[Terminé] Cébren Gallagher

Cébren Gallagher

Revelio d'un Potterhead

Ton personnage

Qui es-tu ?

Un gars à la moralité chancelante, comme en témoigne son béret en permanence posé de travers. Un gars qui semble s'être donné pour objectif de vie de décevoir son entourage, mais pas n'importe comment ! De la plus égoïste et spectaculaire des façons. Un gars intelligent à la magie redoutable, un espoir pour ses professeurs transformé en l'une de leur pire désillusion. Ouais, un gars qui ne s'attache à rien ni personne hormis à sa chienne parce qu'elle au moins ne peut pas lui dire quoi faire, pas vrai ? Un gars qui flirte avec les pires vicelards de cette terre et fuit ou dégaine la lumière verte quand ça devient trop chaud pour ses fesses. Un gars qui ne sait pas choisir entre fromage et dessert ; un gars qui hésite entre la fascinante magie noire des mangemorts et la sauvegarde de ce qui lui est le plus précieux, la liberté. Un gars qui a plus d'un vice à son actif et qui sera le premier à subir le bécot des détraqueurs. Le comble pour un gars qui aime promener ses lèvres dans le cou d'un homme ou d'une femme trop naïf pour croire un gars comme lui. Un gars malin, mais qui pourrait tomber dans son propre piège. Les jeux, les tours, les paris, autant de travers qui lui font perdre de l'argent, à défaut de, pour l'instant, lui faire perdre la vie. Un gars toujours la clope au bec et à cracher par terre, un gars qui semble avoir été éduqué dans l'Allée des Embrumes. Un gars à la démarche sûre comme si la terre lui appartenait, au sourire moqueur comme si le monde était son jouet. Un gars au teint pâle qui le ferait presque ressembler à un Malfoy caché s'il n'y avait pas ses fringues troués pour le trahir. Un gars à l'humour douteux qui aurait embrassé les forces du mal s'il ne tenait pas tant à son nez. Un gars qui doit néanmoins raser les murs et pas trop l'ouvrir s'il ne veut pas finir à Azkaban ; un crève-cœur pour ce gars fantasque épris de bruits et de couleurs. Un gars qui trotte plus vite que son ombre, perpétuellement à courir après dieu sait quoi, à fuir dieu sait qui. Un gars qui a gardé son âme d'enfant et qui aime ces derniers même si l'idée d'en avoir à lui le rebute complètement. Un gars qui fait partie de ceux qui ne doivent pas se reproduire, pour le bien de leur progéniture et de la société toute entière. Un gars pour qui une dissection psychologique n'est pas nécessaire, il n'a pas de Moi Profond fracassé par un traumatisme enfoui, n'en déplaise aux doc's de Sainte-Mangouste. Un gars qui a mille et une histoires à raconter malgré son jeune âge et qui ne compte pas s'arrêter de vivre avant d'avoir vécu la millionième. Au moins.

Il était une fois...

L’orphelinat Legrand avait ceci de particulier qu’il n’accueillait dans ses murs de bois noueux que des enfants sorciers. Pas d’honorable vieil homme à la longue barbe blanche qui se présentait le jour de vos onze ans pour vous annoncer que vous étiez extraordinaire, donc. Encore moins de semi-géant qui défonçait la grande porte au métal grinçant afin de vous sauver d’une vie de misère. Tout le monde ici était exceptionnel. Autrement dit, personne ne l’était.

La longue crinière brune de Louise Legrand faisait ressortir la pâleur de sa peau. On pouvait suivre le tracé de ses veines bleuâtres sur ses poignets et ses courbes serpentines accentuaient l’étroitesse de sa taille. Ses yeux verts étaient plongés dans les iris noisettes. Elle pinça les jeunes joues de l’enfant.

- Voilà, ma chérie, minauda-t-elle. C’est comme si tu avais mis du blush, n’est-ce pas ? La française avait l’habitude d’appeler ses petits par des sobriquets issus de sa langue natale.

La fillette opina vigoureusement du chef et détala, poupée en main et flux sanguin figé pour un temps à ses pommettes rebondies.

- Louise !

Le plus âgé de ses rejetons, un solide gaillard âgé de seize ans et taillé comme un bœuf, l'avait apostrophée. Il l'avait rejointe en quelques longues enjambées et se dandinait à présent d'un pied sur l'autre, mal à l'aise à l'idée de réveiller la colère de Louise. Il finit par cracher le morceau devant son regard insistant.

- C'est Gallagher ! Il a recommencé !


Cébren Gallagher. On l'avait ramassé dans la rue comme on trouve une Mornille : il n'avait pas la plus grande des valeurs mais pouvait toujours servir. L'enfant n'avait à ce moment là pas plus de six ou sept ans et quand on lui avait demandé où étaient ses parents, il avait répondu que le soleil était son père, la lune sa mère et les étoiles ses frères et ses sœurs. Il s'avérait que ses géniteurs étaient toujours de ce monde mais qu'ils l'avaient catapulté dans la rue en le priant bien de ne plus remettre le nez dans leurs bras. Cébren, c'était un gamin qui avait du panache aux yeux de ses congénères. Il était vêtu d'une chemise blanche d'homme trois fois trop grande pour lui et avait au coin du bec une cigarette. Il mentait un peu, volait beaucoup, toujours avec le sourire aux lèvres malgré des traits émaciés et un jeune corps hâve. Madame Legrand avait eu un sourire paterne, lui avait caressé la tête comme on l'aurait fait à un chiot adorable mais un peu agaçant. Oui elle allait s'occuper de ce pauvre petit monsieur qui n'allait pas faire d'histoire, n'est-ce pas ?

