Les aiglons de sixième année et le loup du soleil levant. [3/3]

Le frère. Sessho, c'est l'eau. Sessho, c'est la tranquillité d'un lac. Il est le soutien dont il a besoin. Sessho, c'est une présence silencieuse. Ce sont les notes d'un piano qui l'aident à s'exprimer. Un ami, plus profond qu'il ne l'avoue. Un conseiller. Un guide spirituel, qui, par de simples mots, remet en question ses pensées trop fermées. C'est la sagesse d'un philosophe. La caresse d'une main dans son dos, quand les angoisses sont trop fortes. C'est une oreille attentive, la chaleur d'un sourire. La patience d'un ange qui l'encourage à s'apaiser. Sessho, c'est cette envie de rêver, de continuer à le faire, et de les partager. C'est la tolérance d'un non-jugement, qu'il n'aurait pas pu assumer. C'est un tout. Un ami. Un frère. Un voisin. Un repère.

Le miroir. Hiverna et lui sont semblables. Des papillons à la recherche d'une lumière, qu'ils ont finis par trouver. Deux jeunes égarés berçaient d'hésitations et d'incertitudes. Ils se comprennent sans avoir besoin de se parler. Un regard suffit. Elle est comme le vent. Éphémère. Tranchant. Glaciale. Ou étouffant. Elle attise les flammes de ses angoisses en y ajoutant les siennes, mais parvient à s'équilibrer par les paroles saines d'un phare qu'ils partagent. Elle lui fait peur. Elle le ramène à ses inquiétudes, à ses souffrances. Mais Hiverna, c'est une amie dont il a besoin. Ils volent à deux, gravitent autour d'un espoir commun. Elle doit s'en sortir, quitter cette adolescence qui la ronge. Elle est cette autre partie d'âme qu'il a scindé trop tôt. C'est sa jumelle. Son miroir parfait.

L'amie prestigieuse. Merlin, elle a du succès. Merlin, elle est intelligente. Merlin, elle a un nom qui plaît aux oreilles de sa famille, et qui fait naître de bonnes ondes dans ses rapports avec son père. Être ami avec une Shafiq est un signe de prestige, de qualité. C'est par intérêt qu'il l'a approché. Qu'il l'a connu. Il voulait entrer dans son cercle proche, pour prétendre être digne des espoirs de Monsieur Victorio. Pour faire jaillir un peu de fierté dans ses yeux. Il s'est perdu dans son jeu de pouvoir, au point de ne pouvoir contenir une sincère admiration pour ses déductions brillantes et son ouverture d'esprit qui gagne souvent sur ses préjugés lors de leurs débats. Et si elle ne papillonne pas dans les relations qu'elle mérite, le jeune homme étant trop ancré dans le racisme inter-maison, elle parvient à piquer son intérêt par son simple sourire. Ce n'est plus parce qu'il le doit qu'il échange avec elle sur ses passions, mais bien parce qu'il le veut.

L'inconscience détestable. Eileen, c'est une Gryffondor et ce simple fait a défini leur relation. Une antipathie réciproque. Pour Cal, les rouges et or ne sont que des idiots se prétendant courageux, pour mieux cacher leur inconscience rebelle. Et malheureusement pour elle, son comportement tape à l’œil et ses élans publics plus récemment, n'ont pas réussi à lui faire revoir sa position. Il ne l'aime pas. Il refuse de lui accorder l'attention qu'elle demande éperdument, en lui renvoyant une totale indifférence, s'il ne l'a gratifie par de son plus gracieux levé de menton dédaigneux. Savoir qu'elle fait partie des amis de son plus proche camarade, le rend nerveux. Elle lui attirera forcément des ennuis. Et étant l'organisatrice principale d'une soirée qui s'est achevé en cauchemar pour Sessho, à nouveau, elle se place en tête de file sur sa liste noire. En plus d'être une idiote suicidaire, elle est à présent une dangereuse élève qui a la folie des grandeurs. De pire en pire.

Le Un. Hiverna fait tout par trois. Elle n'a que trois grands amis. Trois confidents. Et de tous, Sessho est le un. Le premier de sa série et peut-être un peu dans son cœur. Il est celui qui ne l'a pas jugé dès leur rencontre, qui l'a encouragé à ne pas pleurer, à garder la face, qui l'a calmé dans ses ardeurs d'oublier dans une mer d'opiacés. Sessho, c'est la raison, là où la sienne défaille. Sessho, c'est l'équilibre, où le sien fluctue de ses redescentes. Il a toujours été là. Fier, droit, fort. Si fort qu'elle le pensait jusqu'à il y a peu, totalement invincible. Jusqu'à une soirée dont elle se souvient à peine. Elle se rappelle du ciel étoilé, de la musique et des étincelles dans les airs. Elle se rappelle du bras de Cal autour de ses épaules et des beaux halos faisant vibrer le bout de sa baguette. Et plus rien. Jusqu'au lendemain. Et la semaine suivante. Elle voit son Un s'éloigner. Elle voit son Un qui fuit ses questions de son beau sourire. Alors, pour son Un, elle doit être forte à son tour. Elle se l'est jurée pour le mois à venir.

