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EVENT DE NOËL | Post principal : le Marché | 24 décembre 1995

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Lun 24 Mai 2021 - 21:44
Event de Noël - Le marchéC'est Noël : Il est grand temps de rallumer les étoiles.
- Guillaume Apollinaire


Le froid s'était abattu sur la ville en une paire de semaines, faisant briller le ciel d'un soleil terne, puis de ses épais nuages. Un lourd amas cotonneux déversant la fête sur les rues, recouvrant la vue d'un blanc immaculé. Le vent s'était levé aux aurores, emportant dans sa course des flocons par millier, les faisant danser sur des toits en ardoises, si tant est que les luges n'en pleuvent pas et geler des vitrines richement décorées d'un tricolore symbolique. Le vert sur les branches d'un sapin s'élevant fièrement au centre d'une place sphérique, auréolé de paillettes rouges jusqu'aux pointes et couronnée d'une étoile dorée. À ses pieds, les bonnets se bousculaient, faisant grincer des collines neigeuses de leurs bottes. Petits et grands chevauchaient des balais, une guirlande en écharpe, une boule de cristal à la main et le sourire aux lèvres. En trois jours, l'arbre avait été habillé d'attentions, parfait d'un ajout, puis de deux, offrant toujours une place pour une nouvelle décoration.  

Le nez chatouille d'une grande inspiration et les effluves gourmandes font gronder les estomacs. Les stands ambulants distribuent contre une pièce un chocolat chaud, un vin épicé, un sorbet brasier, des fritures sucrées et pétillantes. Le sachet en main, les bancs donnent une vue dégagée sur les allées, des étales d'activités sous des étoles de toiles bariolées. Des ateliers de minuties, de créations. Du pinceau pour ajouter une lettre sur une boule à neige, à l'enchantement d'une pépite sur un gâteau fait main. En s'enfonçant dans les artères du marché, passés la tentation, les boutiques montrent des devantures ensorcelantes, du vol d'un traîneau à l'avancée des lutins sur une constellation floconneuse. Les négociations sont sur les lèvres, les prix en étiquettes et le papier cadeau lévite d'un trottoir à l'autre sous la surveillance des serpentins qui les entourent d'un tour de baguette.

Les courses dans les airs étaient les jours d'avant, les batailles étaient la veille, ce qui n'empêchaient pas les gants d'empoigner la poudreuse, sous couvert de chorégraphies et de moulures de bonhommes grandeur nature, ultime grand divertissement d'un après-midi déclinant d'heure en heure. Franchissant le spectacle burlesque ou gracieux où les votes affluent déjà dans une boîte de verre, le sentier sinueux fait resplendir les murailles de glaces labyrinthiques entourent un trône où un Père Noël reçoit des lettres qui débordent de sa besace. Les chemins mènent à des impasses, à des embouchures changeantes qui rendent les sculptures à l'arrivée d'autant plus intemporelles et magnifiques. Ressortant du dédale guidé par les musiques rasant les murs, la patinoire s’étend en une imitation de lac figée, quadrillés par des conifères éphémères. Les patins ne coûtent qu'une piécette en cuivre et les chutes d'un axel aérien donne la sensation d'une plongée sur une pyramide de guimauves.

Les glissades amènent sur l'autre rive, ou sous les lanternes volantes, des amoureux s'embrassent sous le gui dans un flash de photographie, au premier plan d'un tourbillon de flocons. Les échoppes s'épuisent et un enclos de bois gardent des animaux fantastiques ouvrant leurs ailes ou leurs gueules pour un chou, une carotte contre une envolée de plumes.

Il reste encore quelques heures pour profiter du marché. Alors, il n'y a pas de temps à perdre.



Hors-RP

Chers Veritaseriens,

Bienvenue sur le marché de Noël du Chemin de Traverse.

- La date fixe de ce post se situe le 24 Décembre, soit le dernier jour pour profiter de la fête et des activités. Vous pourrez faire mention dans vos RP des différents passages de vos personnages précédents ce jour.
- En ordre chronologique, voici ci-dessous le planning des grandes activités des jours d'avant :
• La course aux cadeaux : 22 Décembre. (Voir >>Ici<<)
• La bataille de boules de neige : 23 Décembre (Voir >>Ici<<)
• Le concours de bonhomme de neige : 24 Décembre. (Voir >>Ici<<)
- Néanmoins, il ne s'agit pas des seules distractions dont vous pouvez profiter. De manière non éphémère, vous sont proposer :

☆ La décoration du grand sapin, sur balais enchanté vous faisant léviter à la hauteur que vous désirez. Sécurité garantie pour les plus jeunes, pour prévenir d'une éventuelle chute, par un sortilège contraignant le véhicule à n'effectuer uniquement que des mouvements verticaux.

☆ La patinoire, qui contre deux mornilles, vous prête des patins. Et soyez rassurer, ils ont même penser à enchanter la glace pour vous faire atterrir sur du coton. De quoi ne pas terminer la soirée aux urgences de Sainte Mangouste pour les fêtes.

☆ Un atelier de customisation de boule à neige. Idéals pour petits et grands et offrir à votre table de chevet une belle touche décorative personnelle. Quelques coups de peintures magiques, un dégradé de rouge ou de bleue changeant selon la luminosité, ou encore un motif animé, tout est laissé à votre libre imagination.

☆ Un atelier de cuisine, où vous pourrez découvrir des recettes exclusives, comme le fondant au chocolat cannelle et son bâton de sucre d'orge en coton. De quoi ravir vos papilles.

☆ Et ce ne sera pas la seule chose qui régalera votre estomac. Sur la grande place, entourant le sapin géant, différents stands sont à votre disposition. Au menu ? Des glaces chauffantes digne de Monsieur Fortarôme, du vin chaud aux épices, un lait de poule, ou des fritures enrobées de caramel.

☆ Ami de la glace, vous pouvez aller vous perdre dans le labyrinthe jouxtant la patinoire. Il paraît que le Père Noël serait au centre pour y recevoir vos lettres. Mais attention à ne pas vous perdre.

☆ Si vous préférez un peu de sensations fortes et que le vide ne vous effraie pas, les toits sont fait pour vous. Rendez-vous à Fleury et Bott pour profiter d'une descente de luge sur toits enneigés se finissant sur un looping en fin de circuit non loin de l'enclos des animaux. Enfin, si vous n'avez pas la nausée.. Nous n'en sommes pas responsable.

☆ Parlant des animaux, venez les admirer et les nourrir. Peut-être pourrez vous y caresser le plumage d'un hippogriffe.

☆ Pour les amoureux, le gui est accroché devant la plus belle vue sur la lande, excentré de l'affluence et des boutiques. Un photographe pourrait immortaliser l'instant... Avis à ceux qui n'ont pas encore eu le courage de déclarer leur flamme, c'est peut-être le moment !

Les boutiques vous sont encore ouvertes pour compléter vos achats, bien évidemment. Vous n'irez pas dire que Noël ne vous a pas gâté cette année.

- Vous avez jusqu'au samedi 04 décembre 2021, minuit, pour répondre. Vous êtes libres de poster plusieurs fois si vous le désirez.

À vos plumes,
Le Maître du Jeu.

:copyright:️ 2981 12289 0
Le Choixpeau Magique
Maître du Jeu
Le Choixpeau Magique
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Jeu 15 Juil 2021 - 15:05
Les larmes de givre, la poudreuse a l'ame, le corps emprisonne entre mille reflets glaces.
Et un dedalle pour perdre mes pas.




Dimanche 24 Décembre 1995

C'était comme s'il ne s'était rien passé. Comme si cette soirée n'avait jamais existé.
Ni ce grimoire. Ni cette baguette.
Ni l'entaille.

Il avait suffi de prononcer Episkey, puis Tergeo. Disparu le sang sur son bras, le sang sur ses doigts, le sang sur ses draps.
Disparu le souvenir.
Si seulement.

Sa nuit avait été peuplée de vols d'oiseaux et de pluie vermeil. Au réveil, un goût amer sur sa langue.
Était-ce cela, la saveur des remords ?
Et cette impression de n'être qu'un poids mort...

Ça n'était pas comme s'il ne s'était rien passé. Cette soirée, cette errance, avaient bel et bien existé.

Sa journée débuta dans la tourmente. Elle ne pensait qu'à ça, à cet inévitable qui s'était enfin produit. Tous les liquides lui apparaissaient carmin et l'eau avait un goût d'acier. Ses doigts repassaient régulièrement sur son avant-bras gauche, comme pour vérifier que l'entaille n'y était plus. Et si ça se découvrait ?
Et si ça se découvrait...

La cicatrice n'était visible qu'en son cœur. Sa peau, elle, était lisse comme de la soie. Qui verrait ce stigmate évanoui ? Qui comprendrait sa détresse ? Qui décrypterait son appel à l'aide ?
Mais accepterait-elle seulement une main tendue ?
Si une part d'elle recherchait cette considération, cette dernière l'effrayait autant qu'elle éveillait son désespoir.

Pourtant, elle n'était pas seule. Et elle le savait.

En début d'après-midi, sa grand-mère la rejoignit dans la bibliothèque du manoir où elle tentait d'étouffer ses pensées incessantes dans les pages d'un livre sur l'univers aquatique magique. Celui-là, elle l'avait déjà lu quatorze fois. C'était son préféré, le plus complet. Mais il ne fit que lui rappeler Washa et son absence. Son abandon.

Sa grand-mère s'installa sur le fauteuil voisin avec l'élégance qui était la sienne, les jambes croisées et l'auriculaire relevé au-dessus de sa tisane fumante. Diana possédait son propre appartement non loin du manoir familial, niché dans les rues Londoniennes, mais elle venait régulièrement loger avec le reste de la famille. Notamment durant les vacances scolaires, afin de passer du temps avec ses petits-enfants. Mais Diana Beurk restait une femme à l'emploi du temps bien rempli et elle avait, au final, passé plus de temps à vadrouiller à droite et à gauche depuis le début des congés de Noël, qu'à profiter du calme et du confort de la demeure familiale. Ça n'avait toutefois rien enlevé à sa perspicacité. Dès le retour d'Ezechiel et d'Aria, elle avait décelé que quelque chose n'allait pas chez la cadette. Et cette dernière savait d'expérience qu'elle ne pouvait rien dissimuler à cette femme qui lui avait transmis son don d'Empathie.

Seulement, Aria avait la sensation d'avoir toujours pataugé dans les eaux vaseuses du mal-être. D'aussi loin qu'elle s'en rappelait, la dépression lui avait toujours plus ou moins collé à la peau. Elle avait donc nourrit l'espoir vain que sa grand-mère ne remarque pas que le trou noir s'était agrandi. Même si, à présent, il était béant.

Et, en une soirée, ses proportions avaient encore doublé.

Diana avait-elle senti la culpabilité qui la rongeait, lors du déjeuner ? Avait-elle aperçu l'orage dans sa poitrine et la douleur qui avait réveillé son épiderme, la veille ? Pouvait-elle voir le stigmate évanoui ?

Affronter le regard omniscient de son aînée terrorisa l'adolescente. Elle releva à peine la tête, lui sourit vaguement, puis fit mine de continuer sa lecture. Au coin de sa vision, elle devina les contours de la baguette de sa grand-mère tracer silencieusement une courbe dans l'air et elle sut alors qu'il n'y avait plus d'issue. Ça commençait toujours comme cela. Un sortilège d'insonorisation, puis :

- Aria, parle-moi, s'il te plaît.

Elle détestait cette question. Elle haïssait cette sensation d'être mise face au mur. Elle préférait s'enterrer dans sa propre misère plutôt que d'en parler. Car elle ne savait pas en parler. Elle ne savait pas mettre des mots sur toutes ces émotions informes qui étaient les siennes, elle ne savait pas décrire ses ressentis, elle ne savait pas expliquer pourquoi elle se sentait constamment si mal. Quand bien même il y avait des raisons à ce mal-être.

Elle ne releva pas la tête, ni ne ferma son livre posé sur ses genoux. Ses doigts en agrippèrent un peu plus fortement les rebords et son regard resta focalisé sur l'image illustrant la page de droite : une peinture de strangulots. Elle les voyait troubles et ce n'était pas l'effet de l'aquarelle. Sa propre impuissance l'irrita et elle finit par répondre d'une voix un peu trop sèche :

- Que veux-tu que je te dise.

Ça n'était pas une question. C'était un « Fous-moi la paix » à la personne qu'elle respectait probablement le plus en ce monde.

- Ce qui ne va pas, répondit calmement la sexagénaire.

Tout.

Elle n'avait pas envie d'en parler. Elle voulait rester dans le déni, dans l'oubli. Dans sa culpabilité. Ça la concernait elle et personne d'autre. Son malheur était le sien. Et son acte de la veille avait été son exutoire. Si elle en parlait, elle en perdrait le contrôle. Alors que, pour la toute première fois, elle s'était sentie pleinement en contrôle. C'était plus simple de décider de sa propre infortune que de laisser la vie la lui dicter. Elle l'avait toujours choisi. D'abord dans l'isolement. Puis, hier, dans l'auto-mutilation.

Elle n'était pas prête à recevoir une main tendue. Il était trop tôt. C'était trop nouveau. Elle venait à peine d'éponger le sang. La cicatrice devait encore rester invisible, finalement.

- Est-ce en rapport avec ce qu'il s'est passé le soir de ton anniversaire ? tenta la femme devant le silence de sa petite-fille.

Savait-elle ? Son père lui avait-il raconté ? Ou s'agissait-il encore une fois de sa perspicacité insolente ?

Aria hocha la tête. C'était ce soir-là que le premier domino était tombé. Elle sentit le regard de sa grand-mère recouvrir son visage d'une tendre caresse. Elle, elle voyait de moins en moins les strangulots.

- Ce n'est pas anodin ce que tu as vécu, Aria, reprit Diana en enveloppant ses mots de la volupté de sa voix douce. Tu n'as pas à porter le poids de tout ce qu'il s'est passé sur tes épaules. Il est nécessaire que tu parviennes à libérer les émotions que tu gardes enfouies en toi, tu le sais. Et tu n'es pas seule, je suis là, ça aussi tu le sais.

