine se racla la gorge, se préparant à des vocalises qui trop enthousiastes, en deviendraient fausses. « Knock, knock, knockin' on heaven's door ! »

La brune pianota sur son masque de citrouille durant sa représentation et la pointa de son bonbon, non sans en avoir arraché un morceau. Sérieuse, elle replaça ses lunettes d'une pichenette sur la monture.

« Si ça chante vraiment comme ça, ça fait comment pour se vendre ? »

Le "o" parfait que forma la bouche d'Azalée sous la surprise d'une remarque aussi abrupte et dénuée de la moindre subtilité, se mua en un sourire amusé, absolument pas atteinte par le poison de ses paroles sarcastiques. C'était l'humour de sa copine ça ! C'était normal !

« Ça se vend sûrement mieux que votre Rosebury ! », répliqua la pile électrique en se dandinant dans un nouveau rift de air-guitar. « C'est intense comme musique, tu vois ? C'est du bam-bam dans la poitrine. Du pfiou-pfiou dans la tête. C'est de la passion ! De la vie ! Ils sont vivants ! »

« Vivants, hum ? », Anna coinça son bâtonnet entre ses lèvres pour mieux lever ses mains impuissantes devant son illogisme flagrant. « C'est quoi le rapport ? »

« Je crois que je vois, moi. », l'accompagnant dans son morceau, il prit un saladier vidé de ses pop-corns salés pour s'en servir de batterie, pour le plus grand plaisir de la fée carabosse qui projeta ses doigts sur le manche comme si elle était une musicienne accompli.

« T'es le barde, Anna ! Tu chantes ! », asséna-t-elle en lui jetant une cuillère à la volée pour qu'elle puisse s'en servir de micro. Tant pis pour le luth. Un pas après l'autre, comme disait grand-maman. Ça ne servait à rien de tirer le carrosse avant les chevaux !

« Je ne sais pas chanter, Aza' ! », lassée après sa réception, elle jeta son instrument sur la table, se vengeant sur son réglisse qui subit un terrible sort.

« Et alors ? », sans comprendre, Azalée replaça son balai contre le buffet, se mettant en face de son amie, les mains sur les hanches. Pourquoi se priver du droit de s'amuser ? Les fêtes c'étaient fait pour ça, non ?

« Parce que tu m'as déjà rendu assez ridicule devant Melwing et son idiot de copain. »

Les yeux de la blonde s'écarquillèrent de stupeur, complétant la réaction plus sobre de Morgane qui se contenta d'arquer un sourcil. Mais de quoi parlait-elle ? Pourquoi ramenait-elle le sujet des pétitions sur le tapis ? La révolution était au placard, mise au vert, le temps que la dame en rose l'oublie.

« Laisse-tomber. C'est ridicule. », abrégea Anna en remettant son masque sur sa tête, coupant court à un débat qu'elle estima stérile.


❦Bibbidi Bobbidi Boo❧


Le piano emplit l'espace, enveloppé d'une douce couverture enchantée. Hadès était sur scène. Les joues gonflées de deux tomates forcées, elle sauta sur place, lui envoyant tous ses encouragements de grands signes de bras. Il était gentil comme grand, le Joris. Elle l'aimait bien. Et au fond, elle savait qu'Anna partageait son avis sur la question. Pour une fois, ça méritait de se fêter ! Lui, il chantait bien. C'était délicat, comme la brise du printemps. C'était joli à entendre. Se faisant plus sage, la sorcière joignit ses mains, tournant sur elle-même dans une danse similaire à celle qui leur était proposée. Une fois. Deux fois. Le troisième tourbillon fit tanguer la pièce. Ouaaaaah, depuis quand le plafond était si proche ?

« BOUH ! »

Elle sursauta de tout son sou, avalant de travers le jus acide du fruit nouvellement découvert. Elle toussa, agitant ses jambes dans une lévitation temporaire. Elle volait ! Elle volait vraiment ! Battant des bras, elle se fit oiseau, faisant pencher dangereusement les petits-fours qu'elle s'était évertuée à placer en montagne comme un Tetris expert entre ses paumes. Tout était une question d'équilibre ! Elles s'égosilla d'un rire complice à celui de son Robin. L'enchantement prit fin trop vite, et c'est sur ses talons qu'elle se réceptionna, remerciant silencieusement la main de Morgane qui venait de se placer dans son dos pour éviter une catastrophe.

« Robin ! », un salut enjoué que seule sa compagne d'aventure comprendrait. Elle lui avait manqué. Beaucoup. Et le simple fait de voir sa frimousse bleutée devant elle, le lui rappela. Peut-être qu'après tout ça, elles pourraient repartir écrire avec les flèches ?

Le troll en biscuit disparu de son monticule, étoile sur un sapin, pour atterrir dans les mains du billywyg aux yeux affûtés. Elle ne supportait pas qu'on lui vole de la nourriture. C'était sacré, non de non ! Mais pour Robin, elle pouvait bien faire une exception. Une petite.

« Je n'ai même pas encore touché au buffet. Ils sont bons ? »

« Trop ! », se contenta de répondre petit Jean, sobre dans sa répartie, pour une fois. Elle retient de justesse la question qui lui brûlait les lèvres : Comment pouvait-elle être parvenue à se priver du buffet jusqu'à lors ? Elle, ça avait été la première chose qu'elle avait fait... Peut-être que maman avait raison. Peut-être qu'elle pensait trop avec son estomac, mais parfois pas assez avec sa tête. Et dire qu'elle ne pouvait pas accuser Monsieur Noodle de ce méfait, puisqu'elle l'avait puni sur son lit...

« Bon, je tente ! Même si je ne suis pas convaincue que ce soit très respectueux de croquer dans un troll... »

« Il ne va pas t'en vouloir ! Je crois qu'il est même content d'être mangé par toi ! Regarde, il sourit ! », avec candeur, elle trempa son doigt dans son gobelet de chocolat fondu déjà bien vidé, pour venir dessiner du bout de son ongle l'esquisse qu'elle venait de lui décrire. « T'as vu ? », d'un air entendu, ponctuant son oeuvre d'un hochement de tête convaincu, elle s'empressa de ne pas gâcher le délicieux nectar s'étalant sur sa phalange.

« Huuum... ch'est braiment bon. », firent-elle à l'unisson, dans une synchronisation parfaite, qui la fit glousser. C'était vraiment amusant d'être sur la même longueur d'onde avec Robin. Et dire qu'elles étaient mal parties, ça semblait s'être totalement envolée par leurs bêtises communes.

Elle partit bien trop vite à son goût, mais comment pouvait-elle lui en vouloir ? Elle avait ses amis, Robin ! Comme elle. D'ailleurs, elle jeta un coup d’œil au duo qui continuait de débattre sur l'amélioration de leurs costumes pour un rassemblement futur. L'un suggérait de rendre la citrouille lumineuse pour son sourire et ses yeux, tandis que la deuxième, pointait du doigt le couteau émoussé, qu'il faudrait rendre plus réaliste. Les voir si proches lui fit chaud au cœur. Elle était si bien entourée. Papa et Maman seraient rassurés. Avide d'une nouvelle découverte culinaire, elle mit sous sa langue l'arlequin que sa meilleure lui avait conseillé pendant leur repérage. Le sucré coula sur sa langue, l'emmenant au nirvana. Comment voulaient-ils qu'elle s'en détourne pour s'enterrer sur des terres légumineuses ? Elle en était incapable !

« L'arlequin est vraiment bon ! », dit-elle en se joignant à la conversation en cours, récolant le sourire de Morgane, mais aussi une tape amicale sur l'épaule par la lanterne vivante.

« T'as vu ça. Mon frère adore ça. Il se lève parfois la nuit pour voler le paquet dans le placard. », une confession qui les lia d'un amusement partagé. Leur rire résonna dans leur partie de la salle.

« Dîtes, on pourra faire une récolte de bonbons plus tard ? J'en faisais souvent à la maison ! », son enthousiasme gagna ses deux comparses qui hochèrent vivement la tête devant cette idée qui les forceraient à contempler les costumes des autres convives d'un peu plus près, plutôt que de rester enfermer dans leur bulle. L'un s'impatientait de faire revivre des sombres souvenirs de cours aux élèves, tandis que l'autre voulait rendre la monnaie de sa pièce à un aîné qui s'était dit absent, mais qu'elle avait aperçu un peu plus tôt au bras d'une Nick-Quasi-sans-têtes féminines.


• Et ce fût le trou noir. •

Un voile passa devant ses yeux. Il était beau. Il était tranquille. Ses pensées s'embrouillèrent, et devant elle se dessina une licorne. Elle était petite, à la crinière aux couleurs de l'arc-en-ciel. C'était jolie. Le professeur Kayser en avait-il déjà vu des comme ça ? Parce qu'elle, oui. Son énergie se vida à une vitesse imprévue. Les piles étaient à plat. Mais était-ce vraiment grave ? Tout était flou, si ce n'est l'équidé fantastique cartoonesque qui se dressa sur ses pattes arrières, l'invitant à le suivre sur le sentier des petits biscuits. Sa bouche s'ouvrit sur un gargouillement, et ses bras se tendirent mollement devant elle, comme un zombie.

Un pas. Puis deux. Puis trois. Elle était loin. Et si proche à la fois. Elle venait de découvrir une nouvelle espèce ! N'était-ce pas merveilleux ? Elle s'éloignait, alors qu'elle cherchait à l'approcher. Azalée voulait juste la caresser. La foule n'existait plus. Et la pièce baignée d'une lumière orangée se fit plus rouge. La gueule de la licorne se maquilla d'un sourire triste. Un ballon passa devant son visage, et vaguement, elle essaya d'en suivre la course. En vain, il avait déjà disparu. L'animal n'était plus là, à sa place se tenait un clown. Elle les avait toujours adoré. Elle aimait aller au cirque avec maman et papa !

« Tu veux que je te fasses un petit tour, ma petite ? »

Elle marmonna un oui, qui acheva de tremper son menton de sa salive. Le comique sauta à cloche pied dans ses souliers trop grands, disproportionnés. Après lui avoir montré des cartes, dont elle dût choisir un exemplaire, il sortit un chien coloré, d'un jaune fluorescent. C'était joli ! Le jeu disparu. La carte apparu sous l'éclatement de la figurine éphémère par un maillet. Le roi de cœur. C'était magique !

« Et bam ! Le roi est mort ! »

• Et son rire hystérique continua de résonner. •


« Aza' ? Ça va ? T'es de retour ? », elle fit face aux yeux inquiets de Morgane. Hagard, elle chercha la licorne des yeux, puis le clown. Ils n'étaient pas là. Elle avait rêvé.

« O-oui.. Je crois... », sa voix était celle d'un sommeil écourté. Ou trop long, trop profond. Elle renifla, passa ses mains sur son visage pour ôter les images d'un songe étrange, éveillé. C'est là qu'elle se heurta à un nez déformé.

« Tu t'es cognée. On t'avait perdu de vue. », justifia Anna, penaude.

Comment leur en vouloir ? Elle n'avait qu'à pas manger tout et n'importe quoi ! C'était entièrement de sa faute.

« C'est pas grave. Ce n'est rien ! », elle acheva de détruire cette conception nasale déjà ratée avec un rire. « J'ai l'impression d'avoir dormi. C'était bizarre. Je suis peut-être somnambule ! »

« Parle pas de malheur, Aza'. C'est à côté de moi que tu dors. », la citrouille fit taire son éclat de rire d'une petite tape sur l'épaule, bien qu'elle lui devina la lumière d'un amusement fugace. Elle était vraiment bien entourée.

Code couleur:
Résumé et HJ:
Salagadou la menchika bou la Bibbidi Bobbidi Boo. Mélangez tout ça et vous aurez quoi ? Bibbidi Bobbidi Boo. Salagadou la menchika bou la Bibbidi Bobbidi Boo. C'est de la magie ou je ne m'y connais pas
Pando
Azalée Winchester
Admin gloutonne
Azalée Winchester

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I'm a barbie girl
When I was young, it seemed that life was so wonderful, a miracle, oh it was beautiful, magical.
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Lun 1 Juin 2020 - 0:00
This is Halloween !Trick or treat till the neighbors gonna die of fright,
It's our town, everybody scream,
In this town of Halloween !

D'aussi loin qu'il se souvenait, il avait toujours eu Halloween en horreur. Il n'en appréciait ni l'ambiance, ni les surprises. Osait-il dire qu'il appréciait l'ordre ? Les agendas parfaitement annotés et suivis à la lettre ? Jamais il ne l'aurait avoué à haute voix. Il craignait les réactions de ces autres. De ces danseurs exhibant leur manque de talent pour une discipline simpliste, s'éclipsant aux coins d'une pièce bondée d'idiots, pour y noyer un chagrin d'adolescent insupportable. Qu'attendaient-ils ? Qu'un preux héros vienne les secourir de leur vie soporifique, dont les vapeurs venaient à les intoxiquer de leurs conclusions évidentes ? Ils n'étaient rien. Que ce soit au travers du regard d'un beau garçon ayant troqué les attraits d'une génétique clémente, contre une intelligence qui l'aurait propulsé vers des sommets ; ou de celui de cette fille se complaisant dans une décharge de couleurs à vomir ?

La beauté était éphémère.
Leur stupidité était éternelle.


Ce soir, il changerait la vie de l'un d'eux. Il ferait de ce vide un trop-plein. De cette existence imparfaite, une œuvre d'art. Il en serait l'instigateur, et alors, tous pourront contempler cette définition incomprise. Ils pourront s'extasier devant le tableau sublimé d'une vie réécrite. N'était-ce pas un merveilleux cadeau ? De se débarrasser ce qui faisait de l'humain une espèce si dégoûtante, pour devenir autre chose ? Un être immortel, à jamais dans la mémoire de ceux pouvant le contempler. Ne rêvons-nous pas tous de remplir l'espace d'une mémoire ? D'une scène ? Lui, comme les autres, ne voulait-il pas devenir le protagoniste d'une histoire ? Sans aucun doute.

Ils étaient tous les mêmes.
Ils étaient insipides.


Mais plus pour longtemps. Les aiguilles avançaient. L'heure tournait. Vingt heures. Vingt-et-une. Vingt-deux. Vingt-trois. La désagréable appréhension faisant trembler ses mains et recouvrant son front camouflé d'une pellicule de sueur glacée, se mua en une euphorie sinistre qui le força à inspirer plus fortement, plus régulièrement. Il étouffait sous son masque, sous son anonymat. Un mal nécessaire. Le fardeau d'une œuvre sans signature, sans nom d'auteur. Il acceptait de leur laisser cette vedette, ce projecteur. L’ultime sacrifice de son altruisme perverti. Son sourire mangea ses joues, vacillant d'une excitation morbide. Tout semblait s'être ralenti, pour le faire languir. Pour que l'angoisse d'une découverte soit grignotée par les dents d'une cruelle satisfaction. L'irrépressible désir d'agir l'avait étreint à plusieurs reprises. Sous les rires des spectres d'une jalousie dévorante.

Ils étaient vulnérables.
Ils étaient aveugles.


Les lumières explosèrent, soufflées d'une bourrasque violente, d'un revers de bras prémédité. Le signal fit bondir son cœur. Aucune panique ne l'empêcha de bouger. Silencieux d'une habitude, il délaissa les murmures des témoins privés de leurs sens. Il le trouva, le gagnant de la roulette du destin. Celui qui connaîtrait la chance de ne plus être un simple mortel. Il l'enviait. Lui aussi, aurait voulu être sauvé. Comme une poupée de chiffon, il tomba dans ses bras. Frêle créature qu'il gâterait d'apparats fabuleux. Hissé sur son épaule, il s'était détourné de la foule, la fendant comme s'il était le seul en mouvement. Il n'était qu'une ombre. Celle de la justice. Celle de la beauté. Une baguette roula à sa sortie. Bout de bois chaud s'achevant en dague. Goutte précieuse sur le manche. La nuit était calme. Il faisait frais. Il inspira, victorieux. Le poids dans ses bras n'était rien face à l'exaltation d'un plan sans failles. Tout va bien, chuchota-t-il à la Lune, je vais le sauver de ce poison.


En un instant, les lumières revinrent, laissant derrière elles l'odeur du souffre.


Une détonation l'avait figé. Tout s'était arrêté sous le son strident d'une musique inachevée. Le silence s'était fait. Lourd. Assourdissant. Ses oreilles bourdonnaient comme si une bombe venait de les plonger dans le chaos. Une minute sans bruits. Sans lumières. Sans respirer. Elle ne s'y était pas osée. Une minute d'affreuses terreurs paralysant ses muscles. Les bougies s'enflammèrent. L'odeur de brûlé remonta le long de son nez. Aucune fumée ne s'échappait des citrouilles malmenées. Un sortilège farceur qui les avait emportées dans les affres d'une fête portant désormais bien son nom. Était-ce une blague ? Elle recula, se heurtant au mur de l'entrée.

Elle voulut rire, sous l'écho de l'adrénaline redescendant dans ses pieds, y laissant une traînée froide sur son sillage. Son cœur coula jusqu'à son estomac. Son talon cogna un objet. Baguette oubliée d'un sorcier affolé, sans doute. Elle se pencha et la coinça entre ses doigts. Elle était fine. Légère. D'une longueur promettant une puissance et une assurance peu commune. Souple, elle ondula dans sa paume. Elle était douce au touché, même si son poignet frôla la dureté affûté d'une lame naturelle. La ligne bleutée d'une pierre océanique fronça ses sourcils. L'agitation reprit, la ramenant dans un monde où les couleurs s'ajoutèrent les unes après les autres. Rouge. Orange. Noir. Extraite du monochrome, elle quitta son coin reculé, la nausée au bord des lèvres. Sur ses gants blancs, parfaisant l'allure d'une dame blanche, elle y voyait des tâches. Le carmin de l'horreur. La rouille du sang.

« Excusez-moi... », sa voix lui coûtait tandis qu'elle se plaçait face aux enseignants regroupés. La banshee au masque craquelé de sévérité inquiète se tourna vers elle. Et tremblante d'une question muette, elle lui tendit sa trouvaille malheureuse, baissant son regard sur les rivières parcourant le tissu, aspérités d'une blessure, d'une disparition.

« Mais.. C'est celle de Sessho. », pointa un jeune homme aux traits de goupil, le choc aplatissant son timbre. Le silence accueillit sa remarque.

La sous-directrice redoutée interrogea ses collègues du regard. Un instant de flottement. Ils se comprirent. Elle le sut en avisant leur dispersion. Se drapant dans les pans d'une cape déchirée, la dame inspira, gonflant ses poumons d'un air qu'elle déchargea sous des ordres claqués, des phrases rassurantes.

« Votre attention, s'il vous plaît ! Je vous prierai de ne pas vous inquiéter. Que les élèves se réunissent, nous allons rentrer au château, et laisser les personnes compétentes s'occuper de cet incident. Gardez votre calme. »

Appliquant ses instructions, elle empoigna le col d'un jeune premier passant à sa portée, l'enjoignant à se placer à ses côtés. S'en remettant aux bons sens des plus âgés, elle se fit un chemin dans la cohue achevant sa tirade, les lèvres pincées d'un effroi mesuré, contrôlé.


Boys and girls of every age
Wouldn't you like to see something strange ?


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Hors-RP

Bonjour à tous,

Voici le lancement de la deuxième partie de l'Event d'Halloween. Vous trouverez ci joint les quelques règles à respecter :

1. Les lampes au plafond ont été soufflées d'une explosion magique. Le bourdonnement strident et l'obscurité n'auront duré qu'un instant, une minute tout au plus, bien qu'elle puisse donner l'illusion d'une éternité. Si vos personnages lancent un lumos, celui-ci ne pourra couvrir qu'une zone limitée, mais ne leur offrira qu'un simple réconfort et non une vision claire d'une disparition inattendue.
2. Pour les élèves souhaitant enfreindre les règles du Professeur McGonagall, nous invitons à préciser la manière dont votre personnage s'esquivera de l'attention des enseignants pour rejoindre l'extérieur. Soyez malins, inventifs, il est improbable, qu'il puisse s'enfuir par la porte d'entrée. Les plus jeunes sont également à même de participer aux recherches « clandestines ».
3. Pour les adultes, le choix vous revient entièrement. Votre personnage peut décider de s'en aller sans désirer se mêler au chaos qui s'annonce, ou bien, se greffer au groupe de recherche. Pour les membres du personnel de Poudlard, vous pouvez également choisir entre l'escorte des élèves ou les recherches sur place.
4. Ceci n'est qu'un entre-deux, qui va permettre de situer vos personnages pour la suite. Cela se divisera en trois axes : Le groupe rentrant à Poudlard, mené donc par le professeur McGonagall. Le groupe de recherche des adultes. Et enfin, celui des élèves ayant échappés à la vigilances des plus âgés.
5. Les lieux seront rapidement sécurisés par les autorités compétentes, merci d'en tenir compte dans votre RP. Si vous souhaitez vous esquiver, pour les élèves, cela devra être fait rapidement.
6. Les personnes présentes ne savent pas ce qu'il se passe. C'est la panique. Le nom du disparu n'est connu que de l'élève ayant trouvé la baguette, le professeur McGonagall et ceux étant proche d'elle au moment des faits. Ou bien, d'une personne ayant été proche de l'entrée avant qu'elle ne soit rapportée. La rumeur peut-être propagée jusqu'à votre personnage également, bien qu'elle peut-être prise avec des pincettes. Pour partir à la recherche du disparu, votre personnage devra comprendre ce qu'il se passe. Tenez-compte de cela.

La deuxième partie de l'Évent sera clôturée le 30 Juin 2020, soit dans un mois jour pour jour. Jusque-là, nous vous invitons à jouer votre personnage une unique fois. Nous demandons aux membres de faire un résumé de leurs actions à la fin de leur post. D'ici deux semaines, soit le 13 Juin 2020, nous vous invitons à nous envoyez un MP pour situer votre personnage, définir le groupe qu'il rejoindra.

Les dés d'Halloween:

À vos plumes,
Le Maître du Jeu.
:copyright:️ 2981 12289 0
Le Choixpeau Magique
Maître du Jeu
Le Choixpeau Magique
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Mer 3 Juin 2020 - 23:55


This Is Halloween
Deuxième Partie
Je n'ai jamais réellement cru en Dieu. Enfin, je n'ai jamais cru, vraiment, aux Dieux pouvant être cités dans certaines religions. Ça ne veut pas dire que je ne crois en rien. Tout le monde croit en quelque chose. C'est, je suppose, une quête de sens.

J'ai toujours eu cette idée, pour l'exemple, qu'il y a forcément une force mystique qui maintient l'équilibre dans l'univers. Je veux dire, pour que tout soit aussi précis, pour que tout fonctionne correctement, il faut bien que ça vienne de quelque part, non ? Et je ne parle même pas de la magie.

Il n'y a rien de vraiment logique dans la magie, vous en avez conscience ? Un exemple bête. Une table et un chien sont, pour l'un, un objet inanimé et pour l'autre, un être vivant. Je ne m'y connais pas vraiment, mais je pense pouvoir affirmer sans trop risquer de me tromper que les éléments qui les composent sont différents en grande partie. Rien ne pourrait expliquer qu'une table devienne un chien et inversement. Pourtant, on nous apprend qu'avec la bonne formule et le bon geste, ça devient possible. Pour un temps donné, certes, mais il court, il aboie, il peut jouer, développer son propre caractère, alors qu'à la base, il s'agit d'une table.

Rien de tangible ne peut expliquer réellement pourquoi ça marche. La magie casse des codes fixes, des règles de notre univers. Vous avez déjà entendu parler de cohérence, non ? Comme dans les histoires, oui. L'univers d'une histoire est régi par des règles définies par l'auteur et il ne doit pas les briser lui-même durant son récit, parce que sinon son univers n'a plus de sens. C'est le même principe avec notre monde et ce qu'on appelle science.

Le plus drôle, c'est que j'ai beau le savoir, ça ne m'empêche pas de briser ces règles tous les jours en utilisant ma baguette. Vous aussi. Et c'est pour ça que cette croyance s'est renforcé avec les années. Un univers doit avoir un sens pour fonctionner. Et je pense qu'il y a des exceptions avec ces règles. Des exceptions pour éviter que notre univers implose, pour permettre l'existence de la sorcellerie sans qu'il n'y ait de réels risques pour les êtres qui y vivent. C'est en cela que ça me parait hautement improbable qu'il n'y ait pas une force qui veille au respect de ces règles et de ses exceptions, le tout en posant des limites qui, pour nous simples mortels, nous paraissent flous, mais qui sont en réalité limpides.

Enfin... Bref. Ce n'est que ma vision des choses et le but n'est pas de vous convaincre, ou encore de vous saouler avec ça. En réalité, si je vous en parle, c'est uniquement parce qu'à cette soirée, que je voulais parfaite, je me suis retrouvée à jurer intérieurement contre cette force, cette balance mystique, alors que je crois en elle et lui porte un immense respect. J'imagine que c'était une façon pour moi de trouver un coupable, alors que le coupable, il suffisait que je vois un reflet pour pouvoir le regarder.

C'était vis-à-vis de mon état mental, vis-à-vis de ce que je venais de vivre, bien sûr. Après... Mon état, c'était un peu le cadet de mes soucis après réflexion. Cependant, vous en avoir parlé, ça vous permet d'avoir une idée de ma psyché à ce moment-là, avant qu'on rentre vraiment dans le vif du sujet.

EVENT | THIS IS HALLOWEEN | 31 octobre 1995 | Première et deuxième parties | Les Inscrits - Page 2 200428122044787862

« Et bien, qu’est-ce que tu fais tout seul ? Bon, après tout, je m’en fiche, c’est pas le moment pour rester seul ! Viens avec moi, on va rigoler ! »

L'ange titubant venait de s'accroupir devant elle, s'appuyant d'ailleurs sur elle, amenant la jeune femme à couper court à sa rêverie cauchemardesque. Elle voulut ouvrir la bouche, lui dire de la laisser seule, mais les mots sévères restèrent bloquer au niveau de sa gorge. Il s'agissait d'Elyana. Elle avait l'air de passer une agréable soirée. Elle ne voulait pas gâcher la fête, pas pour une autre personne. Une personne qui allait rapidement l'oublier, et perspicace, elle le comprit immédiatement quand sa camarade de dortoir se détourna vers la foule.

« Bon, attend, je reviens, il faut que je… Disons… Que je remplace un récent disparu ! »

Titubante. Récent disparu. Il ne lui en fallut pas plus pour faire le lien. La bouteille déjà vide quand elle l'avait ramené dans la réserve lui revint en mémoire. Un détail qu'il était facile de juger insignifiant, mais qui témoignait de sa faute. La jeune femme avait bu, elle aussi. Cependant, loin d'avoir l'air aussi idiote qu'elle avec de l'alcool dans le sang, elle se contentait de profiter.

Elle se leva, s'apprêta à faire quelques pas, mais se retourna pour lui offrir quelques dernières paroles. Des mots qui n'auraient aucun effet sur le détraqueur. Elle était contente, intérieurement, de voir son amie s'amuser. Elle était si anxieuse depuis le début de l'année que ça devait lui faire du bien d'oublier ses problèmes. Tant mieux pour elle. Ce n'était pas le cas de la Serpentard refoulée. De fait, celle-ci se contenta d'arquer un sourcil sous son costume, avant de se laisser à nouveau aller à sa contemplation du plafond. À la contemplation des tréfonds de son âme.

« Ah oui et va danser en attendant ! Aller hop hop hop !! »

Eileen n'avait jamais été de ces personnes qui s’apitoyaient sur leur sort pendant des heures. Énergique, souvent directe, elle pouvait faire montre d'une douce violence pour faire comprendre son point de vue ou essayer de convaincre. Il s'agissait d'une révoltée dans l'âme, qui, au fond, gardait une colère sourde enfermée à l'intérieur d'elle-même. Si la vie lui avait offert la magie, elle avait dû en payer le prix. Des épreuves difficiles à surmonter qui pouvait parfois resurgir.

Habituée à être la chaleur réconfortante d'un soleil insondable, trop lumineuse pour être observée sans crainte, mépris ou rancœurs par certains, sans allégresse, légèreté ou gaieté par d'autres, elle oubliait. La part d'ombre disparaissait sous les éclaircies lunaires. Une nostalgie appréciable pouvait rester, la faisant revivre de doux souvenirs. Un bien précieux qu'elle protégeait avec avidité.

Seule la pluie, don d'un élément qu'elle chérissait plus que sa raison pouvait le comprendre, faisait ressortir ses tourments. La pluie cachait les larmes. La pluie permettait d'égayer de futures journées. Elle était synonyme de souvenirs douloureux, mais également un rappel à la vie. Elle persistait. Et sa force de caractère lui permettait de continuer d'avancer. Ce n'était pas pour elle. Elle n'en aurait pas eu la force, pas eu le courage, pas eu l'envie. Elle le faisait pour eux. Pour ceux qui n'en avaient plus le droit.

C'était sans doute ce simple constat qui avait finalement décidé le Choixpeau. Rusée, habile, ambitieuse, elle n'en restait pas moins la gardienne des âmes de ses ancêtres pour qui elle se hâtait, pour qui ses rêves devaient être réalisés. Les morts restaient morts, mais les vivants ne devaient pas faiblir pour respecter leurs mémoires. Elle en tirait sa détermination et sa bravoure. Un courage pouvant parfois être discret, comme l'aveu d'une trahison qu'elle avait espéré anecdotique. La douleur dans son regard lui avait prouvé le contraire.

D'habitude, ses démons s'oubliaient, mais face à la détresse, face à la rancœur, face à l'incompréhension et, surtout, face à certaines paroles, ils ressortissaient, prêts à prendre les armes. La tristesse devenait colère.

Pourquoi avait-elle dû perdre ses parents ? Pourquoi avait-elle dû subir des années en supportant les brimades et les coups de la cousine de sa mère ? Pourquoi devait-elle travailler pour avoir une chambre alors que les autres adolescents, pendant ce temps, profitaient de leurs vacances ? Au fond, elle savait que ça n'avait aucun rapport, mais elle avait besoin de se poser ces questions. Des questions qui en amenaient d'autres, plus directes.

