Tu l’entends ? Bien sûr que tu l’entends. Le murmure, le murmure assourdissant et permanent. Il a envahit la ville et les esprits, il arpente les rues en hurlant. [...] Le murmure assourdissant et permanent qui te fait croire qu’y a pas de rédemption, pas de pardon, pas de rachat, pas de rémission. Et tu l’acceptes, tu le laisses rentrer. [Blizzard ~ FAUVE]
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Mercredi 1 Novembre 1995,
Parfois, Johann se maudissait. Particulièrement, quand il n'écoutait pas ses conseillers et qu'il finissait, d'une façon ou d'une autre, par le payer. Comme la fois où, quand Aaron l'avait mis en garde sur l'une de ses fréquentations – fréquentation qu'il avait pourtant pensée de son côté –, cette dernière avait bien failli lui coûter des années enfermés à Azkaban. Comme ce soir-là, alors que son phénix l'avait, à sa manière, mis en garde et qu'il avait ignoré sa protestation.
Les phénix étaient des êtres d'une intelligence rare, d'une sagesse exemplaire et ils possédaient un instinct extrêmement fort. Rien d'étonnant à cela. Ces êtres, bien que passant par tous les stades de l'âge comme la majorité des créatures de ce monde, étaient immortels. Leur âme était éternelle, d'une vieillesse que personne ne pouvait quantifier réellement. Fiery ne faisait pas exception. Fumseck non plus. De fait, quand ce volatile n'était pas pour une action, le plus logique restait de suivre la demande de l'oiseau. Ils avaient une manière à eux de communiquer, mais ils étaient compréhensibles.
Johann avait mis au placard, ce soir-là, ses propres cours. La soirée ne s'était premièrement pas bien déroulée pour lui, mais il s'y était attendu. Il avait cru, par bêtise, que c'était pour cela que son familier lui avait chanté son désaccord pour qu'il s'y rendît seul. Il n'aurait jamais songé une seule seconde à ce qu'il se tramait dans l'ombre.
Une preuve irréfutable que les semaines passées à Poudlard finissaient par freiner ses propres pressentiments. Là non plus, rien d'ahurissant. Cela finissait par se ressentir sur son comportement, et ce, malgré la présence plus que néfaste de Dolorès Ombrage, parce que Poudlard restait une place forte surprotégée. La présence de Dumbledore n'y était pas étrangère, mais même sans l'homme, l'école restait un choix plus que raisonnable pour n'importe qui souhaitant gagner une forme de contrôle sur la population.
Et il ne s'en rendait compte que maintenant. Dumbledore avait eu, des années durant, la main mise sur l'éducation des sorciers de Grande-Bretagne. Lui-même, au fond, l'avait subi, comme n'importe quel autre élève de l'école ces dernières décennies. Il n'était pas, pour autant, pour que le Ministère vînt mettre son grain de sel en cette période qui s'annonçait sombre, du moins pas maintenant. Mais il devait reconnaître que, sans aller dans le bon sens, l'idée première était loin d'être idiote. Cependant, pour le magicozoologue, ils auraient dû envoyer l'un de ces anciens collègues pour assurer le cours et la surveillance, personne d'autre. Quelqu'un qui, sans être neutre, aurait su mettre de l'eau dans son vin, à l'inverse de la fanatique des chats.
Néanmoins, bien que ses réalisations allassent rester ancrées en lui par la suite, ce n'était pas sa préoccupation première sur l'instant. Car cela ne relevait que de ses divagations, alors qu'avec difficulté, il remontait l'allée qui menait à l'une de ses nombreuses demeures. Une maison qu'il avait offerte à une amnésique. Une jeune femme qu'il avait soignée, à qui il avait trouvé un travail et sur qui, encore aujourd'hui, il gardait un œil.
C'était pour elle, pour une promesse que l'on aurait pu penser dans le vent, qu'il se trouvait maintenant devant la porte. Parce qu'il lui avait dit qu'il viendrait, qu'il la retrouverait quand ce serait terminé. Alors, malgré ses blessures, malgré sa fatigue émotionnelle et physique, homme de parole depuis ses plus jeunes années, Johann avait usé du peu de force qu'il lui restait pour transplaner devant la bâtisse. Y pénétrer s'avérait tout de suite bien plus complexe, mais le trentenaire ne s'était jamais découragé devant l'impensable. Ce n'était pas ce jour-ci, ou plus exactement cette nuit-ci, qu'il allait commencer.
Avec difficulté, il parvint finalement à ouvrir la porte d'entrée, mais avec un certain fracas. Et à peine son pied foula l'intérieur que le professeur s'écroulait de moitié sur le guéridon. Loin était le chef incontesté d'un gang qui lui obéissait aveuglément. Loin était le discoureur charismatique qui savait galvaniser ses troupes. Loin était l'impassible visage de marbre d'un ancien chasseur s'étant reconverti dans le crime. Il ne restait à présent du Kayser que sa vulnérabilité. Une faiblesse qu'il haït à la seconde même où les flagrances désagréables du tabac froid et de la drogue parvinrent jusqu'à ses narines.
Ce fut par la rage qu'il parvint à se redresser, retirant sa cape pour la déposer, ou plutôt la jeter, sur le porte-manteau. Par la rage qu'il se força à s'aider du mur pour éviter de chuter et pour avancer. Ainsi, grinçant des dents à cause de la douleur émanant de son bras gauche, il s'invita dans la salle de séjour sans s'annoncer. Non qu'il en avait vraiment besoin au vu du vacarme qu'il avait fait précédemment.
