La force, la beauté, l’intelligence. Un don, et un seul, pour chaque enfant Flint. Marcus, la force. Laurel, la beauté. Marius, l’intelligence. Laurel a grandi dans l’idée première qu’elle existait pour paraître, fleur ornementale sur l’arbre généalogique, sa blondeur comme métaphorique couronne de lauriers pour prix d’une course au sang pur. Les détracteurs des Flint ne se sont jamais gênés pour commenter à quel point le physique de leurs enfants reflétait leur caractère. Traits grossiers d’une force brute, et dents rayant le parquet de leur ambition pour l’aîné, front laissé lisse et blanc par l’absence de réflexion de la cadette, myopie caractéristique d’une vision court-termiste pour le benjamin.
Il est vrai que Laurel se sait jolie et qu’elle adore en jouer. Battre de ses longs cils, les yeux semblant fondre comme du chocolat, pour obtenir ce qu’elle désire. Un mouvement de tête nonchalant envoyant valser des boucles couleur de miel. Il est important pour Laurel d’être belle, par pur esthétisme aussi bien que parce qu’elle a conscience qu’une partie de sa valeur est ornementale. L’élégance et la grâce sont des qualités reconnues dans son milieu social, qu’elle cultive. La mode est un jeu bien plus sérieux qu’il n’y paraît, qui lui permet de se fondre dans le décor ou se faire remarquer quand elle le désire, et d’envoyer toutes sortes de messages subtiles. Elle a un goût affirmé, un amour du shopping prononcé et une garde-robe étoffée. Elle aime dénicher les dernières tendances, ou mieux, les lancer, avec le soucis de mêler originalité, sens du détail, élégance et ce qu'elle considère être le bon goût. Volontiers superficielle et aimant beaucoup s’admirer dans son miroir, elle est cependant de plus en plus consciente que la manière dont elle se présente au monde est tout sauf futile, qu’elle peut utiliser sa beauté intelligemment, ou qu’elle a le droit d’avoi d’autres qualités et aspirations que son apparence.
Son sens de l’esthétisme en fait aussi une amatrice des arts. Pas aussi talentueuse en peinture ou en musique qu’elle l’aimerait, bien qu’elle ait une maîtrise correcte des différentes techniques, c’est une grande admiratrice du génie des autres, et une bonne joueuse. Elle vous dira volontiers qu’elle a besoin de beau pour satisfaire son âme, et est capable de s’abîmer pendant des heures devant un tableau de paysage (difficile de rêver, en revanche, quand le tableau est un portrait qui insiste pour vous faire la conversation !).
Gaie et dynamique, elle rit volontiers et donne l’impression que tout ce qu’elle fait est facile. Elle aborde la vie avec l’aisance de quelqu’un ayant eu une enfance privilégiée, et volontairement encore drapée dans des restes de naïveté enfantine. Ces attributs la font d’ailleurs passer pour bien plus
golden girl qu’elle ne l’est réellement, camouflant les difficultés qu’elle a pu rencontrer, mais lorsque Laurel en prend conscience par éclat, cela la satisfait plutôt. Une fille idéale dans une vie idéale, n’était-ce pas ce qu’elle avait toujours aspiré à être ?
Si la majorité du temps, elle a du mal à réaliser que d’autres autour d’elle ont une vie complètement différente, lorsqu’elle fait l’effort de se décentrer d’elle-même, elle est pleine de compassion et d’empathie, ignorante mais bienveillante. Ses a priori sont toujours positifs. L’inventivité des moldus est pour elle une éternelle surprise et un perpétuel enchantement. Quand elle voit Harry Potter faire la une de la Gazette, elle ne peut jamais s’empêcher de penser que si le pauvre n’avait pas été orphelin, aucunes de ses mésaventures ne serait arriver. Qui n’aurait pas quelques troubles psychologiques, après avoir perdu son père et sa mère aussi jeune ? Généreuse et réellement gentille, elle est ravie de partager son dernier devoir de divination, de l’encre parfumée ou de la cire à balais avec un camarade dans le besoin. Pour cette raison, elle se fait facilement des amis, même si certains ont aussi pu chercher à abuser de sa gentillesse.