Pourquoi n'avait-elle pas le droit d'avoir son jardin secret, ses mystères ? Pourquoi devait-elle se justifier face à une fille qu'elle croyait être son amie ? Pourquoi n'acceptait-elle pas la simple réalité qu'elle voulait juste protéger son secret ? Pourquoi ne voyait-elle pas qu'elle avait eu peur durant des années, qu'elle s'était crue anormale et qu'aujourd'hui encore, même si elle affirmait l'inverse, elle avait peur d'être rejetée à cause de sa différence ? Pourquoi refusait-elle de comprendre, simplement, que c'était cette terreur enfouie qui l'avait empêchée de lui avouer la vérité, de peur de perdre la première personne pour qui elle avait ressenti de l'affection dans le monde magique ?

Toujours assise, la tête rejetée vers l'arrière, elle jurait, pestait intérieurement. Sa seule envie était de partir. De quitter cette mascarade qu'elle avait aidé à organiser pour retrouver la chaleur réconfortante de l'une de ses cachettes. Aria s'invita immédiatement dans ces pensées. Comprendrait-elle ? Ou, à l'image de Tabata, se murerait-elle dans la rancœur ? Cette simple idée lui arracha presque un sanglot.

Elle le réprima avec une certaine hargne. Elle acceptait de pleurer la mort de ses parents. Elle acceptait de pleurer la mort de Cédric, même si elle ne l'avait que très peu connu. Elle refusait de laisser ne serait-ce qu'une goutte salée s'échapper pour des histoires aussi futiles. C'était absurde. Aussi absurde que sa fierté, qui dans un tel moment, prenait le pas sur sa raison.

« Je craignais que ta sombre tristesse ne t'atteigne, charmant détraqueur. Le chocolat chasse les tourments. J'espère qu'il apaisera les tiens. »

Le détraqueur susnommé sursauta, se redressant vivement pour voir à travers le tissu enchanté. Elle n'avait pas besoin de le voir pour deviner qui venait de lui parler, mais elle voulait en avoir le cœur net. Le démon lui offrait un sourire calme. Sa voix était douce, à l'image d'une mère aimante lui démontrant son affection. Il était ainsi. Le talent d'un père, la douceur d'une mère. Quelqu'un qu'elle idéalisait, sans doute, mais qui avait cette puissance indiscernable. Sa présence l’apaisait, adoucissait son cœur meurtri.

Sans y songer, elle attrapa la tasse chaude dans ses mains et la guida jusqu'à ses lèvres visibles, maquillées pour l'occasion. Elles se trempèrent dans la chaleur et le réconfort. C'était éphémère. Passager, l'effet ne durerait pas, mais elle profita de ce moment en fermant les yeux. Un baume qu'il appliquait avec soin sur des blessures invisibles, sans la juger, sans chercher à savoir. Il comprenait qu'elle souffrait et ça lui suffisait. Il se redressa et commença à s'éloigner. Ses iris se fixèrent sur lui une dernière fois, après que ses paupières se fussent de nouveau ouvertes.

« Merci. », souffla-t-elle, sobre.

Elle ne chercha pas à le retenir, baissant le regard. Sa fierté reprenait le dessus et une pointe de honte, d'avoir été remarquée ainsi, s'immisça. Elle avait l'impression d'être une enfant en quête d'attention. Au fond, c'était précisément ce qu'elle était, même si elle n'en avait pas conscience.

Tout à son désarroi, elle remarqua à peine le son des chaînes, cliquetants, qui s'approchait. Ce ne fut qu'en remarquant qu'elle ne l'entendait plus qu'elle se fit plus attentive. Non qu'elle en avait réellement l'envie, mais aussi haineuse qu'elle pouvait l'être à ce moment précis, elle n'en restait pas moins curieuse. Elle comprit immédiatement de qui il s'agissait quand il prit la parole. Un timbre décharné, donnant l'illusion d'une agonie éternelle. Il n'y avait que lui pour avoir l'idée de camoufler sa voix de cette façon. Si normalement, sa venue aurait dû lui faire plaisir, elle n'en fut pas certaine. Et les mains toujours agrippées à la tasse fumante, qu'elle avait vidé de moitié, elle ne chercha pas à tourner ses yeux dans sa direction.

« Tu n'es pas fière de tous les monstres que tu as rassemblés ce soir ? »
Si, si, je suis très fière de cette réussite. », répliqua-t-elle d'un ton blasé.

Elle ne sut pas vraiment si la portée de son sarcasme lui fut parvenue. Si elle l'avait assez peu côtoyé au final, elle se souvenait d'un jeune homme qui n'avait pas toujours les codes sociaux en tête. Elle ne pouvait pas vraiment dire qu'elle les maîtrisait vraiment non plus, mais c'était certainement moins visible de sa part que de la sienne.

« Alors, pourquoi tu restes planté ici ? », la questionna-t-il, lui faisant ainsi comprendre que son ironie s'était, effectivement, perdue dans les limbes.

Ce n'était pas Sessho, ce n'était même pas, véritablement, un ami. Et s'il fut un temps où elle aurait apprécié le geste, ce n'était pas vraiment le cas à ce moment-là, pour l'instant. Elle grinça des dents, laissant échapper un rire narquois. À ce moment-là seulement, la tête du détraqueur se tourna vers la faucheuse.

« Et toi, siffla-t-elle, agressive, pourquoi tu es venu à cette soirée ? Je te croyais mort.
La mort, c'est moi qui la donne, King, dit-il, avant de détourner le regard vers la foule. Je ne pouvais pas rater une fête en mon honneur. »

À ses yeux, son commentaire était hilarant. Très drôle. Elle n'avait aucune idée si ce qu'il racontait était véridique ou non, mais elle était certaine que ce genre de phrase était d'un ridicule. Même habillé de la sorte, ça ne lui donnait que l'impression d'un homme en quête de compagnie qui souffrait de sa solitude. La réalisation, par ailleurs, la radoucit très légèrement. C'était sans doute le cas. Elle releva le regard vers le plafond, reprenant son observation, comme si elle y cherchait une réponse.

« Hilarant. Vraiment hilarant, Jin, finit-elle par souffler, avant de marquer une pause. C'est une fête en l'honneur des morts, ce n'est pas si illogique de t'y voir, du coup. »

L'homme se contenta d'un rire aussi glauque d'étrange pour toute réponse. Elle ne s'en formalisa pas vraiment, continuant de se lamenter, à pester sur ses croyances, refusant de remarquer sa propre stupidité, sa culpabilité.

« Il y a quelques minutes, je te vois t'agiter. Maintenant, on dirait un être qui n'attend qu'à être fauché, fit remarquer le Fa, sans pour autant la regarder de nouveau. Alors, je me demande ce que tu attends à regarder cet immonde plafond. »

Qu'attendait-elle, au juste ? C'était une bonne question. Qu'il la laissât tranquille, qu'elle pût retourner à ses pensées et sa haine sans qu'il interférât avec ? Elle eut envie de lui envoyer cette réponse, de lui cracher avec tout le venin qu'elle avait à disposition, mais il n'était en rien l'une des causes de son malheur. Elle se retint.

« C'est peut-être le cas. J'attends peut-être d'être fauché. », répliqua-t-elle à la place.

La seconde d'après, elle soupirait en roulant des yeux. Elle avait la fâcheuse impression qu'il n'allait pas la lâcher si elle ne lui expliquait pas, alors elle prit sur elle pour ravaler son ego surdimensionné.

« J'ai fait une connerie. J'attends de pouvoir en payer les conséquences. »

C'était directe et suffisamment explicite à son goût. Il pouvait maintenant vaquer à ses autres occupations de la soirée. Elle remarqua immédiatement qu'il ne bougeait pas. Il n'en avait pas terminé avec elle. Le nouveau soupir qui franchit ses lèvres était à fendre l'âme.

« De quel genre ?, la questionna-t-il.
Du genre double trahison ? », scanda-t-elle avec un agacement palpable.

Sa curiosité était-elle satisfaite, maintenant ? La réponse était non. Cependant, les mots qui suivirent la figèrent sur place. Il ne cherchait pas à la réconforter et c'était étrangement rassurant. Intérieurement, elle savait qu'elle ne le méritait pas.

« Ah, en effet, tu as fait fort. »

C'était abrupte, mais véridique. Eileen ne put que hocher la tête, se radoucissant pour la seconde fois. Pour l'instant.

« Cependant, reprit-il, à en juger à ton attitude, je doute que c'était vraiment ce dont tu avais envie. »

Elle haussa les épaules et un rire, tout aussi sarcastique que le précédent, lui échappa. Finalement, elle ne s'était pas tant radoucie que ça.

« Entre l'envie et la réalité, cracha-t-elle, il y a toujours un faussé.
Je sais. Plus que tu ne le penses, commença-t-il et elle se retint à grande peine de rouler des yeux. Moi aussi, j'ai trahi sans l'avoir décidé, une fois. »

Donc, lui aussi avait trahi un proche. Si ça pouvait leur permettre de parler d'autres choses que d'elle, ça ne la dérangerait pas. Ça restait plus simple avec lui, qui ne la connaissait pas vraiment et qu'elle ne reverrait certainement pas avant des années, si ce n'était jamais. Cela mit à part, elle n'avait quand même pas envie de s'épancher sur le sujet pour l'instant.

« Et j'imagine que ce n'était pas ce que tu désirais, mais que tu as compris que c'était le cas, et ton choix en prime, après qu'on te l'ait fait remarquer ? »

La question était posée, l'air de rien, pour l'amener à embrayer sur lui. Pour lui faire oublier que c'était elle et son état le sujet principal de la conversation, jusqu'ici.

« Personne ne me l'a fait remarquer, répliqua-t-il. Je l'ai sentie quand je me suis retrouvé sans ma raison de vivre. »

C'était... Elle n'avait pas le bon mot.

« Mais on ne prend pas une décision aussi impactante au hasard. C'est ce que je sais, reprit-il. Pourquoi est-ce que tu as fait ces choix, en ce qui te concerne, Eileen ? »

Pourquoi avait-elle décidé de briser ce secret si bien gardé pendant des années du jour au lendemain ? Parce qu'elle avait bu ? Certes, ça avait aidé, ça lui en avait donné le courage, mais ce n'était pas la raison. Une évidence. Par amour.

Parce qu'elle ne voulait pas devoir le cacher à sa meilleure amie plus longtemps, alors qu'elle n'arrivait pas encore à concevoir que c'était bel et bien la réalité. Parce qu'elle voulait chercher du réconfort. Parce qu'elle voulait que Tabata lui dît, avec son sourire habituel, que ce n'était pas grave. Qu'elle s'en foutait qu'elle lui eût menti et que l'important était leur amitié, qu'elle ne devait pas s'inquiéter et qu'elle n'allait pas l'abandonner pour autant.

Parce qu'elle s'était imaginée vivre dans un monde où sa meilleure amie n'était pas rancunière. Dans un monde où elle allait lui pardonner dans la foulée, tout en lui disant sur le ton de l'humour que ce n'était pas pour autant qu'elle allait traîner avec cette pimbêche. Qu'elle allait lui dire qu'elle avait des goûts discutables, mais qu'elle le savait déjà depuis des années. Qu'elle allait la prendre dans ses bras et lui souffler qu'elle aurait apprécié être dans la confidence, mais que cette petite pointe de colère allait disparaître. Pour l'amour d'une sœur. Une belle connerie.

« Pour la magie la plus puissante qui existe, expliqua-t-elle en jouant sur les mots. Une belle connerie si tu veux mon avis, mais l'espoir fait vivre, parait-il.
Alors, nous l'avons fait pour les mêmes raisons, répondit la faucheuse. Faire les bons choix n'apporte pas seulement que de bonnes conséquences. Mais ta vie est à toi. Tu ne sais pas lesquelles des autres vies resteront à tes côtés ou non, continua-t-il, visiblement lancé. Peut-être qu'on a pas fait les bons choix, toi et moi. Quels bons choix peuvent amener à de mauvaises conséquences, après tout ? Mais si ceux que t'as trahis partage la même magie que toi, alors... Peut-être qu'ils comprendront, et si ce n'est pas le cas... C'est que tu es en train de souffrir pour des êtres inutiles. »

Suite à sa longue tirade, Eileen repartit se perdre dans sa contemplation du plafond. Il avait peut-être raison, elle n'en savait rien. Elle voulait simplement qu'elle comprît. Quelque chose qu'elle n'aurait pas immédiatement, et peut-être jamais. Comment en être certaine ? En tout cas, ce n'était pas ce soir qu'elle aurait la réponse, c'était une certitude. Dans l'idée de ne plus y penser, le détraqueur se redressa sur son fauteuil et termina d'une traite le chocolat chaud, avant de prendre la parole d'une voix faussement sereine. Un brin moqueuse.

« Tu as une façon de voir les choses, c'est magique, souffla-t-elle. Tu sais que tu ferais un bien piètre psychomage ? M'enfin, tu n'as peut-être pas tort.
Je n'essais pas de te remonter le moral. Je t'aide a être plus égoïste.
Tu peux me croire ou non, répliqua-t-elle, réellement amusée, mais j'ai compris aujourd'hui qu'être égoïste, ça me connaissait bien plus que je ne l'aurais cru. »

C'était difficile de l'avouer à voix haute, et pourtant, elle ne se voyait pas mentir sur le sujet. Égoïste parce qu'elle avait pensé à elle avant de penser à Aria. Égoïste parce qu'elle avait pensé à son petit bonheur avant de penser à Tabata. Égoïste parce qu'elle avait décrété que ce serait elle, et les jumeaux, qui auraient les honneurs pour cette soirée. Elle pouvait continuer ainsi longtemps.

« Dis moi Eileen, est-ce que tu crois vraiment que tous ces gens, que tu côtoies aujourd'hui, vont rester à tes côtés une fois que tu auras quitté cette horrible école ?
Contrairement à ce que tu as l'air de croire, siffla la jeune femme avec, à nouveau, une certaine verve, je ne suis pas stupide. Je sais très bien que ce ne sera pas le cas. »

Elle n'était pas idiote, non. Colérique, même si elle le cachait très bien, peut-être. Égoïste, comme elle le disait précédemment, oui. Révoltée, sans le moindre doute. Menteuse et manipulatrice sur les bords, elle voulait bien l'admettre. Mais elle n'était pas idiote, quoi que cet homme pût croire.

« Tout le monde est égoïste, reprit Jin. Peut-être que nous avons la palme. »

C'était possible. Elle ne se posait pas vraiment la question.

« Les gens abandonnés sont les plus égoïstes de tous, ils gardent jalousement, auprès d'eux, les choses qu'ils ont de plus chers. Je ne vois pas ça comme un crime. »

Donc, il se considérait comme une personne abandonnée. Une information qui, sur le moment, lui parut inutile. Pourtant, sans vraiment comprendre pourquoi, elle se fit immédiatement la réflexion que c'était un détail qu'elle ne devait pas oublier. Pour le reste... Elle ne voyait pas en quoi vouloir être heureux était un crime. Cependant, son bonheur ne passait pas que par elle. Un fait qui la poussa à poser l’interrogation suivante, qui lui échappa, l'agaçant prodigieusement, même si elle le cacha. Porter un masque avait ses avantages, même si elle n'appréciait pas de ne pouvoir discerner les expressions de ses interlocuteurs.

« Et si ce qu'on a de plus cher nous rejette en bloc, d'un côté comme de l'autre, c'est quoi la bonne solution ? »

Il ne répliqua pas immédiatement, lui laissant toute l'opportunité du monde pour retourner à sa contemplation de sa tasse vidée. Les formes à l'intérieur avaient ce petit quelque chose de rassurant. Sans doute parce que c'était Sessho qui lui avait donné la tasse. Un résidu de sa présence.

« Continuer de se battre pour eux, reprit l'homme, la sortant de ses pensées, avancé, ou mourir. Ce sont les trois solutions que je vois à ce problème.
Mh, fit-elle en haussant une épaule. J'ai plus qu'à faire mon choix, du coup. »

La fin de sa tirade se faisait, pour la énième fois, moqueuse. Cette conversation était parfois d'un mélodramatique. Elle s'en sentait fatiguée. Elle appréciait pouvoir se morfondre et haïr l'univers de temps à autre, mais elle le faisait seule. Elle le faisait de son côté, parce qu'elle n'avait pas besoin de l'imposer aux autres. Elle préférait largement émerveiller par sa bonne humeur ambiante. Quelque chose qu'elle devait rapidement retrouver. Ça l'épuisait d'être malheureuse.

« Tu peux aussi..., dit-il, laissant un léger moment de suspens qu'Eileen jugea inutile. Prendre ta guitare et jouer. Profiter de cette souffrance pour donner à ta musique la plus belle âme qu'il soit. Une âme en vie. »

Oui, la conversation la fatiguait. Elle avait apprécié Jin. Il n'était pas bavard, sauf avec son instrument et leurs conversations sur la musique lui avaient manqué. Par contre, elle n'avait pas l'intention d'en dire plus. Un autre jour, peut-être. Pour le moment, elle se sentait juste lasse. Non, elle n'avait pas l'intention de rejouer sur scène. Elle n'avait pas l'intention de témoigner de sa rancœur, de sa colère, devant autant de monde. Ce n'était pas son but. Elle se leva et, dans l'idée de mettre un terme à la conversation, reprit la parole.

« Merci. »

Ce fut le seul mot qui lui vint. Un merci aussi sincère que sarcastique. Il s'était fait passer pour mort et elle apprenait la vérité des années plus tard au pire moment, à ses yeux. Un étrange mélange se jouait. Colère, tristesse, avec une pointe de soulagement, malgré tout. Elle commença à se diriger vers une table. L'Asiatique suivit son mouvement, se redressant également.

« Je n'ai rien fait d'autre que de dire ma vision des choses. Libre à toi de voir si tu fais assez confiance en la mort pour faire la même chose. »

Un brin joueuse, toujours aussi moqueuse, le ton sarcastique de sa voix ne se fit pas entendre. Ça devenait grotesque, alors autant continuer sur la lancée. Avec un peu de chance, il la régalerait d'une dernière réplique tout aussi ubuesque.

« Il n'y a rien de plus vrai que la mort, dit-elle avec toute l'ironie dont elle pouvait faire preuve, malgré un fond de vérité dans ses croyances, puis elle commença à s'éloigner avec un simple geste de la main vers son dos. À la revoyure, Jin.
Aux jours de ta mort, King. »

Elle souffla un rire discret, avant de disparaître dans la foule. La moquerie, cependant, se dissipa rapidement pour laisser le reste reprendre leur place. Ses émotions ne la quittaient pas et le souvenir de cette conversation ne lui laissait qu'un arrière-goût amer, rien de plus. Elle l'avait revu, était soulagée qu'il fût vivant, mais ça s'arrêtait là.

Si elle partageait certains de ses points de vue, il ne lui avait, au final, rien appris. Il s'était contenté de lui signaler ce qu'elle savait déjà, d'accélérer un processus qu'elle savait faire seule. Elle n'avait pas besoin de lui, ni de personne pour avancer. Et même si c'était par pure fierté, elle préférait largement la solitude dans ce sens qu'à être entourée de personne qui pouvait en profiter. Un trait de caractère qui ne se remarquait jamais vraiment chez elle. Elle pouvait être méfiante.

Le gobelet métallique abandonné, elle retourna se perdre sur son fauteuil. Elle n'avait pas envie de jouer. Elle n'avait pas envie de danser. Elle n'avait pas envie de profiter de cette soirée. Elle se sentait parfaitement à son aise, déconnectée de la réalité, enfermée dans ses pensées, à regarder le plafond. Et si ça n'avait rien de reposant, de rassurant, ça restait satisfaisant de pouvoir cracher le sel qu'elle retenait. Une goutte d'eau dans une mer déjà trop pleine, qui subissait un orage, et qui n'attendait qu'à inonder les terres alentours.

Quelques minutes à peine. Elle ressentit une nouvelle présence à ses côtés. Il fallait croire que, si elle attirait les autres avec ses sourires et sa joie, son malheur avait l'air d'avoir le même effet. Cependant, la douceur bancale de la personne la força à relever la tête. Ses yeux s’accrochèrent aux onyx du second détraqueur de la soirée. Elle déglutit et regarda, avec un recul effrayant, l'amante de ses songes les plus fous s'agenouiller devant elle.

« Eileen ? »

Elle savait. Le son de sa voix, apeurée, ne lui laissait aucun doute. Elle savait. La terreur qu'elle parvenait à lire dans son regard le lui fit comprendre immédiatement. Elle savait. Sa manière de lui prendre les mains et de les serrer fort, comme si elle voulait lui promettre que, quoi qu'elle traversât, elle serait là, l'effraya. Elle savait.

Elle savait et, en même temps, elle était ignorante. Sa tristesse se mua en une peur sourde qui lui vrilla l'estomac, mais elle ne parla pas. Elle devait lui dire. Elle devait avouer sa faute. Elle voulait attendre le lendemain, ne pas tout gâcher, mais Aria la voyait maintenant dans cet état. Elle lui devait une explication. Cependant, elle ne put s'y résoudre, pas immédiatement. Elle voyait déjà son regard froid, son visage distant. Elle imaginait ses mots et remarques acerbes sur la confiance, se jouant déjà de l'amitié brisé avec Tabata pour lui faire mal. La faire souffrir, autant qu'elle-même avait souffert quand elle lui avait avoué avoir brisé leur secret.

Elle devait lui dire et elle allait le faire. Mais avant ça, elle voulait profiter. Elle voulait profiter de son contact aimant, une dernière fois. Lentement, elle se laissa glisser à genoux, abandonnant le fauteuil pour se retrouver à la même hauteur que la blonde. Avec une fragilité qu'elle ne se connaissait pas, tremblante comme une feuille emportée par une tempête, elle passa ses bras autour du cou de l'empathe pour l'attirer dans une étreinte qui témoignait de sa douleur. Elle s'y accrocha comme si sa vie en dépendait, laissant sa tête choir au creux de son cou.

Elle n'avait pas souvenir de l'avoir déjà fait par le passé. Elle n'avait jamais été aussi proche physiquement, pas dans une détresse et une tendresse aussi visibles. C'était la première fois et peut-être la dernière. Son cœur manqua plusieurs battements. Ses yeux lui piquèrent. Des larmes coulaient. Un paradoxe. Un sourire fleurissait sur ses lèvres. Sa proximité lui faisait du bien, avec une force qu'elle n'avait pas soupçonné. Dans cette position, oubliant tous les autres convives, elle se donna le courage nécessaire pour tout lui avouer. Elle retint un sanglot.

« Je suis désolé, dit-elle dans un premier temps, la voix hachée. J'ai b... »

BANG !


Eileen sursauta suite à l'explosion de magie. Forçant sur ses jambes, elle se redressa et, d'une main, attira Aria dans son sillage pour la pousser et la placer instinctivement derrière elle dans un réflexe de protection. Elle ne savait pas ce qu'il se passait, mais toutes ses alarmes internes venaient de s'allumer dans la foulée. À la manière, névrotique, d'un chat, son humeur changea en moins d'une seconde. Elle en eut presque un vertige, mais elle ne se laissa pas emporter pour autant. En lieu et place, son cerveau se mit à tourner à plein régime, alors que sa main ressentait déjà la chaleur réconfortante de sa baguette, nichée au creux de sa main.

Ça ne pouvait pas être une blague des jumeaux. Les deux farceurs lui en auraient parlé, car ayant organisé la soirée ensemble, ils auraient voulu avoir son avis sur une blague de cette envergure. Pisser le sang par le nez n'avait, à côté de ce qu'il se passait présentement et de la terreur ambiante, rien à voir. Elle allait sérieusement se mettre à haïr cette fête. Pas la date, c'était l'anniversaire d'Aria après tout, mais la fête, très certainement.

Est-ce qu'il était possible que ce fût la blague d'un invité ? Non. Madame Rosmerta veillait au bon déroulement de la soirée, elle le savait. Elle n'aurait pas laissé faire. Pourtant, les lumières n'étaient toujours pas rallumées, alors que le temps continuait de défiler. Seuls quelques faibles lumos pouvaient se faire remarquer ici et là dans la pénombre. Ce qui était une idiotie à son sens. Dans une telle situation, ne pas voir était la meilleure des options. Et le maigre réconfort de la fine lueur était directement contrebalancé par la cible énorme que ça positionnait sur la personne. Ce fut cette idée qui la força à, si la jeune femme en avait l'intention, empêchait son secret d'en invoquer une. Elle préférait l'obscurité qui lui offrait un certain avantage indirect. Une obscurité surnaturelle que même les professeurs n'arrivaient pas à chasser.

« La Magie Noire peut être utile. Ça a beau être un acte dit horrible, avec l'un des impardonnables tu pourrais empêcher une personne ou une créature de continuer à souffrir si elle est gravement blessée, mourante et que tu sais que c'est inutile d'essayer de la sauver. »

Pourquoi les mots de Roxane, cette conversation, lui revenait en tête ? Lentement, elle leva sa baguette vers le plafond et murmura le contre-sort basique, puis réitéra en lui offrant l'allonge offrant bien plus de puissance. Rien ne se passa. Les phrases de la Serdaigle lui revenait maintenant pour une bonne raison.

C'était une magie qui n'était pas basique qui était à l'oeuvre. Peut-être pas de la magie noire, mais quelque chose d'assez puissant pour que même un professeur ne pût retirer l'enchantement. Des runes, peut-être, mais il aurait fallu les graver. Il se passait définitivement quelque chose de louche et l'Américaine, qui avait aidé à préparé la fête, n'appréciait pas.

Elle ferma les yeux et se concentra sur sa respiration pour calmer les battements frénétiques de son cœur. Inspirer. Retenir sa respiration. Compter pendant six secondes. Expirer. Compter six secondes. Inspirer. Un calme olympien l'envahit après quelques secondes seulement. C'était ainsi qu'elle parvenait à s'endormir quand l'insomnie décidait de pointer le bout de son nez. Elle ne dormait déjà pas assez, elle ne pouvait pas se permettre de rater les heures de sommeil qu'elle s'accordait et cette technique lui servait encore aujourd'hui.

Combien de temps est-ce qu'elle resta immobile, prête à se défendre ou attaquer comme une lionne voulant protéger ses petits ? Elle ne saurait le dire. Les lumières se rallumèrent, laissant l'intégralité des personnes présentes dans l'incompréhension. La main d'Aria dans la sienne, et sans lui en laisser le choix, elle la tira à sa suite. Elle devait voir les professeurs, les prévenir que ce n'était pas normal.

« Ce qu'il vient de se passer, chuchota-t-elle vers son secret, n'était pas prévue. Il se passe quelque chose. »

Concise, elle ne chercha pas à entrer plus dans les détails. Elle ne savait pas ce qui les attendait, mais elle comprenait que ce soir-là allait marquer un tournant dans sa vie. Et pas de la manière dont elle le croyait. Harry n'était pas présent pour prendre les choses en main, de ce qu'elle savait. Il fallait bien que quelqu'un le fît et menât l'enquête. Quand elles arrivèrent proche du Professeur McGonagall, la King se figea sur place.

« Mais.. C'est celle de Sessho. », fit la voix apeurée de Victorio.

Trop éloignée pour se faire vraiment remarquer, trop proche pour ne pas entendre ce qu'il se disait, une panique sourde l'envahit pendant quelques secondes. Une panique qui se fit balayer d'un revers mental. Ce n'était pas encore le moment d'être tétanisée par la peur. Elle aurait tout le temps pour ça plus tard.

« Votre attention, s'il vous plaît !, cria la directrice-adjointe. Je vous prierai de ne pas vous inquiéter. Que les élèves se réunissent, nous allons rentrer au château, et laisser les personnes compétentes s'occuper de cet incident. Gardez votre calme. »

Cet incident. Le sang sur la baguette de son ami n'était, à ses yeux, pas qu'un simple incident. Ça cachait forcément quelque chose. Contrairement à l'ordre donné, elle fit volte-face et poussa Aria rapidement jusqu'à un mur, l'y plaquant presque sans y prendre garde. Ce fut d'une voix autoritaire qu'elle lui parla. Une voix qui ne souffrait d'aucune protestation possible.

« Le sang sur la baguette. Sessho a dû être attaqué ou que sais-je encore. Il ne s'en serait d'ailleurs jamais séparé de lui-même, donc il lui est arrivé quelque chose. »

Elle marqua une courte pause, tournant un regard vers la droite, puis la gauche, s'assurant que personne ne les écoutait ou les remarquait.

« Je ne sais pas pour toi, mais je n'ai pas l'intention de laisser ces personnes compétentes chercher toutes seules. Plus on sera, plus les chances de le retrouver rapidement seront grandes. »

Puisant dans toutes ses forces, elle esquissa un léger sourire en coin. C'était sa détermination à toute épreuve qui parlait. Devant l'urgence de la situation, elle reprit sans lui laisser le temps de répliquer.

« Je vais voir pour trouver Tabata, pour ma part, dans ce sens. On s'est embrouillé, parce que je lui ai dit pour toi et moi, en pensant qu'elle comprendrait. »

Avant toute réplique potentielle, elle enchaîna. Elle aurait tout le temps plus tard de lui en vouloir, de la haïr pour ce qu'elle avait fait, mais ce n'était pas le moment d'y penser.

« Tu me détesteras plus tard. Pour l'instant, ça peut nous servir. Si tu comptes venir, attends-moi dans la réserve. J'arrive dans moins d'une minute, avec ou sans elle. »

Elle passa le moment où elle expliquait que les professeurs refuseraient forcément leur aide et qu'ils auraient raisons. Ils avaient plus de chance d'être utile de leur côté. S'ils étaient dans les pattes du groupe compétent, ils risquaient de les ralentir. S'ils restaient à l'écart, ils auraient peut-être le moyen de remarquer des détails qui étaient passés inaperçus aux yeux des adultes. Elle leur expliquerait le plan qui commençait à se dessiner dans son esprit plus tard.

« Je te fais confiance. »

Pourquoi le rajoutait-elle ? Parce que c'était la pure vérité et qu'elle ne doutait pas une seconde que, d'ici à ce qu'elle rejoignît la fameuse pièce, Aria l'y attendrait déjà. Que cela plût ou non à la Wyatt lui faisait ni chaud, ni froid. Pour le moment, le Shinmen était sa priorité. Les petites querelles et autres futilités du genre passaient après. Il y avait peut-être une vie en jeu ce soir. Décidément, Halloween allait devenir sa fête préférée. Un troll dans les cachots, la chambre des secrets ré-ouvertes, la Grosse Dame qui devenait paranoïaque à cause d'une attaque de l'évadé d'Azkaban sur son portrait, Potter qui était nommé Quatrième Champion contre toute logique... Et maintenant ça.