Sans un regard pour s'assurer que la jeune femme était présente, et sans vraiment remarquer si elle était, ou non, à ses côtés, il partit s'installer sur le fauteuil près du feu. Il s'y écroula plus qu'il ne s'y assit, en vérité, mais sa fierté lui interdisait de remarquer son état meurtri dans son entièreté. Son esprit préférait se concentrer pour le moment sur l'essentiel. Il devait se soigner, prendre un breuvage pour tromper son épuisement et se doucher. Ensuite, seulement, il pourrait se permettre de remettre en perspective sa soirée et ses nouvelles découvertes.
« Elvý, dit-il, espérant se faire entendre sans avoir à lever la voix. Peux-tu me rapporter la trousse de secours ? »
D'un mouvement de baguette incertain, tenant toujours l'if de sa main dominante, il raviva les braises se trouvant dans l'âtre de la cheminée. La chaleur sur sa peau était rassurante, mais la luminosité nouvelle offrait une vue plongeante sur la pâleur de ses traits et les cernes se dessinant sur son faciès. Le faux sang dégoulinant toujours de ses lèvres lui donnait, en plus de ces nouvelles données, la véritable allure d'un vampire en quête de son repas.
« Elle se trouve à l'étage, dans la salle de bain, reprit-il plus bas. Je t'en saurais gré. »
Il patienta un temps qu'il serait bien incapable de définir. Luttant pour ne pas sombrer dans un sommeil pourtant réparateur, il se pencha en avant et, mains jointes sur sa baguette pour stopper les tremblements de ses membres, observa les flammes. Après ses dernières divagations, son esprit n'arrivait tout bonnement plus à réfléchir correctement. Comme si sa vie entière venait de se mettre en pause. Comme si, en dehors du rouge, du jaune et du orange, couleurs dansantes, plus rien n'existait. Les rouages du temps, de l'horloge, venaient de se stopper, bloqués par l'irrégularité d'un mouvement hypnotique.
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Mercredi 1 Novembre 1995,
Pour Johann, qui avait su acquérir une grande patience avec le temps, l'attente pouvait avoir du bon. Bien sûr, dans sa situation actuelle, où il peinait à garder les yeux ouverts, c'était autre chose. Pour autant, il avait trouvé un moyen de rester un minimum concentré. Son regard restait accroché à la danse hypnotique des flammes qu'il avait allumées dans l'âtre et il se forçait à compter mentalement le nombre de craquements qu'il entendait. Le véritable problème venait cependant de sa technique, car si le magicozoologue appréciait la solitude et le silence à sa juste valeur, c'était bien parce qu'elle lui permettait de réfléchir, de planifier, de se souvenir et de comprendre.
Présentement, il n'y arrivait pas. Et la frustration, loin d'être appréciable, venait renforcer le sentiment qui venait lentement s'immiscer au fond de lui. Dès qu'il parviendrait à reprendre un minimum de contrôle sur ce qu'il se passait, autant sur son esprit que ce qui l'entourait, le trentenaire se souviendrait de deux points importants. Tout le monde ressentait ou avait ressenti un jour ce qu'il éprouvait à l'instant. S'il se retrouvait dans cet état, ce n'était pas dû à une quelconque incompétence de sa part, mais parce que rien ni personne n'aurait pu prédire ce qui allait arriver. Ainsi, l'essence d'infériorité qui coulait à travers ses veines se dissiperait rapidement.
Encore fallait-il pour cela, toutefois, que la femme qu'il hébergeait revînt. Il n'avait aucune idée du temps qui passait. Incapable de le deviner, il ne pouvait comprendre que la demoiselle avait déjà retourné une partie de la demeure durant son absence et qu'elle cherchait donc les précieux breuvages dans le foutoir qu'était devenu l'étage. Dans son esprit, la trousse de secours était toujours au même endroit, et ce dans toutes ses demeures, pour plus de praticité. Heureux était-il d'ignorer que tout avait été bousculé par l'arrivée de l'amnésique.
Une amnésique qui revint effectivement avec la subtilité d'un niffleur dans une bijouterie. Le vacarme que la demoiselle fit eut au moins le mérite de sortir le professeur de sa torpeur et ce fut dans un sursaut, qu'il tenta de camoufler tant bien que mal, qu'il accueillit ses paroles quand elle se mit à chercher ce qu'elle devait lui administrer.
« Désolée, j’ai mis du temps à trouver, dit-elle, sans pour autant que l'homme en comprît véritablement la raison dans l'immédiat. Alors… Potion contre la toux, nei… Remède contre les furoncles, nei… Philtre revigorant, n-… já ! »
Une seconde après son cri de victoire, Elvý se trouvait déjà à son chevet, même si l'étirement du temps pour la perception de l'enseignant rendait la constatation difficile.
« Tiens, pour commencer, bois ça. »
Dans d'autres circonstances, jamais Johann n'aurait accepté d'ingurgiter un breuvage qu'il n'avait pas lui-même décidé de prendre. Cependant, la confiance qu'il parvenait à ressentir pour elle, se sentant bien trop responsable de l'islandaise de manière irrationnelle, lui permit d'accepter son geste sans broncher.
La potion avait un goût atroce et l'envie de vomir fut bien présente, mais le mélange ne tarda pas à se faire ressentir. Une grimace s'imprima sur ses traits, mais bien trop fier, l'Allemand la chassa pour reprendre un semblant d'ascendant sur la situation. Ce n'était pas simple, encore moins avec la manière de faire de la représentante du beau sexe qui lui donnait la sensation d'être maternée, mais il ne chercha pas à la reprendre pour autant. Fier, certes, mais il n'était pas idiot et savait qu'il lui faudrait plus qu'un simple filtre lui offrant de nouvelles forces.