Un silence. Aria luttait pour que ses larmes ne s'échappent pas. Sa gorge lui brûlait. Diana soupira doucement.

- Laisse-les couler.

Obstinée, l'adolescente essuya ses yeux d'un geste rageur, accompagné d'un bref reniflement. Si elle s'écroulait là, comment allait-elle se relever ?

- Bon, eh bien, si ces larmes ne valent pas la peine d'être exprimées, c'est que ça ne doit pas si mal aller que cela, conclut nonchalamment Diana en se redressant. Ça tombe bien, j'avais quelques emplettes de dernières minutes à faire au Chemin de Traverse, mais il fait un de ces froids ! Tu veux bien t'en occuper pour moi ?

La sorcière sortit un bout de parchemin d'une poche et, en se relevant, le posa sur la table basse devant leur fauteuil. Aria savait bien à quel jeu elle jouait. Trouver un prétexte pour lui occuper l'esprit, pour la sortir de sa tourmente l'espace d'un instant, focaliser son esprit sur une tache concrète. Puis, surtout, la faire sortir du manoir. Elle y était restée cloîtrée depuis le début des vacances. « Va donc prendre un peu l'air, la vie est dehors ! Tu respireras à nouveau un peu mieux, tu verras », que lui soufflait sa grand-mère entre les lignes de sa commande. Aria n'eut pas la force de protester.

- Voici la liste. Juste deux-trois bricoles, vraiment pas grand-chose. Et voilà quelques Gallions, largement de quoi couvrir les dépenses. Tu pourras garder la monnaie pour te faire plaisir avec une petite gâterie au marché de Noël, par exemple.


Par exemple.

Une heure plus tard, la benjamine des Beurk se promenait en effet au marché de Noël, quelques sachets dans une main et une glace réchauffante de Monsieur Fortarôme dans l'autre. Elle n'avait pas de goût. Tout lui semblait fade.

Les rires des enfants lui tapaient sur les nerfs.

Les chants de Noël insupportaient ses oreilles.

Les bonhommes de neige étaient tous plus laids les uns que les autres.

L'odeur tantôt sucrée, tantôt salée des différents stands de nourriture l’écœurait.

L'énorme sapin, malgré ses décorations vives, lui apparaissait juste pour ce qu'il était : un arbre déraciné, sans vie.

Du côté des animaux, elle ne voyait que les brides qui les privaient de leur liberté.

Et les amoureux qui s'embrassaient sous le gui étaient d'un ridicule affligeant.

Pour l'une des premières fois, l'Empathe se vit immunisée des émotions ambiantes : la joie populaire ne l'atteignait pas. Elle se voyait avancer comme un pantin moribond, lassé et agacé de tout. Le froid mordait sa peau et c'était presque la seule sensation dont elle se délectait. Âme errante, elle laissa ses pas la guider vers le labyrinthe de glace. Et elle s'y perdit.

Si la lumière qui s'en dégageait lui avait d'abord paru presque enchanteresse, elle retrouva vite ses démons dans ce dédale poli. À chaque intersection, son reflet hideux la ramenait à sa désolation.

Résumé:
 

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Aria Beurk
Admin empathique
Aria Beurk

_________________




Ecoute cette médolie troublante.
C'est l'eau qui chante.
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Dim 8 Aoû 2021 - 11:30
Le Marché de Noel
Les Chang sont de sortie.

Elle n'avait plutôt pas intérêt à être en retard, la jeune Serdaigle. Au début des vacances, son père lui avait écrit qu'ils seraient tous réunit, pour la première fois depuis longtemps le jour du 24 décembre. Oh non, bien sûr, il ne s'apprêtait pas à fêter Noel comme toutes les autres familles, mais au moins, ils se verraient au marché de Noel. Cho Patientait au point de rendez-vous, l'air à la fois stressé et un peu impatiente. Elle était ravie de revoir ses parents, mais elle savait aussi que bon nombre de ses camarades serait présent au même endroit. On n'en voit pas beaucoup les Chang ensemble réunit a l'extérieur de leurs murs et c'était bien la première fois que beaucoup de ses amis rencontreraient ses parents. Mis à part qu'elle allait devoir faire bonne figure, ce n'était pas la seule chose qui engendrait l'angoisse chez elle. Malgré les courrier de ses parents suite aux événement d'Halloween, il était certain que le but de cette sortie familiale avait un autre but pour les époux Chang. Elle savait qu'elle allait servir à avoir une discussion sur le sujet, mais également à s'assurer l'état général de leur fille unique.

Madame Chang était une femme d'apparence surtout parce qu'elle tenait à garder une image à la hauteur de son poste. Cette femme avait une certaine prestance presque naturelle et une posture entre l'élégance et la droiture. Il était inutile de chercher très loin de qui Cho tenait son timbre de peau, la forme de son visage et sa beauté. Même si madame Chang détenait les clés d'un charisme plus assumé et plus imposant que sa fille qui s'épanouissait dans la timidité, il n'y avait pas vraiment a contesté sur leurs ressemblances. Quant à Monsieur Chang, c'était un homme qui inspirait le respect sous une autre forme. Il disposait d'un visage très fermé, très stricte et très sévère qui ne laissait absolument pas la place au doute quant à son caractère très patriarcal. Habillé d'un costume semblant être taillé sur-mesure, sans un plie ni poussière, il détenait dans sa main un grand sac contenant les présents pour sa fille qui l'a toujours honoré et qu'il aime d'un amour tout aussi silencieux qu'il est inconsidéré. Très élégant, le couple Chang approche au coude à coude, affichant enfin leurs premier sourire discret lorsqu'ils appercurent leurs petite fille.

Malgré ses appréhensions, Cho était très heureuse de les voir enfin apparaître et elle afficha un grand sourire en s'approchant très rapidement d'eux pour les rejoindre. Les gestes affectifs ne faisaient pas tellement partie de l'éducation qu'ils avaient donnée à leur fille, ainsi elle s'arrêta à quelques mètres d'eux, les mains jointes l'une dans l'autre avec un visage aussi radieux qu'il pouvaient l'être dans la période qu'elle traversait. Madame Chang observa longuement sa fille en effaçant peu à peu son sourire. Sa tête se pencha légèrement sur le côté et elle vint déposer sa main sur la joue de la jeune fille qu'elle caresse une seule et unique fois de sa pousse.

- ...Tu n'aurais pas perdu un peu de poids, Cho ? Est-ce que tu prends bien tous tes repas ? Tu me sembles un peu pâlotte.

- Je suis certain qu'elle fait ce qu'il faut pour prendre soin d'elle, n'est-ce pas Cho ?


" Bonjour Maman, Bonjour Papa... Moi aussi, je suis contente de vous revoir..."

Le sourire de Cho perd en intensité à ce début de conversation. Elle savait pourtant très bien à quoi s'attendre, mais elle ne put s'empêcher de se sentir un peu déçue. À vrai dire, une étreinte de leur part, pour une fois, lui aurais fait beaucoup de bien. Pour elle, ils auraient été bien plus logiques de chercher cette chaleur humaine qui lui manquait tant auprès d'eux. Peut-être aurait-elle du demander cela comme cadeau pour Nöel pour l'obtenir.

-...N-ne ne vous en faites pas oui, je mange bien comme il faut. Je fais juste un peu plus de sport que d'habitude.

Monsieur Chang plissa légèrement les yeux.

- Le Quiddich n'est pas sensé te faire perdre du poids, mais en prendre.


- O-Oh euh...et bien...je-...


C'est vrai qu'elle ne leur avait pas dit qu'elle avait décidé de rejoindre le club de duel. Ce n'était pas vraiment dans les ambitions, ni dans le caractère de Cho de se lancer dans une compétition plus singulière et combative que sont les Duel de sorciers. Sa mère travaillant au ministère, elle devait très bien connaître la personne qui bouleversai les politiques de l'école et surtout, les connaître sur le bout des doigts. Ce n'était pas vraiment dans les ambitions, ni dans le caractère de Cho de se lancer dans une compétition plus singulière et combative que sont les Duel de sorciers. La désobéissance est un moyen de se faire remarquer et il n'était pas vraiment question pour les Chang que sa fille s'illustre par ses changements abrupts de comportement, surtout avec les nouvelles lignes directrice que prennent Poudlard.

Les époux Chang se concertèrent du regard. Il n'y avait pas vraiment besoin de parole pour se comprendre. Pour eux, cela fait plus d'un an que leur fille prennent un chemin qui ne leur convienne qu'à moitié. Entre ses frivolités avec le Jeune Diggory et les cachotterie qu'elle était en train de faire, leur regard laissait entendre qu'il appréciait de moins en moins la pente glissante sur laquelle elle s'engageait.

- Je-Je dois être un peu tendue en-en ce moment...c'est vrai que-que les nouveaux joueurs des nouvelles équipes sont un peu effrayant pour nous...

Et elle devenait menteuse en plus de cela. Cho ne savait absolument pas mentir et encore moins a ses parents. Monsieur et madame Chang l'avait tout de suite remarqué, mais il n'en firent rien, pour le moment.

- Heureusement que j'avais prévu cette relâche. Je t'ai préparé des Baozi a la coco et des Yuanxiao.

Monsieur Chang souleva légèrement le sac qu'il tenait pour le signaler que tout était a l'intérieur avec le reste de ses présents. Cho étira un petit sourire vers le sac avant de retourner son regard sur sa mère.

- Merci Maman.

Madame Chang étirant un sourire tendre, mais très bref et discret vers sa fille comme toute réponse. Le père de Cho commença alors a se détourner comme pour signaler à sa famille qu'il était de faire ce pourquoi elle était réunit, découvrir le marché de Noel.

Les Changs s'attardaient sur les stands, observant leurs contenus en discutant tout autour. Cho semblait s'être trompée sur les sujets qui allaient être abordés, car ceux qui fâchent semblent avoir été bannis de leur discussion. Cela la rassurait énormément et au fils de la promenade, la Serdaigle se détendait de plus en plus et pouvait profiter sans crainte de la présence de ses parents a ses côté. Elle n'avait certes pas eu l'élan d'affection qu'elle aurait voulu, mais rien que le son de leurs voix faisait son effet sur elle. Cho faisait particulièrement attention a ce qui attirait ses parents sur les étalages, car il n'était pas vraiment question qu'il reparte les mains vides. Pour une fois, qu'elle pouvait leur offrir quelques choses pour Noël, Cho ne voulait pas rater cette occasion. Même parmi le couple Chang, l'ambiance de Noel et leurs réunion semblait les toucher et les détendre. Cho pu assister, a une scène qu'elle n'aurait jamais pensé voir un jour. Madame Chang avait eu un vu sur un jolie bijou raffiné que son époux lui avait acheter sous les yeux des deux femmes de sa vie. C'était bien la première fois qu'elle voyait ses parents, surtout son père, faire une démonstration pareille en public. Madame Cho en fut très inspirer et lui rendit la pareille sur un stand un peu plus lointain. Ses scènes ont ravie Cho d'un sourire plus qu'attendrit et son visage semblait rayonner a nouveau, comme avant ses jours de pluie et d'orage.



Hrp:
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Sam 2 Oct 2021 - 23:40
NB : tous les dialogues de ce texte sont prononcés en français.

Le Marché de Noël
Post principal
Andrée était déjà devant la porte lorsque le carillon retentit. D’un geste maîtrisé, elle actionna la poignée et fit pivoter le battant. Derrière, Émilie patientait, parée de son habituelle sourire enjoué et de ses vêtements de voyage, un sac de randonnée sur les épaules.
 
Le sourire s’élargit lorsqu’elle aperçut sa meilleure amie.
 
— Il fait encore plus mauvais en Angleterre que dans mes souvenirs. Même la Bretagne ne peut pas rivaliser.
 
Un rire étouffé s’échappa de la poitrine d’Andrée, un son mi-soulagé mi-excité, une des rares émotions sincères que la jeune femme s’autorisait à montrer. D’un geste de la main, elle invita son amie à entrer dans sa maison.
 
 
— Et donc, le projet n’est pas encore tout à fait décidé, acheva Émilie. J’ai envie de faire beaucoup de choses ici, mais tellement de paramètres me retiennent là-bas…
 
Andrée grimaça ; elle savait qu’Émilie avait rencontré quelqu’un l’année précédente, mais la jeune femme n’en parlait jamais. Elle ne savait pas vraiment ce qui clochait dans cette relation, mais elle voyait bien que sa meilleure amie ne s’y sentait pas bien. Et elle se doutait qu’en parlant d’ancres qu’elle avait là-bas, elle parlait davantage de ses problèmes de couple que de son travail.
 
La jeune potionniste sirota son thé, songeuse.
 
— J’imagine que tu as le temps d’anticiper. De voir venir. Seulement… Assure-toi de faire les choses pour toi et non pour les autres.
 
C’était le meilleur conseil qu’elle pouvait lui donner, et le seul sans doute qu’elle respectait pour elle-même. Une philosophie de vie qui la suivait depuis ses quinze ans, au moment où les liens qu’elle avait eus avec son père s’étaient définitivement rompus.
 
Émilie et Andrée partageaient cette inestimable qualité qu’était l’indépendance. Même si celle-ci se manifestait différemment chez elles, les deux amies d’enfance étaient telles des électrons libres : pleine de projets, pleine d’ambitions et une répulsion pour les conventions qui venait sans doute de leur éducation bourgeoise. Seulement, Émilie se préoccupait beaucoup plus de ce que ressentaient les autres que son amie. Si leur opinion ne la gênait pas, elle ne supportait pas de faire du mal à qui que ce fût.
 
Andrée, elle, favorisait ses intérêts à ceux des autres, quitte à en blesser certains. Seuls de rares élus, ceux qui comptaient suffisamment à ses yeux, bénéficiaient de ses égards.
 