Mais Cébren, c'était aussi un gamin qui crevait de vivre. A l'intransigeance de l'orphelinat, il préférait la rue et ses mille dangers. Aux draps en papier, il préférait la dureté du bitume. Ses fugues successives précédaient ses conneries, comme un rossignol qui s'abîme les ailes à force de les cogner contre les barreaux de sa cage. La dernière en date dont parlait l'adolescent était le sabotage de la plomberie. Les enfants pataugeaient dans des flaques d'eau de la cave au grenier. A l'aube de ses onze ans, Cébren s'était une fois de plus retrouvé à genoux les mains sur la tête en regardant les autres enfants manger leur repas. Toujours, il avait ce sourire aux lèvres malgré ses rotules douloureuses et son estomac qui criait famine. Les yeux verts de madame Legrand roulèrent dans leurs orbites. Bientôt ce petit con irait à Poudlard et les problèmes qu'il provoquait avec lui.  


Toutefois à l'école de sorcellerie, le chiot ne rongea pas la laisse. Le rossignol ne sortit pas de la cage. Le gamin des rues se montra poli, distingué et bon élève. Lui qui savait à peine lire lors de son arrivée à l'orphelinat attirait l'admiration du corps enseignant par ses sorts progressivement très bien exécutés. Il rejoignit l'équipe de Quidditch durant sa troisième année et certains professeurs ne manquèrent pas de lui garantir le post de préfet lorsqu'il aurait atteint l'an requis. Pourtant, un autre fut nommé à sa place. Sans doute que le directeur avait vu dans son sourire en coin, dans l'étincelle ardente de ses yeux, la ponctuation d'une future existence néfaste. Mais Cébren n'avait que faire d'être le larbin à l'insigne lustré des professeurs. Il était la fumée des cigarettes, une silhouette éthérique sans véritable corps. Il était les aigrettes d'un dandelion qui s'envolaient au souffle d'un enfant. Il était tout ça à la fois.  


- Si tu-sais-qui est de retour, tu crois que ça changera quelque chose pour nous, Céb'?!

Le pied d'Ernie pianotait sur le plancher délabré du pub dans un tic incontrôlable tandis qu'il regardait une jeune femme en se léchant le coin de la bouche. Il enleva ses lunettes à forte correction et les essuya d'une main tremblante avant de les remettre sur son nez. Cébren haussa les épaules et le regarda.

- Qu'est-ce que tu veux que ça change pour nous ?
- Ben...j'sais pas ! J'me dis, imagine tu-sais-qui prend le pouvoir, peut-être qu'on n'aura plus à faire nos trucs dans notre coin ! C'est pas lui qui va nous donner des leçons de morale ! On sera libre ! T'as pas envie d'être libre toi ?
- J'suis pas convaincu que tu-sais-qui et liberté riment, mon pote, répondit Cébren. Il bu une nouvelle gorgée du whisky pur feu qui se trouvait dans son verre. Parfois, Ernest sortait des conneries plus grosses que lui - ce qui n'était pas difficile vu son corps malingre - et ça le fatiguait. Paradoxalement, il ne pouvait rêver meilleur informateur, meilleur type au courant des derniers tuyaux.
- On pourrait faire tout c'qu'on veut...tout c'qu'on veut...répètait Ernest en fixant la femme.

Un sourire amusé se dessina sur les lèvres de Cébren qui vida son verre cul-sec avant de se lever, jetant d'une pichenette une pièce d'or sur le bois vieilli. Avec le retour du Seigneur des Ténèbres, les demandes d'objets magiques protecteurs explosaient. Cébren les vendait au rabais en jouant sur la peur des gens qui croyaient Dumbledore.  Il ne savait pas encore s'il considérait ce retour comme une bonne nouvelle. Ou une mauvaise nouvelle. En tout cas pour l'instant ça profitait bien à son business. Et c'était le principal.

Il laissa Ern' prendre un peu de bon temps et monta les escaliers grinçants qui menaient à sa chambre. Il écrase sa cigarette dans le cendrier et la remplaça par une allumette à mâchonner. Dehors c'était la tempête. Les feuilles mortes et les tracts abandonnés s'envolaient, la pluie cognait aux carreaux. Cébren sortit de sa poche un morceau de papier noirci rapidement. Le soin des choses n'avait jamais fait parti de ses qualités. Allumette au bec, il fronça les sourcils en parcourant la liste de ses clients, amusé de trouver certains noms connus. Cébren savait qu'il risquait encore et toujours de s'attirer des ennuis mais à force il trouvait un certain charme aux emmerdes. Car après tout, il aimait vivre comme il faisait l'amour à ses conquêtes ; impétueusement. Qu'importe s'il finissait par se faire larguer par la Vie ? Il embrasserait la Mort du plus passionné de ses baisers.