Ses paupières, au moins, ne lui paraissaient plus être sous l'effet d'un filtre de sommeil-sans-rêve et c'était déjà un bon début.
« Que s’est-il donc passé, Johann..., souffla son infirmière improvisée après avoir retiré sa main. Comment t’ais-tu fait cette blessure ? »
L'interrogation lui donna envie de rire. Un rire qui mourut avant d'atteindre sa gorge quand les images s'imposèrent. Dans les flammes dansantes, il revoyait en boucle les différentes actions qui l'avaient mené à son état. Et l'inquiétude qui perçait dans la voix de la blonde ne lui plaisait pas.
Depuis quand avait-il pris pour habitude de se complaire dans un tel comportement ? Ce n'était pas dans ses projets d'angoisser les autres, et certainement pas la nordique. Elle avait suffisamment à gérer dans sa vie - en particulier dû à son absence de souvenir - pour en prime devoir se soucier de celle des autres. Pour autant, il se doutait qu'une absence de réponse ne la satisferait pas.
Ce fut dans un soupir qu'il s'apprêta de répliquer, pour finalement être coupé dans son élan par la seconde question de sa protégée.
« Du dictame, entendit-il difficilement, puis elle reprit plus fort. Est-ce que tu avais mis de l’essence de dictame dans cette trousse, Johann ? »
Elle ne lui laissa pas le temps de lui fournir la réponse qu'elle repartait déjà vers la table où elle avait entreposé le contenu de la fameuse trousse. S'il pouvait donc la laisser chercher et trouver, il préféra cependant lui facilité la tâche. Le fait qu'il était le premier concerné y était fatalement pour quelque chose ; pour beaucoup.
« Dans toutes les trousses, dit-il. Le flacon vert. »
L'idée de l'utiliser ne lui plaisait pas outre-mesure, mais il devait bien avouer que ce serait le plus pratique et le plus rapide. Et à présent qu'il pouvait se servir de sa tête, il prit sur lui pour avancer la jeune femme.
De son bras valide, il attrapa la manche abimée de son costume et, forçant pour dresser son membre blessé de façon à ne pas se faire plus mal que nécessaire, il tira d'un coup sec dessus. Après quelques essaies infructueux, l'amenant à réitérer son geste, la couture finit par céder. Avec précaution, il retira le tissu, dévoilant sa peau lacérée à quelques endroits. Quelques-unes de ses plaies, par ailleurs, s'étaient rouvertes, les fibres collées ayant arrachés quelques croutes, mais ce n'était rien de grave.
Avec une vue plus dégagée dessus, il discerna directement qu'il s'agissait plus d'un amas d'égratignures que de véritables plaies inquiétantes. Cependant, il était évident que laisser ainsi laisserait des cicatrices. Il en avait déjà suffisamment qui zébrait sa peau à plusieurs endroits pour vouloir en acquérir de nouvelles, d'autant plus aussi bêtement. La fierté, encore une fois.
Une fierté qui ne le priva pas de tendre ses écorchures vers sa secouriste improvisée quand cette dernière revint avec la préparation. Ce fut sans le moindre geste qu'il accueillit les gouttes sur sa peau. Son regard accrocha immédiatement le spectacle que cela offrait. Voir sa peau se refermer à vue d'œil était toujours quelque chose d'étrange, même après tant d'années. Et ce, malgré sa possession d'un phénix qui, par nature, pouvait soigner la plupart des maux de quelques larmes versées.
La fumée verdâtre qui s'échappa de son membre l'instant d'après le ramena cependant aux flammes et à leur danse. Tout en laissant choir son corps dans son assise, il laissa un profond soupir s'échapper d'entre ses lèvres. Puis il accrocha du givre de ses pupilles celles de l'occupante des lieux.
« J'imagine que tu ne seras satisfaite que quand je t'aurais répondu, je me trompe ? »
Il reprenait déjà des couleurs et il le sentait. Les deux potions combinées lui offraient presque autant d'énergie que si Fiery lui avait elle-même apportait les soins dont il avait eu besoin. Sans doute était-ce pour cela qu'il ne se gêna pas d'offrir un léger sourire à Elvý, presque amusé, en signe de remerciement.
Puis il reprit son visage de marbre, comme si l'expression précédente n'avait jamais vu le jour. La raison à cela pouvait se résumer en une phrase : il allait devoir parler, il le présentait. Néanmoins, ce ne serait pas sans la bousculer un peu.
« J'accepte à condition que tu m'expliques pourquoi ma maison empeste des effluves que le tabac seul serait bien incapable d'offrir à mes narines. »
Il n'irait pas jusqu'à la faire culpabiliser, du moins pas consciemment, mais il devait bien avouer que c'était désagréable comme senteur. Cependant, c'était aussi une opportunité en or pour l'importuner un peu et se changer les idées. Le reste, à savoir ses futures réactions, en sachant cela, ne pourraient être déterminées que par la répartie de son interlocutrice.
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Sam 19 Déc 2020 - 17:55
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Jeu 18 Fév 2021 - 18:09
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Mercredi 1 Novembre 1995,
S'il y avait bien un trait de la personnalité de Johann Kayser qui pouvait être à la fois néfaste pour lui et, parfois, pour son entourage, c'était bien son incapacité à laisser voir ses faiblesses. Ce n'était pas tant qu'il n'en possédait pas, l'homme, bien que sorcier et ancien auror, restait un humain. Et comme tout humain, il lui arrivait d'avoir ses moments de doutes, ses moments où la solitude l'accueillait et où, s'il n'y prenait pas garde, il se retrouvait à tout remettre en question. Johann détestait cet état. Il avait, dans ces moments-là, l'impression de nager dans un océan d'incertitudes et, encore pire, de faire du surplace.