— En tout cas, reprit la jeune femme pour alléger l’ambiance, je suis heureuse que tu sois enfin là. J’ai horreur de l’ambiance de Noël et j’ai l’impression que chaque famille de Pré-au-Lard s’est décidé à accrocher ces affreux petits angelots à leurs fenêtres.
 
— J’imagine donc que tu seras ravie d’apprendre que j’ai absolument envie d’aller au marché de Noël cet après-midi, fit Émilie d’un air malicieux.
 
L’air horrifié d’Andrée lui arracha un rire. À chaque fois qu’elle se retrouvait, elle se rendait compte comme elle lui avait manqué – comme sa présence, ses conseils et leurs chamailleries lui étaient indispensables.
 
— S’il-te-plaît, Andrée. Je viens te voir une fois par an, si ce n’est moins. Tu ne peux pas me refuser ça.
 
Elle se pencha en avant, l’air d’entrer dans la confidence :
 
— Et puis, j’ai lu sur des affiches qu’il y avait une grande bataille de boules de neige d’organisée. Je suis sûre que tu crèves d’envie d’y participer.
 
Les seules réponses qu’elle obtint furent l’impact du coussin du canapé sur le coin de sa tempe et la protestation indignée d’Andrée.
 
 
— Qu’est-ce qu’on fait là ?, bougonna Andrée pour la centième fois.
 
Rien n’allait dans cette journée : le froid lui mordait la peau bien plus que de raison, ses problèmes professionnels s’étaient rappelés à elle le matin même, le désagréable souvenir d'Halloween ne cessait de refaire surface dans son esprit, et la neige transperçait le cuir tanné de ses escarpins haut de gamme. Ses talons, décemment trop haut pour la météo qui régnait, ne cessaient de déraper sur les plaques de verglas qui recouvraient çà et là le sol.
 
Pour couronner le tout, l’écharpe qu’Émilie l’avait forcée à porter n’avait rien d’élégant.
 
— Tu m’accompagnes profiter des miracles du Noël anglais, répondit-elle en chantonnant.  
 
— Je me demande encore comment tu as réussi à me convaincre. Si on croise quelqu’un que je connais – pire, si on croise l’un de mes clients -, je te fais rôtir au-dessus de mon chaudron.
 
En ronchonnant, Andrée laissa son amie prendre un peu d’avance sur elle. Si elles se ressemblaient sur beaucoup de points, leurs différences étaient impressionnantes et qui ne les connaissait pas pouvait légitimement se demander comment leur amitié tenait. Là où Andrée était taciturne et entretenait soigneusement la répulsion, la crainte, qu’elle inspirait aux autres, Émilie était pleine d’optimisme et curieuse de tout ce qui l’entourait.
 
Chaque stand était pour elle une nouvelle source d’émerveillement. Les différences de culture entre la France et l’Angleterre, si minimes fussent-elles, ne manquaient jamais de l’interpeler. Elle voulait toujours en savoir plus, sur tout, tout le temps. L’apothicaire, elle, estimait qu’il s’agissait d’une qualité dangereuse – on éveillait l’intérêt et on attirait les regards lorsqu’on avait tendance à fouiner partout. Sans doute que la nature de leurs activités, diamétralement opposées, influençait son raisonnement.
 
Pour Andrée, il s’agissait d’insouciance, pour Émilie, c’était davantage une question d’ouverture sur le monde.
 
Les deux amies s’achetèrent chacune une barbe à papa frémissantes – Andrée prétendit ne pas en vouloir, mais la barbe à papa était l’un de ses péchés mignons depuis qu’elle était enfant -, et commencèrent leur tour des stands.
 
La plupart était dénuée d’intérêt : des créations magiques et artisanales, des bibelots aux couleurs du prétendu Père Noël, des accessoires enchantés qui valaient deux Mornilles en magasin et qui, par le plus grand des mystères, en valaient une dizaine ce jour-là. Les bouillottes ensorcelées, habillées d’un manteau aux motifs mouvants, culminaient en haut des tendances et un chalet sur deux en proposait. Des pains d’épices animés dansaient sur certains comptoirs, suivant des chorégraphies souvent ridicules. Les chants de Noël perçaient les oreilles – les cris des enfants surexcités n’aidaient en rien.
 
Fort heureusement, Émilie s’était aperçue, déçue, qu’elle avait manqué la bataille de boules de neige d’un jour.
 
— Je vais acheter quelques ingrédients pour mes potions, indiqua Andrée en désignant un stand. Le seul avantage des marchés de Noël, c’est qu’ils vendent parfois des feuilles séchées que j’ai du mal à trouver autrement. Rendez-vous au café au coin de ces stands, là-bas.
 
Émilie leva la main pour indiquer qu’elle avait entendu puis elle continua sa route, toute à sa découverte. Andrée ne pouvait nier que pour les personnes qui aimaient cette période, le marché du Chemin de Traverse était incroyable lorsqu’on le visitait pour la première fois, débordant de magie et de féérie, scintillant de mille couleurs et de mille lumières.
 
La jeune femme se dirigea, seule, vers le stand du fleuriste-apothicaire qu’elle avait repéré. De nombreuses variétés de fleurs fraîches étaient présentées, ornées de rubans et poudrées de blanc pour l’occasion. Sa mère avait eu l’habitude, jadis, de monter des dizaines et des dizaines de couronnes de fleurs qu’elle accrochait ensuite dans tout le manoir ou qu’elle offrait à ses amies. C’était sa manière à elle de rompre avec la froide obscurité qui régnait chez eux ; Leigh n’avait jamais commenté l’initiative, ni pour l’approuver, ni pour la réprouver.
 
Saisie d’une impulsion, Andrée acheta un bouquet de roses blanches, un autre de roses jaunes et un dernier de roses rouges – les préférées de sa mère, à l’époque où elle était en mesure de savoir ce qu’elle aimait.
 
La nostalgie de son enfance était un sentiment qu’elle n’avait plus ressenti depuis un long moment. La brûlure douce-amère qu’il laissa sur sa peau la fit frissonner.
 
Elle fit également l’acquisition de pétales séchées, d’herbes et d’aromates qu’on ne trouvait qu’à cette période de l’année. Chaque hiver, elle s’arrangeait pour s’en faire un stock suffisant pour les mois qui suivraient – c’était le genre d’ingrédient dont les prix flambaient une fois la saison passée. Chacun trouva sa place dans des poches prévues à cet effet, aux côtés des potions défensives dont elle ne se séparait jamais.
 
La torpeur qui l’avait envahie ne la quitta pas pendant le reste de sa promenade. Déambulant sans but, elle observa les passants : une famille aux enfants insouciants, trépignant d’impatience avant d’entamer une quelconque activité, un homme esseulé qui écumait chaque stand dans l’espoir vain de trouver des idées de cadeaux de dernière minute, un binôme d’adolescents qui cherchaient visiblement ce qu’ils pouvaient acheter avec leurs maigres économies, une jeune femme blonde a l’air si fermé qu’elle se reconnut lorsqu’elle-même était plus jeune. Elle eut presque envie d’aller la voir. De lui affirmer que ça irait, que quelque fût la chose qui la tourmentait, c’était temporaire, qu’après les mauvais temps venaient les meilleurs.
 
Mais Andrée n’était pas des gens qui rassuraient, et elle ne souhaitait pas lui mentir. Elle était bien placée pour savoir qu’on ne sortait pas comme par magie des mauvaises passes, tout sorcier qu’on fût.
 
Elle leva une main en sa direction, renonça, hésita, s’éloigna.
 
Elle reprit sa marche solitaire en tentant d’évacuer les émotions contradictoires qu’avaient fait naître ses souvenirs et la vision de la jeune femme. La solitude s’abattit sur elle comme un couteau émoussé ; elle lui fit mal, sans pourtant la blesser vraiment. Luttant contre ses démons d’antan, elle tenta de retrouver cet état de sérénité qu’elle n’avait vraiment que lorsqu’elle était seule. Cet état qui la poussait à passer ses soirées à l’écart des mondanités quotidiennes, qui faisait qu’elle s’offrait des restaurants en tête à tête avec elle-même, qui l’amenait à apprécier plus que tout le reste ses rendez-vous avec une bouteille de vin et de la fumée de cannabis.
 
Une, deux, trois, cinq cigarettes plus tard, le calme revint dans son esprit, mais le brouillard n’acheva pas tout à fait de se dissiper.
 
— Tu es une idiote, dit-elle à voix haute, davantage pour se convaincre qu’il ne s’agissait que de futilités que parce qu’elle se pensait stupide.
 
Elle avait sa confirmation : l’idée du marché de Noël était définitivement mauvaise.
 
Les cabanons continuèrent de défiler devant ses yeux tandis qu’elle rejoignait le point de rendez-vous. Elle fit une halte pour acheter une fleur de lys cristallisée pendant au bout d’une chaîne argentée – la fleur française par excellence, gage de pureté et d’innocence. Un présent parfait pour Émilie, dont le bienfondé des intentions ne souffrait d’aucune remise en question.
 
La jeune femme fut immédiatement prise en charge lorsqu’elle se présenta aux portes du café : un serveur se présenta, droit et parfaitement poli, lui proposa une table, lui en offrit une autre lorsqu’elle la déclina – pas suffisamment bien située -, prit sa commande dès qu’elle se fut décidée – un vin chaud avec beaucoup de cannelle. Les tables et les chaises étaient chauffées et offraient une agréable sensation de bien-être, de celles qu’on avait lorsqu’on jouissait du feu de bois au cours d’une longue soirée d’hiver. Les fleurs et les autres paquets furent déposés sur la chaise d'à côté et elle s'autorisa même à enlever son affreuse écharpe.
 
Une fois la tasse de vin chaud devant elle, Andrée s’alluma une cigarette et laissa son regard se perdre sur le perpétuel mouvement des passants. Connaissant Émilie, la potionniste disposait d’une petite heure pour se perdre dans ses pensées.
Code by Ariel


HRP :
Andrée de Kerimel
Modo poker face
Andrée de Kerimel
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Mar 5 Oct 2021 - 10:32




Event de Noël
Self-persuasion is a poison that tends towards irrational worry.



☾ Le jeudi 21 décembre, Johann arriva au 12, square Grimmaurd en plein milieu d’après-midi. Il salua certaines personnes présentes, élèves, professeurs ou connaissances, puis alla s’installer dans un salon nettoyer pour attendre et pouvoir réfléchir en paix.

La réunion qui se déroulerait le soir, demandée expressément par certains membres de l’Ordre, avait un caractère exceptionnel. La raison en était simple : l’appréhension et l’insécurité d’un futur trop proche était de mise. Les évènements d’Halloween étaient encore dans toutes les mémoires et l’arrivée dès le lendemain du marché de Noël en rendait plus d’un nerveux.

Pour le trentenaire, il n’y avait pas que ce fait qui le poussait vers l’inquiétude. Albus Dumbledore était définitivement renvoyé de Poudlard et si certains ne le comprenaient pas encore, c’était un coup dur. D’un point de vue stratégique, l’Ordre avait perdu la place forte la plus sécurisée d’Angleterre. S’ils pourraient toujours s’en accommoder, étant lui-même dans l’école avec Minerva McGonagall et Severus Rogue, reprendre le fort s’avèrerait dès lors bien plus complexe. Dès l’année prochaine, si ce n’était avant, le Seigneur des Ténèbres essaierait de faire rentrer des Mangemorts méconnus comme professeur dans cette même idée.

Albus devait l’avoir compris, tant le vénérable mage avait l’air d’avoir pris un coup de vieux en quelques semaines à peine. Ce jour-ci, il faisait sa centaine d’années et pour le magicozoologue, c’était là un autre problème. Si Dumbledore montrait ses faiblesses envers ses hommes, l’espoir de certain, qui le suivait par admiration, pouvait se dissiper et les faire flancher vers une survie personnelle plutôt qu’une envie de se battre pour leur cause.

Plusieurs heures plus tard, assis en milieu de table avec les autres membres, Johann écoutait attentivement les directives du vieillard. Le jeu d’échec mental que l’ancien directeur jouait avec Lord Voldemort devait lui donner l’impression qu’il n’attaquerait pas le chemin de traverse. Johann, lui, n’en était pas aussi certain et il n’était pas le seul. Il faisait confiance au discernement d’Albus, mais il préférait une sécurité trop prononcée plutôt qu’offrir une porte ouverte aux mangemorts pour un carnage.

Durant la première guerre, une victoire pour un camp ou un autre signifiait beaucoup. Le moral des troupes baissait ou remontait, permettant de désordonner l’ennemi ou de consolider sa propre milice. Cette nouvelle guerre, qui avait déjà débuté, ne faisait pas exception à la règle. Pour Johann, Voldemort avait déjà gagné plusieurs batailles indirectement et ça se ressentirait dès sa prochaine manœuvre.

La réunion se termina quand l’ancien directeur se leva, mais certains membres de l’Ordre ne bougèrent pas pour autant. Maugrey, en particulier, faisait les cent pas dans la cuisine. Il se décida à parler de sa voix bourrue après une bonne minute de silence entrecoupé du bruit métallique de sa prothèse.

« Comme suggéré durant la réunion, voir ordonné par Albus, il nous faut des hommes en ronde dans le Chemin de Traverse durant toute la durée des festivités, dit-il.
Je suis d’accord, surenchérit l’un des membres présent.
Mais qui enverrons-nous ?, reprit un autre.
Je me porte volontaire, s’exclama le maître des lieux, qui donnait l’impression d’être un chien en cage. Sous ma forme a...
C’est hors-de-question, le coupa Alastor. Tu restes ici, ordre de Dumbledore. »

Sirius Black se renfrogna et marmonna dans sa barbe avant de quitter la cuisine en claquant la porte. Pour Johann, c’était idiot de ne pas se servir de son don et de le laisser enfermer ici. Il avait réussi à échapper à la vigilance des détraqueurs, des aurors et de la brigade de tireurs d’élite à sa poursuite deux an plus tôt, il pouvait donc être très utile. Néanmoins, le professeur n’en dirait rien, préférant ne pas se faire remarquer de trop avec ses propres idées. S’il contrôlait les Suns of Loki, ce n’était pas le cas de l’Ordre et il préférait ne pas se faire d’ennemi dans son propre camps, contrairement à certains.