Voir son grand coeur abusé est très douloureux pour elle. Pas très bonne pour exprimer sa déception, elle a plutôt tendance à faire profil bas lorsqu'on la blesse, même si elle admire ceux qui arrivent à s'affirmer, et essaie de devenir un peu plus vocale quand il s 'agit de se défendre elle-même. C'est une pleureuse qui a besoin de laisser ses larmes couler pour ne pas se faire manger par ses émotions, mais elle s'efforce de ne pas le faire en public.
Miss Flint est loin d’être stupide, mais elle ne cherche pas non plus à mettre en avant ses capacités de réflexion, puisque sa famille n’a jamais attendu ça d’elle. Ses résultats scolaires sont corrects dans la majorité des matières, voire bons dans certaines, mais il lui faut généralement les encouragements d’un professeur ou d’un camarade plus ouvertement doué pour prendre conscience de ses capacités. Ceux qui la connaissent mal auront facilement tendance à la prendre pour une idiote, mais ce n’est pas parce que l’on se sert de sa plume à la fois pour écrire et repousser ses cuticules qu’on est complètement manipulable. Ayant grandi dans une société d’apparences, lorsqu’elle s’y met, Laurel sait jouer au jeu des faux-semblants et décoder avec une finesse relative ses interlocuteurs.
Laurel adore être choyée et admirée mais paradoxalement, elle aspire aussi à réussir à se débrouiller seule. Au fil de sa scolarité à Poudlard, elle a commencé à prendre confiance en elle au-delà du regard approbateur des autres : c’est une adolescente qui se cherche, et meurt d’envie d’oser déployer ses ailes. Arriverait-elle à se surprendre et se révéler capable ? L’aventure et l’exemple de dépassement de soi offerts par le Tournoi des Trois Sorciers l’année précédente ont été salutaires et la poussent désormais à oser prendre quelques risques, et cultiver, aussi, quelques facettes plus sérieuses et secrètes de sa personnalité, même si cela est encore timide. Elle est encore un peu impressionnée de sa propre audace à avoir rejoint son équipe de Quidditch à la rentrée de 1995, par exemple, mais a vie pris goût à la liberté de voler à pleine vitesse sur son balai, une sensation qu’elle aspire désormais à retrouver dans d’autres domaines de sa vie.
L’actualité la laisse globalement confuse, mais elle s’efforce tant bien que mal de se faire sa propre opinion au-delà des avis coupants qui circulent dans les milieux sang-purs de sa famille. Elle se détournerait volontiers un peu plus des sources d’information dont le ton semble cruel et moqueur, et la tournure de certaines soirées mondaines entre puristes la met étrangement mal à l’aise, mais elle serait bien incapable d’expliquer pourquoi ou de trouver des media et sons de cloche différents.
Il était une fois... Peut-on être, quand on a été ? La famille Flint est très fière de son passé. Aaaah, la grande époque des guerres napoléoniennes, quand, dans le sillage des armées britanniques, les Flint de l’époque ont chevauché les mers, exploré le globe et pillé les champs de bataille ! Ces temps d’insécurité pour les moldus furent ceux de toutes les conquêtes pour les Flint, qui amassèrent au début du dix-neuvième siècle une petite fortune. Techniquement, ils n’avaient pas interféré avec les affaires moldues, mais les archives familiales de l’époque indiquent pudiquement qu’ils surent exploiter les opportunités commerciales de ces temps de grand changement sociétal. Josephina Flint devait même devenir ministre de la Magie entre 1817 et 1829, surfant sur une plateforme d’interprétation du Code International du Secret Magique n’empêchant pas les sorciers d’interagir subtilement avec leurs voisins, à leur avantage. Dans une société catégorisant la valeur des gens à leur degré de noblesse ou la taille de leurs portefeuilles, les Flint ajoutèrent simplement le statut de sang à l’équation.