Ainsi, comme dit, il détestait cet état, mais ce qu'il haïssait encore plus que celui-ci, c'était bien de devoir quémander de l'aide. Kayser possédait une fierté qu'il était possible de qualifier de monstrueuse. Pour cause : le professeur s'était déjà retrouvé dans de nombreuses situations sans avoir le moindre contrôle sur celle-ci... Et, alors même qu'il aurait pu et aurait dû appeler à l'aide, il avait préféré se débrouiller seul. Peut-être était-ce pour cela, d'une certaine façon, qu'il avait quitté la brigade. Peut-être était-ce également pour cela que, malgré ses amis et alliés de confiance, il ne déléguait jamais les tâches les plus importantes. Un fait sûr, toutefois, était que c'était précisément à cause de cette partie sombre de sa psychologie qu'avec le temps, Johann avait fini par développer un besoin constant de contrôle sur son environnement, allant des lieux à son entourage proche.
Bien sûr, il n'était pas idiot. Il ne pouvait pas tout maîtriser. Le monde était bien trop peuplé pour cela, alors il se contentait de jouer à son échelle et, quand le hasard - que d'aucun pouvait appeler destin, même s'il trouvait cela ridicule - parvenait à le surprendre, il faisait tout son possible pour reprendre pied le plus rapidement possible.
Comme cela avait été le cas quand, paniqué, la femme d'Aaron l'avait appelé après avoir fait la découverte de l'Islandaise, blessée. Comme c'était le cas maintenant, alors qu'Elvý, la fameuse Islandaise, subissait l'un de ses regards. Un regard dont il avait le secret et qui avait la fâcheuse tendance à faire ressentir à son interlocuteur la désagréable impression qu'il n'était qu'un enfant dans la peau d'un adulte. Un regard sévère, strict, froid. Comme si la personne face à elle venait de faire une bêtise et qu'il venait la corriger.
« J'imagine que tu ne seras satisfaite que quand je t'aurais répondu, je me trompe ? »
L'homme, et son égo blessé à l'instant, ne pouvait pas supporter cette idée. Pourtant, tout comme il savait qu'il ne pouvait pas tout contrôler, il devinait sans mal que la femme à ses côtés ne le laisserait pas repartir sans avoir plus d'explications. Il les lui devait, et il allait devoir l'accepter. Néanmoins, la douleur cuisante qu'il ressentait, et qui n'était pas physique, était encore trop présente pour qu'il pût s'y résoudre directement. Il devait d'abord se donner l'illusion de tout comprendre, de tout savoir et, surtout, de tout maitriser.
« J'accepte à condition que tu m'expliques pourquoi ma maison empeste des effluves que le tabac seul serait bien incapable d'offrir à mes narines. »
Sans la moindre trace de compassion dans ses iris, l'enseignant suivit sa protégée du regard. Il l'observa, sans effectuer le moindre geste trahissant son état mental, alors que la femme s'affairait soudain à ouvrir les fenêtres. Il ne souffla mot non plus quand elle colla son dos au mur, restant loin d'elle. Malgré l'expression horrifiait qu'il avait pu lire sur son visage quand elle s'était figée sur place, il avait saisi qu'il ne pouvait pas faire marche arrière. Plus vrai encore, il ne le voulait pas. Parce qu'à cet instant, au moins, il avait l'illusion de décider de la teneur de la conversation, ou même encore de pouvoir prédire les agissements de l'étrangère. Un beau mensonge qu'il se servait inconsciemment pour enrober son esprit d'un traitre soulagement. Traitre, car une lueur de satisfaction, non pas pour le mal qu'il faisait, mais parce qu'il croyait bien faire, passa le temps d'une seconde dans le reflet givré de ses iris.
« Désolée... »
Johann ne la quittait pas du regard, comme il savait si bien le faire avec les étudiants récalcitrants qui cherchaient à le défier. La différence majeure résidait dans le fait, brute, qu'Elvý n'était plus une adolescente depuis longtemps.
« Il est trop tard pour mentir, hein ?, » ironisa la demoiselle.
Encore une fois, Johann ne la quitta pas des yeux. Il l'observa se mouvoir au ralenti pour revenir prendre sa place à ses côtés. Ce ne fut que quand elle fut assise, remarquant sa posture voûtée, qu'il se réinstalla lui-même. Droit, la tête haute. Une attitude que les moldus auraient qualifié de militaire.
« Je... j'ai... parfois..., repris l'Islandaise, j'ai des pics d'angoisse, juste avant de dormir... »
L'Allemand se contenta d'un hochement de tête bref, signalant par la même occasion qu'il l'écoutait. Il ne se rendit nullement compte qu'à mesure que les mots de sa protégée sortait d'entre ses lèvres, son visage à lui fondait comme neige au soleil. Elle avait vécu un énorme traumatisme, et les cicatrices dans son dos témoignait de l'agression qu'elle avait subi. De fait, il ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. Même si elle ne se souvenait de rien, son inconscient, lui, ne pouvait que s'en rappeler. Et il en vint même à se questionner sur le lieu d'habitat. La maison était isolée du reste du village. Malgré toutes les protections, un sorcier compétent pouvait franchir les barrières et s'en prendre à elle.
Johann, bien qu'il n'en montra rien, s'en voulut de ne pas y avoir pensé plus tôt. Toutefois, il ne voyait pas vraiment comment il pouvait convaincre la jeune femme de déménager. Les appartements du Chemin de Traverse aurait au moins l'avantage de lui offrir un voisinage conséquent.
