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[01/11/1995] Blood and Howl ▬ feat Elvý Njállsdóttir.

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Sam 17 Oct 2020 - 20:38
♛ Blood and Howl ♚
Tu l’entends ? Bien sûr que tu l’entends. Le murmure, le murmure assourdissant et permanent. Il a envahit la ville et les esprits, il arpente les rues en hurlant. [...] Le murmure assourdissant et permanent qui te fait croire qu’y a pas de rédemption, pas de pardon, pas de rachat, pas de rémission. Et tu l’acceptes, tu le laisses rentrer. [Blizzard ~ FAUVE]

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Mercredi 1 Novembre 1995,

Parfois, Johann se maudissait. Particulièrement, quand il n'écoutait pas ses conseillers et qu'il finissait, d'une façon ou d'une autre, par le payer. Comme la fois où, quand Aaron l'avait mis en garde sur l'une de ses fréquentations – fréquentation qu'il avait pourtant pensée de son côté –, cette dernière avait bien failli lui coûter des années enfermés à Azkaban. Comme ce soir-là, alors que son phénix l'avait, à sa manière, mis en garde et qu'il avait ignoré sa protestation.

Les phénix étaient des êtres d'une intelligence rare, d'une sagesse exemplaire et ils possédaient un instinct extrêmement fort. Rien d'étonnant à cela. Ces êtres, bien que passant par tous les stades de l'âge comme la majorité des créatures de ce monde, étaient immortels. Leur âme était éternelle, d'une vieillesse que personne ne pouvait quantifier réellement. Fiery ne faisait pas exception. Fumseck non plus. De fait, quand ce volatile n'était pas pour une action, le plus logique restait de suivre la demande de l'oiseau. Ils avaient une manière à eux de communiquer, mais ils étaient compréhensibles.

Johann avait mis au placard, ce soir-là, ses propres cours. La soirée ne s'était premièrement pas bien déroulée pour lui, mais il s'y était attendu. Il avait cru, par bêtise, que c'était pour cela que son familier lui avait chanté son désaccord pour qu'il s'y rendît seul. Il n'aurait jamais songé une seule seconde à ce qu'il se tramait dans l'ombre.

Une preuve irréfutable que les semaines passées à Poudlard finissaient par freiner ses propres pressentiments. Là non plus, rien d'ahurissant. Cela finissait par se ressentir sur son comportement, et ce, malgré la présence plus que néfaste de Dolorès Ombrage, parce que Poudlard restait une place forte surprotégée. La présence de Dumbledore n'y était pas étrangère, mais même sans l'homme, l'école restait un choix plus que raisonnable pour n'importe qui souhaitant gagner une forme de contrôle sur la population.

Et il ne s'en rendait compte que maintenant. Dumbledore avait eu, des années durant, la main mise sur l'éducation des sorciers de Grande-Bretagne. Lui-même, au fond, l'avait subi, comme n'importe quel autre élève de l'école ces dernières décennies. Il n'était pas, pour autant, pour que le Ministère vînt mettre son grain de sel en cette période qui s'annonçait sombre, du moins pas maintenant. Mais il devait reconnaître que, sans aller dans le bon sens, l'idée première était loin d'être idiote. Cependant, pour le magicozoologue, ils auraient dû envoyer l'un de ces anciens collègues pour assurer le cours et la surveillance, personne d'autre. Quelqu'un qui, sans être neutre, aurait su mettre de l'eau dans son vin, à l'inverse de la fanatique des chats.

Néanmoins, bien que ses réalisations allassent rester ancrées en lui par la suite, ce n'était pas sa préoccupation première sur l'instant. Car cela ne relevait que de ses divagations, alors qu'avec difficulté, il remontait l'allée qui menait à l'une de ses nombreuses demeures. Une maison qu'il avait offerte à une amnésique. Une jeune femme qu'il avait soignée, à qui il avait trouvé un travail et sur qui, encore aujourd'hui, il gardait un œil.

C'était pour elle, pour une promesse que l'on aurait pu penser dans le vent, qu'il se trouvait maintenant devant la porte. Parce qu'il lui avait dit qu'il viendrait, qu'il la retrouverait quand ce serait terminé. Alors, malgré ses blessures, malgré sa fatigue émotionnelle et physique, homme de parole depuis ses plus jeunes années, Johann avait usé du peu de force qu'il lui restait pour transplaner devant la bâtisse. Y pénétrer s'avérait tout de suite bien plus complexe, mais le trentenaire ne s'était jamais découragé devant l'impensable. Ce n'était pas ce jour-ci, ou plus exactement cette nuit-ci, qu'il allait commencer.

Avec difficulté, il parvint finalement à ouvrir la porte d'entrée, mais avec un certain fracas. Et à peine son pied foula l'intérieur que le professeur s'écroulait de moitié sur le guéridon. Loin était le chef incontesté d'un gang qui lui obéissait aveuglément. Loin était le discoureur charismatique qui savait galvaniser ses troupes. Loin était l'impassible visage de marbre d'un ancien chasseur s'étant reconverti dans le crime. Il ne restait à présent du Kayser que sa vulnérabilité. Une faiblesse qu'il haït à la seconde même où les flagrances désagréables du tabac froid et de la drogue parvinrent jusqu'à ses narines.

Ce fut par la rage qu'il parvint à se redresser, retirant sa cape pour la déposer, ou plutôt la jeter, sur le porte-manteau. Par la rage qu'il se força à s'aider du mur pour éviter de chuter et pour avancer. Ainsi, grinçant des dents à cause de la douleur émanant de son bras gauche, il s'invita dans la salle de séjour sans s'annoncer. Non qu'il en avait vraiment besoin au vu du vacarme qu'il avait fait précédemment.

Sans un regard pour s'assurer que la jeune femme était présente, et sans vraiment remarquer si elle était, ou non, à ses côtés, il partit s'installer sur le fauteuil près du feu. Il s'y écroula plus qu'il ne s'y assit, en vérité, mais sa fierté lui interdisait de remarquer son état meurtri dans son entièreté. Son esprit préférait se concentrer pour le moment sur l'essentiel. Il devait se soigner, prendre un breuvage pour tromper son épuisement et se doucher. Ensuite, seulement, il pourrait se permettre de remettre en perspective sa soirée et ses nouvelles découvertes.

« Elvý, dit-il, espérant se faire entendre sans avoir à lever la voix. Peux-tu me rapporter la trousse de secours ? »

D'un mouvement de baguette incertain, tenant toujours l'if de sa main dominante, il raviva les braises se trouvant dans l'âtre de la cheminée. La chaleur sur sa peau était rassurante, mais la luminosité nouvelle offrait une vue plongeante sur la pâleur de ses traits et les cernes se dessinant sur son faciès. Le faux sang dégoulinant toujours de ses lèvres lui donnait, en plus de ces nouvelles données, la véritable allure d'un vampire en quête de son repas.

« Elle se trouve à l'étage, dans la salle de bain, reprit-il plus bas. Je t'en saurais gré. »

Il patienta un temps qu'il serait bien incapable de définir. Luttant pour ne pas sombrer dans un sommeil pourtant réparateur, il se pencha en avant et, mains jointes sur sa baguette pour stopper les tremblements de ses membres, observa les flammes. Après ses dernières divagations, son esprit n'arrivait tout bonnement plus à réfléchir correctement. Comme si sa vie entière venait de se mettre en pause. Comme si, en dehors du rouge, du jaune et du orange, couleurs dansantes, plus rien n'existait. Les rouages du temps, de l'horloge, venaient de se stopper, bloqués par l'irrégularité d'un mouvement hypnotique.

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Johann A. Kayser
Admin acerbe
Johann A. Kayser

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Jeu 5 Nov 2020 - 21:24



Blood and Howl
☽ Elvý & Johann ☾

Mercredi  1er novembre 1995

L’inhibition était une douce sensation. Elle était alliée de l’oubli, elle était pansement de la mémoire écorchée. Elle était le souffle éloignant les angoisses, la bâillon taisant les inquiétude, le Nox éteignant les frayeurs. L’inhibition était une unique bougie dans le noir, trouant avec délicatesse l’obscurité de sa faible lueur.

Mais l’inhibition n’entravait pas l’ouïe.

Le vacarme soudain venant de l’entrée souffla la bougie d’une âme apaisée. Le noir étreignit doucement la droguée, comme au ralenti. Comme lorsque l’on se réveille d’un rêve trop doux.

Puis, vint le frisson.

La colonne d’Elvý se raidit et elle resta un instant figée dans son canapé, son regard effrayé braqué sur le couloir menant à l’entrée. Ríg eut la même réaction, en plus rapide. Déjà, il tournait son regard en point d’interrogation inquiet vers sa protégée. Les prunelles d’Elvý lui firent reflet l’instant d’après. Un échange visuel fugace et muet qui leur suffit à se comprendre. D’un accord muet, ils se murent chacun en silence. Elvý escalada le dossier du canapé pour se réfugier derrière ce dernier – son cœur palpitait à chacun de ses mouvements -, tandis que Ríg se faufila avec la discrétion qui était sienne jusque dans le couloir.