Sa recherche ne dura pas longtemps. Elle passa rapidement entre différents groupes, se faufilant comme une vipère recherchant sa proie, sans jamais la trouver. Elle ne pouvait pas se permettre d'analyser plus en profondeur où Tabata se trouvait et il était probable qu'elle fût avec son frère. Ce fut donc avec un soupir résigné qu'elle esquiva habilement le professeur de soin aux créatures magiques, qui venait dans sa direction, pour passer derrière la scène. Elle était déjà désertée de ses musiciens, qui avaient immédiatement transplané pour quitter les lieux, comme de nombreux sorciers.

Dès qu'elle fut certaine qu'elle n'était pas suivie, arrivée devant sa destination, elle pénétra la salle où étaient stockées les boissons de la propriétaire des lieux. Aria s'y trouvait, comme elle s'y attendait, mais elle n'y était pas seule. Joris, sous les traits d'un Hadès, était également présent. Elle se contenta de lui faire un signe de tête sec, avant de se diriger vers la fenêtre entrouverte. Un détail qui la fit tiquer. Elle se souvenait l'avoir fermée avant d'abandonner l'endroit plus tôt.

« Nous ne sommes pas les premiers à passer par-là, restons sur nos gardes une fois sorti de la ruelle. », se contenta-t-elle d'énoncer vers ses deux coéquipiers de fortune.

D'un geste, elle ouvrit le battant en grand, puis sauta par-dessus d'un bond habile, félin. Ses années à côtoyer un garçon des rues lui avaient offerts quelques façons de faire pouvant surprendre. Maintenant dehors, et sans prendre la peine de vérifier si elle était seule, elle fit signe aux deux autres de la suivre, s'apprêtant à les aider à sortir, pour s'assurer qu'ils ne se fissent pas mal à l'atterrissage. Si sa prévenance était naturelle vis-à-vis d'Aria, il y avait une pointe d'intérêt. Si l'un des deux se blessait, ça les ralentirait. Leur trio ne pouvait pas se le permettre. Quoi qu'il lui fût arrivé, Sessho ne pouvait pas se le permettre.
FRIMELDA



Résumé :

Code couleur des dialogues :
Eileen M. King
Admin enragé
Eileen M. King

_________________
Rêve ta vie en

COULEUR
• lilie
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Sam 6 Juin 2020 - 14:20
This is HalloweenFt. élèves incrits & Professeur
Allez savoir où j’ai le cerveau ce soir, mais certainement pas dans ma tête ! Il est parti loin… Très loin… Très très loin ! Surement au même endroit où j’ai abandonné la bouteille de rhum vide (paix à son âme). Mais c’est là où je me rends compte que sans lui, je me sens divinement bien ! Bon certes l’alcool y est pour beaucoup, mais vu l’état de mon esprit depuis le début de l’année, je suis à deux doigts de devenir alcoolique pour rester éternellement dans cette optique de ne penser à rien mis à part marcher droit, danser, s’amuser, et ne pas tomber… Bon après une demi-seconde de réflexion peut-être pas en fait, car il y a quand même des effets secondaires pas très sympathiques avec l’alcool…

Enfin bref, pour le moment, tout se passe bien, même si au fond je ne sais même pas vraiment avec qui je danse, je crois même que je ne suis qu’avec des gens que je ne côtoie absolument pas d’ordinaire. Mais bon, je m’en fiche pas mal. J’aurai tout de même apprécié partager ce moment avec Tabata… Elle avait l’air si mal… J’espère que son frère a bien su s’occuper d’elle ! Et en parlant d’amie, plus la soirée avance, plus je commence à m’inquiéter de ne pas encore avoir croisé Eileen quand même ! Je sais qu’elle fait partie des organisateurs et donc qu’elle doit être pas mal occupée… Mais je pensais qu’elle aller vouloir profiter à fond de sa fête, en venant notamment danser sur la piste ! Ou alors je ne suis pas en état de la reconnaître, et je les croiser sans m’en rendre compte… Si c’est vraiment le cas…. Oups… Boulette…

La soirée continue à battre son plein malgré tout ! Autour de moi, je ne vois que de l’amusement, du plaisir ! Je pense que j’ai bien fait d’arrêter de boire, car ma vision commence petit à petit à ne plus être floue, cependant je sens une grande fatigue arrivée, et mon ventre…. Mais mon ventre…. Heureusement que je n’ai pas vraiment d’appétit en ce moment, et donc que je n’ai pas beaucoup mangé… Car je crois que ça ferait longtemps que j’aurais tapissé la piste ! Le gros point noir, c’est que plus ma vision et mon esprit reviennent à la normal, plus l’image de ma mère fait son retour, accompagné de mon père, et de mon secret… Ce n’est pas net, et j’arrive encore à faire l’autruche… Mais pour combien de temps ? À être aussi joyeuse, et apaisée, je sais très bien que le retour à la réalité n’en sera que plus douloureux et difficile… Mais il allait falloir que je tienne bon ! Noël approchait petit à petit, et avec lui, la possibilité d’apprendre à mieux maîtriser ma nouvelle forme, et surtout de pouvoir en profiter. Après tout, quel meilleur endroit pour un renard polaire, qu’une forêt sur une montagne enneigée ? Il allait falloir que je me focalise totalement sur ces prochaines vacances…

Mais bon pour le moment, je suis là ! Il faut que je profite de mon état seconde qui est en train de se faire le mal jusqu’à la dernière seconde ! Alors je danse, je rigole, et je tombe parfois… Mais ce n’est pas grave !

C’est alors que tout s’éteins, en l’espace d’un instant et sans crier garde, tout le pub se trouva dans une obscurité totale ! On aurait dit une explosion… En tout cas, si ce n'en était pas une, le bruit horrible qui a retentit y ressemblait beaucoup ! Mes oreilles me font un peu mal quand même, et ma tête me tape… J’ai si but que ça que je perds la tête ? Est-ce mon imagination ? Les lumières se rallument… Combien de temps cette nuit à durée… Une seconde ? Une minute ? Une heure ? Je n’en ai strictement aucune idée ! Ce que je sais en revanche, c’est que mes oreilles ont mal, et j’ai l’impression qu’un cognard est enfermé dans ma tête… Je me la tiens de douleur, replier sur moi-même, n’en sachant même plus vraiment où je me trouve. À cet instant précis, il m’est impossible de dire ce qui se passe autour de moi.

Au bout de quelques secondes, je me force à me relever, toujours en me tenant la tête de mes deux mains. Le mal de tête me rend encore plus la vision floue que l’alcool tout à l’heure. J’essaie de me concentrer, mais c’est compliqué… Je vois une forme se déplacer… Je crois que c’est un élève, mais je ne suis pas vraiment sûr… Ce que j’arrive à déterminer, c’est que la forme en approche une autre pas très loin de moi, c’est un adulte, c’est sûr vu la taille ! Et il y en a d’autre autour… Je ne m’étais même pas rendu compte qu'en dansant je m’étais déplacé du milieu de la piste…
Mes yeux commencent à faire les réglages nécessaires, mais la mise au point est encore approximative tout de même… Mes oreilles sont intactes elles, même si je ne pense pas qu’elles supporteraient une autre intonation comme à l’instant ! Soudain, j’entends quelqu’un qui n’est vraiment pas loin, mais je n’arrive pas à entendre la phrase complète, mais au bout d’une demi-seconde, un seul mot me fit me tenir droite comme un « i ».

« …. Sessho. »

Quoi ? Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce qu’il a Sessho ? Se serait lui qui aurait provoquait cette « explosion » accompagnée de l’obscurité ? J’essaie de regarder en direction de la voix que j’ai entendue, mais je ne vis rien… Mais il ne me faut que quelques secondes pour comprendre que je me trompe totalement… Et que je suis à l’inverse de ce qu’il se passe vraiment… En me concentrant sur ce qu’il se trame non loin de moi, je réussis à voir un bout de bois... Si je ne me trompe pas, la grande forme précédente, n’est autre que la directrice qui tient l’objet en question. Et en l’espace d’un court instant certains mots parviennent à mes oreilles… Ce sont ses mots qui me font comprendre que la joyeuse fête que je vivais tel un rêve éveillé en ces temps de troubles, est en train de se transformer en un véritable cauchemar…

« Sang » , « Sessho » , « Disparu »


Rien n’aurait pu me faire oublier mon mal de tête aussi vite… Je fais rapidement le lien entre tous les éléments, et sans vraiment réfléchir, je m’arrache les ailes que je laisse tomber par terre, et m’éloigne dans le sens inverse des rumeurs qui commencent à s’étendre dans tout le pub. Tabata… Clairement, et précisément, je suis incapable de vous expliquer le pourquoi, c’est la première personne qui me vint à l’esprit… Surement, car elle m’évoque le courage, celle qui lors de notre retrouvaille cette année, est la première qui a réussi à me faire rire de bon cœur, à me faire lâcher prise… Je commence à réaliser que c’est peut-être la personne en qui j’ai le plus confiance au château… On n’est pourtant pas tout le temps ensemble, mais depuis notre rencontre en première année, j’ai toujours pu compter sur elle, que ce soit pour me faire rire avec Eileen, ou me donner du courage…

C’est donc le plus rapidement possible, et d’une droiture olympienne, que sans aucune réflexion, je me dirige vers l’endroit où j’ai vu Tabata la dernière fois, mon cœur se presse, je sens que quelque chose se produit, et j’espère vraiment que Tabata soit là, que je n’ai pas à la chercher…. Pitié… Faite que….

« Tabata ! »

Ouf… Elle est là… Toujours sur son fauteuil… Son état est bien différent de d’habitude, comme si elle était totalement ailleurs, on dirait que ce qui vient de se passer ne l’a pas perturbé plus que ça… Elle est vraiment incroyable par moments…

Mais ce n’est pas le moment de s’extasier devant la copine. Je me plante devant elle, aussi essoufflée que si j’avais couru tout le long d’un stade de Quidditch. Mon cœur battait de plus en plus vite. Ce sentiment agréable que je ressentais quelques minutes plus tôt, semblait à des années-lumières, le stresse de mon secret n’était rien à côté de cette « impression » Je ne peux pas dire si c’est mon instinct animal qui entre en jeu, mais ce pressentiment… Cette angoisse… Comme s’il y avait quelque chose dans l’air qui me murmurait que j’avais des raisons d’angoisser.

Je regarde alors mon ami, les mains sur mes genoux, droit dans les yeux, paniquée, je n’en suis pas vraiment sûr, mais je pense que l’on pouvait ressentir ma panique dans mon regard. Mes yeux verts, quelque peu brillants et humides, depuis le début de l’année si inexpressif, étaient devenus des signaux d’alerte ! J’en avais du mal à formuler des phrases complètes au départ.

« Sessho… Sa baguette… Du sang… »

Tabata me demanda alors de me calmer, ce qui me provoque aussitôt un tilt. Qu’est-ce que je suis en train de faire ? Pourquoi je laisse cette peur m’envahir ? Ok, je ne suis pas la plus courageuse qui existe, et à côté de Tabata, je suis une vraie froussarde… Mais quand même ! C’est justement dans une situation telle que celle-ci qu’il faut que j’apprenne à maîtriser mes émotions ! Rien que pour ne pas me retrouver sous ma forme de renarde, il fallait que je garde ne serait-ce qu’un minimum de contrôle…

J’écoute donc mon amie. J’inspire… J’expire… Me redresse… Et regarde Tabata avant de réussir à lui formuler une phrase complète et nettement plus calmement que précédemment.

« Une baguette avec du sang a été ramenée aux professeurs… »

Je marque alors une petite pause, rien que de dire la phrase qui allait suivre me fit monter quelques larmes aux yeux…

« C’est celle de Sessho… Il a disparu… »


Tabata me demande une nouvelle fois de me calmer, je me fie désormais à elle, et dans cette situation compliquée à gérer, elle devient mon repère, mon étoile. Je lui fais entièrement confiance… Mais sa réaction me fit hausser les sourcils.

« Ouais...Enfin, ça pourrait tout aussi bien une blague de mauvais goût. Ça sera pas la première fois que ça arrive ce soir... »

Une blague ? Non Tabata, pas toi… Je t’en supplie ne penses pas que c’est une blague… Mais quelque chose d’autre me fit reprendre une tête de déconfite…. Je ne comprends pas la fin de sa phrase… Qu’est-ce qui a bien pu lui arriver aujourd’hui… Et dire que je les laisser toute seule… Même si j’ai vu son frère arriver par la suite, je me rends désormais compte que j’ai été la pire amie qui soit, en laissant la mienne dans un tel état... Quelle idiote égoïste ! Je ne mérite pas quelqu’un comme Tabata… Il allait falloir que je me rattrape, pas pour elle, mais pour moi ! Je ne pouvais pas devenir une telle personne ! Depuis petite, j’ai toujours mis un point d’honneur à soutenir les gens qui me sont proches, depuis quand je suis devenu celle pour qui on s’inquiète et celle qui ne s’occupe pas du tout des autres ? Mon secret n’est pas une excuse pour tout… Il faut que je me reprenne maintenant et tout de suite ! Certes, j’ai passé un bon moment sous un état second, mais il faut que je reprenne le contrôle de moi-même….

Ail… Ma tête… Ça passe, mais ce n'est pas la joie… Et je me dis qu’il faut que je me reprenne, mais la peur et l’instinct sont toujours là…. Bon, je vais faire au mieux vu mon état et advienne que pourra.

« ...Cependant, je vois pas Sessho accepter d'inquiéter tout le monde en poussant la blague avec du faux sang et inquiéter tout le monde... »

Je ne suis toujours pas vraiment rassuré, mais Tabata se rend compte également qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Je la regarde alors, attendant sa réaction. Mon étoile du jour... Guides-moi !

« Calme toi, on va aller le chercher. »


Pardon ?! Elle attrape alors délicatement mon poignet, et plonge son regard dans le mien… Je comprends… Je dois continuer de lui faire confiance, elle sait ce qu’elle fait… Enfin, je l’espère… Quoi qu’il en soit, a un aucun moment je ne peux la laisser partir seule ! Je me force donc en enfuir un maximum, mon instinct et ma peur, et me fait emmener jusqu’à ce qui ressemble à une réserve. Autour de nous, tout le monde est très agité… Il est difficile de voir qui est en train de faire quoi. Mais j’essaie de ne rien regarder, je me concentre sur le dos de Tabata…

Je comprends alors que sans tout ce qui s’était passé cet été, je n’aurai sûrement pas perdu mon calme, et avec une meilleure maîtrise de moi-même, je n’aurai pas attendu patiemment que mon amie prenne les choses en mains… Désolé Tabata… Je ne peux même pas t’expliquer le pourquoi je te suis quelque peu inutile aujourd’hui… J’espère que tu ne regretteras pas de m’embarquer avec toi… Excuse-moi de mon état…

Une fois dans la réserve, j’aperçois une fenêtre, je comprends rapidement que c’est par là que l’on va partir. Tabata me fait passer devant, elle veut sûrement surveiller nos arrières pour éviter que l’on se fasse prendre par les professeurs. Quand elle me stoppa.

« ... Attends deux secondes. »


Je me retourne donc pour comprendre le pourquoi, et avant de lui demander ce qu’il se passe, je la vois sortir une bouteille de vodka, et en boire une gorgée… Du courage liquide ? Comme quoi même quelqu’un comme Tabata peut avoir besoin de ce genre de choses… Remarque nous ne sommes que des élèves après tout ! Durant un cours instant, je veux bien revenir dans mon état précédent causé par le rhum…. Mais je n’ai pas le temps de cogiter beaucoup plus.

« C'est bon. Et si franchement, c'est une blague...y en a une qui va prendre chère. »

Une petite once de colère me prend alors à la gorge… Si c’est une blague, la personne responsable n’a pas intérêt à donner son nom ! Même s’il y a de fortes chances que ce soit Eileen ou les jumeaux… Je pense qu’ils vont comprendre leur douleur !

« Si c'est une blague, je tue quelqu'un... »


Alors que Tabata est en train de passer par la fenêtre, je repense à la bouteille de vodka, et commence à parler sans vraiment réfléchir avant.

« Et la prochaine fois, partage le courage liquide ! »

Tabata semble rigolait un peu d’un air moqueur… Ail…

« Dans l'état ou je t'es croisé tout à l'heure ma belle... Je crois que tu peux toujours rêver. »

Double ail… J’avais oublié que je l’avais fait valser dans la soirée… Même si je ne me suis pas vu dans une glace de toute la soirée, il ne m’est pas difficile de deviner la tête que je devais avoir après mon expérience alcoolisée… Je sais très bien que Tabata n’ira jamais raconter ce genre de chose à qui que ce soit, mais ça la fou mal quand même…. Je ne réponds rien, comme un enfant prit la main dans le sac. Mes oreilles seraient de sortie, elles seraient baissées, et ma queue serait entre mes jambes… En parlant de mon état animal, il allait maintenant falloir que je me maîtrise un maximum… Bon… Certes, l’effet de l’alcool est toujours là, sans oublier la peur… Mais il fallait que je fasse au mieux pour contrôles mes émotions et éviter un… « accident ».

On entend alors un bruit venant de la fenêtre. Et merde… Qu’est-ce que c’est ? Tabata me prend le bras, et nous fait quelque peu reculer… Je ne sais pas ce que c’est, mais ça arrive droit sur nous !

Je ne sais pas ce qui est en train de se passer, ni ce qui va nous arriver… Mais ce qui est sûr, c’est que je n’oublierai jamais cet Halloween… Même après tant d’alcool ingurgiter…

:copyright:️ DABEILLE

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Sam 6 Juin 2020 - 19:59
this is halloween
L'ivresse d'une soiree haute en couleurs. En surprises. L'inattendu devient synonyme de malheur, de craintes et de danger.
Le fourbe baiser d'un detraqueur.

Mardi 31 Octobre 1995

Le verre se brisait, à nouveau. Contre le mur, il continuait de s'écraser à l'infini, un cercle vicieux déversant à chaque nouveau choc une pluie de poussières cristallines. Dans son cœur. Celui d'une Empathe qui souffrait doublement en assistant à la peine immense de sa plus précieuse amie.

Le trop-plein. Des émotions éparses, diffuses, intenses, tranchantes. Des débris de verre indistinguables qui l'écorchaient à chaque respiration. Le tissu de son masque se faisait imbiber par le liquide translucide libéré des trop nombreux contenants partis en éclat. Une bouteille pour la tristesse. Une bouteille pour la colère. Une bouteille pour la culpabilité. Une bouteille pour la peur. Des milliers d'éclats de verre.

Accroupie devant Eileen, Aria perdit l'équilibre et bascula en arrière quand son secret glissa de sa chaise pour faner dans ses bras. Son étreinte fut si forte et soudaine qu'Aria en eut d'abord du mal à trouver son souffle, comme si le poids sur sa poitrine avait doublé à ce contact physique. Mais elle balaya bien vite cette impression de suffocation pour serrer la brune avec la même force, se faisant à la fois bouée et noyée, souhaitant lui servir de soutien tout en ayant elle-même besoin d'un appui.

Le violon. La foule. Les regards. Tout avait disparu. Tout, sauf la souffrance dans laquelle elles s'étaient évanouies en ne formant qu'un.

Pour la première fois, elle sentit leurs cœurs battre à l'unisson. Véritablement.

Alors, peut-être que même la souffrance pouvait être savourée, au fond ? Comme un faisceau de bonheur qui se distinguait encore mieux dans le noir complet. Et elle aurait voulu y rester, dans ce noir oppressant. Dans ce noir réconfortant. Elle ne voulait pas d'explications. Pas encore. Peut-être que c'était la culpabilité qu'elle sentait à travers cet autre corps qui lui faisait appréhender les futures paroles qu'elle entendrait. Peut-être. Mais ces paroles finirent bel et bien par se manifester.

-  Je suis désolé.  J'ai b... 

Le noir. Un autre. Une obscurité qui avait franchi les barrières de leur esprit pour immerger la salle entière. Le violon. La foule. Les regards. Ils avaient réellement disparu. Engloutis par l'absence de lumière. Un silence oppressant. Un silence réconfortant. Un silence d'une seconde. Précédé de cris de surprise. Suivi de chuchotements interrogateurs. Et Aria se mit à jalouser ce noir qui n'était plus le leur car son amie venait de se détacher d'elle pour se lever et la tirer dans son dos. Secouée par l'incompréhension et la brusque réaction d'Eileen, Aria trébucha et se cogna à la chaise en se relevant. Elle voulut protester, demander à l'autre Détraqueur ce à quoi tout cela rimait. Ce n'était qu'une farce d'Halloween, non ? Sauf que le changement brusque dans l'état émotionnel d'Eileen lui ôta tous ses mots. La souffrance s'était évaporé en volute de fumée et peut-être que seule la crainte restait encore présente dans ce brouillard. Aria ne comprenait plus rien. Devait-elle rire ou pleurer ? Happy Halloween all you freaks !

Quand les bougies se rallumèrent, Aria n'avait toujours pas quitté sa position droite et immobile tandis qu'Eileen se mit immédiatement en mouvement. Elle emporta son amie statufiée dans son élan. Encore une fois. Et Aria se laissa trimballer. Encore une fois.

- Ce qu'il vient de se passer, lui expliqua l'organisatrice de la soirée en cours de route, n'était pas prévue. Il se passe quelque chose.

Aria aurait pu s'arrêter. Lui dire stop. Qu'elle s'inquiétait probablement pour un rien et que ça ne lui ressemblait pas. Que quelqu'un d'autre qu'elle aurait très bien pu être d'humeur à faire une farce. Mais, elle ne s'arrêta pas. Parce qu'à y réfléchir plus longuement, pour être capable d'éteindre toutes les lumières de la salle d'un coup sans que personne ne parvînt à les rallumer avant un certains temps, il fallait utiliser de la magie assez avancée. Ou détournée. Des runes, de la magie noire, un objet ensorcelé... Qui donc déploierait tant d'efforts dans une farce aussi éphémère et insignifiante ? Son sel lui souffla que ce serait bien le genre des jumeaux Weasley, après tout, bien qu'il serait étonnant que leurs capacités magiques pussent se faire auteurs d'un tel méfait. Cependant, par-dessus tous ses questionnements, Aria décida de faire confiance à Eileen. Elle ne l'avait probablement jamais vu dans un tel état d'alerte, alors c'était qu'il devait y avoir une raison. Et cette dernière prit forme quand le duo de Détraqueurs arriva à niveau du professeur McGonagall.

Dans sa main, une tige torsadée à pointe affûtée et à œil de saphir.  La baguette singulière d'un sorcier particulier. La baguette ensanglantée d'un sorcier désarmé. Les pensées de la blonde résonnèrent avec les paroles alarmées d'un Kitsune dans un écho glaçant :

- C'est celle de Sessho.

La stupeur. Le choc. La peur. Elle comprit sans comprendre. Les inquiétudes qui surgirent avec cette vision, cette constatation, l'assommèrent sans qu'elle ne parvînt pourtant à les déchiffrer. Elle savait sans savoir. Distinguait la menace sans accepter de la voir. Le discours de la directrice de Gryffondor se fit muet. Silencieux aux oreilles d'une aveuglée. Mais percutant au creux d'un cœur qui savait un proche en danger.

Une nouvelle fois, ce fut Eileen qui la sortit de sa torpeur. Animée par une réactivité qui manquait à la Serpentard, la Gryffondor la poussa jusqu'à un mur proche et l'y plaqua avec un sérieux et une autorité qu'elle ne lui avait jamais vu.

- Le sang sur la baguette, débuta la Lionne. Sessho a dû être attaqué ou que sais-je encore. Il ne s'en serait d'ailleurs jamais séparé de lui-même, donc il lui est arrivé quelque chose.

Aria aurait voulu acquiescer. Mais elle était tétanisée. Eileen dirigea son regard masqué autour d'elles pour s'assurer que personne ne les écoutait. Mais dans la panique générale, personne n'en avait grand chose à faire d'une conversation entre deux Détraqueurs.

- Je ne sais pas pour toi, enchaîna-t-elle un peu plus bas, mais je n'ai pas l'intention de laisser ces personnes compétentes chercher toutes seules. Plus on sera, plus les chances de le retrouver rapidement seront grandes. 

Les chances de le retrouver. La réalité posée sur des mots en devenait glaçante. Les chances de le retrouver. Sessho avait disparu. Les chances de le retrouver. Sessho était probablement en danger. Les chances de le retrouver. Sa baguette était ensanglantée. Il fallait le retrouver.

Aria aurait voulu arracher le masque du Détraqueur face à elle pour trouver refuge dans ses yeux bleus. Pour reprendre pied dans la réalité. Pour pouvoir observer l'expression véritable de la brune qui se cachait derrière son sourire carmin. Mais avant qu'elle n'eût le temps de bouger, avant qu'elle n'eût le temps d'encaisser la réalité, avant qu'elle n'eût le temps d'acquiescer, de nouvelles informations lui furent débitées.

- Je vais voir pour trouver Tabata, pour ma part, dans ce sens. On s'est embrouillé, parce que je lui ai dit pour toi et moi, en pensant qu'elle comprendrait. 

Les paroles fusèrent avec une telle vélocité que le choc ne percuta même pas l'esprit d'Aria. Ce ne fut qu'un amas de mots flous et dénués de sens. Si insensés, même, que sa langue en fut déliée. Dans l'incompréhension, la Sang-Pur lâcha un :

- Quoi ?

- Tu me détesteras plus tard, répliqua aussitôt son secret brisé. Pour l'instant, ça peut nous servir. Si tu comptes venir, attends-moi dans la réserve. J'arrive dans moins d'une minute, avec ou sans elle. Je te fais confiance.

Pendant une courte seconde qui parut pourtant s'éterniser dans le temps, les pensées de la blonde se figèrent sur les derniers mots de la brune. Des mots qui semblèrent alors ôter à l'air tout son oxygène.

« Je lui ai dit pour toi et moi. »

Mais ça ne dura qu'une seconde. Son corps sembla se délier de tout, autant de son cœur et que de son esprit, pour avancer de son plein gré. Ses pas avaient compris l'urgence. Ses jambes couraient vers un danger aussi réel qu'inconsistant. Le temps était compté. Le temps s'était figé. Ses pensées n'étaient plus que fumée. Ses émotions n'étaient plus que poussières. La foule de corps semblaient lui dessiner une allée jusqu'à la porte qui l'aimantait.

Le choc d'un autre corps stoppa sa foulée. Un feu bleu englouti la porte. Elle reconnut De Beauvoir. Bienveillance. Pianiste. Partition. Chanteur. Duo avec Sessho. Des images qui s'enchaînèrent dans l'esprit de la Beurk à une vitesse fulgurante et la menèrent inexplicablement vers une proposition hâtive qu'elle formula sans détour.

- Sessho est en danger. Il faut le retrouver. Viens avec nous. S'il-te-plaît.

L'agitation. La panique. Le corps se faisait maître de lui-même pendant que l'esprit se tapissait dans un néant éphémère. Elle n'avait pas enlevé son masque. Peut-être qu'il reconnaîtrait sa voix derrière son timbre implorant. Mais peu importait. Pas le temps de savoir, pas le temps de patienter. Elle enroula sa main autour du poignet d'Hadès et continua son avancée en le traînant dans son sillon. Sa prise était fragile et il aurait pu s'en détacher, protester. Et pourtant, il resta. Il suivit. « Plus on sera, plus les chances de le retrouver rapidement seront grandes. » Eileen avait raison.

Ses pas ne se faisaient plus titubants mais galopants. Son esprit n'était plus embrumé mais simplement absent. Une mécanique aussi lucide qu'inconsciente. Dans ses veines, l'adrénaline avait subtilement pris le pas sur les dernières traces de vodka.

Elle atteignit la porte de la réserve et s'y fourra avec Joris avant de relâcher son poignet. Elle se figea une seconde en croyant apercevoir une ombre de l'autre côté de la fenêtre. Elle décida de ranger cette brève vision du côté de la paranoïa et s'adressa une fois de plus au dieu des enfers :

- On attend Eileen.

Sans plus de consignes, elle tourna le dos au Poufsouffle et se mit à marcher nerveusement entre les étagères. Elle se concentra pour calmer les pulsations dans sa poitrine. Les yeux fermés et les mains jointes devant sa bouche, elle tournait en rond avec l'allure d'une pieuse récitant une prière. Elle essayait de remettre de l'ordre dans ses pensées. Seulement, à chaque fois qu'elle tentait de rembobiner le fil des événements pour comprendre ce qui lui échappait encore, l'écho d'une phrase revenait inlassablement couper toute réflexion.

« Je lui ai dit pour toi et moi. »

La porte s'ouvrit et l'entrée d'un deuxième Détraqueur dans la réserve écourta ses pensées tortueuses. Ils n'eurent pas à l'attendre longtemps. Une ou deux minutes, tout au plus. Eileen était seule. Aria ne ressentit ni soulagement, ni déception. Ses émotions sommeillaient toujours, là où sont esprit tentait d'émerger. Celui d'Eileen, par contre, était encore tout aussi vivace. Quand sa tête se tourna vers la fenêtre entre-ouverte, elle déclara aussitôt :

- Nous ne sommes pas les premiers à passer par-là, restons sur nos gardes une fois sorti de la ruelle.

L'ombre qu'Aria avait aperçue en entrant dans la réserve lui revint en mémoire. Cela n'avait peut-être pas été qu'une hallucination, finalement. Mais il était trop tard pour faire marche-arrière. Et Sessho était en danger. Alors, ses craintes disparurent derrière un courage qu'elle ne se connaissait pas. Un courage informe et confus. Flegmatique.

En quelques mouvements, Eileen disparut à travers leur issue de secours avec la légèreté d'une ombre. Après avoir adressé un signe de tête à Joris en direction de la fenêtre, Aria se faufila à son tour dans l'ouverture puis sauta, aidée d'Eileen pour se réceptionner. Alors que cette dernière se tournât ensuite vers Joris pour faire de même avec lui, Aria se décala sur le côté et ce fut à ce moment qu'elle l'aperçut à nouveau. L'ombre. Sauf qu'elle venait de se scinder en deux. Deux silhouettes distinctes au bout de la rue étroite dans laquelle leur trio venait de déboucher. Sous les maigres rayons de la lune, la Sang-Pur crut reconnaître leurs deux visages maquillés. Et au sein de la voûte étoilée qui les surplombait, une question sembla se dessiner : seraient-ils ennemis ou alliés ?

Pour la première fois, Aria se surprit à souhaiter des alliés. Une trêve éphémère qu'elle signerait avec la lune pour témoin. Pour Sessho.

