13-10-1995 Une nouvelle grande soeur [PV Elyana Sleepy]

C'était un jour comme un autre à Poudlard Et Sam vagabondait dans les couloirs, car elle n'avait pas cours cet après-midi. Pour une fois, elle n'était pas tout de suite aller courir dans le parc. Elle se demandait si elle n'allait pas se rendre à la bibliothèque, histoire de voir ce que le monde de la magie avait à proposer en termes de livres. Même si elle aimait courir, bouger, faire des cabrioles, paradoxalement, la jeune Gryffondor était tout à fait capable de rester des heures entières, immobile, plongée dans un livre. Quand on lui disait de se calmer, elle cherchait donc à dénicher un précieux ouvrage.  

Malheureusement, elle ne le savait pas, mais elle était actuellement la cible d'un Serpentard de cinquième année, qui avait mauvais caractère, qui se sentait agacé par un quelconque événement arrivé dans sa journée et qui avait bien envie de se passer les nerfs sur une innocente petite victime de première année. Il s'avança dans sa direction et lui jeta un sourire mauvais que Sam ignora tout simplement, cherchant à passer à côté de lui sans même le remarquer. Sam n'était pas la dernière pour provoquer ou taquiner, mais elle ne se serait jamais pris à un cinquième année beaucoup plus fort et plus solide qu'elle.

« Salut la mioche ! » lança le Serpentard avec un sourire moqueur. « ou je devrais peut-être dire la moche ? »
« Tu devrais te regarder dans le miroir, avant d'insulter les autres, » répliqua Sam, sans interrompre son pas.

Elle ne l'aurait pas provoqué spontanément, mais elle n'était pas du genre non plus à se laisser insulter gratuitement. Furieux, le Serpentard attrapa sa main et l'entraina dans une salle de classe abandonnée située juste derrière eux. La tenant au col, il la regarda avec une lueur sombre dans les yeux et il fronça les sourcils.

« Pour qui tu te prends, demi-portion ? Quand on a ton âge et ta taille, on la ferme et on fait profil bas. »
« Je dirais plutôt que c'est ce qu'on fait quand on a ton degré d’intelligence », répliqua Sam, pas impressionnée pour un sou.

De sa main libre, encore plus furieux, le garçon la gifla brutalement et la jeta au sol. Sam encaissa sans trop de mal, elle avait vu beaucoup plus dur, rien qu'en faisant la folle sur un terrain de foot. Elle releva les yeux et fixa le Serpentard d’un air dur. Celui-ci pointer sa baguette sur le sac à dos de la fillette et lança un sortilège qui le déchira instantanément, faisant tomber toutes les affaires de la petite Sam au sol. Il déroba le carnet qui lui servait à noter ses idées pour écrire ses histoires, l'ouvrit, et commença à le lire à haute voix en se moquant de ses idées.

« Je n'aurais pas cru que tu savais lire », fit Sam, détournant les yeux, plus blessée qu'elle ne le laissait paraître. Mais elle ne lui ferait pas le plaisir de la voir pleurer.

Sam parvenait à retenir ses larmes malgré l’humiliation qu’elle ressentait. Mais elle avait beaucoup de mal. Elle avait beau être très forte, elle ne supportait pas cette idée que ce type lise son journal intime. Tout le monde avait un seuil de tolérance et elle pouvait être très forte mais là, son seuil de tolérance s’approchait dangereusement. Elle faisait tout pour ne pas lui donner la satisfaction de la voir en larmes, mais elle n’allait pas tenir longtemps dans cette situation. Cultivant la rage, elle se promit qu’un jour, elle serait plus forte que toutes ces brutes qui martyrisaient les plus jeunes.

Elle allait craquer quand une Gryffondor entra, pointant sa baguette sur la nuque de son agresseur. Elle ouvrit des yeux ronds en constatant l’intervention de la jeune fille qui mentionna un conflit l’année précédente. La fillette fut soulagée que son humiliation s’interrompe mais elle avait crié victoire trop vite. Le Serpentard, loin de se sentir impressionné par Elyana, afficha un rictus mauvais, la main toujours sur le journal de la petite Sam, et il se tourna un peu la tête vers la jeune fille, en ayant un ton moqueur, et décida d’humilier un peu plus la fillette qui était par terre.

« Ben alors, Sleepy, t’as pas envie de connaître les petites histoires de O’Neill ? C’est adorable, regarde ! »
« Je t’en ficherais, moi, des adorables ! » grommela Sam, piquée au vif.