Les pensées de la droguée étaient brouillonnes, le chanvre luttait encore contre la panique soudaine qui s’était invitée. Et de l’autre côté de la porte du salon, les bruits continuaient. Comme si une masse se traînait le long du couloir, se heurtant à chaque mur, à chaque coin et agrémentant son trajet de râles étouffés. Elvý n’avait actuellement pas la présence d’esprit pour essayer de comprendre. Il n’y avait qu’une évidence à ses yeux : elle avait peur. Une peur sinueuse qui semblait provenir du plus profond de son être. Une peur qui ne lui ressemblait pourtant pas, pensait-elle. Elle, l’insouciante baroudeuse, elle, l’audacieuse aventurière, elle, l’oiseau candide. Une peur inexplicable qui lui tordait les entrailles.

Elle en vint même à sursauter quand l’ombre minuscule du botruc réapparut. Ses pupilles avaient délaissé leur mydriase de panique mais un filin d’inquiétude continuait à les parcourir. Elvý comprit qu’aucun danger n’était présent – autrement, Ríg ne serait pas calmement remonté sur son épaule – et se décida donc à tendre le cou par-dessus le dossier du canapé pour découvrir l’identité du bruyant nouveau-venu.

- Johann ! s’exclama-t-elle d’une voix happée par sa surprise moite.

Mais bien sûr ! Comment avait-elle pu oublier ? Il lui avait promis qu’il viendrait la retrouver, après la fête. Une fois l’incident réglé. Mais quel avait été cet incident ? Quelle heure était-il ? Sentait-il le chanvre qui avait embaumé la pièce ? Bien sûr qu'il le sentait, elle n’avait ouvert aucune fenêtre. Asni.

Comment avait-elle pu oublier ? Cette question aux accents de reproche la pointa d’un doigt accusateur alors qu’elle se relevait et se pressait maladroitement vers la table pour enlever le cendrier, comme si la dissimulation d’une preuve allait taire l’évidence. La sensation d’avoir été prise la main dans le sac, de voir son petit secret partir en fumée, de pressentir la déception de l’homme qui lui avait tant donné, la coupa de toute autre réalité. Son esprit chamboulé ne chercha même pas à déterminer la raison de la posture voûtée de Johann Kayser - homme pourtant toujours si droit - ni la cause des bruits ayant accompagné son arrivée. Tout s’était figé avec la seule idée qu’un procès l’attendait suite à la révélation absurde de son secret. Et tout ça à cause d’une bête étourderie.  

Elle ne releva la tête vers lui qu’au son faible de sa voix grave.

- Elvý. Peux-tu me rapporter la trousse de secours ?

Les prunelles pâles de l’Islandaise s’immobilisèrent sur la silhouette avachie sur le fauteuil. Le flou de son esprit peinait à comprendre, à distinguer le vrai sang du faux. Où se trouvaient les limites de son costume ? Était-ce seulement son maquillage qui le rendait si pâle ? Sa manche se trouvait-elle déjà déchirée lorsqu’ils avaient dansé, plus tôt dans la soirée ? Et d’où venait donc cette faiblesse qu’elle ne lui avait jamais vu ?

Si elle ne connaissait pas le sérieux de son protecteur, elle aurait cru à une farce d’Halloween. Une mise en scène diablement bien réalisée, ayant réussi avec brio à la faire frissonner. Sauf que ça n’en était pas une. Le poids de l’atmosphère la paralysait à présent au milieu de la pièce. Les braises de la cheminée réveillées sous l’impulsion de la magie n’ébranlèrent même pas son regard. Celui-ci restait fixé sur le sang.

Le sang.

Elle se surprit à détester cette vision. À sentir naître un relent nauséeux au creux de sa gorge. À entendre tout son être crier de terreur. À ne plus savoir si le flou vertigineux qui l’enveloppait était toujours dû au cannabis.

- Elle se trouve à l'étage, dans la salle de bain. Je t'en saurais gré.

Cette seconde impulsion vocale la ramena une fois de plus au présent et elle ouvrit finalement la porte au pragmatisme qui toquait depuis un moment. Ses jambes la portèrent jusqu’aux escaliers, avalèrent les marches par deux puis l’amenèrent jusqu’au carrelage froid de sa salle de bain. Elle ouvrit les tiroirs un par un avec agitation et farfouilla désespérément dans ses affaires éparpillées. Le désordre était un art que la Njállsdóttir maîtrisait mieux que personne mais ce soir-là, elle en vint à mépriser son talent. Qu’avait-elle donc fait de cette trousse que Johann avait préventivement laissée dans l’un de ses tiroirs ? Elle l’avait déplacé lors de son aménagement, c’était certain. Encore une fois, elle se maudit.

Dans un juron de sa langue natale, elle quitta la salle d’eau pour accourir dans sa chambre. Presque instinctivement, elle ouvra le tiroir de sa table de nuit en premier. Bingo. Elle s’empara du Graal et rejoignit à toute vitesse le salon.

- Désolée, j’ai mis du temps à trouver, se justifia-t-elle d’une voix agitée en étalant le contenu de la trousse sur le meuble qui avait préalablement accueilli son cendrier. Alors… Potion contre la toux, nei… Remède contre les furoncles, nei… Philtre revigorant, n-… !

Elvý se saisit du flacon et l’apporta à Johann en essayant de ne pas porter son regard sur sa plaie.

- Tiens, pour commencer, bois ça.

Elle ouvrit le flacon et le porta à ses lèvres, tout en plaçant délicatement son autre main sous son menton. La scène imprima en elle une sensation de déjà-vu. Quelques semaines plus tôt, c’était lui qui lui faisait boire une potion pour qu’elle se rétablisse. L’inversion des rôles la déstabilisait au plus haut point.

Sa main gauche remonta ensuite sur son front. Il était brûlant. Sa blessure lui donnait la fièvre, elle devait donc la panser au plus vite. Cette simple constatation lui permit de rassembler le courage nécessaire pour affronter la vision qui la terrifiait. Tout en déportant son regard vers le bras blessé, elle déposa ses questions sur le silence, détournant ainsi sa propre attention de son hématophobie.

- Que s’est-il donc passé, Johann... souffla-t-elle. Comment t’ais-tu fait cette blessure ?

Plus aucun liquide ne coulait de la plaie. Le sang était déjà sec et peu de traces d’écoulement descendaient le long de son bras, comme si la coagulation avait été quasi-immédiate. L’aspect visuel de la blessure se résumait donc en une large croûte d’un rouge noirci obstruant la déchirure sous-jacente. Bien. Le vampire d’une soirée n’avait donc pas perdu beaucoup de sang. Mais en laissant la plaie ainsi, elle ne pourrait jamais cicatriser et risquait de s’infecter.

Les feuilles d’une plante aux vertus médicinales inégalables se dessinèrent dans l’esprit de la Scandinave. Seulement, cette plante-là se faisait rare. En trouverait-elle parmi les fioles restantes ?

- Du dictame, murmura-t-elle avant de répéter plus fort. Est-ce que tu avais mis de l’essence de dictame dans cette trousse, Johann ?

Et tout en interrogeant le propriétaire initial des lieux, elle se redirigea vers la table basse pour lire les inscriptions qui n’étaient pas encore passés devant ses yeux.

Petit à petit, la brume apaisante de l’inhibition se dissipait pour permettre à sa concentration de reprendre ancrage.

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Elvý Njállsdóttir
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Ven 20 Nov 2020 - 18:57
♛ Blood and Howl ♚
Tu l’entends ? Bien sûr que tu l’entends. Le murmure, le murmure assourdissant et permanent. Il a envahit la ville et les esprits, il arpente les rues en hurlant. [...] Le murmure assourdissant et permanent qui te fait croire qu’y a pas de rédemption, pas de pardon, pas de rachat, pas de rémission. Et tu l’acceptes, tu le laisses rentrer. [Blizzard ~ FAUVE]

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Mercredi 1 Novembre 1995,

Pour Johann, qui avait su acquérir une grande patience avec le temps, l'attente pouvait avoir du bon. Bien sûr, dans sa situation actuelle, où il peinait à garder les yeux ouverts, c'était autre chose. Pour autant, il avait trouvé un moyen de rester un minimum concentré. Son regard restait accroché à la danse hypnotique des flammes qu'il avait allumées dans l'âtre et il se forçait à compter mentalement le nombre de craquements qu'il entendait. Le véritable problème venait cependant de sa technique, car si le magicozoologue appréciait la solitude et le silence à sa juste valeur, c'était bien parce qu'elle lui permettait de réfléchir, de planifier, de se souvenir et de comprendre.

Présentement, il n'y arrivait pas. Et la frustration, loin d'être appréciable, venait renforcer le sentiment qui venait lentement s'immiscer au fond de lui. Dès qu'il parviendrait à reprendre un minimum de contrôle sur ce qu'il se passait, autant sur son esprit que ce qui l'entourait, le trentenaire se souviendrait de deux points importants. Tout le monde ressentait ou avait ressenti un jour ce qu'il éprouvait à l'instant. S'il se retrouvait dans cet état, ce n'était pas dû à une quelconque incompétence de sa part, mais parce que rien ni personne n'aurait pu prédire ce qui allait arriver. Ainsi, l'essence d'infériorité qui coulait à travers ses veines se dissiperait rapidement.

Encore fallait-il pour cela, toutefois, que la femme qu'il hébergeait revînt. Il n'avait aucune idée du temps qui passait. Incapable de le deviner, il ne pouvait comprendre que la demoiselle avait déjà retourné une partie de la demeure durant son absence et qu'elle cherchait donc les précieux breuvages dans le foutoir qu'était devenu l'étage. Dans son esprit, la trousse de secours était toujours au même endroit, et ce dans toutes ses demeures, pour plus de praticité. Heureux était-il d'ignorer que tout avait été bousculé par l'arrivée de l'amnésique.