« La marijuana ça aide... ça calme... »
Ayant étudié de nombreuses substances qu'il lui arrivait de donner aux animaux pour les calmer, il ne pouvait rien dire contre cet argument. Il l'invita d'un geste presque las à continuer. Sans même le savoir, sans même le voir, il rendait les armes avant même que la bataille n'eût le temps de commencer.
« Occasionnellement. »
Il acquiesça. Un geste anodin, mais qui signifiait qu'il la croyait. S'en voudrait-elle de le berner de la sorte ? Avait-elle peur de son jugement s'il découvrait la vérité ? C'était impossible de le savoir. Il était cependant possible d'affirmer que, aveuglé par l'affection profonde qu'il ressentait pour la sorcière, Johann ne remarqua pas son manège.
« Mais ne t'inquiète pas pour ça. Vraiment. Là, ce qui est le plus inquiétant, c'est toi. Veux-tu bien m'expliquer ce qu'il t'est arrivé ? »
Le chef de gang s'y était attendu. Il le savait. Il allait devoir lui expliquer.
« Góði besti. »
Il allait devoir le faire. Pourtant, ce ne fut pas ses premiers mots. Ils viendraient, mais pas immédiatement. Parce que l'homme était ce qu'il était, son désir de dominer la conversation reprit le dessus dès l'instant où il sentit son calme légendaire s'effriter.
« Je vais t'expliquer, dit-il, son ton ne souffrant d'aucune protestation possible, mais avant ça... »
Johann laissa un profond soupir s'échapper. Avec des gestes plus lents qu'à l'accoutumé, il retira son étui à cigarettes de sa poche. L'une d'elle vint se coincer entre ses lèvres et un claquement de doigt l'alluma dans une petite gerbe de flammes.
Il prenait son temps pour chercher ses mots. Un fait rare, car il était connu pour savoir quoi dire et quand, sans hésitation. Beaucoup aurait dit que cela ne lui ressemblait pas. Et ils auraient eu tort tout en ayant raison. Le professeur ne savait pas comment poursuivre le sujet, car il ne désirait pas la blesser davantage. Il dut quand même se résoudre à faire le grand plongeons après plusieurs minutes de silences.
« Tu aurais pu m'en parler, Elvý. »
Il leva une main vers elle, lui demandant par ce simple mouvement de ne pas l'interrompre.
« J'aurai pu te donner des substances moins néfastes pour le corps. », reprit-il, avant de tirer une nouvelle bouffée de sa cigarette.
Il était possible de penser que c'était l'hôpital qui se foutait de la charité vu ce qu'il inspirait... La différence majeure résidait dans le fait que les cigarettes sorcières contenait du tabac pure. Ce n'était pas bon pour la santé, et surtout pour les poumons, mais elles étaient toujours moins violentes que celles que les moldus vendaient.
« La marijuana, même si elle peut aider à calmer, peut avoir des effets néfastes sur l'esprit et le corps. Perte d'appétit, conscience de la réalité altérée au point que tu pourrais te mettre en danger ou mettre en danger la vie d'autrui... »
Le dernier symptôme, bien qu'il n'était pas forcément le plus grave, était le plus difficile à avouer. Parce qu'elle avait déjà perdu tous ses souvenirs.
« Et perte de mémoire, soupira l'homme. Ce ne sont que des exemples que je viens de te dire, la liste est bien plus longue. »
Il se doutait que le dernier allât la toucher plus que les autres. Dans l'optique d'éviter une crise de sa part, il poursuivit, sans même lui laisser le temps de répliquer.
« C'est pour ça que j'ai appris qu'il ne fallait jamais en donner aux animaux pendant mes études de magicozoologie. »
Il espérait pouvoir la convaincre de ne pas continuer, car il savait que ce genre de consommation était la porte ouverte aux excès. Bien sûr, il ignorait que le pas était déjà franchi pour sa protégée.
« Il existe des alternatives beaucoup moins dangereuses, comme certaines potions qui ont des effets similaires, sans les côtés néfastes, expliqua-t-il en dernier. Je peux t'en procurer, bien que, comme toutes potions, elles doivent être prises avec parcimonie pour éviter de devenir accro. »
Pour l'heure, il ne pouvait pas lui offrir mieux, même si quelques idées germaient dans son esprit. Comme le fait de la surveiller avec plus d'ardeur, pour s'assurer qu'elle ne risquait pas de plonger dans les travers de l'Angleterre sorcière.
« Dis-moi ce que tu en penses... Et ensuite, pose-moi toutes tes questions. J'y répondrai. »
Il lui devait bien cela. Est-ce que c'était une erreur ? L'avenir seul pourrait fournir la réponse.
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Ven 26 Fév 2021 - 20:09
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Jeu 6 Mai 2021 - 15:40
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« Je sais bien tout ça, Johann. »
Elvý releva la tête vers lui avec un sourire. Johann ne le supporta pas, bien qu'il n'en montra rien. La raison en était simple : le soupir en amont puis ses mots ne voulaient dire qu'une chose : il ne l'avait pas convaincue. Un fait brut qui lui donna envie de grincer des dents.
Johann était de ces maniaques qui souhaitait tout contrôler et qui n'appréciait pas quand l'inverse se produisait. De fait, être contredit l'agaçait au plus haut point. Avec le temps, cet aspect de sa personnalité s'était faite plus discrète, ne laissant voir qu'un masque de froideur implacable. La vérité en était tout autre : c'était une façade obligée pour ne pas faire montre de son vrai visage ; un visage que lui-même avait parfois du mal à supporter.