Résumé:

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Aria Beurk
Admin empathique
Aria Beurk

_________________




Ecoute cette médolie troublante.
C'est l'eau qui chante.
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Dim 7 Juin 2020 - 16:50

Show time
J'ai entendu les lumières se taire, mais je n'ai pas réagis tout de suite. J'étais totalement plongé dans mon chagrin que je ne voyais plus rien autour de moi, désormais, mais les gens autour de moi ont commencé à s'agiter, alors j'ai redressé ma tête pour constater que toute source de lumière avait disparut.

- [Fr] Bordel de merde...


J'étais profondément blasée par ce que réservait la suite des activités de cette fête. Il y allait avoir encore de l'agitation pour rien du tout. Je n'ai jamais autant désirer rentrer a Poudlard, trouver le confort de mon lit et de dormir pour, de préférence, me réveiller comme si j'avais été au milieu d'un cauchemar ou je suis tombé amoureuse, qui plus un, d'un de ses horrible monstre.

J'allais rabaisser mon visage et oublier à nouveau le monde, quand Elyana est arrivé devant moi complètement essoufflé.

« - Tabata ! »

Elle semble soulagée de me voir, pourtant quelque chose ne va pas du tout, quelque chose qui effaça probablement mon air de chien battu sur le visage. Je me mets a détester vraiment ce pouvoir de l'amitié présent en moi. C'est plus fort que moi, a chaque fois que je vois un ami en détresse, mes problèmes s'en vont pour laisser place a de l'inquiétude. Dans combien de temps, je me rendrais compte d'Elyana aussi m'utilise comme un mouchoir ? Surement pas pour les prochaines minutes.

« - Sessho… Sa baguette… Du sang… »


Sessho...l'évocation de son nom a fait s'arrêter mon cœur et percuté dans mon esprit la douce chaleur de sa danse. J'ai fait un rêve, au milieu de mon cauchemar et ce rêve est bien loin de se faire oublier. Par un réflexe, un tic, on je ne sait pas quoi, je me suis mise à jouer avec les perles de mon bracelet, en les faisant danser autour de mon poignet. Pourtant, je n'arrive pas à comprendre ce qu'Elyana tente de me dire.

- J'comprends rien Ely'. Calme toi, respire, et explique moi.


Elle suit mes conseils et tente de se reprendre. Elle inspire, elle expire tantôt rapide, puis, elle se reprend un peu avant de m'annoncer la nouvelle.

« - Une baguette avec du sang à été ramené aux professeurs… »


Je commence à dresser lentement mon sourcil gauche sur mon front, ou le droit, je sais plus, alors qu'elle se tait. Quelque chose lui prend l'estomac et la peur se lit dans son regard, jusqu'à ce que perle des larme.

« - C’est celle de Sessho… Il a disparu… »

Pardon ? Sessho a disparut ? MON Sessho ? et il n'a laisser qu'une banguette ensanglanté ? J'étais franchement très très sceptique. J'ai reculé ma tête en la regardant pleine d'incrédulité, mais Elyana elle, elle n'était pas en train de jouer la comédie. Elle était terrifiée au point d'en être pleine a pleurer.

- Ok...Garde ton calme...

Mais si c'était vrai... ? Peu à peu, alors qu'Elyana m'a ramener brutalement a la réalité, les gens autour de nous n'étais pas franchement très serein non plus. Même si je sort de vanne de mauvais goût plairai parfaitement à Eileen pour engager un jeu de piste dans le village. C'était peut-être d'ailleurs pour ça qu'on n'avait pas le droit de sortir tout seul car ils étaient encore en pleine préparation.

-" Ouais...Enfin, ça pourrais tout aussi bien une blague de mauvais goût. Ca ne sera pas la première fois que ca arrive ce soir..."

C'était effectivement plutôt la fête à mon cul ce soir, alors je ne suis plus a l'insulte de faire disparaître le garçon avec qui je vais bien me prendre la tête. On est plus a ça prêt ? Ramasse ton cœur Tabata, un jour, il servira peut-être.

Ce n'était pas impossible, cette histoire de jeu de piste, pourtant...Sessho n'aurait pas spécialement sauté sur l'occasion pour être un complice...

" ...Cependant, je ne vois pas Sessho accepter d'inquiéter tout le monde en poussant la blague avec du faux sang..."

Putain...Et si c'était vrai... ? Et bon sang, la tronche que tire Elyana ne m'aide franchement pas a relativiser. J'ai pourtant l'impression que mon instinct ce réveil aussi. Si c'est vrai Tabata, tu ne dois pas rester le cul visé sur ta chaise. Si c'est vrai, les prof' vont suréagir, comme d'habitude et vont mettre des plombes a organiser des recherches. Si c'est vrai, Sessho est déjà blessé et il a besoin d'aide. Je suis peut-être une bonne pomme, mais je ne veux pas prendre le risque, tanpis si c'est un piège...Je dois en avoir le cœur net et le retrouver.

" Calme toi, on va aller le chercher."

Je me suis levé et j'ai pris doucement son poignet en la fixant droit dans les yeux. Je voulais la rassurer en appuyant mon regard dans le siens. Elyana, elle, elle compte sur moi et que je lui vienne en aide, a elle aussi. Elle sait que je répondrais toujours présent pour la raccompagne même sous une nuit de pleine lune si elle a peur des loup-garou. Je ne peu me permettre pas de décevoir ni elle, ni Sessho pour qui je prétends vouloir rendre sa vie meilleure encore.

En regardant du coin de l’œil, j'ai pu voir que déjà, les prof' semblait s'organiser, il fallait partir maintenant. Il y a des fenêtres dans la réserve, personne ne nous verra sortir par là-bas, alors, j'ai pris cette direction en emportant mon amie avec moi. Ca me laisse le temps a remettre en tête le plan habituel pour la suite des événement. Petit « a » , Sortir par la fenêtre de la réserve. Petit « b », ...On improvise.

J'ai laissé Elyana passé la première et j'ai guetté en arrière pour avoir un dernier visuel sur la salle et pour savoir si on avait attiré l'attention de quelqu'un. La sous-directrice a commencé son beau discours de calme. Va vite falloir de se dépêcher de sortir si on ne veut pas les croiser, mais on a un peu de temps avant qu'ils ne s'organisent pas. J'ai pas trop réfléchit a ce qu'il s'était passé un peu plus tôt pour moi ici et je me suis dirigé vers la fenêtre pour l'ouvrir. Je m'apprête a passer, quand je me suis souvenue d'un truc super important que je devais absolument faire avant de sauter dans les ennuis.

"...Attend deux seconde. »

Je me suis un peu reculer pour attraper la Vodka de mon sac pour en descendre une nouvelle grande gorgée en grimaçant. C'était violent, très violent, mais ça m'a remit les idées en place et échauffer mon cerveau pour ordonner a mon adrénaline de rester là, de se tenir prête.

" C'est bon. Et si franchement, c'est une blague...Y en a une qui va prendre chère."


Puis j'ai commencé à passer par la fenêtre. Ce qui est bon à voir, c'est que même si elle est venue me chercher pour lui venir en aide, elle veut venir avec moi et ne semble pas avoir peur de suivre la pire personne à suivre dans des moments comme ça, si on tient un peu a sa vie.

-"Si c'est une blague, je tue quelqu'un... »

Si ce n'est pas une blague de mon côté, il y a de forte chance que je finisse par tuer quelqu'un ce soir. Ca serait une belle conclusion à cette soirée que de passer a la petite fille juste un peu troublé par la mort de son humanité en une poigné de minutes. Je me suis écarté pour la laisser passer à son tour, sans rien dire.

- "Et la prochaine fois partage le courage liquide !"


J'ai soufflé un sourire par le nez en la regardant un peu amusée alors que mon maquillage a moi n'avais presque plus aucun sens tant j'ai verser de larme dans les dernière minutes.

- Dans l'état ou je t'es croisé tout à l'heure ma belle...Je crois que tu peux toujours rêvé.

Soupire. C'est vraiment plus fort que moi...quelque chose s'était certes brisé, mais peut-être que les morceaux ne sont pas mort pour autant. Peut-être que...quelque chose s'était certes brisé, mais peut-être que les morceaux ne sont pas mort pour autant. Un sursaut me fait lever les yeux vers la fenêtre, car il y avait du bruit qui en sortait brusquement.

J'ai immédiatement pris le bras d'Elyana, et je l'ai vite attiré pour se reculer avec moi pour qu'on tente de trouver un endroit ou se planquer. Il y a de forte chance qu'on n'y arrive pas, les bruits fonçaient droit sur nous, on va probablement se faire voir.
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Lun 8 Juin 2020 - 23:30
This is Halloween !
The oldest and strongest emotion of mankind is fear. And the oldest and strongest kind of fear is fear of the unknown. •••La soirée continuait. Et il dansait. Pour ne pas penser au pire, pour ne pas craindre un quelconque problème, pour oublier que n'importe quoi pouvait arriver. Occuper son cerveau pour écarter toute potentielles pensées négatives. C'était étrange, même pour lui, de se dire que quelque chose de négatif pouvait arriver dans un moment qui était censé amener la joie et la bonne humeur. C'était une simple fête pour Halloween, et normalement tout avait été prévu pour que ce soit sous contrôle. Cela ne devait être qu'amusement, farces et costumes. Pourtant, avec tout ce qui pouvait arriver d'étrange à Poudlard, et une atmosphère étrange depuis le décès de Cédric, c'était une possibilité qu'il était impossible de nier. Il connaissait aussi cette idée selon laquelle c'était souvent quand on s'y attendait le moins que quelque chose pouvait se produire. Enfin, il y avait ses cauchemars. Mickaël avait raison, il en avait fait beaucoup durant la nuit, plus que les précédente. Était ce un signe ? C'était possible, tout comme cela pouvait être une simple coïncidence. Il pouvait avoir été influencé involontairement par l'ambiance lié à ce jour, ou un peu de superstition pouvait lui faire rapprocher des éléments qui le menait à se méfier de tout et n'importe quoi. Il n'en savait rien. Cela pouvait être vrai comme cela pouvait être son imagination. Faisait-il l'autruche en se refusant, pour ce soir, de penser que quelque chose pourrait mal tourner ? De juste vouloir profiter de la soirée et ne pas penser au pire ? De penser qu'il pouvait repousser le mauvais œil s'il n'y pensait pas ? Il ne pouvait pas le dire. Cette soirée pouvait très bien se terminer sans encombre, tout comme elle pouvait souffrir de quelques désagréments. Tout était possible, et il ne pouvait pas savoir de quel côté la balance allait préférer pencher. Pas encore du moins.

Puis c'était arrivé. Le noir, complet. Celui qui rendait aveugle, qui écrasait tout sur son passage. Dans un bruit de détonation assourdissant, emplissant la salle d'un silence de mort. Un changement brusque qui l'avait figé sur place, tandis que la surprise s'était emparé de lui. Pendant quelques secondes, il n'avait pas vraiment réalisé ce qu'il se passait, mais il n'était pas vraiment confiant. C'était peut-être juste un imprévu, bien qu'il ne croyait pas vraiment à cette option. Quel type d'imprévu pouvait plonger une salle dans le noir avec un tel bruit ? Si c'était le début d'une blague ou d'une farce au même titre que les friandises du buffet, elle n'avait rien de drôle pour le moment. Pourtant, il doutait que les jumeaux ou Eileen ai pu avoir l'idée d'une farce de ce genre, même si faire dans le spectaculaire pouvait leur ressembler. Et si l'idée leur était venu, il aurait fallu que Madame Rosmerta l'accepte, ce qui était moins sûr. Surtout, ça lui paraissait trop long pour une simple plaisanterie. Quelques lumos étaient apparu, trop faibles pour permettre d'y voir correctement. Joris avait décidé de ne pas utiliser le sort pour sa part, par précaution, qu'on ne puisse pas le repérer. Juste au cas où. Non, décidément, ce qui se passait ne lui plaisait pas, et les théories les plus soft ne lui paraissaient pas assez crédibles. Ça sentait pas bon, même si s'inquiéter trop vite n'était pas non plus la solution. Il essayait de rationaliser comme il pouvait pour ne pas succomber à une panique potentiellement inutile. Tout pouvait arriver.

Les lumières étaient finalement revenu. Ses paupières avaient papillonner quelques secondes, le temps que ses yeux s'habituent de nouveau à la lumière. En regardant autour de lui, il n'avait pas vraiment vu de changement ou de problème significatif, si ce n'était une surprise plus ou moins générale quant à ce qu'il venait de se produire. Il avait également remarqué qu'il n'était plus auprès de Mickaël comme il le pensait. S'étaient – ils séparé pendant qu'ils dansaient ou pendant la coupure sans s'en rendre compte ? Possible. Mais là n'était pas le plus important. Ce qui s'était passé en avait dérouté plus d'un, si ce n'était tout le monde. L'agitation revenait doucement sous le signe de l'inquiétude. Une farce aurait été mieux organisé que ça, et quelqu'un se serait rapidement prononcé sur le sujet une fois les lumière revenu. Il s'était donc bien passé quelque chose d'imprévu, mais quoi ?

« Votre attention, s'il vous plaît ! Je vous prierai de ne pas vous inquiéter. Que les élèves se réunissent, nous allons rentrer au château, et laisser les personnes compétentes s'occuper de cet incident. Gardez votre calme. »

C'était la voix de McGonagall. Trop loin de l'enseignante, il ne savait pas ce qui avait pus se dire ou se passer pour que cette décision soit prise. Ça ne lui disait rien de bon. Pourquoi une décision si soudaine après un événement pareil ? Il devenait claire que ce n'était pas normale comme événement. Du moins, c'était assez grave pour justifier le besoin de faire rentrer tout les élèves au chateau et de faire appel à une autorité compétente.

Sa grande curiosité voulait savoir, voulait comprendre, ne pas rester dans le flou. Même si ça ne le regardait pas directement, tout le monde était au moins concerner par l'incident. Il entendait discuter autour de lui, sans vraiment comprendre. Il avait essayer de se rapprocher, pour savoir, pour comprendre. Mais il n'en avait pas eu le temps. Il avait à peine avancer que son corps en avait rencontré un autre. En baissant un peu la tête, il avait vu l'une des deux personnes déguisé en détraqueur qui était monté sur scène plus tôt dans la soirée. Pas le temps de s'excuser que l'être de noir vêtu avait lâché la bombe, l'information manquante qu'on tentait de leur cacher.

« Sessho est en danger. Il faut le retrouver. Viens avec nous. S'il-te-plaît. »

La voix, féminine, ne lui était pas inconnu. À priori, il connaissait la personne qui se cachait derrière le masque. Mais l'information qu'il venait d'entendre l'avait un peu abasourdit, ne lui laissant pas vraiment le loisir de replacer un visage sur cette voix familière. C'était grave, bien plus que ce qu'on aurait probablement bien voulu lui dire. Quelqu'un avait disparu, qui plus est une personne qu'il appréciait et considérait comme un ami. L'inquiétude montait, vicieuse, alors que son cerveau réfléchissait à toute vitesse face à la nouvelle. Sa raison lui aurait dit de ne pas s'en mêler, de laisser faire les autorités compétentes comme le suggérait la directrice adjointe, qu'il ne ferait que ralentir ou compliqué l'enquête en ne respectant pas ce qui était demandé. Mais il décidait de ne pas écouter son côté serdaigle. Les paroles du détraqueur tournait dans sa tête. Sessho est en danger, il faut le retrouver. Non, il ne pouvait pas l'abandonner. Jamais il ne laisserai tomber quelqu'un qu'il appréciait. Sa décision avait donc rapidement été prise. Alors il avait suivis, ne s'était pas retiré de son emprise. Elle avait dit « nous », c'est qu'ils étaient plusieurs à partir à la recherche du serdaigle. Plus ils seraient, mieux se serait. Il ne savait pas qui d'autre serait avec eux, et l'envie de recruter d'autres personne lui avait traversé la tête, mais il n'était pas vraiment sûr que le temps pour cela leur soit accordé. Ils devaient disparaître au plus vite du regard des adultes sans être vu.

Ils avaient passé la porte d'une salle adjacente dont la fonction échappait à Joris, bien qu'il supposait être une sorte de réserve. Mais ce n'était pas le plus important sur le moment. Il fallait qu'ils soient tous là, et que le plan ne soit pas découvert trop vite.

« On attend Eileen. »

Il avait hoché la tête à cette information. Il connaissait au moins une des personnes qui seraient avec eux. Il aurait pu demander combien d'autres personnes avaient accepté de les suivre, mais avec le peu de temps qu'ils avaient pour échapper à la vigilance des adultes et partir à la recherche de Sessho de leur côté, il avait déjà partiellement répondu à sa question. Ils seraient le nombre qu'ils pourraient être. Maintenant au calme, la voix familière du détraqueur lui apparaissait plus clairement. S'il n'avait pus l'identifier plus tôt à cause du manque de temps et de l'agitation, cette fois il pensait reconnaître la voix d'Aria.

Mais il n'avait pas vraiment eu le temps de se pencher sur la question. La porte s'était rouverte sur un second détraqueur. Seul. Il avait répondu à son salut par le même signe de tête avant d'entendre sa voix.

« Nous ne sommes pas les premiers à passer par-là, restons sur nos gardes une fois sorti de la ruelle. »

La voix d'Eileen. Celle – là il la reconnaissait. À priori ils étaient donc trois. C'était peu, mais c'était déjà ça. Il ne pouvait nier que les paroles de la rouge et or l'avaient surprit. Il ne savait rien de ce qui avait pus se passer dans la réserve avant, il ne pouvait pas percevoir les détails que la brune voyait. Ce qui ne l'empêchait pas de prendre au sérieux les paroles prononcées. Ils devraient être prudents et rester vigilants.

Il avait laissé les deux détraqueurs sortir en premières par la fenêtre, jetant quelques coup d’œil vers la porte de temps en temps pour s'assurer que personne n'entre dans la pièce avant qu'ils aient le temps de fuir. Puis il était passé par la fenêtre à son tour pour les rejoindre dehors. Maintenant qu'ils étaient à l'extérieur, il fallait trouver le moyen de s'éloigner de la Taverne sans croisé le chemin d'un adulte qui les forcerait à rejoindre les rangs. Ils devaient retrouver Sessho, et retourner avec les autres à ne rien pouvoir faire d'autre que s'inquiéter ne ferait rien avancer. Puis se faire démasquer presque aussi vite qu'ils avaient réussit à échapper à la vigilance des adultes, ce serait le comble.

En regardant à droite et à gauche pour s'assurer qu'ils n'avaient pas d'obstacle, il avait aperçut des traces de pas dans la neiges. Il y avait les leur sous la fenêtre, ce qui n'était pas surprenant. Mais il en voyait d'autres qui s'en éloignaient, et qui n'étaient clairement pas les leurs. Cela pouvait-il être une piste par où commencer ? Ou au contraire, était-ce ce dont ils devaient se méfier ?

« Regardez, des traces de pas. » leur avait-il chuchoter en leur désignant les traces en question, essayant de parler le moins fort possible pour que seuls ses compagnons de routes puissent l'entendre.

Pas besoin d'en dire plus pour comprendre l'idée. Dans tout les cas, ils devaient faire attention, pour venir en aide à Sessho.:copyright:️ 2981 12289 0


Résumé:
Joris de Beauvoir
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Joris de Beauvoir
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Dim 21 Juin 2020 - 22:26
This Is HalloweenI'm a teacher. My main goal is to protect my students. I want to guide them towards a better, radiant future. It goes through their development, but was my method the right one ?Johann ne passait pas une bonne soirée, malgré quelques rares moments agréables. Des moments qui ne duraient jamais, comme si le destin les lui refusait. Il en était venu au point de songer, alors qu'il se dirigeait vers la sortie en tirant la première année de Serpentard derrière lui, qu'accepter d'être l'un des garants de cette fête, quand le professeur Dumbledore le lui avait demandé, avait été une très mauvaise idée. La protection des étudiants était sa priorité absolue depuis qu'il était enseignant, comme lui avait fait remarquer le directeur, et il n'avait pas su refuser. Le vieil homme avait toujours aussi l'air excentrique, mais derrière ses airs de père Noël, il n'en restait pas moins redoutable pour convaincre ses interlocuteurs. Le magicozoologue en avait fait les frais.

Accompagné de la fillette qui gardait résolument ses mains plaquées contre ses oreilles, il sortit à l'extérieur du pub. Il ne savait pas combien de temps cette petite farce, qu'il ne trouvait pas spécialement drôle pour sa part, risquait de durer et il ne pouvait pas se permettre d'attendre dehors trop longtemps. Il était de surveillance et s'il essayait de passer une soirée, si ce n'était agréable, au moins supportable, il était surtout présent pour s'assurer qu'il n'y aurait aucun blessé. Ce fut cette raison qui le poussa à récupérer l'un des antidotes qu'il possédait pour le donner à la fille Fa. Quelques secondes plus tard, il la voyait se détendre, preuve que cela avait fonctionné.

« Merci Professeur, lui dit-elle. J'ai bien cru que ma tête allait exploser. Cette blague était nulle... »

L'homme ne fit aucun commentaire, bien qu'il n'en pensait pas moins. Devant l'air de l'enfant, il accepta de retarder leur retour dans les Trois Balais de quelques minutes. Des minutes qu'ils passèrent dans le silence, le professeur en profitant pour retirer son étui à cigarettes. Quelques minutes où le poison coula le long de sa gorge, s'avourant l'accalmie et la fraîcheur ambiante, sans penser à ce qui l'attendait encore à l'intérieur.

« Encore Merci, souffla la Serpentard, une fois qu'ils fussent rentrés dans les Trois Balais. Joyeux Halloween.
Joyeux Halloween, miss Fa. »

Il s'apprêta à se séparer de la vipère, ou plutôt des vipères, quand une petite lionne l'apostropha. En la voyant remuer les bras au-dessus de sa tête, il ne put se retenir d'arquer un sourcil. Que lui voulait-on, encore ? Il espérait que la jeune fille ne venait pas vers lui pour une mauvaise nouvelle. Ainsi, il s'attendait à tout sauf à ce qui allait suivre.

« Professeur Kayser ! Professeur ! »

Johann s'apprêta à répliquer quand elle se rapprocha, pour lui expliquer qu'elle n'avait pas besoin de hurler pour qu'il l'attendît, mais il s'abstint devant la fierté qu'il lisait dans son regard. Le visage d'un Auror colérique s'imposant à son esprit, le sifflement violent qui serait habituellement sorti d'entre ses lèvres mourut, restant coincé au fond de sa gorge.

« Devinez en quoi je suis déguisée ! »

Il n'eut pas besoin de réfléchir bien longtemps pour trouver la réponse. Une réponse qu'il lui offrit dans un soupir las. Si cela pouvait lui faire plaisir, il n'allait pas priver la seconde année...

« En Billywig, miss. C'est plutôt réussi, par ailleurs. »

D'où lui venait cette idée soudaine de complimenter un tel travail, alors qu'il n'en avait aucune réelle envie, habituellement ? Lui-même n'aurait su le dire, mais le compliment voilé lui était venu naturellement.

« Et cette fois, c'est de la peinture. »

Le malfrat arqua à nouveau un sourcil devant cette précision. Visiblement, ses remontrances durant le premier atelier de l'année avait marqué les esprits des personnes présentes. Était-ce un mal ? Il ne le pensait pas. Les étudiants savaient à quoi s'attendre, du moins le pensait et ce n'était pas plus mal ainsi. En bon Serpentard, il avait bien des cartes en main, mais les dévoiler serait idiot. Il acquiesça dans sa direction et put ainsi observer le jeu de regard entre la Gryffondor et sa camarade, puis la main tendue de la rouge-et-or.

« Viens, on va danser ! »

Il les regarda s'éloigner ou, plus précisément, il observa la Murphy kidnapper et tirer derrière elle la Fa, sans lui en laisser le choix. Ce fut cette observation pensive qui l'empêcha de voir l'Islandaise approcher. Il ne prit pleinement conscience de sa présence qu'à la seconde où elle se jeta dans ses bras. Il l’agrippa par réflexe, se reculant pour éviter de trébucher. Ainsi, sans même le vouloir, il se retirait du passage menant à la porte, passage qu'il avait jusque-là encombré.

Un détail auquel il ne passa tout bonnement pas. Elvỳ pleurait et il n'en comprenait pas la raison. Ses phrases, hachées par ses sanglots, ne lui laissaient pas vraiment la possibilité d'assembler toutes les pièces du puzzle. Avec une certaine frustration, il se contenta donc de l'écouter, glissant une main dans son dos pour quelques caresses se voulant apaisantes. Pour l'instant, il ne pouvait pas lui donner de meilleur réconfort.

« Johann, il... il est parti. Je... j'ai peur... j'ai peur qu'il ne revienne jamais, qu'il... qu'il m'oublie. J'ai peur de... de le perdre, on est... on est liés, on peut pas... s'oublier. Dis-moi qu'on... qu'on ne s'oubliera jamais... lui et... et moi. »

À mesure qu'il parvenait à comprendre les paroles, ses sourcils se fronçaient. Il y avait quelque chose d'anormal dans ses paroles. Non que l'amour l'était, mais la manière dont elle avait l'air de se sentir, alors qu'il était évident qu'elle venait à peine de rencontrer la personne dont elle parlait, ne laissait que peu de possibilité pour ce qu'il venait de lui arriver. Et avant même qu'elle prononçât la suite, les morceaux du puzzle s'assemblèrent.

« Johann, je... je l'aime.
Tu croyais l'aimer. », soupira-t-il.

Il ne la retint pas quand elle se recula, mais il lui tendit un mouchoir. Il était évident qu'elle avait bu un filtre d'amour. Était-ce une autre des farces des organisateurs ? Cela commençait à faire beaucoup trop en trop peu de temps à son goût. Savoir qu'il n'avait plus été capable de reconnaître les personnes avec qui il parlait, et avait mélangé ses mots, pouvait paraître drôle de l'extérieur, il en convenait. Voir une enfant se blottir dans un coin à cause des sons ou une adulte être persuadé que l'amour de sa vie venait de disparaître, il ne trouvait pas cela amusant. King et les Weasley aurait une visite à faire dans son bureau dès le lendemain.

C'était du moins ce qu'il avait pensé, jusqu'à ce que les ténèbres s'installassent comme un voile inéluctable sur les invités. La détonation le mit en alerte immédiatement. Le bois d'if atterrit dans sa main rapidement. Ses réflexes d'ancien Auror restait ancré, même des années plus tard. D'un mouvement, il attrapa le bras de son interlocutrice et la tira légèrement vers lui, puis attendit. S'il s'agissait d'une farce, elle ne durerait pas, mais il préférait prendre trop de précautions que pas assez.

Le problème, justement, était que l'obscurité ne se dissipait pas. Il remarqua bien vite les lumos qui s'allumait ici et là, et si lui-même n'aurait jamais eu l'idée d'en lancer un, il finit par le faire. Il n'avait pas besoin d'être devin pour comprendre que, si la noirceur avait été une farce à un moment, ce n'était plus le cas. Il y avait donc un risque non-négligeable pour que les personnes allumant leurs baguettes fussent prises pour cible. Entre des étudiants et lui, professeur et ancien Auror, le choix était vite fait. Cependant, la lueur qu'il invoqua vibrait, témoignant de l’efficacité du maléfice servant à plonger la pièce dans le noir. Ce n'était pas du travail d'amateur.

Après une bonne minute à patienter dans une posture alerte, l'enseignant put se détendre légèrement quand les bougies flottantes se rallumèrent les unes après les autres. Et ce fut sans plus attendre qu'il fît signe à Elvý de le suivre, alors qu'il fendait la foule vers la directrice adjointe. En l'absence d'Albus, c'était à elle de prendre les décisions. Il était également possible qu'elle eût plus d'informations que lui sur ce qu'il venait de se passer. Elle était plus âgée, plus expérimentée et lui reconnaissait des ressources que lui-même ne possédait pas forcément. En d'autres termes, outre l'immense respect qu'il avait pour l'animagus, il était prêt à s'en remettre à elle pour la suite des événements.

« Excusez-moi... »

Coupé dans son élan pour apostropher sa supérieure hiérarchique, l'ancien chasseur se retourna vers la voix qui venait de prendre la parole. Un simple coup d’œil lui permit de déterminer l'état émotionnel de la femme. Blême, elle tenait une baguette ensanglantée dans les mains. Et si Kayser aurait été bien en peine de la reconnaître, car il en voyait bien trop au fil de ses leçons depuis le début de l'année, il remercia mentalement le jeune homme qui lui offrit l'information qui lui manquait. Il aurait préféré qu'il n'eût pas à la voir, mais l'étudiant leur offrait une certaine avance sans même s'en douter.

« Mais.. C'est celle de Sessho. »

La sous-directrice l'interrogea du regard, au même titre que les autres membres du personnel s'étant regroupés. Il n'eut pas besoin de plus pour comprendre ce qu'il se passait. D'un mouvement brusque, il se retourna vers l'amnésique qu'il avait à sa charge depuis quelque temps. Il n'écouta qu'à demi-mot ce que le professeur de métamorphose disait. Lui savait où se situait dans ce problème. Maintenant qu'il avait au moins une preuve de ce qu'il se passait, il savait quoi faire. Tout en parlant, il nota mentalement la présence de sa couturière attitrée. C'était égoïste de sa part, mais il préférait largement la mettre elle, en danger, plutôt que l'Islandaise.

« Pars, ordonna-t-il vers cette dernière. Rentre chez toi. Je viendrais m'assurer que tout va bien pour toi plus tard, donc ne t'inquiète pas, ne réfléchit pas et transplane. »

Le trentenaire attendit quelques secondes pour s'assurer qu'elle put disparaître dans un tourbillon, avant de se remettre en mouvement. Il penserait à elle plus tard, laissant de côté l'inquiétude qu'il gardait vis-à-vis de sa protégée dans un coin de son esprit. Il devait se concentrer sur le présent. Sa première cible fut Delyla, comme il l'avait mentalement convenu, ce qui l'amena à s'approcher de la femme dès qu'il fut capable de la retrouver. Il ne l'avait qu’aperçu initialement, ce qui lui faisait perdre du temps, mais le renfort en vaudrait la mésaventure, il n'en doutait pas. Arrivé à son contact, il ne se perdit pas en salutation inutile et baissa la voix. Il ne tenait pas à informer les élèves alentours de ce qu'il se passait réellement. Ils avaient déjà largement de quoi avoir peur avec Minerva qui passait dans les rangs pour les rassembler.