Une amnésique qui revint effectivement avec la subtilité d'un niffleur dans une bijouterie. Le vacarme que la demoiselle fit eut au moins le mérite de sortir le professeur de sa torpeur et ce fut dans un sursaut, qu'il tenta de camoufler tant bien que mal, qu'il accueillit ses paroles quand elle se mit à chercher ce qu'elle devait lui administrer.

« Désolée, j’ai mis du temps à trouver, dit-elle, sans pour autant que l'homme en comprît véritablement la raison dans l'immédiat. Alors… Potion contre la toux, nei… Remède contre les furoncles, nei… Philtre revigorant, n-… já ! »

Une seconde après son cri de victoire, Elvý se trouvait déjà à son chevet, même si l'étirement du temps pour la perception de l'enseignant rendait la constatation difficile.

« Tiens, pour commencer, bois ça. »

Dans d'autres circonstances, jamais Johann n'aurait accepté d'ingurgiter un breuvage qu'il n'avait pas lui-même décidé de prendre. Cependant, la confiance qu'il parvenait à ressentir pour elle, se sentant bien trop responsable de l'islandaise de manière irrationnelle, lui permit d'accepter son geste sans broncher.

La potion avait un goût atroce et l'envie de vomir fut bien présente, mais le mélange ne tarda pas à se faire ressentir. Une grimace s'imprima sur ses traits, mais bien trop fier, l'Allemand la chassa pour reprendre un semblant d'ascendant sur la situation. Ce n'était pas simple, encore moins avec la manière de faire de la représentante du beau sexe qui lui donnait la sensation d'être maternée, mais il ne chercha pas à la reprendre pour autant. Fier, certes, mais il n'était pas idiot et savait qu'il lui faudrait plus qu'un simple filtre lui offrant de nouvelles forces.

Ses paupières, au moins, ne lui paraissaient plus être sous l'effet d'un filtre de sommeil-sans-rêve et c'était déjà un bon début.

« Que s’est-il donc passé, Johann..., souffla son infirmière improvisée après avoir retiré sa main. Comment t’ais-tu fait cette blessure ? »

L'interrogation lui donna envie de rire. Un rire qui mourut avant d'atteindre sa gorge quand les images s'imposèrent. Dans les flammes dansantes, il revoyait en boucle les différentes actions qui l'avaient mené à son état. Et l'inquiétude qui perçait dans la voix de la blonde ne lui plaisait pas.

Depuis quand avait-il pris pour habitude de se complaire dans un tel comportement ? Ce n'était pas dans ses projets d'angoisser les autres, et certainement pas la nordique. Elle avait suffisamment à gérer dans sa vie - en particulier dû à son absence de souvenir - pour en prime devoir se soucier de celle des autres. Pour autant, il se doutait qu'une absence de réponse ne la satisferait pas.

Ce fut dans un soupir qu'il s'apprêta de répliquer, pour finalement être coupé dans son élan par la seconde question de sa protégée.

« Du dictame, entendit-il difficilement, puis elle reprit plus fort. Est-ce que tu avais mis de l’essence de dictame dans cette trousse, Johann ? »

Elle ne lui laissa pas le temps de lui fournir la réponse qu'elle repartait déjà vers la table où elle avait entreposé le contenu de la fameuse trousse. S'il pouvait donc la laisser chercher et trouver, il préféra cependant lui facilité la tâche. Le fait qu'il était le premier concerné y était fatalement pour quelque chose ; pour beaucoup.

« Dans toutes les trousses, dit-il. Le flacon vert. »

L'idée de l'utiliser ne lui plaisait pas outre-mesure, mais il devait bien avouer que ce serait le plus pratique et le plus rapide. Et à présent qu'il pouvait se servir de sa tête, il prit sur lui pour avancer la jeune femme.

De son bras valide, il attrapa la manche abimée de son costume et, forçant pour dresser son membre blessé de façon à ne pas se faire plus mal que nécessaire, il tira d'un coup sec dessus. Après quelques essaies infructueux, l'amenant à réitérer son geste, la couture finit par céder. Avec précaution, il retira le tissu, dévoilant sa peau lacérée à quelques endroits. Quelques-unes de ses plaies, par ailleurs, s'étaient rouvertes, les fibres collées ayant arrachés quelques croutes, mais ce n'était rien de grave.

Avec une vue plus dégagée dessus, il discerna directement qu'il s'agissait plus d'un amas d'égratignures que de véritables plaies inquiétantes. Cependant, il était évident que laisser ainsi laisserait des cicatrices. Il en avait déjà suffisamment qui zébrait sa peau à plusieurs endroits pour vouloir en acquérir de nouvelles, d'autant plus aussi bêtement. La fierté, encore une fois.

Une fierté qui ne le priva pas de tendre ses écorchures vers sa secouriste improvisée quand cette dernière revint avec la préparation. Ce fut sans le moindre geste qu'il accueillit les gouttes sur sa peau. Son regard accrocha immédiatement le spectacle que cela offrait. Voir sa peau se refermer à vue d'œil était toujours quelque chose d'étrange, même après tant d'années. Et ce, malgré sa possession d'un phénix qui, par nature, pouvait soigner la plupart des maux de quelques larmes versées.

La fumée verdâtre qui s'échappa de son membre l'instant d'après le ramena cependant aux flammes et à leur danse. Tout en laissant choir son corps dans son assise, il laissa un profond soupir s'échapper d'entre ses lèvres. Puis il accrocha du givre de ses pupilles celles de l'occupante des lieux.

« J'imagine que tu ne seras satisfaite que quand je t'aurais répondu, je me trompe ? »

Il reprenait déjà des couleurs et il le sentait. Les deux potions combinées lui offraient presque autant d'énergie que si Fiery lui avait elle-même apportait les soins dont il avait eu besoin. Sans doute était-ce pour cela qu'il ne se gêna pas d'offrir un léger sourire à Elvý, presque amusé, en signe de remerciement.

Puis il reprit son visage de marbre, comme si l'expression précédente n'avait jamais vu le jour. La raison à cela pouvait se résumer en une phrase : il allait devoir parler, il le présentait. Néanmoins, ce ne serait pas sans la bousculer un peu.

« J'accepte à condition que tu m'expliques pourquoi ma maison empeste des effluves que le tabac seul serait bien incapable d'offrir à mes narines. »

Il n'irait pas jusqu'à la faire culpabiliser, du moins pas consciemment, mais il devait bien avouer que c'était désagréable comme senteur. Cependant, c'était aussi une opportunité en or pour l'importuner un peu et se changer les idées. Le reste, à savoir ses futures réactions, en sachant cela, ne pourraient être déterminées que par la répartie de son interlocutrice.

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Johann A. Kayser
Admin acerbe
Johann A. Kayser

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Sam 19 Déc 2020 - 17:55



Blood and Howl
☽ Elvý & Johann ☾


Mercredi  1er novembre 1995

La frayeur, le doute, la panique, l'incompréhension. Ils avaient tous surgit en un instant dans le salon de l'Amnésique.

Assise au pied du fauteuil où s'était écroulé l'homme qu'elle n'aurait jamais crut voir dans cet état, elle luttait contre toutes ces émotions. Son hématophobie soudaine faisait battre son cœur un peu plus vite à chaque seconde où son regard s'éternisait sur la plaie qu'elle devait soigner. Le silence de l'homme enserrait son ventre. Au-delà des réponses, c'était une distraction qu'elle avait recherché dans la discussion. Une voix sur laquelle se concentrer pour échapper à l'horreur irrationnelle qui paralysait son action et ses pensées. Cette voix grave ne se manifesta pas. Ou du moins, il aura fallu une seconde question pour la réveiller.

- Est-ce que tu avais mis de l’essence de dictame dans cette trousse, Johann ? demanda Elvý dans un éclair de lucidité.

- Dans toutes les trousses, répondit Johann. Le flacon vert.

Le regard égaré entre les différentes fioles s'étalant sur la table et au creux de ses mains, la sorcière chercha désespérément sa cible.

- Grænn, grænn, grænn, se murmura-t-elle en boucle en éloignant les flacons d'autres couleurs.

Si seulement il n'y avait pas eu un amas de flacons plus ou moins transparents aux reflets verdâtres,  Elvý n'aurait pas mis ces quelques secondes à trouver le bon vert. Car, dans la panique fermement agrippée à son cou, chaque seconde semblait durer une heure et accentuait son état de stress. Son angoisse en devenait incontrôlable.

Le flacon de dictame en main, elle se retourna vers le blessé et eut aussitôt un mouvement de recul. Elle n'avait pas réagi au bruit de déchirure la seconde d'avant. À présent, elle découvrait le bras de Johann totalement nu et sa peau lacérée de toutes part. Mais surtout, ce fut une goutte de sang à peine formée qui accrocha son regard.  

Petite. Luisante. Rouge. Moqueuse. Ridicule. Effrayante.

Elle détourna le regard. Sa respiration était devenue bruyante. Il avait suffi d'une seconde. Une vision terrible qui raviva en elle son traumatisme oublié.