« J’irais, finit-il toutefois par dire, mais seul, ça ne servirait à rien. Il nous faudrait des hommes postés à chaque entrée en plus des rondes dans le marché. Par ailleurs, il y aura beaucoup d’activités, faire mine de s’y intéresser pour certains ne sera pas compliqué.
Vrai, acquiesça Maugrey. D’autres suggestions ?
Il faut que chaque entrée et sortie soit contrôlé, mais de manière discrète. Tout individu vraiment suspect devra être surveillé et si des mangemorts font leur apparition, il faudra des membres capable de lancer un patronus messager pour prévenir tous les autres.
Ainsi que pour prévenir Albus et tous les membres de l’Ordre qui pourraient venir nous prêter assistance. », confirma une jeune femme.

Ainsi fut décidée la suite des événements. Johann n’était pas ravi de devoir passer trois jours sur le Marché de Noël à attendre un potentiel affrontement, mais ne rien faire lui paraissait bien plus dangereux. Pour l’heure, néanmoins, il lui fallait se rendre ailleurs pour fêter l’anniversaire de sa protégée, sans se douter pour l’heure de ce qui l’attendait là-bas...

Le dimanche 24 décembre, comme convenu, Johann se trouvait sur le chemin de traverse. L’homme se trouvait en compagnie d’Aaron, à l’entrée de son ancienne animalerie magique. De nombreuses personnes faisaient la queue vers celle-ci dans l’espoir de venir nourrir l’un des animaux qui se trouvait présent à l’intérieur. Si l’idée du stand leur était venu bien avant les décisions de l’Ordre, c’était pour Johann une aubaine. Connu comme magicozoologue, professeur de soin aux créatures magiques et ancien propriétaire de kingdom of spooky pets, il n’était pas étonnant de le voir présent sur les lieux.

C’était parfait, d’autant plus qu’ainsi, il pouvait aussi échanger des informations avec Aaron sans que personne ne puisse s’en douter. Dans cette optique, les deux hommes discutaient à voix basse, s’assurant de ne pas être entendu, s’arrêtant quand des clients s’approchaient de trop près de leur position. Aaron, par ailleurs, avait l’air nerveux, fait étrange aux yeux de son ami qui ne l’avait jamais vu ainsi depuis le début de l’année.

« Il prépare quelque chose, lui dit Aaron à voix basse, mais je ne sais pas quoi. Ce n’est pas comme Dumbledore, tu sais, il nous parle pas.
Tu as quand même pu monter les échelons ?, demanda l'Allemand, sans même oser penser aux horreurs qu'il avait dû réaliser dans ce but.
Je suis marqué, acquiesça Aaron, mais ça ne veut pas dire que j’ai plus de chance que les autres ou que je suis plus proche de lui. Ce type me fait pas confiance... Quoi qu’il fait confiance à personne sauf à son foutu serpent. »

L'enseignant hocha la tête et décida de clore la conversation. L’échange d’informations, si on pouvait appeler ça ainsi tant le Westorn n’en possédait aucune de fondée, se faisait au compte-goutte. Cela faisaient déjà deux jours que les deux hommes magouillaient de la sorte, sans se faire remarquer. Il en allait de leur survie et ils ne pouvaient se permettre d’être remarqués. Pour éviter toute suspicion, l’un et l’autre partaient du stand à certains moments.

Pour Johann, c’était une chance. Cela lui permettait de faire les fameuses rondes qui lui étaient dû, mais aussi d’avoir toujours un œil attentif sur l’une des entrées de l’Allée des Embrumes. Les Suns of Loki faisaient également leur travail, continuant de taxer les passants qui désiraient s’y rendre ou en sortir par leur territoire. S’ils faisaient bien sûr attention aux policiers et autres fonctionnaires venus assurer la sécurité, ils avaient surtout pour tâche de prévenir le patron de toute approche vraiment suspect.

« Je vais faire un tour, affirma Johann après un moment de silence. Un vin chaud me fera le plus grand bien. »

Il n’avait pas besoin d’en dire plus pour qu’Aaron comprît qu’il devait rester vigilent. Le tatoué hocha la tête, puis lui fit signe d’y aller. Le Kayser attrapa son béret et commença à fendre les foules. Il passa à plusieurs stands, observant les allées et venus des passants, remarquant ici et là certains étudiants qu’il connaissait, mais décida de ne pas s’y attarder. Si leur présence ne l’enchantait pas, il ne pouvait les renvoyer chez eux. Il n’en avait pas l’autorité ici. Il remonta ensuite jusqu’à la grand place, se positionnant légèrement surélevé vis-à-vis de la foule. Sa grande taille lui permettait ainsi d’observer l’ensemble des passants.

Ce ne fut qu’après quelques minutes d’observation qu’il se décida enfin. Jouant des coudes, il se rapprocha d’un des cafés, où du vin chaud était servi, pour en commander un verre fumant. C’est à cet instant qu’il la remarqua. Andrée était installée à une table en solitaire, perdue dans ses pensées. En attendant que la queue rétrécisse un peu, il se décida à l’approcher.

« Bonjour Andrée, lui dit-il en s’approchant, soulevant son couvre-chef dans un geste polit. Je suis étonné de te voir présente ici. »

Un étonnement sincère. Si une conversation se joua entre les deux pendant quelques minutes, le Kayser ne pouvait se permettre de trop s’attarder. Ainsi, il ne pouvait rester et finit par le lui expliquer.

« Je tenais à te saluer avant de poursuivre ma route. Nous aurons peut-être l’occasion de nous voir plus tard. »

Il ne se priva pas pour commander juste après. Ce fût en sortant du café et en remontant la rue vers le Chaudron Baveur qu’il le vit s’approcher de sa position, ce qui le décida. Il avait demandé deux verres, le premier pour sa consommation personnelle, le second pour l’offrir à Aaron et lui permettre de faire une pause. Sa décision fut prise en analysant son parcours, lui permettant de calculer rapidement l’endroit idéal pour intercepter le chasseur. Il s’y dirigea. À l’approcha de Lévine, il se racla la gorge dans son dos.

« Bonjour, Mister Serger. Je vois que vous êtes de service, remarqua-t-il en préambule. Une pause ne vous fera pas de mal. »

Il lui tendit le gobelet de trop qu’il tenait en main, se promettant d’en récupérer un troisième pour son ami d’enfance avant de le retrouver plus tard. Pour l’heure, néanmoins, il se contenta de faire signe au Serger de le suivre. Johann n’avait pas confiance en beaucoup de monde, mais il apprenait encore à s’ouvrir à de nouvelles perspectives.

Serger était un auror, celui qui avait la charge de son dossier, mais il était évident que l’homme n’enquêtait plus sur ses activités. Il en déduit qu’il pouvait lui faire part de certaines informations... Ainsi que lui offrir un moment de répit en remerciement. Lévine, bien sûr, pouvait accepter comme refuser sa proposition inaudible, le trentenaire ne s’en formaliserait pas, mais il espérait tout de même que son cadet se montrerait assez curieux.

Il se dirigea donc vers un endroit un peu reculé, où ils pourraient discuter sans être gêné, puis se tourna vers l’Asiatique.

« Le Seigneur des Ténèbres prépare quelque chose, lui avoua-t-il sans plus de cérémonie. Je ne sais pas vraiment ce que c’est, mais il vaut mieux se préparer au pire. »

Pour qu’Aaron soit aussi nerveux, même sans savoir, c’était que d’autres Mangemorts étaient au courant et se montrait excité à l’idée. Le prochain mouvement de Voldemort allait donc servir ses intérêts et serait essentiel à ses plans. Qu’est-ce que ça pouvait être ? Johann ne pouvait le deviner, mais il pensait que le Seigneur des Ténèbres voulait peut-être fêter Noël à sa manière. Il avait recouvert une grande partie de ses forces armées, Halloween en était une preuve, et l’endroit était idéal pour un retour en grandes pompes...

En d’autres termes, le zoologiste était persuadé que le lieu allait être une cible avant la fin des festivités. Ce qui voulait dire que toutes les personnes encore présentes étaient en danger... Cette mascarade organisée par le ministère pour faire oublier les faits était, de fait, très stupide pour le trentenaire. En parler avec l’auror allait-il le rassurer ?

CODAGE PAR AMATIS



HRP :
Johann A. Kayser
Admin acerbe
Johann A. Kayser

_________________
Heart Made Of Glass, My Mind Of Stone
Trompe-toi, sois imprudent, tout n'est pas fragile. N'attends rien que de toi, parce que tu es sacré, parce que tu es en vie. Parce que le plus important n'est pas ce que tu es, mais ce que tu as choisi d'être. by Wiise
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Lun 18 Oct 2021 - 23:09
Le marché de Noël

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— Voilà cinq Gallions pour tes achats. Et n’oublie pas ton écharpe, dit sa mère en lui tendant une bourse de cuir.

Ariel accepta le cadeau avec un sourire. Avec un peu d’efforts, un peu d’imagination, il avait presque l’impression que l’ambiance était normale à la maison ; sa sœur et lui avaient eu une conversation, ce genre de discussions libératrices dont on ne voulait pas entendre parler mais qui pourtant était nécessaire, et le jeune garçon avait décidé de prendre sur lui pour ne pas attiser les braises de la colère de ses parents. Sa mère, quant à elle, semblait vouloir tirer un trait sur leurs disputes de l’été précédent et sur toutes les supplications qu’Ariel lui avait écrites pour rester au château pendant les vacances.

Son père, comme à son habitude, conservait sa discrétion usuelle. Il n’intervenait presque jamais dans les conflits familiaux et se contentait de suivre et d’approuver l’avis de sa femme.

S’il était tout à fait honnête, il devait admettre que le cadre offert par ses parents et les murs rassurants de sa maison d’enfance jouaient un rôle dans son équilibre émotionnel. Ces repères participaient à sa démarche de reprendre pied avec la réalité.

— Merci, maman.

Il boutonna sa cape de laine jusqu’en haut et s’entoura ladite écharpe autour du cou. Amy, dans un coin du salon, l’observait d’un air pensif.

— La mère d’Oscar et Louisa ne devrait pas tarder à arriver.

— Tu rentres à 17 heures et pas après, se contenta de répondre la matriarche.

Au même moment, un bruit de flammes et de cendres se fit entendre et Oscar déboula dans le salon. Son compagnon de dortoir avait une bien meilleure maîtrise du voyage en Cheminette qu’Ariel : il sortit de l’âtre tranquillement, sans tousser ni trébucher. Aussitôt après, Louisa suivit, sautillant gaiement hors de la cheminée, puis se fut au tour de Mrs Clark d’entrer dans la maison des Melwing.

Les deux enfants étaient équipés de bonnets de laine aux couleurs de leurs Maisons respectives et deux larges sourires fendaient leurs visages. En les voyant ainsi côte à côte, irradiant de joie de vivre, Ariel se dit que leur condition de frère et sœur ne faisait aucun doute.

— Ariel ! glapit Louisa, et elle sauta aussitôt dans ses bras, exactement comme si la veille n'avait pas résonné de leurs cris de retrouvaille.

Plus réservé, Oscar se contenta d’un « Bonjour, Mrs Melwing » d’une politesse irréprochable. Puis il se tourna vers son meilleur ami, les yeux brillants d’une excitation mal contenue.

Ce jour-là, ils allaient arpenter les rues du marché de Noël du Chemin de Traverse. Après la bataille de boules de neige, le marché était un événement très attendu du Club des Cinq. En tout cas, pour ceux qui s’y rendaient. Tom n’avait pas pu venir à cause de ses parents moldus, qui ne souhaitaient pas faire le déplacement une seconde fois et qui avait eu un mal fou à s’y rendre la veille – leur cheminée n'était pas reliée au réseau -, et Jules consacrait toute sa journée à sa famille.

Après quelques minutes de flottement durant lesquelles les trois amis, surtout Louisa, décrivaient les monts et les merveilles qu’ils comptaient dénicher dans les chalets, Mrs Melwing finit de transmettre ses consignes à leur chaperon du jour.

— Je vous le rendrai en bon état, ne vous en faites pas, dit Mrs Clark avec une affection évidente.

Les rencontres entre Ariel et la mère Clark avaient été rares et brèves, mais il s’agissait d’une femme dont la bienveillance ne faisait aucun doute. Elle s’était prise d’affection de chacun des membres du Club des Cinq, sans exception.

La maman d'Ariel s'approcha et embrassa son fils sur la joue, abandonnant son masque d'impassibilité pour une seconde :

— Bon après-midi, chéri.

D’un geste de la main, Mrs Clark leur indiqua la cheminée. Tour à tour, les enfants empoignèrent leur part de poudre de Cheminette, et après avoir prononcé le nom de leur destination – « Le Chaudron Baveur ! » -, la maison retrouva son calme habituel.

Amy, à moitié heureuse pour son grand frère si triste, à moitié déçue de ne pas pouvoir l’accompagner, disparut à l’étage une fois qu’ils furent partis.


L’une des premières choses qu’Ariel aperçut lorsqu’ils arrivèrent au niveau des stands, ce furent les visages rougis par le froid de Jules et de sa sœur. Elles se tenaient auprès d’un amas de neige à la forme indéfinie – mais l’aire de concours de bonhommes de neige les entourait, donc il s’agissait sans doute d’un bonhomme de neige très mal exécuté. Ariel ne put s’empêcher de pouffer dans son écharpe.

Ariel savait que Jules et sa sœur, Alice, étaient jumelles. La rouge et or leur en parlait parfois ; elle s’extasiait sur leur lien privilégié, partageait sa tristesse de ne pas l’avoir auprès d’elle plus souvent et exprimait le manque qui en découlait. C’était la première fois qu’il apercevait l’autre enfant Murphy. Malgré tout ce qu’il savait sur elle, la stupéfaction le figea sur place un instant. Leur ressemblance était frappante.