De cette époque, les Flint gardent une certaine aisance financière, même si leur richesse n’est plus celle de l’élite depuis bien longtemps, une ambition tue et presque revancharde, et une considération pour leur rang au sein de la société sorcière. Celle-ci passe par le statut de leur sang, pur (s’il y a eu quelques incartades ici et là, elles ont été admirablement dissimulées) et l’éducation de leurs enfants. L’actuelle génération Flint se veut la vitrine d’une ancienne famille, et tant pis si le train de vie s’est bien réduit en deux siècle, en même temps que la popularité de leur nom au sein de la communauté sorcière. Malgré le lent affaissement de leur statut au sein de la pyramide des Vingt-Huit Sacrées, l’ambition des Flint n’est pas morte. Leur lignée s’est toujours rêvée plus grande qu’elle ne l’est réellement. Ils ont toujours su se sortir des situations de conflit haut la main, gardant en toutes circonstances une neutralité profitable à leurs affaires. Et s’il y a bien longtemps qu’ils ne naviguent plus les mers dans le sillage de l’amiral Nelson, les airs sont leur nouvel atout. Management d’équipes de Quidditch, gestion de paris sportifs, ingénierie de balais, marketing pendant les tournois, achat de gros auprès des équipementiers… Le sport sur balais est un business. Les Flint ne le dominent peut-être pas, mais ils y trempent à chaque recoin, bien informés, toujours prêts à saisir les opportunités que d’autres auraient négligées.
Leurs trois enfants sont le meilleur outil d’avancement pour leurs ambitions. Laurel, la cadette, est née le 4 février 1981, coincée entre un aîné favori de ses parents, à la hargne à peine canalisée par le Quidditch, et qui, honnêtement, lui a toujours un peu fait peur, et un benjamin enfant roi. L’ambition féminine qui avait permis à son ancêtre de devenir ministre de la magie semblait s’être diluée dans la sueur des vestiaires sportifs. Laurel grandit cependant sans rancœur de sa position un peu à part dans sa fratrie. Les filles aussi avaient leur rôle à jouer. Joli cœur, joli tête, elle fut destinée à devenir la plus charmante accroche possible aux divers businesses légitimes et plus magouilleux de la famille, rôle dont elle eut toujours plaisir à s’acquitter honorablement. Petite sorcière vive et adorable, elle découvrira ses pouvoirs magiques à l’âge de trois ans, lorsque, poursuivant son grand frère Marcus pour jouer avec lui et son premier balai, il la repoussa et qu’elle tomba dans la boue. Profondément vexée, Laurel se releva, la larmichette déjà à l’œil… et toute la boue sur sa robe se détacha d’un coup pour mieux atterrir avec un sploush satisfaisant sur le visage de son frère.
Miss Flint fut à la fois ravie et effrayée d’entrer à Poudlard, impatiente à l’idée de se faire de nouveaux amis et de retrouver les petits sang-purs qu’elle avait déjà fréquenté durant son enfance. Être loin de ses parents pour la première fois était déroutant, mais elle retrouva rapidement sa confiance naturelle au milieu d’un petit cercle amical acquis à son charme. Il y avait tant de choses à découvrir ! Tant de personnes différentes à rencontrer, d’horizons à ouvrir ! Entre curiosité émerveillée sur des sujets aussi divers que le quotidien de ses camarades nés-moldus, les goûts vestimentaires du corps professoral ou la faune que devait bien pouvoir receler la fameuse forêt interdite, sa conscience d’un monde plus vaste que son petit nombril s’élargit progressivement. L’ouverture de la chambre des secrets généra toutefois beaucoup d’angoisse. Même si elle était protégée par son impeccable statut de sang, Laurel ne voyait pas pourquoi il aurait fallu tuer des nés-moldus. Ce n’était quand même pas leur faute s’ils n’avaient pas eu les bons ancêtres ! Sans rejeter les doctrines puristes dans lesquelles elle avait été élevée, et que par ailleurs, elle aurait été bien incapable de justifier, l’application violente et cruelle qui en était faite lui fit plus peur qu’autre chose. Non seulement c’était horrible de faire du mal aux autres, mais en plus c’était bouleverser un statu quo qui perdurait depuis la défaite de Celui-dont-on-ne-devait-pas-prononcer-le-nom. Une situation de danger que du haut de ses onze ans, elle percevait vaguement, générant de l’angoisse.