Irrationnelle. Sa réaction disproportionnée face à une mince goutte de sang l'était. Complètement irrationnelle. Alors, elle prit une grande inspiration puis s'obligea à revenir au niveau du bras écorché du combattant. D'abord, elle focalisa son regard sur le poignet de ce dernier qu'elle saisit de sa main droite. Trop fort. Elle s'y agrippa plus qu'elle ne le maintenu. Puis, elle remonta progressivement ses yeux le long de son épiderme. Progressivement. Sa main gauche tremblait alors qu'elle approchait le flacon ouvert de la première égratignure. Progressivement. Une par une. D'un geste vacillant, d'une nausée refoulée, d'une fuite retenue, d'un contrôle maintenu.

Johann voyait-il sa détresse à travers sa propre douleur ? Entendait-il son souffle court ? Sentait-il les tremblements de son corps ? Elvý s'en voulut de se sentir presque aussi faible que le seul blessé de cette pièce. Et ce fut cette culpabilité naissante qui lui offrit la détermination nécessaire à aller jusqu'au bout. À chasser l'horreur qui lui tordait les entrailles pour refermer les plaies une à une.

La fumée verte qui enveloppa finalement le bras de Johann gratifia son courage. Elvý ferma le flacon – elle dut s'y remettre à trois fois tant ses doigts tremblaient encore – puis le reposa sur la table basse et abandonna le désordre sans nom qui s'y était installé pour s'affaler sur le canapé. Elle soupira longuement, la tête rabattue en arrière. Elle sentit ensuite le regard pâle du Kayser se poser sur elle et tourna son visage vers lui. L'expression reconnaissante qu'il lui offrit fut accueillie par un sourire de soulagement de la brune.

- J'imagine que tu ne seras satisfaite que quand je t'aurais répondu, je me trompe ?

Elle hocha la tête. À présent, elle voulait comprendre. L'écouter posément, se tenir informée de ce qu'il s'était passé à la suite de son départ. Était-ce réellement la soirée d'Halloween qui avait aussi mal tournée ? Ou Johann s'était-il engouffré dans des ennuis sur le chemin du retour ? La seconde option parût plus réaliste aux yeux de la Scandinave. Comment une soirée peuplée principalement d'enfants et d'adolescents aurait pu mal tourner au point de faire des blessés ? Cela lui semblait invraisemblable, même en ayant elle-même assisté au noir troublant qui avait immergé la salle des fêtes quelques heures auparavant.

- J'accepte à condition que tu m'expliques pourquoi ma maison empeste des effluves que le tabac seul serait bien incapable d'offrir à mes narines.

Sa voix claqua avec un bruit de métal et son expression s'était revêtue d'acier. Chacun des muscles d'Elvý se remit instantanément en tension. Son doux sourire fana et ses commissures s'affaissèrent en un rond d'hébétude. Comme électrisée, elle se redressa, le regard fuyant, ses mains agitées s'agrippant à ses genoux. Incertaine, elle ne put se décider à sortir un quelconque son de sa bouche et ses dents vinrent ronger sa lèvre inférieure. Puis, elle se leva subitement et se dirigea vers la fenêtre pour ouvrir en grand ses battants. Elle se retourna ensuite et colla son dos au mur, comme pour entretenir la distance qui la séparait alors de son bróðir. Comme si de loin, ses reproches seraient moins tranchants. Un ongle coincé entre ses dents, elle souffla :

- Désolée...

Sa main retomba pour enserrer sa taille. Son regard miséreux osa aller à la rencontre de celui de son aîné.

- Il est trop tard pour mentir, hein ? ironise-t-elle avec fatalité.

Lentement, en cherchant ses mots, ses justifications, ses excuses, elle reprit place sur le sofa. Elle ne pouvait pas lui mentir pour le joint qu'elle avait fumé ce soir-là, mais autant éviter de le mettre sur la piste des autres substances qu'elle ingérait depuis son réveil. Ni de la fréquence à laquelle elle les ingérait, marijuana inclu. Les coudes appuyés sur ses genoux et le regard rivé vers la table basse, elle se décida finalement pour un début d'aveu :

- Je... j'ai... parfois, j'ai des pics d'angoisse, juste avant de dormir...

Elle n'aimait pas parler de ce qui n'allait pas. Dans un soupir, elle sortit le cendrier d'en dessous de la table basse pour le reposer sur le meuble.

- La marijuana ça aide... ça calme...

L'aveu prit son tournant la seconde d'après.

- Occasionnellement.

Un nouveau soupir. Ses prunelles reprirent le chemin de la silhouette de son protecteur.

- Mais ne t'inquiète pas pour ça. Vraiment. Là, ce qui est le plus inquiétant, c'est toi. Veux-tu bien m'expliquer ce qu'il t'est arrivé ?

Son regard se fit implorant. Derrière sa manœuvre de détournement, son inquiétude était réelle.

- Góði besti.

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Jeu 18 Fév 2021 - 18:09
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Tu l’entends ? Bien sûr que tu l’entends. Le murmure, le murmure assourdissant et permanent. Il a envahit la ville et les esprits, il arpente les rues en hurlant. [...] Le murmure assourdissant et permanent qui te fait croire qu’y a pas de rédemption, pas de pardon, pas de rachat, pas de rémission. Et tu l’acceptes, tu le laisses rentrer. [Blizzard ~ FAUVE]

▼▲▼

Mercredi 1 Novembre 1995,

S'il y avait bien un trait de la personnalité de Johann Kayser qui pouvait être à la fois néfaste pour lui et, parfois, pour son entourage, c'était bien son incapacité à laisser voir ses faiblesses. Ce n'était pas tant qu'il n'en possédait pas, l'homme, bien que sorcier et ancien auror, restait un humain. Et comme tout humain, il lui arrivait d'avoir ses moments de doutes, ses moments où la solitude l'accueillait et où, s'il n'y prenait pas garde, il se retrouvait à tout remettre en question. Johann détestait cet état. Il avait, dans ces moments-là, l'impression de nager dans un océan d'incertitudes et, encore pire, de faire du surplace.

Ainsi, comme dit, il détestait cet état, mais ce qu'il haïssait encore plus que celui-ci, c'était bien de devoir quémander de l'aide. Kayser possédait une fierté qu'il était possible de qualifier de monstrueuse. Pour cause : le professeur s'était déjà retrouvé dans de nombreuses situations sans avoir le moindre contrôle sur celle-ci... Et, alors même qu'il aurait pu et aurait dû appeler à l'aide, il avait préféré se débrouiller seul. Peut-être était-ce pour cela, d'une certaine façon, qu'il avait quitté la brigade. Peut-être était-ce également pour cela que, malgré ses amis et alliés de confiance, il ne déléguait jamais les tâches les plus importantes. Un fait sûr, toutefois, était que c'était précisément à cause de cette partie sombre de sa psychologie qu'avec le temps, Johann avait fini par développer un besoin constant de contrôle sur son environnement, allant des lieux à son entourage proche.

Bien sûr, il n'était pas idiot. Il ne pouvait pas tout maîtriser. Le monde était bien trop peuplé pour cela, alors il se contentait de jouer à son échelle et, quand le hasard - que d'aucun pouvait appeler destin, même s'il trouvait cela ridicule - parvenait à le surprendre, il faisait tout son possible pour reprendre pied le plus rapidement possible.

Comme cela avait été le cas quand, paniqué, la femme d'Aaron l'avait appelé après avoir fait la découverte de l'Islandaise, blessée. Comme c'était le cas maintenant, alors qu'Elvý, la fameuse Islandaise, subissait l'un de ses regards. Un regard dont il avait le secret et qui avait la fâcheuse tendance à faire ressentir à son interlocuteur la désagréable impression qu'il n'était qu'un enfant dans la peau d'un adulte. Un regard sévère, strict, froid. Comme si la personne face à elle venait de faire une bêtise et qu'il venait la corriger.  

« J'imagine que tu ne seras satisfaite que quand je t'aurais répondu, je me trompe ? »

L'homme, et son égo blessé à l'instant, ne pouvait pas supporter cette idée. Pourtant, tout comme il savait qu'il ne pouvait pas tout contrôler, il devinait sans mal que la femme à ses côtés ne le laisserait pas repartir sans avoir plus d'explications. Il les lui devait, et il allait devoir l'accepter. Néanmoins, la douleur cuisante qu'il ressentait, et qui n'était pas physique, était encore trop présente pour qu'il pût s'y résoudre directement. Il devait d'abord se donner l'illusion de tout comprendre, de tout savoir et, surtout, de tout maitriser.

« J'accepte à condition que tu m'expliques pourquoi ma maison empeste des effluves que le tabac seul serait bien incapable d'offrir à mes narines. »

Sans la moindre trace de compassion dans ses iris, l'enseignant suivit sa protégée du regard. Il l'observa, sans effectuer le moindre geste trahissant son état mental, alors que la femme s'affairait soudain à ouvrir les fenêtres. Il ne souffla mot non plus quand elle colla son dos au mur, restant loin d'elle. Malgré l'expression horrifiait qu'il avait pu lire sur son visage quand elle s'était figée sur place, il avait saisi qu'il ne pouvait pas faire marche arrière. Plus vrai encore, il ne le voulait pas. Parce qu'à cet instant, au moins, il avait l'illusion de décider de la teneur de la conversation, ou même encore de pouvoir prédire les agissements de l'étrangère. Un beau mensonge qu'il se servait inconsciemment pour enrober son esprit d'un traitre soulagement. Traitre, car une lueur de satisfaction, non pas pour le mal qu'il faisait, mais parce qu'il croyait bien faire, passa le temps d'une seconde dans le reflet givré de ses iris.