Une Jules, c’était une aventure quotidienne. Le jeune garçon se demanda ce qu’il en serait si Alice avait fait sa scolarité à Poudlard.

Ce fut une Louisa toute sautillante, fonçant vers la famille Murphy, qui le tira de ses pensées. Surexcitée, elle hurla quelque chose comme :

— JUUUUUUUUULES !

Oscar coula un regard en coin vers son meilleur ami, dissimula un sourire amusé dans sa cape, et emboîta le pas de sa fulgurante petite sœur. Ariel, un peu perdu, suivit la marche.

— Votre bonhomme de neige est affreux, dit-il en guise de salutation.

Parce que eh ! Il l’avait vue la veille, nul besoin de crier à s’en déchirer les cordes vocales. Et de toute façon, le Serdaigle n’était pas aussi expansif que les deux filles du Club des cinq.

Et Louisa enchaîna : elle se désola sur le fait qu’elle n’eût pas eu l’occasion de participer au concours de bonhommes de neige, espéra pouvoir y prendre part l’année prochaine, et si seulement – seulement ! – ils en organisaient un deuxième ce jour-là, ils arrivaient bien trop tard, quel dommage ! Elle entama un débriefing complet sur la bataille de boules de neige et s’interrompit brusquement en avisant les regards amusés et désolés de sa mère et de son frère.

Le Melwing sourit, attendri par l’enthousiasme de son amie.

— On s’apprêtait à braver le froid pour voir si on trouve quelque chose aux stands du marché, fit-il lorsqu’il put en placer une. On a vu votre désastre glacé, et on s’est dit qu’on allait vous féliciter pour cette œuvre aboutie.

Le sarcasme gentillet dont il fit preuve l’étonna lui-même. Ses mots n’avaient pas résonné ainsi depuis… depuis plusieurs semaines, en fait. Dans ça tête, ce temps-là avait duré des années. Mais après tout, l’ironie était une arme dont il usait souvent avant, à petite échelle, jamais méchamment ; elle donnait du relief aux longs discours.

Un signe de plus qu’il était sur la remontée de la pente de sa vie. Loin d’être le premier, loin d’être le dernier aussi – il l’espérait -, Ariel refusait de crier victoire. Il était bien placé pour savoir que les rechutes arrivaient sans crier gare.

Il se tourna vers la famille Murphy. Leurs sourires rendaient leurs visages avenants.

— Mrs Murphy, Mr Murphy, Alice. Enchanté, je m’appelle Ariel.

Il désigna les deux guignols qui lui servaient d’amis.

— Eux, c’est Oscar et Louisa... mais vous la connaissez déjà.

Peut-être un peu protocolaire, mais aux yeux de l’adolescent, il était très important de faire bonne impression aux parents de ses amis. Après tout, s’il souhaitait inviter les amis – ou s’inviter chez eux – pendant les vacances, la confiance que leurs familles lui porteraient était primordiale. Et il comptait bien passer des vacances avec Jules dans un futur plus ou moins proche.

Il leur offrit un sourire plein de dents, à moitié dissimulé par son écharpe bleue et bronze.

— Nous ferions mieux d’y aller si nous voulons avoir le temps de faire le tour des chalets, intervint Mrs Clark en posant une main sur l’épaule de sa fille, qui ouvrait la bouche pour recommencer à parler. La nuit tombe vite.

— Bonne journée ! s’écrièrent en chœur Ariel et Oscar, tandis que la fillette commençait à bouder.

Ariel adressa un signe de la main à sa confidente, hocha la tête en direction de ses parents et sourit largement à Alice.

Menés par les adultes, ils commencèrent à s’éloigner.

— Je voulais continuer à leur parler, moi ! râla Louisa.

— Jules nous a dit hier qu’elle voulait profiter de sa famille au maximum et leur montrer le plus de choses magiques possible, répondit Ariel. Je pense que traîner avec trois de ses meilleurs amis n’entre pas vraiment dans cette définition.

La jeune fille haussa les épaules, grogna encore un peu pour la forme et retrouva son entrain habituel. C’est qu’ils avaient des choses à découvrir, sur ces étals !

Le marché regorgeait d’odeurs, de senteurs et de formes insolites. Pendant la demi-heure qui suivit, les enfants s’appliquèrent à tout découvrir, à tout toucher et à tout commenter. Ils voulurent tout goûter, aussi, mais le signe de tête de Mrs Clark et un coup d’œil dans leurs bourses les dissuadèrent de mettre leur plan à exécution. À la place, ils se contentèrent d’une gaufre dégoulinante de chocolat pétillant, gracieusement offerte par l'adulte.

La sortie fut ponctuée par les commentaires enthousiastes de Louisa, les interrogations d’Oscar quant à l’utilité de certaines marchandises et les questions d’Ariel. « Vous croyez que ça ferait un bon cadeau ? » était l’une des principales.

Car Ariel était vraiment préoccupé par ses cadeaux et il était fichtrement en retard. Il n’en avait offert qu’un à Oscar, l’année précédente, car la glue perpétuelle qui liait les autres membres du Club des cinq n'était alors pas tout à fait posée. Ils ne se connaissaient que depuis quelques mois, ils apprenaient tout juste à se connaître, et s’il était prévisible que l’histoire déboucherait sur une amitié mémorable, seules ses prémices en étaient alors perceptibles.

Cette année, tout était différent. Ils avaient vécu ensemble, ri ensemble, s’étaient inquiétés ensemble. Les vacances d’été leur avait fait prendre conscience qu’ils se manquaient les uns les autres ; certaines habitudes avaient vu le jour, comme le rituel de Tom et d’Ariel qui consistait à piller les cuisines de Poudlard le mercredi après-midi ou leurs réunions au fond du Couloir.

Et évidemment, Halloween les avait davantage rapprochés encore, même si Ariel en subissait encore les conséquences. Il s’était replié sur lui-même mais il savait qu’il pouvait compter sur leur présence et leur soutien à toute épreuve.

Pour ses amis, il voulait des cadeaux exceptionnels.

— Pour Tom, je pense à des objets qui lui permettront de faire toutes les blagues qu’il veut, dit Ariel au détour d’une allée. Et aussi qui lui permettront de ne pas se faire prendre.

— Je ne sais pas si tu vas trouver des objets de farces et attrapes qui lui permettront d’éviter les punitions, objecta Louisa.

— De toutes façons, Rusard se charge personnellement de vérifier les valises pour être sûr que rien d’illégal ne rentre dans l’enceinte du château, ajouta Oscar.

Ariel réfléchit une seconde, puis ses yeux s’illuminèrent :

— Je n’ai qu’à lui trouver des objets d’apparence inoffensive, mais tout à fait dévastateurs une fois qu’on leur rend leur vraie nature !

Ils s’arrêtèrent à un stand tenu par deux rouquins qui se ressemblaient comme deux gouttes d’eau (1) et Ariel mit son plan à exécution. Malgré les tendances d’élève sage du garçon aux cheveux violets, il savait précisément ce qui plaisait à ce turbulent de Gryffondor.

Ariel coula un regard inquiet en direction de la mère d’Oscar et de Louisa, mais une lueur amusée brillait dans ses yeux. Visiblement, leurs activités extra-scolaires la faisaient sourire plus qu’autre chose. En tous cas, tant qu’elle ne recevait pas de courrier de discipline concernant ses enfants.

Malgré les supplications des deux jeunes Clark, Ariel refusa tout net de leur faire part de ce qu'il leur avait acheté. Leurs présents patientaient déjà dans sa chambre.

Du casse-tête que représentait celui de Jules, en revanche, il ne cacha rien.

— Tu te mets terriblement la pression, dit Louisa. Moi, je vais lui offrir quelque chose en rapport avec le Quidditch. Elle adore le Quidditch !

Le garçonnet haussa les épaules, pas convaincu. Il voulait quelque chose de plus personnel. Quelque chose qui venait de lui – d’une véritable intention. Et puis, Ariel n’aimait pas spécialement le Quidditch.

Ce fut lorsqu’ils passèrent devant un stand ne vendant presque que de la papeterie de Noël que l’illumination vint. Au milieu des cartes de vœux animées et du papier à lettre multicolore, nichés au sein d’un tas de fausse neige et de feuilles de houx, une pile de carnets banals patientait.

Des images d’Alice et de Jules, de leur bonhomme de neige tout cabossé et des longues conversations que la rouquine avait tenues sur sa sœur jumelle, lui revinrent en mémoire. La fillette déplorait souvent la lenteur des postes sorcières et moldues. Pour tenir une discussion avec quelqu’un, c’était loin d’être pratique, selon les termes de son amie. Les chouettes, c’était endurant, mais elles mettaient parfois des jours à revenir – il fallait compter le temps du trajet, le temps de lecture, le temps de l’écriture.

— Ils sont moches, ces carnets, dit Louisa lorsqu’il les désigna.

— Pas plus moches que les nôtres… et drôlement utiles, répondit Ariel d’un air malicieux.

Oscar se contenta de sourire, ce genre de sourires qui indiquait qu’il avait parfaitement compris les insinuations de son camarade de dortoir. Le Melwing en acheta deux, et demanda au vendeur de les graver de deux prénoms de sa plus belle calligraphie. Le reste, il s’en occuperait lui-même.

Il fit l’acquisition d’un collier duquel pendait un petit bonhomme de neige doré pour sa mère, d’un kit d’écriture arc-en-ciel pour sa petite sœur, celui dont la couleur de l’encre répondait aux désirs du propriétaire, et d’un cigare en bois noir gravé de flocons de neige argentés pour son père.

Le petit groupe termina sa journée autour d’un chocolat chaud. Ariel, pour remercier la maman d’Oscar et de Louisa de l’avoir pris en charge cet après-midi-là, insista pour le leur offrir. Ce ne fut que quand il vida sur la table du café les trois Mornilles qui lui restaient qu’il capitula.

Il lui offrit une grimace d’excuse, gêné :

— Je ne pensais pas avoir dépensé autant.

Un geste de la main de Mrs Clark lui indiqua qu’il était tout pardonné, et que de toute façon, elle aurait quand même payé.

Lorsqu’Ariel se retrouva à nouveau devant l’âtre de la cheminée du Chaudron Baveur, un large sourire fendait son visage. Certes, il était un peu triste de rentrer ; l’ambiance de Traverse, à cette époque de l’année, était simplement indescriptible, et il ne voulait pas quitter Oscar et Louisa. Pourtant, le jeune garçon se sentait revigoré, plein d’une énergie nouvelle, et de meilleure humeur que depuis très longtemps.

Le visage de ses parents s’imposa à lui, celui de sa sœur également, et il réalisa qu’il avait vraiment envie de passer Noël avec eux. Dans son sac, leurs cadeaux pesaient lourd ; il avait hâte de les leur donner.

Ce fut le cœur léger qu’il jeta la poudre magique dans les flammes et qu’il prononça face au feu vert : « Maison des Melwing ».



(1) Clin d’œil aux jumeaux Weasley. Si Greg et Forge ont été capables de quitter Poudlard en grandes pompes comme ils l'ont fait, ils sont largement aptes à monter et tenir leur propre stand au Chemin de Travers. Un genre de coup d'essai pour leur boutique ! :)

HRP :
Ariel Melwing
Modo aquatique
Ariel Melwing
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Ven 5 Nov 2021 - 15:07



Le Marché
Event de Noël

Dimanche 24 décembre 1995

Alice avait l'impression de redécouvrir le Chemin de Traverse à chaque fois qu'elle s'y rendait avec sa sœur jumelle. Comme si elle oubliait à chaque fois que le monde magique était aussi gai, aussi vivant, aussi coloré, aussi extravagant ! Quand Jules lui en parlait, elle se disait toujours qu'elle devait en rajouter des couches pour l'impressionner. C'était bien le genre de sa jumelle, après tout. Et pourtant, quand les prunelles d'Alice découvrirent pour la troisième fois ce à quoi ressemblait le monde magique, elle dut se rendre à l'évidence : Jules n'en faisait pas des tonnes, au contraire, elle minimisait même la somptuosité de cet univers.

Ce jour-là, c'était celui du réveillon de Noël et le Chemin de Traverse s'affichait sous un tout nouveau jour. Les rues habituellement bondées d'étudiants en plein achat de pré-rentrée, accueillaient cette fois tout un panel varié de sorciers au sein d'un marché aux mille merveilles. Les passants ne se baladaient plus avec des chaudrons emplis de bouquins, mais avec tout un tas de cadeaux farfelus qui s'agitaient en tous sens. Les étoiles dans les yeux, Alice s'étaient d'abord avancé dans le marché d'une allure contemplative et muette, ayant l'impression d'observer un film dont elle ne faisait pas partie. Mais, très vite, l'énergie de sa sœur la ramena au réel et elle se laissa galvaniser à son tour par l'excitation du moment. Euphoriques, les deux rouquines se mirent à gambader ensemble d'un stand à l'autre en déversant tout un tas de commentaires émerveillés sur ce qu'elles voyaient. Elles ne s’arrêtaient plus, ni de parler, ni de sautiller. Heureusement, Jules – qui était déjà venue les deux jours précédents – avait déjà ciblé les activités qui plairaient le plus à sa jumelle et les deux fillettes ne s'éparpillèrent donc pas de trop avant de débuter leur première occupation de la journée : la customisation de boules à neige avec de la peinture magique !