« Un de nos élèves a disparu suite à l'obscurité, expliqua-t-il. Nous ne savons pas encore précisément ce qu'il se passe, mais un peu d'aide ne serait pas de refus. »

Sa baguette toujours à la main, il commença à incanter quelques charmes informulés, dans l'idée de s'assurer que le japonais ne fût pas dans la bâtisse. Comme il s'y était attendu, ce n'était pas le cas et ses pas le menèrent immédiatement vers la porte menant à l'extérieur. Les quelques traces rougeâtres au sol lui firent pincer les lèvres et il commença à s'assurer qu'aucun maléfice ne lui fut lancer pour le blessé. Ce qui le perturbait le plus, dans cette histoire, c'était que très peu de sorts ne lançaient aucun éclair visible le temps de frapper sa cible. Si magie il y avait eu, ils auraient dû le remarquer.

Ce fut cette idée qui l'amena à sortir, s'assurant dans un même temps qu'aucun élève n'eut cette idée avant que le départ fût sonné par l'ancienne Gryffondor. D'expérience, il savait que si des étudiants avaient remarqué ce qu'il se passait, une poignée d'entre eux voudrait se lancer à la poursuite du criminel. C'était une idée aussi dangereuse que stupide par les temps qui courraient, mais les adolescents ne réfléchissaient pas toujours avant d'agir. Heureusement, aucun n'avait l'air de chercher à s'échapper, ce qui lui permit de se concentrer sur sa tâche. Accroupi devant la porte, et loin d'être le seul, il passait sa baguette autour de lui en psalmodiant des formules obscurs. Finalement, ce fut avec un grincement de dents qu'il se redressa, observant les alentours.

« Aucune magie. », souffla-t-il et il ne fut pas le seul à le dire.

Mister Auror et son acolyte, bien qu'il préférait largement ne pas penser à ce dernier, était également présents. L'un ayant effectué des gestes similaires aux siens, l'autre commençant à baliser l'endroit. Face à leur réplique presque complice, Johann arqua un sourcil vers Serger, se faisant miroir de son interlocuteur involontaire. Cependant, il ne pouvait pas vraiment s'y attarder. Il ne savait pas encore ce qui les attendait, mais la disparition du sang-pur ne présageait rien de bon pour leur futur immédiat.

•••••••

Résumé:
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Johann A. Kayser
Admin acerbe
Johann A. Kayser

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Heart Made Of Glass, My Mind Of Stone
Trompe-toi, sois imprudent, tout n'est pas fragile. N'attends rien que de toi, parce que tu es sacré, parce que tu es en vie. Parce que le plus important n'est pas ce que tu es, mais ce que tu as choisi d'être. by Wiise
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Lun 22 Juin 2020 - 12:29

#2
This is
Halloween
Mar.
31 oct.


Quand soudain,
Ariel commençait à peine à se rendre compte que quelque chose clochait dans son attitude quand les lumières s’éteignirent brusquement.  Un tintement résonna comme si les ampoules explosaient. Les cordes vocales de Jules, à côté de lui, lui percèrent les tympans. Le silence qui suivit fut assourdissant, entrecoupé des rires et des supputations de ses camarades. Un léger mouvement de foule le fit trébucher.

Son cœur chuta, remonta, se stabilisa. Ses pupilles se dilatèrent comme celles d’un chat. Il était hyper-conscient de ce qui l’entourait.

— Il fait nuit dans le bar !, s’écria-t-il, émerveillé - quelle drogue avait-on glissé dans son verre de jus de citrouille, par Merlin ?

Son exclamation se transforma en grognement dépité lorsque les étudiants qui les entouraient lancèrent les premiers Lumos : l’obscurité qui les entourait, malgré sa profondeur, s’atténuait peu à peu.  

— Ça, c’est encore une farce d’Eileen ou des jumeaux Weasley, à tous les coups. Joyeux Halloween, hein ?, fit Jules à moitié blasée en allumant sa baguette.

— Ehhhhhhhh !, protesta Ariel. N’allume pas ta baguette, on est plus dans la nuit sinon ! La nuit, Halloween, des explosions, c’est un mélange parfait !

Et plus les effets étranges qui l’avaient saisis plus tôt se dissipaient, plus Ariel s’interrogeait sur sa conduite. Pourquoi avait-il l’air si niais ? Si idiot ? Et surtout, pourquoi s’étaient-ils mis joyeusement à chercher une personne qu’il ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam et à qui, admettons-le, il ne saurait quoi dire s’il la croisait au détour d’une citrouille hantée ? Même Merlin était de la partie, et son cerveau ne savait comment traiter l’information.

Inutile d’appuyer dessus en confiant ses conclusions à Jules. Avec un peu de chance, peut-être même qu’elle n’avait rien remarqué. La demi-heure qui venait de passer était relativement floue dans son esprit.

Il tourna la tête pour tenter d’apercevoir le reste du groupe dans l’obscurité mais il ne vit personne.

— Je crois qu’un mouvement de foule nous a séparés, dit-il à Jules. On va devoir les retrouver. Et en plus, il fait noir…

Il ne savait pas pourquoi il ressentait le besoin d’insister, mais cet état de fait était très important pour lui.

Comme une réponse, les lumières se rallumèrent. Le coeur d’Ariel fit une nouvelle embardée, accentuée par l’état nauséeux qui se profilait avec la redescente d’il ne savait quoi. La masse informe de la foule lui retourna l’estomac, lui compressa les poumons et lui figèrent les membres. L’espace était si restreint que l’air ne semblait pas pouvoir passer. Le jeune garçon n’avait rien remarqué, peut-être à cause de l’adrénaline de la soirée, peut-être à cause de cette substance qu’il avait sans doute ingurgitée.

Et puis tout se passa très vite : un vent d’agitation fit frémir les monstres à l’opposé de la salle tandis que de leur côté, tous s'interrogeaient encore sur l’origine de la coupure. Une blague horrifique ? Un malheureux accident ? Ariel ne savait pas vraiment même si la plupart préférait opter pour la première hypothèse.

Le silence se fit à nouveau sans trop d’explication.

Puis la voix de McGonagall retentit dans la salle. Lorsqu’un professeur prenait la parole au beau milieu d’une fête, ce n’était jamais bon signe.

— Votre attention, s'il vous plaît ! Je vous prierai de ne pas vous inquiéter. Que les élèves se réunissent, nous allons rentrer au château, et laisser les personnes compétentes s'occuper de cet incident. Gardez votre calme.

— Qu’on garde notre calme ?, répéta Ariel, interloqué.

— Peut-être pas une blague, en fait, souffla Jules à mi-voix.

Il ne l’avait pas souvent vue stressée, mais il ne pouvait ignorer les crispation de la mâchoire de son amie. Lui-même sentait son corps se contracter de partout. Pour une soirée d’Halloween, ce genre d’événement relevait de la caméra cachée.

Autour d’eux, les étudiants commençaient à s’agiter : certains chuchotaient sans comprendre la situation, d’autres suivaient déjà les consignes de leurs professeurs. Dans la foule des bribes d’informations circulaient. Incapable de saisir les phrases en entier, Ariel devait se contenter de mots attrapés au vol : baguette, disparition, étudiant. La promiscuité forcée avec les autres commençait sérieusement à le mettre mal-à-l’aise.

Son imagination lui jouait sans doute des tours, mais il avait sincèrement l’impression qu’une ombre menaçante planait au-dessus des étudiants.

— Viens, ordonna-t-il soudain à Jules.

Il lui attrapa le poignet et la tira vers la porte d’entrée.

Pas le temps de chercher les autres : bientôt, la panique aurait complètement envahi les coeurs et il serait impossible de prendre la moindre décision réfléchie. Et ils étaient avec Merlin - si toutefois ils n’avaient pas été séparés. Inutile de s’inquiéter.

En slalomant entre les fêtards, Ariel collecta d’autres pièces pour son puzzle mental personnel : on parlait ici et là d’un Serdaigle, d’un drame, d’une disparition. Les battements de son coeur résonnaient de plus en plus fort dans son cerveau. Les hypothèses qui s’en dégageaient lui faisait peur.

Il pila net sans laisser le temps à Jules de s’arrêter derrière lui.

— Et s’il s’agissait d’Oscar ?, s’exclama-t-il, terrifié.

Il se retourna, agrippa les épaules de Jules. Les yeux ouverts au maximum, le souffle court, les joues colorées. La panique qu’il avait ressentie à cause du manque d'espace vital s’était muée en une peur beaucoup plus viscérale.

— Tu entends ce qu’ils disent tous, dit-il à toute vitesse à Jules - il ne parvenait pas à laisser le temps à ses pensées de s’organiser. Non, tu n’entends pas ? Écoute, ils parlent de Serdaigle, ils parlent de disparition, ils parlent d’une catastrophe. Et si la catastrophe c’était Oscar, hein ? Tu y as pensé à ça ?

À présent, il la secouait. Il n’imposait plus aucun contrôle sur ses réaction. Son esprit avait totalement lâché, black-out accentué par les restes de la potion qu’il avait prise.

— … et comment on va faire pour s’en sortir comment on va faire pour le sauver comment on va l’aider comment on…

Ballotée dans tous les sens, Jules finit par reprendre le contrôle sur le jeune Serdaigle. L’empêcher de continuer à la secouer comme un jouet pour bébé, d’abord, le calmer par les mots, ensuite.

Lentement, la raison d’Ariel reprit ses droits. Petit à petit, la logique eut à nouveau le dessus. Il intégra le fait que ses craintes n’étaient peut-être pas fondées. Il intégra le fait qu’il y avait très peu de chances pour qu’en effet, Oscar soit la victime de ce twist terrifiant. Sur des dizaines et des dizaines de Serdaigle, quel serait l’intérêt de faire du mal à un Troisième Année sans histoire ? Aucun, évidemment. Et puis parmi ces possibilités si restreintes restait l’hypothèse que les rumeurs qui couraient soient vraies.

Ariel souffla fort pour expulser les restes de terreur qui subsistaient.

Il adressa un sourire reconnaissant à Jules : elle avait toujours les bonnes réactions à ses craquages.

Néanmoins, la nécessité de bouger lui cisaillait l’estomac. D’abord pour s’assurer que ses peurs restent bien tapies au fond de son cerveau, ensuite pour vérifier que sa théorie était en effet tirée par les cheveux.

— Il faut qu’on y aille. Allons rejoindre les professeurs, fit-il d’une voix presque suppliante.

Jules lui attrapa gentiment la main et ensemble, ils suivirent les étudiants. La foule commençait sérieusement à remuer, à présent. Les on-dit les plus fous avaient eu le temps de circuler. Certains élèves, souvent parmi les plus âgés, remontaient discrètement le courant. Les costumes tombaient pour la plupart en lambeaux. Ariel avait perdu son pic de Billywig magique.

Une armada de professeurs et d’adultes accueillaient les étudiants au point de rendez-vous. Ils avaient réussi à dégager un peu l'espace pour y instaurer un semblant d'ordre. McGonagall, le visage plus fermé que jamais et les lèvres presque trop pincées pour sa physiologie, les rangeait en rang d’oignon derrière Miss Wintersong. L'infirmière guettait les environs, à l’affût du moindre signal anormal.

Parmi eux se tenaient Oscar, Tom et Louisa.

— Oscar !, s’exclama Ariel en courant vers eux. Oscar, ça va ? T’as rien ?

Il l’examina sous toutes ses coutures. Aucun doute, il allait bien : sa perplexité face à l’attitude d’Ariel et la baguette qu’il tenait fermement dans sa mains étaient suffisants.

— Ils parlent d’un Serdaigle qui s’est fait enlever, à l’intérieur, expliqua Ariel en réponse aux regards interrogatifs de ses amis. J’ai, euh… j’ai un peu paniqué en imaginant le pire à ton sujet.

Les étudiants autour d’eux continuaient à discuter vivement, élaborant mille suppositions sur les événements de la soirée. Ariel balaya la foule à la recherche de visages connus. S’il en vit certains, il était incapable de déterminer qui était absent ; la masse était trop compact. Le principal, pour lui, restait la sécurité de ses quatre amis.

Soudain, comme le contre-coup des émotions qu’il venait d’affronter, une intense fatigue prit l’ensemble de ses membres. L’une de ces faiblesses physiques que vous sentez couler dans vos veines, vos nerfs et l’ensemble de vos organes. L’un de ces coups de mou impossible à surmonter sur le moment. Le remède le plus efficace était assurément d’aller se coucher, mais dans la situation présente c’était peine perdue.

À défaut, Ariel s’affala contre le mur le plus proche en attendant les consignes des professeurs.

— J’ai besoin de m’asseoir un peu, souffla-t-il à ses amis pour qu’ils ne s’inquiètent pas. J’ai l’impression que l’attente va être un peu longue.

Et éprouvante, ajouta-t-il pour lui-même.



HRP :

Codes couleurs pour les dialogues :
Ariel Melwing
Modo aquatique
Ariel Melwing
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Mar 23 Juin 2020 - 11:28



This is Halloween !
Event

Mardi 31 Octobre 1995


 ➳ Monstruosité & Malice ➳


Jules, le bras par-dessus les épaules d'Ariel, s'apprêtait à s'engouffrer une fois de plus dans le dédale horrifique d'une foule fêtarde quand une silhouette leur bloqua la route. Attendez, était-elle nue ? Murphy dut cligner des yeux à deux reprises pour que l'illusion s'évapore. Non, Merlin n'était pas nue, seulement très douée pour tromper le cerveau et se jouer du sens de la vue.

- Vous me cherchez ?

Sans attendre de réponse, la Shafiq se prêta au deuxième piège de son costume : celui du sourire cauchemardesque. Devant ses joues qui se déchiraient en lambeaux pour révéler une armée de dents acérées, Jules poussa un cris d'effroi et lâcha Ariel pour se reculer d'un pas, les mains plaquées contre sa bouche. Quand le choc de cette vision inattendue s'atténua pour permettre à son organe cardiaque de reprendre un rythme plus doux, Jules se pencha en avant pour ramasser son serre-tête ailé - qui avait valsé par terre durant son sursaut -, puis se redressa et le replaça en commentant :

- Bon sang Merlin, tu es effroyable !

Le sourire complice de la Gryffondor envers son aîné révélait le compliment événementiel de cette remarque. En voilà une autre qui avait profité de la thématique de la soirée pour faire de son costume une farce à part entière. L'idée d'une vengeance à base de dard ensorcelé avait bien évidemment fait son chemin dans l'esprit de Jules, mais elle attendit d'abord d'entendre la raison pour laquelle la Serdaigle était venue les rejoindre en premier lieu. Elle s'était tournée vers Ariel.

- Bon, soyons sérieux. Ariel, je suis désolé, mais je n'ai pas trouvé ta miss.

« Ta miss » ? Oooh. Oh. Merlin avait visiblement elle aussi était témoin de l'état second de leur ami énamouré. Connaissait-elle donc Miss-Quasi-Sans-Tête ?

- Et très beaux costumes, vous tous, ajouta l'illusionniste du nudisme et du sourire de l'ange, mais le premier qui essaie de me piquer, je le fais voltiger, puis vous avez un mariage à organiser, je crois ? J'espère que je suis invitée !

Jules – se sentant soudainement démasquée dans ses plans -, rangea sa vengeance dans un coin de sa tête et garda sagement son dard pointé à l'opposé de Merlin. Après tout, cette dernière avait décidé de se prêter au jeu en se pliant à la mise en scène créée par Cupidon, alors autant accueillir cette nouvelle alliée à bras ouverts et pique écarté !

- Bien sûr que tu es invitée ! Mieux que ça, tu seras témoin ! Car tu connais la mariée, n'est-ce pas ? Il faut la trouver !

Sur ces paroles, Jules donna l'impulsion à toute la troupe en adoptant une démarche déterminée, de celles qui se montraient prêtes à traverser les intempéries d'une foule agitée pour retrouver une précieuse bien-aimée. Elle réussit à se frayer ainsi un chemin sur quelques mètres en tirant Ariel par le poignet, jusqu'à ce qu'une nouvelle perturbation vienne leur faire barrage. Les ailes d'un ange noir qu'elle avait déjà croisé.

- Tu permets que je te les empreintes quelques secondes ? demanda la nouvelle venue à l'adresse de Merlin.

Sans attendre une quelconque réponse, la tornade vint faucher les deux Billywig en les faisant virevolter dans un tourbillon insensé.  

- Bah voilà, c’est mieux là ! entendit Jules durant sa pirouette.

Elyana finit par lâcher son poignet et la voltigeuse mit alors quelques instants à se stabiliser. Quand le sol arrêta de tanguer sous ses pieds, elle remarqua que la malicieuse Lionne avait à présent pris Merlin comme cible. Puis, elle la lâcha à son tour et leur offrit un grand sourire à tous les trois avant de leur livrer ce qui semblait être sa philosophie de la soirée :

- Amusez-vous hein ! C’est la clef pour être heureux ! Aller à plus tard !

Et Jules était plutôt d'accord avec cette philosophie. Si bien que ça aurait pu être un slogan quotidien à adopter ! Alors, elle répondit juste avant le départ de la furie :

- Oui chef !

Puis, elle se tourna vers Ariel et Merlin et laissa son rire emplir le pseudo-silence laissé par le vif départ de l'ange farceur. Cette Gryffondor avait l'air plutôt amusante, il faudrait qu'elle fasse davantage connaissance avec elle à l'occasion. Ou qu'elle poursuive le cercle vicieux de douces vengeances dans laquelle elles s'étaient toutes deux engagées durant cette soirée. Oui, autant garder cette idée dans un coin de la tête : Elyana Sleepy, la cible toute trouvée pour sa prochaine espièglerie de la Murphy.


 ➳ Farce obscure ➳


Lorsque la rousse – quoiqu'elle revêtait actuellement une teinte capillaire kaki – voulut poursuivre leur recherche de Miss-Quasi-Sans-Tête, une détonation violente la figea net et l'extinction de lumières s'imposa comme un mur obscur devant elle. Elle ne put retenir son cri de surprise. Puis, elle se plia quelques secondes aux lois impartiales du silence qui s'abattit sur eux à la suite de la pénombre imposée. Jusqu'à ce que les murmures se lèvent progressivement dont un porté par la voix de son confident.

- Il fait nuit dans le bar !

En réalité, ça n'avait rien eu d'un murmure. Plus d'une exclamation à l'émerveillement enfantin mais qui eut au moins le mérite de révéler sa position. Jules se rapprocha de lui.

- Ça, c’est encore une farce d’Eileen ou des jumeaux Weasley, à tous les coups. Joyeux Halloween, hein ?

Jules reconnut à peine le sarcasme atone de sa propre voix. Mais il s'expliquait sans peine : la dernière plaisanterie orchestrée par la King avait mis directement en péril son si beau costume. Fichus Oursons Changeants. Et elle l'avait encore légèrement en travers de la gorge. Bien qu'au fond, elle n'était pas capable de vraiment en vouloir à Eileen, c'était son maître des méfaits après tout ! Alors, elle n'avait certes pas signée pour être victime au moment de se présenter comme disciple, mais elle ne pouvait pas pour autant lui en vouloir de réussir des blagues qu'elle-même aurait eu l'audace et le plaisir d'exécuter. Mais elle irait quand même se plaindre auprès d'elle au moment où elle la verrait, bien sûr. Pour la forme.

Bon. L'obscurité, c'était drôle les premières secondes mais là, la blague traînait un peu trop en longueur au goût de l'Irlandaise. Alors, elle sortit sa baguette d'une poche et, en miroir à d'autres sorciers alentours, elle l'illumina d'un Lumos. La plainte d'un Billywig ébloui se fit aussitôt entendre.

- Ehhhhhhhh ! N’allume pas ta baguette, on est plus dans la nuit sinon ! La nuit, Halloween, des explosions, c’est un mélange parfait !

Ariel avait officiellement perdu la raison. Probablement qu'il l'avait troqué pour un romantisme dégoulinant où l'idée de rencontrer sa douce dans le mystère d'une salle plongée dans le noir en devenait d'autant plus éblouissante. L'âme d'un poète ému par l'originalité d'une mise en scène imprévue. Jules se contenta de le regarder de travers dans le maigre halo de lumière flottant entre eux deux, du haut de son bois de tremble.

- Je crois qu’un mouvement de foule nous a séparés, déclara Ariel - comme s'il avait soudainement recouvert sa raison -, après avoir arpenté l'obscurité de son regard. On va devoir les retrouver. Et en plus, il fait noir…

- Ta priorité n'est donc plus de retrouver « celle qui illuminera tes journées pour le restant de ta vie » ? Parce que si elle a vraiment ce pouvoir-là, ça pourrait être utile, genre là maintenant tout de suite, ironisa Jules de sa voix fourbe.


 ➳ Panique à bord ➳


Puis, le noir disparut. Éblouie par la luminosité retrouvée de la salle, Jules abaissa d'abord douloureusement ses paupières avant de les ouvrir à demi sur le myosis de ses pupilles. Elle prononça « Nox » du bout des lèvres et la lueur au bout de sa baguette s'en fut. Un regard circulaire autour d'eux lui permit de confirmer ce qu'Ariel avait soulevé la minute d'avant : leurs amis n'étaient plus avec eux. Ni Merlin, ni Oscar, ni Louisa, ni Tom. Dans le noir, les quelques mouvements de foule avaient suffi à les disperser. Super la farce, Jules allait encore devoir consacrer une partie de sa soirée à chercher d'autres personnes. Elle soupira puis, fit un signe de tête à son confident pour lui indiquer de rebrousser chemin avec elle dans l'espoir de retrouver les traces des Billywigs égarés. Seulement, la voix de McGonagall interrompue l'escouade de recherche avant même que celle-ci n'ait pu se remettre en marche.

- Votre attention, s'il vous plaît ! Je vous prierai de ne pas vous inquiéter. Que les élèves se réunissent, nous allons rentrer au château, et laisser les personnes compétentes s'occuper de cet incident. Gardez votre calme.

S'inquiéter ? Pourquoi s'inquiéter ? Quel incident ? Un incident technique du même acabit qu'une coupure de courant mais version sorcier, c'était cela ?

- Qu’on garde notre calme ? fit Ariel, l'air troublé par cette prise de parole.

- Peut-être pas une blague, en fait... conclut Jules dans un murmure sceptique.

Puis, elle haussa les épaules. Ça n'était probablement pas quelque chose de grave. Ils étaient entourés de sorciers majeurs et compétents, présents en ces lieux pour veiller sur leur sécurité. Il ne pouvait rien arriver de grave. Ce n'était probablement qu'un problème technique, oui. Qui avait malencontreusement effrayé ceux prenant l'ambiance horrifique de Halloween trop à cœur. Ça devait être ça, oui, tout bonnement.

Sauf que la rumeur qui commençait à se profiler disait le contraire. D'abord, Jules n'entendit que des murmures indistincts, échos lointains d'une inquiétude qui ne la touchait pas. Puis des mots se détachèrent de ces murmures, certains se répétant de plus en plus. « Sang ». Ce fut ce mot-là qui percuta son cerveau.

- Viens.

Ariel avait réagi avant. Il avait attrapé son poignet et la tirait à présent vers la sortie. Les deux Billywigs se mêlèrent à la masse informe d'étudiants évoluant vers les adultes désignés comme guide pour le retour au château. La rumeur continuait à évoluer, enflant aux travers de paroles vagabondant d'un groupe à l'autre. Jules crut comprendre que quelqu'un avait disparu. Mais tout restait flou. Trop flou. Le mot « Serdaigle » revenait de plus en plus, aussi. Et ce fut là qu'Ariel s'immobilisa. La Murphy lui rentra dedans. Elle allait protester quand elle entendit son exclamation effrayée.

- Et s’il s’agissait d’Oscar ?

L'hypothèse glaça le sang de la Gryffondor. Son confident se retourna et l'agrippa brusquement par les épaules. Son regard exorbité transcrivait l'épouvante qui venait de le gagner. Jules comprit aussitôt qu'une nouvelle crise d'angoisse se frayait sournoisement un chemin jusqu'à la surface. Mais elle n'eut pas même le temps de réagir que l'Aiglon l’assomma de ses inquiétudes dans un débit de parole impressionnant.

- Tu entends ce qu’ils disent tous ? Non, tu n’entends pas ? Écoute, ils parlent de Serdaigle, ils parlent de disparition, ils parlent d’une catastrophe. Et si la catastrophe c’était Oscar, hein ? Tu y as pensé à ça ?

Le Melwing avait perdu tous ses moyens. À présent, il secouait Jules par les épaules tout en continuant sur la pente de ses hypothèses devenues réalité. Les ailes de billywig de la Murphy glissèrent de sa tête pour s'échouer au sol. Ariel délirait.

- … et comment on va faire pour s’en sortir comment on va faire pour le sauver comment on va l’aider comment on…

- Ariel !

Jules se défit comme elle peut de l'emprise de son meilleur ami pour inverser les rôle et saisir de ses propres mains les épaules de l'angoissé.

- Ariel.

Elle répéta son prénom. Une fois. Deux fois. Jusqu'à ce qu'il arrête de s'agiter. Jusqu'à ce qu'il reprenne pied dans la réalité. Jusqu'à ce qu'il l'écoute.

- Ariel. Regarde-moi.

C'était à elle de garder son sang-froid. De ne pas écouter les murmures qui leur insufflaient la panique. De rationaliser, d'écarter les élucubrations pour se concentrer sur ce qu'ils savaient, c'est-à-dire : pas grand chose.

-  Écoute-moi. Oscar est resté avec Tom et Louisa. Sa sœur ne l'aurait pas laissé tout seul, tu le sais. Ils sont restés ensemble, il ne leur est rien arrivé, j'en suis convaincue. Oscar va bien, d'accord ?

Jules essaya de transmettre à Ariel toute la conviction dans laquelle elle avait drapé son discours - peut-être pour se convaincre aussi un peu elle-même - et laissa le silence se charger de faire résonner ces affirmations dans ses pensées engourdies par l'angoisse. Elle observa le Serdaigle se calmer progressivement puis, elle détacha doucement ses mains des ses épaules lui redonner son espace. Sa bulle. Pour qu'il réapprenne à respirer. Reprenne son souffle. Calme ses battements cardiaques.

- Maintenant, on va continuer à suivre le groupe, reprit-elle d'une voix qu'elle voulait sereine, et une fois dehors, on essayera de retrouver les autres dans le rang. Pas d'hypothèse ni de panique tant qu'on ne sait rien, ok Ariel ?

Après une forte expiration, l'angoissée lui offrit un léger sourire. Signe qu'il avait repris ses esprits. Jules acquiesça avec un sourire compréhensif.

- Il faut qu’on y aille, confirma l'Aiglon calmé. Allons rejoindre les professeurs.

Cette fois, ce fut Jules qui s'empara de la main de l'autre Billywig. Elle la pressa avec une force qui se voulait rassurante, puis ils se remirent à suivre le mouvement.


 ➳ Soulagement & Épuisement ➳


Bientôt, la foule éparse d'étudiant se rassembla en rangs plus ou moins ordonnés sous la supervision de plusieurs professeurs s'assurant qu'aucun élève ne fût laisser derrière. Ariel finit par repérer le reste du Club des Cinq et courut aussitôt les rejoindre aux côtés de Jules.

- Oscar ! appela-t-il. Oscar, ça va ? T’as rien ?

À la vue de leur ami Bleu-et-Bronze, un profond soulagement s'empara de Jules. Malgré tout le calme et le rationalisme dont elle s’était munie pour apaiser Ariel, l'inquiétude était tout de même parvenue à importuner muettement son esprit. Tandis que du côté d'Oscar, Louisa et Tom, la panique ne semblait pas avoir encore trouvé sa place et, de ce fait, ils lancèrent des regards louches au duo venant de surgir à leurs côtés.

- Ils parlent d’un Serdaigle qui s’est fait enlever, à l’intérieur, se justifia Ariel. J’ai, euh… j’ai un peu paniqué en imaginant le pire à ton sujet.

- Oui, on a entendu nous aussi, répondit Louisa en fronçant les sourcils. Mais, ce ne sont que des rumeurs alimentées par le contexte de la soirée, non ? Nous on s'est dit que tout ça n'est qu'une grande farce... poussée un peu trop loin.

La Murphy haussa les épaules. Elle ne savait plus que croire. Mais elle priait pour que Louisa ait raison.

- Je ne sais pas, répondit-elle, troublée.

Pendant ce temps, Ariel s'était adossé au mur pour s'y laisser glisser jusqu'à terre. Jules lui lança un regard inquiet. Elle se doutait que les récentes fluctuations de ses émotions lui eussent pompé son énergie mais ils avaient encore un petit bout de chemin à faire pour parvenir jusqu'au château.  

- J’ai besoin de m’asseoir un peu, dit-il pour répondre à l'inquiétude muette projetée sur lui par ses quatre amis. J’ai l’impression que l’attente va être un peu longue.

Jules acquiesça et le rejoignit pour s'effondrer au sol à son tour. Elle ne s'était pas posée une seule minute durant la soirée et maintenant qu'elle y songeait, elle avait assez mal aux pieds.

Résumé:

Codes couleurs:

☾ anesidora
Jules Murphy
Admin idéaliste
Jules Murphy
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Mar 23 Juin 2020 - 14:32
This is Halloween.Lévine & all
I was alone, falling free, trying my best not to forget. What happened to us, what happened to me. What happened as I let it slip. ( Meds → Placebo ) ••• Contre le mur, Lévine attendait. Il les regardait. Tous. Foule de danseurs ivres de désirs, de plaisirs. L'euphorie le quittait. Désertait ses veines. Son corps. Il se sentait vide. Comme après une course. Essoufflé d'un sprint émotionnel. Encore nauséeux d'un grand huit dont il ne voyait pas la fin. Ou tout juste. C'était étrange. Les yeux mi-clos, ses pupilles spectrales retraçaient les courbes des valseurs. Ils étaient lents. Ou était-ce lui ? L’accalmie temporaire d'un slow avec la mort, ses cauchemars d'abandon et erreurs passées, le laissa là. L'estomac dans les talons. Le cœur dans l'abdomen. Tordu. Distordu. Le fiel d'un venin coincé dans sa gorge le faisait haleter. Comme une main enserrant ses cordes vocales. Griffes d'un inconscient pantois d'une succession d'imprévus. De chamboulements. D'aveux. De non-dits. D'espoir lui faisant tourner la tête. Les sens.

Tout était flou.