« Désolée... »

Johann ne la quittait pas du regard, comme il savait si bien le faire avec les étudiants récalcitrants qui cherchaient à le défier. La différence majeure résidait dans le fait, brute, qu'Elvý n'était plus une adolescente depuis longtemps.

« Il est trop tard pour mentir, hein ?, » ironisa la demoiselle.

Encore une fois, Johann ne la quitta pas des yeux. Il l'observa se mouvoir au ralenti pour revenir prendre sa place à ses côtés. Ce ne fut que quand elle fut assise, remarquant sa posture voûtée, qu'il se réinstalla lui-même. Droit, la tête haute. Une attitude que les moldus auraient qualifié de militaire.

« Je... j'ai... parfois..., repris l'Islandaise, j'ai des pics d'angoisse, juste avant de dormir... »

L'Allemand se contenta d'un hochement de tête bref, signalant par la même occasion qu'il l'écoutait. Il ne se rendit nullement compte qu'à mesure que les mots de sa protégée sortait d'entre ses lèvres, son visage à lui fondait comme neige au soleil. Elle avait vécu un énorme traumatisme, et les cicatrices dans son dos témoignait de l'agression qu'elle avait subi. De fait, il ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. Même si elle ne se souvenait de rien, son inconscient, lui, ne pouvait que s'en rappeler. Et il en vint même à se questionner sur le lieu d'habitat. La maison était isolée du reste du village. Malgré toutes les protections, un sorcier compétent pouvait franchir les barrières et s'en prendre à elle.

Johann, bien qu'il n'en montra rien, s'en voulut de ne pas y avoir pensé plus tôt. Toutefois, il ne voyait pas vraiment comment il pouvait convaincre la jeune femme de déménager. Les appartements du Chemin de Traverse aurait au moins l'avantage de lui offrir un voisinage conséquent.

« La marijuana ça aide... ça calme... »

Ayant étudié de nombreuses substances qu'il lui arrivait de donner aux animaux pour les calmer, il ne pouvait rien dire contre cet argument. Il l'invita d'un geste presque las à continuer. Sans même le savoir, sans même le voir, il rendait les armes avant même que la bataille n'eût le temps de commencer.

« Occasionnellement. »

Il acquiesça. Un geste anodin, mais qui signifiait qu'il la croyait. S'en voudrait-elle de le berner de la sorte ? Avait-elle peur de son jugement s'il découvrait la vérité ? C'était impossible de le savoir. Il était cependant possible d'affirmer que, aveuglé par l'affection profonde qu'il ressentait pour la sorcière, Johann ne remarqua pas son manège.

« Mais ne t'inquiète pas pour ça. Vraiment. Là, ce qui est le plus inquiétant, c'est toi. Veux-tu bien m'expliquer ce qu'il t'est arrivé ? »

Le chef de gang s'y était attendu. Il le savait. Il allait devoir lui expliquer.

« Góði besti. »

Il allait devoir le faire. Pourtant, ce ne fut pas ses premiers mots. Ils viendraient, mais pas immédiatement. Parce que l'homme était ce qu'il était, son désir de dominer la conversation reprit le dessus dès l'instant où il sentit son calme légendaire s'effriter.

« Je vais t'expliquer, dit-il, son ton ne souffrant d'aucune protestation possible, mais avant ça... »

Johann laissa un profond soupir s'échapper. Avec des gestes plus lents qu'à l'accoutumé, il retira son étui à cigarettes de sa poche. L'une d'elle vint se coincer entre ses lèvres et un claquement de doigt l'alluma dans une petite gerbe de flammes.

Il prenait son temps pour chercher ses mots. Un fait rare, car il était connu pour savoir quoi dire et quand, sans hésitation. Beaucoup aurait dit que cela ne lui ressemblait pas. Et ils auraient eu tort tout en ayant raison. Le professeur ne savait pas comment poursuivre le sujet, car il ne désirait pas la blesser davantage. Il dut quand même se résoudre à faire le grand plongeons après plusieurs minutes de silences.

« Tu aurais pu m'en parler, Elvý. »

Il leva une main vers elle, lui demandant par ce simple mouvement de ne pas l'interrompre.

« J'aurai pu te donner des substances moins néfastes pour le corps. », reprit-il, avant de tirer une nouvelle bouffée de sa cigarette.

Il était possible de penser que c'était l'hôpital qui se foutait de la charité vu ce qu'il inspirait... La différence majeure résidait dans le fait que les cigarettes sorcières contenait du tabac pure. Ce n'était pas bon pour la santé, et surtout pour les poumons, mais elles étaient toujours moins violentes que celles que les moldus vendaient.

« La marijuana, même si elle peut aider à calmer, peut avoir des effets néfastes sur l'esprit et le corps. Perte d'appétit, conscience de la réalité altérée au point que tu pourrais te mettre en danger ou mettre en danger la vie d'autrui... »

Le dernier symptôme, bien qu'il n'était pas forcément le plus grave, était le plus difficile à avouer. Parce qu'elle avait déjà perdu tous ses souvenirs.

« Et perte de mémoire, soupira l'homme. Ce ne sont que des exemples que je viens de te dire, la liste est bien plus longue. »

Il se doutait que le dernier allât la toucher plus que les autres. Dans l'optique d'éviter une crise de sa part, il poursuivit, sans même lui laisser le temps de répliquer.

« C'est pour ça que j'ai appris qu'il ne fallait jamais en donner aux animaux pendant mes études de magicozoologie. »

Il espérait pouvoir la convaincre de ne pas continuer, car il savait que ce genre de consommation était la porte ouverte aux excès. Bien sûr, il ignorait que le pas était déjà franchi pour sa protégée.

« Il existe des alternatives beaucoup moins dangereuses, comme certaines potions qui ont des effets similaires, sans les côtés néfastes, expliqua-t-il en dernier. Je peux t'en procurer, bien que, comme toutes potions, elles doivent être prises avec parcimonie pour éviter de devenir accro. »

Pour l'heure, il ne pouvait pas lui offrir mieux, même si quelques idées germaient dans son esprit. Comme le fait de la surveiller avec plus d'ardeur, pour s'assurer qu'elle ne risquait pas de plonger dans les travers de l'Angleterre sorcière.

« Dis-moi ce que tu en penses... Et ensuite, pose-moi toutes tes questions. J'y répondrai. »

Il lui devait bien cela. Est-ce que c'était une erreur ? L'avenir seul pourrait fournir la réponse.

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Ven 26 Fév 2021 - 20:09



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Mercredi  1er novembre 1995


Elvý n'aimait pas mentir. Qui aimait mentir ? Pourtant, elle le faisait avec une aisance presque naturelle. Derrière l'innocence de ses prunelles et la candeur de ses traits, qui oserait la soupçonner ? Elle en jouait sans même le réaliser. Ou bien si, des fois elle en avait pleinement conscience. Des fois, dans l'engouement d'une soirée où se mêlaient mille et une folies, elle s'amusait à s'imaginer un rôle, une identité, une autre vie. Le lundi elle s'inventait runologue en quête de trésors archéologiques, le jeudi elle devenait la rédactrice de l'horoscope d'un magazine aux rubriques mystiques, et parfois, le samedi, elle laissait entendre qu'elle était une infiltrée du gouvernement suédois en charge d'une mission hautement secrète. Aucun Anglais ne faisait jamais la différence entre l'islandais et le suédois de toutes façons.

Alors oui, Elvý mentait un peu, des fois. Mais ce n'était qu'un jeu. Que des récits saupoudrés de poudre blanche qui n'existaient que dans l'éphémérité d'un instant planant. Puis, tout son passé était à réinventer, alors pourquoi se limiter aux barrières d'une vérité qu'elle ne pouvait déceler ?

Mais ce soir-là, c'était différent. Pas de poudre blanche étalée en traînées, pas de techno faisant trembler le parquet, pas de pupilles dilatés émerveillées par les histoires contées. Non, ce soir c'était juste un peu de fumée, beaucoup de silence, et deux iris intransigeantes.

Mais comment avouer à celui qui lui avait tout donné pour débuter une nouvelle vie ici qu'elle occupait pas mal de ses soirées à se flinguer les neurones ? Elle ne pouvait que lui dévoiler une semi-vérité. Ce n'était pas vraiment un mensonge, qu'elle aurait voulu se convaincre, seulement quelques omissions. Des secrets qu'elle se devait de garder. Pour elle autant que pour lui. Quelles émotions viendraient importuner Johann s'il apprenait toute la vérité ? Elle ne voulait pas lire plus de déception dans son regard.

- Mais ne t'inquiète pas pour ça, avait appuyé la Scandinave. Vraiment. Là, ce qui est le plus inquiétant, c'est toi. Veux-tu bien m'expliquer ce qu'il t'est arrivé ? Góði besti.

- Je vais t'expliquer, répondit Johann, mais avant ça... 

Elvý lâcha un soupir. Arriverait-elle à lui arracha la moindre information sur ce qui venait de lui arriver avant que les premiers rayons du soleil n'infiltre la pièce ? Comme pour faire enfler davantage encore la frustration de la jeune femme, le Kayser laissa traîner le silence en s'allumant tranquillement une cigarette. Respirer du tabac en faisant la morale à une stonneuse, c'en était presque dérisoire. Si un nœud ne continuait pas à serrer son ventre, Elvý aurait probablement extériorisé son sarcasme d'un rire. Puis, elle lui aurait demandé une cigarette. Mais, ce n'était clairement pas le moment pour s'oser à ça, alors elle se contenta de faire glisser le cendrier vers le fumeur d'un geste lasse, puis elle attrapa sa baguette pour allumer les trois bougies parfumées posées sur le buffet.