Apprendre à jouer sur la perception d'autrui pour se construire une armure lui avait pris du temps. Du temps, de l'énergie et son dessein ne s'était pas réalisé sans souffrance. Une fuite dans divers pays dans l'optique de réaliser un rêve de gosse avec une arrière-pensée en fond pour donner la direction à suivre. Des abandons qui, parfois, lui avaient donné des insomnies. Comment ne pas se haïr après avoir délaissé un amour passionné, et ce, parce que la peur et la douleur nous empêchait cruellement de dormir ? L'ancien auror, à cette époque, finissait à l'opium chaque nuit dans l'optique de retrouver un sommeil qui se dérobait sans cesse à lui, autant dû à ses émotions qu'aux maux engendrés par des affrontements répétés.
Johann ne supportait pas avoir tort, c'était un fait. Autant qu'il ne supportait pas certaines parties de son passé qu'il avait enterrées aussi profondément qu'il l'avait pu, les jetant aux oubliettes sans aucune forme de pitié envers lui-même. L'une d'elle, pendant la guerre, où il se retrouvait à prendre un certains nombres de substances pour paraître serein, alors que la terreur de perdre un être cher lui déchirait les entrailles, était celle à laquelle il pensait pendant la formulation des mots de l'Islandaise.
« Mais la Marijuana ne présente pas plus de danger qu'une potion, si prise occasionnellement, continua-t-elle, sans même se douter de ce qui dansait dans les iris givrés qui la fixait. Et, ça va, je gère la chose. — Mise à part le fait que les potions ne vont pas ramollir ton cerveau si elles sont préparées correctement, assena-t-il tout de même froidement, mais, en fond, sans grande conviction. On ne peut pas en dire autant de la Marijuana qui le fera dans tous les cas ; et ce sera pire si c'est préparé par des amateurs ou des personnes peu scrupuleuses. »
Des personnes comme ses anciens fournisseurs, secret qu'il ne le lui dirait pas, le gardant jalousement. Il ne l'avait jamais avoué à personne et ne désirait pas commencer ce soir-là. L'amnésique détourna le regard un instant et le professeur se demanda s'il avait touché juste, bien qu'il en doutât.
Comment ne pas le présager, alors que lui aussi avait cru en la rédemption offerte par les drogues ? Lui aussi s'était laissé tenté pendant des mois durant, se persuadant qu'il était capable de tout gérer. Lui aussi s'était laissé abusé par de doux mots aux creux de son oreille. Le mensonge n'en était que plus pernicieux, mais il ne l'avait saisi qu'avec l'expérience.
Le penser, se remémorer cette faiblesse, laissa l'amertume se nichait au creux de son estomac. Comme à son habitude, le magicozoologue n'en fit pas part ; ni par des mots, ni par des gestes, ni même une expression sur son visage, sa neutralité restant figée sur ses traits. Si Johann avait décidé de faire une guerre violente contre ce genre d'abus, c'était précisément parce qu'il ne voulait pas laisser des vies se détruire à cause de doux songes qui se terminaient toujours en cauchemars.
Néanmoins, il devait le reconnaître : peut-être n'avait-il pas le choix pour que certains comprissent. Le fait que ce fût sa protégée, cette femme blessée qu'il avait recueilli, qui le lui fit comprendre était douloureux. Douloureux, mais l'enseignant y trouvait une certaine logique.
« Mais, merci, reprit-elle. Pour ta préoccupation et ton approche. Je pense que j'étais assez effrayée de la réaction que tu pouvais avoir si tu l'apprenais... Je vois bien maintenant que je n'aurais pas dû. »
Dans d'autres circonstances, le trentenaire aurait été plus dur. Son état de faiblesse dû à sa fatigue jouait beaucoup en la faveur d'Elvý, même si cette dernière l'ignorait. Tout comme elle ignorait le pourquoi d'une telle rudesse : sa propre addiction, qu'il avait dû combattre nuit et jours pour se sortir de ses anciens travers. Une addiction qui laissait encore des traces dans son comportement ; son insensibilité factice, pour ne citer qu'un seul exemple.
Johann décida de capituler quand les sourcils de la femme s'affaissèrent dans une moue inquiète. Poursuivre le débat était inutile ; inutile et risqué, pouvant faire réapparaître certains des squelettes dans ses placards, qu'il préférait largement laisser à la place qu'il leur avait dédié.
« Bon !, et Johann comprit que le sujet était clos, ce qui n'était pas plus mal, tu acceptes de répondre à mes questions à présent, hein ? »
Pour toute réponse, le baron du crime acquiesça. D'un geste, il l'invita à poursuivre, se laissant par la même occasion couler dans son fauteuil. Rare était ceux qui pouvait voir un maintien moins strict de l'homme. Ils se comptaient sur les doigts d'une main. Une main qui venait d'acquérir l'Islandaise comme auriculaire.
« Du moins, reprit-elle, sa voix se faisant presque plaintive à l'ouïe de son interlocuteur, pour l'instant je n'en ai qu'une seule : que diable s'est-il donc passé après que j'eus quitté la fête ? »
Le sujet de la drogue étant passé, le second ne risquait pas d'être joyeux non plus. Le brun laissa un soupir s'échapper, preuve d'un manque de maîtrise de sa part. Il ne pouvait pas maintenir une parfaite domination de son corps dans sa situation actuelle, mais par habitude, le criminel cadrait au moins ses confessions corporelles.
« Je vais te faire la version courte. », dit-il après un instant de flottement.