Dessiner était la grande passion d'Alice et celle-ci s'était d'autant plus renforcée avec le départ de Jules à Poudlard. Pour la première fois, à ses onze ans, Alice s'était retrouvée à dormir seule dans leur chambre. Si la solitude et le manque l'avaient hanté les premiers mois, elle avait fini par trouver un certain confort dans ce calme qu'elle n'avait jamais connu. Vivre avec sa jumelle, ça avait toujours été un quotidien haut en couleur où complicité, malice, chamailleries et confidences étaient au rendez-vous. Un quotidien sans Jules, c'était un quotidien beaucoup moins énergique, beaucoup moins stimulant et, si cela avait été douloureusement déroutant au début, elle y avait ensuite, en quelque sorte, trouvé son compte. En fait, elle avait même fini par mieux se découvrir elle-même, s'étonnant de s'épanouir dans une personnalité plus introvertie à mesure qu'elle mûrissait de son côté. Et ce nouvel univers personnel qui fleurissait en elle, elle le peignait ensuite sur le papier, donnant forme à ses pensées, emplissant le vide par une myriade d'images colorées. Si Alice avait toujours adoré dessiner, sa chambre à demi vide était devenue la toile vierge à éclabousser de sa créativité.

Concentrée sur sa tâche, la moldue n'écoutait plus les paroles volatiles de sa jumelle sorcière qui devait probablement se plaindre que son pinceau était difficile à manier et que la peinture ne prenait pas les contours qu'elle souhaitait. Alice, quant à elle, achevait bientôt son propre dessin sur sa boule à neige. Sereinement et sans un mot, elle rajoutait les dernières nuances au plumage de la chouette en plein vol qu'elle peignait au-dessus de la petite maison enfermée dans la sphère, lorsque la teneuse du stand tendit son cou par-dessus son épaule et émit un sifflement admiratif.

- Eh bah, j'crois bien qu'on a une p'tite graine de talent assise par ici ! s'exclama-t-elle avec un sourire complice qui fit rougir Alice de modestie.

La jeune fille n'était pas à son premier compliment concernant ses dessins. Mais recevoir un compliment d'une sorcière ? Elle, petite moldue qu'elle était ? Cette dame fut le premier rayon de joie à cette journée irréelle. Le deuxième miracle s'opéra au moment où elle acheva définitivement sa customisation : la peinture magique fit son effet et les ailes de sa chouette s'animèrent pour donner vie à l'oiseau sur la sphère de verre. À la vue de ce spectacle fabuleux, Alice eut presque les larmes aux yeux.

Cette activité fut définitivement sa préférée de toute la journée. Même la prise de hauteur sur l'un des balais autour du sapin géant ou le parcours vertigineux des luges sur les toits ne détrônèrent pas la joie que lui avait procuré l'atelier de peinture magique. Peut-être, toutefois, que la rencontre avec les créatures magiques atteignait aussi la première place du podium à ex-æquo. À cet instant-là, ses prunelles avaient imprimé chaque détail de leurs contours, de leur pelage et de leur stature en se faisant la promesse de les faire revivre à la maison à l'aide d'un crayon et d'un bout de papier.

Puis, il y avait eu le concours de bonhomme de neige. Animées par une soif de victoire partagée, les jumelles avaient mis toute leur détermination dans la réalisation de la créature hivernale, jusqu'à oublier l'existence des autres candidats alentours et de leurs parents qui essayaient désespérément de les déconcentrer à coup d'attaques neigeuses. Une fois que leur bonhomme fut achevé et renommé Harold, Jules émis l'idée de lui faire chevaucher son balai – comme le faisaient les sorciers – et Alice mis aussitôt toute sa foi en ce projet. Elle ne songea pas une seule seconde que le sortilège de sa sœur fît s'écrouler la structure de neige et réduisît ainsi à néant leur dur labeur.

Oh noooon ! qu'elles s'étaient écriées en chœur.

Leur échec fit s’effondrer les genoux d'Alice dans la neige. Elle n'en voulait pas pour autant à sa sœur. Ou peut-être un chouille. En fait, elle l'aurait bien taquiné d'une remarque moqueuse, et elle l'aurait fait si son attention n'avait pas été capturé par un autre duo d'apprentis sculpteurs, un peu plus loin.

- Regardez ! qu'elle s'exclama à l'adresse des membres de sa famille en les désignant du doigt

Si leur œuvre de glace était aussi un raté, Alice en resta tout de même bouche-bée les premières secondes. La ballerine sans tête et le pianiste sans bras qui s'animaient à quelques mètres d'eux formaient un duo grotesque à mi-chemin entre la magie de Noël et l'épouvante d'Halloween. Un fou rire emporta les Murphy devant ce spectacle incongru. Lorsque Jules reprit son souffle, elle déclara gaiement :

Je connais très bien la personne qui a fait ça, en plus ! C'est Eileen !

Alice dirigea son regard vers sa sœur et remarqua les paillettes qui s'étaient niché dans ses yeux à l'évocation de cette fameuse Eileen. Elle déporta alors son regard vers l'adolescente en question et elle ne put que comprendre l'admiration que lui portait sa sœur : elle était belle et dégageait une grande assurance au travers de ses gestes et expressions. Et Alice ne put retenir une once de jalousie au fond d'elle. Non pas pour cette fille au charisme fascinant, mais pour le lien privilégié que Jules semblait entretenir avec elle. Avec une « grande ». Et mieux encore, avec une « sorcière ». Sa sœur finirait-elle par l'oublier elle et leurs amis de toujours – qu'elle appelait désormais « moldus » - pour ces gens qui avaient l'air si extraordinaires ?

En parlant d'amis sorciers, ce fut l'arrivée de trois nouvelles personnes qui interrompit les pensées anxieuses d'Alice.

- JUUUUUUUUULES ! s'était écriée l'une d'elles.

Alice reconnu rapidement la voix et, inconsciemment, sa jalousie dessina un nouveau pic. Si elle ne l'avait aperçu qu'une ou deux fois cet été et qu'elle ne l'a connaissait quasiment pas, la soeur moldue les était certaine d'une chose : elle n'aimait pas Louisa. Bien sûr, elle ne l'avait jamais avoué à Jules et feignait l'indifférence dès qu'elle lui parlait de sa nouvelle « meilleure amie ». Et si elle ne l'aimait pas, c'était justement pour ça : personne d'autre qu'elle, Alice Murphy, n'avait le droit d'être la « meilleure amie » de Jules. Personne. Encore moins une sorcière aussi envahissante mais péniblement sympa comme Louisa.

Alors que cette dernière sauta dans les bras de Jules, Alice prit soin de rester en retrait avec ses parents, toujours assise dans la neige, pour ne pas laisser paraître son expression agacée. Louisa sembla entamer un monologue sans fin et Alice repoussa le sentiment d'imposture qui se mit doucement à l'envelopper en fourrant ses gants dans la poudreuse pour remodeler les cendres immaculées d'Harold. Ça ne servait plus à rien, il ne restait plus assez de temps, elle le savait. Mais ça comblait le vide. Si ses parents avaient été rejoints par ceux des Clark pour discuter poliment, elle ne se sentait pas de rester bêtement à sourire à côté, alors elle afficha sa mine la plus concentrée – comme pour s'entourer d'une bulle protectrice - en se mettant finalement à faire des dessins du bout de son index ganté dans la neige. Jusqu'à ce qu'un garçon se détache du groupe formé autour de sa sœur pour, de son amabilité exemplaire, refléter d'autant plus son impolitesse.

- Mrs Murphy, Mr Murphy, Alice. Enchanté, je m’appelle Ariel.

Alice releva la tête, les joues rougies autant par le froid que par un mélange entre timidité et honte. Ces sentiments s'accentuèrent aussitôt qu'elle aperçut le visage du garçon encadré par ses boucles d'ébène. Alice Murphy était-elle intimidée ? Si, comme sa sœur, elle n'avait que peu l'habitude de ce sentiment, il fleurit étonnamment dans son ventre à la vision du fameux Ariel.

- Eux, c’est Oscar et Louisa... mais vous la connaissez déjà.

Jules lui avait beaucoup parlé de lui. Et pas un instant elle ne l'avait imaginé ainsi. Elle se serait attendue à un garçon timide, renfermé et hésitant – Jules décrivait souvent sa grande sensibilité – et non pas à cette assurance sereine l'amenant à se présenter aussi naturellement que spontanément à leur famille.

Alors que ses parents, tout aussi charmés, répondirent chaleureusement à sa présentation, Alice n'arriva pas à extirper un seul mot de son gosier et se contenta de lui sourire presque timidement. Elle se sentit bête. Et encore moins à sa place.

À présent, elle le voyait de ses propres yeux : Jules était entourée de sorciers incroyables dans le Monde Magique. Et si celui-ci s'était dessiné comme un univers enchanté en tout début de journée, l'illusion s'effaçait à présent pour laisser un goût amer au palais d'Alice. Ce monde-là, elle n'en faisait pas partie. Elle n'en ferait jamais partie.

Ariel et les Clark ne s'éternisèrent pas, ils leur souhaitèrent une bonne fin de journée et s'en allèrent. Sans vraiment se l'expliquer, Alice aurait aimé pouvoir parler davantage avec Ariel. Ou du moins, elle aurait aimé arriver à lui adresser au moins un mot. Mais elle due se résoudre à contempler ses boucles brunes s’effacer entre les flocons. Tout lui parut alors inaccessible.

Alice ne laissa rien paraître à sa désillusion. Elle feignit d'encore partager l'engouement de sa jumelle, jusqu'à oublier que ses quelques silences ça et là suffisaient à la trahir aux yeux de celle qui la connaissait le mieux sur cette Terre.

Résumé:

☾ anesidora
Jules Murphy
Admin idéaliste
Jules Murphy
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Mer 1 Déc 2021 - 21:31
Marché de Noël
Event collectif | Dimanche 24 décembre 1995
- A ton avis, qu’est-ce qui me manque ? Elnath ? Je lui ai trouvé un manuscrit original de La nuit des assassins d’Oswald Passel. Je sais que c’est un truc policier qu’a fait un carton, ça devrait lui plaire.

Allongé sur le canapé – ou plutôt avachi – l’Auror tient un parchemin à moitié griffonné d’une main et une plume dans l’autre. La matinée est à la réflexion.

- Pour Cliff j’ai pensé à une paire de chaussons qui font de la lumière. Je suis sûr que ça se trouve.

Il jeta un regard sur ses propres pantoufles trouées, miteuses, mais dont le confort surpassait largement leur esthétique.

- Eh je t’entends arrête de me juger ! Je sais que c’est complètement con mais je trouvais ça drôle ok ? Et puis c’est toujours pratique quand tu veux aller pisser la nuit, que t’as la flemme de trouver ta baguette et que tu veux pas allumer la lumière.

Comment ça cet argument n’était pas valable ? Peu importe, il ne fallait pas plus pour convaincre son interlocuteur.

- Amanda ? Quoi Amanda ? s’exclama-t-il en le regardant pour la première fois. Parce qu’il faut que je lui offre un cadeau à la harpie ?!

Son air était scandalisé. Pourquoi fallait-il forcément qu’il lui offre quelque chose ? Il avait pensé à une boîte qui se met à crier plus fort dès que quelqu’un hausse le ton. Peut-être que ça calmerait son insupportable cheffe. Mais en même temps il se ferait assassiner pour cette idée car tout le monde au bureau en aurait marre, tant Stanislas et Amanda se mettaient à hurler en permanence. Il lança à plusieurs reprise une flèche vers le plafond, flèche qu’il avait ensorcelée pour qu’elle lui revienne automatiquement.

- Arrête tout de suite, il est hors de question que je lui offre des chocolats. C’est niais et ça voudrait dire que je l’apprécie. C’est hors de question.

Peut-être qu’il avait évoqué cette éventualité. Peut-être qu’il avait pensé à quelque chose de sympathique. Pour l’adoucir ? Pour la séduire ? Il ne savait pas trop où ils en étaient et ce qu’il attendait vraiment. C’était complexe entre eux. Ça l’avait toujours été. Ça l’était encore plus depuis quelques mois maintenant.

- Bon ok, si tu insistes. Il griffonna chocolats sur son parchemin en bougonnant. Mais il est hors de question que je lui donne devant les collègues. Et non, c’est pas négociable.

En soupirant il roula le parchemin et le lança sur la table basse qui jouxtait son sofa. La plume le rejoignit bientôt tandis qu’il relança la flèche qui resta étrangement fixée dans une des poutres de bois de l’appartement. Son regard se posa alors sur un paquet maladroitement emballé qui attendait patiemment à côté du vide poche de l’entrée.

- Tu penses que ça va lui plaire ?

Sa voix s’était faite plus incertaine, plus fragile. Ce cadeau il y réfléchissait depuis de nombreux mois et il avait passé des heures entières à lire pour réussir à en faire ce qu’il souhaitait.

- J’ai pas fêté Noël depuis des plombes. Je suis pas sûr d’être toujours doué pour les cadeaux.

Un instant il avait hésité à prendre quelque chose pour ses parents. Peut-être que depuis le temps ils avaient changé. Et puis il s’était souvenu qu’il était considéré comme un raté et avait abandonné l’idée. Demain il fêterait Noël avec une vraie famille, et ça le rendait aussi joyeux que nerveux.

- Mais merde, j’ai rien pour ses parents ! Le gâteau que j’ai fait hier est une catastrophe. Je te jure qu’est-ce que je ferai sans toi !

Il se leva – ou plutôt sauta – hors de sa couchette et attrapa son t-shirt traînant sur le dossier d’une chaise. Dans la foulée il enfila son manteau et tout en sautillant réussit à s’équiper de ses chaussures. Sur la table du salon reposait une sorte de boule granuleuse complètement carbonisée qui était censée être un hallonrutorun, un gâteau aux airelles scandinave. C’était un de ses rares souvenirs de fête, les gâteaux de son père. Mais il était une véritable catastrophe en cuisine.

- Baltou t’es le meilleur coloc du monde ! Fais pas de connerie je rentre vite !

De son coin de fenêtre aménagé en cocon douillet où il était sagement couché, le lézard releva un instant la tête, tira la langue et se rendormit instantanément.