- Tu aurais pu m'en parler, Elvý, prononça finalement Johann.

Les épaules de la concernée s'affaissèrent en une expiration.

- Je s-

L'homme lui ôta sa réplique d'une main relevée.

- J'aurai pu te donner des substances moins néfastes pour le corps, continua-t-il, imperturbable.

La Njállsdóttir releva un sourcil, ne s'étant pas attendue une seule seconde à cette réponse. Elle s'était attendu à de la sévérité, à des réprimandes, à de l'incompréhension. Pas à ce qu'il émette des d'alternatives.

- La marijuana, même si elle peut aider à calmer, peut avoir des effets néfastes sur l'esprit et le corps. Perte d'appétit, conscience de la réalité altérée au point que tu pourrais te mettre en danger ou mettre en danger la vie d'autrui...

Son ton était plus clément qu'attendu, mais la leçon de morale restait tout de même de l'ordre de l'inévitable. Le regard de la droguée s'échoua au sol alors qu'elle acquiesçait presque passivement à l'énumération de son aîné. Elle savait tout ça.

- Et perte de mémoire, expira Johann avec soupçon d'appréhension dans la voix.

Ça aussi, Elvý le savait. Elle le savait trop bien même. Peut-être qu'elle cherchait plus ou moins consciemment à se laisser bercer par l'oubli. À continuer d'observer l'impasse qui lui faisait face et à y ajouter des briques, joint par joint, pour maintenir l'illusion de ce mur protecteur. Car le cannabis, c'était un brouillard doux, un brouillard léger, un brouillard supportable. Un brouillard qu'elle choisissait elle, pas que le destin lui avait imposé.

- Ce ne sont que des exemples que je viens de te dire, la liste est bien plus longue. C'est pour ça que j'ai appris qu'il ne fallait jamais en donner aux animaux pendant mes études de magicozoologie. Il existe des alternatives beaucoup moins dangereuses, comme certaines potions qui ont des effets similaires, sans les côtés néfastes.

C'était faux. Ou inexacte. Tout ce qui inhibait un temps les émotions, même via la magie, avait son coutre-coût. Tout avait un prix, qui se modérait selon la dose et la durée de la prise, évidemment. Mais de vraies alternative n'existait pas, ce serait trop simple, sinon. Alors, Elvý avait beau être reconnaissante de l'approche de son protecteur pour la détourner de la Marijuana, elle ne se voilait pas la face : ses solutions étaient soit factices, soit éphémères.

- Je peux t'en procurer, bien que, comme toutes potions, elles doivent être prises avec parcimonie pour éviter de devenir accro.

Et c'était justement le problème. L'Islandaise avait déjà basculé dans les excès.

- Dis-moi ce que tu en penses... Et ensuite, pose-moi toutes tes questions. J'y répondrai. 

Elvý poussa un long et profond soupir.

- Je sais bien tout ça, Johann.

Elle releva la tête vers son protecteur avec un faible sourire sur le visage.

- Mais la Marijuana ne présente pas plus de danger qu'une potion, continua-t-elle, si prise occasionnellement. Et, ça va, je gère la chose.

Son sourire se fit un peu plus convainquant. Elle gérait. Tout était sous contrôle. Elle-même se persuadait de cette réalité doucement mensongère. Elle prit une respiration puis replongea dans les iris de son aîné.

- Mais, merci. Pour ta préoccupation et ton approche. Je pense que j'étais assez effrayée de la réaction que tu pouvais avoir si tu l'apprenais... Je vois bien maintenant que je n'aurais pas dû.

Nouveau sourire. Elle ne lui en dirait tout de même pas plus. Elle restait effrayée, mais pour tout le reste. Les drogues durs, c'était un autre domaine et qui s’avérerait probablement bien plus sensible. Inutile de le tourmenter avec ça.

- Bon, soupira-t-elle, tu acceptes de répondre à mes questions à présent, hein ?

Ses sourcils s'affaissèrent. Elle aussi, se faisait du soucis.

- Du moins, pour l'instant je n'en ai qu'une seule : que diable s'est-il donc passé après que j'eus quitté la fête ?

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Jeu 6 Mai 2021 - 15:40
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Mercredi 1 Novembre 1995,

« Je sais bien tout ça, Johann. »

Elvý releva la tête vers lui avec un sourire. Johann ne le supporta pas, bien qu'il n'en montra rien. La raison en était simple : le soupir en amont puis ses mots ne voulaient dire qu'une chose : il ne l'avait pas convaincue. Un fait brut qui lui donna envie de grincer des dents.

Johann était de ces maniaques qui souhaitait tout contrôler et qui n'appréciait pas quand l'inverse se produisait. De fait, être contredit l'agaçait au plus haut point. Avec le temps, cet aspect de sa personnalité s'était faite plus discrète, ne laissant voir qu'un masque de froideur implacable. La vérité en était tout autre : c'était une façade obligée pour ne pas faire montre de son vrai visage ; un visage que lui-même avait parfois du mal à supporter.

Apprendre à jouer sur la perception d'autrui pour se construire une armure lui avait pris du temps. Du temps, de l'énergie et son dessein ne s'était pas réalisé sans souffrance. Une fuite dans divers pays dans l'optique de réaliser un rêve de gosse avec une arrière-pensée en fond pour donner la direction à suivre. Des abandons qui, parfois, lui avaient donné des insomnies. Comment ne pas se haïr après avoir délaissé un amour passionné, et ce, parce que la peur et la douleur nous empêchait cruellement de dormir ? L'ancien auror, à cette époque, finissait à l'opium chaque nuit dans l'optique de retrouver un sommeil qui se dérobait sans cesse à lui, autant dû à ses émotions qu'aux maux engendrés par des affrontements répétés.

Johann ne supportait pas avoir tort, c'était un fait. Autant qu'il ne supportait pas certaines parties de son passé qu'il avait enterrées aussi profondément qu'il l'avait pu, les jetant aux oubliettes sans aucune forme de pitié envers lui-même. L'une d'elle, pendant la guerre, où il se retrouvait à prendre un certains nombres de substances pour paraître serein, alors que la terreur de perdre un être cher lui déchirait les entrailles, était celle à laquelle il pensait pendant la formulation des mots de l'Islandaise.

« Mais la Marijuana ne présente pas plus de danger qu'une potion, si prise occasionnellement, continua-t-elle, sans même se douter de ce qui dansait dans les iris givrés qui la fixait. Et, ça va, je gère la chose.
Mise à part le fait que les potions ne vont pas ramollir ton cerveau si elles sont préparées correctement, assena-t-il tout de même froidement, mais, en fond, sans grande conviction. On ne peut pas en dire autant de la Marijuana qui le fera dans tous les cas ; et ce sera pire si c'est préparé par des amateurs ou des personnes peu scrupuleuses. »

Des personnes comme ses anciens fournisseurs, secret qu'il ne le lui dirait pas, le gardant jalousement. Il ne l'avait jamais avoué à personne et ne désirait pas commencer ce soir-là. L'amnésique détourna le regard un instant et le professeur se demanda s'il avait touché juste, bien qu'il en doutât.

Comment ne pas le présager, alors que lui aussi avait cru en la rédemption offerte par les drogues ? Lui aussi s'était laissé tenté pendant des mois durant, se persuadant qu'il était capable de tout gérer. Lui aussi s'était laissé abusé par de doux mots aux creux de son oreille. Le mensonge n'en était que plus pernicieux, mais il ne l'avait saisi qu'avec l'expérience.

Le penser, se remémorer cette faiblesse, laissa l'amertume se nichait au creux de son estomac. Comme à son habitude, le magicozoologue n'en fit pas part ; ni par des mots, ni par des gestes, ni même une expression sur son visage, sa neutralité restant figée sur ses traits. Si Johann avait décidé de faire une guerre violente contre ce genre d'abus, c'était précisément parce qu'il ne voulait pas laisser des vies se détruire à cause de doux songes qui se terminaient toujours en cauchemars.

Néanmoins, il devait le reconnaître : peut-être n'avait-il pas le choix pour que certains comprissent. Le fait que ce fût sa protégée, cette femme blessée qu'il avait recueilli, qui le lui fit comprendre était douloureux. Douloureux, mais l'enseignant y trouvait une certaine logique.

« Mais, merci, reprit-elle. Pour ta préoccupation et ton approche. Je pense que j'étais assez effrayée de la réaction que tu pouvais avoir si tu l'apprenais... Je vois bien maintenant que je n'aurais pas dû. »

Dans d'autres circonstances, le trentenaire aurait été plus dur. Son état de faiblesse dû à sa fatigue jouait beaucoup en la faveur d'Elvý, même si cette dernière l'ignorait. Tout comme elle ignorait le pourquoi d'une telle rudesse : sa propre addiction, qu'il avait dû combattre nuit et jours pour se sortir de ses anciens travers. Une addiction qui laissait encore des traces dans son comportement ; son insensibilité factice, pour ne citer qu'un seul exemple.