Le Deux. Hiverna fait tout par trois. Elle n'a que trois grands amis. Trois confidents. Cal, c'est le Deux. Le nombre pair. Celui sur lequel elle aimerait rapidement passer, mais qui est son indispensable. Son juste milieu. Le trait d'union dans son quotidien. Cal, c'est le conflit. Le constant jeu de la colère sur son indifférence. Cal, c'est l'incompréhension, un véritable dialogue de sourd. Ce sont des discussions jamais vraiment tranquilles, jamais tout à fait paisibles. Mais Cal, c'est son Deux. Le miroir de ce qu'elle fuit, de ce qu'elle craint. L'opposé dans les gestes, dans les mots, dans les pensées, mais le semblable dans les névroses, dans l'angoisse, dans l'insomnie d'une terreur nocturne. Elle le comprend, autant qu'il lui est imperméable. Elle sait, autant qu'elle refuse de croire. Elle croit rêver sa protection, sa main tendue de mauvaise grâce. Cette nuit-là, elle n'a pas espéré son dôme l'éloignant de la violence et des cris. Il était là. Et aujourd'hui, elle voit le deux être ce qu'il est. Un nombre pair si identique à toute une rangée. Un mouton qui rentre dans une bergerie démoniaque. Et au fond, elle craint que ces ressemblances qu'elle a perçues, ne la condamnent sur le même chemin.

Le Trois. Hiverna fait tout par trois. Elle n'a que trois grands amis. Trois confidents. Merlin, elle ferme la marche de sa routine. Merlin, elle est le Trois. Le dernier impair qui compte. Merlin, elle est la seule fille qu'elle tolère, qu'elle ne jalouse pas. Elle ne lui envie pas son air lunaire. Elle ne lui veut pas sa candeur. Elle ne désire pas lui voler l'attention dont elle dispose. Ni son nom. Ni sa renommée. Ni ses amis. Elle est cette exception qu'elle accepte dans son cercle, dans son environnement où la féminité l'angoisse, autant qu'elle cherche à en disposer corps et âme. Pourtant, Merlin, elle respire l'élégance, la noblesse, la beauté éblouissante. Mais au lieu de la repousser, de la détester de cueillir ce qui lui échappe, elle l'admire. Elle la courtise en l'entourant de sa plus sincère amitié et de son indéfectible envie de lui faire découvrir son monde, tout en espérant secrètement qu'elle n'en partage que le bon et fuit les vices à toutes jambes. Merlin, elle a des qualités qu'elle respecte et une force de caractère dont elle s'inspire pour essayer de rebondir. C'est son Trois. Inévitable et indispensable.

Le Quatre. Hiverna fait tout par trois. Elle n'a que trois grands amis. Trois confidents. Et pourtant, il existe un Quatre. Celui qui n'aurait jamais dû être. Qui n'aurait pas dû exister dans sa routine. Un chiffre pair qui représente tout ce qu'elle réfute et repousse, tout en ne pouvant résister à son attraction. À ce quelque chose de magnétique qui la captive et qui la rend furieuse. Nathaniel est ce quatre. Un mélange d'admiration craintive, mêlée à une envie de l'enserrer pour l'enfermer. Pour le garder en éphémère, en pique de dérive, et non l'imprimer dans ce quotidien si fluctuant, si incertain, qui ne pourrait plus exister le lendemain. Elle essaie de lui résister, de dire non à ce désir toxique qui lui brûle les doigts. Mais elle dépourvue de volonté devant son regard perçant. Et ses belles promesses de dernières fois volent en éclat jusqu'au matin dans ses draps, dans ses bras, dans l'idéal d'un effervescent sous la langue qui l'emmène au pays des merveilles. Au réveil, elle fuit ses écailles et son ambition. Elle court se blottir dans le confort rassurant de ses amitiés saines et protectrices. Jusqu'à une nouvelle impasse. Jusqu'à ce que son reflet lui soit si insupportable que seules sa peau et sa bouche ne peuvent rendre tolérable. Jusqu'à ce que le Quatre soit une échappatoire après les trois grands de son cœur.

"But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful. Nor again is there anyone who loves or pursues or desires to obtain pain of itself, because it is pain, but because occasionally circumstances occur in which toil and pain can procure him some great pleasure. To take a trivial example, which of us ever undertakes laborious physical exercise, except to obtain some advantage from it? But who has any right to find fault with a man who chooses to enjoy a pleasure that has no annoying consequences, or one who avoids a pain that produces no resultant pleasure?"

"But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful. Nor again is there anyone who loves or pursues or desires to obtain pain of itself, because it is pain, but because occasionally circumstances occur in which toil and pain can procure him some great pleasure. To take a trivial example, which of us ever undertakes laborious physical exercise, except to obtain some advantage from it? But who has any right to find fault with a man who chooses to enjoy a pleasure that has no annoying consequences, or one who avoids a pain that produces no resultant pleasure?"