Elle se demanda comment le Serpentard faisait pour rester stoïque avec cette baguette sur la nuque mais elle avait l’impression qu’il provoquait la Gryffondor. Il fallait beaucoup de courage pour provoquer quelqu’un qui vous tenait en joue, mais peut-être que c’était simplement une forme d’orgueil. La prétention des Serpentard n’était pas une rumeur et Sam n’appréciait pas tellement. Pour le coup, elle aurait préféré qu’il s’enfuit en la laissant avec ses affaires et qu’elle n’ait pas à s’expliquer sur son état. Elle avait de la fierté et elle n’avait pas envie de finir en larmes parce qu’un abruti était allé trop loin.

Elle se releva et se jeta sur lui pour lui reprendre son journal. Il ne bougea pas la tête, de peur qu’Elyana n’exécute sa menace, mais il repoussa la première année d’un coup de pied, qu’elle reçut dans le ventre. Le souffle coupé, elle retomba au sol et lui jeta un regard empli de colère et de haine.

« Qu’est-ce que t’as, l’insecte ? T’as bobo ? »

La respiration de Sam se fit saccadée, la colère la prenait de plus en plus et la douleur, non pas la douleur physique, parce qu’elle avait l’habitude avec ses quatre cent coups, mais la douleur de se sentir fragile et impuissante, ce qu’elle ne supportait pas.

Pendant que Sam se démenait pour récupérer ce journal que cet abruti s’obstinait à lire derrière son dos, la nouvelle venue semblait tout faire pour garder son calme. Au moins, elle n’augmentait pas l’humiliation de Sam en se moquant d’elle avec lui. Elle était dégoûtée. Ce type allait en voir des vertes et des pas mûres, même si elle devait en passer par Léo pour avoir sa vengeance. Sam n’hésiterait pas. Elle n’était pas du genre à aller pleurnicher dans les jupons de sa mère, mais quand il s’agissait de se venger, rien ne lui faisait peur, y-compris demander de l’aide à plus fort qu’elle.

Elle se demandait pourquoi cette fille ne disait rien, ceci dit, elle aurait espéré qu’elle réagisse, qu’elle la défende. Ce que faisait ce garçon, ce n’était pas bien. Et quand on voyait quelque chose qui n’était pas bien, on réagissait, mais elle ne réagissait pas. Alors Sam tentait de réagir elle-même, mais sans grand résultat vu qu’elle était petite et faible. Malgré tout, elle ne pouvait pas agir face à un grand plus fort qu’elle et qui la repoussait. Tout ce qu’elle pouvait faire, c’était essayer encore, et ça ne lui plaisait pas du tout. Elle fronça les sourcils et détourna les yeux.

Finalement, la nouvelle venue se décida à agir et Sam en fut soulagée. Quand elle leva sa baguette, elle se dit que les choses sérieuses allaient peut-être enfin commencer. Sam n’avait pas le moyen de se défendre mais sa camarade avait un peu plus de bouteille et elle avait apparemment des solutions que Sam n’avait pas. Elle choisit un sortilège qui avait tout de la mauvaise blague, telle que Sam aurait pu l’apprécier si elle n’était pas mortifiée par le fait de l’humiliation que l’individu lui faisait subir. Elle lui lança un sortilège de crache limace qui fit déglutir des limaces à l’individu. Au moins, ça le punissait.

Le fait était que le Serpentard n’apprécia pas de cracher des limaces mais, ne pouvant parler, il ne pouvait ni arrêter le sort, ni se venger. Il préféra s’enfuir en courant et sortir de la pièce. Sam récupéra ses affaires, le nez tourné vers le sol et mit le tout dans son sac. Une fois le sac refermé, elle se mordit les lèvres. Il allait maintenant falloir faire preuve de décorum et remercier la jeune fille malgré tout ce que ça avait d’humiliant. Sam fit la moue avant de relever la tête en direction de sa camarade de Gryffondor.

« Merci de m’avoir aidée. Je n’arrivais pas à me dépêtrer de cet imbécile. Je m’appelle Sam et toi ? »

C’était pas mal l’idée de mettre un nom sur le visage de celle qui lui était venue en aide.

Sa camarade avait fait le nécessaire pour que ce petit imbécile comprenne qu’il n’avait pas à s’en prendre à elle, que ce ne resterait pas impuni. Sam aurait bien voulu lui apprendre elle-même la leçon, mais elle était un peu plus frêle et fragile que le responsable de cette altercation et elle avait été complètement incapable de se défendre face à lui. Mais un jour, elle saurait se battre et alors plus personne ne pourrait lui faire de mal, ni à Beth non plus. Sam défendrait toujours sa grande sœur contre tous ceux qui voudraient l’ennuyer. C’était essentiel pour elle que rien n’arrive à sa chère Beth.

Mais pour le moment, c’était Elyana qui était venue à son secours. Elle l’avait sauvée et Sam lui en était reconnaissante. Quand on était trop petite pour triompher d’une personne qui vous voulait du tort, il valait mieux avoir quelqu’un pour vous épauler. La plupart du temps, c’était Léo qui faisait ça. Il fallait dire que personne ne pouvait toucher à une de ses sœurs sans qu’il réagisse. S’il apprenait ce que ce garçon lui avait fait, nul doute que ce dernier passerait un sale quart d’heure. Mais il n’était pas vraiment nécessaire de le lui dire. Du moins, pour l’instant.