* ~ * ~* ~ * ~* ~ * ~* ~ * ~* ~ * ~* ~ * ~* ~ * ~* ~ * ~* ~ * ~* ~ * ~ *

Être dans la foule, c’était être dans son élément. Tous ces gens heureux, festifs, dans une ambiance de partage et de sourire, c’était tout ce qu’il fallait pour recharger les batteries. Il ne se souvenait plus de la dernière fois où il avait déambulé dans les allées d’un marché de Noël. Peut-être était-ce quand ils étaient encore dans le grand nord. Après tout, c’était bien par là-bas qu’était censé vivre le Père noël. Il n’avait jamais compris d’ailleurs pourquoi les moldus pensaient que c’était simplement un homme. Pour distribuer autant de choses en une seule nuit, bien qu’elle dure vingt-quatre heures grâces aux décalages, il fallait forcément que ce soit un sorcier. Ou même une troupe de sorcier.

Il imagina une tribu de saltimbanques, à dos de dragons, d’hypogriffes ou pourquoi pas de palominos ailés. C’était tout de suite beaucoup plus sympas que de simples rennes avec des guirlandes colorées sur les bois. Les mains dans les poches il se frayait un passage progressivement sans forcément chercher de but précis. L’heure était à la détente et aux observations. Les enfants courraient, leurs joues rosies par le froid et l’excitation. Parfois il entendait les parents sermonner ces petits garnements intenables, parfois il surprenait les embrassades après un cadeau ou une confiserie bien méritée.

Le sapin qui ornait la grande place était entouré de dizaines de balais et de voltigeurs plus ou moins aguerris. Immense, il brillait de toute sa splendeur et d’avantage avec les décorations que tout un chacun ajoutait. L’idée de partager cette décoration lui plaisait. C’était un moment de partage et d’unité en ces temps troublés. Ils auraient tous, anonymement, le même sapin décoré. Un petit angelot au sol attira son regard. Lorsqu’il le saisit délicatement, ses ailes se mirent à frémir un immense sourire se dessina avant qu’il n’attrape sa trompette et souffle un petit air traditionnel. Stan hésita alors à enfourcher un des engins pour aller le poser lui même. Un petit garçon, un bonnet complètement enfoncé sur ses oreilles qui descendait presque sur sa vue s’approcha de lui, hésitant à lui demander ce qu’il tenait. Dans un grand sourire il s’agenouilla et le lui tendit.

- Vas-y doucement avec lui petit, je suis sûr que si t’es super sympa avec lui il pourra faire en sorte que t’aies plus de cadeaux.
- Mais c’est pas possible, répondit l’enfant.
- Je te jure que c’est vrai, il me l’a dit lui même.
- C’est vrai ?

Devant le regard complètement ahuri et émerveillé de l’enfant, le sorcier hocha la tête et se releva en voyant le bonheur que son léger mensonge avait fait naître en ce petit garnement. Que c’était chouette Noël.

Il poursuivit sa route jusqu’à tomber sur un stand de vêtements tous plus ou moins farfelus. Du manteau chauffant, au pull qui change de couleur en passant par les chaussettes dansantes, il y en avait pour tout les goûts. Se rappelant de la raison pour laquelle il était venu, il attrapa une superbe paire de pantoufles en forme de pattes de demiguise et la tendit au vendeur.

- C’est possible de rajouter un sort pour qu’ils fassent de la lumière quand on marche ?

L’homme le regarda comme s’il était devenu fou et en réponse il haussa simplement les épaules. Imaginer Cliff avec des pattes lumineuses était une idée qui lui allait parfaitement. Il était vrai qu’il aurait pu les enchanter lui-même, mais aujourd’hui il avait envie de fournir le moins d’efforts possibles. Ce n’était pas pour rien qu’il avait pris sa journée. Il avait déjà renoncé à l’idée de passer sa journée en caleçon sur le canapé, il ne fallait pas trop lui en demander non plus.

Il ne lui fallut que quelques minutes avant de repartir avec son ignoble présent dans son sac, fier de lui, et d’arpenter à nouveaux les rues à la recherche de son prochain cadeau. Au-dessus de lui il entendit un cri qui lui fit lever la tête en tirant subitement sa baguette, le palpitant complètement affolé. Alors qu’il pensait à une nouvelle attaque, ou un problème de cet acabit, ce n’était qu’un adolescent qui testait les sensations de la luge sur toits et qui n’avait pas l’air d’être le plus satisfait de cet essai. L’auror mit une dizaine de secondes avant de rengainer son arme et que la pression retombe. Il avait beau être en congé, ses réflexes n’étaient pas en repos, eux.

Maître Ibranovitch, par l’odeur alléché, se trouva bien vite les joues barbouillées de caramel lorsqu’il succomba à la délicieuse tentation d’une glace à la vanille avec un fondant au chocolat et son caramel coulant. Même les meilleurs ont des faiblesses, ce n’était pas de sa faute. La vendeuse étant une amie de la famille, il lui offrit même une double dose de caramel. Alors qu’il s’apprêtait à poursuivre sa quête du saint Graal, il se décida finalement pour une petite requête.

- Dis Anja, par hasard t’aurais pas quelques gâteaux typiques de chez toi de prêts ?
- Attends, laisse-moi regarder.

La commerçante disparut sous son comptoir pour en ressortir une boîte joliment emballée qu’elle lui tendit.

- J’ai un saffranskaka et quelques pepparkakor, si ça te va.
- C’est parfait. Combien je te dois ?
- Juste un sourire et vœu de bonne santé, c’est tout ce dont j’ai besoin.

Elle lui tira la joue et lui ébouriffa les cheveux avant qu’il ne reparte. Anja était présente dans sa vie depuis son arrivée à Londres, et de toutes les femmes qu’il connaissait, c’était celle qui se rapprochait le plus de l’image qu’il se faisait d’une mère. Souriante, attentionnée, douce et toujours à vous réconforter à coups de petits gâteaux de sa spécialité.

Non loin ce fut un stand de boule à neige qui attira son attention. Il n’était pas doué pour personnaliser, aussi se contenta-t-il de dicter ses envies au teneur de la boutique. A l’intérieur du globe de verre, un homme dansait, parapluie en main, autour d’un lampadaire. La luminosité du réverbère changeait selon la luminosité ambiante et la météo évoluait selon les secousses qu’on lui infligeait. C’était toujours moins ringard qu’une boîte de chocolats et beaucoup plus sympas que sa boîte à crier. Le petit objet pouvait faire lampe de bureau et occuper quelques minutes les mains et l’esprit. Parfait.

Satisfait de ses emplettes, il termina sa courses au stand d’animaux pour acheter quelques confiseries pour son lézard de colocataire. Après tout, c’était grâce à lui qu’il était sorti.


HRP :
Stanislas Ibranovitch
Membre
Stanislas Ibranovitch
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Ven 3 Déc 2021 - 19:02
Le marché de NoëlEvent
Live or die while the fuse is lit and there's no turning back. ( Guns for hire → Woodkid ) ••• Le bureau était calme, dépeuplée d'un grand nombre de ses officiers qui c'en étaient aller profiter du dernier jour de l’événement sur Traverse. De la porte ouverte ne filtrait que rares conversations feutrées, prises en cours de route qui s'évanouissaient dans la pierre. La mine détachée de toute excitation festive, Lévine osa un regard à l'horloge. Une heure trop matinale lui pointèrent les aiguilles. La paume contre la page d'un dossier, il calquait sa concentration tantôt sur les lumières des appliques murales, puis sur les couleurs traditionnelles scintillantes sur le sapin miniature. Du vert, du rouge, du jaune dans un assemblage chatoyant agréable à l’œil.

Une envie de Cliff qui s'était acharné à le faire ressembler à quelque chose. Ça va mettre de la gaîté, avait-il avancé. Et puis merde les gars, c'est Noël. Ses collègues n'avaient pas combattu longtemps ses exigences, ce qui avait amené un silence bienvenu dans toute l'équipe.

Mutisme qui le suivait aujourd'hui aussi. Il était seul, prisonnier entre quatre murs. Il n'avait pas beaucoup dormi, peut-être un peu inquiet. Sans doute trop nerveux. Après un déni sur plusieurs jours, il se retrouvait rattraper par le temps, cruel ennemi. Par une date qui s'annonçait dans quatre nuits. L'appréhension le prenait au ventre, comme une boule d'angoisse qui le tient en réveil du crépuscule à l'aube. Il s'en relève chancelant d'épuisement, cerné d'insomnie et essoufflé d'avoir trop tourné dans ses draps.

Tout pouvait mal tourner, lui hurlait sa conscience. Azkaban se dessinait dans ses cauchemars, grande tour sombre le faisant suer à grosses gouttes. Le froid s'insinuait dans sa couette, sur sa peau à vif et frissonnante. La joie de la fin de l'année et les sourires de mise en place décorative étaient asséchés, bût par les fantômes qui l'attendaient sous son lit. Il s'en trouvait enfantin, paranoïaque et pathétique, trouvant toute la force d'y faire face dans une mise en place réflexive : Il devait penser à tout. Un tout qui devenait tranchant et incisif dans le regard de la Lune.

Il extirpa son carnet du double fond de son tiroir. Un bouquin en cuir noir fermé d'un élastique. Les pages étaient noircies de notes, des marges d'enquête, des idées et hypothèses qu'il greffait au papier dans des signes codés. La violoniste l'accapara un instant de son schéma macabre, belle reproduction en esquisse allant à l'essentielle. Une bouche grande ouverte et un instrument. Coincé dans les écritures et d'un sortilège en revers, il afficha sous ses pupilles de nouvelles lettres, des mots inédits qui sortirent de l'encre comme des bulles bouillantes. Le noir dégoulina dans les coins. Le cambriolage du ministère. Le cheveu. Le moment opportun. L'infiltration. Son plan en petits caractères, s'associant en mots croisés avec le reste de ses analyses.

Lire calma la panique. S'imprégner refoula la terreur d'imploser. Il fit disparaître son forfait et se concentra sur la liste des méfaits de l'accusé marbrant le parchemin devant lui. Le jour-même, le livre serait caché, loin d'ici, loin de lui. La cachette l'attendait au pied du sapin, à l'arrière de la crèche qu'il avait bricolé. Une simple assurance. Au cas où il échouerait. Au cas où son rêve devenait prémonitoire.

Monsieur Dawson lui prit une heure. Il l'occupa dans ses nombreux trafics, du plus petit larcin à la tentative d'assassinat sur sa conjointe. Il se surprit à remercier la justice, celle dont les secrets et l'inaction lui donnait la nausée. Il s'en sentit rassuré, que quelque part, la loi existait encore. Et qu'elle était respectée.

Neuf heures. Buvant son café d'une traite, l'auror se redressa mollement, les jambes en coton d'être trop resté statique. Le pas traînant, il rafraîchit sa tenue en la lissant des paumes. Manteau sur le dos et l'écharpe autour du cou, il ferma la porte de l'unité Callaghan d'un coup de baguette.

L'ambiance joyeuse de décembre n'était pas sur tous les visages. Ceux un peu cireux des petits fonctionnaires, de ces spectres des bureaux, lui attirèrent pitié et compassion. Il se reconnut dans leur démarche automatique et leurs joues creuses. Il eut froid de se retrouver parmi eux. Il eut mal de se sentir soudainement vide, fatigué et lassé, si différent et semblable à tout le monde. Unique sans tout à fait l'être.

Il se noya avec soulagement dans les flammes vertes des cheminées, désirant y trouver un peu de chaleur, un réconfort, une douleur, une brûlure, une souffrance et une étreinte.

Il ne la trouva pas au chaudron baveur. Ni dans les rues animées. La neige crissant sous ses pas, il vadrouilla entre les étales, le regard affûté et l'attention perçante d'un insigne brillant sur sa poitrine.

De tout se dégageait un feu d'artifice de couleurs émotionnelles. Le carmin de la déception, d'une luge qui se retourne à l'arrivée. Le bleu de l'excitation, de la glace et des rires. Le doré d'une démarche sautillante la gueule pleine de confiseries. L'argenté des trophées sur la grande place et les paillettes des décorations du grand arbre central. Il s'y arrêta une seconde, les oreilles pleines des chants de chorale et le nez débordant d'effluves sucrées. Le chocolat se mêla à la cannelle. La friture, grasse lourde sur sa langue, de l'anis étoilée et du clou de girofle. Les marrons chauds, glacés et collants dans leurs cornées firent gronder son estomac dans un délicat souvenir d'enfance, à ces moments si chers à sa vie. Il fut débordé par le sourire de Monsieur Serger.

Des pièces en moins dans les poches, et un cure-dent entre le pouce et l'index, il se lécha les lèvres pour les rendre moins gluantes. Gourmand, il les mâcha lentement, dégustant la sensation de plénitude dans tout son être. Il en occulta le vide et la détresse, pour absorber en éponge empathique, toute la palette de sensations de la foule. Un peu de bonheur, un peu d'impatience, qui rendirent sa marche plus vive, plus épanouie.

La mission et ses conséquences futures s'envolèrent de ses pensées, chassée par le nœud de timidité sociale de l'adulte. Demain, il ne serait pas seul avec sa mère autour d'une table. Ils seraient trois. Comme si souvent des années durant. Il s'embarrassa d'être aussi enjoué à cette idée. Et de compter sur les discussions qu'ils entretiendraient durant le dîner. Il avait hâte. Sans distinction ni concession. Une pure envie d'être déjà le lendemain, comme un gamin veillant devant la cheminée. Peut-être qu'il acceptait enfin de ne plus se fermer totalement. Qu'il négociait avec sa vengeance et sa haine pour laisser passer, comme une faille, un peu de tendresse et d'affection. Comme il l'avait fait avec cette petite, son renard à la fête foraine. Comme il s'était perdu dans les confidences et la douleur sur une colline. Ou dans le cocon d'un bar, d'une habitude, dansant dans les jupons d'une fée farceuse.

Petit sourire aux lèvres, il circula entre les passants, surveillant les alentours en même temps qu'il se penchait sur les prix des stands et leurs contenus. Un peu plus optimiste de sa garde, il la prit plus à cœur, plaçant la sécurité des civils au même niveau que sa satisfaction personnelle, un peu moins individualiste.