Lui. Eux. Ses ressentis. Les couleurs perdirent leur saturation. Plus sombre qu'hier. Moins que demain. Un rouge virant au pâle. Un bleu se faisant pastel. Douceur d'une caresse picturale consumée par le hasard d'une roulette russe. Un barillet dans lequel il mettait une balle. Unique projectile. Passe droit pour un renouveau sans détour. Sans retour. L'aller simple pour l'enfer. Parce que si Dieu dit que le suicide est un péché, alors, qu'il lui offre un moyen de partir sans lui faire de torts. Une corde. Un accident. Le baiser d'une coquille vide. Comme lui. Parfois trop pleins. Un vase ébréché débordant de larmes invisibles. Chauffé du brasier de la colère. Tantôt asséché. Sans rien. Isolé sur une étagère.

Un jour, le jour, lui brisant les genoux. Il s'assit. Trop loin d'une chaise, d'une table. Le sol était froid. Il se revit dans la rue. Un chemin bondé. Une traversée impossible. Une embardée et il avait fini ainsi. Seul. Vulnérable. Gelé. Le corps souffrant. Douloureux. Insurmontable. C'était comme un gouffre. Un vide sans fond. Et il était en chute libre. L'envie de hurler au bord des lèvres. De fuir aux chaussures. De mourir dans la tête. Son front rejoignit ses bras contre ses genoux. Il était épuisé. Lassé. Un requin-tigre en bout de course. L'aigreur d'un vinaigre noyé dans un verre d'eau.

Ses oreilles bourdonnaient à présent. Rendues sourdes de bruits trop présents. Pressants. Omnipotents. Les rires. Les cris. Les joies. Les peurs. Ça le tournait. Ça le retournait. Encore. Encore. Le parquet se fit sable mouvant. Silhouette lui enfonçant une aiguille dans le pied. Seringue de ses oublis. De ses promesses. De ses rêveries. Du feu de sa revanche. Du chaos de sa justice. D'un monde meilleur. Où il en serait un fou parmi d'autres. L’albâtre d'une statue en miette perdue dans une foule de pantins. L'héroïne de ses souhaits dystopiques le berça. Comme un camé en manque satisfait d'avoir une dose. La poudre blanche d'un malheur recherché. Acheté des mains du diable. De son contrat de sang. Il voulait le remercier. L’encenser sous les gravats des ruines de ses bons sentiments.

Lévine inspira. L'air le brûla, le fit tousser. Ça faisait mal. Ça faisait du bien.

« Hé, ça va pas Serger ? », deux mains se posèrent sur ses épaules.

Le secouèrent. Le ramenèrent. Le contact le chauffa. Le réchauffa. Comme une cheminée. Il s'y accrocha. Ses mains étaient glacées. Mais pas celles de Stanislas. Il releva le nez. Son collègue était inquiet. Comme un livre, il lisait ses interrogations. Ses questions. Comme une digue au milieu d'un fleuve l'envoyant contre les récifs de son autodestruction. C'était dérangeant. Et rassurant.

« J'ai trop mangé. Et j'ai chaud. », des excuses toutes prêtes.

Simplistes. Sa voix se voulait assurée. Forte. Déterminée. À peine tremblante. Tout juste dosée. Merveille d'heures, de mois, d'années d'entraînement. Perfectionnement dupant l'instinct. L'expertise aiguisée d'un enquêteur affirmé. La supplique silencieuse, camouflée de ne pas trop en demander. De ne pas enchaîner. Surenchérir. Pas maintenant. Plus tard. Pas ce soir.

« Ok. Tu m'as fait peur. », un soulagement visible.

Le soupir d'un ami factice. C'était à vomir. Il lui sourit. Il souffla même un rire. Clément d'un mensonge qu'il lui voyait. Lui percevait. Il ne pourrait pas le tromper. Pas encore. Pas comme plus tôt. Cette soirée était une erreur. Elle. Eux. Ils l'avaient eu. Piégé. C'était leur faute. La sienne. Aussi. Peut-être. Sûrement.

Tout était flou.

Le masque complice d'un miroir déformé. Il se redressa. Se releva. Ses jambes ne tremblaient plus. Il était stable. Seul. Debout. Droit. Il essuya la sueur froide de son front d'un revers de manche. Les sons se mêlèrent de nouveau. Se mélangèrent. Une bouillie informe. Mièvre d'innocence. Acide de mensonge. Le goût rance d'un faux-semblant lui tapissa le palais. Le fit déglutir. L'opaline de son regard transperça la robe d'un fantôme lui brisant les nerfs. Fillette se voulant déjà adulte. Se prétendant assez maline. Assez rusée. C'était risible. Toute en contradiction. A cheval sur des principes sans fondements. Un peu comme lui. Mais pas trop. Une adoration morbide sans excès. Vacillante. Une parole allant d'un opposé à l'autre. Des justifications bancales.

Elle ferait un pas. Le dernier d'une curiosité idiote. Le sentiment d'excitation l'amena au buffet, sur les traces d'un glouton aux joues pleines de petits fours. Les chaînes, seraient-elles à son goût ? Sans doute pas. Mais peu importe. Elles seraient au siens. Ses lèvres se pincèrent d'une moue gourmande. Bientôt. Un an. Deux. Trois. Ou dix. Quelle différence ? Le résultat serait le même. Équivalent. Elle était comme lui. Riant de leur bassesse. Faiblesse. Drapée dans le nombrilisme de regrets sans sincérité.

« Moi, j'ai rien mangé encore. », le démon s'essuya la bouche de sa paume, puis, après l'avoir regardé un instant, il se résolut à ôter les miettes sur son pantalon. Le spectre revient à lui. Écœurant. Il arqua un sourcil. Moqueur. Un peu. Pas trop.

« Bah oui, j'ai été pris en otage par une véritable diablesse. », se justifia Stan en enfournant un autre canapé de saumon dans sa gueule. Il lui fit au moins l'honneur de mâcher avant de reprendre. Heureusement. Putain de bruits de mastication. « Tu te rends compte, elle a voulu me foutre à poil. »

« Je te demande pardon ? », souffla-t-il en réponse, sous le rire spontané de son équipier. L'amatrice d'art, voulait-elle en voir plus ? Les traits au couteau de l'oeuvre du temps, des efforts sur un corps meurtris des exigences sociétales l'intriguaient ? Intéressant.

« Je te jure. Elle m'est tombée dessus comme ça. », son poing claqua dans un mime grotesque. Enfantin. « Et bam. La voilà qui veut qui veut que je me déshabille. Les jeunes sont vraiment pervers de nos jours, tu trouves pas ? »

Il haussa les épaules. Les adultes étaient pires. Il l'avait vu. L'avait senti. Souvent. Des mains baladeuses. Empressées. La luxure étouffante d'une chambre rouge. La couleur du sang. De l'amour. Celui d'un baiser sur le front. D'une main dans les cheveux. L'attention narcissique d'un marionnettiste astucieux. Regarde-moi. Ne vois que moi. Sois à moi. Tout est de ta faute. Excuse-toi.

« Tu l'es aussi. Plus qu'elle-même. », répondit-il après un moment de flottement, sous les volutes d'un cigare lui fracturant la psyché. Stan en fut outré. Main sur la poitrine, il feignait l'attaque. Imitation ridicule qu'il voulut vrai. Une seconde. Ou deux.

« Je ne vois absolument pas de quoi tu parles, Serger. Je suis un honnête homme. Toujours prompt à aider son prochain... », des justifications mélodramatiques auxquelles il coupa court. Doux mais sec. Du velours sur du papier de verre. Un coup dans les burnes après un baiser.

« Ta prochaine surtout, Stan. », un amusement feinté. Le reproche voilé d'une faute qu'il lui incombait. Encore. Toujours. Celle des autres. Comme lui. Ils étaient si semblables que ça lui hérissait les poils. De la nuque aux orteils. Un frisson qui secoua ses mains, qu'il s'empressa de cacher dans ses poches. Masquer l'inconfort. Sourire. Continuer de le faire. Putain.

« Alors ça, c'était bas ! Je te sauverai toi autant qu'une jolie donzelle. », argument qu'il appuya d'un coup sur l'épaule.

Il tangua, cognant sa hanche contre le coin de la table. La douleur ne vint pas. Absente de ses pensées. De son toucher. Réel et ailleurs. Sur terre et dans les airs. La mort intégrait ses cellules, nécrosait ses sens. Un peu plus. Toujours plus. À chaque seconde. Il cligna des yeux, chassant l'image résiduelle d'un fragment oublié. Le flou gaussien d'un visage méprisant.

« Après avoir hésité entre ses arguments favorables, et mon utilité. », répliqua le métisse en secouant la tête, son talon l'envoyant en arrière dans un chavirement bénéfique. Les pointes l'amenèrent en avant, dos courbé. Il avait envie de marcher. De se balader sous le prisme lunaire, la nuque pliée sous une chape de plomb.

« Oh, arrête, tu vaux plus qu'une paire de... », Stan porta ses mains à son torse, dessinant l'esquisse d'une forte poitrine d'un mouvement circulaire.

« Stop. Pitié, stop. », lui intima-t-il en claquant des doigts dans le souffle d'un rire venant du fond de sa trachée. Recraché difficilement. Malaise qu'il cacha en se raclant la gorge. Mimique de fumeur. D'addict. « Toi et moi, dehors. J'ai envie de fumer. », un ordre qu'il enroba de sucre. Le désir d'un moment complice, en sa compagnie. D'une solitude accompagnée.

« Mhf, ok, mais tu as intérêt de m'en donner une ! », l'accord scellé d'une accolade d'une virilité affligeante. Le bras autour des épaules. Collés. C'était moite. C'était désagréable. La cheminée était un feu de forêt. Il chercha à se dégager, se tortillant pour s'échapper. Misérable moucheron aux prises d'une toile. Pourquoi être si grognon ? Bientôt, il sera mangé.

BAM.

Le noir. La détonation le fit sursauter de concert avec le corps contre le sien. Parfaitement synchronisé. Le soufre chatouilla ses narines dès la première inspiration. L'odeur forte d'un résidu magique. Non naturel. Falsifié par la maîtrise obscure d'une formule impie. Condamnable. Les pupilles figées sur un vide limpide, sans tâches, il en profita pour s'extirper. Une occasion en or. Une chance. Le froid enserra ses membres. La sueur collant ses vêtements. Son menton se releva, et il huma l'air.

La fumée. Une seconde inspiration. La poudre à canon. Une troisième. Plus profonde. L'étincelle discrète continuant de faire crépiter le brasier d'un voile artificiel. C'était pesant. C'était lourd sur les paupières, la poitrine, les sinus. Un lendemain d'orage. Le silence d'un coup de tonnerre. D'une balle en pleine tête. Il pouvait entendre la pluie. Le vent contre la carcasse monstrueuse d'un trouble-fête. Les murmures s'élevèrent autour d'eux. La vie reprenait vite. Trop vite. Une lumière se fit à sa gauche. Une à sa droite. Deux autres un peu plus loin. Le noyer caressa sa peau, glissant d'un étui soigneusement fixé. Toujours à sa place.

Sa poitrine était comprimée. Serrée de cette délectable appréhension. Excitation d'une occupation qu'il avait attendue. Souhaité. Un peu. Pas trop fort, pour ne pas s'en sentir coupable. La mort. La douleur. La souffrance. C'était son havre quotidien. Sa douce compagne. L'emprise forte sur les lueurs magiques compressait ses épaules. Son instinct frémissait. Se réjouissait déjà. Comme un loup montrant les crocs. Léchant avidement le sang sur ses babines. Il ne pouvait que les écouter. Lui et ce frisson sur sa chaire découverte. Celui lui criant une évidence. Il était où il le voulait. Là. Au centre d'une panique encore refoulée. Incomprise. L'amusement le gagna, supplantant tout le reste. Un instant. Quelques secondes. Pauvres âmes en perdition. La gamine avait peut-être raison. Halloween faisait ressortir les vrais visages. Les seuls qui comptent. Les plus terrifiants. Et sous couvert d'un masque impénétrable, sous l'abri d'une valseuse ténébreuse, il souriait. Carnassier. Prédateur jouissant d'une chasse.

Pouvait-il le plaindre ? Il ne savait pas ce qu'il avait provoqué. Pas cette-fois. Il lui avait fait un cadeau. Celui d'une fin de soirée parfaitement réussie.  

La pointe de sa baguette se joignit à celle de son homologue. Vers le plafond. Nul part ailleurs. Un Finite ne serait pas suffisant. Trop simpliste. Il ne leur ferait pas cet affront. Il n'irait pas gâcher leur jeu si facilement. Les mots quittèrent sa bouche. Lassitude feinte, tremblante sous la chaleur brûlante d'une lacération émotionnelle. L'incantation lui déchira les lèvres. Et à mesure qu'il en sentait l'affaiblissement, il se faisait violence. Il forçait les barrières mentales, le béton de sa raison à l'enfermer. À faire taire cette voix reculée, près de son oreille : Tu ne trouves pas ça satisfaisant ?

Tout était flou.

Pas comme ça. Pas aussi vite. Geôlier de ses démons, il les enchaîna à nouveau. Maître chien d'une meute affamée. Qu'ils la ferment. Qu'il puisse se concentrer. Respirer. Jouer sa comédie. Les bougies regagnèrent leur éclat, et sans se concerter les deux Auror quittèrent la peau de leur costume. Le fantôme s'évanouit d'un mouvement de poignet. La chemise volant d'une brise invisible laissa sa place à une longue veste de cuir à l'écusson dorée. La transparence de son visage s'estompa. Les artifices quittèrent son corps sous un filin argenté, qu'il fit disparaître d'un coup sec. Franc. Intransigeant. Leur retard avait eu du bon. Déjà en tenue, il fendit la foule jusqu'à la banshee, Stanislas sur les talons. Aux aguets. La mine fermée, de circonstance, il poussa doucement une frêle mariée sanglante, pour mieux voir la première pièce d'un puzzle fascinant.

Une baguette. Un simple morceau de bois torsadé. Elle était singulière. Reconnaissable pour des proches. Des amis. De la famille. Du sang sur le manche. Sur la pierre turquoise. Intéressant. Un prénom leur fut donné. Une voix atone, sous le choc. Pas le temps d'en faire l'inquiétude, la compassion. Insensible à son émoi, il crissa ses bottes, ne se fendant que d'un sourire. Ultime esquisse bienveillante s'alliant à sa casquette d'enquêteur. Il le dépassa. Ne s'arrêta pas. La voix de l'enseignante perça les incertitudes. Il continua jusqu'à la porte. Plus il attendait, et plus il s'éloignait.

La nuit était froide. Elle tournait à l'orage. Il le sentait. Au loin, il entendait un hibou. Oiseau nocturne dépassant la rue. Debout sous sa cavalière, il tourna la tête. Une fois à droite. Une fois à gauche. Une minute d'écart. C'était la procédure. Barbante. Mais habituelle. Personne. Pas même un chat près des poubelles. Lèvres pincées, il fit une vérification. Puis une deuxième. Une troisième. En parfait accord avec l'ancien Sherlock. Une alliance silencieuse. Obligatoire. Il l'avait délaissé. Pour ce soir du moins. Jusqu'à la prochaine fois. Il vit Stan du coin de l’œil. Il dressait le périmètre. Il sécurisait la zone. Une efficacité commune. Une complicité étrange. Mais il y penserait plus tard. Ou peut-être pas.

« Aucune magie. », souffla-t-il à leur intention, en même temps que le plus âgé. Un miroir inversé. Son sourcil s'arqua. Comme lui. En opposition. Comme les autres fois.

Le démon lui grignota l'estomac. Il voulait bouger. Se précipiter sur les traces encore fraîches. Que faire ? Quoi penser ? Son nez se fixa au sol, sur la pointe de ses chaussures. Le temps était pluvieux. C'était d'autant mieux. Le tableau se dressait. Les pièces encore inconnues l'appelaient. Elles lui susurraient de les trouver. Sa main se pressa à son menton piquant d'un rasage de la veille. Son équipier, lui, s'arrêta dans son dos.

« Tu crois que c'est lui ? », lui demanda-t-il avec sang-froid. Il l'appréciait presque dans ces moments. Presque. Pas encore tout à fait. Il voulut chasser la question idiote d'un geste emporté. Mais il se figea dans son geste. La violoniste. Le pianiste. La musique. L'art. La beauté.

« Peut-être bien, Stanislas. », et il espérait bien que d'un peut-être, naîtrait un oui.
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Résumé:
Lévine Serger
Admin rusé
Lévine Serger

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Comme de la neige sur le sable

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Mar 23 Juin 2020 - 18:48



Tis is Halloween
☽  Event ☾


Mardi 31 octobre 1995

Traumatisme refoulé se berçant dans la balancelle du temps figé. Dans le décor, il ne restait plus qu'un seul détail : son regard. Au milieu de la pâleur d'un teint maquillé, son regard. Au-dessus d'un sourire factice, son regard. Son regard. Reconnaissable dans son aura malveillante, dans sa pupille malsaine, dans son iris cruel.

Ce fut comme si un millier de glaçons avait parcouru l'épiderme frissonnant de l'Islandaise. Une vision courte, fugace, fuyante. Réveillant en elle un cauchemar sans image ni parole. Une simple sensation. Glaçante.

Le clown disparut parmi la foule.

L'air revint abruptement emplir les poumons d'Elvý . Troublée, elle baissa la tête en se passant les mains sur le visage, balayant au passage ses larmes gelées. Johann lui tendit un mouchoir. Elle l'accepta avec un sourire reconnaissant et s'y moucha. Il n'avait rien remarqué. Il avait tout mis sur le compte de la potion qu'elle avait ingéré. Ça, il l'avait compris. « Tu croyais l'aimer » lui avait-il murmuré. Il avait eu raison. Où était passé son amour passionné pour un homme à peine rencontré ? Dans le néant. L'oubli. Comme elle l'avait craint. Lévine aussi, avait eu raison. « Tu seras de retour dans cette réalité où je ne serai qu'un fantôme. ». Il l'avait prédit. Mais n'était-il vraiment plus qu'un simple fantôme aux yeux de Mara ?

Elle plia le mouchoir et le glissa dans une de ses poches. Son nez était rougi. Ses yeux aussi. Dans l'ombre de sa capuche, Ríg lui tira une mèche de cheveux. Elle comprit. Lui aussi avait eu raison : cette soirée s'était avérée davantage troublante qu'amusante. Mais ce que le botruc avait en réalité redouté n'arriva que l'instant d'après.

Les couleurs de la salle moururent d'un seul coup dans une explosion vrillant les tympans. Elvý sursauta. Une main s'enroula autour de son bras, Johann la tira près de lui. Sa main à elle vint chercher sa baguette dissimulée derrière les pans de sa cape. Le vampire lança un Lumos, faible halo qui les enveloppa dans cette obscurité trop immense. Les perles rouges du Cauchemar vinrent se poser sur l'ex-auror qui épiait la salle d'un air sérieux. Elle aussi le sentait, ce mauvais pressentiment. Était-ce à cause du clown et de son regard ? Ce mauvais pressentiment prenait-il sa source dans cette vision qui l'avait glacée sans qu'elle n'en trouvât la raison ? Elle n'osa dire un mot et se contenta d'attendre. Tous ses sens aux aguets.

Au bout de plusieurs minutes, la lueur des bougies revint engloutir l'obscurité avec la même intensité qu'un soleil de minuit veillant sur les plaines nordiques endormies. L'Islandaise plissa les yeux le temps que sa vision s’accommode à au retour de la lumière complète. Johann lui fit un signe et elle le suivit. Les pas du vampire les emmenèrent jusqu'à une dame au visage strict – probablement une enseignante de l'école de magie voisine -, auprès de laquelle il s'arrêta. Elvý l'imita. Elle entendit, à côté d'eux, la voix d'un adolescent prononcer un prénom aux consonances étrangères, probablement originaire des pays de l'Extrême-Orient. La Nordique se hissa sur la pointe de ses pieds pour glisser son regard par-dessus l'épaule de son Bróðir. La baguette, centre de tous les regards, était d'une élégance noble et raffinée dont la Spécialiste aurait sans doute pu reconnaître le bois si elle n'avait pas vu celui de sa propre baguette à la place. Bois d'érable enroulé dans une torsade végétale. Taché de sang. Un souvenir transposé sur la réalité. Une hallucination visuelle qui la figea sur place. Elle n'entendit pas les mots de la dame au visage strict. Johann se tourna brusquement vers sa protégée, brisant d'un même coup l'illusion volatile qui avait engourdi son esprit.

- Pars, lui ordonna-t-il. Rentre chez toi. Je viendrais m'assurer que tout va bien pour toi plus tard, donc ne t'inquiète pas, ne réfléchit pas et transplane.

Elvý aurait pu demander des explications, chercher à comprendre, n'en faire qu'à sa tête. Mais elle acquiesça sans un mot. Elle ressentait la gravité du moment sans la comprendre. Le flou la noyait mais un filament de lucidité se faisait bouée. Ríg avait agrippé de nouvelles mèches de ses cheveux. Elle n'eut pas besoin de davantage de signaux d'alerte. Elle transplana. Juste à temps. Juste avant que plus personne ne le pût. Son corps dématérialisé se faufila à travers la dernière faille du dôme qui finissait de se former.




Elle posa la feuille sur la table basse. Elle y étala la poudre de feuilles séchées. Brune pour le tabac. Verte pour le chanvre. Elle roula le tout. Humecter pour coller. Coincer entre les lèvres, allumer et fumer.

Avachie sur le canapé, l'Islandaise observait les volutes de fumée remplir son salon. Elle n'avait pas ouvert les fenêtres. Prison improvisée pour un poison consommé. Elle s'y sentait plus en sécurité.

Ses angoisses disparurent dans les airs.

Qui avait été ce fantôme ayant hanté sa soirée ? Quelles avaient été les intentions glissées dans ce verre empoisonné ? Pourquoi rendre une envoûtée folle d'amour pour ensuite l'abandonner ? Pourquoi se contenter d'une innocente danse partagée quand le vice de ce piège aurait pu lui promettre une valse plus rythmée ? Devait-elle lui en vouloir ou le remercier de cette intimité brodée autour de mots à la justesse inégalée ? Qui avait été ce fantôme ayant hanté sa soirée ? Envolé. Disparu. En fumée.

Qui avait été ce clown au regard familier ? Une hallucination d'un passé oublié où une présence réelle ayant glacé la fin de sa soirée ? Un mauvais pressentiment justifié où des élucubrations muettes d'un cerveau malade ? Une menace cachée derrière un sourire d'un comique horrifique ou un citoyen sans histoire ayant rehaussé ses traits derrière un maquillage angoissant ? Qui avait été ce clown au regard familier ? Envolé. Disparu. En fumée.

Plus aucune question ne subsistaient dans son âme apaisée.

Une nuit sans rêve l'attendait. Les cauchemars seraient inhibés par la drogue infiltrée dans ses poumons, son sang, ses organes. Mara ôterait sa cape d'ombre pour envelopper de ses bras un sommeil paisible. Cette nuit, dans ce lit, personne ne suffoquerait.

Jusqu'au retour de l'astre solaire.

Résumé:


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Elvý Njállsdóttir
Admin amnésique
Elvý Njállsdóttir

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All that remains is a silent call
Is the Earth colored red, as I land like a flower on the meadow ? It happened quiet - Aurora

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Mer 24 Juin 2020 - 22:44
This is Halloween !Normalement, tout devrait bien se passer, qu'elle avait dit la capitaine de navire zombie. Du moins, elle voulait y croire, et la première partie de la soirée allait plutôt en ce sens. Si on omettait les quelques farces au goût parfois douteux, bien sûr. Malgré cela, on ne pouvait reprocher aux friandises piégées le fait d'être dans le thème de la soirée. Si le seul malheur des convives devait être de tomber sur une friandise enchantée à la conséquence imprévisible (et plus ou moins plaisante), on pouvait considérer que la soirée ne se déroulait pas trop mal. Ses potentielles inquiétudes de début de soirée, étaient-elles donc infondées ? Peut-être bien. Les divers événements récents et l'ambiance mitigée de ses derniers temps dans la communauté magique pouvaient rendre méfiants, voir parano. Mais si Delyla avait du mal à croire qu'un tel enchaînement était anodin, elle savait qu'il ne fallait pas non plus voir le malheur partout. Et même sans cela, tous les mauvais événements qui pouvaient se dérouler n'avait pas spécifiquement de lien entre eux. Il fallait vraiment qu'elle se détende, au moins qu'elle essaie pour ce soir. Tout ne pouvait pas toujours mal finir, n'est ce pas ?

«  Je ne suis jamais contre partager un moment au côté d'un visage familier. » 

La remarque de la jeune femme qu'elle avait rejointe l'avait un peu étonné sur le coup, avant qu'elle reconnaisse rapidement la voix pour remettre la personne dans son contexte. La jeune femme au look sombre, mais élégant, qu'elle avait rencontré à la boutique la dernière fois. Elle s'en était un peu voulu de ne pas avoir fait le rapprochement plus tôt, mais trouvait cela amusant la coïncidence qu'elles se retrouvent dans un autre contexte. Pour autant, la blonde avait gardé cela pour elle et avait continué la conversation comme si de rien n'était. Son interlocutrice n'avait pas besoin de savoir qu'elle avait entamé la discussion sans se souvenir d'elle dans un premier temps, et la couturière doutait que cela soit poli à dire. De plus, cela ne servait pas vraiment à grand chose maintenant qu'elle avait replacé un souvenir sur sa silhouette. La discussion avait débuté normalement, jusqu'à ce que Delyla en vienne à demander à son interlocutrice si elle passait une bonne soirée. Non pas que cela avait été une mauvaise idée, mais la réponse de la brune avait été des plus troublantes.

« J'ai bien peur que cela n'ait aucune importance mademoiselle. Cette nuit, nos vies vont toutes basculer et il n'y a rien que nous puissions faire pour l'en empêcher. Le premier du mois, les étoiles me l'ont soufflé. Pour certain, cela a déjà commencé, mais ils n'imaginent pas encore à quel point. Pour les autres... Cela ne saurait tarder. L'implacable « Justice » va bientôt intervenir, je peux le sentir. Mais je suis à vos côtés. »

Les pseudo-inquiétudes de la pirate plus tôt dans la soirée lui revinrent en tête, et elle découvrait qu'elle n'était pas la seule. Moins rassurant encore, son interlocutrice semblait plus sûre qu'elle de ce fait. Ainsi, la brune pensait vraiment que quelque chose se produirait ? Qu'importe ce qui pouvait la pousser à croire cela, elle avait ses raisons de le penser et Delyla avait décidé de le prendre en compte. Après tout, l'infirmière pouvait avoir des informations que la blonde n'avait pas. Puis, les quelques années qu'elle avait passé à Durmstrang lui avaient appris une chose : ne pas se fier aux apparences. Le mal pouvait être partout, surgir de partout, et n'importe quand. Encore plus lorsqu'on s'y attendait le moins. Dit de cette façon, ça pouvait rendre parano, et elle comprenait ceux qui ne voulaient pas rentrer dans ce genre de sphère psychologique infernale qui pourrait emmener n'importe quelle personne saine d'esprit à l'asile. Pourtant, c'était une chose qu'elle n'arrivait pas à nier, encore moins quand quelqu'un lui partageait des inquiétudes qu'elle-même avait pu avoir à un moment donné. Ce qui était le cas ce soir. Malgré le manque de preuve, une simple intuition pouvait parfois s'avérer vraie. Autant être un peu sur ses gardes, quitte à avoir la bonne surprise que la soirée se finisse bien.

Delyla allait répondre à son interlocutrice quand l'obscurité totale leur tomba dessus sans prévenir dans un bruit d'explosion, faisant sursauter la couturière qui avait dégainé sa baguette avec rapidité, prête à s'en servir. Les alarmes mentales en éveil, elle n'avait même pas songé que cela pouvait être l’œuvre d'une simple blague à l'image des friandises. Les aveux de son interlocutrice et ses propres doutes, avaient-ils influencé sa réaction ? Possible. Pourtant, plus les secondes passaient, et moins sa réaction lui semblait démesurée. Une blague aurait duré à peine plus d'une dizaine de secondes, et encore, alors qu'ici, les ténèbres s'étalaient bien trop longuement. Quelques Lumos, ici et là, tentaient une apparition. Mais trop faibles, bien trop à son goût du moins, pour y voir correctement. Et ça, c'était pour elle un autre indicateur. Ce n'était pas normal. Elle n'avait pas suivi leur mouvement, ça ne servait à rien de toute évidence. À part se faire repérer, c'est à peu près tout ce qu'on pouvait gagner, ce qui n'était clairement pas une bonne idée dans l'optique où cette mise en scène n'était pas une simple blague de mauvais goût. À la place, elle avait tenté (comme probablement quelques autres qui en avaient les capacités) de dissiper le rideau sombre avec un sort, ce qui ne fut pas d'une grande utilité. Encore moins normale. Une des pensées de la couturière avait été que cela était le fruit d'un sort de magie noire ou de quelque chose du même acabit, et cela n'avait rien de rassurant. Des tas de questions et de pensées plus folles les unes que les autres lui avaient traversé l'esprit durant ce moment d'obscurité qui lui avait paru interminable.

Les lumières étaient pourtant revenues, permettant à toutes les personnes présentes de retrouver leurs repères dans le lieu. À première vue rien n'avait changé, si ce n'étaient les regards interrogateurs que beaucoup se lançaient, ou encore les quelques discussions qui reprenaient à la recherche d'une information pouvant expliquer ce qu'il venait de se passer. La trentenaire les comprenait, elle aussi se posait des questions, et tout le monde était enveloppé dans cette ambiance particulière, à ne pas trop savoir quoi faire dans l'attente que quelqu'un puisse avoir l'explication à tout ça.

« Vous pensez que … » avait-elle commencé à l'attention de la jeune femme à ses côtés, avant que la fin de sa question meurt en remarquant que son interlocutrice n'était plus là.

Probablement que l'une ou l'autre s'était déplacé et qu'elles s'étaient séparé sans s'en rendre compte. Avec la soudaine obscurité qui avait fondu sur la salle sans prévenir, il était bien possible que certains aient tenté de se déplacer pour se repérer, bien que la blonde n'était pas vraiment sûre que ce soit la meilleure chose à faire.