Sa camarade se présenta en réponse à sa présentation à elle et accepta ses remerciements, avant de lui préciser qu’elle avait apprécier de corriger cet imbécile. Sam lui offrit un franc sourire en l’entendant. C’était vrai qu’il y avait quelque chose de plaisant à corriger les imbéciles. Elle-même quand elle le pouvait le faisait avec un plaisir certain. Mais elle n’avait jamais eu autant de satisfaction que de voir celui qui l’avait humiliée et qui avait tenté de la détruire psychologiquement. Elle était dégoûtée de voir qu’il existait de telles personnes à leurs âges. C’était déprimant de constater ce genre de choses.

« J’avoue que je ne m’attendais pas à… ça. »

Elle avait été fortement touchée par la façon dont il s’en était pris à elle. Elle n’avait pas l’habitude de cela. Quand Elyana la complimenta sur sa témérité, cela consola un peu la fillette et remit un semblant de sourire sur ses lèvres. Elle ne manquait généralement pas de courage, ni de force, mais cette fois, les choses avaient été un peu loin pour elle, ce qui justifiait qu’elle soit un peu déboussolée. Pour autant, elle avait toujours essayé d’être la plus forte possible et d’envoyer bouler ceux qui essayaient de lui faire du mal. Elle n’était pas du genre à se laisser faire.

« J’ai un bon coup de poing », lança-t-elle avec un grand sourire. « Mais le plus souvent, j’essaie de me venger avec un peu plus de subtilités. Il y a de bonnes blagues qui font tout à fait l’affaire, tu ne crois pas ? Oui, je suis en Première Année. »

Sam avait fait beaucoup plus qu’entendre parler des exploits des jumeaux Weasley. Elle les avait carrément suivis à la trace pour découvrir certains de leurs secrets, dont on prétendait qu'ils avaient les meilleurs. C'était comme ça qu'elle avait réussi à se faufiler jusqu’à Pré-au-Lard alors qu'elle n'était pas autorisée à s'y rendre du haut de sa première année. En revanche, elle ne pensait pas qu'ils l'avaient remarquée et elle aurait bien aimé car elle était curieuse de savoir ce qu'ils auraient fait pour l'aider à enfreindre le règlement. Elle était sûr qu'ils seraient d'excellents professeurs.

Elle se demanda si elle allait oser avouer à Elyana son forfait. Après tout, il lui sembla que c'était aussi une fauteuse de trouble et qu'elle n'irait pas la dénoncer aux professeurs. Et puis, il y avait quelque chose d’honorifique à avoir réussi à trouver l'un des secrets des célèbres jumeaux qui semaient le trouble dans tout Poudlard depuis plusieurs années. Sam en était plutôt fière. Elle se décida en se disant que le risque était une chose intéressante et que, sans risque, il n'y avait pas de plaisir. Et puis, elle avait envie de se rapprocher de la Gryffondor qui venait de lui sauver la mise.

« En vrai, je les connais et je les ai même suivis. J’ai trouvé un passage secret qu'ils connaissait et grâce à eux, je suis allée à Pré-au-Lard sans que personne ne le sache. Mais je crois qu'ils ne m'ont pas vue et qu'ils ne savent même pas que j’existe ; c'est triste non ? »

Quand Elyana la conseilla à propos de la violence, Sam découvrit qu'elle avait exactement la même façon de penser qu'elle, à savoir que la violence n'était pas la première solution idéale. Sam en était capable, mais seulement quand il n'y avait pas d'autre solution pour faire entendre raison à quelqu'un et elle préférait toujours la saveur d'une bonne blague à une volée de coups. De plus, elle n'aimait pas spontanément faire mal aux gens. Mais du coup, Elyana gagna une certaine considération de sa part pour ce qu'elle venait de lui affirmer.

« Je suis d'accord avec toi. Et je n'utilise la violence que si je ne peux pas faire autrement mais, en général on trouve toujours un dérivatif dans le monde sorcier. Dans le monde moldu c'est parfois plus compliqué. Quand j'étais à l'école, j'ai dû dérouiller la tête à plusieurs élèves qui embêtaient les petits. Mais avec la magie, il y a moyen de faire tellement plus élégant. Hé ! » s'écria-t-elle en ayant soudain une idée en tête. « Tu connais peut-être des trucs, toi, tu pourrais m'apprendre ? »

Après tout, entre justicières, il fallait bien se soutenir et puis, si elle apprenait des astuces, elle aurait moins besoin de taper sur les têtes. Du coup, ce serait vraiment mieux pour tout le monde.