Il s'arrêta devant l'atelier des boules à neige. S'il pouvait en designer une lui-même, il remit ses intentions à l'artisan enseignant aux jeunes et moins jeunes. L'ébauche d'une journée dans les manèges guidèrent sa demande. Sous la cloche de verre, auréolé d'un nuage de flocons, la tour de Londres et des montagnes russes perçaient le ciel. Le wagon rouge s'envolait des rails, passant au-dessus des nuages et rebondissait pour redescendre en une boucle infinie dans un vertigineux looping. En la secouant, des aurores boréales allumaient les cotons et faisaient resplendir la neige comme une pluie d'étincelles.

Admiratif, il la garda en main, l'inclinant de droite à gauche pour en tester les effets. Ses pupilles se perdirent dans le spectacle. Contre ses tympans, un peu taquin, il entendait encore leurs rires sincères. Lévine se délesta de sa monnaie avec plaisir et enfourna son cadeau dans un sac kraft scellé d'une agrafe enchantée. Eileen en serait heureuse. Il le savait parce que si ce simple présent aurait suffi à faire jaillir un torrent de nostalgie dans son âme si gangrenée par la folie et la rage, il ne pouvait en être autrement devant l'innocence endormie de l'adolescente.

Remontant le boulevard, il passa devant la patinoire, où des danseurs amateurs chutaient et s'esclaffaient de leur échec dans un climat léger. Sous le gui, des amoureux s'embrassaient, un peu intimidé par l'objectif ou fougueux. Un peu confus devant leur démonstration publique, il n'en fut pas aussi dégoûté qu'attendu. Au contraire. Un peu paradoxal, la curiosité et l'attendrissement surpassait le négatif de son sentiment. Ce n'est pas pour moi, formula-t-il intérieurement, moins convaincu qu'auparavant, mais assez pour se détourner et s'enfuir vers la préparation du concours.

Les participants construisaient déjà leurs créations, ou dans des messes basses, étoffer leurs avis et concepts. Il y devina une majorité d'étudiants et des enfants, surveillés par leurs parents. King était un peu plus loin, et quand elle tourna son regard vers lui, ou plutôt les spectateurs, il leva faiblement la main dans un salut discret, si peu habitué à ça.

Il n'y resta pas longtemps, pas assez pour voir la ballerine perdre sa tête et le pianiste les bras. Cependant l'éclat de rire se répercuta assez loin malgré tout. Préoccupé par ses achats au même titre que son travail, il réduisit son sac pour le mettre dans sa poche. Il fit de même pour cet excellent coffret de whisky, qui d'après le professionnel, conviendrait uniquement au palais d'un connaisseur. Monsieur Kayser lui semblait l'être. Il devait le remercier et les mots lui manquaient lors de leur face à face. Ou pour le jeu d'échec version sorcier pour son apprenti, pour pimenter leurs heures de pause. Et le carnet neuf aux illustrations de Quiddich pour un fan inconditionnel. Ce n'était pas son cas, mais il savait que Cliff saura en faire bon usage. Callaghan eut droit à une boîte à thé aromatisé. Une édition limité sortant tout droit de l'imaginaire d'une des plus grandes fabricantes du pays. Le rapeltout dans la poche intérieur, il se nota mentalement de faire un tour au disquaire dans la soirée.

Vagabond, il craqua pour un sorbet à la crème de marron, réchauffant un peu le bout de ses doigts. La cuillère bloquée entre les dents comme une cigarette, il stoppa son avancée quand le platine d'une longue chevelure capta toute son attention. Sa face cireuse, spectrale, le renvoya au ministère et son grand hall rempli d'âmes en peine. Elle le toucha dans ses propres incertitudes et démons. Dans cette faiblesse qui le rendait fragile et émotif. Un peu plus morcelé à chaque crise et entaille. Qu'avait-elle pu vivre pour être aussi amorphe ? Pour ne voir que le fade et le gris dans un espace multicolore ? Bloqué dans un véritable ascenseur, il chuta aussi durement qu'il s'était envolé.

Le noir. Le morne. La tristesse. Le vide. Comme un tourbillon, un murmure à l'arrière du crâne. L'agacement prit la place de l'émerveillement. L'amertume celle de l'impatience. La déprime tout le reste.

Elle disparut dans la foule. Et il souhaita ne pas la revoir.

Un peu sonné, il jeta son sorbet dans la poubelle la plus proche et s'adossa à un mur. Tout le piquait, le coupait. Il fouilla sa veste et sortit son paquet de clopes. Le tube au bec, il inspira la vapeur de goudron qui encombra ses bronches aussi fort et longtemps qu'il le put. Jusqu'à tousser. Jusqu'à voir flou.

Le souffle au bord des lèvres, il reprit sa route, le pas lourd. Il n'avait plus froid. Tu es un minable. Tu ne vaux rien, résonnaient en boucle, lui donnant la migraine des tempes au front. Tu mérites de crever. Il ne répondit pas à dépression. Tu es inutile, lui chuchota borderline. Tu es seul, enchaîna abandon. Souffres, compléta peur. Il essaya de les ignorer et de se concentrer sur la fête. Il s'en sentit mit à l'écart, un peu inconnu.

C'était frustrant.

La grande place lui sembla d'autant plus grande, gigantesque. Trop sans doute. Il vit de Kérimel à une table. Il s'en détourna aussitôt. Il ne voulait pas lui parler, ni faire semblant d'être aimable pour entretenir les apparences. Prêt à transplaner sur les toits, exiguë dans son propre corps, et à la recherche d'adrénaline des hauteurs, il fut interrompu dans sa lancée par un raclement de gorge dans son dos. Faisant volte face, il se heurta à la silhouette de voyou raffiné de Johann Kayser. Il puait un standing assuré qui le faisait sentir inférieur. Il était déroutant. Il l'attirait autant qu'il voulait le savoir loin de lui.

« Bonjour, Mister Serger. Je vois que vous êtes de service. », lui dit-il. Il hocha la tête et braqua son regard, qu'il ne savait où mettre, sur les deux gobelets cartonnés. « Une pause ne vous fera pas de mal. », sans un mot de plus, il lui tendit la boisson chaude.

La fumée s'échappait du contenant dans un arôme d'épices et de vin boisé qui tâchait déjà sa trachée. Serger l'accepta, les pommettes rosissant dans le gel ou de gêne. Il avait plus chaud et des fourmis partaient du bout de ses phalanges, se projetant comme un écho dans ses bras, ses épaules et sa poitrine.

« Merci. », marmonna-t-il en trempant ses lèvres dans l'ardente infusion. La cannelle emporta ses papilles dans un câlin. Une puissance gustative associée au réconfort et à la sécurité.

Tout ce que lui inspirait ses rencontres avec le gangster. Un conflit entre deux parfums qui se confondent dans un tout familier et naturel. L'affrontement d'un premier face à face, un combat se finissant sur une égalité. Un aveu de faiblesse et une main tendue. Les rires complices. Et une présence encourageante, changeante et indispensable. Il prit une gorgée et sentit le chagrin, la culpabilité, la colère, achever de se calmer. Les chuchotements s'estompèrent sous le trop clair de ses iris. Et il s'autorisa à respirer.

Une véritable pause.

Se laissant guider, il le suivit dans les coins et recoins du marché, pour finir dans le renfoncement d'une ruelle infréquentée. L'homme était nerveux. Son inquiétude le frappa quand il remarqua un ou deux tics imperceptibles, si éloignés du contrôle perpétuel de sa posture. En retour, il s'en préoccupa et il céda à l'impulsion de le rassurer. D'essayer tout au moins.

« Le Seigneur des Ténèbres prépare quelque chose. », commença-t-il à s'expliquer. « Je ne sais pas vraiment ce que c’est, mais il vaut mieux se préparer au pire. »

Il comprenait désormais. Sa main quitta le long de son buste avec une lenteur un peu gauche, pour se poser sur l'épaule du plus vieux. Maladroit dans son sourire, il tenta de relever sa bouche dans une ébauche confiante. Il partageait la crainte de Johann et les affrontements qu'ils avaient essuyés deux mois auparavant n'avaient apaisés aucun esprit. Bien au contraire. Pensait-il qu'une attaque aurait lieu ici ? Au cœur du marché ? Il s'en mordit l'intérieur des joues. Les patrouilles organisées avaient été un casse-tête administratif et l'organisation de la surveillance était des plus élaborée. La plus performante à travers tout le pays. Le ministère avait appris de son erreur en négligeant la portée des crimes dans les lieux publics.

Son service ne referait pas la même erreur deux fois.

« Quoi qu'il prépare, il n'en fera rien aujourd'hui. Et si d'aventure il essayait, il se heurterait à une bien plus grande résistance qu'à Halloween, Monsieur Kayser. », lui répondit-il avec cette douce conviction. « Et puis, je suis certain qu'à nous deux, nous pourrions mettre quelques Mangemorts en déroute. Nous faisons un bon duo. », le dernier terme lui sembla adéquat pour qualifier leur relation.

« Alors, faites moi-confiance. », lui demanda l'auror avec implication. Il voulait que ce soit le cas. « On répliquera si jamais ça arrive. Alors, vous aussi,, accordez-vous une pause. Cette mine soucieuse ne vous convient pas. », tenta-t-il de détendre l'atmosphère, conscient d'en avoir sans fait trop.

Faites-moi confiance, résonnait en lui comme une supplique. Faites-moi confiance, parce que je ne le peux pas moi-même. Il détourna les yeux et après une dernière pression, retira sa main avec un certain empressement. Le contact visuel encré sur son vin chaud, il se balança vaguement d'avant en arrière, dans un balancier ponctuant ses battements de cœur. Dans ses poches, les cadeaux voyageaient de ses mouvements, lui rappelant son audace d'autoriser un petit cercle à se rapprocher de lui, de sa carcasse agonisante. Il voulait que ça arrive plus souvent. Être là plus souvent. Quoi que ça implique.

« Vous êtes... », il se racla la gorge à son tour, ayant pensée tout haut. Déjà perdu, il souffla par le nez, s'encombrant d'une cigarette pour contrôler son débit de paroles. « Disponible pour le nouvel an ? »

La question lui brûla les lèvres. Urgente. Empressée. Interdite. Johann était sous la lumière d'une enquête. Investigation qui lui avait été donné. Mais qu'il avait abandonné depuis des mois, peu investit par le fait de déterrer des secrets, lui qui saisissait plus que quiconque l'envie de garder des épisodes passés enfouis six pieds sous terre. Il garda ensuite le silence, ponctuant la réponse d'un vague grognement.

Il profita de chaque seconde. De l'absence de bruits si ce n'est leur respiration commune se perdant dans le sifflement du vent. Il but chaque centilitre comme si c'étaient les derniers de sa vie, avec lenteur. Il accepta le précieux de l'instant sans le rejeter. Et ressortit de leur entretien sans force, mais apaisé, un peu plus en paix pour la journée.

Le devoir l'appela sur les toits, où il marcha sur les tuiles avec la paresse d'un oiseau et la souplesse d'un chat. Il regarda le festival d'en haut avec l'impression d'en être un gardien et non un acteur. Il guetta le ciel et ses flocons, qui s’affinèrent dans le déclin du soleil.
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Résumé:
Lévine Serger
Admin rusé
Lévine Serger

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Comme de la neige sur le sable

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Dim 5 Déc 2021 - 16:46
Event de Noël - Le marchéC'est Noël : Il est grand temps de rallumer les étoiles.
- Guillaume Apollinaire


Un halo orangé accrocha les nuages dans un dégradé pastel sur le coup des dix-huit heures, faisant quitter les allées à des marrées entières. Derrière les cotons, le soleil se délie derrière des étoiles timides, faisant resplendir la grand place de ses derniers rayons. L'étoile au sommet du sapin déclina de sa teinte dorée en une ultime étincelle, avant de s'éteindre dans le froid mordant d'une fin de soirée.

Il est tard à présent, les bâillements marquent l'approche des minuits. La neige continue de tomber, doucement en pluie fine sur les épaules des courageux. Les animations ont fermé les unes après les autres. Les bonhommes ne dansent plus. Les rires ne résonnent plus dans la patinoire. Les amants ne s'embrassent plus sous le gui. Les enfants ne courent plus après les sucreries ou les luges.

Les vendeurs scellent les caisses des marchandises invendues, et d'un coup de baguette, finissent de démonter des stands à la recette fastueuse. Les déguisements sont enlevés et les regards se tournent vers le ciel.

Il fait noir et les constellations sont allumées ce soir. Elles ne brillent que pour ces yeux qui les regardent.  

Il est minuit et une détonation crève l'air, rependant une odeur de poudre encore chaude. Entre les phares célestes explosent les paillettes colorées d'une fleur déployant tous ses pétales. De l'argenté, l'on admire le rouge, le jaune, le vert, le blanc d'une neige habille le bouquet final d'une étreinte d'une quinzaine de traits lumineux. Des lettres capitales en majuscule, dont la ponctuation se calque sur la grande aiguille du vingt-cinq décembre.

Joyeux Noël.

Il est minuit une quand le silence revient. Aujourd'hui, c'est Noël.

Aujourd'hui, c'est encore la fête.



Hors-RP

Chers Veritaseriens,

C'est ainsi que se clôture le post principal du marché de Noël, sur un merveilleux feu d'artifices pour vos beaux yeux. Merci à tous les participants pour leurs fabuleux RP sous le signe de la bonne humeur. Nous espérons que l'ambiance du lieu vous a plu et que les activités proposées ont diversifiés vos écrits pour le mieux et que vos personnages en sont ressortis bien gâtés !

N'hésitez pas à nous faire quelques retours, qu'ils soient positifs ou négatifs, dans ce sujet.

N'oubliez pas que pour nous, c'est encore la période, alors profitez bien de vos fêtes de fin d'année et du mois de Décembre !

Avec pleins d'amour,
Les maîtres du jeu.

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Le Choixpeau Magique
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