« Votre attention, s'il vous plaît ! Je vous prierai de ne pas vous inquiéter. Que les élèves se réunissent, nous allons rentrer au château, et laisser les personnes compétentes s'occuper de cet incident. Gardez votre calme. »

Delyla avait tourné la tête en direction de l'endroit d'où venait l'annonce. C'était une voix un peu plus loin, que la blonde ne connaissait pas, mais qui était lié à Poudlard et aux élèves présents. C’était donc bien qu'il s'était bien passé quelque chose, et la couturière ne voulait pas rester les bras croisés face à cela. Il fallait quand même que ce soit assez grave pour que la décision de faire rentrer les élèves soit prise, et assez grave pour que les termes « incident » et « autorités compétentes » soient employés. La trentenaire pourrait très bien décider de faire comme beaucoup d'autres adultes, quitter les lieux pour se mettre en sécurité et attendre plus tard qu'on lui parle de l'incident pour avoir le fin mot de l'histoire. Mais ce n'était pas vraiment dans ses habitudes de fuir comme ça, au contraire. De plus, ils étaient tous liés à ce qu'il venait de se produire, au moins indirectement et qu'il le veuille ou non. Alors, plus ils seraient à aider pour résoudre ce mystère, et plus vite ce serait réglé. C'est pourquoi elle comptait bien proposer son aide à l'équipe en charge de l'affaire.

Elle allait entamer un mouvement pour tenter de trouver quelqu'un à qui proposer son aide, mais elle avait été devancé. Johann, reconnaissable malgré un costume de vampire plutôt réussi, avait remonté rapidement la foule pour la rejoindre, lui annonçant de but en blanc les grandes lignes de l'incident ayant été évoqué plus tôt. Pour autant, vu la précaution qu'il mettait à ce que seule elle puisse l'entendre, la demoiselle comprenait que ça devait être assez grave pour qu'il ne veuille pas créer un mouvement de panique.

« Un de nos élèves a disparu suite à l'obscurité. Nous ne savons pas encore précisément ce qu'il se passe, mais un peu d'aide ne serait pas de refus. »

Pour toute réponse, elle avait hoché la tête pour lui confirmer qu'elle s'ajoutait au groupe de recherche. Pas besoin d'un long discours, la situation était grave et ils devaient faire vite.

Alors que l'entrée était momentanément obstruée par le cortège d'élèves et quelques adultes qui sortaient rejoindre l'extérieur, Delyla en avait profité pour faire un tour de l'établissement, histoire de s'assurer que tout le monde soit bien sortit (ou soit en train de sortir) et qu'il ne reste personne dans les lieux à part le groupe de recherche. La compréhension des personnes présentes avait permis que tout le monde quitte les lieux de façon plutôt rapide, et si quelques chenapans s'étaient fait la malle pour aller secourir le disparu de leur côté, Delyla n'en avait rien vu.

Elle était sortie des Trois Balais parmi les derniers, après son tour de vérification. À l'extérieur, elle avait retrouvé Johann ainsi que deux autres hommes, dont un était celui qu'elle se souvenait avoir involontairement percuté plus tôt dans le mois à Traverse. Mais le temps n'était pas vraiment à ce genre de considération, ils avaient un adolescent à secourir. Elle avait rejoint le reste du groupe de recherche alors qu'ils semblaient s'échanger quelques paroles.

« J'ai fait un dernier tour à l'intérieur, rien à signaler. » leur avait-elle annoncé.

Du moins, elle l'espérait très fortement, elle s'en voudrait d'avoir manqué de vigilance. Ils avaient déjà assez d'un étudiant disparu, et limiter la casse leur serait d'une grande utilité afin de pouvoir agir rapidement pour le retrouver. Maintenant, quelle était la suite ? :copyright:️ 2981 12289 0


Résumé:
Delyla Gavril
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Delyla Gavril
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Mer 24 Juin 2020 - 23:26
❝ la représentation d'un spectacle bâclée, l'exposition d'une oeuvre inachevée, la souillure d'un être sacré... ❞
This is Halloween

Les Inscrits

Ne pas réfléchir, se laisser porter sans penser aux conséquences, sans s'assurer que ses mots ou ses actes fussent décents, c'était agréable. Cette soirée marquait un tournant. Un tournant pour sa perception de la réalité. Merlin y prendrait goût. Et même s'il ne s'agissait pas du tournant dans son intégralité, elle s'y imbriquait. La conversation avec Joris avait été un début. Si elle ne se souvenait plus de l’entièreté de celle-ci, une question, en particulier, l'avait marqué. Qu'est-ce qui t'empêches de changer les règles du jeu ?

Les phrases échangées avec l'Auror ensuite, ce soir-même, l'amenait à reconsidérer sa position. L'un sans l'autre, il était certain que la jeune femme n'aurait pas pu se laisser convaincre. Pas même en partie. Une dynamique similaire. Les différences étaient évidentes, mais le but à atteindre restait le même. Sa liberté. Elle n'était pas seulement une jeune héritière à marier. Une sang-pure à l'avenir tout tracé. La descendante d'une lignée au sang se voulant parfait. Elle était une personne, une sorcière. Elle avait des envies, des besoins et, surtout, elle avait le droit de l'exprimer.

Elle n'avait aucunement besoin de se barricader derrière des murailles infranchissables pour s'assurer un semblant de paix. Dans l'instant, du moins. Il n'était pas dit que cela resterait sur la longueur. C'était des années de conditionnement qui l'avait emprisonnée de la sorte. Ce n'était pas en si peu de temps que ses chaînes se briseraient. Cependant, l'envie pouvait être cultivée, allait subsister.
Des réactions comme celle des jeunes face à elle, celle de Jules en particulier, allait fatalement aider. Sans même s'en douter. Un pas de plus vers un rêve inavoué. Pour le moment.

« Bon sang Merlin, tu es effroyable !
Merci. », répliqua-t-elle sobrement.

Elle ne se priva pas pour savourer quelque temps le compliment voilé. Elle avait su le lire dans les mots et l'expression de sa cadette. Moins d'une minute, puis elle enchaîna. L'oniromancienne se tourna donc vers Ariel, comme une chorégraphe devant respecter un spectacle appris par cœur. Ses gestes étaient saccadés. Elle avait un air se voulant sérieux plaqué sur son faciès. Si elle devait se prêter à un jeu, son jeu, ce serait dans les règles de l'art.

« Bon, soyons sérieux, reprit-elle. Ariel, je suis désolé, mais je n'ai pas trouvé ta miss. »

L'idée du mariage se fraya un chemin dans son esprit la seconde qui suivit. Elle arqua un sourcil, l'idée finissant de gerber. Les pièces du puzzle furent assemblées. S'il lui manquait des informations, n'ayant pas assisté à l'intégralité de la conversation dont elle n'avait que quelques bribes, elle avait l'essentiel pour sa compréhension. Ce fut largement suffisant pour la prédatrice. Importuner l'une de ses plus chères amies était bien plus alléchant que tenir sa résolution. Elle s'excuserait, un jour. Peut-être.

« Et très beaux costumes, vous tous. », souffla-t-elle après sa réalisation.

Si elle avait apprécié la blague d'Ariel - une idée de Jules, nul doute à avoir - à sa juste valeur, elle ne tenait pas à en être victime à nouveau.

« Mais le premier qui essaie de me piquer, je le fais voltiger. »

Les points sur les i. Maintenant que la mise au point était faite, elle pouvait se concentrer sur le plus croustillant. Ce fut donc avec une certaine joie qu'elle enchaîna.

« Puis vous avez un mariage à organiser, je crois ? J'espère que je suis invitée ! »

Il était évident que, qu'importe la cible, l'une comme l'autre chercherait à se venger. Un simple désagrément qui ne serait que passager. L'amusement de la Shafiq, qui aurait admis son égoïsme gaiement, sans une once d'hésitation, si la question lui avait été posée, était plus important. La situation s'y prêtait et elle n'avait pas à hésiter. Un tel gaspillage aurait été décevant.

« Bien sûr que tu es invitée ! Mieux que ça, tu seras témoin ! Car tu connais la mariée, n'est-ce pas ? Il faut la trouver ! »

Son sourcil droit redressé, la dernière réplique de la Murphy l'intrigua vaguement. Avait-elle laissé échapper que la fille en question était l'une de ses plus proches amies ? Elle n'en avait pas le souvenir, mais sa venue et sa compréhension soudaine offrait sans doute suffisamment d'indices pour le saisir. Et Jules était loin d'être bête. Elle se contenta de hocher la tête. Aucune réplique ne fut prononcé, pour autant, la demoiselle se contentant de laisser transparaître un rictus rieur. La proposition la comblait de joie.

Le groupe se mit en mouvement. Merlin embraya le pas au cinq plus jeunes. Jeunes qui, elle comprise, furent freinés dans leur avancée par l'arrivée inopinée d'une lionne provocante. Une provocation ayant la forme d'un sourire goguenard.

« Tu permets que je te les empreintes quelques secondes ?
Je... t'en pries ? », proposa l'adolescente vers Elyana.

Celle-ci n'avait pas attendu sa réponse pour s'emparer des deux jeunes en tête du cortège. Poignets agrippés, elle les fit pivoter jusqu'au tour complet, sans leur demander leur avis, les forçant à retrouver un équilibre perdu dans l'instant. Puis, la féline s'approcha dangereusement de la plus âgée. Cette dernière tenta un sourire. Une dissuasion manquée. Sa technique ne fonctionna pas.

Elle se retrouva dans la même situation que les deux premières cibles. Cramponnée à la première personne qui passée, et qui ne se gêna pas pour la repousser dès qu'elle en fut capable, elle se stabilisa de nouveau, ne souhaitant pas vivre une seconde chute. Par malheur, à son goût, le temps qu'elle mit pour retrouver ses esprits, la Gryffondor avait fuit. Elle n'eut ainsi pas la possibilité de rendre la monnaie de sa pièce à sa camarade de classe. Cette dernière disparut,  non sans leur avoir offert quelque derniers mots d'une sagesse... Que l'Aiglonne ne pouvait que trouver bancale, certes, bien qu'appréciable.

« Amusez-vous hein ! C’est la clef pour être heureux ! Aller à plus tard ! »
- Oui chef ! », lui répondit Jules, presque au garde-à-vous.

Quand la Murphy se tourna dans leur direction pour laisser son hilarité s'exprimer, Merlin ne put contenir la sienne. Son rire s'accrocha à celui de la plus jeune, avant de se tarir progressivement.

Son sourire se fana. Ses oreilles bourdonnèrent. Ses sourcils se froncèrent. Et son estomac décida qu'il s'agissait d'un bon moment pour faire un nœud avec ses intestins. La demoiselle sentit ses poils se hérisser sur l'intégralité de son corps et une sueur froide parcourue sa colonne vertébrale. Quelques secondes, tout au plus.

La détonation plongea la pièce dans le noir.

La sorcière sursauta. Ses yeux s'écarquillèrent, recherchant la moindre source de lumière. Il n'y en avait pas. Elle ne voyait rien. Merlin n'avait jamais eu peur du noir. Pourtant, ses cauchemars ou ses rêves éveillés avaient de quoi l'effrayer. Elle savait cependant que ce n'était pas réel. Le visage du clown s'imposa à son esprit. Elle déglutit. Merlin n'avait jamais eu peur du noir. Jusqu'à ce jour.

Plongée dans une obscurité qu'elle ne désirait pas, ballottée à droite et à gauche par quelques mouvements, la voyante peina à se maintenir debout, tant elle avait l'impression que ses jambes se liquéfiaient. Elle consolida malgré tous ses appuis, non sans mal, mais ce n'était que le début du cauchemar. L'impression de danger, croissant, qui l'avait pris aux tripes ne la quittaient plus. Elle sentait ses membres se tétaniser sur place. Sa respiration manqua de s'emballer et, bien loin de l'amusement qu'elle possédait jusque-là, son esprit força par instinct pour rationaliser.

Ce n'était qu'une blague de très mauvais goût. Une plaisanterie qui se jouait d'elle avec une force qui l'impressionnait elle-même. Et même si, dans une hyppothèse abracadabrantesque, ce n'était pas le cas, il y avait deux aurors, des professeurs et des adultes. La maîtrise de son esprit et de son corps. Se cloisonner pour réfléchir. S'imaginer flotter dans une bulle. Laisser ses émotions s'évader. Faire le vide. Machinalement, elle agrippa sa baguette et lança un lumos. L'enchantement illumina l'espace autour d'elle.

La lueur lui permit de remarquer immédiatement qu'Ariel et Jules brillaient par leur absence. Du club des cinq, il n'en restait plus que trois qu'elle éblouissait à moitié. Le silence, à l'image d'un miroir déformé de la réalité, finit par se fissurer lentement pour lui laisser entendre les nombreux chuchotements. Pour sa part, elle ne parlait pas. Elle n'écoutait même pas. Tout ce qu'elle désirait, son corps le lui rappelant presque douloureusement à mesure que les secondes défilaient, c'était que la lumière revînt.

Une demande qui fut exaucée après un temps d'attente qu'elle aurait bien été en peine de définir. Bloquée dans sa cage, elle avait la sensation que le temps rapetissait, se rallongeait, s'étirait. C'était à l'image d'une fresque grotesque : incompréhensible pour celui qui ne le vivait pas. Elle regarda autour d'elle sans véritablement voir. Le trou de la serrure.

L'incompréhension était générale, même si certains avaient l'air détendu. C'était le cas des trois plus jeunes qui se trouvaient en sa compagnie. Sans les écouter, elle les entendait râler, comme coincé derrière une porte. Elle ne saisit qu'une partie de ce qu'ils disaient. La disparition d'Ariel et Jules. Ils allaient devoir les retrouver. Ce fut suffisant pour que son frère, Azalée et Anna s'imposassent dans son esprit. L'ébauche d'un tableau aggravant, effrayant. Où étaient-ils ?

Figée sur place, les yeux dans le vague, sa déglutition passa inaperçue. Sur une table de fer rouillé, du sang s'égouttait lentement. Les gouttes frappaient le sol. Une fois. Deux fois. Le son était ingérable. La voix du professeur McGonagall perça sa rêverie éveillée. Merlin sursauta.

« Votre attention, s'il vous plaît ! Je vous prierai de ne pas vous inquiéter. Que les élèves se réunissent, nous allons rentrer au château, et laisser les personnes compétentes s'occuper de cet incident. Gardez votre calme. »

Mécaniquement, Merlin tourna le regard à droit, puis à gauche. La table avait disparu. Il ne restait que les autres, les vivants, les élèves, les adultes, le mouvement. Leurs mouvements. Elle en avait le tournis. De part et d'autre de la pièce, tout le monde bougeait. Trop vite ou trop lentement. Elle n'arrivait pas à savoir. Elle-même, sans même s'en rendre compte, plaça une main dans le dos des trois plus jeunes. Elle les poussait vers le point de rendez-vous, avec une douceur qu'elle n'aurait su égaler. Pas éveillé. Pas complètement. Il ne lui fallut que quelques minutes pour parvenir jusqu'à l'endroit désigné. Sans la moindre explication, dès qu'ils arrivèrent, elle fit demi-tour.

Consciente ou non de son environnement immédiat, il était hors de question qu'elle partît sans avoir l'assurance que Morgane et ses amies fussent en bon état.

Un automate. Le pilotage automatique, pour reprendre une expression moldu qu'elle avait entendu par Kyle, était enclenché. Elle arpenta la pièce, plusieurs fois, ses yeux se posant sur tous les recoins sans vraiment les distinguer. Une étude falsifiée. Cependant, le mini-Maugrey était visible. Il était plus calme, plus alerte et moins souriant. Elle parvint à le dénicher. Sa main s'empara immédiatement de son épaule. Il sursauta, sa baguette se pointant directement sur la gorge de sa sœur. Il grinça des dents. Elle l'entendit à peine. Il abaissa son bien lentement.

Il était toujours avec Azalée et Anna. Un soulagement brutal. Son détachement émotionnel éclata. Elle évacua le stress d'un soupir à fendre l'âme, retenant à grande peine les perles qui souhaitaient s'échouer au sol. Ses paupières se fermèrent le temps de calmer les battements de son cœur et d'empêcher les larmes de sillonner ses joues. Si la directrice adjointe ordonnait un retour au château, ce n'était pas pour le plaisir. Il se passait ou s'était passé quelque chose de grave. Elle le saisissait pleinement. Son esprit le lui imposait avec force et fracas. L'odeur du souffre dans l'air n'en était qu'une preuve supplémentaire, indirecte. Néanmoins, savoir que son frère et ses deux copines n'étaient pas impliqués, d'une façon ou d'une autre, apaisait ses craintes. Un peu.

« Vous restez avec moi durant le trajet, ordonna la prophétesse.
Mais. »

Morgane, contorsionné, avait voulu protester. Le regard que lui lança sa sœur lui fit ravaler sa réplique. Le garçon avait eu des doutes sur la véracité de ce qu'il se racontait. Ses soupçons s'envolèrent. Maintenant, il y croyait. La Serdaigle en était la cause directe.

« Alors c'est vrai ?, demanda son frère, dans un chuchotement frénétique.
Je ne veux pas savoir. »

Elle craignait la réponse. Une explication qu'il possédait. Une information qu'elle ne désirait pas. Le masque du clown en début de soirée. Le noir. La table et le sang ensuite. C'était suffisant. Les esquisses, les tableaux, les images imposés par son esprit étaient supportables. La réalité ne l'était pas toujours. Elle ne souhaitait pas en être une gardienne. Qu'elle fusse ou non déformée, elle serait accablante. Peine perdue.
 
« Mais ! Un Serpentard s'est fait enlever ! Tu n'es pas au courant ? »

Elle n'y avait prêté aucune attention. Une information qu'elle souhaita oublier. Elle se grava dans son esprit au fer rouge. Ils arrivèrent proche du cortège.

« Ils parlent d’un Serdaigle qui s’est fait enlever, à l’intérieur. »

La voix d'Ariel mourut en même temps que tous les sons. Son frère fronça les sourcils en regardant dans la direction du club des cinq. Elle ne vit pas son geste. Elle n'entendit pas plus les mots qui suivirent, de sa part.

Un Serpentard ou un Serdaigle ? Comment démêler le vrai du faux ? Faire le vide. Ne pas penser. Ne pas réfléchir. Oublier. Être une coquille vide, encore.

Le cortège se mettrait bientôt en marche. Ses yeux voyagèrent vers les visages des présents qu'elle pouvait distinguer. Où était Flora, Hestia et Aria ? Où était Hiverna, Callum et Sessho ? Une nouvelle déglutition. Le regard lointain. Elle regardait un point précis dans la foule. Une foule qu'elle ne voyait plus. La table se matérialisait. Une goutte de sang frappa le sol.

Ses lèvres restèrent résolument closes. Pourtant, elle eut envie de hurler.

Merlin


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Jeu 25 Juin 2020 - 1:25
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Halloween


❦Maman, j'ai pas peur du noir.❧


Azalée n'avait jamais eu peur de beaucoup de choses. Là d'où elle venait, de sa petite campagne aimée et adorée, ses voisins et cousins, l'appelaient : L'aventurière des champs perdus. Et elle avait toujours mis un point d'honneur à respecter un surnom aussi honorifique que celui-ci. Insouciante d'un danger hypothétique ou pourvu d'un courage émérite, les résultats étaient à l'appui. D'un nid de guêpes, à la fourmilière s'élevant près de l'établi que Monsieur et Madame Gates, elle avait été la première à brandir un bâton en protestation, en défense contre une attaque mortelle, au grand dam de Papa qui, protecteur qu'il était, ne pouvait s'empêcher de se ronger les sangs à la simple pensée que sa petite princesse, voulait, une fois de plus, s'improviser guerrière.

Maman lui répétait alors, qu'il ne pouvait s'en prendre qu'à lui pour un état de fait, qu'il semblait être le seul à maudire. Droite et fière comme le Paladin des aventures qu'elle écoutait au coin de la cheminée les Dimanche après-midi, c'était en la portant avec le burlesque d'une comédie des années trente, qu'il se dédouanait d'une quelconque implication dans son entêtement suicidaire. Ne comprenant aucunement le dernier employé dans des remontrances qu'elle catégorisa comme injustes dès la première envolée et pommettes tomate, c'était en agitant son arme, encourageait par son fidèle compagnon, qu'elle continuait à lutter.

Maman était fière. Papa inquiet. Mais elle savait, elle voyait luire au fond de son regard sévère, une étincelle qui faisait bouillir sa détermination. Celle de continuer, de ne jamais abaisser son épée imaginaire contre un obstacle, un adversaire. Sans oublier le code d'une chevalerie inventée. Ne pas attaquer dans le dos, ne pas achever un ennemi désarmé, et pour reprendre une expression de Grand-papa, vaincre avec vertus, pour triompher dans la gloire. Ou quelque chose du genre, elle n'était plus très sûre.

Assise contre le mur d'un des coins de la pièce, isolée de la foule, Azalée, à mille lieux des préoccupations ambiantes, s'évertuer à replacer le nez préfabriqué, clou de son costume, en une ligne approximativement droite. Ses doigts collaient à la verrue encore plus gluante qu'au début de la soirée, et c'était sous les gémissements dégoûtés de sa condisciple la citrouille, qu'elle titilla cette matière visqueuse du bout de son ongle. La colle commençait à fondre. C'était prévisible, mais elle en ressenti tout de même une pointe de déception. Elle qui avait mit tant d'entrain dans l'accomplissement de l'une de ses fêtes favorites, s'en retrouvait forte déconvenue.

« Aza', quand une pâte commence à avoir l'épaisseur d'une morve de troll après un rhume sans pimentine, je crois que l'on peut dire, qu'il n'y a plus d'espoir. », et pour preuve, elle désigna la masse informe que venait de devenir l'élément perturbateur susnommé, de son index avec une évidence emprunté aux bleu.

« Oh ça va ! Je te dis qu'il est réparable encore. », insista la tête blonde en ôtant finalement la forme gélatineuse de son visage, rougis par ses tentatives répétées. C'est en voyant le vert d'une proéminence se mêler au beige d'une peau avoisinant finalement l'orangé d'une capucine au printemps, qu'elle daigna se fendre d'un sourire conciliant.

« Bon, peut-être pas. », concéda la première année sans l'once d'une mauvaise grâce trop réfléchie. Avec l'amusement d'une fillette ayant reçu pour Noël un tonneau de pâte à modeler, elle rabattit les côtés de la mélasse, achevant le mélange d'une teinte olive s'approchant du vomi post fête de la musique.

« Arrête de faire ça, Aza', c'est... », l'interpellée releva le nez, ses talons frappant le sol sous le son du violon et des percussions, la bouche agrandit d'une moue ravie, provoquant l'abattement de la brune camouflée. « Dégoûtant ! », le terme lui arracha un haussement d'épaules désabusé.

Et le rire qui suivit sa remarque acheva de la renfrogner. Hilarité rejointe par la caricature d'un enseignant disparu. La Winchester sauta sur ses pieds, dissipant les dernières bribes d'un sommeil forcé par un arlequin farceur, pour venir tendre la mélasse en direction de son amie. Elle bougeait, semblait être vivante, animée d'une envie vengeresse. Et pour sûr qu'elle en avait sûrement des raisons !

« Regarde ! Elle veut venir te voir ! Tu la veux ? », toute sourire, c'est d'une grande enjambée qu'elle chercha à combler la distance la séparant de sa camarade. Avancée contrée par un pas en arrière, et un stop de la paume, qui ne l'empêcha pas de sourire sournoisement. Oh non, elle n'échapperait pas au nez !

« Tu éloignes ça de moi, Aza ! », avec affolement, elle pointa la chose honnit, le bras tremblant d'une horreur qu'elle savait parfaitement légitime. Pas assez au goût de la petite contestataire, qui, par simple esprit de contradiction, agita un peu plus sa paume.

« Sinon quoi ? », avec une mesquinerie sans arrière-pensée, elle sentit son sourire s'accentuer sous la menace d'une arme qu'elle savait posséder. La sensation grisante de se servir d'un pouvoir encore inconnu fit bondir son estomac dans son abdomen. Un peu comme lorsqu'elle était parvenue à convaincre son infortunée colocataire de revêtir d'adorables oreilles d'elfe !

« Sinon... Je.. Je fais tout sauter ! »

Et ainsi soit-il. À peine ces mots furent-ils prononcés, que la volonté d'Anna fut faite. La détonation résonna dans la pièce, et sursautant de tout son sous, Azalée fut bien forcer de lâcher sa précieuse acquisition pour plaquer ses mains sur ses oreilles pour en faire taire les bourdonnements. Papa lui avait toujours dit de faire comme ça. Que ça passerait vite. Comme au feu d'artifice ! Ou quand son cousin Chad faisait éclater des pétards sur le perron. C'était un peu la même chose, n'est-ce-pas ?

L'inconfort de ses tympans s'estompa rapidement, et naïvement, elle se hissa sur la pointe des pieds pour tâcher de percevoir une mince lueur dans le plafond. Bien évidemment, le voile était trop opaque, et ce, malgré les différentes lumières qui s'allumèrent autour d'eux. Trop éloignées pour véritablement leur profiter, mais assez proches pour être visibles.

« Wow, alors là, Anna, tu m'épates ! », s'exclama-t-elle en levant les bras en l'air avec un enthousiasme tranchant avec la panique de certains plus âgés. « Tu en as carrément fait sauter les plombs ! », ses mains claquèrent dans un applaudissement tonitruant, et tout dans son adoration pour des pouvoirs inventés, elle s'autorisa une danse. Un pied puis l'autre. Un pas en avant, un pas chassé, et une ronde !

« Aïe ! Tu m'as marché sur le pied. », grimaça Morgane en frottant sa botte contre son mollet avec vigueur. Les paumes de la sorcière tapèrent contre ses lèvres devant son indéniable maladresse, reconnue de génération en génération dans sa famille. Une fierté bien handicapante pour ce soir !

« Oups, pardon, j'ai pas fait exprès. », s'excusa-t-elle un peu piteusement, ses yeux se baissant vers un sol qu'elle ne pouvait pas véritablement voir.

C'était assez amusant de vouloir contempler ses bottes sans y parvenir. Elle penserait à en parler à Robin lorsqu'elle la verrait tient ! Et à Monsieur Noodle aussi, pour sûr. Peut-être qu'elle n'aurait pas dû le punir, le pauvre. Elle venait de lui faire manquer une fête bien marrante, dont elle voulait se souvenir encore longtemps.

« Ils sont lourds avec ce genre de blagues sérieusement. », ronchonna Anna en tendant ses bras en avant dans l'espoir de pouvoir attraper la capuche de son associée à l'aveugle.

« Moi j'aime bien ! Ça met vraiment dans l'ambiance ! En mode... », et elle baissa d'autant plus la voix, parvenant à se saisir de la poigne de son amie pour l'attirer à elle. « Bouuuuuuuuh, je suis le fantôme de tes erreurs passées ! », murmura-t-elle lugubrement à son oreille, se retenant à grand-peine de ne pas céder à la tentation de rire. Il pointa le bout de son nez au fond de sa gorge, et bientôt, Azalée dût faire un choix : S'étouffer avec et mourir avec dignité, ou lui laisser le champ libre et se parer d'un manque de sérieux accablant. Un gargouillement mourut dans son œsophage face à sa résolution de ne pas craquer devant l'appel.

« T'es encore plus grave qu'eux. », sans appel ni clémence, la brune poussa un soupir à fendre l'âme, avant de montrer les lanternes qui se rallumèrent avec humeur. « Hé, bah, ce n'est pas trop tôt. », râla-t-elle entre ses dents, tout en se tortillant comme une chenille pour échapper à la prise sans failles d'une professionnelle du serrage d'ours en peluche.

La voleuse de cookies regarda autour d'elle un instant, interloquée d'une telle agitation. Les murmures, au-delà de rejoindre l'avis tranché de la limace cucurbitacée, s'étiraient en questions. Interrogations auxquelles elle voulut prêter oreille, avant d'en être dissuadé par le Professeur au chapeau pointu.

« Votre attention, s'il vous plaît ! Je vous prierai de ne pas vous inquiéter. Que les élèves se réunissent, nous allons rentrer au château, et laisser les personnes compétentes s'occuper de cet incident. Gardez votre calme. »

Le silence se fit pendant une seconde, avant que les chuchotements ne forment un brouhaha sans nom. De la panique. De la suspicion. Et au milieu de ce méli-mélo, elle ne sut comment se placer. À ses côtés, ses deux amis c'étaient tendus, à l'écoute de la moindre rumeur parvenant à leur écoute. Petite, elle avait aimé jouer au téléphone arabe avec ses cousins. Elle savait qu'une phrase pouvait devenir toute autre. Du chat de la Mère Michelle, on pouvait en arriver à parler de carottes ! Candide, mais pas idiote, elle ne prêta aucune attention aux avertissements et racontars, et raisonnable, elle se résolue à s'emparer des poignets des deux affreux pour les tirer à sa suite près des adultes.

Elle n'en eut pas le temps. Stupéfaite, elle sentit Morgane se défaire vivement de son emprise, là où, curieusement, Anna s'y accrocha un peu plus. La Winchester fit volte face, sur le qui-vive, et tomba nez à nez avec une grande toute nue, mais qui ne l'était plus vraiment après un clignement d’œil, qu'elle reconnue comme étant son enchanteresse une dizaine de secondes plus tard. Le soulagement de Merlin la gagna, et c'est de concert qu'elles soupirèrent. Elle ne se voyait pas traîner deux curieux contre vent et marré ! Elle n'était qu'Arthur, elle avait bien besoin du magicien de sa cour des merveilles pour lui prêter main forte.

« Vous restez avec moi durant le trajet. », leur ordonna la plus âgée.

Si une part d'elle voulut s'opposer par simple envie de rébellion, elle préféra se ranger sous l'étendard de la raison, encouragée par une citrouille l'amenant à sa suite d'un pas empressé, qui les éloigna bien vite de la conversation de la fratrie. Qu'avait-elle pour vouloir s'approcher aussi vite des professeurs ?

« Anna ? Qu'est-ce-qu'il y a ? », s'enquit-elle à voix basse, forçant sur ses jambes pour se maintenir à sa hauteur sans devoir se mettre à courir - chose qui aurait été impossible pour cause d'un mouvement de foule qui lui donna rapidement le tournis. Elle n'était pas agoraphobe, mais le besoin de sortir prendre l'air se fit sentir à la seconde où, coincée entre un feu follet géant et une réplique d'une abeille sortie d'un épisode de la quatrième dimension, elle n'eut d'autre choix que de freiner l'allure. Sur le bout rigide de ses chaussures pointues, elle essaya de discerner l'air sévère de la sous-directrice, meneuse du groupe pour rentrer.