Il prit le temps de réfléchir, pendant une bonne minute, fixant les flammes. La manière douce n'avait jamais été son fort. Si bien qu'après avoir tourné en boucle différentes phrases pour parvenir à faire avaler la pilule - sans mauvais jeu de mots - à la droguée, un nouveau soupir franchit ses lèvres, suivit d'une vérité aussi brute qu'elle pouvait paraître effrayante.
« L'élève a été retrouvé par des camarades à lui qui ont voulu jouer aux justiciers ; fait qu'on ne peut pas vraiment leur reprocher vu le résultat. »
Les quelques anciens collègues qu'il avait croisé n'avait pas cherché à faire de rétention d'informations sur ce point et, même si son statu de professeur avait dû les convaincre, il leur en était reconnaissant. Si cela n'avait pas été le cas, Johann aurait attendu un message du directeur et ne serait arrivé pour cette charmante conversation que bien plus tard.
« Et un groupe de mangemorts était présent pour pimenter la soirée. »
Si en dehors des accoutrements, rien ne pouvait le prouver, le fait qu'il fût membre de l'Ordre jouait beaucoup sur sa perception des évènements. Il savait que c'était bel et bien des disciples du Seigneur des Ténèbres. Des mages noirs qui allaient encore se jouer d'un grand nombre d'habitants, parce que le Ministère était incapable d'avouer ses fautes. La faute retomberait sur Dumbledore, il n'avait pas besoin d'être devin pour le prédire.
« Ils vont démentir, poursuivit-il son très court récit, parce qu'il n'y a aucune preuve réelle. Pourtant, il n'y a aucun doute à avoir devant un groupe aussi bien organisé et portant de façon ostensible leurs attributs. »
D'un regard braqué sur son bras, il désigna ses anciennes blessures.
« Je dois ça à l'une d'elle juste avant leur fuite, termina-t-il, et encore je ne suis pas à plaindre. »
Une femme qui, si elle n'avait certainement pas les épaules de Bellatrix Lestrange, avait au moins son goût de la mise en scène. Une mise en scène qui avait coûté cher à Andrée.
Le sorcier tourna ensuite ses iris vers l'Islandaise, chassant ses souvenirs dans son mouvement. Elle devait avoir un millier de questions qui se bousculaient dans son esprit. Le calme de Kayser vis-à-vis de la situation l'influençait-elle, par ailleurs ? Ou la terreur commençait-elle déjà à répandre son venin dans les veines de la nordique ?
CODAGE PAR AMATIS
Johann A. Kayser
Admin acerbe
_________________
Un amour brisé après un charme
Lun 31 Mai 2021 - 12:38
☽ Elvý & Johann ☾
⇜ code by bat'phanie ⇝
Elvý Njállsdóttir
Admin amnésique
_________________
••• All that remains is a silent call •••
Is the Earth colored red, as I land like a flower on the meadow ? It happened quiet - Aurora
Ven 25 Fév 2022 - 21:59
♛ Blood and Howl ♚
Tu l’entends ? Bien sûr que tu l’entends. Le murmure, le murmure assourdissant et permanent. Il a envahit la ville et les esprits, il arpente les rues en hurlant. [...] Le murmure assourdissant et permanent qui te fait croire qu’y a pas de rédemption, pas de pardon, pas de rachat, pas de rémission. Et tu l’acceptes, tu le laisses rentrer. [Blizzard ~ FAUVE]
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Mercredi 1 Novembre 1995,
Repenser à ce qui s'était passé durant la soirée était plus douloureux qu'il ne s'y était attendu. Comprendre les penchants de sa protégée l'était tout autant. Les deux raisons pouvaient paraître détachées l'une de l'autre, mais en vérité, elles étaient liées.
L'affrontement qui avait eu lieu, les masques, les actions combinés de plusieurs sorciers pour les contrer, les jeunes qui voulaient jouer aux héros. C'était un rappel à la première guerre. Johann avait été jeté dedans dès sa sortie de Poudlard.
Il ne comptait plus le nombre d'enterrements auquel ils avaient assisté. Des collègues de bureau, parfois de simples fonctionnaires. Des membres de sa propre escouade, dans laquelle Amanda et lui avaient tous deux fait leurs classes. Des membres de l'Ordre du Phénix, devenu des amis. Des adolescents imprudents, trop souvent.
Pour combattre sa détresse, il n'avait pas trouvé d'autres solutions que se laisser lentement sombrer dans les mêmes travers que l'Islandaise. Des démons qui risquaient de tourner autour de lui à nouveau, s'il ne prenait pas la menace au sérieux.
Il n'avait pas l'intention de se laisser avoir une seconde fois, cependant. Il n'était plus le jeune adulte idéaliste qu'il avait été à sa sortie de Poudlard, qui avait suivi un homme aux allures révolutionnaires. Il était maintenant plus expérimenté, avait de nombreuses responsabilités sur les épaules et il n'avait plus le droit à l'erreur.
Contrairement à Elvý, il ne pouvait pas se permettre de laisser son esprit couler dans un confort factice. Il commençait tout juste à ressentir à nouveau l'angoisse au creux de son estomac, une alerte qu'il gardait précieusement. D'ici quelque temps, il le pressentait, recevoir les différents journaux sorciers du Royaume-Uni deviendrait un véritable calvaire, mais il s'y préparait mentalement.
Il voulait toutefois la préserver autant que possible. Avec le traumatisme que la Njállsdóttir avait subi, il était hors-de-question pour lui de la mettre directement en danger. Elle devait néanmoins savoir le danger qui rodait à l'extérieur de ses murs, pour son bien. En espérant qu'elle n'aurait pas l'idiotie de courir après le danger, mais sur ce point, il ne pouvait pas la contrôler. Il le comprenait maintenant qu'il ne pouvait la convaincre du bien fondé de sa mise en garde. Il espérait par contre qu'elle se montrerait intelligente.