Heureusement, tout finit par rentrer dans l’ordre, et elle pu reprendre sa scolarité sans trop de troubles, surveillée de plus ou moins prêt par Marcus dont elle approuvait de moins en moins les manières. Se déguiser en détraqueur en plein match de Quidditch, vraiment ! De très mauvais goût, et vraiment pas fair play. Quand on était aussi bon joueur de Quidditch que lui, on n’aurait pas dû en ressortir à des méthodes aussi peu glorieuses. A la fin de l'année, son frère aîné obtint enfin ses (quelques) ASPICs et bien qu'elle n'osa pas l'admettre, Laurel poussa un petit soupir de soulagement à l'idée de poursuivre sa scolarité sans sa présence constante derrière elle.
Le tournois des Trois Sorciers, lors de sa troisième année, la fit vibrer. Et avec deux champions, Poudlard était sûr de gagner ! Laurel était évidemment #TeamCedric, le beau et grand Poufsouffle, mais même si elle trouva injuste qu’Harry Potter vint faire de l’ombre à leur champion légitime, c’était, au final deux fois plus de chances de gagner face à leurs adversaires, et elle en prit donc vite son parti. Bien qu’âgée de seulement treize ans, elle réussit à s’incruster au bal de Noël au bras d’un Serdaigle plus grand, convaincu par ses grands sourires, ses jolies boucles blondes (teintes, car leur couleur naturelle avait foncé avec l’âge, mais chut !) et la manière dont ses yeux pétillaient quand il lui parlait du futur des engrais magiques organiques en botanique.
La fin brutale du tournois la laissa sonnée, et extrêmement confuse. Cedric Diggory était mort. Albus Dumbledore annonçait le retour de Voldemort. La Gazette du Sorcier le traitait de fou. Ses parents disaient tout et son contraire en fonction de leur interlocuteur, car même si les Flint étaient conservateurs, l’époque se prêtait plus que jamais à leurs talents d’anguilles.
Laurel revint à Poudlard en septembre 1995 extrêmement déboussolée. Marius, son petit frère, rentra en première année et pour la première fois depuis son entrée à l’école, elle se trouva en position d’aînée de la famille. Et si… elle osait embrasser un peu le changement ? Pas pour se lancer dans la politique pro-Potter, pro-Ministère, ou elle ne savait quoi. Elle n’avait pas l’intention de faire de vagues. Juste… de se trouver un peu. Pendant des années, elle avait passé son temps libre dans le jardin familial, à garder morosement des buts imaginaires pour les entraînements de de Marcus, sans jamais être autorisée à participer pleinement, et devant se contenter de jouer seule après lui, presque en cachette. Seulement voilà, Marcus n’était plus capitane de l’équipe de Serpentard. Avec l’impression que cela lui demandait le courage d’une héroïne de Mage et Majesté , Laurel se présenta aux sélections de sa maison, et pour son plus grand bonheur, fit tout à fait honneur à la réputation des Flint sur un terrain de Quidditch. Elle devint poursuiveuse de son équipe, et nourrit déjà l’ambition secrète d’obtenir le poste de gardienne de son équipe quand il se libèrera.
Elle était malade et à l’infirmerie lors de la fête d’Halloween, dégoûtée de ne pas pouvoir se montrer avec le costume le plus fashion des festivités , et a donc loupé les évènements de la soirée. La confusion de ses camarades présents n’a fait qu’ajouter à la sienne, et elle ne sait pas vraiment quoi penser des changements qui s’instaurent à l’école. Par exemple, ce n’est pas juste que la nouvelle Brigade Inquisitoriale ait plus de pouvoirs que les préfets. Mais si c’est pour maintenir l’ordre et maintenir l’école hors du chaos… Parce que Vous-Savez-Qui ne peut pas vraiment être revenu, n’est-ce pas ? Peut-être que ça serait tout de même mieux si Dumbledore était resté à l’école. Juste au cas où. Elle a vraiment du mal à l’imaginer comme criminel, même si la Gazette lui a fait réaliser qu’elle connaissait bien peu son le directeur de Poudlard.