Alex, c’est le genre de fille que l’on repère à sa démarche et à son allure. Cette adulte qui derrière son organisation et son sérieux a conservé l'âme fougueuse et rebelle de son adolescence. Elle a quitté les bancs de l'école il y a déjà dix ans de cela, mais elle parvient toujours à reconnaître ces étincelles dans le regard des élèves qu'elle voit passer à la bibliothèque. Ceux qui sont là pour étudier, ceux qui y trouvent un endroit calme pour somnoler, ceux qui choisissent les rangées pour se retrouver loin des regards pour des activités moins scolaires. Elle est attentive, observatrice, rêveuse même. Il lui arrive souvent de se perdre dans ses pensées, d'imaginer un monde totalement différent de ce qu'elle a connu et de ce qui se développe aujourd'hui. Alex n’a jamais été particulièrement populaire, ni pendant ses études ni maintenant, ou particulièrement détestée. Sa hantise de l'injustice l'a souvent menée dans des bagarres, des disputes dans lesquelles elle s'est engagée avec force et a fourni de nombreuses remarques acerbes. Peu de choses lui font peur, si ce n'est de perdre cette flamme de fougue. Certains qualifieraient cela de courage, d'autres de folies. Elle s'en fout, tant qu'elle fonce et qu'elle se bat, être prudente est le cadet de ses soucis. Elle est insolente, arrogante parfois, susceptible bien souvent. Elle s'imaginait libre, vadrouillant à droite à gauche dans le monde. Pas coincée dans une bibliothèque, même si elle aime les livres. Elle déteste l'autorité et ne pas obtenir ce qu'elle veut quand elle le veut et de la manière dont elle le veut, bien que cela se soit calmé avec les années.
Sa malice et sa taquinerie la rendent tout de même agréable à côtoyer. Plutôt sociable à vrai dire. Elle est globalement proche des hommes, les considèrent comme des amis, des frères, pas plus. Mais elle les envie, les jalouse. Elle jalouse les regards que les femmes leurs portent, jalouse l'admiration qu'on offre à leur stature et leur soi-disant virilité. Elle jalouse le simple fait qu'il puisse avoir des femmes sous leurs draps alors qu'elle refrène les envies, les besoins de séduire et d'être aimée. Alors parfois elle s'emporte, se défoule dans le sport pour relâcher cette frustration. Qu'est-ce qu'il faut de plus pour plaire ? Alex est blonde, les cheveux courts, son regard est séducteur et vivace, sa mâchoire longue et bien dessiné lui donne des airs d'homme. Vestimentairement parlant c'est un peu la même donne. Elle n'est pas à l'aise avec la féminité, et se plaît dans des chemises et des jeans qui soulignent sa silhouette et sa musculature. Elle qui ressemble presque en tout point aux hommes si ce n'est l'absence d'attributs, qu'est-ce qui lui fait encore suffisamment défaut pour ne pas séduire ? Elle ne sait pas, ne comprend pas. Alors tout bonnement elle fuit toute relation, qu'elle soit amicale ou plus, avec toute femme. Parce que l'incompréhension lui fait peur, lui a toujours fait peur.
Adroite ~ Ambitieuse ~ Arrogante ~ Attentive ~ Bagarreuse ~ Caractérielle ~ Charismatique ~ Courageuse ~ Fonceuse ~ Impatiente ~ Imprudente ~ Insolente ~ Jalouse ~ Malicieuse ~ Observatrice ~ Ordonnée ~ Orgueilleuse ~ Rêveuse ~ Sociable ~ Sportive ~ Susceptible ~ Taquine ~ TenaceIl était une fois... Toutes les histoires commencent pareil, rien de nouveau sous la lune. Pour qu’une étoile s’éteigne, il faut qu’une autre s’allume. 23 janvier 1968, dans la banlieue de Londres. C’est un froncement dédaigneux qui s’affichent sur le visage de Kristoff Brekke. Une fille. Il a eu une fille. Sa bonne à rien de femme a donné toutes ses dernières forces pour mettre au monde une fille. Il voulait un fils, un homme à élever et à forger. Et à la place il a désormais une frêle petite fille dans les bras et plus de femme. Il ne peut pas l’abandonner, il a tout de même des valeurs. Il faut la nommer. Si on a un garçon, on l’appellera Alexandre. Même elle n’avait pas eu l’idée qu’ils auraient une fille. Il ne peut pas l’appeler Alexandre. Ce sera Alexandria. Alexandria Brekke.
1974
« Papa ? Papa ? »
Elle appelle, pleure, court à sa recherche. Elle ne sait pas où il est, ne comprend pas pourquoi son père n’est pas là. Elle a six ans, est frêle et tremble dans le froid de ce début janvier. L’enfant va fêter son anniversaire dans quelques jours, avec une part de gâteau et peut-être une bougie. Elle a demandé un vélo pour son anniversaire. Un vélo gris et vert comme celui du fils du voisin, Wenceslas. Elle espère l’avoir et parcourir pendant des heures les rues en faisant la course, en s’imaginant tour à tour policier, soldat ou pirate. Pas de princesse ni de contes de fée, elle est Alex, le fils Brekke. Elle est un garçon comme tous ceux avec qui elle joue. Elle a été élevée jusque là comme tel, avec la force de caractère de son père, les claques et les remontrances dès qu’elle pleurait en tombant. C’est un petit homme qu’il forge à affronter la vie. Elle connaît la faim, la privation de la part de ce père qu’elle aime mais qu’il lui rend son amour par des coups. Aimer, c’est pour les faibles, ne cesse-t-il de lui répéter. Et ce soir là il n’y a pas d’amour, juste le froid et la solitude. La maison était vide à son réveil, vide de toute présence paternelle. Alors elle cherche, parcourt les rues, l’appelle à s’en brûler les poumons, à s’en écorcher la gorge. A bout de forces elle trouve refuge chez leur voisin qui tente de la convaincre que son père reviendra.