« Il y a eu d'autres blessés ? Et, des blessures... plus graves ? »
Le questionnement de la femme était parfaitement logique. Kayser, s'il s'était attendu à plus d'interrogations différentes de la part de son interlocutrice, s'était attendu à une demande de ce genre-là. Il n'aimait cependant pas voir l'inquiétude qui perçait ses prunelles.
« Il y a eu d'autres blessés, oui, commença-t-il. Mais tu peux te détendre, il n'y a eu aucun mort. »
Seulement des adolescents traumatisés, des adultes en mauvais état et la frustration de n'avoir pu arrêter aucun mangemort, mais il se retint de le dire. Sa comparse venait de se détendre un peu, il n'avait nullement l'idée de l'affoler inutilement. Ils étaient en sécurité ici, d'autant que personne ne connaissait l'emplacement exact de la maison en dehors des quelques rares voisins qui vivaient en bordure du village.
« Bon, au moins, toi tu es sauf, à présent. C'est ce qui compte pour moi. »
C'était très égoïste comme façon de voir la réalité, mais Johann ne lui en tint pas rigueur. Il était parfois plus facile de fermer les yeux sur le malheur d'autrui plutôt que de plonger tête la première. C'était par contre, à ses yeux tout au moins, plus simple de s'occuper des problèmes des autres que des siens. C'était peut-être pour cela que malgré la peur, l'appréhension et l'espoir d'un conflit qui ne durât pas, il ne se sentait pas aussi mal que durant la première apparition du Seigneur des Ténèbres.
La guerre qui se préparait, il avait sauté dedans dès son retour en Angleterre, des années plus tôt. Il ne s'en rendait compte que maintenant, mais son gang, les Suns of Loki, était une véritable armée. Avec elle, il avait déjà mis hors d'état de nuire des personnes ignobles qui auraient été du côté des fidèles du Lord Noir.
Il fallait cependant qu'il arrêtât d'y penser pour ce soir et le fait que la femme se levât de son assise était une distraction parfaite. Il la regarda évoluer jusqu'à lui pour lui tendre la main. Sa première réponse fut d'arquer un sourcil, mais il devait bien reconnaître qu'il sentait son corps épuiser. Son esprit l'était aussi, mais il était plus difficile pour lui de le reconnaître. Il attrapa sa main et s'en aida pour se redresser en position debout.
Un léger vertige plus tard, il était sur ses pieds, parfaitement droit. Il ne montra pas son état de faiblesse passager. Elvý risquait de s'affoler pour rien.
« Et tu mérites un bon gros somme avant que je ne te harcèle d'autres questions, souffla l'Islandaise, alors que Johann s'apprêtait à partir vers la porte d'entrée. Prends mon lit, j'irais dans le bureau. Comme ça, ce sera l'occasion pour moi d'enfin tester ton super clic-clac. »
Sans doute le connaissait-elle déjà trop bien qu'il n'eut pas le temps de répliquer. Elle le devança.
« Et le "non" n'est pas toléré ! »
Johann pesa le pour et le contre, avant d'abandonner tout affrontement. Il n'était plus en état de convaincre qui que ce fût et leur conversation passée, concernant les drogues et les abus, avait déjà fini de l'épuiser. Il hocha la tête, avant de se diriger vers le bureau en question, ayant pour idée de prendre ce fameux clic-clac.
Il était de facture moldue et Allemande. Bien sûr qu'il était confortable.
« Le "non" n'est peut-être pas toléré pour ce qui est de dormir ici, mais je prends le bureau. »
Sans vraiment se rendre compte, sur l'instant, de ce qu'il disait, il rajouta un peu pensif, bien moins dans son contrôle habituel :
« Si je dors dans le lit d'une femme, c'est avec la femme en question... »
Quand il prit la pleine mesure de ce qu'il venait d'affirmer, il se figea un instant et tourna un regard givré vers sa protégée, de sorte qu'elle ne pût voir sa panique.
« Oublie ce que je viens de prononcer. », lui ordonna-t-il.
Si la Njállsdóttir lui répondit, il ne répliqua pas et s'esquiva. Isolé dans son ancien bureau, il soupira, mentalement en sueur. Elvý était une femme, c'était un fait. Néanmoins, qu'elle pût penser qu'il pouvait s'imaginer dans ce genre de position avec elle lui était insupportable. Elle était comme une petite sœur qu'il ne connaissait que depuis très peu de temps. C'était horrible de ne serait-ce qu'y penser.
Il se sentit tant gêné par ses mots que si l'enseignant dormit bel et bien dans la demeure, il repartit pour Poudlard à la première heure le lendemain, si bien que les élèves purent le voir à la table des professeurs pour le petit-déjeuner.
Il irait voir l'amnésique dans les prochains jours pour terminer cette conversation, mais il allait attendre un peu. Juste le temps qu'elle oubliât cette phrase, incontrôlée et stupide, sortie toute seule. Ses lèvres, traitresses qui n'avaient pas retenus les mots de s'échapper, resteraient toutefois close sur le sujet, si d'aventure elle se rappelait...
Sur une note plus positive, si cela ne lui faisait pas oublier les problèmes engendrés par la Gazette et ses mensonges, la drogue et les arguments de la Njállsdóttir, la guerre et les futures victimes, ça lui donnait au moins d'autres pensées sur lesquelles se concentrer.
CODAGE PAR AMATIS
Johann A. Kayser
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Un amour brisé après un charme
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