Johann décida de capituler quand les sourcils de la femme s'affaissèrent dans une moue inquiète. Poursuivre le débat était inutile ; inutile et risqué, pouvant faire réapparaître certains des squelettes dans ses placards, qu'il préférait largement laisser à la place qu'il leur avait dédié.

« Bon !, et Johann comprit que le sujet était clos, ce qui n'était pas plus mal, tu acceptes de répondre à mes questions à présent, hein ? »

Pour toute réponse, le baron du crime acquiesça. D'un geste, il l'invita à poursuivre, se laissant par la même occasion couler dans son fauteuil. Rare était ceux qui pouvait voir un maintien moins strict de l'homme. Ils se comptaient sur les doigts d'une main. Une main qui venait d'acquérir l'Islandaise comme auriculaire.

« Du moins, reprit-elle, sa voix se faisant presque plaintive à l'ouïe de son interlocuteur, pour l'instant je n'en ai qu'une seule : que diable s'est-il donc passé après que j'eus quitté la fête ? »

Le sujet de la drogue étant passé, le second ne risquait pas d'être joyeux non plus. Le brun laissa un soupir s'échapper, preuve d'un manque de maîtrise de sa part. Il ne pouvait pas maintenir une parfaite domination de son corps dans sa situation actuelle, mais par habitude, le criminel cadrait au moins ses confessions corporelles.

« Je vais te faire la version courte. », dit-il après un instant de flottement.

Il prit le temps de réfléchir, pendant une bonne minute, fixant les flammes. La manière douce n'avait jamais été son fort. Si bien qu'après avoir tourné en boucle différentes phrases pour parvenir à faire avaler la pilule - sans mauvais jeu de mots - à la droguée, un nouveau soupir franchit ses lèvres, suivit d'une vérité aussi brute qu'elle pouvait paraître effrayante.

« L'élève a été retrouvé par des camarades à lui qui ont voulu jouer aux justiciers ; fait qu'on ne peut pas vraiment leur reprocher vu le résultat. »

Les quelques anciens collègues qu'il avait croisé n'avait pas cherché à faire de rétention d'informations sur ce point et, même si son statu de professeur avait dû les convaincre, il leur en était reconnaissant. Si cela n'avait pas été le cas, Johann aurait attendu un message du directeur et ne serait arrivé pour cette charmante conversation que bien plus tard.

« Et un groupe de mangemorts était présent pour pimenter la soirée. »

Si en dehors des accoutrements, rien ne pouvait le prouver, le fait qu'il fût membre de l'Ordre jouait beaucoup sur sa perception des évènements. Il savait que c'était bel et bien des disciples du Seigneur des Ténèbres. Des mages noirs qui allaient encore se jouer d'un grand nombre d'habitants, parce que le Ministère était incapable d'avouer ses fautes. La faute retomberait sur Dumbledore, il n'avait pas besoin d'être devin pour le prédire.

« Ils vont démentir, poursuivit-il son très court récit, parce qu'il n'y a aucune preuve réelle. Pourtant, il n'y a aucun doute à avoir devant un groupe aussi bien organisé et portant de façon ostensible leurs attributs. »

D'un regard braqué sur son bras, il désigna ses anciennes blessures.

« Je dois ça à l'une d'elle juste avant leur fuite, termina-t-il, et encore je ne suis pas à plaindre. »

Une femme qui, si elle n'avait certainement pas les épaules de Bellatrix Lestrange, avait au moins son goût de la mise en scène. Une mise en scène qui avait coûté cher à Andrée.

Le sorcier tourna ensuite ses iris vers l'Islandaise, chassant ses souvenirs dans son mouvement. Elle devait avoir un millier de questions qui se bousculaient dans son esprit. Le calme de Kayser vis-à-vis de la situation l'influençait-elle, par ailleurs ? Ou la terreur commençait-elle déjà à répandre son venin dans les veines de la nordique ?

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Lun 31 Mai 2021 - 12:38



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Mercredi  1er novembre 1995

- Mise à part le fait que les potions ne vont pas ramollir ton cerveau si elles sont préparées correctement, répliqua le Kayser face aux excuses sulfurisées de la droguée. On ne peut pas en dire autant de la Marijuana qui le fera dans tous les cas ; et ce sera pire si c'est préparé par des amateurs ou des personnes peu scrupuleuses.

Il n'avait pas tort. Mais, ça ne suffit toujours pas à convaincre le for intérieur d'Elvý. Les potions - ou du moins, certaines – ne ramolliraient certes pas son cerveau, mais à quel autre prix ? Il y avait toujours un prix à payer lorsque l'on cherchait à faire atteindre à son corps et à son esprit un état d'une certaine intensité par l'ingestion d'un produit, magique ou non. Les seules réelles solutions étaient de se tenir écarté de toutes sortes de drogues ou potions similaires, ou bien d'arriver à garder le contrôle de leur usage. Elvý restait convaincue d'être capable de la seconde option.

- Comme je te l'ai dit, répéta une nouvelle fois l'Islandaise d'une voix qui se voulait toujours aussi sereine et rassurante, c'est occasionnel et sous contrôle.

« Et mon cerveau ne ramollira pas », voulut-elle ajouter, mais elle retint ces mots derrière un sourire de façade. Ç’aurait été le mensonge de trop, celui qui aurait brisé l'illusion à ses propres yeux. Celui qui lui aurait rappelé qu'elle s'enfonçait dans le déni et, surtout, celui qui lui aurait rappelé que son cerveau était déjà abîmé plus qu'il ne le fallait.

- Mais, merci, ajouta-t-elle dans l'espoir de clore le débat. Pour ta préoccupation et ton approche. Je pense que j'étais assez effrayée de la réaction que tu pouvais avoir si tu l'apprenais... Je vois bien maintenant que je n'aurais pas dû.

Le sourire de la Scandinave s'étira un peu plus, comme s'il pouvait dérider les traits stricts de son protecteur. Johann était de ces personnes à l'expression impassible et au regard insondable mais les yeux d'Elvý semblaient pourtant aveugles à ce masque froid et rigide qu'était le sien. Dès le premier jour, dès le premier réveil, elle n'avait vu que de la bienveillance tapie derrière ses iris de givre. De la bienveillance et rien d'autre. Elle le savait, ce soir encore il s'agissait de cela : sa sévérité n'avait d'objectif que sa protection. Mais Elvý, tels les macareux moines de son pays, était à présent capable de voler de ses propres ailes et, si Johann était son rivage, il ne pouvait devenir sa cage. Ses choix, aussi discutables fussent-ils, étaient la seule liberté qui lui restait. L'amnésie lui avait déjà arraché trop de plumes.

Avant que Johann puisse à nouveau répliquer, la droguée s'empressa de changer de sujet. Il y avait des soucis plus gros que ses addictions à l'heure actuelle, comme les plaies qui avaient zébré le bras du Kayser l'instant d'avant. Le sourire de la brune se fana et ses mots s'épuisèrent sur une unique question : que diable s'était-il passé ?

- Je vais te faire la version courte.

Le trentenaire avait laissé son corps couler un peu plus dans le fauteuil, signe d'abandon du précédent débat. Et sûrement aussi de fatigue. La Njállsdóttir ne parvint pas à en faire de même, la tension de ses muscles s'était presque intensifiée dans l'appréhension de ce qu'elle allait découvrir de la bouche de son interlocuteur. Elle inclina donc plutôt son buste vers l'avant pour faire reposer un coude sur ses genoux et caler son menton sur son poing.

- L'élève a été retrouvé par des camarades à lui qui ont voulu jouer aux justiciers ; fait qu'on ne peut pas vraiment leur reprocher vu le résultat.

Un flash de baguette ensanglantée traversa la vision de la jeune femme dont les sourcils se contractèrent brièvement. Savoir le disparu à présent retrouvé lui apporta néanmoins un premier soulagement et le liquide vermeil fut remplacé par le doux visage d'Angelica devant ses yeux. L'image fugace d'une autre sauveuse. La vision s'effaça avant d'être traitée par sa conscience. Johann continua son récit :

- Et un groupe de mangemorts était présent pour pimenter la soirée.

- Des Mangemorts ? répéta spontanément Elvý, incrédule.

- Ils vont démentir, acquiesça implicitement l'ex-auror, parce qu'il n'y a aucune preuve réelle. Pourtant, il n'y a aucun doute à avoir devant un groupe aussi bien organisé et portant de façon ostensible leurs attributs.

L'Islandaise ne remit pas un seul instant en doute les paroles de son aîné. Elle faisait confiance en son discernement à lui plus qu'à celui de n'importe qui d'autre. Elle l'estimait d'ailleurs particulièrement pour cette qualité.

Le menton de l'homme s'inclina vers son bras découvert et soigné de toutes ses précédentes plaies alors qu'il en vint à la conclusion de son récit :

- Je dois ça à l'une d'elle juste avant leur fuite, et encore je ne suis pas à plaindre.

Elvý resta un instant dans le silence, son regard parcourant aveuglément la peau cicatrisée du Kayser. La stupeur. La confusion. L'inattendu. Elle ne sut quoi dire les premiers secondes, les questions affluant de manière informe dans son esprit. Puis, l'une d'elles finit par lui venir naturellement :

- Il y a eu d'autres blessés ? Et, des blessures... plus graves ?

Elle redoutait la réponse. Même si toutes les autres personnes de la soirée étaient pour elle des inconnus, elle redoutait ce qui avait pu leur arriver, comme si la peine d'une seule personne pouvait se réverbérer sur le monde entier. Comme si, dans un drame qui avait touché qu'une minorité, ils se retrouveraient tous connectés. Eux, les êtres humains.