1978
Il n’est pas revenu. Tant pis. Elle est bien chez les Roaldson, c’est vrai. Mais ce n’est pas chez elle. Elle aura bientôt dix ans et bien qu’elle soit jeune elle sent qu’elle n’a plus de chez elle. On l’élève comme un énième fils, comme elle l’a demandé. Ses journées elle les passe majoritairement dans les rues de Londres, à traînasser avec les gosses des bas quartiers. C’est eux qui ont le plus à lui apprendre. Monsieur Roaldson lui apprend la vie de famille, les gosses lui apprennent à se battre, à chaparder, à sauter de murs en murs. Elle est jeune encore, à tant de choses à découvrir. Et puis cette lettre est arrivée, chamboulant tout sur son passage. Poudlard. De la magie. Des sorciers. Elle y est admise avec Wenceslas, son frère, son meilleur ami. Elle apprend que Monsieur Roaldson est un sorcier et que son père en était un. Que tous les deux en sont désormais. C’est étrange, mais rien ne peut être pire que ce qu’elle a vécu jusqu’à maintenant.
1984
Alex a eu seize ans cette année. C’est devenu une belle jeune fille à l’allure svelte et au sourire à tomber. Sa désinvolture et ses plaisanteries lui ont permis de se constituer une petite bande d’amis à laquelle elle est attachée. Elle n’est pas une sorcière forcément très douée mais elle aime apprendre, se débrouille globalement bien partout. Elle est sérieuse dans son travail et fougueuse à côté. Elle ne se rend pas compte que le regard de son meilleur ami a changé. Que de protecteur et attentionné il est passé à sournois et carnassier. Elle ne se rend pas compte qu’elle plaît, qu’elle attire les convoitises. Il est un frère pour elle, un pilier. Comment aurait-elle pu imaginer un seul instant qu’il briserait tout en une seule nuit ? Ils sont seuls cet été là, seuls dans cette grande maison qui les a vus grandir. Un simple baiser volé par ce grand brun. Elle a souri, il lui a avoué ses sentiments. Elle l’a taquiné, il s’est renfrogné. À tout jamais elle se souviendra du regard qu’il lui a lancé en maintenant son corps sur le sol dur. De ce poids sur elle, de son odeur auparavant familière devenue désormais agressive, menaçante. Il voulait son corps et il l’a eut. À ses dépends.
Alexandria est devenue l’ombre d’elle-même pendant de nombreux mois, s’est renfermée sur les livres et s’est concentrée d’avantage sur ses études. Il lui a fallu du temps pour qu’elle ne craigne plus les regards des hommes, qu’elle ne sursaute plus au frôlement malencontreux d’un élève. Aimer c’est pour les faibles, trembler c’est pour les faibles.
1986
Alexandria est majeure désormais. Elle a quitté la famille Roaldson et le monde des sorciers, a fuit Wenceslas, a décidé de changer de vie. Les anciens gosses des rues qu’elle fréquentait ont grandi, beaucoup ont mal tourné. Ces petits jeunes qui lui ont tant appris l’ont accepté parmi eux, l’hébergent à nouveau. Elle s’est retrouvée une famille, un foyer presque, même si les squats n’offrent pas toujours le repos d’une bon lit. Les jours ne sont pas toujours roses, mais au moins ils ont la chance d’exister.
juillet 1995
La blonde a mal tourné ces dernières années. Pas par méchanceté, seulement par besoin de se nourrir et parce qu’il faut parfois aider d’autres camarades à sortir de mauvaises passes. Elle aime cette vie d’aventures et de rebondissement, l’adrénaline d’une belle course poursuite. Sa baguette est rangée soigneusement dans ses affaires, loin de la vue de tous. Elle n’a pas honte de ce qu’elle est, la magie lui rappelle seulement l’enfer qu’elle a vécu. Alors pour occuper ses journées elle a trouvé un petit travail dans une bibliothèque moldue de Londres. Les livres sont redevenus à la fois son passe-temps, son gagne-pain et son échappatoire. Elle qui en arrivant à Poudlard se voyait juge, avocate, ingénieure, déchante totalement. Mais tourner les pages des livres l’aident à tourner celles de sa vie. Et puis par nostalgie elle a fini par retourner une fois sur le Chemin de Traverse et elle a souri en se replongeant dans tous les sorts et les possibilités. Elle a entendu parlé que la célèbre école de sorcellerie anglaise recrutait des bibliothécaires. Et voilà où elle en est désormais, à avoir posé ses valises au château.