« Ils parlent d'un Serpentard qui a disparu.. Et.. Et j'ai pas vu mon frère. », la voix étaient basse, atténuée par un masque cachant le tremblement de ses lèvres.

Aspirant ses ressentis comme une éponge trop humide, la petite sorcière l'emprisonna dans une étreinte se voulant rassurante. Sans doute un peu trop forte. Mais l'intention était là, réelle et sincère. Peut-être que comme Maman le lui avait dit une fois, elle pourrait recoller ses morceaux tout cassés en la serrant assez fort. Initiative qui leur dégagea un passage les menant au cortège se regroupant déjà près de la sortie. Anna s'échappa, rejoignant un jeune homme dans les bras duquel elle sauta sans honte ni retenue. Soulagée, Azalée réajusta son couvre-chef penchant dangereusement sur la droite. Elle capta le dard brillant d'une créature farceuse, et levant la main, elle chercha à l'apostropher d'un simple signe. Robin était avec ses amis. Et tiens, n'était-ce pas Ariel qu'elle voyait assit par terre ?

Avec un haussement d'épaules, elle se désintéressa d'une discussion qu'elle ne pouvait de toute manière pas capter, pour enfoncer ses mains dans les poches amples de sa robe de sorcière. Le grondement colérique du ciel la fit soupirer. Et il pleuvait. Les gouttes venaient se fracasser contre la vitre et elle s'en approcha pour en admirer la course. C'était jolie la pluie. Peut-être qu'elle pourrait convaincre ses amis de faire une bataille de boue.

Son estomac gargouilla. Elle savait qu'elle aurait dû craquer pour un dernier cookie.
Dans le noir, je vois rouge. Tant la douleur est vive, quand les ombres me suivent. Dans le noir je vois rouge, j'effacerai l'outrage aux couleurs de ma rage.
Pando


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Azalée Winchester
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Azalée Winchester

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When I was young, it seemed that life was so wonderful, a miracle, oh it was beautiful, magical.
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Sam 27 Juin 2020 - 19:11

This is Halloween
Everybody
La soirée d’Halloween… J’en avais discuté quelque peu avec Luna, et également avec Neville. On avait décidé de s’y rendre tous les trois ensembles, c’est plus sympa d’y aller entre amis, vous ne trouvez pas ? En revanche, quand mon amie Lovegood m’avait précisé qu’il fallait trouver un déguisement, la tâche allait s’avérer plus complexe. Dans mon pays, les déguisements en tant que tel, ne sont pas vraiment monnaie courante… Peu importe la soirée, et surtout avec mon rang, j’ai toujours été dans l’obligation d’enfiler une tenue traditionnelle indienne, très colorés et lourdes, avec des décorations en pierres précieuses et également des bijoux assortis. Ici, je n’avais pas besoin de demander pour comprendre de moi-même que cela n’allait pas être l’idée du siècle de me faire parvenir l’une de mes robes de soirées….

Quelques jours, auparavant, je me suis donc rendu comme tous les jours (ou presque) dans ma serre. Depuis que l’on nous avait accordé avec Neville, l’ouverture de notre club de Botanique, et ainsi attribué une serre rien que pour nous, amoureux de cet univers, je m’y rendais dés que je n’étais pas en cours. Souvent accompagnée de ma chouette Mya, toutes deux aimé beaucoup se retrouver seules entourées de toute cette végétation. Ce jour-là, j’avais décidé, comme de temps en temps, de me rendre à mon espace de détente préféré avec ma flûte de paon. On venait de récupérer la garde d’un magnifique géranium dentu, encore jeune apparemment. Je la sentais stressée depuis son transfère, et j’essayais donc régulièrement de la détendre avec quelques petits morceaux indiens. J’avais rapidement senti la différence, et la sentait donc beaucoup plus détendue, calme, sereine…. Toutes les plantes ont droit à leur lot de plénitude, et notre petite nouvelle ne faisait pas exception… Elle devait avoir été stressée par ce changement d’habitat, il fallait donc la mettre en confiance, comme un bébé dans son berceau, et c’était mon rôle en tant que gardienne de la santé de ce petit bout coloré. Cela semblait d’ailleurs fonctionner, car ses pétales étaient d’une couleur vive magnifique un peu plus à chaque note que je jouais. Mya quant à elle, voletait autour de moi, comme une jolie danse qu’elle appréciait pratiquée.

Une fois que je sentis que tout le stresse avait été évacuée, je stoppai ma musique, et souris à ma récente nouvelle amie. Les plantes sont comme nous, elles ont besoin de se sentir comprises, rassurées, et surtout pas seules. C’est comme pour tout être vivant en ce monde, si l’on veut tirer le meilleur d’elles, il faut la traiter avec respect et soin !

- J’espère que tu te sens mieux parmi nous mon amie. Je promets de bien m’occuper de toi le temps de ton séjour, peut importe le temps que cela durera.

J’observai alors ses magnifiques pétales. Une petite araignée était venue se réfugier, la plante toute calme et l’araignée qui s’installait…. C’était un adorable tableau d’harmonie de la nature. Et en rêvassant sur cette image digne d’une belle toile, me vint une idée toute simple pour mon problème de déguisement, j’allais pouvoir marier mes coutumes et le dress-code obligatoire. Qui dit araignée, dit veuve noire, qui dit veuve noire, dit possibilité de récupérer un voile et une robe de mon pays natale utilisée lors de deuil.

⚘ ⚘ ○ • ○ ⚘ ⚘

Le jour J est arrivé. Les professeurs ont eu l’amabilité et la générosité de nous permettre de finir plus tôt pour avoir le temps de se préparer tranquillement. Une fois dans mon dortoir, j’attrape donc ma robe de veuve noire, préalablement teinte en noire. J’ai un grand voile que je ne laisse évidemment pas devant les yeux, ce serait bien trop compliqué durant la soirée. Pour rajouter un petit peu d’amour dans ce costume quelque peu lugubre, et à l’entière opposée de ma personnalité, j’avais précédemment récupéré des fleurs que j’avais dû couper, car leur décès était pour bientôt… Violettes très foncés, à la limite du noir lugubre du reste de la tenue. J’avais mis les défuntes un peu partout sur le long voile, rajoutant du relief sur ce dernier. Une fois prête. Je me dirige du côté de Luna qui a également fini de s’apprêter, et lui fait un grand sourire.

- On y va, Luna ?

Elle acquiesce, et toutes deux, on se dirige vers le lieu de rendez-vous. Durant le trajet bien accompagné par les adultes de l’école, je peux apercevoir qu’il y a vraiment de tout niveau costume, tout le monde à l’aire de prendre goût à cette coutume occidentale, c’est agréable de ressentir toute cette joie, tout le monde (ou presque) à l’aire d’être heureux d’être ici, et pouvoir participer à cette fête… C’est bien, je suis contente de voire tant de joies.

Une fois déposés à la salle, avec mon amie, on y attend devant Neville. À l’arrivé de ce dernier, on décide d’entrer après s’être fait valider la tenue pour chacun. Notre trio s’avance, et on observe un peu les alentours. Un peu, automatiquement, on se joint à la piste de danse, où la musique jouée étant tellement agréable, cela n’est guère difficile de se dépenser et de s’amuser. Au bout d’un certain moment, une petite faim ainsi qu’une petite soif se fait ressentir.

- Je reviens, je vais chercher de quoi manger et boire.

Je quitte donc le groupe de danseurs en folies, et me dirige vers une table avec de quoi grignoter et s’altérer. En me servant un verre d’une mixture orangeâtes, mais qui me semble très appétissante, un jeune garçon, semblant quelque peu plus âgé que moi, déguisé en une espèce de squelette majordome, me fait un grand sourire, et commence à vouloir dialoguer.

- Très charmante petite veuve noir.
- Je vous renvoi le compliment monsieur le majordome. Lui répondis-je avec un grand sourire.
- Je te remercie. Tu devrais tester ces bonbons, ils sont délicieux !

Il me tend alors quelque chose à manger, que j’attrape volontiers. Ma nouvelle connaissance me fait un grand sourire avant de disparaître dans la foule. Le présent est délicieux, vraiment agréable en bouche. Mais soudain je ne comprends pas pourquoi, je ne pense plus aux personnes avec qui je suis venu, et commence à ne songer qu’à ce mystérieux mais très aimable majordome…. Mon beau squelette… Et si j’avais enfin trouvé l’être qui m’est chère ? Mon âme sœur… Mon grand amour… Mon ange… Ma joie éternelle… Oui, le prince charmant parfait pour la sorte de princesse que je suis. Il me faut le retrouver à tout prix ! Maintenant que je l'ai trouvé, il est hors de question que je perde l’amour de ma vie ! Totalement hors de question !

Je commence donc à traverser la salle en long en large et en travers, mais rien… Je ne sais pas combien de temps cela dure en réalité, mais alors vraiment pas. Mais tout à coup, la pensée de mon prince s’évapore, et l’image de mes deux amis me revint à l’esprit…. Bon… Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais il faut que je retrouve mon petit duo.

Une fois arrivé, j’explique aux deux autres ce qu’il s’est passé, en précisant bien qu'il n’y a rien de grave ou d’important, qu’il vaut mieux continuer notre agréable soirée tous ensemble. Le reste de cette dernière se déroule donc très bien, on s’amuse, tout est très agréable. Je ressens la joie de tout le monde autour de moi, c’est si appréciable. J’ai l’impression de toucher du doigt cette félicité dont je rêve depuis tant d’années. L’amour, la joie, la vie quoi…. Mon petit cœur de rêveuse ne rêve que d’une chose, que cet instant dur éternellement.

⚘ ⚘ ○ • ○ ⚘ ⚘

Soudain, alors que la fête bat son plein, un son fort désagréable se fait entendre, accompagné d’une obscurité peu rassurante. Une fois, le retour de la lumière, tout le monde semble un peu confus, et personne ne comprend réellement ce qu’il se passe…. Pour ma part, je reste égale à moi-même, pensant qu’il s’agit sûrement soit d’une farce, soit d’une manière de nous faire comprendre que la soirée est terminée. Quoi que, même s’il se passait quelque chose, les professeurs seraient là pour arranger la situation. Donc je ne comprends pas pourquoi je vois certaines personnes commençaient à quelque peu paniquer… C’est dommage… Tout était si paisible et agréable… La plupart des gens semblaient heureux, pleins de vies, c’était une petite utopie…. Bon…

« Votre attention, s'il vous plaît ! Je vous prierai de ne pas vous inquiéter. Que les élèves se réunissent, nous allons rentrer au château, et laisser les personnes compétentes s'occuper de cet incident. Gardez votre calme. »

Ah… Bon… Bah, s’ils disent qu’il faut que l’on rentre au château, et bien nous allons rentrer au château, ce n’est pas bien grave, dommage, même très dommage, mais pas bien grave. Je regarde donc où se trouve Luna, la regarde avec un sourire et lui dis.

- Bon bah, c’était une bonne soirée, on suit ?

Elle m’acquiesce. On a beau regarder autour de nous, on n’aperçoit pas Neville cependant… Mais pas d’inquiétude, il a dû sûrement rejoindre les gens de sa maison et les amis de son âge. Après-tout, je ne me rappelle même pas vraiment s’il était avec nous juste avant le petit incident... Bop ce n’est pas grave, on se reverra à l’école.

C’est donc en compagnie de Luna, que je m’avance vers le point de regroupement, prête à quitter l’établissement. Je ne suis pas inquiète pour un sou, car après tout, comme dis, précédemment, les professeurs sont là pour nous protéger et surtout s’occuper de problèmes s’il y en a. Si l’on souhaite les aider, il faut leur obéir sagement. C’est le meilleur moyen pour ne gêner personne, mais également pour rester en sécurité. Bien que je doute que l’on soit dans un réel danger à ce moment précis. Enfin bref, on verra bien. Pour le moment, je garde mon sourire et mon optimiste à toute épreuve, et suis le groupe.

31 Octobre 1995
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Mar 30 Juin 2020 - 16:58
This is Halloween !
événement
Ce soir-là était l’un des rares moments de répit qu’Andrée s’accordait.

Elle n’était pas du genre à lésiner. Quiconque connaissait la jeune femme, un employeur ou un ami, pouvait l’affirmer. C’était peut-être pour cela qu’elle avait peu de proches qui gravitaient autour d’elle : elle était incapable d’entretenir ses relations. Parfois elle s’octroyait quelques heures de pause ; de quoi faire un peu de sport, s’informer des actualités ou aller aux cinéma - une activité qu’Elise, son amie française lorsqu’elle était plus jeune, lui avait fait découvrir par un après-midi de pluie. À l’époque, les valeurs qu’on lui inculquait n’étaient pas si fermées que ça.

En tout cas, elle était friande de cette invention moldue, même si son estime d’eux n’était pas bien haute. Elle devait admettre que certaines de leurs initiatives n’étaient pas mauvaises.

Ce soir-là donc, le 31 octobre 1995, faisait partie de ces nuits douces où elle se laissait aller aux activités qui lui plaisaient. Ses envies l’avaient jetée sur les routes de Pré-au-Lard. Le crépuscule passé, tout était plus calme et l’espace lui-même prenait une saveur différente. Elle aimait profiter des ondulations du vent et des ondoiements de l’herbe, seule et silencieuse.

Andrée avait arrêté son choix sur un restaurant qu’elle fréquentait parfois. Sans être trop cher, il était correct et les employés ne posaient jamais de questions. Et pour elle, c’était un critère essentiel : intellectuellement parlant, elle était bien plus productive dans les lieux publiques.

Combien de fois avait-elle travaillé sur les rapports de la boutique pour Patterson attablée devant une tarte à la citrouille ? Combien de fois était-elle sortie prendre un café au Chaudron Baveur ou à la Tête de Sanglier en emportant ses notes pour la conception d’une nouvelle potion ? Combien de fois avait-elle rédigé des textes à destination de ses employeurs assise en tailleur sur le banc d’un square écossais ?

Son dîner s’était articulé autour d’une soupe de poisson, d’une plâtrée de pâtes aux courges et aux pignons de pins et d’un fabuleux framboisier aux ornementations élaborées - la pièce du chef, paraissait-il. Un délice. Elle s’était même autorisée plusieurs coupes de vin blanc qu’elle avait accompagnées de cigarettes ; un fameux mélange selon elle. Un de ses plus grands plaisirs - aussi triste cela fût-il.

Même les échos de violon qui provenaient des Trois Balais ne la gênaient pas. Même s’il n’était pas tout proche, l’établissement n’était pas suffisamment éloigné pour que tous relents de musique soient totalement étouffés. Elle avait ouï dire qu’une fête en l’honneur des morts était donnée au bar. Elle n’avait pas voulu s’y rendre, soit trop solitaire pour se mêler aux autres dans de telles circonstances, soit trop snob pour s’abaisser à boire du jus de citrouille et du Whisky bas de gamme - à condition que le Whisky eut été prévu, évidemment.

La provenance de la majorité des fêtards, des élèves de Poudlard, devait aussi y être pour quelque chose. Elle n’avait aucune envie de supporter les jérémiades de gamins trop immatures pour penser à autre chose qu’à leurs résultats aux BUSEs.

— Cinq Gallions et trois Mornilles, dit la serveuse en lui tendant un troisième verre de vin.

Toute droite dans son uniforme trop strict, la femme lui faisait un peu pitié - enfermée dans un carcan qui ne lui convenait pas ou s’épanouissant dans une vie qu’elle croyait idéale.

Andrée lui tendit la monnaie, accompagnée d’un conséquent pourboire. Les affaires allaient bien ces jours-ci et elle n’avait jamais été avare. Et puis les vapeurs d’alcool lui montaient doucement à la tête.

— Puis-je emporter mon verre ?, demanda Andrée avec toute la courtoisie dont elle disposait.

La serveuse l’évalua du regard, finit par acquiescer. Ses lèvres pincées et ses joues fardées lui donnaient envie de la frapper.

Elle étouffait sans savoir si c’était dû à l’odeur de tabac froid qui l’entourait ou à son repas qui passait mal.

— Vous n’aurez qu’à nous le renvoyer quand vous n’en aurez plus besoin. Bonne soirée.

Seul un hochement de tête répondit à l’employée ; Andrée n’avait jamais été très bavarde.

En sortant du restaurant, deux choix s’imposèrent : rentrer dans son appartement, situé juste à côté de la Boutique - mais la perspective de finir la soirée enfermée n’était pas si attirante que ça - ; ou continuer sa promenade au travers des maisons de Pré-au-Lard et aviser lorsqu’une occupation se présenterait à elle.

Elle choisit la seconde option, naturellement.

Très bizarrement - la bizarrerie faisait partie d’Andrée -, même si les pulsations provenant des Trois Balais la rebutaient, ce fut dans cette direction que ses pas la conduisirent. Peut-être que malgré tout la solitude lui pesait un peu, ce soir-là. Peut-être que les trois clients qui avaient passé le palier de son magasin dans la journée n’avaient pas suffi à son besoin de contacts humains, même s’il n’était pas très important.

Elle ne comptait pas se mêler à la foule, loin de là ; seulement les observer. De tout temps, et en jours de fête tout spécialement, le comportement d’autrui était intéressant à observer.

Une fois n’était pas coutume, le bâtiment était décoré de tout un tas de bibelots magiques. L’ambiance horrifique n’était pas trop mal retranscrite même si Andrée la trouvait un peu kitsch. De son temps, les soirées à Pré-au-Lard étaient rares ; elle se demandait par quel miracle les professeurs avaient accepté celle-ci. Surtout au regard des événements de l’année précédentes.

Peut-être que la volonté du Ministère, son déni, au travers les actes d’Ombrage, avaient même pris le pas sur la prudence. Ou peut-être que le personnel de Poudlard se révélait particulièrement laxiste - ça n’avait rien d’étonnant.

Soudain, la voix de MacGonagall retentit, très reconnaissable malgré les années. Elle était déformée par les murs du pub et le brouhaha des étudiants en fête - quoique celui-ci s’atténua au moment même où le premier mot fut prononcé -, mais les souvenirs n’étaient pas déformés, eux. Andrée avait honni la Métamorphose et la Métamorphose l’avait honnie.

— Votre attention, s'il vous plaît !, disait-elle. Je vous prierai de ne pas vous inquiéter. Que les élèves se réunissent, nous allons rentrer au château, et laisser les personnes compétentes s'occuper de cet incident. Gardez votre calme.

Quelle ironie.

Au travers des fenêtres fumées, Andrée perçut l’agitation. Petit à petit, chacun prenait conscience de la déclaration : il fallait partir. Pour quelle raison, personne n’en savait rien, mais il était d’usage d’obéir à ce genre d’injonction. Certainement pas l’heure du couvre-feu, en tout cas, vu les mots que la Sous-Directrice avait employés.

Du coin de l’œil, Andrée capta l'image de plusieurs élèves sortir en douce par des issues clandestines. Au même moment, les expressions concentrées des adultes qui sortaient - Serger, Kayser, reconnut-elle dans l’obscurité - lui indiquèrent que la situation était peut-être un peu plus grave que ce qu’on avait laissé entendre.

Voilà pourquoi Poudlard et tout ce qui s’y rapportait lui laissait un goût doux-amer : même si l’école représentait plus ou moins le début de la liberté pour la plupart de ses élèves, c’était aussi un nid à problème. Pas moyen de passer une année calme sans catastrophe.

Elle jaugea la situation rapidement avant de se décider. Hors de question de se faire embarquer là-dedans. Elle n’avait pas pris sa soirée pour jouer les justiciers masqués - et ce n’était franchement pas son genre. Car il s’agissait de cela, c’était évident : l’attitude méfiante des adultes qui s’agitaient devant la porte, ces enfants qui se précipitaient au devant d’un danger dont ils n’avaient pas idée, les élèves qui, s’ils ne sortaient pas, se rassemblaient comme un troupeau de moutons - et d’ailleurs, n’était-ce pas le meilleur moyen de causer un massacre ?

Le regard d’Andrée accrocha celui de Serger. Une pointe de culpabilité lui vrilla le ventre.

Impossible à présent de tourner le dos, d’ignorer consciemment les événements, de repartir à pas mesurés les mains dans les poches. Peut-être que cette alerte était plus importante qu’elle ne l’envisageait ; peut-être qu’elle aussi devait se mêler à l’enquête.

Elle pensa à son lit, ses livres, son chaudron. Aucune envie de risquer sa vie ce soir-là, se lamenta son cœur. Aucune envie de réfléchir davantage que voulu.

Et pourtant…

Si Andrée n’était pas la jeune femme la plus avenante de Grande-Bretagne, elle avait tout de même, un peu, un minimum, le sens des responsabilités. Suffisamment en tous cas pour que ses jambes l’amènent toute seule devant la porte des Trois Balais. À l’intérieur, le bourdonnement des conversations agitées contrastaient trop fortement avec le calme qui régnait dehors. Toute musique avait déserté.

— J’ai entendu du bruit par ici, entama Andrée en guise de salut. Vous dérangez l’harmonie naturelle.

Elle avait adopté sa meilleure voix traînante, celle qu’elle réservait aux situations qu’elle n’aimait pas et qu’elle n’avait aucune envie de vivre. Condescendante et juste assez ironique pour qu’on ne sache si elle devait être prise au sérieux.

— Quelqu’un peut me dire ce qu’il se passe ?

Code by Ariel


HJ :
Andrée de Kerimel
Modo poker face
Andrée de Kerimel
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Mar 30 Juin 2020 - 23:26
This is Halloween !Trick or treat till the neighbors gonna die of fright,
It's our town, everybody scream,
In this town of Halloween !

Ce soir-là, la scène improvisée du pub s'était faite fouler par plusieurs artistes. Entre quelques morceaux d'Elia Rosebury et sa troupe, des élèves de Poudlard s'étaient invités sur l’estrade pour faire partager leur talent.

Elia avait tout savourer. Elle avait savouré l'intensité et la complicité du duo de détraqueurs et la façon dont elles avaient revisité l'une de ses compositions. Elle avait savouré la profondeur et la douceur d'un pianiste démoniaque offrant de mélodieuses envolées à la voix de la divinité des enfers. Elle avait savouré les mouvements enthousiastes d'une foule aux mille facettes ayant dansé tout le long de la soirée. Et surtout, elle avait savouré le fait de manier son archer, de jouer avec la passion d'une violoniste déchaînée, d'une danseuse inépuisable et d'une métamorphomage pétillante. Cordes, chorégraphies et couleurs. Ses quatre « C ». Ceux d'une artiste qui, par sa singularité, avait vu s'ouvrir les portes de la célébrité. Et ce concert-ci, dans sa simplicité et sa modestie, avait été pour elle une bulle d'oxygène dans son quotidien effréné.

Jusqu'au noir. La détonation avait coupé court à tout autre son, ôtant brutalement les notes aux musiciens sur scène. Elia n'avait pas bougé. L'obscurité soudaine avait-elle été au programme de cette soirée de Halloween ? Aurait-elle dû se remettre à jouer ? Faire vibrer les cordes de son violon sous les accents d'une mélodie dramatique pour appuyer l'angoisse de l'instant ? Elia n'avait pas bougé. Si ça avait été une farce, personne ne l'en avait prévenu. Et plus le noir s'était épaissi dans le temps, plus cela l'avait agacé.

Elle n'aimait pas les imprévus. Pas lorsqu'elle était sur scène. Pas lorsqu'on la coupait en plein morceau.

Et lorsque son ancienne professeur de métamorphose prit la parole, la jeune Rosebury se mit à détester davantage encore cet imprévu. La soirée, d'un coup, sans prévenir, touchait à sa fin. Plus de musique, plus de danseurs. L'obscurité avait disparu mais une part de son néant était restée dans les lieux. Les cheveux hirsutes de la métamorphomage s'était redressés sur sa tête sans qu'elle ne s'en aperçût tout à fait. Non plus d'agacement, mais d'inquiétude, à présent. Du haut de son estrade, elle assistait mieux que personne au désordre général, contemplatrice d'une panique mouvante.

Madame Rosemerta lui fit signe du coin de l'estrade. Elle s'approcha, entourée de sa troupe de musiciens. La tenancière du bar leur demanda de faire un tour des lieux pour s'assurer qu'aucun sorcier ne traînât encore dans un recoin de la bâtisse. Les portes du pub allaient fermer, ils devaient tous partir. La violoniste hocha la tête et se dirigea en premier lieu vers les toilettes de la gent féminine. Quelques monstruosités retouchaient leur maquillage devant le miroir, aveugles à l'affolement que la pénombre avait provoqué.

- Il va falloir partir, mesdames, annonça la Rosebury. Il y a eu un incident, la fête s'achève donc ici. Tout le monde est prié de quitter les Trois Balais.

La célébrité sorcière remarqua l'hésitation d'une d'entre elles lorsqu'elle croisa son regard. Elle comprit aussitôt pourquoi. Mais ce n'était pas le moment, alors ses traits se durcirent légèrement.

- Rapidement, ajouta-t-elle pour couper court à toute tentative de demande d'autographe.

Elle attendit que les trois sorcières présentes quittassent les toilettes pour ensuite vérifier chaque cabinet et sortir à son tour. De retour dans la salle principale, elle inspecta les lieux d'un regard circulaire. La salle s'était déjà bien vidée. Ses yeux d'acromentule finirent leur chemin sur la porte à côté de l'estrade. La réserve. Ses pas en prirent la direction.

En chemin, elle croisa le regard vaguement agacé de Madame Rosemerta à l'approche d'une sorcière non costumée - sans doute venait-elle juste de s'immiscer dans le bar en remarquant l'agitation des lieux.

- Quelqu’un peut me dire ce qu’il se passe ? demanda la nouvelle venue.

- Il se passe qu'un gosse a disparu et que ce n'est plus le moment de traîner ici. Rentrez chez vous ou proposez votre aide pour les recherches, répondit sèchement la tenancière du bar avant de repartir dans un vent d'empressement.

Les quelques élèves présents autour avaient alors ouvert de grands yeux effrayés. Les rumeurs enflèrent deux fois plus vite au sein de la foule s'évaporant vers la sortie. Elia continua sa traversée de la salle.

Quand elle s’immisça dans la réserve, un courant d'air humide embrassa son visage. Après avoir connu la chaleur ambiante de la salle principale tout le long de la soirée, la sensation en fut d'autant plus agréable. Ce ne fut qu'après l'avoir savouré une courte seconde qu'elle s'approcha de la fenêtre pour la fermer. Visiblement, certains invités avaient traîné par là et ne s'étaient pas gêner pour subtiliser de l'alcool dans la réserve. La bouteille de Vodka abandonnée en était la preuve ultime. Elia soupira en fronçant les sourcils. Mais, au moment où sa main se posa sur la poignée de la fenêtre, un cri provenant de la ruelle lui glaça le sang.

- Un dé-dé-dé-traqueur ! Fuyez !

Dans un élan de panique, la violoniste claqua la fenêtre, abaissa sa poignée, puis se recula de quelques pas affolés. Elle n'avait pas cherché à se pencher en avant pour observer la rue en contrebas. Elle n'avait pas cherché à vérifier l'alerte qu'elle venait d'entendre. Elia ne savait pas lancer de patronus. Et sa panique prenait racine en ce simple fait.

Et cet instant se rajouta à tous les autres où elle se mettait à songer qu'elle aurait peut-être dû continuer sa scolarité jusqu'au bout. Qu'elle n'aurait pas dû se contenter d'acquérir ses BUSEs pour céder à l'appel du succès. Un regret bref, qui ne voyageait jamais plus d'un instant dans son esprit. Elle avait fait le bon choix, elle avait saisi sa chance au moment où celle-ci s'était manifestée. Voilà ce que ses producteurs lui avaient maintes fois répété. Et toute conviction naissait de la répétition.

Son impuissance face à une menace invisible la poussa tout de même à sortir sa baguette pour enchanter la fenêtre d'un sort de verrouillage. Ensuite, elle quitta la réserve et retrouva Madame Rosemerta. La peau de la métamorphomage était d'un pâle affligeant lorsqu'elle lui adressa ces mots :

- Il... il y a un détraqueur dans les rues.

La tenancière du pub passa un bras autour de ses épaules et la conduisit jusqu'à une chaise pour qu'elle s'y assît.

- Ce n'est malheureusement pas la seule bestiole qui traîne dehors, si tu veux mon avis. Tu n'as pas entendu le message de l'Auror ?

La violoniste fit non de la tête.

- Le transplanage n'est plus possible, il faut rester enfermer à l'intérieur pour l'instant. Toi et les garçons vous resterez ici jusqu'à ce que le problème soit réglé. J'ai déjà celé une partie des accès, les garçons sont en train de s'occuper du reste.

Elia acquiesça. Puis, d'un signe de tête vers la porte d'entrée, elle demanda :

- Pour le détraqueur... Ne faudrait-il pas prévenir ceux qui... ?

- Ça ne sert à rien, ma belle, fit doucement l'aîné. Il n'y a plus personne dans la rue principale. Les ruelles de Pré-Au-Lard les ont tous englouties.

Madame Rosemerta porta son regard sur les vitres lacérées par la pluie.

- Mais ayons confiance.

__________________________

Hors-RP

Merci à tous pour vos participations enthousiastes à ces deux premières parties de l'évent. On espère que vous vous êtes régalés à écrire autant qu'on s'est régalé à vous lire !

Voici les points rapportés aux différentes maisons grâce à chacun d'entre vous (à savoir 4 points par post) :

Gryffondor : 16 points(Eileen) + 12 points(Elyana) + 8 points (Jules) = 36 points.
Poufsouffle : 8 points(Azalée) + 8 points(Joris) + 4 points(Neïa) + 8 points(Delyla) + 12 points(MJ) = 40 points.
Serdaigle : 12 points(Merlin) + 8 points(Ariel) + 4 points(Sessho) + 12 points(Elvý) = 36 points.
Serpentard : 12 points(Aria) + 8 points(Johann) + 8 points(Lévine) + 4 points(Andrée) = 32 points.

[Les points rapportés par les adultes ayant fait leur scolarité ailleurs qu'à Poudlard et n'ayant donc pas d'anciennes maisons (à savoir, Delyla et Elvý) ont été répartis selon le choix des joueurs concernés. Idem pour les points du Maître du Jeu.]

À présent, rendez-vous à la partie 3 pour ceux qui poursuivent l'aventure !
Groupe Poudlard
Groupe élèves
Groupe adultes



Puisse le sort vous être favorable pour la suite des évènements,
Le Maître du Jeu.
:copyright:️ 2981 12289 0
Le Choixpeau Magique
Maître du Jeu
Le Choixpeau Magique
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