Ce ne fut qu'après sa réponse qu'elle reprit du recul, qu'après l'assurance qu'il n'y avait eu aucun mort, ombre noire qu'elle avait envisagé un court instant. Elle s'autorisa alors à exprimer un semblant de soulagement :

- Bon, au moins, toi tu es sauf, à présent. C'est ce qui compte pour moi.

Elle se leva du canapé et lui tendit la main pour l'aider à se soulever du fauteuil.

- Et tu mérites un bon gros somme avant que je ne te harcèle d'autres questions. Prends mon lit, j'irais dans le bureau. Comme ça, ce sera l'occasion pour moi d'enfin tester ton super clic-clac !

Elle connaissait Johann et sa fierté. Elle savait d'ores et déjà qu'il allait décliner l'invitation, que ce soit celle du lit ou même celle de simplement rester dormir. Aussi, ajouta-t-elle :

- Et le « non » n'est pas toléré !

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Elvý Njállsdóttir
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Ven 25 Fév 2022 - 21:59
♛ Blood and Howl ♚
Tu l’entends ? Bien sûr que tu l’entends. Le murmure, le murmure assourdissant et permanent. Il a envahit la ville et les esprits, il arpente les rues en hurlant. [...] Le murmure assourdissant et permanent qui te fait croire qu’y a pas de rédemption, pas de pardon, pas de rachat, pas de rémission. Et tu l’acceptes, tu le laisses rentrer. [Blizzard ~ FAUVE]

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Mercredi 1 Novembre 1995,

Repenser à ce qui s'était passé durant la soirée était plus douloureux qu'il ne s'y était attendu. Comprendre les penchants de sa protégée l'était tout autant. Les deux raisons pouvaient paraître détachées l'une de l'autre, mais en vérité, elles étaient liées.

L'affrontement qui avait eu lieu, les masques, les actions combinés de plusieurs sorciers pour les contrer, les jeunes qui voulaient jouer aux héros. C'était un rappel à la première guerre. Johann avait été jeté dedans dès sa sortie de Poudlard.

Il ne comptait plus le nombre d'enterrements auquel ils avaient assisté. Des collègues de bureau, parfois de simples fonctionnaires. Des membres de sa propre escouade, dans laquelle Amanda et lui avaient tous deux fait leurs classes. Des membres de l'Ordre du Phénix, devenu des amis. Des adolescents imprudents, trop souvent.

Pour combattre sa détresse, il n'avait pas trouvé d'autres solutions que se laisser lentement sombrer dans les mêmes travers que l'Islandaise. Des démons qui risquaient de tourner autour de lui à nouveau, s'il ne prenait pas la menace au sérieux.

Il n'avait pas l'intention de se laisser avoir une seconde fois, cependant. Il n'était plus le jeune adulte idéaliste qu'il avait été à sa sortie de Poudlard, qui avait suivi un homme aux allures révolutionnaires. Il était maintenant plus expérimenté, avait de nombreuses responsabilités sur les épaules et il n'avait plus le droit à l'erreur.

Contrairement à Elvý, il ne pouvait pas se permettre de laisser son esprit couler dans un confort factice. Il commençait tout juste à ressentir à nouveau l'angoisse au creux de son estomac, une alerte qu'il gardait précieusement. D'ici quelque temps, il le pressentait, recevoir les différents journaux sorciers du Royaume-Uni deviendrait un véritable calvaire, mais il s'y préparait mentalement.

Il voulait toutefois la préserver autant que possible. Avec le traumatisme que la Njállsdóttir avait subi, il était hors-de-question pour lui de la mettre directement en danger. Elle devait néanmoins savoir le danger qui rodait à l'extérieur de ses murs, pour son bien. En espérant qu'elle n'aurait pas l'idiotie de courir après le danger, mais sur ce point, il ne pouvait pas la contrôler. Il le comprenait maintenant qu'il ne pouvait la convaincre du bien fondé de sa mise en garde. Il espérait par contre qu'elle se montrerait intelligente.

« Il y a eu d'autres blessés ? Et, des blessures... plus graves ? »

Le questionnement de la femme était parfaitement logique. Kayser, s'il s'était attendu à plus d'interrogations différentes de la part de son interlocutrice, s'était attendu à une demande de ce genre-là. Il n'aimait cependant pas voir l'inquiétude qui perçait ses prunelles.

« Il y a eu d'autres blessés, oui, commença-t-il. Mais tu peux te détendre, il n'y a eu aucun mort. »

Seulement des adolescents traumatisés, des adultes en mauvais état et la frustration de n'avoir pu arrêter aucun mangemort, mais il se retint de le dire. Sa comparse venait de se détendre un peu, il n'avait nullement l'idée de l'affoler inutilement. Ils étaient en sécurité ici, d'autant que personne ne connaissait l'emplacement exact de la maison en dehors des quelques rares voisins qui vivaient en bordure du village.

« Bon, au moins, toi tu es sauf, à présent. C'est ce qui compte pour moi. »

C'était très égoïste comme façon de voir la réalité, mais Johann ne lui en tint pas rigueur. Il était parfois plus facile de fermer les yeux sur le malheur d'autrui plutôt que de plonger tête la première. C'était par contre, à ses yeux tout au moins, plus simple de s'occuper des problèmes des autres que des siens. C'était peut-être pour cela que malgré la peur, l'appréhension et l'espoir d'un conflit qui ne durât pas, il ne se sentait pas aussi mal que durant la première apparition du Seigneur des Ténèbres.

La guerre qui se préparait, il avait sauté dedans dès son retour en Angleterre, des années plus tôt. Il ne s'en rendait compte que maintenant, mais son gang, les Suns of Loki, était une véritable armée. Avec elle, il avait déjà mis hors d'état de nuire des personnes ignobles qui auraient été du côté des fidèles du Lord Noir.

Il fallait cependant qu'il arrêtât d'y penser pour ce soir et le fait que la femme se levât de son assise était une distraction parfaite. Il la regarda évoluer jusqu'à lui pour lui tendre la main. Sa première réponse fut d'arquer un sourcil, mais il devait bien reconnaître qu'il sentait son corps épuiser. Son esprit l'était aussi, mais il était plus difficile pour lui de le reconnaître. Il attrapa sa main et s'en aida pour se redresser en position debout.

Un léger vertige plus tard, il était sur ses pieds, parfaitement droit. Il ne montra pas son état de faiblesse passager. Elvý risquait de s'affoler pour rien.

« Et tu mérites un bon gros somme avant que je ne te harcèle d'autres questions, souffla l'Islandaise, alors que Johann s'apprêtait à partir vers la porte d'entrée. Prends mon lit, j'irais dans le bureau. Comme ça, ce sera l'occasion pour moi d'enfin tester ton super clic-clac. »

Sans doute le connaissait-elle déjà trop bien qu'il n'eut pas le temps de répliquer. Elle le devança.

« Et le "non" n'est pas toléré ! »

Johann pesa le pour et le contre, avant d'abandonner tout affrontement. Il n'était plus en état de convaincre qui que ce fût et leur conversation passée, concernant les drogues et les abus, avait déjà fini de l'épuiser. Il hocha la tête, avant de se diriger vers le bureau en question, ayant pour idée de prendre ce fameux clic-clac.

Il était de facture moldue et Allemande. Bien sûr qu'il était confortable.

« Le "non" n'est peut-être pas toléré pour ce qui est de dormir ici, mais je prends le bureau. »

Sans vraiment se rendre compte, sur l'instant, de ce qu'il disait, il rajouta un peu pensif, bien moins dans son contrôle habituel :

« Si je dors dans le lit d'une femme, c'est avec la femme en question... »

Quand il prit la pleine mesure de ce qu'il venait d'affirmer, il se figea un instant et tourna un regard givré vers sa protégée, de sorte qu'elle ne pût voir sa panique.

« Oublie ce que je viens de prononcer. », lui ordonna-t-il.

Si la Njállsdóttir lui répondit, il ne répliqua pas et s'esquiva. Isolé dans son ancien bureau, il soupira, mentalement en sueur. Elvý était une femme, c'était un fait. Néanmoins, qu'elle pût penser qu'il pouvait s'imaginer dans ce genre de position avec elle lui était insupportable. Elle était comme une petite sœur qu'il ne connaissait que depuis très peu de temps. C'était horrible de ne serait-ce qu'y penser.

Il se sentit tant gêné par ses mots que si l'enseignant dormit bel et bien dans la demeure, il repartit pour Poudlard à la première heure le lendemain, si bien que les élèves purent le voir à la table des professeurs pour le petit-déjeuner.

Il irait voir l'amnésique dans les prochains jours pour terminer cette conversation, mais il allait attendre un peu. Juste le temps qu'elle oubliât cette phrase, incontrôlée et stupide, sortie toute seule. Ses lèvres, traitresses qui n'avaient pas retenus les mots de s'échapper, resteraient toutefois close sur le sujet, si d'aventure elle se rappelait...

Sur une note plus positive, si cela ne lui faisait pas oublier les problèmes engendrés par la Gazette et ses mensonges, la drogue et les arguments de la Njállsdóttir, la guerre et les futures victimes, ça lui donnait au moins d'autres pensées sur lesquelles se concentrer.

CODAGE PAR AMATIS

Johann A. Kayser
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